Ce texte est surtout une suite de dialogues, présentant souvent de façon soft des choses qui le sont moins.
Bonne lecture : )
Le collier avec un panda
C’est au début des années 2000, un peu avant le passage à l’euro, que se déroule notre histoire. Quelques années auparavant, deux associés (un ancien et un plus jeune) ont fondé leur société dans le centre-ville d’une agglomération de taille moyenne. C’est dans ce décor que commence ce récit très dialogué.
Ce matin, la brune Laurine entre dans le bureau de la blonde Nadège. Aussitôt, elle remarque une nouveauté :
- — Tiens, c’est nouveau, ce collier avec ce panda !
- — Oui, c’est un cadeau de Bruno.
- — Encore un ? T’en as de la chance !
Nadège baisse la tête vers le pendentif :
- — Oui, c’est pas la première fois. Il sait que j’aime les pandas, il m’a déjà offert un livre, un poster, deux figurines et aussi un mug. Je crois que je n’ai rien oublié…
- — Waw, tout ça ? En quel honneur ?
- — Je ne sais pas, mais il m’a dit que, quand il voyait un truc avec un panda, il pensait à moi.
Laurine se penche sur le pendentif :
- — Eh ? Les yeux bougent ?
- — Oui, ils bougent, c’est grâce à des cristaux liquides. D’après Bruno, la pile sera à changer dans deux-trois mois environ. Il m’a dit qu’il s’en occuperait.
Laurine regarde le côté pile du bijou et y lit ce qui semble être le modèle :
- — Ah, Pandi-Panda, ça me rappelle quelque chose ! En tout cas, t’es bien l’une des seules femmes de la boîte à avoir droit à des petits cadeaux de la part de Bruno !
Un peu gênée, Nadège affiche un sourire un peu crispé :
- — Je ne sais pas pourquoi… C’est peut-être parce que je ne demande rien…
- — C’est vrai que je ne compte plus celles qui ont tenté leur chance avec lui. Rappelle-toi de la trop belle Natacha, celle qui clamait partout que tous les hommes étaient à ses pieds. Elle s’est cassé les dents !
- — Je crois que Bruno les voit venir. Lui et moi, nous en avions parlé une fois à la cantine. Il m’avait dit que la plupart des femmes cherchaient surtout à se caser.
- — Ce qui n’est pas faux : il est beau, il a les moyens, il a du pouvoir. C’est quand même l’un des cocréateurs de la boîte. Au fait, s’il te disait oui, tu ne lui dirais pas non, je suppose.
Nadège rougit un peu :
- — Je… de toute façon, je ne me fais pas d’illusions. Regarde-moi, Laurine, franchement, j’ai quoi pour moi ?
- — T’es mignonne, tu as de beaux yeux verts, tu ressembles un peu à Buffy, tu sais, la blonde qui chasse les vampires.
- — Tu vas chercher ça loin ! Mais c’est vrai qu’on me l’a souvent dit, mais moi, je ne trouve pas que je lui ressemble. De plus, Sarah Michelle Gellar n’a pas les yeux verts, à ce que je sache… et puis, elle est nettement plus belle que moi !
- — Non, toi, tu es la Buffy aux yeux verts, avec un peu plus de poitrine, c’est vrai. Et ton Bruno a un petit côté David Boreanaz.
- — Halala ! Toi !!
Elles séparent dans la bonne humeur, sachant qu’elles se reverront certainement à la cantine.
Aveux sur terrasse
Quelques jours plus tard, les deux jeunes femmes sont seules sur la terrasse du cinquième étage, en train de discuter de tout et de rien. Comme Laurine est curieuse, désignant le panda qui est accroché au cou de Nadège, elle lui demande :
- — Je parie que tu dors avec ! Je me trompe ?
- — Euh oui… euh non…
- — Tu le portes tout le temps, c’est ça ?
- — Sauf sous la douche… Je ne crois pas que ce soit étanche.
- — T’as pas reçu d’autres cadeaux ?
- — Eh ! C’est déjà bien beau qu’il m’ait offert ce bijou, la dernière fois ! Il ne faut pas demander l’impossible !
- — Et si tu pouvais demander l’impossible, tu demanderais quoi ?
Rêveuse, Nadège pose son doigt sur sa lèvre inférieure :
- — Si je pouvais…
- — Si tu pouvais faire quoi ?
- — J’aimerais être à lui, vivre avec lui, être toujours avec lui, jour et nuit… Que je sois sa pandi et lui mon panda !
Mains sur la rambarde, Laurine s’exclame :
- — Houlà ! C’est plus de l’amour, mais de l’adulation !
- — Si je le pouvais, je le suivrais jusqu’au bout du monde…
- — Pourquoi Bruno et pas un autre ?
Regardant droit devant elle vers le centre-ville, la blonde devient pensive :
- — Je ne sais pas… c’est comme si… comme si c’était évident… Je ne sais pas comment dire… comme si je devais être rien qu’à lui.
- — Et pas lui pour toi ?
- — Euh si… mais je n’y crois pas… Pourquoi Bruno irait s’enquiquiner avec une fille comme moi ?
Pointant du doigt sa voisine, Laurine s’insurge gentiment :
- — Et d’une, tu n’es pas une fille, mais une femme. Et de deux, arrête de te dévaluer.
- — Avoue que Bruno et moi…
- — Je pense que tu devrais regarder autour de toi, il existe bien d’autres hommes qui ne demandent qu’à faire ton bonheur.
Regardant l’horizon, Nadège soupire :
- — Je suppose que tu as raison… mais bon, c’est pas évident.
- — Demain, c’est vendredi, dernier jour de la semaine avant le week-end. Essaye de te changer les idées : samedi, balade-toi en ville, on ne sait jamais. Tiens, tu devrais demander à Gautier, celui de la compta, il serait ravi de sortir avec toi.
Entendant ce prénom, la blonde s’étonne franchement :
- — Gautier ? Ah bon ?
- — Tu ignorais qu’il flashait pour toi ?
- — Euh… il est bien gentil, mais… j’ai pas vraiment de feeling avec lui…
- — Penses-y, on ne sait jamais…
- — Pas ce week-end en tout cas.
Voyant que ses aspirations de marieuse sont en train de tomber à l’eau, Laurine laisse tomber :
- — OK, OK, c’est toi qui vois… Au fait, n’oublie pas que demain, vendredi, je ne serais pas là, j’ai des heures sup’ à récupérer.
- — Oui, je sais, tu m’en as parlé hier, et aussi ce matin.
Puis elles se dirigent vers la porte-fenêtre afin de retourner travailler.
Tu ne devineras jamais !
Lundi matin, comme de coutume, après un long week-end pour elle, Laurine vient faire un petit coucou auprès de Nadège. En entrant dans le bureau, elle constate tout de suite qu’il y a quelque chose d’inhabituel :
- — Houlà, on dirait qu’il s’est passé quelque chose de bien pour toi ce week-end ! T’as les yeux qui brillent !
- — Tu ne devineras jamais, Laurine ! Moi-même, je n’en reviens pas !
- — Allez, allez, explique !
Fébrile, Nadège lâche un seul mot :
- — Bruno !!
- — Quoi, Bruno ?
- — Nous sommes sortis ensemble !
Stupéfaite, la brune n’en revient pas :
- — QUOI !? Vous deux !?
- — Oui, nous deux.
- — Attends, je dois m’asseoir !
Ce qu’elle fait aussitôt. Puis à peine assise, elle demande sans perdre de temps :
- — Bruno et toi êtes sortis ensemble ? Ce week-end ?
- — Euh oui… entre autres…
- — C’est quoi, ce « entre autres » ?
- — Je t’expliquerai le reste un peu plus tard. Il faut que je commence par le commencement. Mais avant, jure-moi que tu ne diras rien de rien aux autres. Je préfère que ça ne se sache pas. Et Bruno aussi, il préfère que ça reste pour l’instant entre nous.
Savoir en primeur quelque chose d’inédit que personne dans l’entreprise ne sait est intéressant, mais ne pas pouvoir ensuite en parler est moins amusant. Calée sur sa chaise, Laurine fait la moue, puis elle concède :
- — OK… je ne dirais rien…
- — Tu comprends : si ça se sait, je risque d’être la bête curieuse de toute la boîte. Et quand ça sera fini, je n’ai pas trop envie qu’on se moque de moi…
- — Quand ça sera fini ? Tu penses déjà à ça ?
- — Oh, je ne me fais pas trop d’illusion, je pense être une simple passade…
La brune croise les bras :
- — Eh bé ! T’es terriblement réaliste, toi !
- — Oh, c’est pas difficile ! Pourquoi un type comme Bruno s’intéresserait à moi à long terme ?
- — Parce que tu es différente des femmes qu’il connaît, je suppose.
- — Peut-être…
Avide d’en savoir plus, Laurine se penche sur Nadège :
- — Alors, il s’y est pris comment, ton Bruno, parce que je parie que ce n’est certainement pas toi qui as fait le premier pas.
- — Ben, pas trop… Vendredi, dans l’après-midi, il m’a d’abord demandé d’un air totalement détaché si je faisais quelque chose le soir même. Spontanément, j’ai répondu que non. Comme tu le sais, je n’ai plus de petit copain actuellement, donc je suis assez libre. Mais ça, je ne lui ai pas dit à Bruno, enfin pas tout de suite. Alors, il m’a aussitôt proposé d’aller au restau, car il avait du temps libre. J’étais tellement ébahie que j’ai dit oui sans trop réfléchir.
- — Et il t’a sauté dessus, c’est ça ?
Fébrile, Nadège continue son récit :
- — Non, pas tout de suite. À l’heure de fermeture, lui et moi sommes restés dans mon bureau à discuter d’un peu de tout et de rien. Puis une fois, tout le monde parti, vers dix-neuf heures, on est descendu au parking et je suis monté dans sa voiture. Je ne te dis pas dans quel état j’étais !!
- — Donc il t’a sauté dessus dans sa voiture…
D’une voix colorée d’une pointe de surprise rétrospective, la blonde dément :
- — Non, pas du tout… Nous sommes allés au restau où il avait réservé une table.
- — Donc il t’a sauté dessus au restau…
Un sourire amusé sur les lèvres, la récitante continue de démentir :
- — Ben non, il ne s’est rien passé durant le restau, pas même une allusion, mais j’ai eu droit à des compliments qui m’ont semblé sincères. Cependant, avec le recul, j’ai constaté que Bruno m’a fait parler. Mise en confiance, j’ai fini par déballer bien des choses sur moi.
- — Bref, il t’a manipulée…
Sans s’attarder, la blonde continue son propos :
- — Disons que j’ai bien parlé. Finalement, je n’en ai pas su beaucoup plus sur lui au restau.
- — Et après le restau, il t’a quand même sautée dessus ? Non ?
Ayant parfaitement en mémoire ce fameux soir, Nadège s’anime un peu plus :
- — Alors là, j’ai rien vu venir ! Juste après avoir payé l’addition et que je l’ai remercié pour son invitation, il m’a proposé une petite balade le long des quais, pas loin du tribunal. J’étais bien à me balader avec lui, même si j’étais un peu déçue, je m’attendais à ce qu’il me drague un peu quand même. Je me suis dit que j’étais juste une bonne copine, sans plus.
- — Je comprends. Tu te demandais pourquoi il t’avait invitée, c’est ça ?
- — Oui, t’as tout compris. Je me suis consolée en me disant : il ne pense pas à mal.
- — Et alors ?
Nadège rougit un peu :
- — C’est là que je n’ai rien vu venir : il m’a carrément prise par surprise dans ses bras et il m’a embrassée !
- — Ah oui ! Carrément !
- — Oui, j’étais tellement surprise que je n’ai pas réagi tout de suite. En même temps, je reconnais que j’étais aux anges…
Les yeux dans le vague, le regard perdu au lointain, Nadège est songeuse, elle semble repenser à cet épisode de vendredi soir. Après quelques secondes d’attente, souhaitant connaître la suite des événements, Laurine demande :
- — Donc, il t’a embrassée par surprise…
- — Oui, c’est vrai, mais… mais quand nos lèvres se sont séparées, ce… c’est moi qui l’ai embrassé… je… j’ai pas pu résister !
- — Ah oui… Il a dû être content, ton Bruno !
- — Oui… très content. On a continué à s’embrasser, et puis… et puis, je me suis retrouvée dans son appart…
Un peu inquiète, Laurine demande :
- — Tu étais consentante, au moins ?
- — Oh oui ! Mais je reconnais que… je me suis laissée porter par les événements. Et puis… une nuit avec celui qui occupe tous mes rêves, j’ai pas dit non !
- — Je comprends…
Se souvenant de tout dans le moindre détail, Nadège s’extasie presque :
- — En général, quand tu passes à l’acte, tu es souvent déçue, mais là… Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! C’était… rien que le fait qu’il me touche, qu’il m’embrasse, qu’il me caresse ! J’ai jamais autant joui de ma vie !!
- — Tant mieux pour toi… Mais tu n’exagères pas un peu ?
Très fébrile, la blonde fait de grands gestes :
- — Oh non, pas du tout ! C’était… dément !! Et puis le lendemain matin, nous avons recommencé, encore et encore. Il était inépuisable, intarissable !! Et moi… je ne me reconnaissais plus ! C’est dingue, c’est fou !! Oh mon dieu !!
- — Calme-toi, Nadège.
Nadège reprend son souffle, puis elle rougit un peu :
- — Et puis… il m’a gardé jusqu’à ce matin…
- — T’es en train de me dire quoi, là ?
- — Ben, nous sommes venus au boulot dans sa voiture ce matin…
- — Tu veux dire que tu n’as pas remis les pieds chez toi depuis vendredi soir ?
La blonde se tortille sur place :
- — Ben… oui… On a passé tout le week-end à faire l’amour, à se faire des câlins, des confidences, sauf quand il fallait manger. Et encore, j’étais assise toute nue sur ses genoux… et puis… et puis… enfin, tu vois…
- — Houlà ! T’y vas pas de main morte !
- — Euh, c’est plutôt lui ! Un véritable tourbillon !
- — Hmmm… je crois que tu n’as pas beaucoup résisté au tourbillon…
- — Pas trop, je l’avoue… Bruno m’a dit qu’il me conduirait chez moi, ce soir.
- — Ah quand même !
Nadège ajoute d’une petite voix :
- — Pour que je prenne quelques affaires…
- — Attends, attends… t’es en train de me dire que tu retournes chez lui !?
- — Il veut à tout prix mieux me connaître… Je me demande bien quel morceau de mon corps il ne connaît pas !
Adossée à sa chaise, Laurine croise les bras :
- — Tu sais, d’habitude, on attend un peu, quelques semaines au moins, avant de cohabiter sous le même toit !
- — Je t’accorde que c’est un peu rapide !
Laurine affiche un sourire légèrement moqueur :
- — Tu m’étonnes ! Il te demande de sortir avec lui vendredi, tu restes le week-end auprès de lui, et lundi matin, tu m’apprends que tu vis déjà avec lui ?
- — Dit comme ça… c’est vrai que… Mais bon, même si c’est rapide, je ne regrette rien. J’aurais au moins vécu ce genre de chose, une fois dans ma vie. Ça durera ce que ça durera, mais je pense profiter à fond de ce qui m’arrive. Même si ça ne dure qu’une semaine.
La brune regarde fixement son amie :
- — Hmmm… je te comprends. Je pense que je ferais peut-être la même chose si ça m’arrivait. Mais un truc m’étonne : pourquoi toi ?
- — Moi aussi, je me suis posé la même question. Alors j’ai pris mon courage à deux mains et je lui ai demandé. Bruno m’a répondu que c’était moi qu’il fallait pour lui. Je n’en ai pas su plus que ça.
Laurine se demande en quoi Nadège est celle qu’il faut pour Bruno, qui peut mettre dans son lit la plupart des femmes sans effort. Il est vrai que certaines sont intéressées, ce qui ne semble pas le cas de la jeune blonde.
Restau grec
Les jours suivants, Nadège raconte souvent à mots voilés ses différentes soirées avec Bruno, ainsi que les divers cadeaux « panda » qu’il lui fait. Il s’avère que c’est visiblement très torride. Laurine semble constater que chaque nouveau jour apporte son lot de nouveautés, telle une lente montée dans l’érotisme et la passion flamboyante.
Le deuxième week-end confirme cette impression d’ascension progressive, avec une Nadège qui se libère de plus en plus, tout en restant béate d’admiration devant son nouvel amant. Bien qu’ils soient restés dans l’appartement de Bruno la majorité du temps, le récent couple est quand même sorti se balader en ville et aussi dans un parc voisin. Mais pas forcément en mode timide. Quant à l’intime dans le logement, Laurine constate que la gamme est particulièrement étendue allant des simples bisous-câlins tout tendres à des séances mouvementées à faire rougir l’auteur du Kamasutra.
Ce mercredi, comme de coutume, Laurine vient aux nouvelles auprès de Nadège :
- — Alors, il t’a fait quoi cette fois-ci ?
Il est vrai que Bruno est très entreprenant et audacieux avec sa nouvelle compagne. Depuis ces derniers jours, Nadège a toujours quelque chose d’épicé à raconter à sa confidente, car elle sait que Laurine ne dévoilera rien, et qu’elle a besoin de se confier sur le tourbillon qui s’est abattu sur elle depuis plus d’une semaine.
- — On a été au restau, hier soir. Un grec.
- — Oui ? Et ?
- — Bruno a été exigeant…
Assise face à Nadège, Laurine fait remarquer :
- — Chaque jour, il te demande quelque chose en plus. Et cette fois-ci, c’était quoi ?
- — Que je ne mette pas de petite culotte et de soutif sous ma robe.
- — Ah oui… en effet…
La blonde se plonge dans ses très récents souvenirs. Elle déroule sa soirée :
- — C’est la première fois qu’il me demande quelque chose pour le dehors. Je ne savais plus où me mettre, j’avais l’impression que tout le monde savait, c’était comme si j’étais carrément nue. Mais en même temps, j’étais rassurée par la simple présence de Bruno. Et au restau, si tu avais vu comment il me regardait, j’en mouillais !
- — Mais pas dans ta culotte, puisque tu n’en avais plus !
Nadège baisse les yeux :
- — Le pire, c’est qu’il s’en est vite rendu compte…
- — Ah bon, comment ?
Un peu gênée, la blonde grimace :
- — L’odeur, d’après lui… et puis… il a carrément mis sa main entre mes cuisses pour vérifier !
- — Eh bé ! En plein restaurant ?
- — Oui, sous la nappe, quand même…
Laurine s’exclame :
- — Il y va de bon cœur, ton Bruno !
- — Le pire, c’est… c’est qu’il a léché ses doigts en me disant que c’était très bon… Je ne savais plus où me mettre, j’étais persuadée d’être le centre de mire de tout le restau ! Et tu sais quoi ? Il a recommencé plusieurs fois !
- — Il y va vraiment de bon cœur !
- — Oh, pire que ça ! Il m’a même masturbée, j’ai failli jouir en plein restau !
- — Oui, il y va vraiment de très bon cœur, ton Bruno ! Tu as survécu ?
Nadège se penche vers son amie pour lui confier :
- — Ben… j’étais très gênée et en même temps très heureuse.
- — Comme ça ?
- — Ben… comment dire… je ne déteste pas que l’homme qui me plaît se comporte ainsi…
- — En gros macho ?
Doigt sur les lèvres, la blonde lève les yeux vers le plafond dallé :
- — Pas vraiment en macho, je… je ne trouve pas le bon mot…
- — En mâle dominant ?
- — Oui… c’est plus proche… oui… Tu vois, Laurine, je me vois bien dans le rôle de la bergère dans les bras de son Prince charmant.
- — C’est très cliché… Mais bon, chacune son trip.
Les yeux brillants, Nadège se penche encore en peu plus vers son amie, pour une annonce plus croustillante :
- — Et puis, au retour, on s’est arrêté dans un coin tranquille. Bruno est devenu une vraie bête sauvage ! Et sur le capot de la voiture ! J’te dis que ça !!
- — Mais je parie que ça t’a plu, n’est-ce pas, petite coquine ?
- — Oh oui !! J’adore être désirée comme ça, c’est fou ! Je crois que je me souviendrai toute ma vie de ces quelques jours que j’ai passés avec lui !
- — Pourquoi tu dis ça ? Vous avez rompu ?
Nadège affiche un petit sourire triste :
- — Non, pas du tout, mais je sais que, tôt ou tard, ça arrivera. C’est juste un feu de paille, mais j’aurais au moins vécu ça.
- — Décidément, t’es pessimiste !
- — Je suis réaliste, Laurine. Si ça ne tenait qu’à moi, je voudrais rester avec lui toute ma vie, mais je crains qu’il ne se lasse de moi dans quelque temps…
- — Toute ta vie ?
La jeune blonde s’enthousiasme :
- — Oh oui ! Je suis prête à le suivre jusqu’au bout du monde ! Mais je préfère qu’il ne le sache pas ! Tu sais comment sont les hommes, n’est-ce pas ?
- — Oh oui, je ne le sais que trop bien !
Puis les deux amies se séparent, le boulot devant reprendre ses droits.
En cuisine
Le lendemain, assise à son bureau, Nadège raconte les derniers événements croustillants à Laurine venue l’écouter :
- — Hier, j’étais dans la cuisine, en train de confectionner un gâteau.
- — Un gâteau ?
- — Oui, un gâteau. Ça me faisait plaisir d’en faire un. Et Bruno appréciait l’idée, mais il y a mis une petite condition.
- — Houlà… faut pas demander.
La blonde rougit un peu :
- — Que je fasse ce gâteau toute nue…
- — Je l’aurai parié !
- — Il n’a pas attendu longtemps pour venir m’embêter…
- — Je me doute bien…
- — Mais bon, j’aime bien quand c’est lui qui me tripote… J’accepte plein de choses de lui, ça me semble si… naturel…
- — Ben voyons !
Regardant ailleurs, Nadège semble hésiter quant à la suite :
- — Et puis… euh… il a utilisé la chantilly…
- — Il t’en a mis sur les seins ?
- — Euh, non, pas vraiment à cet endroit-là… Il s’en est servie comme lubrifiant…
Laurine cligne des yeux :
- — Comme lubrifiant ?
- — Euh oui… ce n’est pas la première fois qu’un homme passe par là, mais c’est la première fois que ça m’arrive en dehors de la chambre à coucher et que ça me fasse tant d’effet…
- — Attends, tu veux dire qu’il est passé par la porte de service ?
- — C’est ça. Mais ce n’est pas la première fois qu’il le fait avec moi. Mais à chaque fois, c’était… extra ! Pas comme avec les autres hommes. Je ne sais pas comment t’expliquer ça, Laurine, moi-même, ça m’étonne…
Amusée par toutes ces confidences, Laurine affiche un petit sourire :
- — Tu te dévergondes, Nadège !
- — Il me dévergonde, nuance !
- — Oui, on peut le dire comme ça…
- — En tout cas, c’était extraordinaire ! Pourtant, ce n’est pas le bon endroit, mais c’est comme si tout était naturel avec lui. Je me suis sentie complètement conquise, possédée, il avait capturé mes seins avec lesquels il jouait et en même temps, il m’embrassait sensuellement dans le cou ! Ça m’a tellement plu que j’ai carrément joui ainsi. Et j’ai aussi ressenti comme une nouvelle jouissance quand il s’est déversé en moi ! C’était franchement dingue, Laurine ! Un truc de fou !
- — Eh bé ! C’est décidément la grande passion !
La blonde rougit un peu :
- — Ce type me rend complètement marteau !
Laurine ne sait plus trop quoi penser de tout ceci. Elle est contente pour son amie que celle-ci semble avoir trouvé chaussure à son pied, mais en même temps, elle se dit que tout ce qu’elle apprend est parfois bien excessif. Elle ne serait pas étonnée que, bientôt, Nadège lui parle de fouet et de cravache, mais elle espère se tromper !
Soubrette
À la cantine de l’entreprise, Laurine s’adresse à Nadège, les deux femmes étant seules dans un coin reculé de la grande salle :
- — Alors, raconte ? Il t’a pondu quoi, cette fois-ci ?
- — Ben, cette fois-ci, il m’a offert un costume de soubrette…
Laurine hausse des sourcils :
- — Ah oui ? Monsieur a ce genre de fantasmes ?
- — Il aime bien expérimenter des tas de choses, et moi, je suis bonne poire…
- — Bah, une tenue de soubrette, c’est pas bien méchant.
Un peu gênée, Nadège baisse la tête :
- — Tout dépend de la tenue ! J’avais les seins à l’air et la jupette à froufrou au raz de la… tu vois quoi. Sans petite culotte, en talons aiguilles, avec des bas noirs, s’il te plaît !
- — Ah oui, la totale !
- — Oh oui ! Encore heureux que je ne suis pas sortie habillée de la sorte !
Imaginant la chose, Laurine affiche un large sourire :
- — Tu aurais eu du succès !
- — En tout cas, j’en ai eu avec Bruno ! Je ne te dis pas ce qui s’est passé après, c’est pas racontable !
- — À ce point ?
Nadège lève les yeux au ciel, ou plutôt au plafond :
- — Oh oui ! Je suis même restée habillée comme ça quasiment tout le week-end.
- — Tout le week-end ?
- — Sauf quand j’étais toute nue… On n’a pas mis le pied dehors, on s’est fait livrer nos repas.
- — C’est plus de l’amour, c’est de la rage !
Avec un grand sourire béat, les yeux étincelants, Nadège répond :
Contemplant le visage extasié qui lui fait face, Laurine en vient presque à envier la nouvelle vie fort agitée de son amie.
La liste
Adossées toutes les deux sur la rambarde de la terrasse du cinquième étage, Laurine et Nadège blablatent, sans personne autour d’elles. La brune pense tout haut :
- — Avec tout ce que tu m’as raconté, je me demande si Bruno ne serait pas un pervers narcissique, un PN…
- — J’ai lu des trucs là-dessus, mais j’y crois pas une seule seconde. Bruno me fait des petits cadeaux, il s’arrange pour me faire plaisir, il ne m’empêche pas de voir qui je veux. Il ne me culpabilise pas, il cherche plutôt à ce que je me dépasse, que je brise mes chaînes. Il me dit la vérité, sans rien déformer, même si parfois, j’aurais préféré ne pas savoir. Et puis, entre nous, tu vois Bruno jouer les victimes ? C’est pas le genre !
Laurine rectifie son propos :
- — Non, c’est vrai, tu as raison : c’est pas un PN, mais plutôt un mâle alpha.
- — Je ne crois pas trop à ces machins d’alpha et de bêta. Mais je reconnais qu’il a quand même un côté manipulateur, mais dans le bon sens.
- — Dans le bon sens ? Il te fait faire tout ce qu’il veut !
Nadège devient songeuse :
- — C’est pas faux… mais… je ne suis pas contre… Et j’ai déjà dit non à certaines choses !
- — Je serais curieuse d’avoir la liste de ces refus !
- — Euh… ça peut attendre demain ?
- — Cite-moi un seul refus de ta part.
- — Euh… attends, ça va me revenir…
Embarrassée, la blonde cherche, puis elle lâche :
- — Ça va me revenir… Disons que j’ai aussi dit non, en lui demandant d’attendre un petit peu. Mais ça va me revenir…
Laurine affiche un sourire entendu :
- — Ne cherche pas… Je crois que ce serait nettement plus facile de te demander la liste de ce que tu souhaites !
- — Euh… c’est pas faux…
- — Dans ce cas, dis-moi un truc que tu souhaiterais que ton Bruno adoré te fasse. Un truc amusant, pas un truc banal.
Après un certain temps de réflexion et avoir roulé des yeux un certain nombre de fois, Nadège se penche sur Laurine et lui confie à voix basse :
- — Y a bien un truc un peu… euh… étrange qui me plairait d’expérimenter…
- — Lequel ?
- — Celui de passer toute une soirée à le… euh… à lui faire des sucettes…
Surprise par ce fantasme, Laurine cligne des yeux :
- — Tu… tu veux dire que tu aimerais passer toute une soirée à lui faire des fellations, aussi bien dans la cuisine que dans la chambre ou ailleurs, et plusieurs fois de suite ?
- — Euh… oui…
- — T’as des idées un peu… farfelues… en clair, tu veux jouer la vide-couilles avec ta bouche.
- — T’es dégueu, Laurine !
- — Mais c’est grosso modo le principe, non ?
Un peu confuse, Nadège change complètement de sujet. Avec enthousiasme, elle évoque son désir de découvrir un jour la ville aquatique de Venise, de faire une balade en gondole, marcher sur la place St Marc et tout le tralala…
Grande soirée
Ce lundi matin, Laurine vient aux nouvelles du nouveau week-end qu’elle suppose mouvementé. Après avoir vérifié que personne n’écoutait, toute fébrile et excitée, Nadège explique surtout sa soirée du samedi :
- — Nous sommes allés au gala organisé par l’Union des Commerçants.
- — Ah oui, c’est réputé pour être huppé !
- — Bruno avait fait venir deux spécialistes. Elles ont changé un peu ma coiffure et se sont occupées de mon maquillage et du reste, comme mes ongles. Tiens, regarde !
Elle tend sa main, Laurine dit alors :
- — Ah oui, une belle manucure.
- — Quand elles ont fini leur manège, je ne me reconnaissais plus dans le miroir !
- — À ce point ?
Ne répondant pas à la question, poursuivant son récit, Nadège écarquille les yeux :
- — Quelque part, tant mieux, parce que la robe que j’ai dû mettre, c’était quelque chose !! Un décolleté jusqu’au nombril et fendue des deux côtés jusque très haut ! Impossible de garder un soutif ou une culotte ! Et puis, dès que je bougeais un peu, mes nichons ondulaient sous le tissu, c’était carrément indécent ! Un truc de fou !
- — T’as pas une photo ?
- — Euh non, pas sur moi, mais Bruno en a.
Imaginant le spectacle dans sa tête, Laurine trouve un comparatif :
- — Une robe de James Bond girl ?
- — Oui, un truc dans le genre… Ou comme dans les casinos, les femmes sont souvent à moitié dévêtues. On peut dire que c’était mon cas. J’étais morte de trouille, ma seule consolation était que j’étais carrément méconnaissable et que Bruno était à mes côtés !
Accoudée sur le bureau, Laurine se moque gentiment :
- — Jusqu’au bout du monde avec Bruno, c’est bien, ça !
- — C’est ça, moque-toi. Néanmoins, c’est fou ce qu’il arrive à me faire faire ! En tout cas, je n’étais pas la seule femme à en montrer un peu trop. Mais la plupart des hommes m’ont reluquée copieusement ! Au début, j’étais gênée de chez gênée, mais petit à petit… parfois… ça m’a même plu… On a même dansé, c’était vraiment bien ! Mais bon, on ne s’est pas trop attardé, on est rentré assez tôt.
- — Laisse-moi deviner : Bruno t’a récompensée à sa manière ?
- — En deux temps : dans la voiture puis dans la chambre…
Laurine s’esclaffe joyeusement :
- — Il est increvable, ton Bruno.
- — Ah ça, vu la grosseur de ses coucougnettes, il a de la réserve !
Étonnée, Laurine se penche vers son interlocutrice :
- — Hein !? Comment ça ?
- — Ah oui, c’est vrai, je ne te l’ai pas dit : il a de gros testicules, il use vite ses slips à cause de ça. À cause du frottement, tu vois…
- — Et la tige ?
- — Juste comme il faut ! La bonne vis pour le bon écrou, comme dirait mon père. Ou comme dirait mon arrière-grand-mère, le bon couvercle pour la bonne marmite. À croire que lui et moi, c’était prédestiné !
Laurine éclate de rire :
- — Hahaha ! C’est une façon de voir les choses !
Puis elle désigne du doigt le pendentif qui ne quitte plus le cou de Nadège :
- — Au fait, tu n’es quand même pas allée avec ton panda à cette soirée.
- — Moi, j’aurais bien voulu, mais Bruno a dit que ce n’était pas vraiment assorti. Mais il a trouvé une solution…
- — Je ne sais pas pourquoi, mais je redoute le pire…
Nadège prend le panda entre ses doigts :
- — T’es pas loin de la vérité : au début, il voulait que je le porte autour de ma taille, mais la chaînette était trop petite pour ça. Et puis, à bien y réfléchir, ça aurait une curieuse petite bosse sous la robe. Alors il s’est contenté de le mettre dans la poche de son veston.
- — Il te l’a vite rendu, je suppose.
- — Dans la voiture, juste avant qu’on… tu vois quoi…
Faisant semblant d’avoir des pommes en main, Laurine se moque un peu :
- — Oui, je sais : il a de grosses coucougnettes !
- — Idiote ! J’aurais pas dû te le dire !
- — Tu dois souvent t’amuser avec ses boules !
- — Euh oui… de temps en temps… Perso, je préfère son levier de vitesse.
- — Laisse-moi deviner, il te laisse le manipuler quand vous êtes dans sa voiture, n’est-ce pas ?
- — T’as tout deviné !
Puis Nadège explique succinctement la suite des événements après le gala, mais de façon très soft et imagée. Laurine retient que la robe de soirée a manifestement boosté la libido du couple. D’ailleurs, la blonde avoue en catimini qu’elle prévoit de la vêtir à nouveau par la suite.
Petits jeux divers
Une fois de plus, ce matin, Nadège raconte ses aventures érotiques à Laurine :
- — Cette fois-ci, on a joué à plus épicé…
- — C’est-à-dire ?
- — Il m’a donné la fessée… Pas comme un sauvage, mais d’une façon très excitante !
- — C’est excitant, la fessée ?
La blonde devient songeuse :
- — Quand c’est bien fait, il faut croire que oui. En tout cas, ça m’a beaucoup plu ! Il n’a pas tapé comme un sourd. Non, il faisait vibrer mes fesses et je me sentais envahie par une douce chaleur piquante avec des tas de papillons dans le ventre. Ce n’était pas comme faire l’amour, mais… c’était quand même assez proche, aussi curieux que ça puisse être…
- — Si tu le dis… Tu expérimentes beaucoup ces derniers temps.
- — C’est vrai… Je découvre avec Bruno des tas de choses. Et pour l’instant, rien ne me déplaît !
La brune avance une hypothèse :
- — Pour l’instant, tout te plaît… mais si quelque chose ne te plaît pas, tu le lui dis ?
- — Il y a des trucs qui me plaisent moins, je l’ai dit à mon chéri.
- — Comme quoi, par exemple ?
- — Les pinces à linge sur les tétons, il ne faut pas que ça serre trop, sinon ça fait trop mal, surtout quand on les enlève !
Aïe, songe Laurine, on s’approche du fouet et de la cravache. Cependant, la brune demande d’une façon neutre :
- — Et il a géré ça comment ?
Nadège affiche un grand sourire :
- — Eh bien, il teste sur lui-même si la pince serre un peu ou trop.
- — Ah OK…
- — Tu vois, il fait attention à moi. Il me demande souvent si tout est OK, et nous parlons souvent de ce que nous avons fait. Comme il le dit lui-même, il veut me faire progresser, il ne me veut que du bien, il ne veut pas me faire du mal.
Laurine se dit que c’est comme ça qu’un homme devrait toujours agir : en accord avec sa partenaire. Mais c’est loin d’être le cas. Néanmoins, un peu provocatrice, elle demande à sa voisine :
- — Imagine qu’il souhaite aller dans des clubs spéciaux…
- — Des clubs spéciaux… tu veux dire quoi par là ?
- — Des saunas ou des clubs libertins, par exemple.
Nadège répond sincèrement :
- — On en a déjà causé, figure-toi. Honnêtement, j’aimerais bien voir ça, mais par pure curiosité, en spectatrice. Mais pas question de participer, ça ne me dit rien. De plus, Bruno m’a avoué qu’il n’était pas très partageur.
- — Pas partageur, mais il t’exhibe quand même !
- — C’est pas la même chose… les autres ne touchent qu’avec les yeux, pas plus.
Entendant cette formulation, Laurine fait remarquer :
- — Donc, tu acceptes de t’exhiber maintenant…
- — Euh oui… un peu… dans les limites du raisonnable. Je ne déteste pas le regard des autres hommes sur moi, mais à condition que mon chéri soit à côté de moi.
- — Je me demande ce qui est raisonnable entre vous deux…
- — Ah ça… Moi-même, je ne me reconnais plus !
À la fois amusée et circonspecte, Laurine croise les bras :
- — Il te fait faire n’importe quoi, ton Bruno…
- — J’ai l’impression qu’il me devine… Oui, ça doit être ça : on dirait qu’il est capable de deviner mes fantasmes cachés. C’est fou quand même !
- — Je suppose que je ne dois pas te demander un de tes fantasmes cachés.
- — C’est caché, Laurine ! Et toi, tu m’en dirais un ?
- — Non.
Après avoir regardé autour d’elle, Nadège se penche sur Laurine :
- — Tu te rappelles le truc que je t’avais confié la semaine dernière ?
- — Lequel ? Tu me confies tellement de choses !
- — Que je lui fasse des sucettes pour un oui ou pour un non…
- — Ah ça !
Nadège regarde une fois de plus autour d’elle avant de répondre :
- — Eh bien… il m’a exaucée…
- — Tu lui en as parlé ?
- — Non, même pas. Quand je te disais qu’il me devinait !
- — Il y a longtemps ?
- — En milieu de semaine dernière…
Laurine s’étonne :
- — Et tu ne m’en as pas parlé ?
- — Ben… je ne savais pas comment te le dire, j’avais un peu honte…
- — Il t’a forcée ?
- — Non, pas du tout, mais bien que ce soit assez… euh… dégoûtant, j’ai vraiment aimé.
- — Je ne comprends pas bien : il t’a demandé quoi et tu as fait quoi ?
- — Ben, ce soir-là, j’ai passé mon temps à le sucer en toute circonstance… dans le salon, dans la cuisine, dans la chambre, sous la douche…
Laurine se moque gentiment :
- — Même aux toilettes ?
- — T’es dégueu, Laurine ! Non, quand même pas ! Ah, on ne peut rien te dire !
- — Mais si, mais si ! D’ailleurs, tu n’as que moi comme oreille compatissante.
Froissée, Nadège fait la moue, fronçant des sourcils. Laurine la chambre un peu :
- — Allez, arrête de faire la tête ! Pour me faire pardonner, je vais te confier un petit fantasme.
- — J’écoute.
C’est au tour de Laurine de regarder autour d’elle, bien que les deux femmes soient seules dans le bureau de Nadège :
- — Je reconnais que… un trip BDSM soft, ça me ferait plaisir…
- — C’est quoi, un trip BDSM pour toi ? Jouer la soumise ?
- — Ah non, jouer les dominas !
Étonnée, la blonde s’exclame :
- — Toi, les dominas !?
- — Et pourquoi pas ! Faire rougir des petits culs, ça me botterait bien !
Puis les deux amies s’embarquent avec ferveur et amusement dans une discussion peu charitable envers les hommes.
Un long week-end de rêve
Après des courtes vacances (un pont allant du mercredi soir jusqu’au dimanche), ce lundi matin, Laurine se dirige comme de coutume vers le bureau de Nadège. Alors que la brune arrive dans le couloir, la blonde se rue littéralement sur elle, lui agrippe le poignet et l’entraîne avec elle. Puis Nadège referme soigneusement la porte. Amusée, Laurine sourit :
- — Toi, on dirait que tu as un gros quelque chose de bien à me raconter !
- — Oh oui !!
- — Raconte !
Les yeux brillants, Nadège est toute fébrile :
- — On… on est allé à Venise !!
- — À Venise !?
Très agitée, la blonde explique :
- — Oui ! Mercredi, vers seize heures, Bruno s’est pointé dans mon bureau, il avait tout préparé, il m’a mis sous le nez les billets d’avion, j’étais comme deux ronds de flan ! Puis on a pris un taxi, on a décollé sans bagage, juste après le boulot, et le soir même, on dormait à l’hôtel juste à côté du Grand Canal !
- — Hmm… t’as vraiment dormi ?
Nadège rougit un peu :
- — Euh… pas vraiment ! Mais lui et moi, on était surexcité ! Ah quelle nuit ! Un vrai conte de fées ! Encore heureux qu’on s’est reposé au matin !
- — Donc, tu as eu droit aux gondoles et tout le tralala !
- — Exactement ! Carrément un week-end en amoureux, une sorte de voyage de noces ! On est reparti dimanche matin. Je crois que je me souviendrai toute ma vie de ce week-end enchanteur ! Waow, c’est fou de chez fou !
Puis elle se penche un peu plus pour confier :
- — Je ne savais pas comment le remercier… Alors je me suis déchaînée !
- — Vraiment déchaînée ?
- — Déchaînée de déchaînée ! Bruno est vraiment le type qu’il me faut !
Soudain, son enthousiasme redescend, passant du beau temps au ciel voilé :
- — C’est trop beau ! J’ai peur que ça ne dure pas…
- — Je crois que tu te tourmentes pour rien, Nadège. Profite de l’instant présent et ne te pose pas trop de questions.
- — Mais si… si lui et moi, ça casse, comment je vais faire ?
Compatissante, Laurine rassure son amie :
- — Ce n’est pas à l’ordre du jour. Bruno semble se décarcasser à te faire plaisir. Au fait, comment il a su pour Venise ? Tu lui en as parlé ?
- — J’ai un poster de Venise dans mon salon et aussi quelques livres dans ma bibliothèque… Et j’ai peut-être dû en parler un jour, mais sans plus. Je n’ai rien demandé, je te l’assure !
La brune pose sa main sur l’épaule de la blonde :
- — Écoute, ma grande, ne cherche pas midi à quatorze heures, vis au jour le jour, profite et ne songe pas au futur.
- — Tu… tu as sans doute raison…
Un peu déboussolée, Nadège prend en main son pendentif en forme de panda dont elle ne se sépare pour ainsi dire jamais. Elle le contemple longuement, puis elle murmure :
- — Je crois que… que c’est lui qui me porte bonheur… Comme s’il veillait sur moi… Tu crois pas, Laurine ?
- — Si tu le dis…
Puis ayant visiblement tourné la page de son mini-blues, volubile, Nadège raconte avec divers détails son séjour dans la cité des doges, puis elles constatent que l’heure tourne vite, et qu’il serait peut-être temps d’aller travailler afin de mériter son salaire de fin de mois.
Engagement
Maintenant, quelques semaines se sont écoulées depuis le premier rendez-vous. D’après ce que raconte Nadège à son amie, Bruno monte visiblement le curseur un peu plus chaque jour ou presque. Depuis le séjour à Venise, à la grande surprise de tout le monde (sauf de Laurine), les deux tourtereaux ne se cachent plus et s’affichent en public. Ce qui a créé quelques jalousies ci et là, ainsi que le désespoir de Gautier.
- — Ah bon, ça vient de sa part ?
- — Oui, c’est Bruno qui m’a dit que ce n’était plus la peine qu’on se cache. Je te prie de croire que ça m’a étonnée !
- — Il t’a donné une explication ?
- — Euh… pas vraiment en paroles… si tu vois ce que je veux dire…
Laurine se dit que Bruno a l’art de savoir répondre sans justement répondre. Fugacement, elle se demande s’il n’y a pas un loup dans toute cette histoire. Nadège est une gentille fille, parfois un peu ingénue dans certaines de ses réactions. Pour faire simple, c’est une bonne pâte. Quel intérêt possède Bruno dans cette aventure ? Peut-être qu’il a été échaudé par des femmes d’un plus haut standing, genre Natacha…
Ce lundi matin, Nadège est toute chose, Laurine s’en rend compte aussitôt :
- — Qu’est-ce qu’il y a ?
- — Ben… Bruno…
- — Oui, il a fait quoi, ton Bruno ?
Nadège a les yeux qui brillent de mille feux :
- — Il… il a évoqué le fait qu’on se marie, lui et moi…
- — Ah bon !?
- — Et il était sérieux…
Mains sur les hanches, Laurine s’étonne :
- — Eh bé ! Tout va bien pour toi, ma jolie !
- — Ben… j’ai du mal à réaliser… Et il m’en a parlé samedi matin et aussi hier soir.
- — Et ta réponse ?
La blonde secoue la tête :
- — J’étais tellement sur le cul que… enfin… il m’a dit que je n’étais pas obligée de lui répondre tout de suite, mais que je devais savoir que, marié ou pas, il ne changerait pas de comportement avec moi, que je serais nettement plus sa maîtresse que son épouse.
- — Au moins, tu sais dans quoi tu mets les pieds.
Nadège regarde son amie avec de grands yeux étonnés :
- — Franchement, je n’y croyais pas ! Ça fait presque trois mois qu’on vit ensemble, c’est trop rapide ! Je lui ai dit que… que le mariage, ce n’était pas la peine, du moment que nous restons ensemble. Tu sais ce qu’il m’a répondu ?
- — Non, mais je vais le savoir.
- — C’est parce que justement je ne souhaitais pas le mariage à tout prix qu’il fallait qu’il m’épouse !
Entendant cet argument, Laurine s’exclame :
- — Uh, c’est un étrange raisonnement !
- — Je le comprends… Plusieurs femmes ont tenté de lui mettre le grappin de dessus, et pas pour ce qu’il est vraiment.
- — Mais toi, tu ne demandes rien…
- — Si, de rester avec lui, si possible.
- — Alors, où est le problème ? C’est ce qu’il te propose en se mariant avec toi, non ?
Assez déboussolée, Nadège tord ses mains :
- — Oui, c’est vrai… mais… c’est… c’est trop beau ! Ça cache quelque chose, tu ne crois pas ?
- — Halala ! Tu te mets martel en tête pour rien du tout. Tu l’as dit toi-même, la bonne vis pour le bon écrou.
- — Je sais, je sais, mais je n’arrive toujours pas à y croire, tu vois.
Laurine pose sa main sur l’épaule de sa voisine :
- — Alors, mis à part une proposition de mariage, il s’est passé quoi d’autre ?
- — C’est déjà pas mal, non ?
- — Oui, je te l’accorde. Mais ne me dis pas que ton pervers attitré n’a pas eu d’autres idées amusantes… Je ne sais pas… jouer les infirmières, par exemple…
Nadège fait remarquer :
- — Ben ça, on l’a déjà fait, je te l’ai raconté.
- — Vous auriez pu recommencer…
- — Parfois, oui, on le refait plusieurs fois, tout comme le scénario « Buffy et les vampires », mais cette fois-ci, c’était une nouveauté. Un peu avant, mon chéri avait lu une BD, un vieux Spirou, « Le gorille a bonne mine ».
Intriguée, Laurine demande la suite :
- — Et alors, ça a donné quoi, cette lecture ?
- — Nous avons joué à l’exploratrice qui se fait enlever par un gorille…
- — Houuu ! Faut pas demander !
- — Ça a été très… euh… bestial… avec une chemise et une jupe arrachées, mais c’était si bon !
- — Je me doute, je me doute… La prochaine fois, il se déguisera en panda ! Et comme ça, tu seras vraiment sa Pandi !
Nadège s’amuse franchement :
- — Mprrrf ! Arrête tes conneries, Laurine !
Regagnant son bureau, Laurine est un peu perplexe : Nadège est sincèrement amoureuse, Bruno semble l’être aussi, mais elle se demande si le jeune homme n’a pas mis la main sur une jeune femme très docile avec laquelle il peut assouvir bien des fantaisies et des fantasmes.
Mais bon, si chacun y trouve son compte, pourquoi pas…
L’envers du décor
Les deux cofondateurs de l’entreprise sont actuellement dans le bureau de Georges, le plus âgé. Assis dans son confortable fauteuil, celui-ci se met à parler de Nadège, l’actuelle compagne déclarée de Bruno :
- — Tu m’as surpris en sortant avec Nadège. C’est vrai qu’elle est gentille, mais vu les femmes qui étaient souvent à ton bras auparavant, elle détonne un peu.
- — Je te l’accorde.
- — Tu m’as encore plus surpris quand tu t’es mis si vite en ménage avec elle. J’étais au courant que tu lui offrais de temps en temps des petits cadeaux, à base de pandas, mais je ne pensais pas que tu lui offrirais ton cœur et bientôt ton nom !
Adossé au mur, Bruno sourit :
- — En parlant de cadeaux, je crois que l’une des meilleures choses que j’ai pu faire est d’avoir offert ce pendentif avec un panda.
- — Je ne comprends pas…
- — Ce pendentif cache un petit émetteur qui me permet d’entendre tout ce que dit la personne qui le porte.
Entendant ceci, Georges s’étonne :
- — QUOI !? Tu veux dire que tu l’as espionnée ?
- — Ce qui m’a permis d’apprendre bien des choses… Je sais, ce n’est pas très réglo, mais ça nous a été très profitable, à Nadège et moi.
- — Comment tu as pu avoir ce genre d’idée saugrenue !?
Bruno se lance dans une longue explication :
- — C’est par pur hasard que j’ai surpris un fragment de conversation de ma future dulcinée avec sa copine. Elles étaient sur la terrasse du cinquième, et moi dans les toilettes, juste à côté, la fenêtre ouverte, j’ai tout entendu. C’est ainsi que j’ai appris beaucoup de choses en peu de temps, et ça m’a donné des idées. Alors, le soir même, je suis allé chez une de mes connaissances spécialisées dans la surveillance au sens large. Par chance, il avait dans son stock ce qu’il me fallait, c’est-à-dire le fameux collier en forme de panda, importé de Chine. Je n’ai pas du tout regretté mon achat, car ce que j’ai pu apprendre ensuite m’a donné l’envie de franchir le pas, d’en savoir un peu plus.
- — C’est alors que tu l’as invitée au restau, c’est ça ?
Le cofondateur continue sur sa lancée :
- — Je savais qu’elle était amoureuse de moi, mais sans qu’elle n’ose se déclarer, parce qu’elle ne se trouvait pas assez bien. Sa copine était en train de la jeter dans les bras de Gautier, donc j’ai agi au plus pressé.
- — Gautier ? Celui de la compta ?
Bruno confirme :
- — Oui, ce Gautier-là. Honnêtement quand j’ai lancé mon invitation, je n’avais pas vraiment dans l’idée de coucher avec elle, je voulais surtout mieux la connaître, elle m’attendrissait. J’avais plutôt l’impression de faire une bonne action en dînant avec elle. Mais voilà, plus je la connaissais, plus j’avais envie d’elle. Je la voyais autrement, différemment, et en mieux. Nadège n’est pas aussi sophistiquée que bien des femmes, mais elle est nature, spontanée et sans arrière-pensée, et ça, ça n’a pas de prix.
- — C’est vrai que tu es souvent pris en chasse par la gent féminine…
- — Entre nous, au début c’est flatteur, je te l’avoue, mais très vite, ça devient lassant et pénible. C’est très désagréable d’être vu comme un porte-monnaie ambulant !
- — Nadège doit être plus reposante, je suppose…
Bruno se retient de dire qu’elle est aussi plus docile, il y a des choses qui ne se disent pas. Il se penche vers son associé :
- — Pour tout te dire, elle pensait qu’elle n’était qu’une simple passade de ma part, elle me l’a avoué, il n’y a pas longtemps, même si j’étais déjà au courant bien avant. Elle est toujours étonnée que nous soyons ensemble et que je lui parle de mariage.
- — Remarque, moi aussi.
Le jeune homme écarte les bras :
- — Elle et moi, on se complète à merveille. Pourquoi devrais-je me compliquer la vie en cherchant ailleurs ce que j’ai sous mon nez ? D’accord, Nadège n’est pas un mannequin qui défile pour Dior ou autres, mais elle compense allégrement autrement.
- — Vu comme ça… Perso, j’aurais plutôt cru que tu te mettes en ménage avec Natacha.
Entendant ce prénom, Bruno fait la moue :
- — Oui, Natacha est très belle et très classe, c’est indéniable. Elle sait trop bien ce qu’elle vaut sur le marché, et il faut avoir les moyens.
- — Tu les as, les moyens, non ?
- — Le syndrome du porte-monnaie ambulant, très peu pour moi. Et puis, entre nous, je vais beaucoup plus loin au lit avec Nadège qu’avec Natacha.
À ces mots, Georges ouvre de grands yeux :
- — T’as couché avec Natacha ?
- — Non, pas moi, mais deux de mes connaissances l’ont fait. Tous les deux m’ont dit qu’elle était du genre princesse à qui tout est dû.
- — Ça ne m’étonne pas.
- — Moi non plus, mais je préfère une autre façon de faire !
- — Je te comprends. N’empêche que t’es un sacré manipulateur. J’espère pour toi que Nadège ne saura jamais les dessous de l’histoire.
Bruno grimace :
- — C’est bien ça qui me gêne. D’un côté, je pense comme toi, il ne vaut mieux pas qu’elle sache. Mais de l’autre côté, je me dois d’être honnête avec elle.
- — Je suppose que tu as évalué les deux possibilités.
- — Bien sûr ! Si je lui dis, elle risque de m’en vouloir, malgré le fait qu’elle m’aime. Si je ne lui dis pas et qu’elle vient à le savoir, ça risque d’être pire.
Georges hoche la tête, puis il se lève de son fauteuil, demandant :
- — Qui est au courant pour cette histoire d’espionnage ?
- — Que toi.
- — Merci pour cette marque de confiance, Bruno. Perso, à ta place, je ne dirais rien. Et n’aie crainte, ce n’est pas moi qui mettrai ta compagne au courant. D’ailleurs, je vais oublier d’en parler à ma femme, ce sera plus prudent, on ne sait jamais. Ça restera entre nous.
- — Merci d’avance, Georges.
Le senior désigne son cou avec un mouvement semi-circulaire :
- — Et en parlant de ça, à ta place, je lui offrirai un autre pendentif en forme de panda, pour éviter un impair. Là aussi, on ne sait jamais.
- — Tu as raison… Merci aussi pour ce conseil. Mais elle le considère comme son porte-bonheur.
Arrivé à ses côtés, Georges tapote sur l’épaule de son associé :
- — Je la comprends. Essaye de faire une substitution sous prétexte d’un nettoyage ou d’un truc comme ça. Ou bien enlève l’émetteur.
- — Pas con… Merci pour cet autre conseil, Georges.
- — En tout cas, tous mes vœux de bonheur avec Nadège.
- — Ne t’inquiète pas, je fais tout faire pour !
Oh oui ! se dit-il. Je vais tout mettre en œuvre pour cela et même plus !