n° 21949 | Fiche technique | 63600 caractères | 63600 10759 Temps de lecture estimé : 44 mn |
21/08/23 |
Présentation: Chloé fantasme depuis longtemps sur son collègue. Un soir, alors qu’ils sont seuls au bar, il se confie à elle et l’entraîne dans une aventure à laquelle elle ne s’attendait pas du tout. | ||||
Résumé: Chloé et Firmin discutent au bar, lorsque ce dernier confie à sa collègue son attirance pour les hommes et son utilisation d’une application de rencontre. Chloé, à son tour, avoue son fantasme et demande à Firmin de l’aide pour le réaliser. | ||||
Critères: fh hh fhh hbi cérébral voir fmast fellation pénétratio hsodo -bisex -voyeur | ||||
Auteur : Pastabel (Fainéant) Envoi mini-message |
Ce n’était pas la première fois que Firmin était confronté à cette expression de surprise. Peu de personnes en dehors de celles qui fréquentaient les mêmes cercles que lui avaient conscience de l’étendue du phénomène. Parfois, même, c’était une surprise pour des mecs qui auraient dû être au courant, mais qui étaient restés peut être un peu à l’écart du bouillonnement central.
Chloé avait sa petite moue mi-vexée mi-je-m’en-fous et regardait à présent intensément le fond de sa pinte. Dans sa dernière réplique, quelque chose avait sonné un peu faux. Peut-être avait-elle répondu trop rapidement, ou trop mécaniquement. Il était évident que son attitude était bourrée de significations. La baise, c’était quelque chose de sérieux pour elle. De quasi mystérieux. Le résultat prodigieux d’une alchimie dont tout le monde prétendait connaître la recette sans jamais vraiment la maîtriser. Un processus qui pouvait échouer alors que toutes les conditions semblaient réunies et qui pouvait au contraire surgir au moment où on s’y attendait le moins.
Et puis on ne pouvait pas distinguer l’homme de l’artiste, comme on dit. Chloé avait eu quelques plans cul, mais ça avait été assez nul. Suffisamment pour qu’elle en tire de petites conclusions brèves et sans appel, de celles qui forgent une opinion bien tranchée. Il fallait aimer pour jouir. Pas de désir sans histoire d’amour. Vite arrivé, vite oublié.
Il demeurait que la performance était impressionnante. Firmin et elle se connaissaient depuis quelques années maintenant. Ils étaient collègues et s’étaient donc d’abord fréquentés par nécessité. On ne peut pas s’entendre avec tout le monde, sauf au travail. Bien sûr, avec le temps, les affinités parviennent à s’insinuer partout, même dans le cœur du manager le plus aguerri, et Chloé avait fini par manger un peu plus souvent avec Firmin qu’avec les autres… ou un peu plus souvent avec le groupe dans lequel allait Firmin. Une préférence qui s’était glissée dans les « comme tu veux » des rituels du midi.
Il faut dire qu’elle était belle. Il fallait toute la puissance de TikTok pour ternir l’appréciation que l’on pouvait faire de sa beauté. Son charme avait en réalité submergé tout le bureau. Elle marchait bien, avec élégance, certitude et légèreté. Et elle sacrifiait volontiers aux expédients de la séduction de l’Ancien Monde. Talons discrets, pointe de maquillage, parfois même jusqu’au pantalon en cuir. En somme, impossible de lui proposer d’aller manger le midi sans passer pour un mâle en chien.
Firmin, c’était différent. Lui aussi était beau. La trentaine rayonnante, les cheveux noirs à en crever et un choix toujours judicieux de t-shirts près du corps. Il faisait du sport, mais on ne savait pas trop quoi. Il était gentleman, mais on ne lui connaissait pas de copine. Il était peut-être gay, mais personne n’en avait la certitude. De fait, lui, il pouvait aller proposer un japonais à Chloé sans que personne n’y trouve rien à redire. C’était un peu dans l’ordre des choses. On s’amusait même de voir ces deux-là s’échanger des amabilités en faisant comme si de rien n’était alors que la tension sexuelle entre eux était évidente.
Firmin avait retourné son téléphone vers elle. Sur le grand écran borderless qui gisait sur la table du café, malgré les reflets de la fin d’après-midi que faisaient onduler les feuilles du tilleul de la place, on pouvait voir le visage angélique d’un garçon recouvert de mèches blondes, la bouche formant un baiser et les yeux traversés d’une lueur lascive, presque diabolique.
Chloé était hypnotisée. Sur chacune des photos, les vêtements étaient soigneusement choisis, la pose étudiée, le sourire rare. Sur la dernière, qui la fit frémir, le jeune homme était allongé sur un lit et ne portait rien d’autre qu’un string montrant généreusement des fesses qui lui semblèrent plus douces que les siennes. Effectivement, il ne ressemblait pas à un dangereux psychopathe.
Firmin ne répondit pas tout de suite et laissa d’abord son sourire d’homme heureux incendier l’atmosphère.
Le ton n’était pas convaincant du tout. Chloé capta immédiatement qu’ils n’avaient pas dû se parler très longtemps. Étudiant en quoi ? En peep-show ? Elle était tout simplement sidérée qu’on puisse se montrer aussi sexuellement provocant dans un profil public.
Après un court instant, Firmin s’aperçut qu’elle ne connaissait vraiment pas son application de prédilection ni aucune chose de cet ordre. Alors, le visage soudain grave, il la regarda sans rien dire, et comme s’il allait lui révéler un terrible secret, il cliqua sur le bouton de la page d’accueil.
Avec toute l’efficacité et la rapidité que permettent les ordinateurs, le quadrillage infini se déroula. Des dizaines, non ! des centaines de petits carrés s’affichèrent, dévoilant des visages, jeunes ou vieux, sous leurs meilleurs jours, des corps presque nus, des torses ciselés, des petits culs à tomber par terre, parfois des cases vides ou des pictogrammes sans rapport. Le sexe était là, partout, prêt à advenir, comme un tsunami de stupre. Firmin n’avait donc pas menti. Il suffisait presque de cliquer sur quelqu’un pour coucher avec lui. Un McDrive de la rencontre. Un catalogue de la fornication.
Chloé eut d’un coup le tournis. Imaginer tous ces hommes si séduisants, si musclés, parfois virils, parfois délicieusement et vicieusement féminins, qui pouvaient en cet instant même s’adonner à la copulation la plus crapuleuse partout autour d’elle, était captivant, et terriblement excitant. Elle réalisa soudain que le prochain sur la liste pourrait bien être Firmin, son Firmin qui se tenait-là, devant elle, peut être dans une poignée de minutes à peine.
Il parut lire son trouble sur son visage. Son sourire s’était fait plus malicieux et son regard devenait carrément suggestif. Elle remarqua une petite fossette à droite de ses belles lèvres rose clair, qui lui avait échappé jusque-là. C’était la première fois qu’elle l’imaginait vraiment nu, et il n’y avait pas besoin d’imaginer très fort ! Son t-shirt ne laissait aucun doute sur la fermeté de ses pectoraux et ses petites manches, si petites, dévoilaient des biceps à réchauffer le cul d’une nonne.
Chloé ne répondit rien. Elle se rendit compte que sa bouche était restée ouverte. Elle la referma aussitôt et se redressa sur son siège. Firmin… nu… sur un canapé… c’était déjà torride, et avec ce petit mec, cette créature du démon nue elle aussi à ses côtés, les jambes repliées et sa fine main insupportablement posée sur le torse de son collègue, c’était encore plus troublant. Cela lui semblait tout à la fois malsain, dérangeant, amoral, pervers et irrésistiblement excitant.
Peut-être était-ce la chaleur de septembre, la nonchalance du vendredi soir… ou bien ses hormones, c’était à n’y rien comprendre. Ou alors l’âge, les mystères de la maudite pendule sans ressort qui habite chacun des corps des êtres humains sur terre. Ou peut-être était-ce simplement le bon moment, mais Chloé eut envie de les voir, le garçon et Firmin, en train de faire l’amour.
Alors qu’en face d’elle le téléphone avait repris le pouvoir sur son hôte et que des tractations semblaient en cours, elle essayait désespérément de faire la part des choses en elle-même. Elle n’était pas mariée, elle n’avait pas de copain, elle ne rencontrait personne en ce moment. Rien de neuf en vue dans sa vie intime. Et soudain, elle qui pensait maîtriser la situation, elle qui se tenait presque hautaine à distance des frivolités de la vie parisienne, se disant qu’elle faisait partie des sages qui savaient qu’il n’y a que douleurs à récolter des flirts passagers, elle, donc, voilà qu’elle était envahie d’une pulsion indéfinissable. Sa curiosité était à son comble. Comme si un monde entier se tenait là, parallèle au sien, et qu’elle venait d’en trouver la porte.
Firmin releva la tête et sourit une fois de plus. Il se passait des choses. « Tu mouilles, ma grande », se dit-elle, et elle se laissa parcourir du frisson qui la gagnait. Putain ! La passion ! Se pouvait-il que ce soit ça ?
Malheur. Les choses devenaient encore plus compliquées. Chris était un ami de Firmin, elle ne l’avait vu qu’une seule fois alors qu’il les avait rejoints au bar, il y avait peut-être six mois de ça. C’était l’hiver et elle avait trop bu. Elle ne revoyait plus nettement son visage, mais elle se souvenait parfaitement qu’il lui avait plu. Encore un mec hyper sexy ! Maintenant qu’elle savait que Firmin était gay, tout s’expliquait.
Trop de choses arrivaient d’un coup dans sa tête. Ça devenait désagréable. Alors, Chris était gay, lui aussi. Mais ils étaient tous gay, bordel ! Ça devait être pour ça qu’elle ne rencontrait que des moches ! Une légère culpabilité s’instilla en elle à l’égard de François, son dernier amant. Il n’était pas si mal, en réalité, peut-être était-elle trop sévère. Elle se reprocha sa réaction un peu méchante. Mais merde, Chris…
Bizarrement, ça, elle ne se le figurait pas. Chris, dans son souvenir embué, ne pouvait être qu’un queutard. Un homme à femmes. Il rentrait trop bien dans le cliché et elle n’avait remarqué aucun signe extérieur d’homosexualité. Mais quels signes, après tout ? Elle s’était laissée piégée par ses propres préjugés, voilà tout. Peut-être qu’elle devrait désormais poser systématiquement la question aux hommes qu’elle rencontrait ? Elle pouffa en imaginant les réponses des malheureux. Mais alors, si Chris et Firmin étaient tous les deux gay et baraqués, ça se passait comment ?
Alors là, Chloé rougit carrément. Décidément, elle avait encore trop bu. Il n’y avait rien à répondre qui n’aggraverait encore sa situation. Elle frémit et se laissa envahir par le renoncement de l’alcool. C’est à ce moment qu’elle décida de lâcher prise. Après de longues secondes sans rien dire pendant lesquelles elle sentait le regard de Firmin, goguenard, qui la laissait mijoter, elle rua.
Elle était décidée, son regard était franc et dardé vers Firmin qui se balançait sur sa chaise et qui se rapprocha soudain de la table pour se pencher vers elle. Avant qu’il ne lui réponde, elle se sentit brusquement un peu conne. Il allait forcément lui dire qu’il suffisait qu’elle tape gay porn sur internet pour voir « ce que ça fait », deux ou trois mecs qui s’enculent. Ou alors, il allait mal le prendre. Finalement, c’était un peu comme si elle ne le croyait pas, ou qu’elle prenait ça comme une découverte biologique, comme s’ils étaient des singes savants ou un truc du genre, mais la réponse de Firmin dissipa son appréhension.
C’est bête, mais elle sentit les petits papillons dans le ventre. Elle s’en voulut presque, elle croyait jusqu’ici que c’était un signe d’amour. Ça lui parut inapproprié dans cette situation, mais la question la mettait d’un coup dans le réel, le concret. Ce qui était il y a à peine cinq minutes de l’ordre du fantasme, et même d’un fantasme qu’elle ne se connaissait pas, venait de devenir un sujet de discussion pratique, un problème d’organisation à gérer.
Elle trouvait ça très excitant, cette façon qu’il avait de parler de sexe si simplement. Ça l’impressionnait un peu. Elle eut envie de surenchérir, juste pour rester sur le fil de la conversation et sentir la tension monter, mais à vrai dire, elle avait formulé sa demande de façon un peu impulsive sans savoir exactement tout ce que ça impliquerait. Une voyeuse ? Elle n’était certainement pas une voyeuse ! Mais en refaisant cinquante fois le tour de la scène fugace qu’elle avait imaginée, elle devait bien admettre que ça correspondait plutôt à ça. Elle, en tenue ultra sexy sur un fauteuil en cuir, prête à se caresser, les jambes écartées, jetant des regards flamboyants à deux hommes musclés en train de s’enlacer et de s’embrasser à pleine bouche au ralenti. Oui. Au ralenti. À bien y réfléchir, c’était à peu près ça qu’elle avait vu.
Il était putain de beau gosse, le con. Il lui souriait largement, ses yeux pétillaient, c’était visible qu’il était prêt à tout, mais Chloé était bloquée. Elle baissait les yeux, puis le regardait, puis rebaissait les yeux, incapable de dire quoi que ce soit. Elle devait être rouge comme un Côtes-du-rhône. Elle se battait pourtant. Elle mourrait d’envie de dire oui, de hurler qu’elle voulait qu’il se jette sur elle et qu’il la prenne, de sentir son corps musclé tout contre elle, la posséder, mais c’était le moment de la bascule, le dernier avant de ne plus pouvoir faire demi-tour. L’ultime frontière de la provocation. C’était déraisonnable, pas une bonne idée, irrationnel. Elle sentait le poids de toutes ces convenances qui l’avaient toujours protégée en lui intimant l’ordre de mettre le coup de frein salvateur avant qu’il ne soit trop tard, mais l’envie était trop forte. Elle se sentit envahie par la révolte, contre sa vie tout entière, avec ces principes et ces prudences mesquines. Alors, dans un effort surhumain, elle parvint à murmurer :
C’était dit. En un éclair, Firmin fit le tour de la question et prit pour lui-même sa décision. Il fallait le faire. C’était si rare, inespéré et magnifique de voir une si belle femme faire une demande aussi audacieuse, qu’il ne pouvait pas se permettre de refuser. L’excitation était là, mais le trac reprit le dessus. C’est que, maintenant, il ne fallait pas se rater ! Le sang-froid qui le caractérisait dans son travail lorsqu’il affrontait les clients par dizaine et les projets agonis de retards lui échappait à présent totalement. Toute une ribambelle de diagrammes de Gantt, d’items de todo-list et de milestone, se mit à virevolter dans sa tête. Face au tourbillon de la vie, ils ne lui étaient plus d’aucune utilité.
Il y eut un instant le feu dans leurs regards, mais la petite victoire que chacun éprouvait laissa la place à un curieux sentiment de surprise. D’habitude, lorsqu’un garçon lui avouait ses sentiments, ils s’embrassaient. Les corps mettaient naturellement en actes ce que les mots avaient autorisé. Mais là, c’était différent. Même si elle avait l’impression d’avoir parcouru les mêmes montagnes Russe, elle réalisait qu’ils ne s’étaient mis d’accord, après tout, que sur le fait qu’elle pourrait le regarder faire l’amour. C’était très étrange. Comme s’ils en avaient trop fait. Elle avait eu à tort l’impression que se jouait une parade amoureuse, alors elle ne pourrait pas l’embrasser.
Non ? Non. Vraiment pas. Il était vraiment inenvisageable que l’orgie se déroule chez elle. Oui, bon… ce n’était pas exactement une orgie, mais pour Chloé, c’était la première fois qu’elle était mêlée à un événement sexuel de cette ampleur, et pour tout dire, ça valait bien son orgie dans l’idée qu’elle s’en faisait. Qu’un tel déchaînement de stupre se déroule au milieu de son salon, ce n’était pas possible. Son cocon ne méritait pas ça, lui était encore du côté des convenances et des principes. « Il est trop jeune », se dit-elle aussi, réalisant dans la foulée qu’elle était en train de penser à son canapé et que c’était absurde.
Ils se levèrent et coururent presque jusqu’au comptoir pour régler leurs bières et rapporter leurs verres. L’instant d’après, ils débaroulaient furieusement dans les rues qui menaient à l’appartement de Firmin. Il ne se passait pas une minute sans que l’un d’entre eux ne se mît à glousser sans raison. Dans le hall de l’immeuble, Chloé explosa de rire en lisant le nom de monsieur Christian Erbich sur les boîtes aux lettres parce que ça faisait « chibre » à l’envers. Ils prirent l’escalier parce que ce serait plus rapide. Quand ils passèrent la vilaine porte en bois sombre, Chloé fut agréablement surprise par l’odeur qu’elle découvrit et dont elle trouva qu’elle s’accordait bien avec la personnalité de son hôte. Elle ôta sans réfléchir ses chaussures et se jeta dans le canapé, comme si c’était évidemment ce qu’il fallait faire. Firmin disparut dans le couloir et elle se retrouva soudainement seule, immobile, dans le silence, avec l’impression d’être une cambrioleuse. Elle jeta sa tête en arrière contre le dossier du canapé et laissa le léger tournis la bercer quelques secondes. Cette soirée allait être excellente, c’était sûr. Firmin avait l’air de savoir exactement ce qu’elle voulait chaque seconde.
À ce moment précis, il surgit justement du couloir avec une bouteille de rhum. Dans le mille ! Lorsqu’elle approcha son verre de ses lèvres, le parfum langoureux des îles l’enveloppa de toutes ses promesses. Stock car flamin’ with a loser and the cruise control. Discuter était si facile ! Ils se trouvaient maintenant dans une espèce de no man’s land, plus tout à fait amis, pas encore amants, où ils pouvaient parler cul sans hâte puisqu’ils ne pouvaient pas faire l’amour, et les sujets de conversation semblaient innombrables. Il pouvait lui raconter ses rencontres les plus farfelues, celles qui s’étaient mal passées, celles qui au contraire lui avaient laissé des souvenirs si forts qu’ils seraient comme agrafés pour toujours dans son paysage intérieur, comme cette fois où il s’était fait sucer dans le train, et elle s’empressait de lui raconter comment elle s’était fait surprendre par un paysan alors qu’elle faisait l’amour avec son copain de l’époque dans leur voiture. Puis leurs collègues n’étaient plus seulement des caractères, des aptitudes et des fiches de poste, ils devenaient aussi incarnés. Certains et certaines devenaient mignons, attirants. Ils avaient tous les deux des petits flirts, dont certains en commun, bref, le temps passait vite.
La sonnette de l’appartement ne manqua pas de retentir à peine une demi-heure plus tard. C’était Chris qui arrivait enfin. Chloé aurait dû ressentir un léger stress, mais elle se sentait si bien que c’était finalement comme si un pote de plus se radinait à une soirée pyjama. Seulement, quand elle l’aperçut dans l’angle du couloir, il se mit à briller. Ses biceps, sa carrure, sa hauteur, son short bien trop court et ses lunettes de soleil de surfer : impossible de ne pas se souvenir à présent de la raison pour laquelle elle avait complètement craqué pour lui la dernière fois. « Baiser devenait inévitable », se dit-elle, avec deux mecs aussi bien foutus qui lui tournaient autour. Un petit pincement au cœur la surprit alors qu’elle réalisait qu’elle ne pourrait peut-être même pas leur caresser les bras, mais elle était décidée à aller au bout de son fantasme.
Lorsqu’ils furent au milieu du salon, debout devant elle, Firmin et Chris, tout sourire, la foudre de l’envie la percuta violemment. Elle voulait Firmin et elle voulait Chris. Elle ne savait pas dans quel ordre, mais une chose était sûre : elle avait envie que ce soit du brutal, du déchaîné. Elle se concentra pour préserver la curieuse situation dans laquelle elle était embarquée. Elle n’était pas là pour faire l’amour, mais seulement pour regarder. Ça lui semblait totalement absurde maintenant qu’elle toisait son ancien crush, plus sexy que jamais, mais elle avait bizarrement envie de préserver cette singulière configuration des choses que le hasard avait concoctée pour elle.
À les regarder, côte à côte, une autre pensée la saisit : Chris était plus « homme » que Firmin. Pourtant, elle était sûre de ne jamais avoir douté de la masculinité de son collègue, mais sa douceur, la sensibilité qu’elle avait toujours appréciée chez lui et la légère féminité de ses traits face à la masse de muscles que représentait Chris ne lui laissait pour ainsi dire aucune chance. À présent, elle pouvait l’imaginer jouir d’être pénétré comme elle pouvait elle-même jouir de faire l’amour. Mais elle n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage.
Il y eut un silence et Chloé comprit immédiatement que les choses devenaient sérieuses.
Les deux garçons étaient toujours debout devant Chloé, à moins de deux mètres d’elle, c’était torride. Elle avait ramené ses jambes à ses fesses et les regardait entre ses genoux. Son cerveau avait fondu. C’est du moins ce qu’elle conclut en voyant, comme si elle était hors d’elle-même, sa propre main venir se poser sur son sein. Chris se rapprocha imperceptiblement de Firmin et l’attrapa d’une main par la taille. Chloé répondit en balbutiant.
Chris se tourna vers Firmin. Chloé était subjuguée de les voir parler de choses aussi personnelles comme s’ils se racontaient leurs vacances. Même si elle arrivait à distinguer à présent ce qui pouvait être plus féminin chez Firmin que chez Chris, ça ne collait toujours pas cet autre mec qu’ils draguaient tous les deux sur l’appli. Avant qu’elle puisse poser la question, Chris tenta une explication à moitié philosophique.
Chris s’adressait moins à Firmin qu’à Chloé avec cette dernière phrase et elle sentit instantanément qu’il la testait. Il voulait voir jusqu’où il pouvait aller, savoir à quel moment elle serait vraiment choquée. Elle se jura de tenir le coup. Il n’allait pas être déçu. Des fois, le caractère compense un peu le manque de courage. Elle eut envie de le piquer. Firmin avait rougi, c’était la première fois qu’elle le voyait dans cet état, mais il répondit malgré tout.
Il aurait pu, à ce moment-là, poser sa main sur sa cuisse comme il l’avait fait avec Firmin. Un mec aussi beau ne pouvait ignorer le trouble dans lequel il la plongeait. Pourtant, il n’en fit rien, comme s’il était au courant de tout. Firmin avait dû lui en dire beaucoup plus que ce qu’elle pensait. Il se contenta de laisser s’installer un long silence tout en la regardant et elle fut certaine que son désir devait lui être totalement transparent.
Il insistait exprès en la regardant d’un air de défi.
Ils éclatèrent de rire tous les trois ensemble. Elle s’était quasiment étranglée en prononçant le mot, ce qui avait donné une intonation très peu naturelle qui laissait apparaître toute sa gêne. Il n’y avait pas de moquerie dans leurs rires. Chloé pouvait sentir qu’ils ne lui voulaient pas de mal, seulement l’aider à être dans le moment, à éliminer toutes les barrières qui l’empêchaient de s’adonner complètement au sexe. Et c’était si rassurant ! Elle fit amende honorable.
Chloé avait joué le jeu des répétitions, seulement, elle devait bien admettre que « enculer » et « Firmin » dans la même phrase, c’était au-dessus de son niveau, mais elle n’était pas du genre à abandonner si facilement. Firmin rigolait et Chris avait la mine satisfaite de voir que son coaching fonctionnait si bien. Elle respira un grand coup et reprit.
Un blanc s’installa. Il ne devait plus y avoir grand-chose à ajouter. Puis, sans aucune raison apparente et sans rien dire, Chris se leva et vint s’asseoir derrière Firmin, ses jambes autour de lui. Chloé les regarda s’installer sans rien dire, avec l’attention acérée qu’on porte aux débuts de film. Chris commença à masser doucement les épaules de Firmin qui ferma les yeux et marmonna quelque chose comme « il va falloir qu’on s’y mette sinon ta collègue va rentrer se coucher ». Ses caresses recouvrirent d’un voile de silence tout l’appartement. Firmin qui s’abandonnait s’allongea complètement dans les bras qui l’enveloppaient. Les deux garçons s’étaient tus et ne regardaient plus Chloé.
Alors qu’elle assistait avidement à la scène, Chloé comprit ce que Chris avait voulu dire. Elle trouvait que leur petit jeu qui commençait était tendre et excitant, elle était heureuse d’être là, mais elle sentait qu’elle ne pouvait pas rester ainsi sans rien faire, qu’elle se devait de jouer un rôle. Elle avait beau ne pas participer, ne pas parler, ne pas intervenir, elle était là malgré tout et faisait peser le poids de son regard sur ses amis. Ils pouvaient faire semblant de ne pas la voir, mais ils se sentiraient forcément gênés. Même comme voyeuse, il fallait qu’elle trouve sa place dans leur petit groupe, qu’elle fabrique une sorte de rituel, quelque chose qui identifie ce qui était en train de se passer à un acte spécifique qui ne serait plus parfaitement identique à celui qui se produirait si elle décidait par exemple de quitter la pièce.
Dans un feulement instinctif, elle gémit pour signifier que la scène lui plaisait et elle se mit doucement à se caresser. En passant ses doigts sur sa poitrine et ses bras, en se dandinant un peu dans le canapé pour mieux sentir le velours contre son dos et ses fesses et en minaudant d’un air habité pour essayer de capter leurs regards.
Les mains de Chris voyageaient sur tout le torse de Firmin, et même sur son visage. Puis elles attrapèrent le bout de son t-shirt pour le lui ôter et Chloé put enfin admirer le buste de son collègue qu’elle avait tant fantasmé. Chaque fois qu’il avait enlevé son pull, attrapé quelque chose en haut d’un placard, ou qu’il s’était étiré après une nuit trop courte, elle avait guetté la moindre parcelle de ce torse et le voir à présent entièrement offert à son regard était un délice. Il n’était pas très poilu et elle se demanda s’il était épilé. Chris déposait à présent des baisers fougueux dans le cou de Firmin et son étreinte se faisait plus sauvage.
Ils lui sourirent en retour, sans cesser de se caresser. Leurs vêtements étaient devenus des obstacles dans la douce chaleur de l’appartement. Firmin, comme rappelé à lui par cette interruption, saisit son téléphone et le déverrouilla. Après quelques secondes, alors que Chris épiait son écran, il dit :
Chris opina du chef et posa ses deux mains sur les hanches de Firmin comme pour marquer une pause. Chloé crut remarquer qu’il avait donné un petit coup de reins et frissonna en imaginant que Firmin devait sentir sur ses fesses la bosse de son sexe.
Et Chris, en contemplant encore le téléphone, ajouta :
Firmin sourit et tendit son cul pour le frotter encore plus fort contre son entrejambe :
Dans un râle vengeur, Chris s’enfonça dans le dossier du canapé jusqu’à être pratiquement allongé et Firmin fut obligé de s’asseoir sur lui pour ne pas tomber. Il frottait maintenant ostensiblement son cul contre le short de Chris et ce dernier entreprit de défaire sa ceinture. Le bermuda de Firmin fut bientôt au sol, dévoilant un boxer coloré bien ajusté. Il était à présent presque nu et chevauchait Chris de manière extrêmement provocante, se cambrant pour lui offrir la vision la plus excitante possible de son boule. Chris grognait de satisfaction et empoignait les fesses qui s’agitaient devant lui en les regardant comme s’il allait les dévorer. La machine infernale était lancée. Tout dans l’attitude de Firmin montrait à l’avance ce qui allait suivre. Sa cambrure, ses gémissements à peine plus aigus, sa façon de garder ses mains à plat sur les cuisses de Chris et de ne le provoquer qu’avec ses fesses, Chloé observait avec fascination son collègue jadis si masculin se métamorphoser en créature féminine qui faisait tout pour aguicher son mâle.
Puis une chose étrange se produisit. Le regard de Firmin, que rien ne semblait plus pouvoir arrêter dans sa folie lubrique, croisa intempestivement celui de Chloé. Il rougit et perdit brusquement de son entrain. Chloé fut envahie par la honte. Les ébats des deux jeunes hommes lui semblaient si merveilleux, leur animalité l’excitait tellement, que de voir se briser leur élan par sa faute était un crève-cœur. Pas le choix, il fallait surenchérir.
L’effet fut immédiat. Firmin sourit timidement, se cambra de nouveau et dans un concert de gémissements incroyablement sensuels, reprit sa danse de séduction sur le short de Chris. Chloé en fut immensément soulagée. Elle tenait le coup ! Et elle mourrait d’envie d’en voir plus à présent. De voir comment Chris allait se déchaîner sur son collègue, lui faire sauvagement l’amour, comme s’il était une femme. Elle enleva discrètement sa jupe, s’installa confortablement bien en face des deux hommes, écarta les cuisses et glissa une main dans sa culotte et une autre sous son haut.
Il se redressa brutalement et arracha presque son t-shirt, puis il chassa Firmin pour se mettre debout, et sans autre forme de procès, enleva du même mouvement son short et son caleçon. Une large bite jaillit soudain et Chloé sentit un frémissement la parcourir depuis sa chatte jusqu’en haut de son crâne. Sa queue était parfaitement à son image. Il inspirait tout entier la virilité, comme une statue grecque, le petit sexe en moins. Elle avait déjà couché avec des mecs très travaillés, mais Chris donnait presque l’impression d’être bodybuildé. Aucun poil ne semblait troubler les courbes de ses muscles saillants. Elle fut subjuguée de voir cette masse de masculinité, de désir et de volonté de puissance sexuelle entièrement tournée vers Firmin. Il allait le posséder, c’était sûr.
Firmin, éjecté du canapé, s’était opportunément retrouvé à genoux, les mains sur la table du salon. Il gardait son cul bien cambré et lançait des regards implorants à Chris, mais celui-ci semblait avoir une autre idée en tête.
Il vint se placer debout devant elle, fier et droit, les jambes légèrement écartées, le sexe bandé pointant vers le ciel.
Firmin, en rougissant, s’approcha à quatre pattes du colosse. Chloé pouvait sentir l’odeur du chibre de Chris qui était presque à portée de main. Elle aurait eu envie de le sucer, elle aussi, mais elle était à la fois pétrifiée et flattée que le spectacle s’adresse spécifiquement à elle. Quand Firmin fût aux pieds de Chris, celui-ci l’attrapa sans ménagement par les cheveux et plaça sa tête tout près de son sexe.
Et ce disant, de sa main libre, il plaqua sa verge tendue sur le visage de Firmin qui gémit en retour.
Firmin jeta un regard honteux à Chloé, aux anges, et Chris fourra son gland dans sa bouche entrouverte. Chloé n’avait jamais vu d’aussi près quelqu’un sucer une queue. C’était incroyable. Elle avait bien eu quelques aventures un peu olé olé, elle avait déjà fait l’amour avec son copain à côté d’une pote à elle qui fricotait avec un autre mec, mais toujours dans la discrétion, l’obscurité. Il avait fallu deviner, imaginer, interpréter les soupirs. Là, c’était direct : Firmin, avec la bite de Chris dans sa bouche, à un mètre d’elle. Elle était un peu gênée par cette séance d’humiliation, mais l’excitation emportait tout en elle, comme une vague déferlante. Elle savourait son rôle de dominatrice de la scène, comme une impératrice au balcon de l’arène observerait ses gladiateurs se faire dévorer par les lions. Firmin, bien que ses pommettes soient rosies, semblait jouir de la situation. Elle fut engloutie par un abîme en imaginant soudainement quelles pourraient être leurs relations, le lundi, en retournant au boulot. Plus jamais, en effet, elle ne pourrait l’imaginer autrement qu’à quatre pattes, léchant avidement le chibre qui lui était présenté, tendant les fesses pour supplier qu’on l’encule.
Firmin s’exécutait, heureux de ressentir cette queue de toutes les façons qu’il pouvait, en regardant Chris par en dessous. Il avait accéléré le rythme. La bite de Chris était à présent trempée de sa salive et il lui caressait toujours les cheveux. Il n’avait pas bougé depuis tout à l’heure et Chloé pouvait voir le puissant muscle de sa fesse se contracter quand, dans un frémissement, il enfonçait légèrement sa queue dans la bouche de Firmin. Puis au bout d’un moment, ne pouvant plus résister, il empoigna fermement toute sa tête et se mit à lui donner de grands coups de bite. Firmin gémissait d’aise, de plus en plus fort. Le dérapage était total, il n’avait plus qu’à encaisser la saillie orale de Chris. Il prenait tout son plaisir de sentir cette large queue utiliser ses lèvres, sa bouche et le début de sa gorge pour sa propre jouissance. Les soupirs rauques de plaisir de Chris qui lui baisait maintenant furieusement la bouche lui faisaient presque perdre conscience. Il voulait qu’il jouisse, le plus possible, le plus longtemps possible, et Chloé serait témoin de sa docilité et de la générosité totale avec laquelle il s’était offert à l’homme.
Chloé, qui réalisait à peine ce qui était en train de se passer, fut saisie de boulimie de désir. Plus rien ne pouvait l’empêcher de faire ce qu’elle voulait. Elle baissa sa culotte trempée de mouille sans que les garçons ne s’en aperçoivent tant ils étaient absorbés par leur coït. Elle se mit à faire ses petits mouvements habituels avec son majeur, le long de sa fente, et cette caresse qu’elle s’était prodiguée tant de fois lui parut de force décuplée face au spectacle de Firmin se faisant furieusement pénétrer la bouche par Chris, et en même temps terne et insuffisante, en dessous de la force qui aurait été appropriée à ce moment de grâce.
Puis, brusquement, comme Chris semblait pris de folie guerrière et ne plus pouvoir agir que par la violence et la brutalité, il se retira de la bouche de Firmin, puis le saisit sous les aisselles pour le placer devant Chloé. Firmin se retrouva alors, toujours à genoux, les mains sur le bord du canapé, la tête entre les jambes de sa collègue. Il s’aperçut à ce moment qu’elle était nue et que sa bouche encore brûlante de la verge de Chris ne se trouvait plus qu’à quelques centimètres de sa chatte. Tout à sa surprise, il ne perçut pas que Chris, pendant ce temps, s’était agenouillé derrière lui. Et sans ménagement, il baissa son boxer et plongea sa langue dans sa raie.
Celui-ci fut comme pris d’effroi. Son visage s’imprima d’une expression de stupéfaction telle que Chloé en fût elle-même surprise. Puis elle pouffa et posa délicatement la main sur la joue de Firmin. C’était le premier contact entre eux deux et il fut d’une extraordinaire tendresse. Il disait combien Chloé éprouvait de l’affection pour Firmin tant il était beau et tant il semblait innocent. Sa vulve brillante de mouille qui oscillait doucement près de son visage, elle lui murmura.
Chris léchait la totalité du cul de Firmin en donnant de fougueux coups de langue, une paume sur chaque fesse, les doigts recourbés pour les agripper fermement, donnant à Chloé une belle vue sur ses bras contractés. Il redressa la tête, le visage couvert de salive. Il s’essuya d’un geste rapide de la main et grogna en se mettant à genoux. Il saisit une nouvelle fois Firmin par les hanches et l’attira à lui pour le plaquer à sa verge qui vint se glisser entre ses fesses. Chloé put apercevoir le bout du gland de Chris émerger du bas du dos de son collègue.
Chris donna alors une série de coups de reins d’une féroce brutalité au cul de Firmin qui gémit en levant les yeux au ciel chaque fois que le bas-ventre de Chris venait claquer contre ses deux globes. Firmin, à bout de souffle, profitant d’une brève pause, posa délicatement sa tête inclinée contre la cuisse de Chloé. Elle sentit la douceur de sa joue contre elle et elle ne put s’empêcher de passer elle aussi la main dans ses cheveux, comme Chris l’avait fait si virilement quelques minutes plus tôt. Le voir si soumis aux volontés de Chris l’excitait beaucoup plus que ce qu’elle avait imaginé. Elle mourrait d’envie, à présent d’assister à la scène suivante, inéluctable, de voir Firmin possédé par cette verge si épaisse, si dure, de pouvoir lire sur son visage si proche les stigmates de la sodomie, de la fornication la plus bestiale, et de voir rayonner son plaisir d’être ainsi utilisé par un autre homme pour sa jouissance.
Chris ne fut pas en reste. Il saisit son membre gonflé de plaisir et le guida le long des fesses de Firmin. Il lui échappa soudain des mains et vint claquer sous son nombril. Il bandait comme jamais Chloé avait vu bander un homme. Il le rattrapa bien vite et fit glisser son gland autour de l’anus de Firmin qui ahanait maintenant doucement et régulièrement. La tête penchée vers son ouvrage, la bouche entrouverte et le regard féroce et impitoyable, il s’attarda sur sa cible puis, d’un long mouvement qui ne souffrirait aucune retenue, il enfonça sa queue dans la chair de Firmin. Celui-ci émit un long feulement presque musical et releva doucement la tête vers Chloé, le regard implorant, à mesure que la tige s’enfilait en lui.
Sans autre attention, le visage de Chris se ferma, ses muscles se contractèrent et, en une seule fois, il fit plonger sa queue en Firmin jusqu’à la garde. Firmin cria. Il fut projeté en avant dans la violence du choc, à une poignée de centimètres à peine du visage de Chloé. Dans une secousse de surprise, Chloé, qui n’avait fait qu’effleurer à ce moment-là son clitoris avec ses doigts, fut parcourue de tremblements, et sans qu’elle comprît comment, fut traversée par un orgasme. Folle, elle tendit ses lèvres vers Firmin et l’embrassa. Ou plutôt, elle frotta ses lèvres contre les siennes, d’un geste désordonné, passa sa langue sur sa bouche, crut reconnaître le goût du sexe de Chris. Elle eut l’impression d’embrasser une autre fille. C’était étrange, comme si elle réalisait cet autre fantasme qui l’habitait discrètement depuis longtemps. Pourtant, Firmin n’était pas une fille, mais elle avait l’impression qu’elle ne pouvait rien redouter de lui, maintenant qu’il était empalé de toute la longueur de la bite de Chris.
Firmin ne pouvait plus bouger. Il ne sentait plus que le corps de Chris qui l’enveloppait derrière lui et cette plénitude que l’on ressent quand une masse qui semble si énorme a pris place en soi et nous remplit complètement. Sentir une verge depuis l’intérieur de son corps est une expérience d’où l’on revient changé. Avec une envie en filigrane, tout le restant de sa vie, de se sentir à nouveau possédé par autre homme. Firmin, pour qui ce n’était pas le coup d’essai, et de loin, le savait. Il profitait pleinement de ces sensations anciennes qui éveillaient en lui tant de souvenirs, qui faisaient apparaître dans sa conscience tant de visages, tous concentrés dans la quête du plaisir et de la satisfaction. Chris l’enculait et il voulait garder ces précieuses secondes qui s’écoulaient pour toujours dans la mémoire sensible.
Chloé compatissait instinctivement avec cet état d’esprit. Elle avait envie de choyer Firmin, de lui apporter une forme de soutien, on pourrait presque dire de sororité, pour qu’il traverse aussi bien que possible ce qui était à la fois une épreuve et la source ondoyante d’un plaisir inouï. Elle faisait l’amour avec Chris à travers lui, comme si elle savait ce qu’il pouvait ressentir.
Puis Chris entama un lent va-et-vient qui ne pouvait pas durer longtemps. Dans une lente accélération inarrêtable, il baisa Firmin. De temps à autre, il passait sa main sur son dos, donnait une petite fessée supplémentaire, et gémissait lui aussi de plaisir. Toujours plus loin, toujours plus fort. Firmin était gagné petit à petit par ce qui sembla à Chloé un orgasme diffus. Il ne parvenait plus à respirer régulièrement. Chloé se caressait maintenant avec plus de précision, de concentration, et elle sentait elle aussi que la jouissance montait en elle à nouveau.
Comme cela devait nécessairement arriver, Chris leva enfin les yeux au ciel. Il gémit en de grands « Ah ! » puis ferma les yeux en pilonnant ce cul magistralement donné. Chloé criait presque à la place de Firmin :
Et Chris, comme s’il obéissait, perdant le contrôle, redoublait de vigueur dans sa besogne. Puis soudain, comme s’il se rappelait à lui, à l’extrémité de son plaisir, il retira toute sa verge de Firmin, empoigna son sexe et se branla extatiquement sur ses fesses. Une demi-seconde à peine fut nécessaire avant qu’un éclair de foutre ne traverse le salon. Dans un ultime cri de plaisir, Chris recouvrit le dos ciselé de Firmin de longues et chaudes giclées de foutre. Chloé sentit alors le sperme qui était parvenu jusque sur son épaule. Elle était surexcitée. Tournant la tête, elle tenta d’atteindre la semence du bout de sa langue et elle fut soudain tout entière enveloppée du goût salé de la foutraille de Chris. Elle gémit alors à son tour et, d’une main sûre et experte, se prodigua à elle-même, de ses deux mains, la caresse qui la fit jouir. Rideau.
Quand elle rouvrit les yeux, elle vit les deux hommes devant elle, immobiles, qui la regardaient en souriant. « On n’est jamais mieux servi que par soi-même », se dit-elle, et elle fut heureuse d’avoir pu maîtriser elle-même son orgasme pour qu’il corresponde exactement à son fantasme. Ç’avait été puissant, fort. À la hauteur. Et c’était grâce à eux. À eux qui avaient joué le jeu et qui avaient su la guider à travers le bordel de ses pulsions. Elle leur jeta à son tour un regard plein de tendresse et sourit.
Chris sourit et passa presque amoureusement ses mains sur les derniers espaces encore secs du dos de Firmin, puis dans son cou, et il se tourna vers Chloé avant d’ajouter, plein de malice :
Firmin, jetant un regard complice à Chris, se redressa et s’approcha de Chloé. Puis il plongea son profond regard dans le sien et l’embrassa. C’était doux et si agréable. Elle se rendit compte que l’envie de coucher avec son collègue ne l’avait pas quittée, qu’elle ressentait toujours une certaine frustration, malgré ses deux jolis moments de jouissance. Comme Firmin s’était relevé, elle vit sa bite, à lui, comme pour la première fois. Elle s’aperçut qu’il bandait, lui aussi. Cette nouvelle queue, après celle de Chris qui avait retenu toute son attention jusque-là, lui sembla plus longue et un peu moins épaisse. Firmin vit que Chloé était absorbée par la contemplation de sa bite.
Chloé fut déstabilisée par cette dernière réplique. C’était vrai. Elle aussi avait envie de faire l’amour avec lui. Dans le sens premier du terme, comme si elle était vraiment amoureuse. Elle dut chasser précipitamment cette pensée de sa caboche pour garder sa contenance. Décidément, ses désirs lui jouaient des tours ! Elle serait amoureuse de cet homme qui venait de se faire copieusement baiser par un autre ? Il fallait couper court. Elle s’immergea dans le moment présent. Elle avait joui deux fois en regardant Chris et Firmin copuler. Elle avait trouvé ça tendre et beau et violent et bestial, tout à la fois. Elle éprouvait maintenant une grande tendresse pour Firmin et cela n’entravait aucunement le désir qu’elle ressentait pour lui. Elle avait toujours envie qu’il la baise, comme à la terrasse du café, plus tôt dans l’après-midi. Voir sa queue dressée qui s’approchait d’elle la troublait comme si rien d’autre ne s’était produit. C’était tout ce qu’il y avait à retenir. Alors elle s’abandonna.
Firmin l’aida à quitter son haut qu’elle n’avait toujours pas enlevé et à s’allonger dans le canapé puis il s’avança sur elle. Il souriait. Il était toujours aussi beau et n’avait certes pas à rougir de sa musculature, malgré sa relative finesse en comparaison de celle de ce taureau de Chris. Il la caressa quelques secondes en glissant quelques regards sur sa poitrine, puis se posa délicatement sur elle. Chloé le trouva chaud et doux. Et elle gémit doucement de sentir enfin Firmin contre elle, sans obstacle ni barrière stupide.
À ce moment, Chris, qui avait récupéré quelques vêtements et tenait son short dans la main, s’approcha d’eux et d’un geste paternaliste, tendit à Firmin un préservatif.
Et il se redressa avant d’entreprendre d’appliquer la capote sur sa belle bite qui ne mollissait pas.
Ni Chloé ni Firmin ne parlaient plus. Ils savaient tous les deux ce dont ils avaient envie. C’était un petit moment de calme judicieux après la tempête. Chloé eut le sentiment que c’était peut-être plus facile, plus simple. Ça lui faisait du bien, après tout ce manège qui lui avait fait tourner la tête. Une fois qu’il eut terminé, Firmin caressa le ventre de Chloé et passa ses doigts sur son petit buisson. Il jeta un regard à Chloé qui repoussa sa main.
Alors Firmin s’allongea à nouveau sur elle et sa queue dressée trouva seule le chemin de sa chatte. Elle enveloppa Firmin de ses bras et poussa un petit cri.
Et Chloé approcha sa main de son visage et lécha le foutre sur ses doigts. Firmin fit un petit cri de surprise et de protestation et essaya de lécher à son tour la main de Chloé.
Chloé l’attira alors à elle et Firmin l’embrassa à pleine bouche en se posant sur elle. Ils partagèrent le goût du sperme de Chris et, dans un concert de gémissement, Firmin pénétra à son tour Chloé. Le manège diabolique reprit de plus belle. Chloé sentait sa verge aller et venir en elle et le plaisir monter conjointement dans son ventre. Elle le voulait encore plus maintenant qu’elle savait qu’il connaissait ce que ça faisait de se faire pénétrer. Sans plus se contrôler, elle l’enlaça à nouveau pour sentir le foutre sur Firmin et dans un élan de régression, elle l’étala dans son dos. Et, alors qu’elle n’avait jamais fait ça dans sa vie, elle parla pendant l’amour.
Firmin la pénétrait de tout son sexe et donnait de petits coups de bassins contre le clitoris de Chloé. Il voulait à tout prix la voir jouir, à présent, comme un voyage de retour depuis les limbes dans lesquelles la sodomie l’avait perdu. Chris assistait à la scène, debout contre le chambranle de l’entrée du salon.
Chloé jouit à ce moment-là. Elle cria, griffa les flancs de Firmin en tentant de l’attirer aussi loin en elle qu’elle le pouvait, l’emprisonna de ses jambes. Elle était ravie de réussir à avoir un orgasme pour ainsi dire au milieu d’une conversation. Ça lui donnait un sentiment de liberté incroyable, comme si jouir devenait facile, qu’on pouvait le faire n’importe quand et dans n’importe quelle situation. Une idée qui laissait des perspectives somptueuses dans la tête.
Firmin ne s’interrompit pas immédiatement pour laisser à sa collègue le loisir de profiter de sa verge si dure et si bien lubrifiée de mouille. Quand il fut certain que son orgasme était complet et qu’il ne sentit plus les convulsions de son périnée sur son membre, il se retira et se précipita sur son téléphone. Chloé était extrêmement satisfaite de l’idée qu’elle se faisait de la situation, mais sentait qu’elle aurait pu continuer de monter dans son plaisir si Firmin avait persévéré. Une déception qui fit immédiatement place à une autre idée d’une extrême perversité : elle se dit qu’elle pourrait peut-être aussi profiter de Chris à présent. Et, heureuse coïncidence, leurs regards se croisèrent à ce moment-là. Chloé venait de jouir, elle était allongée dans la posture la plus obscène, sa chatte encore luisante et pas encore rassasiée, et elle soutint alors avec insolence le regard de Chris, comme si elle voulait dire : « Alors ? Elle a du cran, finalement, la petite débutante, hein ? »
Il avait maintenant l’air inquiet. Alors il se précipita pour récupérer son caleçon, l’enfila maladroitement et se rua sur l’interphone. Il râla en sentant encore son dos souillé. Il faudrait qu’il prenne une douche… comment allait-il faire ? Mais c’était trop tard pour réfléchir. Il décrocha le combiné et prononça d’un ton préoccupé :
À suivre…