n° 22205 | Fiche technique | 19748 caractères | 19748 3319 Temps de lecture estimé : 14 mn |
27/12/23 |
Résumé: Les amants arrivent au bout de leurs jeux et de leurs confidences | ||||
Critères: fh hotel douche amour caresses nopéné | ||||
Auteur : Nycthémère Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Chambre 26 : Intime carrousel Chapitre 04 | Fin provisoire |
Résumé des épisodes précédents :
Les jeux entre les amants sont de plus en plus envoûtants. Vincent me proposa de reprendre nos jeux d’écritures en instiguant des lancés de dés simultanés qui stimuleraient notre créativité et pimenteraient nos récits. C’était là une manière détournée de m’inciter à me dévoiler un peu plus, au fil des lignes que je produirais. C’est ainsi que nous sommes entrés dans une forme de jeu de miroirs subjuguant.
Réveil « Antre d’eux ». La peau de Vincent encore assoupi contre la mienne. Enveloppante volupté.
Recours à mon toc de survie.
Concentrer mon attention pour éviter la crise d’hystérie.
Mentalement, je pianote sur le matelas : 1, 2, 3, 4, 5, 1, 2, 3, 4, 5, 1, 3, 5, 2, 4, 2, 4, 2, 4, 1, 3, 5, 5, 4, 3, 2, 1… 5, 6, 7, 8, 9, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 2, 4, 6, 8, 10, 9, 7, 5, 3, 1…
Les secondes s’écoulent à la vitesse des heures. Une éternité me guette.
Sur fond de mélodie inconnue qui s’est invitée au hasard dans ma tête, je compte les notes. J’intellectualise la partition.
Les images de cette nuit me reviennent comme des flashes. Était-ce moi ? Une autre ? Qui ?
1, 3, 5, 5, 4, 3, 2, 1…
Je ne connais rien au passage obligatoire du solfège que j’aurais réfuté, s’il m’avait été permis d’apprendre le piano comme je le rêvais secrètement à six-sept ans. Trop contraignant, comme aujourd’hui décortiquer des pas de danse pour préparer mon gala. Pas besoin d’apprendre la technique pour danser. On a le sens du rythme ou pas. Les sens en exergue : le goût, l’oreille, l’odeur… Ou pas. C’est intuitif. Naturel. Ou pas.
Néanmoins, j’apprends la discipline. Je m’y conforme depuis que j’ai compris qu’elle est essentielle pour assurer le confort et l’harmonie dans ma vie. Rassurance.
Toujours dans ma tête. Je décompose pour mieux atteindre la maîtrise.
C’est l’histoire de ma vie. Jamais vraiment à ma place. Sauf depuis quelques mois, où j’ai l’impression de me rapprocher du Graal avec ce nouveau job. Imposture. À quel moment vais-je saboter l’ascension qui me submerge ?
10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 2, 4, 6, 8, 10, 9, 7, 5, 3, 1…
Si j’avais à choisir mon chiffre, ce serait le 7.
Mon département, mon année, ma maison… tout est 7.
Chiffre sacré ; chiffre de lumière.
Le 7, c’est l’or. Celui du Kintsugi qui sublime les blessures de tout mon être brisé , réparé, consolidé, embelli.
Résilience transcendant mes épreuves. Transformer le plomb en or, c’est ma vocation.
L’or résilient, qui rappelle que mes cicatrices, visibles ou invisibles, sont la preuve que j’ai surmonté mes difficultés.
Encore plus beau, encore plus précieux, encore plus résistant, encore… là ! » Céline Santini – Kintsugi, L’art de la résilience
En matérialisant mon histoire, elles disent : « tu as survécu ! » et m’apportent ce supplément d’âme que peu de femmes acquièrent, flouées par des soutiens females/féministes, révoltés, agressifs et violents qui, trop souvent, entretiennent et nourrissent l’état de victime et la vengeance, au détriment de reconstruire solidement l’âme brisée et d’atteindre un degré de sérénité alignée à son essence.
J’étais la septième merveille du Monde de mon père, je suis l’indigo de l’arc-en-ciel, pécheresse de gourmandise et de luxure dans ce lit. Ici et maintenant, avec Vincent.
Pourtant, le 3 m’a été donné par mon nom de baptême : sociable, communicante, expressive, adaptable… chiffre du ciel, du divin, de la trinité.
Complémentaire au 7, essence de mon « Être », qui symbolise la vie intérieure, l’intellect, la foi et la volonté ? Ou dualité ?
De l’intérieur, une voix agacée : « On s’en fout, Célia ! Le prénom n’est qu’une étiquette. »
1, 2, 4, 6, 8, 10, 9, 7, 5, 3, 1…
Le 7 c’est avant tout l’union de la matière et de l’esprit. Ce qui me permet de vivre ces expériences tantriques à la limite du paranormal.
La révélation du psycellium1 ; reste à prouver. Mais il est certain qu’il y a un lien invisible, voire indéfectible, qui relie certains êtres. Ce système nerveux psychique qui permet une connexion sensitive de quelques-uns à d’autres.
Une autre forme de construction neuro-cognitive, déjà reconnue propre aux atypiques, qui leur confère une émotivité singulière.
J’ai éprouvé ce lien avec quelques rares personnes, qui provoquent en moi ce « je ne sais quoi fusionnel » aux premiers instants de la rencontre ; comme si nous nous reconnaissions. Fut-elle physique ou dématérialisée. Celui-là même qui nous transporte chaque fois, Vincent et moi dans cet Hôtel.
La chambre 26 est un sas psychique, dans lequel nous nous retrouvons.
Ces retrouvailles sont réellement immatérielles. Pourtant, toute sensorialité à mon corps est réellement physique et viscérale.
Par exemple, à cet instant précis, je voudrais me trouver n’importe où pourvu que ce soit ailleurs qu’ici, dans cette chambre, dans ces draps avec Vincent. Trop d’acuités à mon corps à cœur charnel ces dernières heures. Implosion cérébrale.
Le cri de Munch hurle aphone depuis le creux de mon ventre. Sentiment d’abandon. Tétanisée à l’idée de devoir encore trouver des mots. Supplice.
Je suis cette feuille d’un rouge orangé flamboyant, qui tournoie à la bise d’automne.
Tourner le dos. Plisser fort les paupières. Prier pour que tout disparaisse. Pour que JE disparaisse. Que cet ici et maintenant ne soit plus.
Les larmes abondantes ruissellent d’impuissance.
Je m’extirpe des draps imbibés des souvenirs du carrousel lancé cette nuit avec Vincent, inhibée par la peur de confronter mon regard au sien à la pleine lumière du jour. Comme au lendemain d’une nuit fiévreuse. Dégoût.
Il n’a plus besoin de deviner ma biographie par tentative de lecture à travers mon regard. Il connaît à présent presque tout de moi. Je devrais partir… Fuir ! Et pourtant… Cette chambre 26 a ce je ne sais quoi de magnétique.
J’allège mon corps de sa main, de son bras, posés sur moi. Aussi délicatement et silencieusement que faire se peut, pour me glisser sous l’eau brûlante de la douche.
Je pose mon cul sur la céramique froide. Mes bras plaquent mes genoux à ma poitrine ; réfugiée dans la buée qui investit lentement la cabine étroite.
Me laver des restes de ces souvenirs trop pesants. Trop douloureux par la violence qu’ils ont gravée dans ma mémoire ; spirale coronaire qui tournait comme un disque rayé.
Cette nuit qui s’achève ici fut encore une fois d’une rare intensité.
Nos in-tensions émotives calquées sur la même longueur d’onde avec Vincent. L’exutoire de mes pensées.
J’avais retenu d’un de mes multiples visionnages de « Mange-Prie-Aime » quelques « sages » paroles de Ketut : « Seul moyen de guérir, c’est : Confiance. Ça bien. Avoir cœur brisé, c’est preuve que tu as tenté quelque chose » […] « Quelquefois, perdre équilibre par amour fait partie de vie équilibrée ».
Sursaut de recul craintif, qui m’expulse instantanément de mes pensées pour revenir à la réalité. Vincent vient de poser sa main bienveillante sur mon épaule.
Les victimes savent ce réflexe reptilien par instinct de survie, à bondir au moindre geste inapproprié ; stimuli d’inquiétude. À l’affût de ceux-ci ; toujours dans la maîtrise, pour mieux se protéger. « Parce que si tu ne sais pas encore pourquoi tu morfles, cherche un peu et tu trouveras ce que tu as fait de mal. Tu comprendras que tu l’as mérité ».
Fuir. Animal proie. À l’image de l’équidé.
Le bleu perçant de ses yeux a quelque chose de rassurant. D’apaisant. Je lâche prise. Vincent réussit à m’apprivoiser en saisissant la pomme de douche pour faire danser l’eau sur mon corps. Sa douceur a l’effet immédiat d’une injection de Diazepam qui lui permet de glisser sa main sous mon aisselle permettant de dessouder mes bras ; m’invitant à relever mon corps léthargique.
Je reprends peu à peu mes esprits, au souvenir de cette nuit passée à ébranler nos intimités charnelles autant que nos souvenirs. Mes angoisses s’estompent, tandis qu’il ôte la pomme de douche pour laisser la complète pression de l’eau concentrée en un seul jet. Effet Kärcher qui décollera certainement les incrustations qui persistent. Sensation vivifiante dans l’interstice de chacun des plis de mon épiderme, quand ce n’est pas sur mes courbes généreuses. Shining Light2 ; passe en fond sonore dans ma tête.
My days of feeling lonely
Ever drift away, fading lines
Every time that you say you love me
I see the light.
J’ai, paraît-il, quelque chose de « céleste ». C’est aux cieux que Vincent me rend lorsque le jet se perd entre mes lèvres. Mes muqueuses gonflées de plaisir, tandis que mes mains tentent vainement de s’agripper au carrelage de la douche. Cambrée sous l’effet de ses jeux de va-et-vient entre mes orifices, quand ce n’est pas pour chatouiller mon bourgeon rose au paroxysme de l’éclosion.
Depuis mon ventre qui explose, une sensation libératoire s’empare de moi, parcourant diaphragme et poumons, avant d’être expulsée par ma gorge. Les cordes vocales vibrent autant que mon corps entier, relayant Munch en sépulture, avant de laisser s’exprimer la Callas virtuose, censurée jusqu’ici. Vincent joue de mon instrument avec une telle dextérité, que mon timbre oscille de mezzo à soprano, révélant ma puissante colorature aux voies divines.
La source tarie, Vincent enveloppe mon corps d’une serviette éponge.
Merci Vincent.
Il est temps pour moi de rentrer maintenant.
J’espère que tu ne m’en voudras pas. Mais j’ai besoin d’être seule. De marcher. Retourner dans « notre » parc pour me gonfler de bouffées d’air frais.
Reconnaissante, je dépose un pudique baiser sur la joue chaude de Vincent. Son Être tout entier dédié à mon exclusivité. Je sens déjà poindre la nostalgie dans son regard. Capitulant, devant cette nouvelle énergie émanante, il feint d’un sourire sincère de me pousser dehors.
Moins de quinze minutes plus tard, comme l’enfant naissant, au milieu de ces parterres de fleurs colorées, je pousse mon premier cri à la vie, porté par la bouffée d’oxygène que j’inspire à pleins poumons.
Chaque échec passé, chaque déception, n’ont été qu’un moyen gestatif supplémentaire de me rendre plus solide dans l’affirmation de moi-même. Soit, je gagne ; soit j’apprends.
Célia est partie. Je pose mes yeux sur le champ de bataille amoureux de notre nuit. L’odeur puissante de son corps envahit l’espace. Mes mains frémissent encore de toutes les caresses que j’ai posées sur sa peau.
Peu à peu, le champ de bataille se transforme en désert. Le manque d’elle monte aussi sûrement que le soleil à l’horizon de mon esprit saturé d’émotions et de sensations fulgurantes.
En s’offrant à moi de si intense manière, elle m’a atteint au cœur.
Je sais déjà les ravages que vont provoquer l’immensité du bonheur qu’elle m’a offert, et l’insupportable manque d’elle qui croît depuis qu’elle a refermé la porte derrière elle.
J’ai pactisé avec le diable en posant mes mains entre ses cuisses. Mes prières païennes à genoux devant son saint bourgeon ont été exaucées au-delà de mes désirs les plus fous. Elle a magnifié l’Homme en moi en partageant le Graal de sa féminité. Ses charmes irrésistibles ont fait de moi un absolu monothéiste de sa liturgie intime.
Avec elle, j’ai dépassé une limite rassurante. Après elle, mon ticket de transports amoureux ne sera plus jamais valable. Par elle, les sept voiles se sont déchirés.
Aucun retour possible. Je ne peux qu’avancer, en acceptant de ne plus savoir où cela me mènera. Tout en sentant intuitivement que je vais progressivement me diluer dans un absolu intangible, que mon âge rend inéluctable.
Dans un premier réflexe, l’idée me vient qu’après une telle nuit, avec une telle femme, je peux mourir. Or, en vérité, c’est tout le contraire. Après une telle nuit, avec une telle femme, je peux enfin vivre tel qu’elle m’a pris en elle.
Je voudrais qu’elle sache.
J’hésite longtemps avant de lui écrire, parce que je risque de mettre ainsi un point final à l’une des plus folles, mais aussi des plus belles nuits de ma vie amoureuse. Peut-être aussi la dernière, en vérité, si j’accepte de renoncer à m’engluer entre d’autres bras dans de pâles copies de nos ébats.
Tout comme elle m’a d’abord caché avoir passé la veille avec un amant indélicat, je ne lui ai pas parlé des raisons de mon impatience à la revoir.
Le moment est venu de le faire, et de prendre congé, d’une manière ou d’une autre.
Je lui dois cette explication. Le vouvoiement de nos débuts me semble approprié…
Depuis l’instant où vous vous êtes endormie entre mes bras, je n’ai de cesse de me demander comment tout ce que nous avons partagé a été possible. Comment vous, si belle, amoureuse si expérimentée, avide de rencontres intenses et enrichissantes, avez-vous pu désirer passer cette nuit éblouissante avec moi ?
Rien en moi ne me sort du lot. Quelques intonations de ma voix et peut-être la forme de mes mains mises à part, si j’en crois ce que vous m’en avez dit. Mon apparence ne me distingue en rien de la foule grise et laborieuse, je ne dépasse la moyenne masculine contemporaine ni par la pensée, ni par la vivacité de mes propos, et encore moins par la pertinence de mes points de vue.
Mon corps est au mieux banal, dans le détail même peu attractif. Quant à mon sexe, vous avez pu constater dans quelles limites physiologiques il donne le meilleur de lui-même, sans plus. Vous et moi sommes conscients qu’on ne peut réellement qualifier de performance les quelques émotions qu’il vous a offertes.
Alors comment avez-vous pu avoir envie de me rencontrer, de me prendre entre vos bras, puis, après un lent déshabillage mutuel dans la nuit, entre vos cuisses ? Comment avez-vous pu trouver plaisir à ces longues heures de caresses et de tendresses en tous genres, au point de me guider vers votre intimité, puis de me prendre en vous juste avant le lever du jour ?
D’où vous est venue l’envie, que je crois sincère, de vous offrir dans la plus totale impudeur à mes baisers et à mes caresses intimes ? Quelle satisfaction mes mains, mes doigts, ma langue, qui vous ont fouillée jusque dans les parties les plus secrètes de votre corps, ont-ils pu vous offrir ? Au point de poser voluptueusement vos lèvres sur les miennes au moment où je poussais mon membre jusqu’à l’orée de votre matrice. Au point de m’aspirer dans votre bouche et de m’en faire goûter toutes les saveurs pendant que mon vit se délectait des frémissements de votre fourreau intime contre ma turgescence.
Rarement une femme s’est donnée à moi avec une telle douceur, une telle intensité, d’une manière si intégrale. Rarement, une femme m’a enfoui si profondément en elle. Que s’est-il passé en vous, en nous, pour vous donner envie de tant m’offrir ?
Sans doute que l’obscurité dans laquelle nous nous sommes volontairement plongés dès le début de notre rencontre a facilité la liquéfaction de toute pudeur.
Il n’empêche, c’est bien vous qui avez orienté irrémédiablement la fin de cette soirée, après m’avoir congédié en prétextant une grosse journée le lendemain.
C’est vous qui avez proposé en toute franchise, non pas de faire quelques pas avant de nous séparer, mais bien d’aller nous donner du plaisir dans ma chambre d’hôtel – ce sont là vos mots.
J’aurais aimé savoir ce qui vous a amené à ce choix. J’aurais aimé savoir si vous avez hésité, pesé un pour voluptueux et un contre rationnel. Toujours ce va-et-vient entre votre corps et votre esprit. À moins que quelque chose ait bousculé vos défenses et ouvert les dernières barrières qui font la différence entre un au revoir décent sur un quai de métro et une nuit de tendresse, de sexe et d’orgasme.
Car il me semble bien qu’à un moment très inattendu, vous nous avez offert cette coquetterie. Inattendu parce que nous étions en train de nous remettre des brûlantes caresses qui avaient enflammé nos corps au cours de la dernière heure. Dans un demi-sommeil nous nous étonnions à voix basse de ce qui rendait cette nuit si agréable, si unique dans nos vies amoureuses. J’ai alors posé ma main sur votre ventre, un peu par inadvertance. Ce ventre par moments follement loquace, follement impatient de vagues de plaisir, de chaleur, d’excitation. Ce ventre qui m’a ému à chaque fois que j’ai pensé aux enfants qu’il a portés, entre deux caresses, entre deux salves de baisers.
Soudain, sous ma main, j’ai senti une intense chaleur émaner du plus profond de vous. Vos muscles se sont tendus, votre souffle s’est transformé, vous avez murmuré des mots qui n’appartiennent qu’à vous lorsque le désir vous submerge. Dès ce moment, sans m’exclure de ce que vous viviez, vous êtes partie dans un voyage jouissif et troublant, auquel j’ai tenté de participer en accompagnant à deux mains le plaisir qui croissait au fond de vous.
Quelques instants plus tard, vous confessiez déjà l’imminence d’un orgasme fulgurant. Et vous avez joui, longuement, intégralement, bruyamment pour mieux me faire participer à cette fête de vos sens.
En vérité, il me semble même que vous n’avez pas seulement joui, mais que vous vous êtes libérée de quelque chose dont je ne sais rien, mais dont vous m’avez permis de découvrir l’intensité. Vous avez enfanté quelque chose de vous qui n’avait que trop attendu pour venir enfin au monde. Dans votre monde, et un peu le mien, tant votre main arrimée fortement à la mienne m’a permis de participer à ce chamboulement des sens et de l’esprit.
Qu’ai-je su vous offrir, bien involontairement, pour vous amener à cette forme de libération ? Que m’avez-vous en réalité autorisé à partager avec vous, au plus intime de vous ? Car nous donner du plaisir et orgasmer joyeusement, c’est une chose. Mais partager à un tel point le déferlement d’émotions les plus intimes, une transcendance féminine aussi bouleversante, c’en est une autre.
Aurais-je mis le feu à votre deuxième chakra, après avoir abondamment stimulé le premier, racine de vie et de plaisir ? Est-ce cela qui m’a permis au cours de la nuit, et surtout à cet instant en dehors du temps, d’effleurer le sublime désir de la déesse-mère avide d’une virilité pénétrante ? Qui m’aurait permis d’accompagner l’obscène et animale secousse tellurique d’un accouchement symbolique, de partager l’infinie douceur de vos bras autour de mon corps imparfait, la chaleur rassurante de votre bouche et du plus secret de votre féminité ?
J’ai tout reçu de vous dans l’obscurité qui effaçait nos corps pour mieux exacerber d’autres sensations et exciter nos sens. J’ai tout reçu, sauf les réponses à mes questions.
Il est trop tard maintenant pour apprendre encore une fois de vous. Peut-être est-ce d’ailleurs lié à ma condition d’homme de ne jamais « savoir » ce que la femme… De demeurer jusqu’à mon dernier souffle dans l’incertitude sur l’origine du monde et le devenir de l’humanité.
Je vais bientôt me retirer dans le néant de ce monde, dans la nuit de l’ultime simplification. Je ne crains rien. Je sais grâce à vous qu’au milieu de cette nuit, il peut y avoir cette lumière apaisante et voluptueuse que vous dégagez. Je ne sais si je vous y retrouverai ni sous quelle forme. Je voulais seulement vous dire qu’au moment de fermer mes yeux, c’est l’image de vous que j’essaierai de rappeler pour m’accompagner.
Puissé-je alors sentir vos rondeurs et le moelleux de vos seins dans le creux de mes mains, les frissons de votre grotte intime là où les anges n’ont rien pour permettre quelque félicité, les battements de votre cœur contre mon quatrième chakra et la chaleur de votre souffle sur mes lèvres.
Le bonheur de vous avoir connue m’habite pour toujours. Exceptionnelle et atypique, vous êtes. Merci de m’avoir pris entre vos bras. J’aurais aimé pouvoir vous aimer dans cette vie autant que je vous ai désirée. Ce n’était pas mon karma.
ooo000ooo
1. ↑ https://www.youtube.com/watch?v=x1Bz7K76Viw
2. ↑ https://www.youtube.com/watch?v=w9x0hUsGH4s