n° 22065 | Fiche technique | 44431 caractères | 44431 7504 Temps de lecture estimé : 31 mn |
21/10/23 corrigé 22/10/23 |
Présentation: Des Auteurs se sont Associés pour vous distraire. | ||||
Résumé: Allez savoir ce qui peut se dire dans un salon de coiffure pour hommes ? | ||||
Critères: fh coiffure #collaboratif | ||||
Auteur : ClubAA Co-auteur : Patrik Envoi mini-message Co-auteur : radagast Envoi mini-message Co-auteur : Charlie67 Envoi mini-message Co-auteur : Patrick Paris Envoi mini-message Co-auteur : Briard Envoi mini-message Co-auteur : Juliette G Envoi mini-message |
Projet de groupe : Salon de coiffure pour hommes |
Un petit défaut d’élocution dans sa tendre enfance. Un léger zozotement que Maxence-Maximilienne de Saint Preux avait réussi à faire disparaître, à force de séances chez un orthophoniste. Elle s’était d’ailleurs amusée de cette petite ironie du sort en ouvrant son salon de coiffure. Une coiffeuse avec un zeveu sur la langue aurait pu faire sourire. Jusqu’ici, les hommes s’étaient plutôt intéressés à la pilosité de son pubis. Se seraient-ils moqués du zeveu sur sa langue de leur coiffeuse ?
Le tout était surtout de ne pas avoir de poil dans la main pour faire en sorte que son salon attire une certaine clientèle. Max ne dédaignait pas l’argent et appréciait les généreux pourboires. Elle ne rechignait pas non plus à s’offrir à ceux de ses clients qui lui plaisaient assez pour l’émouvoir. La jeune femme aimait les plaisirs amoureux et avait jeté bien des tabous dans le feu de ses passions.
Maxence-Maximilienne était fille de parents assez amoureux pour forniquer le temps d’une procréation dont ils ne voulaient pas. Il y avait donc eu mariage. Sa mère, Églantine, bourgeoise et bigote désœuvrée autant que névrosée, sombrait très vite dans une éternelle picole désabusée. Quant à son père, il s’était presque aussi vite désintéressé de sa fille que de sa femme. Edmond de Saint Preux pratiquait le boursicotage et aimait les courses de chevaux. Il soulevait également tout jupon croisant son chemin, à condition qu’ils abritent des blondeurs. Blond de blé, blond foncé ou décoloré, et le blond vénitien était toléré.
Max en avait pris les blondes en grippe. D’autant qu’elle-même était brune et contente de l’être. Une brunette à la chevelure d’un noir d’encre de Chine.
La mère de Maxence-Maximilienne était blonde et avait les yeux bleus. Son père aurait pu incarner Ragnar Lodbrok dévastant un monastère dans la fameuse série Vikings. Max, elle, se serait plutôt vue dans le rôle de Shéhérazade. D’immenses yeux sombres aux reflets de nuit sans lune et un corps de méditerranéenne pulpeuse. Elle avait très vite compris qu’elle était attirante et pouvait faire de son image un atout. Son physique de bombe sexuelle lui ouvrait alors quelques portes et elle s’y engouffrait sans le moindre scrupule. Escort-girl, la bombasse badass s’était jetée dans les batailles d’un marché des sens en pleine expansion. Intelligente, charmeuse, elle faisait tourner bien des têtes. La sulfureuse call-girl se vendait sans compter, et apprenait à compter ce qu’elle avait gagné en monnayant ses charmes. À trente-deux ans, Max avait un joli petit pactole de côté.
Un visage de Madone et un teint mat lui donnaient l’image d’une femme berbère mûrie par le soleil du désert. Des seins lourds et pleins comme des melons, des fesses superbes et un charme ravageur qui aurait pu faire d’elle une reine des harems d’antan.
C’était d’ailleurs de harem qu’il fallait parler pour évoquer le décor choisi pour le salon de coiffure dans lequel Max avait investi une bonne part de ses gains.
« Chez Max »
Une enseigne basée sur le diminutif de son prénom qui avait amusé la propriétaire.
Une cloche de porte en bois, retenant de petits cylindres d’acier, produisait un tintinnabulement gracieux et exotique à l’ouverture de la porte d’entrée. La grande vitrine de l’échoppe était doublée d’un film d’or transparent et encadrée de tentures aux couleurs d’argent. Voiles de couleurs chaudes et soieries tendues habillaient les murs de la grande pièce tout en longueur. Des étoffes allant des rouges vifs aux blancs immaculés tombaient d’un haut plafond peint de blanc. Des tapis aux couleurs vives s’étalaient sur le parquet. Des fauteuils de cuirs bruns patinés patientaient le long des murs. Des cuvettes de cuivre jaune, des récipients d’étain, et des flacons de verres fins étaient disposés sur un large comptoir, surmonté d’un immense miroir prenant toute la longueur du salon. Une gigantesque glace devant laquelle Max officiait et exerçait ses talents de coiffeuse. Des senteurs d’encens flottaient dans la pièce…
Le mur du fond, peint de gris, était habillé de portraits agrandis. Aucun mannequin masculin n’arborait une coupe de cheveux à la dernière mode. Ces photographies étaient des nus féminins. Et il n’y avait qu’un unique modèle : Max ! Si on ne voyait rien de ses charmes exposés en ombres claires teintées de sombre, on devinait tout des formes de la dame et des attitudes gracieusement exhibées. Un bras sur le corps entièrement dénudé cachait les seins lourds. Une main inerte posée entre des cuisses camouflait un trésor secret. Une image de Max était beaucoup plus grande que les autres. Une photographie de dos où la belle, souriante, regardait par-dessus son épaule gauche. Ses longues mains croisées sur ses fesses semblaient n’être là que pour narguer ou frustrer les rêveurs qui posaient leurs yeux sur cette image digne de figurer dans un magazine de charme luxueux.
Sachant joindre l’utile à l’agréable, Max exploitait sans complexe ses appas pour faire dans la valeur ajoutée. Moins de deux mois après son installation, son salon était pris d’assaut par une foultitude d’hommes. Un chauve s’était même laissé pousser la barbe pour avoir l’insigne honneur d’être client chez elle.
Aimant sa liberté, Max ne cachait pas ses penchants et collectionnait sans complexe les amants. L’un des avantages de la chose était qu’elle ne devait pas attendre une semaine pour que le plombier daigne intervenir. Idem pour d’autres professions, allant de l’électricien au médecin, sans oublier divers préposés administratifs.
Sans parler du fait que Max payait rarement les factures qu’on adressait habituellement aux clients…
Bien sûr, la majorité des femmes du canton n’appréciaient pas, bien que certaines d’entre elles enviaient le mode de vie assumé de la coiffeuse. L’un des sujets préférés de conversation dans les milieux féminins était donc notre aguichante coiffeuse :
Max n’en avait que faire, elle n’écoutait pas les racontars. Elle aimait se montrer à son avantage.
Aujourd’hui, elle a revêtu une blouse blanche par-dessus sa traditionnelle mini-jupe noire en cuir moulant ses fesses et des bottes grimpant jusqu’aux genoux, mais comme de coutume, elle a oublié son soutien-gorge. D’ailleurs, elle n’en porte jamais. C’est un choix uniquement dû au fait qu’elle déteste ces ustensiles, pour elle, absolument inutiles.
On pourrait croire qu’elle est une infirmière de bloc. Comme elle, Max manipule des objets contondants, tranchants, mais la paire de ciseaux remplace ici le bistouri. Quoique la coiffeuse possède aussi parfois sous la main un rasoir à l’ancienne… très tranchant…
Et dissuasif…
Sa blouse est volontairement choisie, un poil trop petite, ce qui fait que des jours se créent et permettent à un regard avisé d’aller jeter un petit coup d’œil par-dessous le tissu. Elle aime se montrer aguichante.
Max a pour habitude de laisser son salon ouvert lors de ses pauses ou de ses repas du midi pris sur le pouce. Il arrive fréquemment qu’elle trouve des clients déjà sur place à son retour, lisant des magazines ou des romans, comme quelquefois debout face au mur où les portraits de la maîtresse des lieux sont exposés.
Elle jeta un regard circulaire autour d’elle en refermant la porte d’entrée et salua en souriant ses clients assis sur la longue banquette de cuir brun et patinée par les années. Les clients sont des habitués et ce constat raviva la bonne humeur défaillante de la coiffeuse. Elle venait de vivre une mésaventure qui l’avait mise dans une colère, certes un peu idiote, mais qu’elle n’avait pu étouffer.
La belle brune traversa le salon de sa démarche lascive et pourtant naturelle pour se diriger vers le comptoir. Debout, les mains soudées à ses hanches, elle observa un long moment les habitués du salon qui la dévoraient des yeux. Puis, elle bougea et s’avança pour se placer au centre de la grande pièce. Elle connaît assez sa clientèle pour oser narrer sa petite mésaventure.
Une nouvelle flambée d’agacement fait briller les yeux noirs de la coiffeuse.
Assis dans un des fauteuils alignés le long du mur, en attendant son tour, Albert sursaute :
« C’est qui celle-là ? Elle ne va tout de même pas nous montrer sa foufoune pour nous prouver qu’elle n’est pas frigide. Encore une allumeuse mal baisée… »
Réflexion bien masculine dès qu’une femme hausse le ton.
Albert ne reconnaît pas celle qui lui a acheté son salon de coiffure quelques années auparavant. Il faut dire que Maxence-Maximilienne a bien changé, ce n’est plus la frêle jeune fille qu’il avait connue.
Déjà, en passant la porte du salon qu’il croyait bien connaître, il avait eu l’impression d’entrer dans un lupanar exotique des années trente et non dans un salon de coiffure. Il n’y était pas revenu depuis au moins dix ans. Tout le décor avait été changé.
Prenant enfin conscience que cette furie est bien Maxence-Maximilienne, Albert se plonge dans une revue, espérant que d’autres clients seront plus pressés que lui.
Faut dire qu’Albert n’est pas ce que l’on peut appeler un athlète, du haut de son mètre soixante-cinq, il ne domine plus personne. Pas bien épais non plus, il sent qu’il ne fera pas le poids, mieux vaut attendre qu’elle se calme. Max semble ne pas le reconnaître, tant mieux, ou tant pis. À l’époque, il avait une petite moustache qu’il a coupée pour se rajeunir quand elle a commencé à blanchir.
Quand c’était lui qui était aux ciseaux, le client bien enfoncé sur sa chaise, il pouvait le voir de haut. C’était lui qui dominait, il avait tous les pouvoirs.
« Ah ! C’était le bon temps », pense-t-il avec nostalgie :
« Je me souviens très bien de mes débuts comme apprenti. La patronne menait son salon de main de maître, son mari filait doux, mais c’est elle qui tenait la caisse.
Lui m’a tout appris, un figaro de l’ancienne école. J’ai vite su comment faire des shampoings, des coupes pour hommes, puis je me suis attelé aux brushings, aux couleurs pour les dames. Je ne demandais qu’à apprendre. J’ai attendu quelques mois avant de pouvoir réaliser ma première coupe. Une fois lancé, je suis vite devenu la coqueluche des clientes qui me couvaient de leur regard, regards qui parfois me mettaient mal à l’aise. Il paraît que j’étais doué, j’avais les mains faites pour ça, un peu comme un pianiste dont les doigts épousent la forme des touches.
Entre-temps, la patronne m’avait initié à d’autres activités. Après la fermeture, quand son mari rangeait le salon et contrôlait le stock, nous montions à l’étage où elle me faisait l’honneur de son lit. C’est elle qui m’a tout appris : comment embrasser et caresser une femme, comment la mener à la jouissance, et toutes sortes de positions, du missionnaire à la levrette. Elle avait de l’expérience et j’étais bon élève, du moins je m’appliquais. Je ne demandais qu’à apprendre. Sans avoir la prétention de penser que j’étais doué, je dois avouer que je n’étais pas manchot. Je devais rester vigilant si je ne voulais pas perdre ma place, attentif au moindre bruit, pour filer avant d’être pris en flagrant délit.
Ma patronne n’a pas été la seule, mais elle était jalouse. Je devais aussi être vigilant quand les jeunes coiffeuses me tournaient autour pour savoir qui aurait le plaisir de me raccompagner dans mon petit studio, à deux pas du salon. Brune, blonde ou rousse, grande ou petite, toutes avaient leur chance.
Les amours de jeunesse laissent des traces, impossible d’oublier ces années d’apprentissage.
Très rapidement, grâce à une petite brune qui avait des doigts de fée, j’ai découvert le plaisir de me faire laver les cheveux. Sentir une douce main sur sa tête, alternant massage énergique du cuir chevelu du bout des doigts, longs frôlements des petits cheveux dans la nuque, autour des oreilles et sur les tempes, je ne sais pas si cela fait le même effet à tous les hommes, mais moi, soyons honnête, ça me faisait bander. D’ailleurs, ça me fait toujours bander. »
Albert sursaute une nouvelle fois, en entendant la voix de Max qui le tire de sa rêverie.
Pourquoi se précipiter ? Il a le temps. Prenant plaisir à admirer les photos qui décorent les murs, il aime les comparer avec l’original qu’il a sous les yeux. De là où il est, il a une vue imprenable sur son postérieur chaque fois qu’elle se penche. Autant en profiter ! Redoutant sa réaction, il espère seulement qu’elle ne s’en apercevra pas, il n’a pas envie d’être traité de macho.
Alors qu’un éphèbe, qui depuis son arrivée n’arrête pas de plonger son regard dans le corsage de la belle coiffeuse, prend place, Albert retourne à ses souvenirs.
Au bout de quelques années, ma période d’apprentissage terminée, j’ai enfin décidé de me mettre à mon compte en achetant un local que j’ai transformé et décoré à mon goût. C’était ici, dans ce salon, après avoir épousé Bibiche, la belle jeune fille qui tenait la boutique de fleurs du bout de la rue. Les premiers temps, une fois le salon fermé, nous ne pouvions attendre de rentrer à la maison, une heure de métro c’est long. Je me demande comment Max a transformé la petite pièce du fond.
J’avais embauché deux jeunes coiffeuses pour attirer la clientèle masculine, me réservant celle des femmes avec toujours autant de succès. Je ne sais pas pourquoi, Bibiche a fermé son étal de fleurs pour venir tenir la caisse. Pratique, nous étions toujours ensemble, amoureux fous l’un de l’autre.
J’étais devenu sérieux. Mais, petite gâterie, chaque matin en arrivant au salon, j’aimais confier ma tête à une jeune shampouineuse pour bien commencer la journée.
Trente ans, plus de trente ans d’un bonheur inégalé, entre Bibiche et mon salon égayé par de jeunes stagiaires à qui j’apprenais le métier. L’âge avançant, il m’a bien fallu vendre… Mon affaire marchait bien, elle attira beaucoup de candidats, mais aucun ne me semblait à la hauteur.
Maxence-Maximilienne était coiffeuse chez nous depuis trois ans. Son diplôme de l’école de coiffure en poche, elle s’était présentée un matin pour chercher un travail. De suite, elle m’a séduite. Elle semblait motivée et avait de beaux yeux, enfin pas que de beaux yeux, CV parfait ! Je décidai de lui faire passer le test du shampoing. Elle savait y faire. L’effet ne se fit pas attendre, j’étais à l’étroit dans mon pantalon. Je l’ai embauchée sur-le-champ. La belle n’avait pas l’air trop farouche, j’aurais pourtant bien aimé approfondir en détail ses capacités, mais Bibiche veillait. Nous avons laissé tomber Maximilienne, pour nous c’était Maxence, Mademoiselle Maxence, ça faisait chic.
C’est avec plaisir que Maxence accepta de me succéder. Depuis, elle avait pris de l’assurance, raccourcissant Maxence en Max, plus en accord avec le nouveau décor. »
Perdu dans ses pensées, Albert suit Max des yeux. Les clients défilent. La coupe terminée, avant de passer au suivant, Max donne un coup de balai rapide autour du siège et chasse avec une serviette les derniers cheveux sur le fauteuil.
Elle se tourne vers Albert. Elle semble enfin le reconnaître :
Il se lève un peu penaud, sous le regard étonné des autres clients. La discrétion n’est pas la première qualité de Max, tout le monde peut l’entendre :
Là, c’est trop, Albert a peur qu’elle ne lui mette la main aux fesses pour lui désigner son siège. Il en aurait presque rougi :
Sous le regard maintenant envieux des autres clients, ce n’est pas sans une certaine appréhension, mais avec une curiosité non dissimulée qu’Albert va lui confier ses cheveux, enfin les derniers qui lui restent.
Ayant enfilé un peignoir, une serviette autour du cou, il passe au shampoing. Il allait enfin savoir si Mademoiselle Maxence n’avait pas perdu la main.
La regardant faire, Albert est rassuré, elle n’a perdu ni sa main ni sa langue. Il eut le malheur de lui dire :
C’était comme appuyer sur un bouton pour la faire démarrer. Elle ne devait attendre que ça pour raconter ce qui lui était arrivé :
Bien sûr, Albert ne sait pas, il va savoir. Elle se penche à son oreille pour ne pas être entendu des autres clients :
Elle releva une mèche brune lui barrant la vue.
Elle souffla deux secondes et reprit.
Elle marqua un silence pour être certaine que personne d’autre n’écoutait.
Elle commença à s’animer.
Elle s’agita, d’un pied sur l’autre.
Elle commença à faire de grands gestes pour accompagner son ire, sans se rendre compte que tout le salon profitait de son histoire.
Elle s’arrêta essoufflée et reprit sa respiration quelques secondes.
Elle fulminait maintenant.
Elle avait maintenant les yeux exorbités, et faisait de grands gestes avec ces ciseaux. Fallait se méfier, un mauvais coup est vite arrivé.
Elle leva les bras au ciel.
Max reprenait son souffle. Ouf ! Un vrai moulin à paroles, à croire qu’elle ne s’arrêterait jamais. Elle avait fini sa coupe depuis un bon moment déjà.
En se quittant, Max écrasa sa poitrine contre Albert quand il lui fit la bise, sous le regard envieux des clients qui attendaient leur tour. Après l’avoir rassuré sur son pouvoir de séduction, Albert lui promit de revenir la voir.
Max avait essayé d’être discrète, mais une dizaine de paires d’yeux avait suivi ses confidences. Elle s’absenta quelques minutes dans son arrière-boutique pour se remettre de ses émotions.
Elle revint, le sourire aux lèvres comme si de rien n’était. Ce n’était pas un trou du cul qui allait la démoraliser. Avoir revu Albert l’avait reboostée.
Certains clients commençaient à trouver le temps long, il fallait se reprendre, sa notoriété pourrait en pâtir. Le téléphone se mit à sonner. Max se pencha avec sa grâce naturelle par-dessus sa caisse pour se saisir du combiné, exposant ainsi son arrière-train aux yeux avides des mâles présents qui déjà bénissaient son interlocuteur :
Après avoir raccroché, en se retournant, elle se crut obligée de préciser à l’assemblée qui ne la quittait pas des yeux :
Ce dont personne ne doutait.
Un inconnu plutôt mignon leva le bras :
Quelques instants plus tard, le nouveau client est assis sur le siège surélevé. Pas mal, se dit Max, j’en ferais bien mon quatre-heures. Ni trop vieux, ni trop jeune, ni trop grand, ni trop petit, tout pour plaire avec sa bouille de blondinet et ses yeux bleus délavés.
Juste derrière, le dénommé Richard, un habitué se manifeste. Se tournant vers lui, Max lui jette un rapide coup d’œil ainsi qu’un sourire avenant, puis elle continue :
Armée de sa paire de ciseaux affûtés, Max papillonne autour de son client, égalisant à droite, ajustant à gauche. Bien sûr, elle en profite pour lui mettre l’entrebâillement de sa blouse sous le nez, et elle sait parfaitement qu’en pareil cas, l’homme alléché ne loupe aucune courbe de ses seins, de ses cuisses, de ses fesses et autres.
Max virevolte, tel un papillon insaisissable.
Elle continue son ballet sensuel autour du siège. Pour mieux égaliser sa frange, elle se hausse sur ses talons aiguilles, puis elle se penche impudiquement, lui offrant une vue profonde sur son décolleté, révélant à sa vue ses deux seins ronds, sans même une once de soutien-gorge ou de redresse-seins.
D’ailleurs, Max n’en a pas besoin : ils sont bien fermes, comme des pommes, ou plutôt des poires. Combien d’hommes ont eu le plaisir de les cueillir tels des fruits bien mûrs et appétissants ? Elle ne les compte plus.
Quand Max se redresse, d’habitude, elle voit au regard du client et à une certaine bosse, plus bas qu’elle lui fait de l’effet, et elle aime beaucoup la puissance, le pouvoir qu’elle possède ! Surtout quand un homme la contemple tel un loup dégoulinant de salive ! Mais aujourd’hui, rien de rien, l’inconnu est impassible, pas la moindre bosse à l’horizon.
Intriguée par ce flegme auquel elle est peu coutumière, Max songe :
Alors, elle continue son petit manège, dévoilant par ci, exhibant par là. Un vrai ballet sensuel qui ferait la joie de tous les vendeurs de vidéos au monde. Mais le blondinet regarde droit devant lui, comme indifférent à tous les efforts qu’elle déploie.
Mais toujours rien…
Arrive le moment où il n’y a pas grand-chose à retoucher sur le client. Mais en bonne professionnelle qu’elle est, il faut nettoyer au sol. Alors, tournant le dos à l’homme toujours assis, elle se penche fortement avec sa balayette en main, lui révélant aussitôt le haut de ses gambettes. Puis, elle chantonne, se penchant encore un peu plus, lui laissant entrevoir une partie de ses fesses toutes blanches et charnues.
Comme Max s’arrange pour ne pas être seule avec un seul client, mis à part rarement quelques mains aux fesses et parfois des frôlements suspects, elle n’a jamais eu droit à des coups de sang pouvant mal tourner pour l’intégrité de son anatomie. C’est un risque qu’elle ne peut se permettre.
Il est vrai aussi que certains hommes ont eu le plaisir d’être ses amants, il suffit de ne pas être grossier avec la dame, et de savoir la séduire au moins un peu ou d’exciter son intérêt de diverses façons. En revanche, il est rare que les épouses et compagnes apprécient ce genre de promotion de la part de leur(s) homme(s)…
Émoustillée par sa propre audace, elle songe qu’elle mettrait bien dans son lit ce blondinet, mais curieusement, il est aussi bouillant qu’un verre d’eau en plein Pôle Sud. Voici quelqu’un qui a un sacré self-control !
Aujourd’hui, c’est chou blanc, rien de rien, nada, niet, nicht…
Déçue, dépitée, désappointée et attristée, doutant à présent de son sex-appeal, Max demande à celui qu’elle vient de coiffer :
À ce moment, Richard se lève et va à la rencontre de son ami :
C’est alors qu’à sa grande surprise, Max constate que Richard positionne dans la main de son ami une canne blanche. Max ne s’est jamais sentie aussi stupide en regardant partir son beau client à qui elle aurait bien voulu plaire.
Max ne se laisse pas abattre, son salon est plein. Au suivant. Elle fait signe à un habitué :
Monsieur Michaleau arbore une tignasse épaisse et sombre, légèrement entrecoupée de fils d’argent.
Max invita Robert Michaleau à prendre place au bac à shampoing. Robert suivit volontiers la jolie coiffeuse tout en profitant du spectacle du fessier rebondi qui roulait de façon hypnotique devant ses yeux émerveillés.
Elle poussa un énorme soupir, faisant pigeonner sa voluptueuse poitrine.
Robert jeta un œil appréciateur sur les photos exposées sur les murs.
Il était aux anges, car au-dessus de lui s’agitaient les deux majestueux globes de la belle Max. Il se demandait souvent quel effet cela ferait de les utiliser comme oreillers, ou encore de plonger le visage entre eux, comme en une apnée intramammaire !
Elle l’invita à passer sur le fauteuil, face au miroir.
Elle se pencha pour saisir un peigne et une paire de ciseaux. Ce faisant, elle lui fit découvrir son adret au plus profond de son décolleté, mais aussi son ubac, sis au sommet de ses jambes fuselées. Heureusement, elle venait de lui faire enfiler une longue blouse informe et noire qui le recouvrait du cou aux genoux et camouflait fort à propos un renflement vigoureux au niveau de sa braguette. En observant les autres clients, il se rendit compte qu’ils se trouvaient dans le même état, essayant de camoufler leurs ardeurs.
Robert avait « coquette » qui se racornissait, certes, il ne taillait pas du XXL, mais madame Michaleau ne s’était jamais plainte.
Ils baissèrent tous la tête, confus. Certains d’entre eux ayant eu recours à ce stratagème pour éblouir certaines candides.
Robert maudissait le sinistre individu qui avait provoqué l’ire de la belle coiffeuse. Lui, qui pensait passer un agréable moment, se faisait houspiller, non sans raison. Mais « à quelque chose malheur est bon » dit le proverbe, car tout à son courroux, elle faisait de grands gestes qui soulevaient son haut et laissaient entrevoir ses obus (elle était canon) et parfois une appétissante framboise.
Réflexion qui déclencha le rire de l’assemblée.
Elle étala quelques noix de gel sur la chevelure de Robert, lui ébouriffa artistiquement les cheveux et le laissa s’admirer dans la glace. Il se trouvait beau, surtout qu’en arrière-plan, il y avait les seins de Max en guise d’oreilles de Mickey.
Elle lui ôta la blouse et annonça : Au suivant de ces messieurs !
En se levant de son siège, un peu honteux, monsieur Michaleau essaya de cacher la grosseur qui se développait dans son froc, mais en même temps, il rendait ainsi hommage à Max.
Devant le regard envieux du suivant de ces messieurs, fier de lui, Robert Michaleau bomba le torse. Astiqué comme un sou neuf, il sentait bon le gel frais, il se dirigea vers la sortie du salon, arborant fièrement sa braguette tendue par une érection arrogante.
Il ouvrit la porte, se retourna tout en tenant la poignée et salua la compagnie d’un ton pourtant triste.
Max le rattrapa.
Robert la regarda un bref instant, puis s’écroula en pleurs, le front sur le sein de son amie. Elle le prit par les épaules et l’entraîna vers l’espace shampoing.
Il releva la tête, essuya ses joues et la regarda tristement.
Max se tut et étouffa un rire. Elle savait parfaitement de qui il s’agissait.
La sonnette de la porte d’entrée tinta.
Elle fit volte-face, tourna à l’angle du coin shampoing et, en revenant côté coupe, se heurta à un véritable mur lui barrant le passage. Elle recula d’un pas, leva les yeux et découvrit un géant à la carrure impressionnante qui passait tout juste sous la porte du salon, pourtant haute de plus de deux mètres.
Une chevelure blonde tombant sur des épaules d’une largeur imposante, l’obligeant à passer de profil par l’ouverture, une moustache épaisse et tombante, des yeux noirs et un visage taillé à coups de serpe.
L’homme, ressemblant à un guerrier arverne, était vêtu d’une longue redingote en cuir, et chaussé de cuissardes noires. Max s’arrêta au milieu du salon et regarda l’étrange apparition.
L’homme fit un pas et s’avança vers elle.
Il stoppa, les jambes légèrement écartées, et mit ses poings sur ses hanches. Ce colosse aurait pu être d’une prodigieuse beauté, si ce n’était un indélicat bec de lièvre, lui retroussant horriblement la lèvre supérieure, laissant apparaître un trou à la place de l’incisive centrale gauche.
Il s’adressa à l’assemblée l’air sévère et d’une voix rauque et grave.
En d’autres circonstances, et venant d’une autre personne, la totalité des mâles présents aurait éclaté de rire.
Mais la carrure spectaculaire de l’inconnu à la redingote imposait tellement le respect qu’ils se mirent à regarder leurs chaussures et que pas un ne moufta.
Max se précipita et se jeta dans les bras du géant.
Le « petit frère » la souleva de terre comme une plume et la serra sur son cœur.
Elle lui fit un gros bécot sur les deux joues et il la reposa au sol.
Elle leva la main et lui caressa la joue.
Elle se tourna vers la grande banquette ou attendait sagement une bonne demi-douzaine de clients.
Max, tout sourire, se tourna vers son frère.
Gaspard regarda autour de lui et prit soudainement un air timide.
L’impressionnant homme sembla tellement timoré, mal à l’aise et replié sur lui-même, qu’il ressembla, en dehors de sa stature, à un enfant, pris le doigt dans le pot de confiture.
Max se tourna vers les clients qui attendaient, dans l’expectative de nouvelles affriolantes.
Tous les hommes présents opinèrent du chef. Max regarda son frère.
Le colosse sembla se tasser sur lui-même et sa voix devint un murmure.
La coiffeuse ouvrit de grands yeux étonnés.
Elle lui caressa de nouveau la joue.
Il essuya une larme.
Elle se souvint que Robert l’attendait côté shampoing.
Elle retourna voir le petit homme qui l’attendait, penaud, assis dans un fauteuil l’arrière de la tête au-dessus d’un lavabo.
Robert se gratta la tête, sourit, et leva les yeux vers elle.
Max pointa un doigt sur lui.
Elle retourna vers la partie coupe du salon. Son frère l’attendait, l’air penaud, comme un enfant pris en flagrant délit.
Elle le saisit par le col.
Elle le poussa et l’obligea à s’asseoir sur le seul fauteuil de libre. Gaspard-Augustin tomba lourdement et leva les yeux vers celle qui, maintenant, le dominait de toute sa stature.
Max se releva, prit sa sœur dans ses bras et l’embrassa tendrement sur chaque joue.
Gaspard quitta le salon, un sourire béat aux lèvres, suivi de peu par un Robert plus guilleret que jamais.
Max se tourna vers ses habitués qui attendaient bien sagement leur tour. Parmi eux, monsieur Cardestin se montrait l’un des plus assidus. Il venait régulièrement tous les quinze jours.
Âgé d’une quarantaine d’années bien tassées, il vivait seul avec sa mère et un chat nommé Bidule dans un petit appartement et faisait profession de verbicruciste, malheureusement l’intelligence artificielle, l’I.A comme on dit pour faire intelligent tendait à lui bouffer son boulot, ce qui lui donnait beaucoup de soucis. Il songeait à se reconvertir en nettoyeur de scène de crime ou testeur de nourriture de chats et chiens, sans grand enthousiasme.
Aussi venait-il se relaxer dans son salon de coiffure préféré. Il entretenait avec soin ses cheveux bruns qui commençaient malheureusement à se parer de fils d’argent. La faute aux soucis ! se disait-il.
Or, aujourd’hui, il se sentait un peu patraque. Peut-être était-ce dû à la chaleur régnant dans le salon, ou à Max elle-même, la colère la rendant plus attirante encore. Plus elle gesticulait, plus sa blouse remontait et dévoilait ses fesses, plus il avait chaud.
Régis Cardestin se leva, fit quelques pas en direction des bacs, devint aussi blanc qu’eux et s’effondra dans les bras accueillants de la patronne.
En désespoir de cause, elle lui déboutonna sa chemise, posa son oreille sur la poitrine dénudée, réclama le silence et annonça d’une voix blanche :
Elle entreprit de lui pratiquer du bouche-à-bouche, comme elle l’avait appris lors d’un cours de secourisme donné par un pompier il y a quelques années.
Elle inclina la tête du pauvre monsieur Régis, lui boucha les narines, lui ouvrit la bouche (heureusement qu’il n’était pas encore testeur de nourriture canine), respira un grand coup et souffla dans les bronches du malheureux.
Le simple fait de prendre une grande respiration lui fit péter les boutons de sa blouse. C’est alors que Monsieur Cardestin reprit ses esprits, se retrouvant nez à tétons avec la plus belle paire de nichons bio de toute la région.
À cet instant, les pompiers investirent les lieux, portant les premiers secours au malade, tout en félicitant la patronne pour sa réactivité. Le fait qu’elle n’ait pas eu le temps de se reboutonner n’était pas étranger à leurs louanges. Monsieur Régis râlait sur sa civière, il ne voulait pas quitter le Nirvana.
Max raccompagna les membres zélés de la brigade des sapeurs-pompiers qui lui promirent de revenir la voir, comme clients cela s’entend.
Elle allait appeler le prochain client lorsque la sonnette de la porte d’entrée retentit. Un homme en salopette bleue fit son entrée, salua la compagnie et s’adressa à la patronne.
Max allait faire volte-face quand elle retint le peintre par le bras.
Le peintre était déjà en haut de son échelle. En pensant à ses clients de la journée, elle se ravisa et l’interpella :
Les deux textes « Salon de coiffure pour Dame » et « Salon de coiffure pour Homme » ont été initiés par Juliette G qui a rédigé leurs introductions et recruté quelques auteur(e)s pour participer à l’écriture de chaque histoire, chacun(e) dans le salon de son genre. Pour la synthèse, le flambeau a été repris par Melle Mélina et Patrick Paris sous la supervision technique de Charlie67…
Chaque groupe a développé son texte en commun grâce à un forum dédié, sans connaître ce que faisait l’autre groupe…
Ont participé à ce jeu, par ordre alphabétique : Briard, Edenplaisirs, JulietteG, Laetitia, Loaou, Melle Mélina, Patrick Paris, Patrik, Radagast et Wedreca. Saurez-vous retrouver qui a écrit quoi ?
♥
1. ↑ Arleux, petit bourg du Pas-de-Calais, célèbre pour ses aulx, et ses habitants mâles qui, paraît-il, se vantent outrageusement.