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Temps de lecture estimé : 18 mn
11/01/24
corrigé 11/01/24
Présentation:  La suite des aventures de Maya
Résumé:  Maya se retrouve inexplicablement en Egypte Pharaonique et est en charge de trouver le Pénis d’Osiris volé par Seth, le Dieu du tonnerre et du Chaos.
Critères:  religion bizarre nonéro historique aventure fantastiqu
Auteur : Melle Mélina      Envoi mini-message

Collection : Terra Incognita
A la recherche du Pénis Divin n°2/2

Chapitre 3 : Dans l’antre de Seth


La modeste ville de Kom Ombo ressemble à Ouaset dans son architecture et dans son aménagement, son organisation. Aux portes de la ville, des gardes du pharaon, des Medjaÿ, armés jusqu’au cou, veillent au grain. Dans les rues, une foule compacte et bruyante s’affaire à différentes activités : qui font commerce de fruits, d’étoffes, de bijoux, qui proposent leur aide, qui achètent, qui s’occupent des enfants.


Je dénote un peu de par ma tenue que certains jugeront sexy (oh, ça va ! c’est juste un short, certes un peu court, mais il n’y a pas de quoi réveiller la libido d’un bonze.).

Cependant, je passe relativement incognito. Un jeune lad se propose de prendre en charge mon chameau et soudain, s’agenouille face contre sol, Hey Chose m’explique le pourquoi du comment de cette déférence à mon égard. Le lad a vu que le chameau appartient au cheptel camélin d’Isis, il en a conclu que je ne suis pas n’importe qui.


Ça ne m’arrange pas trop, je veux garder l’anonymat. Je ne souhaite pas que mon arrivée parvienne jusqu’aux oreilles de Seth. Je sais comment courent les rumeurs et à quelle vitesse elles peuvent se répandre, je n’aurai pas mis un pied dans le temple à la gloire de Seth que ce dernier sera au courant de mon entreprise.


J’en touche un mot à Hey Chose qui se propose de s’occuper de ce problème tandis que je chercherai ce pour quoi je suis venue. J’arrive sur une grande place avec en son milieu un vaste édifice sculpté dans le calcaire, le grès et la brique crue. Tout comme le temple d’Osiris, ce dernier est en réfection. J’entrevois la porte au bout d’une allée bordée des statues de Sobek, de Nephtys, de Sekhmet, de Sphinx et bien sûr, plus grande et majestueuse que les autres, celle de Seth.


Comment passer les gardes ? Ils ressemblent un peu aux Clitos de Horus, seul leur heaume les différencie, en lieu et place du bec crochu de ceux que j’ai rencontrés, ces gardes présentent une sorte de long museau.


Il y a beaucoup d’ouvriers qui œuvrent à restaurer l’édifice, de m’approcher serait un jeu d’enfant, par contre, c’est pour entrer qu’il me faudra user d’astuce, d’espièglerie. Je me mêle à un groupe de servants, chargés d’apporter les vivres pour les occupants des lieux. Après avoir attiré l’un d’entre eux dans une alcôve, à l’abri des regards, je me suis emparée de sa tenue afin de passer inaperçue. Lorsqu’il se réveillera, il aura une bosse digne du bonnet du Grand Schtroumpf et se sentira légèrement dénudé, mais bon, c’est la vie, parfois, on fait de mauvaises rencontres.


On me charge d’une cagette de grenades et de raisins et sans l’ombre d’un procès, j’investis « le palais aux mille colonnes ». À l’instar du temple d’Isis, si ce dernier paraît tout miteux à l’extérieur, il n’en va pas de même à l’intérieur ! C’est un magnifique sanctuaire où le luxe se vêt de ses plus beaux appâts. La richesse semble infinie et les termes de grandiloquence, abondance, opulence, éclat, chatoiement, majesté, grandeur, magnificence, splendeur, beauté ne paraissent pas excessifs. Tout est à la gloire du maître des lieux, depuis les décors et les tentures aux couleurs des bannières du Dieu Seth.


Immédiatement, je ressens une magie dans l’atmosphère, ou une force qui dépasse ma compréhension. En effet, la pièce est immense, bien trop grande par rapport à l’extérieur, elle pourrait contenir un bon quart de toute la population égyptienne sans problème de promiscuité. Je traverse la Grande Allée bordée des colonnes de marbre pentéliques avec mon plateau de fruits tenu sur la tête, j’arrive bientôt face au trône d’or du maître des lieux. Derrière ce dernier, une colossale statue à l’effigie de Seth semble me regarder avec autorité.



C’est à ce moment précis que je me rends véritablement compte que je n’ai aucun plan. Je suis les autres servants, traverse des pièces, des couloirs pour déboucher enfin sur ce qui s’apparente le plus à une cuisine. J’y dépose mon panier en chipant tout de même une grenade. J’échappe aux regards en me cachant dans un coin sombre.


Il est temps pour moi de réfléchir un peu. Je rassemble mes connaissances sur les temples, je me souviens de leur architecture et de leur organisation et force est de dire que celui-ci dénote des autres sanctuaires. La salle des mille colonnes doit être ce qu’on appelle la cour péristyle, le lieu où les fidèles peuvent laisser leurs offrandes. Cependant, la statue devrait normalement se trouver dans une autre salle, la salle hypostyle. Je me souviens que seuls les prêtres d’un rang élevé ont accès à la statue, car eux seuls peuvent converser avec le Dieu.



Super, j’ai résolu un problème de rhétorique ! On avance !

Si le pénis divin est planqué ici, il ne sera pas aisé à trouver. J’imagine que bon nombre d’espions à la solde d’Isis ou de Horus ont déjà fouillé les lieux. À moins que ce bon Seth ait lu « la lettre volée » d’Edgar Allan Poe (ce dont je doute), je ne crois pas une seconde retrouver cette bite facilement.


Je me mets à la place du receleur et si j’avais la faculté de créer un endroit imprenable, une forteresse dans laquelle j’aurais tout pouvoir, alors, il n’y aurait pas à tergiverser cent sept ans, j’y planquerais l’objet convoité.



Après avoir fouillé plusieurs pièces, j’arrive dans une autre où la chaleur devient vite étouffante. Je suis dans un aquarium : la piscine privée de sieur Seth, avec des bains de vapeur. Les clitos qui gardent cette pièce sont obligés de sortir, histoire de s’aérer. Ils me laissent seule.


J’ai du bol, non, c’est vrai, j’ai un de ces bols ! J’ai une chatte d’enfer ! Depuis l’endroit où je me suis planquée, tandis que je réfléchis, je vois sortir de sous l’eau Sobek et Seth.



Je les vois sortir en direction de la cour péristyle où les attendent des fidèles venus prier. Quand je dis que j’ai du bol, je n’exagère pas, non seulement je suis seule dans la pièce, mais en plus, je viens de découvrir l’entrée du Cocon Pénétralia, ou plutôt, on vient de me le montrer !


J’entre dans l’eau du bassin. J’aperçois au milieu, en profondeur, une sorte de courant circulaire, un petit tourbillon de faible intensité. Je m’en approche et me laisse aspirer. Je passe dans un autre monde, l’envers devient l’endroit et lorsque je sors de l’eau, l’univers est complètement bouleversé. Je suis dans un lac au cœur de forêts verdoyantes.


Face à moi, en bordure de jungle, j’aperçois une cabane, presque une paillote sur un banc de sable blanc. Le soleil est à son zénith, le ciel, dégagé de tout nuage, est zébré par le vol d’ibis rouges. Ça sent bon le bois de santal et par endroits, je distingue l’odeur enivrante de la vanille.


Ainsi, voilà l’imaginaire créé par le gros méchant ?!


Je m’amuse presque d’imaginer le Dieu du tonnerre et du Chaos, le Dieu du mal dans cette bulle paradisiaque, entouré de papillons multicolores, s’émerveillant de la danse des crabes, à siroter une bonne bière, une Boza dans une calebasse, des charentaises aux pieds.


Toutefois, je préfère ne pas trop m’attarder. J’entre dans la cabane. Tout comme le palais aux mille colonnes, l’intérieur est bien plus grand que l’extérieur. Je suis dans un hall duquel j’accède à différentes portes. J’ouvre une première et découvre, stupéfaite, un paysage de vallées édifiantes dans lesquelles courent des ruisseaux se transformant en fleuves se jetant à l’horizon. C’est tout un monde à explorer.


Écrasée par l’ampleur de la tâche, je préfère voir ce qui se cache derrière une autre porte. Bien mal m’en prend. Lorsque j’ouvre en grand la porte, il me faut de toutes mes forces m’accrocher au chambranle, car je suis aspirée par le vide sidéral de l’espace. J’ai l’impression que mon corps va se briser par l’effet du froid intense qui règne. Après un effort inconsidérable, j’arrive toutefois à fermer l’accès.


Je prends plus de précautions pour ouvrir la troisième et ne fais que l’entrouvrir. Pour le coup, j’ai eu le nez creux. Se cache derrière, un océan en furie et je me prends les embruns dans les narines et respire à pleins poumons l’iode sauvage.



Pourquoi faut-il toujours que j’ouvre la bonne porte en dernier ? Car derrière celle-ci, je trouve le « bureau » du grand Dieu, y sont entreposés, des statues, des trésors, des armes, des heaumes et des armures – probablement les trophées de batailles gagnées. Je remarque immédiatement un lourd coffre en bois disposé au sol entre une statue en or massif et une psyché. Seth doit être l’ancêtre de Narcisse.


Je n’arrive pas à y croire. Isis et sa bande ont soi-disant retourné toute l’Égypte en vain et moi, je le trouve dès ma première investigation. Il est là, dans le coffre, imposant, démesuré : le pénis divin.



Le bazar n’a rien à envier à l’appendice d’un cheval en termes de taille. Je trouve un vieux parchemin sur une table de granit, j’enveloppe l’objet convoité et m’apprête à sortir lorsque par le reflet de la psyché, je vois Seth pénétrer. J’ai juste eu le temps de me cacher.


Catastrophe nucléaire, je n’ai pas fermé le coffre ! Il ne lui faut guère plus d’une seconde pour remarquer le parchemin que j’ai arraché et surtout, le coffre vide de son contenu !


Il entre dans une rage folle et tout en hurlant, envoie tout valdinguer, excepté sa psyché derrière laquelle je suis cachée. Balancer son miroir, ce serait comme se balancer lui-même, il n’en est heureusement pas capable.


La crise de violence passée, je le vois reprendre ses esprits et rechercher quelque chose dans le foutoir dont il est lui-même le responsable. Enfin, il se satisfait :



C’est ainsi qu’une fois posé, j’assiste à un échange entre divinités.



Il ne faut pas plus d’arguments pour ces divinités pour s’élever contre Isis et Horus. Une fois Nephthys et Sehkmet déconnectés, Seth interpelle le Dieu Croco.



L’entre-mondes, mais punaise, j’aimerais bien savoir comment je fais pour les ouvrir ces fichues portes ! Le Dieu zoomorphique se vêt d’une armure rouge dans un métal que je ne reconnais pas, se saisit de son arme de prédilection, à savoir une hache-masse sur laquelle je peux voir des traces de sang séché et en grommelant quitte enfin les lieux.



Je retrouve facilement la sortie du Cocon Pénétralia et lorsque je sors de la piscine de l’autre côté, j’ai la mauvaise surprise de voir que je suis attendue. Évidemment, cela aurait été trop simple.


Sobek, le Dieu croco se tient, droit dans sa tenue d’apparat, une pique tenue en main. Il m’apostrophe :



Je ne me démonte pas et réponds du tac au tac :



Visiblement, mon bagout l’amuse, je pense qu’il sourit – m’enfin, distinguer un sourire depuis une gueule de crocodile, ce n’est pas évident. Il continue en ces termes :



Sympa, il me laisse une porte de sortie. Qu’ai-je à y perdre ? Je n’ai pas vraiment le choix que de relever le défi. Le bougre n’a visiblement pas anticipé le challenge auquel il me propose de jouer et cherche à haute voix ce qu’il veut me voir faire :



En entendant cette proposition, je frétille déjà, j’ai toutes les énigmes de Gollum et de Bilbo en tête et s’il est balèze, je finirais le jeu par la question qui tue : « Qu’ai-je dans ma poche ? » c’est imparable !


J’en ai peut-être fait des tonnes, parce qu’après m’avoir dévisagée, il se ravise et me sort :



Je me dis qu’il est un peu pervers. En effet, il pense qu’un défi d’apnée contre lui n’est pas loyal, par contre, demander de faire du feu dans une piscine, ça ne lui pose aucun problème ? Il se permet de se foutre de ma gueule !

Rigole bien ! Profite, mon gars, parce que tu vas vite déchanter.


Je fouille dans la poche de mon mini short et déniche mon briquet Bic. Il est un peu mouillé, mais ça va le faire.

Après trois/quatre tentatives, une flamme jaillit enfin et je me mets à chanter :

– Smoke, on the water, Fire in the sky !


Je peux remercier le 21ᵉ siècle, une autre personne que moi aurait à coup sûr perdu. Je viens de scotcher Sobek.



De nouveau, il se met à soliloquer :



Je préfère intervenir :




Chapitre 4 : c’est la guerre.


Finalement, il me laisse partir et au sortir du palais des mille colonnes, je constate qu’une tempête a sévi et a transformé la géographie de l’endroit. La colère du Dieu du tonnerre a eu des retombées désastreuses. Kom Ombo est une ville dévastée, on croirait une ville après un bombardement. Les gens sont en pleurs et solidaires, tentent de sauver ce qui peut l’être des décombres.


Par contre, il n’y a plus un seul soldat, plus un seul clito, ils ont laissé le peuple croupir pour aller se battre au nom de la vanité de Dieux. Décidément, quel que soit le siècle, l’être humain choisit toujours ses priorités avec lucidité.


Je critique, je critique, mais au final, je ne vaux guère mieux. Tout ce qui m’importe est de trouver une monture pour fuir cet endroit, m’acquitter de ma mission, lever la malédiction et retrouver mon siècle. Je trouve un chameau, peut-être est-ce le mien, je ne saurais le reconnaître d’un autre de son espèce et déguerpis.


Le retour est beaucoup plus facile et rapide. Il se passe sans aucun incident majeur, pas de scorpion géant ou de crocodile à affronter. En fait, je remarque même que la faune semble avoir déserté les lieux.


Je suis à mi-chemin lorsque je me retrouve nez à nez face à une terrible et somptueuse armée. Une vingtaine de bataillons de Clitos disposés en formation de phalanges, avec derrière elle, l’infanterie sur des chevaux d’or et d’argent, les titanesques éléphants, les lourds et massifs chars de guerre et la tribune étincelante où siègent les chefs de guerre me barrent la route.


Dans les airs, en lévitation se trouvent une centaine de Menthats, des êtres doués de magie et plus loin à l’horizon, les grands aigles tournoient inlassablement.


Sans me prêter la moindre attention, ils partent là d’où je viens, déterminés à anéantir leurs ennemis sans la moindre once de pitié. Lorsque tous les fantassins sont passés, un gradé à cheval vient vers moi. Arrivé à ma hauteur :



Il suppose bien. Après confirmation, il me mène sur le char principal où se trouve Horus dans son armure de combat.



Être invité à boire le vin avec le Dieu Horus et ses pairs Bastet, Thot, Khnum, Khonshu et Ptah ne se refuse pas. Ils m’expliquent que la guerre n’est pas gagnée, mais qu’ils ont l’avantage du nombre et que dans sa précipitation, Seth n’a pas pu choisir le front à son avantage. Le combat aura lieu dans la grande plaine désertique de Edfou où se dresse un temple à la gloire de Horus.


La magie sera donc plus puissante du côté du Dieu à tête de faucon.


Cependant, il est déjà tard et la bataille aura lieu au petit matin lorsque les troupes des belligérants leur feront face. Je me suis liée d’amitié avec Bastet, la déesse Chat qui est d’une douceur et d’une gentillesse rare chez les Dieux, elle semble avoir vraiment de la compassion pour les mortels. Je ne comprends pas pourquoi elle a prêté allégeance à Horus.



Bastet ne cite jamais Seth que par le pseudo dont elle l’a gratifié « L’ignoble » et je lui explique la chatte que j’ai eue. À l’évocation de ma « Chatte », la déesse chat sourit, minaude et ronronne :




@@@@@@@@



Je préfère garder sous silence le déroulement de la nuit. Au petit matin, je montre à ma compagne comment nous faisons du feu au 21ᵉ siècle (ce qui l’avait beaucoup intriguée hier avant que nous ne… m’enfin, passons).


Le petit-déjeuner englouti avec gloutonnerie (malgré l’absence de mon bol de chicorée), ma petite chatte miaule de satisfaction et nous sortons de la tente sous le regard amusé des autres Dieux. Ouais, bon…


Ils sont déjà prêts pour le combat. Je sens une effervescence bouillonnante, une excitation palpable avant de regarder ce qui les attend. À quelques milles coudées de là, l’armée adverse se tient prête. Elle semble beaucoup moins organisée, mais elle me terrifie. En premières lignes, les scorpions géants, les scarabées cyclopéens près desquels des chacals hurlants et des lions rugissant leur rage n’attendent plus que l’ordre de charger. Derrière ces premiers rangs, les Clitos de Seth par milliers, en ordre d’attaque, les cavaliers sur des chameaux, bannières au vent et des chars de combat sont prêts pour le massacre général.


Je rejoins les officiers qui discutent d’une stratégie. Bastet me voyant me renvoie dans ma tente, je n’ai pas à participer à cette guerre, je n’ai pas à risquer ma vie pour un combat qui n’est pas le mien. Ma p’tite chatte n’a pas tort et j’ai mollement l’envie d’en découdre de nouveau avec des scorpions ou pire, des scarabées géants…


Il faut simplement que je rejoigne Aouset avec le Pénis Divin et que je le remette à Isis. J’espère qu’elle trouvera le moyen de me renvoyer dans mon siècle, dans mon monde. Tandis que je prends congé de cette armée, j’entends les tam-tams tonitruer, les cors hurler, la bataille va commencer. Je ne me retourne pas, je les laisse s’écharper et laisse le danger derrière moi. Je laisse derrière moi la danse écarlate vivre au son de la fureur et des cris.


Je ne suis plus très loin à présent, le temps pour moi de faire une dernière pause, et en moins de temps qu’il en faut pour le dire, je serai face à Isis. Je compte faire une dernière trempette dans les eaux du Nil pour apaiser mon corps et mon âme. Je laisse mon Kopesh sur mes vêtements, mais je n’ai pas le temps de mettre un pied dans l’eau que surgit devant moi le Dieu du tonnerre et du Chaos.



… Seth !



J’évalue la distance qui me sépare de mon arme et réfléchis à toute blinde. Je n’ai aucune chance, il va falloir gagner du temps et bluffer.



Magnanime, Seth accède à ma demande et attend avec amusement le moment où je m’emparerai de mon Kopesh et l’affronterai.

Je prends mon temps, peut-être sera-t-il sensible à mes charmes et ne pourra me tuer… Bon, j’ai de l’espérance dans les chaussettes, le sieur Seth reste froid comme de la glace tandis que je roule des fesses en mettant mon string. Rien. Pas même un émoi, c’en est presque vexant.


Une fois mon short, mes boots, mon soutif (sans armature, le soutif…) et enfin le t-shirt « Powerslave » de Iron Maiden estampillé 1984 enfilés, ne reste au sol que mon arme et ma besace.



Pas très patient, le monsieur Oryctérope ! Je ne sais plus quoi faire pour trouver une issue de secours. J’espérais en gagnant du temps que comme par magie Isis allait intervenir. C’est comme ça que cela se passe dans les films d’aventure, le héros est dans une sale passe, tout semble fichu et bim ! un évènement inespéré vient le sauver…


Cependant, pas plus d’Isis en vue que de palmier à Dunkerque.


Je suis obligée d’obtempérer. Je fouille dans ma besace, m’empare de la boule « Clairvoyante » que je lui envoie de toutes mes forces en pleine tronche. Mon projectile atteint sa cible en plein front et l’envoie valdinguer dans le Nil juste derrière lui.


Profitant de ces quelques secondes, j’enfourche mon chameau et galope loin de cet endroit. Je l’entends toutefois hurler :



Je retrouve le sourire, il y a un espoir que j’arrive à temps aux portes de Aouset. Je n’ai pas fait cent coudées que me fait face à nouveau le monsieur face d’Oryctérope. Je descends de ma monture, mon kopesh en main. Quitte à mourir, autant y aller franco.



Je foudroie les airs d’un mouvement latéral, lame pointée vers le haut, je frappe en diagonale vers le bas, mais l’agilité de mon adversaire et sa vitesse foudroyante rendent mon attaque stérile. Puis j’opère un mouvement de pivot, ma lame pourfendant de nouveau le vide là où elle aurait tranché une gorge.


Mon ennemi se marre :



Je sais bien me battre, j’ai déjà démerlé (du verbe Démerler, 1er groupe, inventé par la terreur Yacine de la dalle d’Argenteuil) plusieurs connards prétentieux de par le passé, mais là je combats un Dieu. J’enchaîne les combinaisons avec mon kopesh, j’aurais dû atteindre au moins une fois ma cible, mais rien n’y fait. Il est trop fort.


À bout de forces, je pose un genou à terre, essaie de récupérer un peu de souffle tandis qu’il se marre comme une baleine (ou plutôt comme un Oryctérope).



Sur ce, il m’envoie une boule d’énergie brute que je reçois tel un coup de massue sur le crâne.


Finito. Yé souis morte.



Épilogue inattendu :


J’entends encore la voix de Seth… Elle est lointaine et je ne la comprends plus… Elle a changé, on croirait entendre une voix de petite fille… J’arrive pas à ouvrir les yeux, le soleil est trop aveuglant.


La voix est plus forte à présent. Je l’entends bien plus distinctement :



Oh ça oui, je l’entends. Ce n’est plus du copte, les intonations sont complètement différentes. Il me faut encore quelques secondes pour réaliser que c’est du grec ancien, c’est de la Koïné ! Cette petite voix fluette parle en Koïné, la langue usitée en Grèce antique !


J’essaie d’ouvrir péniblement les yeux et oublier le mal de crâne qui me broie l’occiput. D’abord aveuglée par la lumière intense, je distingue petit à petit une forme agenouillée devant moi. Il me faut encore une bonne minute pour que ce qui ressemblait à un halo devienne plus perceptible. Mes yeux sont à présent bien ouverts, je suis au sol, avec un mal de crâne des familles qu’aucun Alka-Selzter ne pourrait en venir à bout, accompagnée par une belle petite brunette de huit-neuf ans.


J’arrive à me relever péniblement, complètement groggy. Je regarde autour de moi et à gauche, surplombant une colline, je la vois : l’Acropole.


Je suis au beau milieu d’Athènes en l’an 1000 avant Jésus-Christ !