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n° 21919Fiche technique12523 caractères12523
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Temps de lecture estimé : 9 mn
27/07/23
Résumé:  Lors de la pause, Annabelle ouvre son casier et y découvre à sa grande surprise un petit mot calligraphié à la plume.
Critères:  fh jeunes école amour nonéro -rencontre
Auteur : Patrik  (Carpe diem diemque)            Envoi mini-message
Sérénades

Texte totalement soft inspiré d’une anecdote rapportée par une de mes connaissances.

Bonne lecture : )




Sur le campus



Lors de la pause, Annabelle ouvre son casier et y découvre à sa grande surprise un petit mot calligraphié à la plume :


Ce soir, je viendrai faire une sérénade sous ta fenêtre.


Avec une moue de mépris, elle froisse le papier :



Puis elle passe à autre chose, la journée n’étant pas finie. Le soir venu, alors qu’elle est dans sa chambre d’étudiante, elle entend quelques notes de guitare résonner au-dehors. Visiblement, son amoureux inconnu est assis au pied d’un arbre, face au bloc C où elle réside, et commence un petit récital, après avoir clamé après la première chanson quelque chose qu’elle a mal entendu.

Debout derrière son rideau, Annabelle s’exclame :



Une deuxième chanson, puis d’autres retentissent. Revenue à son petit bureau, Annabelle écoute le guitariste amateur d’une oreille distraite, tandis qu’elle continue ses révisions :



Quelques minutes plus tard, après trois autres chansons, le concert improvisé se termine, le guitariste se lève, tout en scrutant la façade du bloc C. On entend quelques applaudissements, le garçon salue puis s’en va.



Mais le lendemain soir, celui-ci s’assied à nouveau sous l’arbre et entonne d’autres chansons. Puis les autres soirs, même séance, sauf le week-end. Charmées, certaines filles seraient bien venues lui tenir compagnie, mais avant d’entamer chaque mini concert, l’inconnu clame toujours :



Et tenir la chandelle pour une autre femme n’est pas réjouissant…


Jamais Annabelle ne se manifeste, même si elle finit par trouver ça assez romantique, bien que puéril, mais pas question de sortir avec un énergumène pareil, même si celui-ci n’hésite pas à clamer haut et fort son amour pour elle, sans toutefois prononcer une seule fois son prénom, ce qui est fair-play de sa part.


Seule allusion, le garçon parle fréquemment de sa Belle.

Ne sachant pas le prénom de son amoureux chantant (et ne cherchant pas à le savoir), Annabelle l’appelle arbitrairement Roméo, un grand classique. En pensant à cela, elle se met à sourire :



Après une dizaine de sérénades supplémentaires et deux nouveaux billets doux arrivés dans son casier, toujours bien cachée derrière le rideau de sa fenêtre, l’observant avec des jumelles, Annabelle lâche du bout des lèvres :



Durant ce temps, au bloc C, certaines étudiantes soupirent, déçues de ne pas être l’objet d’une telle assiduité romantique et passionnelle. Que ne sont-elles des Raiponces en haut de leur tour, tandis qu’un soupirant transi d’amour pousse la chansonnette dans les douves…

Intriguées, elles se demandent toutes qui est la Belle convoitée :



Durant ce même temps, certains étudiants (masculins) du bloc commencent à être agacés par cette présence quotidienne, car même si chaque concert ne dure jamais trop longtemps, ils se plaignent ouvertement pour diverses raisons : parce que ça les dérange au milieu d’une révision, parce que le chanteur ne chante pas vraiment juste et qu’il fait souvent des couacs, parce qu’ils ont récupéré des reproches plus ou moins voilés de la part de leur petite amie sur leur manque de romantisme.

Et parfois les trois en même temps.


De façon implicite, les hommes sont censés être solidaires entre eux, pas de jouer les super-romantiques ! Parce que, si maintenant, il faut offrir des fleurs, des boîtes de chocolat, des balades (avec un L) romantiques, des ballades (avec deux L) qui le sont tout autant, et s’il faut être les Princes Charmants de ces Exigeantes Princesses, on ne s’en sort plus !



Les jours se succédant les uns après les autres, les soirées chantantes aussi, certains jeunes hommes commencent à lancer au troubadour improvisé des regards mauvais, ainsi que des réflexions désagréables, lorsqu’ils passent à côté de lui sur le campus.

Mais l’amoureux n’en a cure, il est aveugle à tout ce qui n’est pas l’objet de sa flamme, il continue inlassablement à revenir à chaque tombée de la nuit pousser la chansonnette sous son arbre, avec un parapluie s’il le faut.

Puis un mois s’est coulé, sans aucune réponse de l’objet du désir…

De plus en plus de garçons l’avaient mauvaise :



Un premier étudiant a craqué, après une sombre histoire de reproche pour absence de romantisme de son ex-copine qui lui a tourné le dos. Dépité, le cœur en morceaux, il a voulu se battre avec le troubadour pour lui expliquer sa façon de voir les choses et se soulager. Heureusement, il en a été empêché.



Un second en a été lui aussi empêché.


Puis deux mois se sont maintenant écoulés, mais toujours pas de signe apparent de la part de la Belle convoitée. Néanmoins, les sérénades continuent toujours. Rituellement, inlassablement…


Les étudiants (masculins) se répartissent en trois familles : ceux qui en ont marre, ceux qui plaignent le guitariste, et ceux qui s’en foutent complètement. Maintenant, chaque soir quand l’amoureux transi arrive sous son arbre, il y a souvent des spectateurs (surtout des spectatrices) autour de lui. La plupart d’entre eux/elles essayent de deviner qui est cette fameuse dulcinée convoitée en scrutant les fenêtres du bloc C, car le troubadour amateur refuse toujours de révéler le prénom.



Les soirées se suivent, avec parfois des redites de chansons. Pour beaucoup de personnes, c’est devenu banal, un tantinet amusant, et très folklorique.


Presque trois mois après le début des sérénades, le garçon se présente une fois de plus avec sa guitare. Comme de coutume, il s’assied sous l’arbre, face au bloc C et en présence de diverses personnes venues l’écouter. Cependant, quand ses doigts effleurent les cordes de son instrument, après un premier accord, il se fige sur place, songeant tout bas :



Intrigués, le voyant immobile telle une statue, les spectateurs se demandent pourquoi il ne commence pas son récital. Même réaction de la part d’Annabelle :



Assise près de la fenêtre, la jeune fille attend les chansons auxquelles elle est maintenant habituée. Tout ce qu’elle perçoit, c’est le silence. Intriguée, elle soulève alors un coin de son rideau pour regarder au-dehors. Elle découvre alors une silhouette voûtée qui s’éloigne, guitare en main.



Mais il n’est jamais revenu.




Plus tard



Les jours s’écoulent un à un, sans aucune sérénade. Beaucoup de personnes se félicitent du silence qui est enfin revenu près du bloc C. Ayant la larme à l’œil, certaines filles ont du vague à l’âme, c’était siii romantiiique ! Et en plus, on ne sait toujours pas pour qui ! Ah quelle triiiste histoire d’amooour !


De son côté, Annabelle ressent comme un manque, une absence.


Finalement, elle aimait bien entendre ces sérénades qui lui étaient dédiées, même s’il y avait parfois quelques fausses notes, et si la voix n’était pas toujours très juste. Elle cherche un peu après son soupirant, mais ce n'est pas évident de le faire quand on ne connaît qu'un simple prénom. De plus, la personne recherchée n’est pas très appréciée par la majorité des garçons, et de l'autre côté, les filles jalousent l’obscur objet de son désir !


De plus, comment oser avouer que c’était elle l’objet de la flamme du tapageur nocturne ? C’est un coup à ternir définitivement une réputation, d’autant qu’Annabelle n’a certainement pas demandé qu’on se meure ainsi d’amour pour elle. Des bouquets de fleurs, des restaurants, des sorties, oui. Des sérénades surannées, non !

Et puis, avec les partiels, Annabelle a autre chose à penser, donc elle laisse vite tomber.


Un mois plus tard après la fin des sérénades, alors qu’elle se dirige avec son amie Érica vers la bibliothèque, Annabelle aperçoit au lointain son ex-soupirant. Elle découvre aussi que son guitariste amouraché est manifestement en couple avec une autre étudiante, et que ça semble vraiment bien fonctionner entre eux.

Intriguée, elle se tourne vers Érica qui est une spécialiste des bruits de couloir :



Restant impassible, Annabelle fait l’ignorante :



Érica explique ce qu’elle sait ou croit savoir :



En elle-même, Annabelle se dit :



Les regardant s’éloigner, Érica se met à rire :



Crispée, Annabelle les regarde s’éloigner, visiblement heureux d’être à deux, l’un à côté de l’autre, main dans la main. Érica surprend son regard rivé sur le nouveau couple :



À nouveau, Annabelle songe : Eh merde ! Pourquoi je l’ai fait attendre si longtemps ?


Soudain, elle réalise à sa grande surprise qu’elle en est finalement tombée amoureuse, mais qu’elle l’a perdu, définitivement perdu, l’autre fille ne voudra jamais desserrer son étreinte sur son ancien soupirant chantant. D’ailleurs, l’étudiant n’a maintenant d’yeux que pour sa remplaçante qui a fait des efforts pour le conquérir.


Une différence appréciable…


Maintenant, il est trop tard, et toute sa vie, elle aura en elle ce sinistre sentiment d’être passé d’un cheveu à côté du bonheur…