Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 22290Fiche technique11169 caractères11169
1944
Temps de lecture estimé : 8 mn
25/02/24
Présentation:  Amateurs de peinture et de photographie (et de sexe gay)
Résumé:  Une rencontre, qui n’en est pas une, quinze ans plus tard.
Critères:  hh hplusag
Auteur : lelivredejeremie            Envoi mini-message
Vous connaissiez Tuke et von Gloeden, vous ? Moi, oui.

Même si je n’étais pas revenu dans le village depuis quinze ans, j’ai directement reconnu le manoir, rien n’avait vraiment trop changé. Et le propriétaire, à peine plus, ses tempes grisonnent un peu, comme les poils du goatee bien taillé qui entoure désormais sa bouche, mais il est toujours aussi élégant, raffiné, et il faut bien le dire, furieusement séduisant.


Ce n’est évidemment pas le terme que j’aurais utilisé à l’époque, la notion de séduction masculine m’était étrangère, je l’avais trouvé – faute de mieux – terriblement… classe, voilà.


En m’ouvrant la porte, ce soir-là, pour le rendez-vous tarifé négocié sur l’appli, il ne m’a évidemment pas reconnu, m’a détaillé de haut en bas, et a murmuré ;

– Tu es parfait, suis-moi au salon, pour que nous fassions connaissance.


Je l’ai rejoint sur le canapé design, et il a tendu le bras vers un seau en métal dont il a sorti une bouteille de champagne, pour en faire sauter le bouchon et remplir deux flûtes.

À ma première et dernière visite, il n’avait pas eu le temps de me proposer un verre de Coca…


***



Je m’étais probablement trouvé très malin de répondre :

– C’est vieux, on n’avait pas encore inventé les vêtements ? devant les portraits de jeunes hommes, sinon de garçons, tous entièrement nus.



Je n’avais évidemment rien compris.


Ce n’est que dix ans plus tard, en fin de terminale que notre beau trentenaire de prof de philo nous a imposé un exposé sur la contextualisation d’un mouvement artistique au choix dans son époque. La moitié de mes camarades, se croyant originaux, ont choisi la facilité avec la bravade très relative de l’expressionnisme. Pour moi, le défi était ailleurs, et plus vaste que le cadre d’un cours. Je me suis souvenu de la collection de nus de l’ancien employeur de ma mère, pour finir par retrouver le peintre, Henry Scott Tuke, et le photographe, Wilhelm von Gloeden.


À deux mois du bac, des vacances d’été, et de mon entrée à la fac, il m’importait désormais peu de dévoiler une préférence que je pratiquais depuis un an, avec les rares mecs de mon âge des applis de rencontre, aussi maladroit que décevants.


Là non plus, rien n’avait vraiment changé, sauf le regard de mon prof de philo, qui m’avait retenu après son cours, le dernier de la semaine, soi-disant pour discuter mon choix du sujet, mais finir par exposer son sexe lourd, au prépuce épais, dont j’avais fait surgir un gland légèrement inquiétant, alors que j’amenais sa hampe à une taille que je n’avais pas encore connue.



La douleur, évidemment, la brûlure, l’invasion heureusement lente, l’impression d’être déchiré, puis le grognement qui avait accompagné le contact de ses poils pubiens sur mes fesses « J’y suis… » pour ensuite me limer, une main pressée sur ma nuque, l’autre qui remontait mon polo sur mon dos qu’il caressait, puis le début d’autre chose, d’un plaisir trop peu connu, et jamais encore trop complètement… La notion de temps était devenue abstraite, mais aucun de mes jeunes amants n’avait jamais eu son endurance, ni poussé les sensations à cette limite.



Note à moi-même… Notes, au pluriel, en fait… (1) les mecs du double de mon âge semblent être de bien meilleurs coups, et (2) me renseigner sur la PrEP…


***



Devant son sourire amusé, j’ai pris la moitié du contenu du verre en bouche, avant de porter mes lèvres sur son sexe, qui a grandi et libéré son gland sous la caresse de ma langue.



L’effervescence de la caresse au champagne ayant faibli, j’ai repris du liquide pour la continuer.



J’ai avalé le vin. « Ailleurs, alors ? »



Je l’ai suivi, en jetant à nouveau le regard sur les tableaux qui égrènent toujours la cage d’escalier. Il l’a remarqué.



Retour de la grimace amusée, alors qu’il a saisi mes pieds pour en approcher sa bouche ‘’Ma petite fantaisie…’ et de me sucer les orteils, avant de faire glisser sa langue sur l’intérieur de mes jambes et de l’attarder sur ma rosette, dont Thomas, mon pote de promo, et sex-friend habituel, me dit qu’elle finit par palpiter.



Il s’est lentement enfoncé en moi, avec une considération assez rare, puis a cherché mon accord d’un regard, avant d’entamer des mouvements qui alternaient le lent passage de son gland sur ma prostate, et ceux, plus vigoureux et profonds sur la longueur de mon rectum.


Je n’ai même pas eu à simuler le plaisir, qui montait lentement, alors que je portais les mains sur sa nuque et serrais les mollets sur sa taille, pour finir par presser les talons sous ses fesses, et l’inciter à me posséder entièrement.



Et je sais, on ne sent pas vraiment grand-chose, sinon une lubrification augmentée, assez inutile après l’éjaculation, sauf que, contre toute attente, il a continué à me posséder, pousser son corps dans le mien, son gland qui me laminait les parois du rectum, provoquant les répliques de mon orgasme.


Il a interrompu un instant ses mouvements, redressé son torse et m’a demandé :

– As-tu joui ?


J’ai attiré son regard sur mon gland dont suintait un filet de liquide pré-éjaculatoire, pour lui susurrer :

– Il ne tient qu’à vous…

Il a repris ses pénétrations, cette fois plus soutenues, j’ai porté le poing sur mon sexe, pour éjecter cinq traits de semence sur mon ventre…


Après une douche partagée, il m’a raccompagné sur la descente des marches, que j’ai interrompue pour à nouveau observer les portraits.



Le jour de la remise de diplôme de master, maman n’était pas là. Tristan, oui, malgré la thérapie qui lui a brûlé la moitié du crâne, discret, mais un peu fier… Et ensuite étonné.



Son cancer foudroyant rend la montée de l’escalier plus difficile, il s’arrête toutes les dix marches, pour porter le regard sur quelques portraits.

– Mes préférés… tu ne remarques rien ? Ils te ressemblent. Je t’ai aimé avant de vraiment te connaître.



Pour la première fois avec lui, presque la première fois comme actif, j’ai simulé mon plaisir, comme il l’a fait, mais l’amour dans nos regards croisés a été sincère.