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Temps de lecture estimé : 32 mn
05/12/23
Présentation:  Difficile de faire ses courses avant les fêtes, que diantre.
Résumé:  Il se passe toujours quelque chose aux Grandes Galeries.
Critères:  #humour fh inconnu grosseins groscul poilu(e)s magasin strip vidéox lingerie entreseins cunnilingu 69 préservati pénétratio fdanus hdanus champagne
Auteur : radagast      Envoi mini-message
les Grandes Galeries Générales

Marc de la Ray, troisième du nom, député de la majorité, membre de la commission du logement à l’Assemblée nationale, remontait à toutes jambes le boulevard Winston Churchill. Voir un député courir de telle façon aurait pu en laisser pantois plus d’un si ce n’était l’heure tardive et l’absence de public intéressé par l’exploit.



*



Marc se lança en politique comme il menait l’entreprise familiale de gestion et conseils en placements financiers, c’est-à-dire en fonçant comme un taureau. Il fut élu dans un canapé, en balayant ses adversaires. Il fallait cependant signaler qu’une chèvre cacochyme aurait pu se faire élire dans cette circonscription acquise d’office à la majorité présidentielle.

Contre coup de ce coup d’éclat, le paternel dut reprendre le collier et gérer l’entreprise, aidé quand même par Odile, la sœur cadette de Marc. Un paternel, fier comme un paon de l’élection de son fiston, qui n’avait cessé de le pousser à entrer en politique, répétant à l’envi : « Un de la Ray se doit d’être aux affaires, là où se fait l’histoire ! »

Selon Marc, seul le nouveau président pouvait relever la République. Aussi se montrait-il sur les réseaux sociaux, à la télé ainsi que sur les ondes le plus ardent défenseur de son idole.

Dès qu’une décision de l’exécutif faisait polémique, MdR comme on le surnommait montait au créneau, montrant les dents tel un pit-bull défendant son maître.

Une baisse des APL annoncée par le Premier ministre déclenchait-elle une réaction des intéressés lésés ? Marc se faisait entendre : Cinq euros de baisse, qu’est-ce que cinq euros de nos jours, ils verront bientôt, ces étudiants, lorsqu’ils recevront leur première fiche de paye, s’ils font toujours la fine bouche.


L’augmentation de la CSG pour les retraités semait-elle la zizanie dans le pays, IL était encore là :

Les retraités sont des nantis, d’ailleurs quand on est âgé on peut facilement sauter un repas par jour et ainsi faire des économies.

Les retraites qui ne sont plus indexées sur l’inflation ? La belle affaire, il n’y a plus d’inflation, ceux qui disent le contraire sont atteints de troubles psychiatriques.


Les taxes sur le gasoil augmentaient ? Marc avait la solution : Prenez un vélo.


Les députés se plaignaient des faibles indemnités dues à leur fonction, il se trouvait encore en première ligne, cette fois pour hurler avec les loups : Avec cinq mille euros d’indemnités et d’aides diverses, c’est à peine si je peux me faire des pâtes, ma maman est obligée de me préparer des Tupperwares pour les repas.


Ses saillies suscitaient tellement le buzz que le président en personne lui demanda de se calmer un peu, de ne pas remettre de l’huile sur le brasier. Il se le tint pour dit, mais ne cessait de balancer des horreurs en petit comité. Faisant ses choux gras des sorties présidentielles comme les feignasses qui ne sont bonnes qu’à foutre le bordel ou encore si les femmes veulent du boulot, qu’elles apprennent d’abord à lire et écrire ! de même que la célèbre phrase : si tu veux du boulot, traverse la rue.

Conséquences de toute cette agitation médiatique, MdR devint la tête à claques numéro un. Il en récolta un autre surnom : RdC soit Ray de mon Cul .

Cependant, la situation devenait grave pour l’équipe dirigeante, une foule hostile se déversait dans les rues, sur les routes, qui à l’instar des feuilles d’automne teintait de jaune le pays, ce qui plongeait notre jeune député dans des abîmes de perplexité.

Chaque samedi, des heurts entre forces de l’ordre et manifestants agitaient les centres des grandes villes. Des gens en jaune passaient leur frustration sans distinction sur les magasins de luxe ou des épiceries de quartier.

Des opportunistes en profitaient pour piller et saccager.

Marc choisit un samedi de mi-décembre pour faire ses achats, espérant que l’esprit de Noël allait éclairer ces sauvageons, et que les manifestations et saccages cesseraient en cette période de fêtes, une sorte de trêve entre casseurs et confiseurs en quelque sorte. Il lui fallait acheter son caviar, son foie gras et divers parfums et spiritueux, pour célébrer dignement les fêtes de fin d’année en famille. Il ne pouvait reporter éternellement ces emplettes, que diantre.

Las, il se trompait lourdement.



oOo



Nathalie enrageait. Elle rayonnait pourtant quelques semaines auparavant, fin octobre, pour plus de précisions.

Lorsque l’agence d’intérim l’avait contactée pour un boulot, elle poussa un cri de joie à en réveiller tout le quartier. Lorsqu’elle rencontra la responsable du personnel des Grandes Galeries Générales, elle déchanta.

Une mission de deux mois, c’était toujours bon à prendre. Une mission à cette époque des fêtes, une mission rémunérée 1700 €, sans compter le dédommagement des frais de transport et les repas du midi gratuits, ressemblait à un cadeau inespéré. Surtout aux Grandes Galeries Générales, où l’on trouvait tout, des vêtements et sous-vêtements, des bijoux, de la nourriture, du vin et des meubles, des parfums, des jouets pour enfants et pour animaux de compagnie, même un restaurant étoilé. Les GGG, une énorme boutique sur dix étages, une machine à rêves pour les amateurs de luxe.

Certes, il fallait travailler sept jours sur sept pendant presque deux mois. Mais Nathalie acceptait de faire des sacrifices, le dimanche étant payé double.


Toutefois, le pompon, la goutte d’eau qui faillit mettre le feu aux poudres fut la rencontre avec Marie Vaudage, la responsable du personnel qui lui expliqua son boulot. Faire connaître aux clients le produit phare des GGG pour les fêtes, le produit plus, celui qui devait faire réagir, et par là même attiser la curiosité.

Le chocolat et le parfum X-Mas, spécialement créés pour l’occasion. Des chocolats et un parfum aphrodisiaque, pour passer un Noël et un Nouvel An très chaud.

Mais, et là, Nat atteignit son point de rupture, elle devait revêtir un uniforme. Enfin, revêtir était un bien grand mot. Un bustier qui lui laissait la moitié des seins à l’air, qui les lui faisaient tellement pigeonner qu’elle faisait concurrence à la mythique Jane Mansfield, reléguait Nabilla ou J.LO au rang de planches à pain. Ledit bustier, par manque de tissu sûrement, ne couvrait pas le ventre, lui laissant le nombril à l’air, un genre de crop top de la nativité en quelque sorte. Vu la saison, elle appréciait la définition des Québécois, le chandail bedaine.

Mais la plaisanterie ne se terminait point là. Elle devait porter une jupette qui s’arrêtait au ras de sa joie de vivre.

Le tout bien entendu rouge bordé de fourrure blanche, y compris la petite culotte ! Elle offrait un spectacle attrayant dans les escalators, mais aussi lorsqu’elle se penchait, mettant sous le nez des clients soit ses nichons, soit ses fesses.

Moindre mal, si le costumier osa les bas résille et les bottes rouges en similicuir bordées – elles aussi – de peluche blanche, il n’osa point le string écarlate, mais opta heureusement pour une large culotte enveloppante, un genre de culotte Petit Traîneau. Il n’oublia cependant pas le bonnet rouge avec un pompon qui faisait drelin-drelin à chaque mouvement.

Costume ridicule, à la limite du bon goût. Un bref instant, avant de signer son contrat de travail, elle songea à refuser, mais comment refuser près de 4000 € à cette période de l’année.


Bien évidemment, la foule se pressait à son stand. Surtout des hommes comme il fallait s’y attendre !

Des hommes de seize à quatre-vingt-seize ans ! Il n’y a pas d’âge pour reluquer une paire de nichons ou sous la jupe de la mère Noël. Cela allait de l’ado acnéique au papy chevrotant. Comme il fallait s’en douter, quelques tripoteurs, des types aux mains baladeuses lui rendaient visite. Des photographes du dimanche aussi tentaient d’immortaliser ces instants.

Heureusement que Victor, Sébastien ou Karim, des agents de sécurité, surveillaient son stand du coin de l’œil et venaient calmer les esprits trop entreprenants.

Étrangement, les femmes étaient les plus vindicatives. Elle fut en effet agressée aussi par quelques épouses ou mères de famille, jalouses de l’intérêt porté par leurs maris à cette mère Noël revue et corrigée par Manara. Heureusement, d’autres, plus curieuses qu’énervées, venaient lui quémander quelques conseils, non point pour acheter du chocolat ou du parfum, mais pour savoir où se procurer le même accoutrement afin de titiller la libido vacillante de leurs conjoints.

Des associations féministes ou pseudo-religieuses à la morale rigoriste tentèrent de faire fermer le stand, en vain.

La direction tint bon, surtout au vu des excellents résultats et du chiffre d’affaires plus que rondelet. Ces intégristes faisaient même une publicité gratuite aux produits vendus et surtout à la vendeuse.

Seul point noir, chaque samedi, des manifestations violentes se déroulaient dans les rues environnantes, empêchant les clients de venir faire leurs courses. Nathalie craignait les gaz lacrymogènes et les violences en général, d’où qu’elles viennent.



oOo



Marc décida de faire ses achats de Noël à la dernière minute. Il se disait que le samedi dix-sept décembre une trêve serait observée, point de manifestation ni de violences l’avant-veille de Noël, un peu de respect, voyons.

Il se mordait les doigts de sa stupidité, comment ai-je pu être aussi béjaune. Arrivé à l’intersection du boulevard Winston Churchill et de la rue Arthur Lupine, il se retrouva derrière une échauffourée entre des CRS et des émeutiers. Des pavés volaient vers les forces de l’ordre, des grenades lacrymogènes leur répondaient ; après ce tir d’artillerie, les deux groupes se lancèrent l’un contre l’autre avec force hurlements et imprécations, tels les Spartiates contre les troupes perses lors des guerres médiques.

Marc décida de rebrousser chemin en catimini. Las, il se fit repérer par un groupe de mécréants qui fracassaient une vitrine.



Aussitôt dit, aussitôt fait. Ils se lancèrent à la poursuite du député, qui ne demandant pas son reste, prit lui aussi ses jambes à son cou et fonça droit devant lui.

Il remontait le boulevard Winston Churchill à la manière de Husein Bolt, d’une foulée digne des plus grands champions olympiques du deux cents ou quatre cents mètres.

Il vit l’entrée des GGG, sans hésitation il s’y précipita alors que retentissait dans le magasin le message suivant :


Mesdames messieurs, en raison d’évènements indépendants de notre volonté et pour des raisons de sécurité nous vous demandons d’évacuer les locaux par la rue Omar Mite. Merci de votre compréhension.


Les volets métalliques se fermaient et personne ne le vit entrer, les vigiles étant occupés à faire évacuer les lieux par l’autre sortie. Personne ne le vit se précipiter aux toilettes et s’enfermer à double tour dans la cabine la plus éloignée de l’entrée.

Les poursuivants du député se firent intercepter par une troupe de Gendarmes mobiles en goguette.

Assis sur le trône, Marc tremblait comme une feuille et tentait de reprendre sa respiration, il n’avait plus couru ainsi depuis… depuis… depuis qu’il avait passé le bac, option sport ! Depuis douze ans et sans même obtenir la moyenne. Cette fois, il l’aurait obtenue, cette fichue moyenne, et haut la main encore !



oOo



Nathalie faisait goûter des chocolats X-Mas à une ménagère de moins de cinquante ans désireuse de réveiller la vipère de calcif en hibernation de son conjoint lorsque l’annonce retentit.


Mesdames messieurs, en raison d’évènements indépendants de notre volonté et pour des raisons de sécurité nous vous demandons d’évacuer le magasin par la rue Omar Mite. Merci de votre compréhension.


Victor passa en courant devant le stand X-Mas. Il s’arrêta juste un instant pour informer les deux femmes.



La femme acheta son paquet de chocolat et fila en vitesse vers la sortie.

Sortir, sortir, maronnait la mère Noël version « Journal du Hard », Il faut d’abord que je me change, je ne vais pas me balader en ville dans cette tenue !


Elle s’obligea à fermer sa boutique sans paniquer, puis se dirigea vers les vestiaires, tout en bas du bâtiment. À son arrivée, la dernière de ses collègues venait de partir. Elle allait commencer à ôter sa tenue idiote quand l’électricité fut coupée.



Le silence lui répondit.



Elle songea de suite à prendre son téléphone et à appeler au secours, mais comme une andouille, elle venait de se lancer dans une semaine sans écrans. Luttons contre l’addiction numérique, disait le slogan. On voyait bien que celui qui avait inventé ce truc ne s’était jamais retrouvé coincé dans des vestiaires, tout seul, dans le noir un samedi soir, déguisé en mère Noël sexy, alors que dehors la révolution débutait !

Elle sortit doucement des vestiaires et se rendit compte qu’il faisait aussi sombre dehors que dedans. Seul l’éclairage des issues de secours donnait un semblant de lueur verdâtre, propice à flanquer les jetons au Jason de vendredi 13 !


Juste à côté de la porte des vestiaires se trouvait la porte des toilettes de la clientèle. Elle passait devant lorsque cettedite porte s’ouvrit en grinçant, un grincement de film d’épouvante, résonnant dans le magasin vide, et qu’un être tout droit sorti de l’imagination de Georges A Roméro surgissait tel un diable de sa boîte.



Nathalie partit à toutes jambes en hurlant. Le zombie tentait de la suivre en titubant.



La Nathalie heurta un mur de plein fouet et se retrouva assise sur le cul.



Recroquevillée dans un angle du couloir, elle attendait que le démon des toilettes lui donne le coup de grâce – oui, elle regardait trop de séries d’horreur – et la dépèce sur place.



Réflexion faite, le démon semblait civilisé, il lui tendait la main. Son costume de grand couturier et ses lunettes sur le nez lui donnaient l’air d’un homme d’affaires. Il lui tendait la main, mais reluquait ses cuisses cet enfoiré. Même mieux, en l’aidant à se relever, il ne put s’empêcher de détailler la petite culotte rouge à la lueur de la sombre clarté tombant des veilleuses. Elle venait de tomber sur un démon libidineux.



Et elle partit, digne comme une reine, en tortillant du croupion. Un instant déstabilisé, Marc reprit vite ses esprits.



Il courait après elle en trottinant, ne désirant pas rester seul dans le noir.



Ils firent le tour des portes, des issues de secours, ils étaient bel et bien enfermés et seuls. Les rideaux métalliques bel et bien abaissés et infranchissables. Les gardiens de nuit avaient déserté eux aussi.



Ils s’assirent sur un banc face au rayon nounours.



Il poussa un soupir à fendre l’âme d’un ministre du budget.



Ils soufflèrent, cette fois tous deux, de désespoir.



Elle entreprit de raconter son histoire.



Elle lui sourit et lui demanda comment il s’était retrouvé coincé avec elle. Il lui raconta toute son histoire.



Ils restèrent silencieux quelques minutes, guettant les bruits de la rue où des cris et des explosions retentissaient encore. Marc ruminait ces révélations. Il n’avait que peu fréquenté le petit peuple, les sans dents comme disait un certain, il voyait le monde sous un éclairage nouveau.

Une idée saugrenue lui trottait dans la tête.



MdR se pencha devant la jeune femme, lui fit un baise-main et déclara :




oOo




  • — Bonjour, en direct de la matinale avec Didier Calvitie.
  • — Il est 7 heures en ce dimanche dix-huit décembre. Bienvenue sur France Info. Voici le journal présenté par Laure Hygine.
  • — Merci Didier. Hier encore, jusque tard dans la nuit, de violents affrontements ont opposé les forces de l’ordre aux manifestants, parmi lesquels des éléments incontrôlés s’étaient infiltrés. De nombreux dégâts sont à déplorer. Le préfet vient d’annoncer que les magasins pourront ouvrir à partir de 11 heures, le temps de nettoyer et sécuriser les abords.


La ville commençait à se réveiller après cette énième journée et soirée de violence. Les gens sortaient de chez eux, enjambant les débris de ce qui fut des vitrines et des décorations de Noël.



  • — Bonjour, dix-huit décembre, il est huit heures, bienvenue sur France Info. Voici les dernières nouvelles présentées par Laure Hygine.
  • — Après cette soirée de violences, les rues retrouvent un semblant de vie. Les Parisiens tout étourdis par cette nuit d’émeutes découvrent avec stupéfaction les rues dévastées. Un reportage de Paul Hussion.


Les commerçants tentaient d’ouvrir leurs échoppes et essayaient de sauver ce qui pouvait encore l’être.

Les services d’entretien et les vigiles entrèrent à neuf heures trente pour commencer à nettoyer et inspecter les Grandes Galeries Générales, qui devaient ouvrir à 11 heures.



  • — Bonjour, dix-huit décembre, il est dix heures, les dernières nouvelles présentées par José Paldir.
  • — Toujours cette journée et cette nuit de manifestations au centre de l’actualité, mais avant d’en venir à des sujets plus graves, la nuit n’aura pas été triste pour tout le monde. En effet, des vigiles viennent de retrouver un couple profondément endormi, ce matin, dans les Grandes Galeries, et il semble qu’ils aient goûté à toutes les bonnes choses qui s’y trouvaient. Certains se sont donné du bon temps.


Lorsque les services d’entretien et les vigiles vérifièrent chaque étage, ils se rendirent vite compte que quelque chose clochait. Ils trouvèrent des vêtements épars dans le rayon habillement hommes et femme.

Le thème de la décoration de cette année était le « cocooning », terme barbare définissant le confort douillet, un appartement complet était reconstitué au troisième étage.

D’abord une salle à manger ornée d’un sapin, une cheminée d’où descendait un père Noël en peluche, et une table spécialement apprêtée pour un repas de fête. Table utilisée car, caviar, vodka, whisky, saumon, foie gras, sauternes, des tranches de volaille ou de la viande des grisons, des pâtisseries, une bouteille de Romanée-Conti et une de champagne y traînaient, bien entamées.

L’escouade continua son inspection, redoutant le pire.

Au même étage, dans la reproduction de la chambre, ils tombèrent sur les indélicats ayant foutu le bordel dans les Grandes Galeries Générales.

Un couple, allongé sur le lit, dans le plus simple appareil, tendrement enlacé et dormant à poings fermés.



  • — Bonjour, dix-huit décembre, il est onze heures, le flash info présenté par José Paldir.
  • — Nous vous annoncions la découverte d’un couple ayant passé la nuit et ayant fait bombance dans les Grandes Galeries Générales. Premièrement, les intrus ne se sont pas contentés de festoyer, ils ont été découverts nus dans un lit par les employés, et selon des sources dignes de foi, l’homme serait MdR, Marc de la Ray, le célèbre et remuant député de la majorité présidentielle.



oOo



Le couple fut réveillé manu militari par le personnel en rogne. Une fois prévenu, le directeur vint en personne, accompagné de policiers hilares, tout heureux de faire autre chose que de se colleter avec des manifestants enragés.

Il fallut tout d’abord demander aux intrus de passer des vêtements. Le directeur poussa les hauts cris lorsque Nathalie voulut enfiler sa robe Gucci. D’accord, elle avait été portée, mais ce n’était pas une raison pour faire n’importe quoi. Portée ou pas, cette robe était la propriété des GGG.



Le directeur, les vigiles et les flics l’empêchèrent de bouger, aussi s’enroula-t-elle dans un drap de satin, s’en faisant une toge telle une patricienne romaine.

Marc remit son costume Armani.



On demanda les papiers des intrus, Nathalie répéta que ses papiers se trouvaient en bas, avec ses vêtements, et le ton commençait à s’échauffer entre elle et les autres intervenants. Marc calma tout le monde en montrant les siens.



Ils descendirent et Nathalie demanda à récupérer ses habits de mère Noël, afin qu’elle ne se promène plus les fesses à l’air.



S’ensuivit une discussion houleuse où il était question de menotter les délinquants. Et que la panoplie de mère Noël appartenait au magasin, donc, pas question qu’elle la récupère. Après moult négociations, elle fut autorisée à se vêtir décemment… en mère Noël !



Ils sortirent des Grandes Galeries Générales, menottés et enfournés dans un panier à salade. Des journalistes, des paparazzis ou des simples curieux mitraillaient à tout va, enregistraient des vidéos pour la postérité. Un député et une mère Noël sexy enchaînés l’un à l’autre allaient faire les choux gras des feuilles… de chou.



Mardi 19 décembre. 19 heures



Personnage proche d’un faune ou un satyre lubrique de la mythologie, il sautillait partout, savourant à l’avance sa surprise.



Il fit un rapide résumé de la situation, images à l’appui, où l’on voyait le député sortir du bâtiment, menotté, entouré de policiers, en compagnie d’une jeune femme sobrement vêtue d’habits de saison, et elle aussi menottée.



Alors qu’il expliquait le contexte, le film se lançait :


D’abord les allées vides, les décorations de Noël qui ne clignotaient plus. Puis l’on voyait apparaître à l’écran deux personnes étranges, un gars vêtu d’un loden anthracite et d’un costume de grand couturier, un type qui se massait l’entrejambe en grimaçant, accompagné d’une jeune femme aux longs cheveux blonds, dans le plus improbable des costumes, celui d’une mère Noël très olé olé.

Malgré l’absence de luminosité, l’image était parfaite grâce aux caméras haute définition. On pouvait même discerner les couleurs des vêtements et du décor.

Assis sur un banc, les deux intrus discutaient avec animation.



Le couple se rendit tout d’abord au rayon costumes hommes, où MdR ne mit guère de temps à choisir un smoking Tom Ford, avec chemise, chaussures et nœud pap’ assortis. Il semblait quémander l’avis de sa compagne.

Puis ils se dirigèrent vers les vêtements féminins, où elle sélectionna quelques robes de chez Balmain, Gucci ou Yves Saint-Laurent. Pendant ce temps, Marc de la Ray farfouillait avec frénésie dans les petites culottes, bas et porte-jarretelles.

La jeune femme apparut dans une élégante robe de soirée bleu nuit. MdR fit celui qui recevait un choc en plein cœur. Puis il lui présenta les sous-vêtements, elle semblait le gronder gentiment.



Pendant que Nathalie se refaisait une beauté et enfilait les sous-vêtements dans les cabines d’essayage, Marc amenait sur la table vins et mets délicats. Il installa aussi des lumignons en forme de chandeliers, ainsi qu’un énorme nounours et une fiole de parfum sous le sapin, du N° 5 de Chanel. Chacun de leurs côtés avait récupéré une boîte de préservatifs, au cas .



La soirée continuait sans accrocs.

Repas aux chandelles et cadeaux de Noël dans la plus pure tradition. Nathalie ramena une cravate de soie et la posa sur une bouteille de champagne.

Ils passèrent à table, MdR présentant la chaise à son invitée, tel le gentleman qui sommeillait en lui.

Les bouteilles défilèrent à un rythme soutenu. Marc avait dégotté un antique phonographe sur lequel il passait des vinyles. Il invita Nathalie à faire quelques pas de danse. Collés l’un à l’autre, ils évoluaient lentement, sensuellement.



Le public et les intervenants se turent, la salive coulant presque de leurs lèvres, tels des Dogues de Bordeaux devant une côte de bœuf.


Marc de la Raye embrassait les cheveux de sa cavalière tout en lui caressant le dos dénudé. Nathalie leva le visage, alors il posa ses lèvres sur celles de la jeune femme. S’ensuivit le baiser le plus délicat et sensuel jamais vu…


Ce qui fit trépigner de plaisirs malsains le plateau de PTT. Sifflements, hurlements obscènes et cris d’animaux redoublèrent.


Par on ne sait quelle opération la robe de Nathalie glissa de ses épaules et elle se retrouva en petite culotte et la poitrine à l’air.



Tout en embrassant Nathalie, Marc caressait un sein, glissa les doigts sous l’élastique de la culotte, ce qui déclencha la frénésie de la jeune femme, elle se mit à lui enlever ses vêtements le plus rapidement possible ; MdR, galant homme, lui facilita le travail en se dénudant complètement.

Sans être un Apollon, son corps n’était pas désagréable à regarder, pas un poil de graisse ne venait ternir son image. Le dernier sous-vêtement de Nathalie ne survécut pas à la tornade. Elle arborait une toison dense et sombre, un triangle touffu, un jardin à l’anglaise, un édredon à bistouquettes.



Les commentaires sur le plateau de PTT ne se firent pas attendre : ce sont des morts de faim, il y a longtemps qu’il n’a pas trempé le biscuit, elle va se faire reluire, vu la taille de son cul ça ne lui arrivera plus de sitôt !



Puis la tension monta, car on attaquait les choses sérieuses. Le silence se fit sur le plateau.


Marc glissa les doigts dans la sombre pessière, cherchant ravines, pic et grottes secrètes, qu’il trouva aisément vu l’état de béatitude de Nathalie. Il embrassa la belle chocolatière, les yeux, les lèvres, les joues, le bout du nez, tout y passa. Avant de descendre sur le cou, puis sur les seins moelleux aux tétons dressés qu’il titilla du bout des dents.

Il s’intéressa au nombril qu’il sonda du bout de la langue, mordilla les hanches, la faisant rire et se trémousser sous les chatouilles. Il s’aventura sous le bassin, posant ses lèvres sur l’intérieur des cuisses, là où la peau est si fine et si sensible.

Il enfourna enfin son nez dans l’épaisse toison. Apparemment, il maîtrisait son sujet, car la jolie vendeuse de chocolat rayonnait, agrippait les cheveux de MdR, mordait un oreiller, soulevait le bassin vers la bouche qui lui prodiguait une douce torture ou triturait les draps.


Sur le plateau de l’émission, les commentaires allaient bon train.



Marc venait de se positionner à genoux entre les jambes de Nathalie et dirigeait vers son ventre en feu sa lance d’incendie. Il amignonna du bout du gland les lèvres et le clitoris avant de s’aventurer dans de douces contrées. Nathalie ouvrit la bouche de surprise, fit un grand sourire et ferma les yeux pour goûter pleinement la sensation.

Marc entama une série de va-et-vient langoureux entrecoupés de petits coups de reins rapides, faisant réagir sa compagne d’infortune. Ils tinrent ainsi pendant quelques minutes avant que Nathalie n’entoure les hanches de MdR de ses jambes et lui agrippe le cou. Elle projetait son bassin à la rencontre du pieu qui la perforait. Les percussions gagnaient en violence.

Ils s’embrassèrent comme des morts de faim en se trémoussant, la jeune femme ne savait plus trop où elle se trouvait et Marc affichait le sourire béat de celui qui vient de faire un parcours parfait.


Le silence régnait sur le plateau, certains buvaient quelques gorgées d’eau pour se donner une contenance.



Les hommes s’irritaient de voir tresser des lauriers à un autre qu’eux, aussi se lancèrent-ils dans une campagne de dénigrement.



Reprenant leurs esprits, les deux « prisonniers » se sourirent et se firent quelques papouilles et chatouilles, échangèrent quelques baisers de plus en plus incandescents.

La main de Nathalie se posa par « inadvertance » sur un membre qui reprenait vigueur, elle lui prodigua quelques caresses de haut en bas et de bas en haut, puis osa poser la langue sur le bout du minaret qui avait perdu sa capuche. Un bisou sur la tête, un autre sur la hampe, puis elle emboucha la trompette de Jéricho et entama un solo avec l’instrument.

MdR souriait aux anges tandis qu’elle l’absorbait presque en entier et lui massait les castagnettes. Il jouait avec une mèche de cheveux, y enroulant son doigt, il lui caressait la nuque et les joues. Nathalie ne se déconcentrait pas et prodiguait une pipe de rêve à son amant, n’hésitant pas à enserrer le noble dard entre ses seins somptueux.

Une crispation des lèvres du député laissa présager une issue proche. Elle ne se déconcentra pas et on la voyait déglutir tandis qu’il envoyait la marchandise.

Nathalie nettoya du bout de la langue les quelques gouttes qui traînaient sur le gland, ramassa une serviette et s’essuya délicatement les commissures des lèvres, provoquant l’hilarité de son compagnon, qui l’embrassa fougueusement.



Pendant que les différents chroniqueurs s’invectivaient, comme de coutume, la vidéo continuait.


Les deux « vedettes » à l’insu de leur plein gré se reposaient, serrés l’un contre l’autre. Nathalie, blottie dans les bras de Marc, posait la tête sur le torse de son compagnon et lui dessinait du bout des doigts des arabesques sur le ventre. Il déposait un baiser sur les cheveux ou sur la tempe de la mère Noël.

On les voyait discuter, mais sans son (ne pas confondre avec Véronique), difficile de se faire une idée de leurs échanges. Peut-être aurait-il fallu inviter un spécialiste de la lecture sur les lèvres.

Nathalie se mit à quatre pattes et entreprit de verser du champagne dans les flûtes. MdR observait d’un œil intéressé la chute de reins exhibée sous ses yeux.

Égrillard, il passa un doigt facétieux sur les lèvres luisantes, du clitoris jusqu’au défilé des Thermopyles, puis reprit le chemin inverse, faisant éclater de rire la jeune femme qui tortillait du fion. Elle semblait craindre les chatouilles, mais ne faisait guère d’efforts pour y échapper.

Il se mit à genoux derrière elle, lui embrassa le joufflu, colla son bas ventre au popotin de la belle et entama la Chevauchée des Walkyries. Elle creusait les reins pour laisser pénétrer l’envahisseur.

Pendant dix minutes, ce ne fut que coups de reins acharnés, les seins de la jeune femme sonnaient le tocsin, pour finir en apothéose, où MdR s’affalait sur le dos de sa compagne en lui mordant et léchant l’épaule.

Elle remplit enfin les flûtes de champagne, qu’ils burent en se regardant dans les yeux, Marc déposa quelques gouttes sur les tétons qu’il lécha. De fil en aiguille, ils s’échauffèrent de nouveau et se retrouvèrent bien vite tête-bêche, se livrant à un sixty-nine de haute tenue, des doigts se perdant de part et d’autre dans de sombres contrées, les siamoises furent câlinées. Puis le couple s’allongea sous les draps et s’endormit dans les bras l’un de l’autre, épuisé par leurs activités nocturnes et par les émotions de la journée.


Sur le plateau, la confusion régnait. Chacun et chacune avait une opinion bien arrêtée. Deux clans s’affrontaient.

Pour les uns, les deux officiants pratiquaient une levrette de bon aloi, une baise classique, mais qui, bien interprétée, pouvait faire grimper aux rideaux.

Les autres affirmaient qu’il lui avait alésé l’anneau de Saturne en une sodomie redoutable.




le 27 décembre 20 heures


La diffusion de cette vidéo à une heure de grande écoute fit grand bruit. Tous les chroniqueurs de la presse écrite, radio ou télé donnèrent leur avis sur ce fait, mais aussi pour lancer des piques à cet emmerdeur de Marc de la Ray ou encore à Yann Yzette et son émission à la con. Ils se trouvaient tous au centre d’une tempête médiatique, mais aussi et surtout la malheureuse Nathalie et MdR. Même la CNIL et l’ARCOM furent saisis.



*



Joséphine de la Chaudière, assise confortablement sur son fauteuil, présenta ses invités, répartis autour du grand bureau du BlablaFm.TvShow, l’émission de grand débat de la célèbre chaîne d’info en continu : Blabla.niouzes, qui débattait des évènements de la semaine.



Tout un chacun d’opiner du chef en saluant la maîtresse des lieux, aussi joyeux qu’une crise d’hémorroïdes.



À cet instant, un remue-ménage se fit entendre dans les coulisses.



À cet instant, un individu échevelé et débraillé pénétra dans le studio, poursuivi par une petite bonne femme énervée et par deux membres du personnel de la sécurité hilare.



On pouvait entendre une mouche roter sur le plateau.



Il laissa le temps d’apprécier sa révélation, et enfonça le clou.



En orateur avisé, il marqua un temps, puis reprit.



Il salua avec élégance l’assemblée ébahie et sortit en souriant.



ooOOoo



Sur le trottoir, devant le studio, il marqua un temps d’arrêt. La neige tombait depuis quelques heures et recouvrait les trottoirs d’une couette blanche. Son haleine s’envolait en volutes de buée.

Il songea à Nathalie, peut-être habitait-elle aussi un appartement passoire thermique, qu’elle grelottait seule, quelque part.

Il s’apprêtait à appeler un taxi quand il la vit, sur le trottoir d’en face. Elle était emmitouflée dans un grand manteau gris, une écharpe autour du cou et un bonnet à pompon sur les cheveux.

Elle le regarda et lui fit un petit signe timide de la main.

Il la rejoignit rapidement.



Elle l’observait, étonnée.



Il passa un doigt sur la joue froide de Nathalie, ce qui lui donna des frissons.



Il éclata de rire, lui prit la main et l’emmena vers le taxi qui les attendait.




ooOOoo




  • — 29 décembre. Il est 8 heures. Flash info présenté par José Paldir.
  • — Mesdames, messieurs, bonjour. Énième rebondissement dans l’affaire dite des Grandes Galeries Générales. Hier soir, alors que se déroulait en direct l’émission Pas Touche à ma Télécommande, Marc de la Ray s’est introduit subrepticement dans les studios en compagnie de sa « fiancée », la fameuse Nathalie, et à la faveur de complicités internes ont entarté toute l’équipe de chroniqueurs et le présentateur, Yann Yzette tandis que le public hilare et enthousiaste scandait sur l’air des lampions Mdr président

Gageons que nous n’avons pas fini d’entendre parler de ce couple bien sympathique !