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Temps de lecture estimé : 8 mn
13/08/23
Résumé:  Un vieil homme croise un jeune couple amoureux, au bord de l’eau. Il ne lui en faut pas plus pour jeter un regard plein de nostalgie sur les femmes qu’il a aimées.
Critères:  Nostalgie souvenirs
Auteur : Francois Intime      Envoi mini-message
Le vieil homme et l’amer…

Le vieil homme et l’amer





Homme libre, toujours tu chériras la mer !

La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme.

Charles Baudelaire avait tellement bien décrit les choses…




1 – Souvenirs et amertume…



Un soir d’été, au bord de mer. Il fait chaud, presque trop chaud, malgré un léger vent qui souffle du nord. La plage s’est vidée de son flot de touristes ; quelques promeneurs sont encore là.


Je regarde un jeune couple batifoler, main dans la main. Profitez, jeunesse, car bonheur d’un jour ne rime pas toujours avec… toujours !


Ils sont jeunes, ils sont beaux ; les observer me rend nostalgique.


Les pieds dans l’eau jusqu’aux chevilles, je contemple l’horizon : La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme. Sacré Baudelaire !


Le temps a fait son œuvre.


Si j’ai toujours aimé la mer, je déteste les images qu’elle me renvoie quand je la regarde.

Celle de la vieillesse tout d’abord qui, jour après jour, l’air de rien, est venue prendre ses quartiers.

Celle de mes échecs aussi, au moment où le temps qui passe frappe à la porte de mes illusions perdues.

La vie est un long fleuve tranquille contrarié par des courants contraires. J’y ai laissé quelques plumes, beaucoup trop de plumes !


Ce soir, à cause de ce joli couple qui pourtant n’y est pour rien, lorsque je regarde la mer, je ne perçois que l’amer…

Amertume d’une vie qui s’éteint, à l’image de la flamme d’une bougie presque entièrement consumée ; je retiens ma respiration, pour ne pas pleurer…

Tout mon être est envahi par une profonde émotion : j’ai beaucoup cru, je me suis beaucoup trompé et j’ai souvent été trahi…


Alors oui, ce jeune couple maudit me donne le bourdon et me met en colère. Qui sont ces jeunes gens pour me jeter à la figure leur bonheur si parfait ?!

Éphémère illusion d’un bonheur qui s’éteint avec le temps, tel un bien précieux qui perd de sa valeur, petit à petit, jour après jour, presque heure après heure, car chaque instant est un danger imminent.




2 – Camille, ma sirène perdue…



Amer, face à la mer, le vieil homme que je suis pense aux femmes de sa vie, à celles qui ont vraiment compté.

À Camille, la dernière, que j’ai aimée et qui m’a tellement donné…


Rencontrée sur le tard, elle est partie trop tôt – il y a presque un an –, emportée par la maladie. Un mal sournois qui s’était glissé en elle, découvert bien trop tard. La grande faucheuse s’est gavée de ce « crabe » qui a eu raison d’elle. Pourtant, étant donné notre différence d’âge, c’est vers moi que la Mort aurait dû se tourner ; je l’aurais accueillie sans sourciller, si cela avait pu la sauver.


Je repense à nos moments partagés, à ces voyages lointains comme pour rattraper un temps perdu…

Je repense aussi à notre rencontre et à nos instants plus intimes.

Un doigt se porte instinctivement sur mes lèvres ; je peux encore ressentir le goût de sa bouche.


Je perçois le souvenir de ses mains posées sur mon corps vieillissant, de la façon toute particulière qu’elle avait de prendre mon sexe entre ses doigts pour lui donner l’envie d’avoir envie, de rester en vie.

Les yeux presque fermés, je devine sa langue délicieusement coquine. Elle s’applique à me faire bander, empoignant mes bourses à pleine main. Me branler, me sucer… jusqu’à l’explosion, recevant mon offrande au fond de sa gorge.


Souvenirs érotiques d’une jolie sirène égarée dans le dernier port de ma vie…


Et cette dernière fois, c’était il y a un an et demi, lorsqu’un matin elle m’a demandé de lui faire l’amour et de la faire jouir, comme s’il s’agissait de dire au revoir à son plaisir. Ce matin-là, je me suis longuement appliqué sur sa fente divine ; elle aimait que je m’attarde sur son petit bouton délicat, que j’use de ma langue et de mes doigts pour lui faire atteindre les sommets du plaisir, là où les éclairs sont si pénétrants qu’ils font perdre raison.

Camille est partie ; trahison bien involontaire d’une femme parfaite qui avait mille fois raison de dire qu’il faut vivre l’instant présent, tant l’instant d’après peut être différent.




3 – Pauline, jusqu’à l’excès…



Je suis injuste, ce joli couple ne mérite pas ma colère, ils sont mignons. Je leur souhaite tout le bonheur du monde. La fille est une jolie brune ; de loin, par sa silhouette, elle me fait penser à Pauline.


Pauline, si divine, si coquine…

Femme offerte croisée sur un site de rencontre où il était de bon ton de parler de sexe et de domination. Combien de soirées ai-je passées à errer sur le tchat de cet espace où le meilleur côtoie le pire ?


Un soir, elle a gratté à la porte de mes envies ; ses mots ont excité ma curiosité avant de m’exciter, tout simplement.

Elle revendiquait ce qu’elle était ; une femme soumise, par choix, par envie, comme un art de vivre !


Nous avons beaucoup « parlé » par écrit. Souvent, nos échanges se terminaient par un déferlement érotique, voire pornographique. Plus elle s’offrait, plus je bandais, plus elle se donnait, plus je jouissais… seul derrière mon écran, le sexe en main, je me vidais la tête, et le reste.


Après avoir si souvent joui de nos mots, nous avons connu une période pendant laquelle nous nous parlions grâce aux caméras de nos ordinateurs. Oh merveille de la technologie qui se met au service de notre folie…

Elle s’est montrée à moi, à distance, sans rien me cacher de sa plastique. Femme de 40 ans au corps sublime, elle s’est tant de fois offerte à moi, jouissant sous ses doigts, sous mes instructions.

La voir miauler lorsque sa jolie chatte s’extasiait me faisait bander, à en avoir mal.


Et puis nous nous sommes rencontrés…

De cette rencontre est née une belle histoire faite de complicité et de confiance ; je me suis affirmé comme un dominant bienveillant, un guide pour la conduire sur les chemins de son abandon.

Je l’ai traitée en femme, en chienne…

Je l’ai baisée avec tendresse, sauvagement…

Je l’ai fait jouir, frustrée…

Je l’ai encouragée et récompensée, punie…


Notre relation était belle, profonde, sans excès. Pas assez à son goût quand je refusais de la suivre sur des chemins tortueux, plus extrêmes. L’humilier, la brutaliser, la marquer, la prêter n’était pas dans mes possibilités.

Alors un jour, elle est partie pour s’offrir à un autre, versant une larme de regret au moment de me dire au revoir.

Trahison d’un espoir devenu désespoir ; elle y a gagné en expérience, j’y ai perdu quelques-unes de mes dernières illusions…




4 – Éléonore, jolie princesse



Camille, Pauline… quelques autres encore, et Éléonore.

Éléonore était une princesse, une pépite, un rayon de soleil, un coin de ciel bleu.

Je l’ai rencontrée au cours d’une soirée ennuyeuse, le genre d’endroit où il faut être, pour paraître.

Je crois que je les détestais tous avec leurs habits de cérémonie, leur suffisance, leur façon de s’exprimer.


J’ai tenu aussi longtemps que possible, passant d’un groupe d’invités à un autre, feignant de m’intéresser à leurs conversations qui puaient le fric et le snobisme. Puis, n’y tenant plus, je suis sorti sur le balcon ; une jeune femme y prenait l’air. C’était elle, jeune, belle, comme évadée d’une toile de Maître.


Nous nous sommes parlé, elle trouvait la soirée aussi ennuyeuse que moi. Pourtant, elle venait de leur milieu. Fille d’un Baron avec un vrai titre de noblesse, patron d’industrie, elle était elle-même à la tête d’une société. 28 ans, cheffe d’entreprise, riche, jolie comme un cœur… et célibataire.

Nous avons passé un long moment à discuter de banalités affligeantes, mais je n’écoutais pas ses mots, je la regardais ! Au moment de nous séparer, j’ai cru qu’il y aurait un « après ».

Nous échangeâmes nos numéros de téléphone pour dîner…

Après ce dîner-là, nous avons fait l’amour, longtemps. Éléonore était fougueuse, gourmande.


Trop riche, trop belle, trop courtisée pour être séduite, elle n’avait que peu d’expérience des choses de l’amour. Aussi, j’ai ciselé moi-même ce diamant brut en lui faisant découvrir mille choses, mille pratiques. Elle avait l’appétit sexuel d’une ogresse et la retenue d’une snobinarde, élevée selon des règles, des codes, des principes.


Notre relation a duré deux ans, deux années de complicité, de jeu, de plaisir partagé. J’ai tant de fois baisé ses lèvres, trempé et possédé son intimité blonde… sans oublier son délicieux petit cul qu’elle m’a offert le premier soir, avouant à peine que c’était la première fois.


Nous nous retrouvions à l’hôtel, dans son bureau le soir, dans sa villa au bord de mer les week-ends. Elle m’envoyait des messages qui me faisaient bander avant même que je ne les ouvre. Si raffinée le plus souvent et si crue quand il s’agissait de parler de nous, de ses envies. Son corps vibrait et prenait feu sous mes caresses appliquées, elle jouissait et jouissait encore, capable d’enchaîner les orgasmes jusqu’à l’épuisement.


Nous avons passé des soirées merveilleuses, collés l’un à l’autre, profitant de tous les instants pour laisser s’envoler nos sens et jouir ensemble.

Pendant toute la durée de notre relation, elle n’a commis aucune erreur, passant avec dextérité de la cheffe d’entreprise à l’amante gourmande.


Enfin, si, elle commit une erreur, une seule erreur. Celle de parler de nous à sa mère. Notre différence d’âge et nos origines très différentes faisaient de moi un paria ; elle reçut de son père l’ordre de me quitter, séance tenante, comme on éteint un écran, au beau milieu d’un mauvais film.


J’ai cru presque naïvement qu’elle allait se battre pour nous, tenir tête à ce père-dictateur, menacer de tout quitter pour ne pas me perdre. Mon habit de Prince charmant n’était sans doute pas assez lumineux, ou peut-être un peu trop usé… Elle me laissa donc à la fin d’un week-end, comme si elle avait voulu se servir une dernière fois avant de rompre.


Désillusion brutale, véritable pic porté au milieu de mon cœur et ce sentiment destructeur de m’être laissé emporter par les jeux de l’amour et du hasard. Marivaudage qui cette fois encore me laissa éperdument désemparé et triste…




5 – Au crépuscule de mes jours…



Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer…


Où me fais-tu voyager ce soir ?


Je pense à ce poème que tu as écrit il y a si longtemps ; il me conduit au spleen, à ce mal de vivre que tu as si souvent décrit.

Le jeune couple est entré dans l’eau ; ils sont là à quelques mètres de moi, enlacés, amoureux, en harmonie.

Je les envie, je les déteste… leur complicité m’explose au visage, humidifie mes yeux et me renvoie l’image de ma solitude.

J’ai aimé tant de femmes, je n’en ai gardé aucune… Quand je caresse la silhouette de mes désillusions, je sais que faire l’amour à mes souvenirs me conduit à l’abîme.


Il est préférable que je laisse ces deux jeunes profiter de l’instant, peut-être feront-ils l’amour dans l’eau. En rentrant chez moi, je me verserai un verre de vin et j’allumerai mon ordinateur comme chaque soir, noyant mes fleurs du mal dans des discussions érotiques qui me donneront l’illusion de vivre encore… pour un temps.



Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer !