Je venais de terminer une réunion plutôt houleuse chez un de mes clients situé en banlieue ouest. Mon interlocuteur avait une liste de griefs longue comme le bras à reprocher à ma boîte et il ne s’était pas privé de tout me mettre sur le dos. Cette façon d’agir m’avait franchement dépité, car j’avais toujours fait en sorte de gérer au mieux la relation entre nos deux sociétés.
À ce moment de la journée, j’avais donc besoin de me remonter le moral, d’autant plus qu’elle avait plutôt mal débuté puisque, le matin même, avant de quitter notre appartement pour me rendre au bureau, je m’étais pris le chou avec Élodie, ma compagne, pour un motif tout à fait futile.
Il se trouve que les locaux de mon client insatisfait sont situés non loin de la résidence de Fred, un de mes vieux copains de lycée. C’est pourquoi je décidai de profiter de la fin de l’après-midi pour lui rendre visite.
Ça fait près de vingt ans que je connais Fred et bien que je ne cautionne pas tous ses comportements, notamment vis-à-vis de la gent féminine, je le considère néanmoins, depuis l’époque du lycée, comme mon ami.
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Fred arbore, comme souvent, un sourire satisfait en m’ouvrant la porte d’entrée de sa maison. Mais aujourd’hui, il semble particulièrement content de lui.
- — Salut Fred. Tu as l’air tout joyeux. Tu as gagné au loto ou quoi ? Je demande en lui serrant la main.
- — Mieux que ça, mon pote. Mais entre donc et viens t’asseoir, on sera mieux autour d’un verre pour échanger nos petits secrets.
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J’attends patiemment que mon ami me serve une rasade de son whisky préféré et que nous ayons trinqué avant de le questionner :
- — Alors, es-tu prêt maintenant à me dire ce qui te rend si guilleret ?
Fred avale une gorgée de vieux malt avant de me répondre.
- — J’espère que tu ne vas pas le prendre mal, mais sache que depuis la semaine dernière, je me tape la femme de Luc.
- — Tu déconnes ! C’est bien de Fanny dont tu me parles ?
- — Exactement mon vieux : la blonde la plus canon que je connaisse avec sa paire de nichons phénoménaux et son cul incroyable. En fait, la nana qui me fait fantasmer depuis que je la connais.
- — Quand je pense que Luc m’a raconté qu’elle te trouvait lourdingue et macho.
- — Mon pauvre Jacky ! Si tu savais le nombre de gonzesses qui me trouvaient imbuvable, et qui ont malgré ça fini dans mon lit. Je peux te dire que quand Fanny a découvert ce que je trimballe entre les cuisses, elle a aussitôt oublié tout ce qui pouvait nuire à notre relation personnelle.
- — Tiens donc !
- — De toute façon, j’avais déjà surpris son regard en train de s’attarder un peu trop longuement au niveau de ma braguette.
J’éclate de rire avant de répondre :
- — Remarque… je ne suis qu’à moitié surpris. On a tous constaté que, depuis quelque temps, les tenues de la belle Fanny ont sacrément évolué. J’ai d’ailleurs trouvé très sympa qu’elle se soit mise aux décolletés à faire loucher un mort et aux talons de quinze centimètres. Je m’étais même dit que s’il ne faisait pas gaffe, le brave Luc risquait de se retrouver avec une paire de cornes de compétition. Mais je n’aurais jamais pensé que Fanny puisse tromper Luc avec un mec de la bande, et encore moins avec toi. Finalement, notre copain Luc est une nouvelle victime collatérale et prématurée de la crise de la quarantaine.
- — Tu as raison. Tout va plus vite de nos jours, vu que ma nouvelle maîtresse vient à peine de fêter ses trente-cinq ans. D’autant plus que ça m’étonnerait que je sois le premier à avoir profité du réveil de sa libido, Luc mis à part bien sûr.
- — Ah bon ! Qu’est-ce qui te fait croire ça ?
- — Pas mon petit doigt en tout cas. Enfin, c’est pas mon problème. Pour moi, l’important, c’est que Fanny soit satisfaite de mes prestations au lit.
- — J’aurais été surpris que tu me dises le contraire. Depuis le temps que je te connais, j’ai bien compris que tu es plutôt fier de ton engin et de ta manière de t’en servir.
- — Tu peux penser ce que tu veux. Je ne sais pas si ma nouvelle conquête a une prédilection pour les gros calibres, mais quand ma queue commence à coulisser entre ses cuisses, elle réclame assez vite que je lui rentre tout le paquet.
- — J’adore ton côté poète. Elle est si bonne que ça, la charmante épouse de Luc ?
- — Ça va sans doute t’étonner, mais ça fait à peine un peu plus d’une semaine que je la baise et je lui ai déjà retapissé tous ses orifices.
- — C’est pas vrai ! Tu l’as enculée avec ton démonte-pneu de camion ?
- — Plutôt deux fois qu’une ! Et il ne m’a pas semblé qu’elle était particulièrement inquiète quand j’ai présenté Popaul à l’entrée de service. De toute façon, ça ne l’a pas empêchée de prendre son pied.
- — Vraiment ! Et tu la baises où, la blonde qui a le feu au cul ?
- — Ici même, mon pote ! Stéphanie est partie s’occuper de sa mère pendant quinze jours. Alors, autant en profiter.
- — Quel salopard tu fais !
- — Oh ! Hé ! Je te prierai d’être un peu plus respectueux. Je fais découvrir le plaisir à la femme d’un copain. Je devrais être remercié pour ça.
- — Ah ah.
À ce moment-là, une notification retentit sur le téléphone portable de Fred.
- — Mate ça, camarade ! La charmante Fanny vient de m’envoyer des photos de ses derniers achats.
Je me rince l’œil en détaillant la tenue de la ravissante blonde, composée d’une jupe plissée à carreaux, de cuissardes grises à talons d’au moins treize centimètres et d’un cache-cœur taupe au décolleté abyssal. Sur un des clichés, on aperçoit même le liseré de ses bas noirs.
- — Ben mon cochon ! Tu vas faire des envieux à te balader avec une bombasse pareille.
- — Tu parles ! Ce genre de photos me file une furieuse envie de fourrer Fanny en levrette. Et je compte bien lui demander de garder ses cuissardes et son porte-jarretelles pendant l’action. Je vais tellement la secouer que ses superbes nibards vont brinquebaler dans tous les sens.
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L’évocation des seins sublimes de Fanny ballottant sous les coups de boutoir de Fred me laisse rêveur. Mais la sonnerie de mon téléphone me tire de ma torpeur. Et je sens comme un malaise me gagner en découvrant que c’est Luc, l’homme dont je viens d’apprendre l’infortune, qui m’appelle.
- — Salut vieux, je lâche, un peu tendu. Comment vas-tu ?
- — Salut Jacky. Ça pourrait aller mieux.
- — Comment ça ?
- — Et bien, c’est un peu délicat à avouer, mais j’ai l’impression que Fanny a une liaison.
- — Vraiment ?
- — Malheureusement oui. Du coup, je fais le tour des copains pour savoir si un de vous aurait récemment remarqué quelque chose de suspect dans le comportement de mon épouse.
- — Euh… Mais qu’est-ce qui te fait croire que ta femme te trompe ?
- — Plusieurs petits trucs qui ne m’auraient pas particulièrement interpellé si j’avais pas découvert ce matin, avant de partir bosser, un string aux traces suspectes au fond du panier à linge.
- — Tu dois te faire des idées, je déclare, d’un ton peu assuré.
- — J’aimerais bien.
- — Il s’agit sans doute de simples pertes. Élodie a parfois ce genre de soucis.
- — J’y crois pas trop en fait. Ça ressemblait furieusement à une grosse giclée de foutre. Si ma femme se fait réellement baiser en dehors du cadre conjugal, l’enfoiré qui en profite doit être doté d’une énorme paire de couilles.
Je ne peux m’empêcher de jeter un coup d’œil à Fred et au paquet volumineux qu’on devine aisément sous sa ceinture.
- — Écoute, tu as l’air bien sûr de toi. Mais tu te fais vraisemblablement un film pour pas grand-chose.
- — J’espère que tu as raison, car je n’ai évidemment pas de preuve tangible. Et je ne voudrais pas accuser Fanny à tort si elle est effectivement claire comme l’eau de roche.
- — C’est en effet plus raisonnable.
- — C’est pourquoi j’ai décidé de solliciter les copains de la bande. Si tu as remarqué un truc bizarre, je compte sur toi pour m’en parler.
- — OK. La prochaine fois qu’on se verra, je ferai attention au comportement de Fanny. En attendant, évite de gamberger pour rien.
- — D’accord. Bon, je ne t’embête pas plus longtemps. Ça m’a fait du bien de causer avec toi. Je me sens moins seul.
- — Hé ! Doucement ! En ce qui me concerne, je n’imagine pas du tout qu’Élodie ait un amant.
- — Je sais bien. C’était une façon de parler… Quoique…
Luc coupe la conversation avant que j’aie le temps de lui répondre.
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- — Tu fais une drôle de tête Jacky, déclare mon hôte pendant que je remets mon téléphone dans ma poche. C’est le fait que Luc t’ait demandé conseil juste après ce que je viens de t’apprendre ?
- — C’est vrai que je me sens pas parfaitement à l’aise avec ça, mais il y a autre chose.
- — Ah bon ?
- — Je n’ai pas bien compris la réflexion de Luc à propos d’Élodie.
- — C’est-à-dire ?
- — Comme s’il avait sous-entendu que ma femme pouvait aussi être infidèle.
J’ai l’impression que Fred hésite légèrement avant de répondre.
- — À mon avis, tu as dû mal comprendre. Certes, Élodie est jolie et bien foutue, mais elle n’a rien d’une femme fatale cherchant à mettre en valeur ses appâts.
- — Malheureusement, il n’y a pas que les amateurs de lingerie sexy et de décolletés vertigineux qui séduisent les femmes en couple.
C’est au tour du téléphone du maître de maison de se mettre à sonner. Vu la tête qu’il fait, j’imagine qu’il s’agit de Luc qui continue son tour des popotes.
D’ailleurs, Fred décide de ne pas répondre, sans doute désireux de ne pas me faire entendre les explications foireuses qu’il a l’intention de raconter à notre vieux copain.
- — Tu ne réponds pas ? Je demande.
- — Je préfère m’abstenir pour le moment. Je rappellerai Luc plus tard.
- — Avant de t’enfiler sa nana, j’espère.
- — Écoute, j’aurais peut-être mieux fait de ne rien te raconter. Si je t’ai parlé de ma liaison avec Fanny, c’est parce que tu m’as déjà dit à plusieurs reprises que tu n’appréciais pas trop l’attitude hautaine de la femme de Luc. Je ne pensais donc pas que tu te formaliserais en apprenant qu’elle peut se comporter au lit comme une sacrée cochonne.
- — J’avoue que ça m’a fait sourire de savoir que cette fausse coincée du cul se fait tringler par un vieux copain de son jules officiel. Mais le fait que je puisse, moi aussi, faire partie du club des cocus m’amuse beaucoup moins.
- — Je vais t’aider à te détendre en te faisant un aveu. Ça fait des années que je trempe ma nouille à droite et à gauche et Stéphanie n’ignore rien de mes frasques.
- — Si tu crois que ça me console.
- — Laisse-moi finir ! Tout à l’heure, je t’ai raconté que ma chérie était allée s’occuper de sa mère. En réalité, elle est partie bronzer et s’éclater dans un hôtel club des Caraïbes avec deux de ses copines. Et je sais pertinemment que ces belles salopes n’y vont pas seulement pour soigner leur bronzage et qu’elles se font tringler toutes les nuits par des autochtones montés comme des ânes.
- — Tu te fiches de moi !
- — Pas le moins du monde, camarade. Et tant que Stéphanie fait gaffe à ne pas ramener de saloperies à la maison, je peux te dire que je m’en tape qu’elle se fasse prendre en double par deux ou trois chauds lapins des îles.
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Je regarde mon ami comme si mon univers venait de s’écrouler.
- — Mais bon sang, c’est quoi ce délire !? Tu es en train de me faire croire que notre monde n’est plus qu’un gigantesque lupanar dénué de sentiments et de raison.
- — Tu me fais de la peine Jacky ! Je ne veux pas te faire perdre tes illusions en généralisant à outrance. Mais regarde les choses en face. Parmi la dizaine de potes qui se connaissent et se fréquentent plus ou moins régulièrement depuis le lycée, il y en a effectivement certains qui sont rangés, comme Martin et Mélanie, avec leurs deux gamins, qui sont toujours aussi exclusifs et attachés l’un à l’autre. Mais il y a aussi dans le groupe, cinq mecs, dont nous faisons partie avec Luc, certes en couple, mais qui ne sont pas pressés de fonder une famille et préfèrent profiter de leur temps libre à glander plutôt qu’à torcher des gamins.
- — Ouais et alors ?
- — Eh bien, ça fait plus de six ans que j’ai rencontré Stéphanie, sept ans que tu es installée avec Élodie et presque huit ans que Luc et Fanny sont ensemble. Ce que je veux te faire comprendre…
Le ton moralisateur de Fred m’exaspère et je le coupe brusquement :
- — T’as oublié Pierre et Karim ! Ça fait combien de temps qu’ils sont en couple avec leurs nanas respectives ? Je ne vois toujours pas où tu veux en venir.
Fred me considère d’un air navré avant de reprendre :
- — Eh bien, puisque tu me parles de Karim et que tu as l’air assez hermétique à mon discours, je vais être plus direct. Sache que ton ancien binôme se tape Élodie depuis plus d’un an.
- — Quoi ! Tu te fous de moi !
- — J’aimerais bien, mais ce n’est pas le cas. Karim baise ta meuf au moins une fois par semaine depuis notre fameuse randonnée de l’été 2022.
- — Et comment tu peux savoir ça toi ? J’imagine mal Karim te faire des confidences de ce genre.
- — Parce que Stéphanie et Élodie n’ont aucun secret l’une pour l’autre et que je suis tombé par hasard sur un échange de mails.
- — Oh putain ! Quelle merde ! Ressers-moi un scotch s’il te plaît. Je sens que je vais en avoir besoin.
Je descends cul sec la moitié du verre avant de me lamenter.
- — Bordel, c’est pas vrai ! Moi qui ai toujours été irréprochable depuis que je sors avec Élodie. Je ne me souviens même pas d’avoir peloté une autre gonzesse pendant tout ce temps. Finalement, je vais finir par penser que c’est toi qui as raison.
- — Évidemment que c’est moi qui ai raison. D’ailleurs, nos aventures extra-conjugales ne nous empêchent nullement de bien nous éclater lorsque nous baisons ensemble, Stéphanie et moi.
- — Ouais, eh bien avec Élodie, c’est loin d’être le cas.
- — Que veux-tu que je te dise ? C’est peut-être pour ça que ta femme est allée voir ailleurs.
Je m’abstiens de répondre.
- — Sinon, tu as d’autres informations classifiées dont je pourrais bénéficier concernant notre joyeuse bande d’anciens lycéens ?
- — Pas plus que ça. Myriam a découvert récemment qu’elle préférait les femmes, mais tu le savais peut-être déjà puisqu’elle a été ta petite amie lorsque vous étiez en fac.
- — OK. Il vaut mieux en rester là sinon je vais finir par croire que j’ai basculé dans le camp des loosers aveugles. D’un autre côté, je n’ai jamais eu envie d’évoquer mes aventures sentimentales passées avec Élodie. C’est pourquoi je garde une certaine distance avec mes ex depuis que je suis en couple.
- — C’est ton choix. Et puis, pour le moment, Myriam et David font toujours vie commune même si ça ne devrait pas durer à mon avis.
- — T’as l’air drôlement renseigné.
- — Je n’ai pas de mérite. C’est par mon intermédiaire que Myriam a rencontré Christina. Et je n’aurais jamais imaginé qu’elles deviennent si proches.
- — Cette Christina est une de tes nombreuses conquêtes, je suppose.
- — En effet, et contrairement à toi, j’entretiens de très bonnes relations avec certaines de mes anciennes maîtresses.
Je contemple le plafond quelques secondes avant de déclarer :
- — Bon ! Si je résume. Tu partages une relation libre avec ta compagne Stéphanie et tu baises depuis peu la femme de Luc que je considère comme l’un de mes meilleurs amis. Myriam, mon ex de l’époque de la fac, va quitter David, son mec depuis six ans, pour aller vivre avec une nana. Et last but not least, Karim, mon ancien binôme du lycée, se tape ma copine Élodie depuis plus d’un an. Tu es sûr que tu n’as rien oublié ? En tout cas, une chose est sûre : j’aurais manqué quelque chose si je ne t’avais pas rendu par hasard visite aujourd’hui.