Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 22289Fiche technique29457 caractères29457
4960
Temps de lecture estimé : 20 mn
25/02/24
Résumé:  Le temps est compté pour cette escapade à l’hôtel. Ils seront deux, peut-être plus, à tenter de vivre pleinement ces moments divins...
Critères:  fh hotel amour voir miroir lingerie ffontaine caresses intermast fellation cunnilingu anulingus 69 pénétratio attache humour
Auteur : Aventurine      Envoi mini-message
Vous avez trois heures



Dieu, assis à son bureau, raccrocha son téléphone. Quelques instants plus tard, il vit apparaître à l’horizon une silhouette à demi masquée par le tapis de nuages blancs. Le Maître du temps, équipé d’un casque sans fil et visiblement absorbé par la musique inondant ses oreilles, s’approcha d’un air désinvolte.


Parvenu devant le bureau et son fauteuil capitonné, uniques pièces de mobilier lévitant singulièrement dans les airs, le Maître du Temps s’arrêta et attendit des instructions. Dieu se pencha alors vers ce dernier et lui demanda, d’un geste de la main, de retirer son casque. Penaud, l’agent s’exécuta.



Le Maître du temps leva vers Dieu de grands yeux candides. Entrelaçant ses doigts sur le bureau, Dieu poursuivit, sans attendre de réponse :



Puis, sans plus de cérémonie, Chronos fit volte-face et s’éloigna, le casque à la main, en prenant soin de soulever légèrement sa toge pour ne pas qu’elle emporte au passage quelques fragments de nuage.



*****



D’un geste il habille la tranche de pain de pâte à tartiner et croque dedans à pleines dents. Du bout des lèvres, il sent bien que son café est trop chaud, mais se risque tout de même à en goûter une gorgée. Évidemment, il manque de se brûler, mais il n’aime pas s’éterniser au petit déjeuner. Heureusement, il appréciera davantage ses autres cafés de la journée, qu’il boira tièdes parce qu’il sera constamment interrompu par le téléphone. Brossage des dents, trois minutes qu’il ne respecte jamais, car elles s’égrènent trop lentement pendant l’opération. Il sort en trombe de la salle de bains puis y retourne immédiatement. Tiens, qu’a-t-il oublié ? Une vaporisation de parfum sur sa chemise, puis une deuxième, avant de ressortir de la pièce. Voilà ce qui arrive lorsqu’on est trop pressé.


Le sac à dos, les clés, la veste.


Officiellement, Marc va au travail.


Officieusement, il va à l’hôtel avec elle.



La circulation urbaine est chaotique, ce qui ne fait pas exception à la règle, en ce jour de semaine. Ce matin, Marc sait qu’aucun collègue ne lui reprochera d’arriver légèrement en retard, puisqu’il a posé un congé. C’est pour elle qu’il trépigne au volant car il ne veut absolument pas la faire attendre à la gare routière. Son impatience est pardonnable. Momentanément à l’arrêt dans l’embouteillage, il saisit son téléphone posé sur le siège passager. Pas prudent… Mais il a le temps, après tout, de lire le message qu’elle vient de lui envoyer :


Je suis dans le bus. J’ai tellement hâte de te voir !!


Encore moins prudent d’écrire un message…


Bientôt arrivé. Mais dans les bouchons !


J’ai mis de nouveaux bas ce matin… Tu vas les adorer !


Alors que le véhicule juste devant lui avance de quelques mètres, il répond rapidement par un cœur et un emoji baveux avant de reposer le portable à côté de lui.



*****



Penchée dans une position plutôt inconfortable devant le miroir, ses mains tremblent. Elle paraît contrariée de constater que l’opération lui prend beaucoup trop de temps. Il ne faudrait pas manquer le bus. Laborieusement, elle fixe la première attache du porte-jarretelles, puis la deuxième. Un coup d’œil nerveux à sa montre lui indique qu’elle doit absolument accélérer. Finalement il ne lui reste qu’une poignée de minutes pour se coiffer et appliquer son mascara. Bien joué, tout de même, quelle maîtrise de la gestion du temps pour s’apprêter !


Officiellement, Marie part pour une virée shopping.


Officieusement, elle va à l’hôtel avec lui.



Elle sent une vague de soulagement l’envahir lorsqu’elle s’installe dans le bus. Le véhicule est arrivé avec un peu d’avance et l’a obligée à trottiner sur quelques mètres. À chaque foulée elle a redouté que l’un de ses bas ne se détache sous sa mini-jupe noire. Quelle course folle ! Encore un peu nerveuse, elle serre son portable entre ses doigts crispés. Assise près de la fenêtre, elle regarde distraitement le paysage sans relief, puis la file interminable de voitures qui se met à défiler sous ses yeux quand le bus accélère dans la voie réservée. Un nouveau message lui parvient :


Je suis stationné sur la zone d’arrêt minute.


 Je vais être un peu en retard, excuse-moi.


Ne t’inquiètes pas. Je me consolerai en te regardant descendre les escaliers dans ta tenue sexy.


Marie sourit en lisant ce dernier message. Ses doigts pianotent gracieusement :


 Espèce de pervers.


Elle ajoute un clin d’œil à sa réponse en s’efforçant de contenir son envie de rire. Puis elle s’imagine dans les bras de Marc. L’imagination sert souvent à tromper le temps, elle le sait aussi bien que moi. En ce qui concerne Marie, elle le trompe souvent.



*****



Au sommet de l’escalier en colimaçon, elle a repéré la voiture blanche de Marc et se demande s’il va vraiment l’attendre en bas des marches pour le seul plaisir de la voir arriver. Effectivement, il est là et sourit dès qu’il l’aperçoit. Alors commence la lente descente de Marie qui adopte sciemment une démarche féline, en jetant des regards amusés à l’homme qui se rince l’œil en attendant de l’embrasser. Consciente du mouvement sensuel de ses jambes gainées de noir, elle sait que le liseré de ses bas est visible sous sa jupe. Ainsi émoustillée, Marie ne regrette pas d’avoir fourni tant d’efforts pour se préparer. Le baiser des retrouvailles me paraît interminable, mais je devine que pour mes deux cobayes, le temps paraît bien long entre deux rendez-vous.



Le couple se dirige vers la voiture sans traîner davantage car l’heure prévue de leur arrivée à l’hôtel approche. Sur le siège passager, Marie ne peut s’empêcher de regarder Marc en conversant. Elle voudrait tant risquer sa main vers son genou, mais elle n’ose le distraire de sa conduite. C’est lui qui ose poser sa main libre sur la cuisse de son amante. Le contact de sa paume caressant lentement le nylon de son bas électrise Marie. Pour notre séance d’observation, que je nommerai « escapade à l’hôtel » pour les besoins de mon compte-rendu, nous avons trois heures.




Après leur passage à la réception, ils entrent ensemble dans une petite chambre plutôt terne et verrouillent la porte derrière eux. Manteau et veste sont retirés en deux secondes mais soigneusement rangés dans la penderie. Alors que Marie s’apprête à retirer ses bottines, Marc l’enlace sans prévenir et l’entraîne brusquement contre le mur. Eh bien, quelle entrée en matière… Serrés l’un contre l’autre, ils s’embrassent longuement, fougueusement, sans dire un mot. Une main glisse sur une chemise, une autre se niche à la base d’un cou. Le baiser se fait ardent, les langues se délient et s’enroulent. Une jambe élégante remonte contre une cuisse, deux bassins se pressent l’un contre l’autre. Plus personne ne parle sauf le désir, qui semble bien bavard à cet instant. Marc aimerait bien la prendre là, maintenant, contre ce mur. Quant à Marie, elle meurt d’envie de poser une main juste là où elle sait qu’elle suscitera un premier soupir. Néanmoins, elle ne veut pas aller trop vite. C’est tout à son honneur. Quand je repense aux fantasmes de cette femme… Il faudra que j’en parle à Vénus, cela va l’inspirer au plus haut point !



Subitement, le couple s’interrompt dans son étreinte passionnée, comme surpris de s’être ainsi emballé. Tous deux savent pourtant que rien ne presse car ils disposent de trois heures. Juste eux deux dans cette bulle sans horloge où personne, du moins c’est ce qu’ils espèrent, ne viendra les déranger. Ils demeurent quelques secondes contre le mur blanc, juste pour se regarder, échanger quelques mots tendres puis s’embrasser encore. Cela me paraît étrange mais ils ne s’en lassent pas. Néanmoins, désormais leurs mains ont cessé de s’agiter et se mettent à effleurer, à caresser, à taquiner. Marie pose ses paumes sur les pectoraux de Marc et caresse son buste par-dessus sa chemise. Au passage, ses pouces croisent deux tétons qu’elle titille avec malice. Marc ferme les yeux, semble apprécier et respire le parfum fruité de Marie. Ce matin, dans la précipitation des préparatifs, leurs vêtements ont été malmenés. Quel outrage à cette chemise, sauvagement extraite de sa penderie. Quel manque de soin pour les bas que l’on a torturés pendant de longues minutes. Maintenant, chaque élément de leurs tenues reçoit toute l’attention qu’il mérite.



Patiemment elle défait un à un les boutons de la chemise fleurie, en songeant qu’elle la trouve vraiment jolie même si c’est la femme de Marc qui l’a choisie. Ce dernier l’observe et se laisse faire docilement, les mains posées sur les hanches de sa belle. Marie sent le souffle chaud de son amant de plus en plus fort sur son front. La chemise de Marc glisse au sol tandis qu’ils reprennent leurs baisers. Ce faisant, Marie laisse ses mains vagabonder le long du torse nu dont la douceur la ravit. Puis elle décide que c’est elle-même qui déboutonnera son chemisier, sans se presser, juste sous ses yeux. Pour le plaisir de lui révéler sa lingerie blanche finement décorée. Marc l’aide à ôter son chemisier ouvert et la goûte des yeux même s’il préférerait visiblement la dévorer. La tentation laisse progressivement place à l’excitation, délicieusement lancinante. Les doigts de Marie rencontrent la ceinture et s’appliquent à en défaire la boucle, en veillant à ne pas griffer la peau. Incidemment, dans la manœuvre ses mains effleurent son bas-ventre et touchent son entrejambe. Presque par hasard. Ceinture défaite, pantalon déboutonné, jupe envolée. Marc embrasse Marie de plus belle, caresse l’étoffe de son porte-jarretelles, sa peau nue et le velouté de ses bas.



Marie aime jouer, et Marc aussi. C’est dommage qu’au quotidien, personne ne veuille plus jouer ainsi avec eux. Les regards se croisent, s’accrochent l’un à l’autre et se mettent à pétiller.




Il est souvent surprenant de mesurer le temps que les gens perdent à se regarder dans les miroirs. Chaque jour, tous se mirent, s’admirent ou se désolent face à leur reflet. Il est clair qu’aujourd’hui, il n’est nullement question de vanité ou de complexes. J’avoue ne pas avoir noté combien de temps cette scène a duré. Je peux toutefois affirmer qu’elle s’est avérée fascinante : imaginez Marc debout, son corps nu et harmonieux arborant un sexe bien raide, dressé à la diagonale. Devant lui, agenouillée sur un oreiller, la brune Marie n’est plus vêtue que de ses bas et de son ensemble en dentelle blanche, particulièrement affriolant. Marc lui a attaché les mains derrière le dos avec une bande Velcro. C’est, semble-t-il, le jeu auquel Marie tenait à se livrer avec lui. Cette femme sublime est tournée vers le reflet du miroir de la porte d’entrée. Elle prend entre ses lèvres le mandrin de son amant, insolent appendice qui la nargue à hauteur de son visage. Puis elle se met à lécher et à sucer doucement l’extrémité du sexe turgescent, puis toute la longueur de la colonne de chair.



Marc est bien monté, sans démesure, mais j’ai l’impression que la bouche de Marie savoure un sucre d’orge un peu trop gros pour elle. Je me demande également à cet instant si ces lèvres exquises parviendraient tout de même à engloutir en même temps mon propre phallus érigé, afin de lui prodiguer le même traitement. Certes, je m’éloigne ici de l’objet de ce compte-rendu. Cependant, si le destin du monde ne reposait pas en partie sur mes épaules, je n’aurais pas hésité à relever ma toge pour m’adonner alors à quelque activité masturbatoire. Ceci, bien sûr, dans l’unique but de mesurer l’endurance probable d’un être masculin face à un spectacle aussi réjouissant. Ainsi, Marie suce, lèche et observe son propre reflet avec un air coquin. Excitée par la situation, elle contemple plus précisément ce qu’elle est en train de faire. De temps à autre elle lève les yeux vers le reflet de son amant, qui la fixe lui aussi d’un air lubrique. Parfois, Marie a envie de rire car le Velcro adhère de temps à autre à sa culotte. Parfois également, l’homme porte une main à son chibre pour le décalotter parfaitement et mieux l’offrir aux lèvres qui le dégustent. Marc aurait pu se hâter de prendre son plaisir et de jouir entre les lèvres habiles de Marie. Il n’en a rien fait. Quelle gestion experte de ces minutes de tension intense ! Je m’incline devant lui…



Avant l’extase, Marc interrompt donc Marie et lui murmure :



Quel nouveau jeu vont-ils donc commencer ?


Si j’avais été aux commandes, j’aurais sûrement sorti mon chronomètre et lancé à Marie le défi de se libérer de ses liens en un temps limité. Follement amusant, d’ordinaire… Dans ce cadre précis, il apparaît néanmoins que Marie n’a aucune envie de se libérer. Pire encore, elle se met à glousser d’hilarité lorsque, privée de l’usage de ses mains, elle doit demander l’aide de Marc pour parvenir à se relever. Ensuite, son amant l’embrasse tendrement et l’entraîne vers le lit pour l’y agenouiller devant lui, au bord du matelas. Sans résister elle pose sa tête sur un oreiller, les mains toujours entravées derrière le dos. Ainsi positionnée, son fessier bien relevé est indécemment offert aux mains de Marc, qui se met à le caresser amoureusement. Les jambes gainées sont suffisamment écartées pour laisser entrevoir ses charmants orifices imberbes. Je note au passage que l’érection remarquable de Marc ne s’est pas évaporée. Puis me vient le regret de ne pas avoir pensé à activer l’un de mes chronos dès que l’amant a commencé à bander. Je pense que je tenais là un record en termes de durée érectile. Bref. À nouveau je m’éloigne de mon sujet d’étude et m’en excuse, mais Dieu que cette séance d’observation est édifiante !



L’amante captive ne semble donc pas encline à tenter l’évasion. Je me tiens un peu à l’écart derrière Marc, d’où je jouis d’une vue imprenable sur ses fesses musclées, ainsi que sur la croupe offerte de Marie. Je sais que l’homme jubile de la voir ainsi entravée, à sa merci. Ses mains cessent bientôt de caresser le fondement de sa maîtresse et il s’agenouille à hauteur du sillon. Sa langue se met à lécher les grandes lèvres, avant de se risquer à explorer les tréfonds du sexe humide. Puis, avide de fantaisie, la langue de Marc glisse un peu plus haut. Délicatement il lèche le petit trou pendant que ses doigts, désœuvrés, ont décidé de fouiller cet abricot particulièrement juteux. Pour bien faire, il eût fallu que quelqu’un puisse prendre en main le gourdin de Marc, palpitant de désir. Le membre est prêt à exploser et lévite, comme en apesanteur, attendant qu’on lui offre une niche chaude et accueillante. Malheureusement je ne suis pas de chair… Marc, excité par cette dégustation improvisée au son du plaisir non feint de Marie, finit par se redresser. Sentant que la langue audacieuse s’est éloignée, Marie se fait muette et tend l’oreille, la tête toujours posée sur l’oreiller. Elle distingue le son d’un emballage que l’on déchire, puis la voix de Marc, qui l’interroge sur un ton inhabituellement autoritaire :



Marc pose alors l’extrémité de son sexe sur l’intimité de son amante, pousse légèrement puis se retire, et recommence. Marie se cambre davantage et se tortille, tentant de reculer légèrement et de s’empaler sur la verge qu’on lui tend.



Marie se met à rire et réplique, feignant le reproche :




Marc avance alors soudainement le bassin et fait glisser son sexe en elle, entièrement, avec une facilité déconcertante. Marie pousse un râle exprimant à la fois plaisir et surprise. Les mains agrippées aux hanches voluptueuses, Marc fait coulisser son pieu en de lents et amples aller-retours. Parfois il la pénètre jusqu’à la garde et demeure ainsi, niché au creux de son ventre et esquissant des mouvements de bassin à peine perceptibles. Marie vocalise dans les aigus quand il fait cela, alors il ne s’en prive pas. Marie aime les cowboys, leur talent au maniement du lasso et leurs folles chevauchées sur les prairies s’étirant à perte de vue. En observant la tournure endiablée que prend cette levrette, je me dis qu’un solide morceau de corde aurait peut-être plu davantage à Marie que l’insolite bande Velcro qui enserre ses poignets.



Marc prend Marie comme elle le lui a demandé, c’est-à-dire plutôt sauvagement, afin d’obéir à l’ordre que j’entends de sa bouche à plusieurs reprises. « Baise-moi », puis « Baise-moi plus fort ». Marc s’exécute, s’arrête de temps à autre et glisse une main sur la fente de son amante. L’embrassant dans le cou, il taquine son clitoris, empaume ses seins, avant de reprendre leur folle cavalcade. C’est regrettable, mes chronomètres sont toujours éteints. Bête oubli de ma part… Sans nul doute sera-t-il suffisant de dire que Marie et Marc me troublent dans leur soif de jouir intensément de chaque instant. Pantelants et repus de plaisir, ils s’allongent ensuite l’un contre l’autre pour reprendre leur souffle. Ils ont eu chaud mais la chambre est plutôt fraîche. Marie ouvre donc les draps pour se glisser sous la couette moelleuse, bientôt rejointe par Marc, de retour de la salle de bains. Contre elle il se blottit et cherche ses lèvres pour l’embrasser doucement.


L’une des mains de Marc caresse sensuellement l’épaule nue de sa muse. Lorsque ses doigts descendent sur son bras, elle regarde distraitement sa montre qu’il a gardée au poignet, puis son alliance, elle caresse ses joues et sa barbe parfaitement taillée. Ils se taisent, n’ont-ils rien à se dire ? Je chasse cette pensée rapidement en songeant aux flots de messages écrits que j’ai observés entre eux ces dernières semaines. Ce matin, ils ressentent peu le besoin de se parler par des mots.



La voix de Marie est un murmure. Marc l’a entendue mais continue à caresser délicatement la naissance de ses seins.



Marie le dévisage, esquisse un sourire. Me concernant, je crois également à une plaisanterie, mais me ravise lorsqu’il répond, en plongeant ses yeux noirs dans les siens :



Il est onze heures trente-quatre. Pour être à l’heure au bureau cet après-midi, Marc doit quitter la chambre à treize heures. Vont-ils vraiment s’endormir entre-temps ? Cela suscite en moi une déception mêlée d’envie. Après tout, moi aussi, je me sens un peu fatigué. La descente sur Terre a été éprouvante. De plus, il reste de la place dans le lit, surtout du côté de Marc, et je me dis qu’il ferait bon s’y allonger un peu.



Cependant, un ronronnement de moteur provenant de la chambre voisine attire soudain notre attention. Tirée de sa somnolence, Marie a rouvert les yeux en poussant un soupir d’aise, la tête posée sur le torse de Marc. Ce dernier fait remarquer, légèrement agacé :



Marie acquiesce avec enthousiasme. Marc repousse alors les draps à leurs pieds et tend un oreiller à Marie, qui s’installe confortablement sur le ventre. Agenouillé près d’elle, Marc semble hésiter, puis saisit délicatement l’un des pieds de sa maîtresse. Ainsi, il remonte en doux massages sur les mollets, puis les cuisses de Marie. De temps à autre, sa main offre au fessier galbé une caresse sensuelle, mais le moment ne semble plus propice à la précipitation de l’excitation. Marc est une bête de sexe, mais sa douceur me fait envie, à moi aussi.


Sans surprise, le massage se prolonge et je sais que je n’apprendrai rien de bien nouveau pendant cette séance. Le massage est un art sublime pour celui qui aspire à prendre son temps. J’en connais la beauté, la diversité. Maintes fois j’ai contemplé la lenteur de mains explorant une peau dénudée, parfois huilée. J’ai souri en surprenant un baiser furtif, volé à la naissance d’une nuque. A l’instar de celui du masseur, mon regard s’est souvent attardé sur la beauté d’un tatouage ou les courbes affolantes d’une chute de reins. Pour tuer le temps, je décide donc d’aller voir qui passe l’aspirateur de l’autre côté de la cloison.



Elle s’appelle Linda et s’active comme d’ordinaire, en pleine journée de travail. La quinquagénaire rondouillarde se demande à quelle heure le jeune commercial de la 23 va quitter l’hôtel. S’il tarde trop à rendre sa clé, Linda devra préparer trois chambres en une demi-heure. Elle bougonne entre ses dents et se dit qu’elle en a assez, de devoir sans cesse se presser. L’irritation la ronge en constatant que certains trouvent du temps, apparemment, pour prendre du bon temps. En changeant les draps, elle pense aux gémissements sonores de l’hystérique qu’elle a entendue jouir tout à l’heure, en passant devant la 21. On n’a pas idée de faire tant de bruit dans un lieu public. Cela dit, c’est vrai que si son mari la faisait crier de la sorte pendant l’amour, elle s’en prendrait, des matinées de RTT, juste pour une bonne partie de jambes en l’air. Mais le temps, c’est de l’argent. Dépité par cette dernière remarque silencieuse, je cesse de lire dans les pensées de Linda et traverse à nouveau le mur.



De retour dans la chambre 21, je marque un temps d’arrêt. Il semblerait que le massage sensuel ait dérapé d’une manière qui m’échappe. Allongée sur le dos, Marie s’applique maintenant à lécher délicatement le sexe bandé de Marc, positionné à quatre pattes juste au-dessus de son visage. La bouche de l’amant est elle-même occupée à embrasser l’intimité de sa partenaire. Quelle étrange position pour ces caresses buccales simultanées… N’est-ce pas là une superbe manière d’optimiser son temps, plutôt que d’offrir du plaisir à tour de rôle ?



Marie se met bientôt à soupirer de plaisir, puis à gémir sans discontinuer. En m’approchant du visage de Marc, fixé au sexe de Marie telle une bernique à son rocher, je devine que sa langue s’active sur son petit bouton. De subtils bruits de succion me parviennent et je vois la tête de Marc osciller légèrement entre les jambes de l’amante. Bientôt il se met lui aussi à soupirer plus fort et je m’approche du visage de Marie afin d’en déterminer la cause. Marie a les joues empourprées et s’emploie à faire virevolter sa langue autour du gland luisant de Marc. Ce faisant, elle lui malaxe les fesses et glisse parfois une main sur ses bourses qu’elle flatte de la même manière. Je me demande si ce jeu ne consisterait pas à faire flancher son partenaire en le faisant jouir avant d’arriver soi-même à l’extase. Ce serait une fantaisie diablement excitante pour jouer avec minutes et secondes.



Ainsi, sans relâche les deux bouches expertes se livrent à pléthore de délices. Marie s’interrompt pourtant avant le terme du jeu et demande d’une petite voix d’ingénue :



Perplexe à ces mots énigmatiques, je regarde Marie saisir un second oreiller qu’elle cale sous sa tête. Posant ses deux mains sur les cuisses de Marc, elle attire ce dernier délicatement plus près de son visage. Le sillon de l’amant recule juste sous son nez, ce qui fait naître un large sourire sur les traits réjouis de Marie. Celle-ci s’installe telle une convive s’attablant devant un banquet de choix, bien décidée à faire honneur à son repas.



Le premier contact de l’appendice buccal sur l’anus paraît timide, mais fait tressaillir Marc. La langue y revient pourtant et en fait le tour, dans un sens, puis dans l’autre. Les mains fines sont agrippées aux fesses à l’arrondi parfait, puis l’une d’elle se glisse en dessous. La verge pleinement érigée, momentanément abandonnée, convulse telle une créature fiévreuse cherchant à ramper sur son ventre. Les doigts de Marie enserrent le membre brûlant et font coulisser sa peau, pendant que sa langue humide devient de plus en plus audacieuse sur l’orifice de Marc. Elle savoure et prend son temps mais je devine sa gourmandise, l’élan d’excitation qui accompagne les premières fois. Douceur et volupté habitent sa langue mais c’est sa main qui trahit l’ardeur, la soif de faire soupirer l’amant de plus en plus profondément. Cette jolie feuille de rose est la première pour Marc aussi. Installée de la sorte, Marie ne peut voir le visage de son partenaire, mais les râles qu’il laisse échapper la mettent en transe. Elle lèche de plus belle son petit trou en couvrant ses fesses de caresses. Quant à son autre main, comme devenue folle elle le masturbe de plus en plus frénétiquement, jusqu’à suivre le rythme de celle de Marc, tout aussi occupée. Dans cette position singulière, comme il ne parvient plus à nicher son visage entre les jambes de Marie, Marc a confié à sa main la mission de caresser le petit berlingot de Marie sur tous ses points sensibles. L’opération réjouit tellement ses doigts que très vite, trois d’entre eux se sont glissés en elle et s’adonnent à de joyeux aller-retours.



Face à cette scène je demeure les yeux écarquillés, frappé par l’intensité des minutes qui s’égrènent. Le couple n’est plus qu’un seul corps étrangement enchevêtré, sensuelle créature luisante de sueur, ondulante et gémissante à deux voix, agitant frénétiquement certains de ses membres et menaçant d’exploser. L’explosion ne dure, en revanche, qu’une poignée de secondes. Marc relève la tête subitement car un jet puissant vient de lui asperger les joues et le front. Marie est en proie aux élans de l’extase et ses cris résonnent de telle sorte que je pense à l’indignation probable de Linda, si celle-ci œuvre encore à proximité. Simultanément, plus les râles de Marc s’intensifient, plus la main de Marie le branle avec ardeur. Il ne tarde pas à rendre les armes et jouit à son tour, arrosant généreusement de son jus le ventre de Marie, alors que celle-ci vient d’émettre une nouvelle fontaine. L’instant d’après, elle réalise que ses fesses sont trempées et comprend. L’instant d’après, Marc réalise que désormais Marie a goûté au moindre recoin de son corps. Un peu hébétés et ivres de jouissance, ils se redressent, leurs regards se croisent et ils se mettent à rire de bon cœur. Assise sur le lit, Marie porte une main à sa bouche en remarquant les draps trempés et son ventre enduit de semence. Marc l’embrasse tendrement et pointe du doigt la myriade de gouttelettes incolores qui parsème le lino.



Stupéfait, je me réjouis sincèrement que les amants aient pu vivre pleinement ce moment. Puis, malgré moi je repense à Linda quand elle découvrira l’état du sol et des draps.



Une dernière fois, Marc et Marie restent enlacés sur le lit, sans bouger, si ce n’est pour offrir à l’autre quelques ultimes caresses ou baisers. Nos trois heures touchent à leur terme et je sens que les amants repoussent l’instant où ils devront se lever, se doucher puis se rhabiller, chacun de leur côté. Peut-être y a-t-il ici, quelque part dans l’hôtel, un autre couple étreint de la même crainte de revenir au tumulte de la vie moderne. Pour le savoir il me faudra y revenir, si Dieu le veut, afin de poursuivre ma mission. J’espère infiniment que les personnes que je rencontrerai sur Terre par la suite ne me feront pas perdre mon temps. En revanche, de tout cœur je prie pour que les humains me fassent perdre, ne serait-ce qu’un moment, la notion du temps, à l’instar de Marc et Marie.



*****



Remerciements


Je remercie chaleureusement Marc et Marie pour leur assiduité sans faille dans le cadre de mon observation.


Merci à Vénus pour ses précieuses explications dans les domaines du Kamasutra et des pratiques sexuelles. Le 69 et la feuille de rose n’ont désormais plus de secrets pour moi.


Merci aux magasins Max Torchel. Leur catalogue extrêmement fourni, notamment la section BDSM, m’a éclairé sur l’entravement et les différents kits d’attache possibles dans le contexte étudié.


Merci à Dieu d’avoir cru en moi.



*****



Chronos appuya sur l’un des boutons de son casque sans fil pour prendre l’appel, agacé par la nouvelle manie de Dieu de l’appeler par ce biais.



Le Maître du temps sentit une vague d’appréhension lui serrer le cœur.



Le soupir de soulagement que Chronos ne put contenir fut audible à l’autre bout du fil.



Chronos fronça les sourcils et demanda, perplexe :