Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 22296Fiche technique38963 caractères38963
7026
Temps de lecture estimé : 29 mn
29/02/24
Résumé:  Maxime et Géraldine, anciens collègues, échangent par écrit sur ce qu’ils ont vécu ensemble et ce qu’ils pourraient éventuellement vivre.
Critères:  #épistolaire fh extracon collègues cérébral voir intermast cunnilingu pénétratio
Auteur : Géraldine-bis      Envoi mini-message

Collection : Géraldine et Maxime

Numéro 02
Fantaisies épistolaires

Maxime,


Tu te souviens, je le sais. C’était après le confinement, quand on ne devait plus être ensemble dans le même bureau, pour éviter la propagation du covid. On venait alors à tour de rôle.

On passait plus de temps que de coutume dans nos foyers. J’ai fait partie de ceux qui ont aimé cette période : plus de temps à regarder grandir mes enfants, à créer des choses avec eux, à nourrir des souvenirs, des moments forts et globalement tellement doux. Plus de temps aussi avec Paul. Si lui et moi nous sommes toujours beaucoup parlés, nous avons mis à profit cette période pour creuser de nouveaux sujets, pour rebattre les cartes de notre mariage et évoquer ensemble des éventualités variées. Pourtant quelque part je manquais de fantaisie. Ce cadre domestique, cette famille parfaite, cet épanouissement à son comble ont laissé place à une envie d’un grain de folie, un quelque chose de plus. J’ai alors commencé, sans trop y penser au départ, à te laisser des mots au bureau. Je savais que quand viendrait ton tour de t’y rendre, tu les lirais de plus en plus avidement, et ces matins-là me procuraient une pointe d’excitation. Le jeu, comme tu le sais, s’est nourri de lui-même. Et j’ai eu le plaisir de le maîtriser, de bout en bout. De mener à mon rythme tes surprises hebdomadaires. De te laisser dans le silence certaines fois, et de deviner – ou d’espérer en tous cas - ta déception. J’ai joué, vraiment, et j’ai aimé ça. Tellement. Je me suis sentie espiègle, drôle, sensuelle, excitante. Dans ces moments, je quittais la volupté de mon parfait bonheur conjugal, pour chevaucher une vague d’audace. Ce personnage-là, « Géraldine », m’était inconnue au départ, mais elle m’a tout de suite plu et j’ai endossé ce costume sans effort, bien au contraire.


Mais à toi aussi, ce faisant, j’avais donné un rôle. Je devinais tes réactions, autant que je les fantasmais. Tu n’étais pas vraiment le Maxime mon collège de bureau, mais un Maxime devenu plus attirant encore pour être entré dans mon jeu. Même physiquement, tu n’es pas précisément tel que je t’imaginais pendant ces quelques semaines d’échanges épistolaires licencieux.


Alors, quand en visio le directeur a indiqué qu’on reprenait le travail tous ensemble « sur site » dès le lundi suivant, je me suis sentie mal à l’aise autant que déçue.


J’ai bricolé, tu t’en souviens, un ultime échange dans lequel il n’était plus cette fois question de clémentines coquines et de cajoleries sous le bureau, mais d’une partouze débridée et ridicule. J’ai anticipé ta déception pour enterrer la mienne, j’ai clos sur une pointe d’humour, et ainsi nous nous sommes retrouvés en face à face, à peine embarrassés, et pas trop complices non plus.



Géraldine,


Bien sûr, je me souviens de tout ça. J’apprécie quand même de lire entre les lignes de ton message ce qui a motivé ce « jeu », comme tu l’appelles : je crois que je n’avais jamais tout à fait compris ta motivation initiale, ni ton intérêt au fil du temps. Ce qui est sûr, c’est que c’est un super bon souvenir pour moi. Peu de ces messages trouvés le jeudi m’ont laissé indifférent. Et les années qui ont suivi ont été vraiment sympa entre nous. Peut-être qu’elles l’auraient été de toutes façons, remarque. Peut-être que même sans cette entrée en matière on aurait commencé à plus se parler ?


Se parler oui. Déjeuner ensemble les jours de boulot, aller à la piscine sur nos temps de pause puis commenter nos corps respectifs par SMS le soir, t’envoyer des photos de plus en plus suggestives, partager nos moindres secrets conjugaux, évoquer nos complexes et même certains de nos fantasmes ? Pas si sûre ! Ou pas si vite.


Ce qu’on a construit tous les deux, est doux, tendre et réconfortant : on se soutient, on se protège l’un l’autre, on se confie et on se conseille, chacun sur un mode différent.

C’est aussi quelque chose de piquant, d’excitant, un cadre pour réactualiser nos pouvoirs de séduction mis à mal par nos vies amoureuses installées, toutes satisfaisantes soient-elles. Mon estime de moi a parfois reposé sur tes jugements, tes retours, tes regards. Il m’est arrivé d’avoir la main sur le téléphone, dans l’espoir d’un commentaire sur telle paire de bas ou de botte, tel maillot de bain.


Il t’est arrivé aussi de me demander de ne plus te complimenter !


Oui… Parfois ça prenait trop de place, ce besoin de te plaire, et de ne plaire qu’à toi parce que mon mari ne me regarde plus comme tu le fais. Parce que je lui suis acquise, parce qu’il m’a vue accoucher, malade ou déprimée. Parce que, simplement, notre connexion se trouve sur un autre niveau : et heureusement, je vais vieillir avec lui, je ne peux pas miser grand-chose sur les jugements qu’il porterait sans arrêt sur mon corps vieillissant ! Mais toi, tu es comme de passage. Pas d’engagement entre nous, forcément : l’ici et maintenant. Alors ton œil appréciateur a pris toute la place, m’a guidée bien des fois dans le choix de mes vêtements, dans des postures, dans des attentions. Je t’en suis reconnaissante, c’était une bonne chose pour moi, sans doute. Mais parfois l’attente du commentaire était envahissante, j’en développais une dépendance. Le mot n’est pas trop fort, c’était vraiment ça…


« C’était » ? Tu en parles comme si ça n’avait plus cours !


Oui, parce qu’il y a longtemps que je ne t’ai pas demandé d’arrêter ! C’est clairement du passé, lié à cette époque où on partageait le même bureau et les mêmes pauses déjeuners ! Ne va pas t’imaginer que j’ai gardé cette façon de t’envisager depuis que j’ai quitté mon poste, ce serait un peu lourd pour ton égo… !


Il reste pourtant de ta part quelques envois de photos, prises dans des cabines de boutiques de lingerie…


Certes ! Mais dis-moi, tu t’en plains ?

Parfois le piquant du jeu me manque. Parfois, attendre la sonnerie de mon téléphone, celle qui indique un message reçu, me manque. Parfois, aussi, tout est un peu trop lisse et je m’ennuie vaguement.


Ce personnage, la Géraldine des mails du confinement, me manque souvent, en fait. Elle était audacieuse comme je ne sais pas l’être. Elle n’y allait pas par quatre chemins et elle a plutôt bien réussi à t’atteindre, si j’ai bien compris !


Je ne crois pas qu’elle soit bien loin sous la surface. Derrière les rideaux des cabines d’essayage, dans un body en dentelle échancré, c’est elle non ?


Là oui, sans doute. D’autres fois, c’était moi, avec mes émotions et mes sentiments.


Émotion vive, colère puissante, quand tu avais lâché par message un « je t’aime » mal à propos, qui venait tout compromettre.


Émotion vive, embarras profond, quand j’ai dû admettre quelques semaines plus tard, à moi-même d’abord, que mon envie de te voir et d’être vue par toi, de te parler et de t’écouter, dénotait d’autre chose que de simple amitié. Émotion et embarras démesurés quand j’ai décidé de t’en parler : un échange prémédité, préparé, et qui a été si difficile. Qui devait mettre fin à toute communication entre nous, partant du constat que des bornes avaient été dépassées.


Je me souviens bien. « Amoureuse ». Un vrai choc. J’avais alors cru initier un geste envers toi. J’avais eu envie de te serrer contre moi. Tu t’es laissée faire mais n’as pas apprécié, parait-il.


Non. J’y ai vu de la condescendance « allons ma pauvre fille, faut pas te mettre dans cet état pour moi » ou quelque chose du genre. Après, on a discuté et finalement tout a continué plutôt pareil. Mais au-delà de ça, je t’en ai voulu d’avoir initié le contact physique entre nous. C’était, en un sens, « le dernier rempart » tu ne crois pas ?


Je vois ce que tu veux dire. Mais ce jour-là, dans cette impulsion-là, c’était censé être réconfortant, et puis aussi l’expression de ma propre émotion. Bien sûr qu’il y a eu des sentiments forts, par période.


Et d’autres contacts.


Et d’autres contacts.


Cette bulle-là, ce souvenir précieux et précis, je ne veux pas l’écrire.


Si tu le faisais, j’aurais peur que quelqu’un lise. Ma vie actuelle volerait en éclats.

Et en même temps, j’aimerais beaucoup lire ces mots-là.


Tu m’étonnes. Compenser un souvenir que l’alcool t’a volé !


On en a souvent parlé : tu sais que c’est faux ! Je me souviens. Pas comme d’un film image par image comme toi, mais de sensations, de la texture et du goût de ta peau, de paroles échangées, de parties de ton corps que je découvrais, de baisers, de caresses.


Ces souvenirs qu’on se réserve chacun pour les froides et longues soirées d’hiver, pour ressasser un moment… indescriptible.


Je n’ai rien vu venir, je n’ai pas anticipé, je n’ai pas cherché. Comme toujours, je n’ai pas eu l’audace, celle dont j’aimerais être pourvue comme Géraldine. Celle que toi tu as déployé en frappant à ma porte aux petites heures de la nuit, dans ce bungalow impersonnel, mais confortable d’un séminaire professionnel – quel cliché…


L’audace caractérise mon souvenir. La stupéfaction devant ton audace, plus précisément. Il est là, dans ma chambre, c’est surréaliste. Il me touche. D’abord ça : il est là, je ne sais pas pourquoi, et tout de suite il me serre contre lui. Je connais : il y avait déjà eu cette lointaine accolade. C’est peut-être juste la même chose. Bon. Mais c’est un baiser sur mon épaule qu’il vient de déposer non ? On change de catégorie alors. Ah bon ? Et là, sa main sur mon dos, mon T-shirt très court, sa main contre la peau de mon dos, et qui y reste. C’est donc fait exprès ? Ah bon ? Et ainsi de suite, de surprise en surprise.


Tu ne réalisais pas, sans doute. Mais tu étais bien là, avec moi.

Tu m’as embrassé en retour.


Bien sûr… Je n’avais aucune raison de ne pas le faire. Ça semblait naturel.


Tes mains sur ma nuque, dans mes cheveux. Tu t’agrippais presque.


Oui.

Et puis tu m’as soulevée et portée vers le lit. Je n’osais rien faire, moi. L’initiative n’est pas permise quand on est libre d’agir en pareille circonstance, ce qui, comme tu le sais est mon cas vis-à-vis de Paul. Toi, tu avais ta conscience, ta trahison en cours avec laquelle parlementer à chaque instant. C’était donc inévitablement à toi de poser les limites, de définir les possibles. … Et si la posture passive et en attente n’est pas confortable à tout instant, elle constitue un franc délice quand il s’agit de soumettre son corps aux découvertes et aux initiatives d’une personne appréciée.


« On a beau être féministe, c’est quand même un sacré truc de se sentir une petite chose entre les bras d’un homme ».


Oui, mot pour mot. À un de ces moments où, bras derrière mon dos, tu me serrais vraiment très fort contre ton torse.


Et un bel euphémisme, « sacré truc » : c’était génial, grandiose, délicieux. Et je ne cessais pendant ce temps de m’étonner de cette audace dont tu faisais preuve. Ce n’est pas faute d’avoir souvent parlé sexe avec toi dans les années précédentes… mais ça ne me préparait pas à découvrir le Maxime en roue libre, donnant court à ses envies, sans quelque chose du filtre diurne.


Parfois je me dis que tout homme cache une face bestiale, et qu’il n’est rien de tel qu’une situation de sexe – au sens très large – pour la libérer.


Je m’en défends, mais je garde une certaine curiosité de ce que nous aurions pu connaître dans les minutes suivantes, si nous avions fait tomber les barrières.


Et les pantalons.


Et les pantalons !

Je pourrais dire que je n’ai pas eu de regrets, ce serait sans doute vrai. Mais je ne peux pas nier que j’ai eu envie que cela recommence, cette autre fois, au séminaire suivant. Et que sans doute alors ce soit un peu différent, le lieu, les envies du moment. Une suite.


J’avais bricolé un cadre qui rendait une rencontre possible, et je t’en avais averti. Tout en me sentant très inconfortable… L’initiative, l’audace – j’en reviens à ce mot qui est celui qui correspond le mieux – me font tellement, tellement défaut. J’ai cru essayer, pourtant. J’ai eu envie que cela porte des fruits, envie de sentir que je n’étais pas seule avec cette envie.


Et puis, le moment venu, le message passé, la porte entre-ouverte vers cette espèce de jardin manucuré, j’ai attendu. J’ai fait semblant, vis-à-vis de moi, de ne pas avoir d’espoir de quoi que ce soit, que ça ne comptait pas. Mais j’ai attendu, et j’ai espéré. Et quand j’ai renoncé, quand j’ai fermé cette porte, quand j’ai finalement grappillé quelques heures de sommeil, j’ai vu grandir en moi une déception féroce, et même une rancune. Je me suis sentie humiliée d’avoir ainsi exposé mes attentes sans recevoir de retour. Quand j’y repense, encore à ce jour, je me sens mal et je t’en veux.


… Et puis, il n’y a plus eu de séminaire pour se poser ces questions.


Et voilà, oui, nous ne sommes plus collègues. Nous naviguons à vue pour garder quelque chose de ce qui nous importe, dans un nouveau cadre pas très souple. Il faut du temps dans la vie perso pour se voir désormais. Il faut le dédier, ce temps, activement. Le décider, à chaque fois. Et c’est tout nouveau. Et ça entre en conflit avec d’autres moments, d’autres personnes.


Je sais. C’est assumer une envie de se voir, toute amicale soit-elle désormais, quelque chose qui n’existait pas avant.


Moi qui recommence une vie professionnelle, qui patauge dans mon quotidien déroutant, j’ai parfois envie de m’accrocher à ce qui me faisait du bien avant. Toi, ton quotidien n’a pas trop bougé, et tu n’as pas sans doute ce même besoin de garder le lien.


Moi j’ai peur que mes choix me fassent perdre plus que je ne voudrais, toi tu n’as rien choisi et donc rien à mettre en place.


Parfois j’ai envie de me changer les idées, de décompresser. Et pour ça, la pointe d’excitation, quand je te provoque avec une photo ou une phrase, l’attente à nouveau d’un message un peu piquant, tout cela j’ai l’impression parfois de le quémander. Comme pour cette porte entre-ouverte sur le jardin propret, cette porte que personne ne viendra ouvrir et que je finis par fermer de mauvaise grâce, je me sens « en demande », et je ne l’assume pas. Mais alors, pas du tout.


Tu ne peux pas m’accuser de ne pas réagir aux messages et surtout aux photos, pourtant…


Non, c’est vrai. Mais ces choses-là sont toujours venues de moi. Tu ne m’as pas souvent cherchée par messages et à peu près jamais envoyé de photo.


J’ai un vague souvenir, il y a des années, d’avoir posé exprès. Je n’étais pas très fier du résultat. Mais il y a eu des photos de plages, de piscines…


C’est vrai ! Et finalement, peut-être que mon « audace » à moi, a la caractéristique de s’exprimer comme ça. Que je ne frappe pas aux portes de peur d’être rembarrée, que je ne drague pas en terrasse, mais que j’ai les mots et les images pour moi, surtout virtuels.


Et puis, tu peux encore apprendre !


Pas avec toi, alors.


J’aimerais te répondre que si. Mais tu vas partir, et le temps nous est compté désormais.


C’est une question de mois avant que nous ne classions le dossier de ces dernières années qui renferme nos mots, nos images et ces rares gestes. On sait tous les deux qu’il n’y aura pas de suite. Que la distance mettra le point final. Et que c’est, à certains égards, peut-être, une bonne chose.


Il y a tellement de tristesse dans cette résignation. Mais elle est réaliste, sûrement…


Et si. Et si avant, et si avec cette perspective de clore bientôt ce à quoi nous n’avons jamais donné de nom de peur de créer une identité tangible, et si, donc, on se donnait une dernière bulle ? Une belle légère, une bulle douce, une nouvelle bulle à ranger soigneusement dans un coin du grenier, pour sucrer ponctuellement les heures ternes d’un quotidien lassant ?


Comme un au revoir ?


Une parenthèse sans conséquences, mais cette fois affranchie de la limite de devoir sauver les apparences pour des lendemains professionnels, ou même pour des cafés amicaux de loin en loin. Comme si on écrivait un épilogue, ou plutôt, franchement tel que je l’imagine, un bouquet final. Le genre dont on pourra sortir ivres, époustouflés, choqués ou amoureux. Un souvenir éblouissant que le temps permettra, à son rythme, de classer, comme le reste. Quelque chose à emporter avec nous, sous l’aile, en cas de besoin. Un de ces moments qui rendent tellement vivants.


Pas un mot sur la culpabilité, corollaire de la proposition que je devine ?


Pas un mot, non. Elle t’appartiendrait. Je ne m’en lave pas les mains, mais je ne peux pas la porter pour toi. Je ne veux pas faire ça.


J’en suis affranchie, j’ai obtenu cela à force de temps, d’efforts et aussi de souffrances. J’ai le droit, je crois, de savourer son absence dans ma vie.


Mais tu remarqueras que je ne t’impose rien. Comme par le passé, je ne décide pas pour toi. Si tu viens, c’est en homme, en âme et en conscience relativement, raisonnablement, ponctuellement, libre.


Venir où ?


Ce gîte, cette maison isolée dans la campagne, dans un jardin luxuriant. Il y a du bois au mur, des vitres qui donnent sur le jardin sur tout un côté de la pièce principale, des canapés et des fauteuils, un lit en mezzanine, du café chaud à volonté et du vin au frais. Il y a un ou deux romans que j’ai apportés pour moi, et puis mon ordinateur avec la série du moment. Il y a surtout le travail que j’ai prévu, le dossier à rédiger dans lequel me plonger loin de mon quotidien familial agité. Alibi pour l’excursion solo – aucun alibi n’était en fait nécessaire – mais surtout palliatif au profond silence. À chaque instant, à mon corps défendant, je tends l’oreille. Pas de bruit de moto, rien n’approche. Les heures tournent. Je sais que tu ne viendras pas, je le sais avec une évidence assourdissante, mais j’y crois encore un tout petit peu. Comme cette porte que j’ai gardée ouverte bien plus que de raison, dans le village vacances de ce séminaire décevant.


Et c’est à ce moment-là que tu entends la moto approcher.


Le son que je pensais d’abord avoir imaginé se précise. Le bruit croit et vient indiscutablement dans la direction de mon minuscule repaire. Je ne respire plus. Puis du silence. Puis te voici à la porte.


Ma tenue de motard n’a rien de très seyant. J’ai le casque sous la main et l’air un peu penaud. Et si finalement je n’étais pas le bienvenu ?

Et maintenant quoi ? Je n’ai pas un gramme de désinhibiteur dans les veines. Je ne suis qu’inhibition. … Mais je suis venu. Alors, cette fois, ce serait à Géraldine d’entrer en scène et de prendre sa part, non ?


S’il s’agissait de Géraldine, elle aurait été surprise par ton arrivée non pas en train de peaufiner le plan de son rapport, assise à une petite table de jardin devant la porte de son logement, un café à la main, mais sortant de la douche. Elle aurait cru que les coups frappés à la porte l’étaient par sa logeuse et se serait empressée de s’enrouler dans une serviette moelleuse blanche. Elle n’aurait pas attendu, elle, fébrilement, le bruit de la moto : ce n’est certainement pas son style. Elle n’aurait donc pas davantage espéré quoi que ce soit des coups frappés, et c’est très innocemment qu’elle aurait entrebâillé la porte dans cette tenue légère.


Entrebâillée ? Ça veut dire que je ne suis pas invité à entrer, que tu me laisses attendre dehors le temps de… ?


Non, ce n’est pas le style de Géraldine. Alors je t’invite à entrer, te fais une bise sonore et m’exclame que je suis contente que tu sois venu ! Je t’offre un café à la machine senseo, te montre un endroit où déposer ton casque et ton blouson, et te fais les honneurs des lieux.


Je t’imagine assez bien monter l’escalier, voire l’échelle, vers la mezzanine, juste devant moi, dans cette tenue…


Ce serait trop facile ! Je t’indique la chambre, en haut, d’un geste de la maison, mais nous ne nous y rendons pas. Tu as apporté quelque chose à boire et deux pâtisseries de cette petite boutique près de chez toi. Elles ont souffert du trajet mais rejoignent pour le moment le frigo sans autre considération. Le silence s’installe, on se regarde.


Un peu gênés sans doute. Et ensuite, quoi ? Je suis tenté de m’approcher et de t’enlacer la taille, comme ça, pour voir ta réaction, déclencher quelque chose, couper l’attente et l’incertitude.


Un peu comme certains parlent à tort et à travers pour ne jamais laisser exister le silence ? Je ne t’en laisse pas le temps. Je me fais couler un café à mon tour, histoire de m’éloigner et de te tourner le dos. Le temps qu’il termine de goutter, cela me semble long. J’ai conscience que ma nudité ne tient qu’à un morceau de serviette éponge, j’ai conscience de l’effet que cela produit sur toi et devine ton regard sur mes omoplates, sur ma nuque dégagée par mes cheveux relevés pour la douche. La tasse est enfin pleine, je me retourne. D’un petit saut, je me juche alors sur le plan de travail, attrape mon café et fait mine de le siroter. Tu n’en perds pas une miette.


Tu es assise sur le meuble, un peu en hauteur, tu portes une serviette et je ne sais pas si tu as une culotte. Question qui me transperce. Je crois que j’ai besoin de le savoir.


La serviette recouvre neuf centimètres de mes cuisses et mes jambes sont croisées, tu ne peux rien voir. Je lève les yeux, et je te regarde.


Je ne sais pas lire le sens de ce regard, il y a quelque chose de brillant, de liquide dedans. Sans doute dans mes yeux quelque chose d’approchant.

Je fais sans y penser les cinq pas qui nous séparent. Mon ventre frôle désormais ta cuisse gauche. Ma main se pose sur le côté de ta nuque et l’enserre. Je plonge mes yeux dans les tiens.


Le regard se prolonge. Puis je tends le cou, et nous nous embrassons. Tes lèvres sur les miennes, nos langues qui se rencontrent. Comme une découverte, une première fois. C’est presque le cas.

Ta main ne quitte pas ma nuque, et j’adore la légère pression qu’elle impose, je suis captive et je savoure. Ton autre main se pose alors sur ma cuisse.


Captive oui, active aussi. Je saisis doucement ton poignet. Le baiser s’interrompt, tu me regardes et je lis déjà de la surprise, ou bien peut-être une question. J’apprécie, je sens Géraldine se profiler. Je décroise les jambes, lentement, sans lâcher ton regard, et je guide légèrement ton poignet. Sans faire de manières, sans perdre de temps, sans rien précipiter non plus, je nous démontre à tous les deux que je suis aussi capable de ce genre de surprises.


Mes yeux se ferment un bref instant quand je sens tes doigts. Tu as compris ce qu’il y a d’amusement et de transgression dans cette entrée en matière, toi non plus tu n’y vas pas par quatre chemins et très vite je sens un de tes doigts en moi. C’est un jeu, à peine plus audacieux que les précédents, les messages, les photos, les fantasmes évoqués. C’est un jeu de séduction, un amusement sans lendemain mais non sans plaisir. On se regarde toujours, les yeux un peu perdus, un peu fous, de part et d’autre, mais aussi le sourire de ceux pour qui la partie ne fait que commencer. Ton pouce se pose sur mon clitoris.


Sans vouloir me vanter, je crois que je sais y faire dans ce domaine. Tes yeux sont clos désormais. Je vois bien que tu te retiens de gémir, mais je ne sais pas bien pourquoi : par gêne ? par pudeur ? pour ne pas me céder trop ? Pourtant, j’aimerais ça. Ce serait un peu de pouvoir pour moi, un peu de reconnaissance aussi, d’une certaine manière. Même si des légers mouvements des hanches témoignent déjà de ton ressenti.


Bien, si tu veux, je peux me permettre quelques sons, me montrer plus expressive. Mais alors toi aussi, tu te mettras à parler. Tu diras que c’est doux, que je te plais, que je suis belle, aussi. Ces mots-là de ta part, je ne m’en suis jamais lassée.


Et tu es belle, tellement belle.

J’embrasse ton épaule nue, d’abord. Puis ta nuque, désarmante d’une certaine humidité qui colle de petites mèches folles sur ta peau.

Ma main gauche s’enroule autour de ton autre épaule. Mes doigts se posent, presque comme si de rien n’était, sur l’endroit où la serviette est repliée, très près de ton sein, sur la portion de tissus éponge qui tient l’ensemble enroulé autour de ton corps.


J’ai senti ta manœuvre, j’ai compris son objectif, et soudain j’ai un doute. La lumière est vive dans la pièce, et si je te laisse poursuivre je serai entièrement nue, offerte à ton regard. Toi, tu es tout habillé, mais ça n’est pas un problème. Le contraste a quelque chose de sympa…


Les doigts habiles de ta main droite ont cessé de bouger dans l’opération, c’est ce qui m’a alertée et ramenée à la pièce et à l’instant, alors que j’étais en train de dériver au loin… Je reprends mon souffle, mes sens, je rouvre les yeux.


Et puis quoi ? Tu vas t’échapper et aller t’habiller pudiquement dans la pièce d’à côté ? Et ensuite on ira faire une balade dans les bois ? Je ne suis pas sûr que j’accepterais cette issue, ma chère…


Non, tu as raison, je ne peux pas faire ça. Et franchement, je n’en ai pas envie.

Je ne vois que deux options. Soit j’accepte que tu guides les évènements et dans ce cas je suis à ta merci, à celle de tes yeux autant que du reste de ton corps. Soit j’invoque à nouveau la force de Géraldine, pour te surprendre.


Et donc ? Les deux options me conviennent, à moi… Même si une version dans laquelle je pourrais me débarrasser de mes vêtements ne me ferait pas de peine. Je me sens à l’étroit, là tout de suite.


Sur un coup de tête, je repousse ton poignet droit, d’un coup d’épaule je fais retomber ton bras gauche. Enfin, d’un coup de reins, je saute légèrement et aussi gracieusement que possible du plan de travail. Je m’approche de la vitre qui donne sur le jardin luxuriant.


« Luxuriant », un choix de mot intéressant… !

Je te rejoins, bien sûr. Ce ne serait pas le moment pour un second café ! Je m’approche de toi, dans ton dos, et pose mes mains sur tes hanches. J’embrasse à nouveau ta nuque. Tu ondules légèrement, alors je m’appuie contre ton corps, un peu plus.


Je penche très légèrement mon buste vers la vitre, et reste en apparence concentrée sur la vue. Je ne suis pas encore décidée sur la suite des opérations. Je te sens en appui ferme contre mes fesses, et je sens – à travers le tissu épais du pantalon de moto – que la situation ne te déplaît pas.


C’est le moins qu’on puisse dire. J’en ai presque mal. Je me recule légèrement et fait glisser mes mains de tes hanches à tes cuisses. Mes mains sont désormais sur ta peau nue. Je les passe vers l’arrière de tes cuisses, puis les fais remonter sur tes fesses, dans un mouvement symétrique, et, bien sûr, qui soulève la serviette. Le contact de la peau douce de tes fesses, de leur galbe si souvent épié à la piscine, m’excite encore un petit peu plus.


Cette fois, je ne vois plus d’autre issue, et j’en crève d’envie, de toutes façons. Il n’est plus question de pudeur ou de complexes, ni de jugement entre nous. D’une main, je détache la serviette, qui tombe au sol.


Tout de suite, à peine la surprise passée, mes mains remontent de tes fesses jusqu’à ton ventre, et je m’appuie de nouveau fermement dans ton dos. Je te tiens serrée contre moi. Je suis entièrement habillé, j’ai même encore mes chaussures. Tu es totalement nue et je ne peux te rêver plus offerte. Après avoir parcouru ton ventre, la paume de mes mains vient agacer tes tétons dressés. La paume seulement, doucement. Et j’observe ta réaction.


Je ne suis plus qu’abandon. J’ai l’impression d’avoir accompli la dernière chose qui relevait de ma décision, et que le reste, tout le reste, t’incombe. Je bouge légèrement mes fesses contre ton bas ventre, en dépit du côté rugueux du pantalon. Je me cambre légèrement, m’appuie contre toi, et laisse aller ma tête un petit peu vers l’arrière, sur ton épaule. Mes yeux sont fermés, et je ne cherche plus à retenir mes gémissements de plaisir. Tes deux mains, sur mes deux seins, c’est excellent.


Tu es à moi, dans cet instant, et je ne vois qu’une façon de renforcer cette sensation. Les doigts d’une de mes mains pincent désormais ton téton et tu exprimes immédiatement ta satisfaction. De l’autre main, je défais le bouton de mon pantalon et descend ma braguette. Je libère un sexe particulièrement impatient.


Je le sens soudain contre mes fesses. Je me penche vers l’avant, un petit peu, assez pour que tu comprennes. Tu me demandes tout de même « maintenant ? » dans un souffle, contre mon oreille, et j’aime que tu aies eu cette attention. Les mots, autant que la considération qu’ils recèlent, me causent une délicieuse torsion quelque part dans l’estomac. Je me cambre encore plus, en guise de réponse. Je suis penchée vers la fenêtre et le beau jardin, je pose mes deux mains sur la vitre pour affermir ma position, et malgré moi je souhaite à cet instant que la vue te plaise, dans son ensemble. Surtout celle de mon corps nu et offert.


Rien que l’évocation de l’image me fait de l’effet… Bien sûr, j’ai compris le message. Bien sûr, je n’attends que ça. Même si une petite part en moi se dit que nous allons jouer le dernier acte, et regrette par avance qu’il en soit ainsi.


J’ai la même sensation, mais je sais aussi que c’est inévitable, que ça doit être maintenant, que je ne peux pas concevoir d’autre issue à cet instant précis, que je te veux, toi, tout de suite, en moi, au plus profond. Que j’espère que tu y mettras de la force, que tu me prendras, littéralement. Que tu me posséderas.


Quel programme. Heureusement toutefois que ces mots ne sont pas dits sur l’instant, sinon quelle pression… Je suis flatté toutefois de ce désir à mon égard…


Assez de mots inutiles : baise-moi ! J’ai envie de toi !


Pendant que TU parlais, j’ai mis le préservatif, et guidé mon sexe. Alors quand tu perds patience, quand tu m’exhortes ainsi avec une ferveur dont je ne t’aurais pas crue capable, il ne me reste qu’à donner un fort coup de rein. Pour te satisfaire, chère Géraldine.


Satisfaite je suis. Comblée, au sens propre. C’est tellement bon.


La position est confortable pour moi. J’appuie aussi mes deux mains contre la vitre, à mon tour légèrement penché vers l’avant, et je débute un mouvement lent, ample et surtout profond.

Tu es si belle, nue devant moi, et tu pousses désormais, en rythme, de petits cris pour le moins encourageants. Je ne suis pas sûre de pouvoir tenir bien longtemps dans ce contexte, dans cette situation, dans ce cadre. J’essaye de fermer les yeux mais une petite voix me dit au contraire de profiter de l’image, de l’ancrer dans ma mémoire.


Mon Dieu que c’est bon… Tu remets une main sur mes reins, pour bien me tenir. Je me redresse et ta main passe sur mon ventre. Je suis à nouveau droite, debout, plaquée contre toi, te contraignant à réduire beaucoup le mouvement. Presque une pause. Tu m’embrasses la nuque, ou plus exactement cette zone à la base de ma nuque, entre les omoplates, qui me fait frémir de plaisir. Une zone érogène dont j’ignore si elle est rependue, mais qui est très active chez moi… Ta main à nouveau sur mon sein, moins douce cette fois, plus impatiente.


C’est vrai que je n’y tiens plus. Et en même temps je veux te voir entière, je veux te toucher partout, je veux te goûter, te lécher, t’embrasser. J’ai envie de toi de la plante de tes pieds à la racine de tes cheveux.


Ah tiens ? Bon, alors figure-toi que je m’avance d’un pas, doucement bien sûr, suscitant ton retrait de l’intérieur de ma chair. Mais pour rester claire sur mes intentions, je me retourne face à toi. Et je t’embrasse. Je suis plus petite que toi, surtout que tu as tes chaussures. Et j’aime cette sorte de rapport de force. Je me sens faible mais coquine, c’est un combo délicieux.


Moi aussi j’aime que tu sois plus petite, à ma merci… mais pas tant que ça. Nous nous embrassons, oui, mais j’ai d’autres projets. Je te soulève de terre. Je n’hésite pas : je l’ai déjà fait, tu t’en souviens. Mais là je n’ai pas à aller loin : le canapé est à trois pas derrière moi. Je t’y dépose, allongée, et je m’agenouille sur le sol, entre tes jambes écartées.


J’ai un coussin sous la nuque qui augmente encore la cambrure spontanée de mon corps. Je ne suis qu’attente…


De la pointe de la langue, d’abord, je te découvre. J’agace ton clitoris, extrêmement gonflé, excité. J’ajuste la pression et ma position pour ne pas risquer de te faire mal. Je suis passé expert dans ce genre de pratiques. Tu l’ignorais jusqu’alors, mais je mets un point d’honneur à te le faire découvrir de la manière la plus intense qu’il soit.

Ton bassin ondule, tu gémis de plus en plus fort.


Je relève la tête du coussin sous ma nuque pour planter mes yeux dans les tiens, un instant. Je sais que tu y lis une excitation terrible, et ces fameux « yeux qui roulent » dans l’extase, qui t’intriguaient parfois dans nos messages… Ces messages qui aujourd’hui semblent si sages, par comparaison…


Lire ton plaisir dans tes iris, voilà un beau cadeau.

Tu me demandes soudain de venir en toi, de te prendre. J’hésite. Et puis, finalement, je ne t’obéis pas et je poursuis mon jeu de langue experte.


Bravo, tu as gagné, je sens une vague immense qui se prépare. Ça enfle à l’intérieur de moi, ça me parcourt, ça m’engloutit. C’est chaud et froid à la fois. Mon corps se tend comme un arc – image éculée, mais je n’en vois pas de plus juste – et soudain c’est un éclair de lumière et un frisson géant, absolu, qui m’emporte toute entière. Je referme mes jambes sur cette sensation, pour la décupler. Je te laisse là, sur le sol, désormais hors de ma portée, et je ne m’en veux pas du tout : tu l’as cherché.


J’ai pris beaucoup de plaisir à te regarder vibrer. Je suis fier de ce résultat. J’en nourris une sorte de tendresse : je m’allonge contre toi sur ce canapé et je te serre contre moi. Tu es nue, douce et terriblement belle. Et je viens de te faire jouir.


Oh je la sens ta fierté. Toute à mon abandon. Je te l’offre, je te dois bien ça…

En revanche, je me lasse du contact de tes vêtements. Tu le sais, une peau contre la mienne a des vertus… électrisantes. Le temps de revenir à moi, je te chuchote de te déshabiller.


C’est donc chose faite. J’hésite à te laisser souffler en buvant ce fameux café qui m’attend toujours. Mais je ne résiste pas moi non plus à l’envie du contact de ta peau sur la mienne. Je m’allonge à nouveau, dans la même position, dans une étreinte plutôt innocente.


Tu fais bien. Au bout de quelques instants, ma main, au bout d’un bras faussement langoureux, glisse vers ton bas-ventre. Je garde les yeux fermés, je fais mine de me reposer encore, mais mes doigts s’agitent. Ils frôlent ton gland le temps de quelques mouvements doux, puis s’enroulent autour de ta bite. Là, ils prennent une posture plus ferme, te maintiennent, et initient doucement un mouvement de bas en haut.


C’est comme si le premier contact m’avait balancé une décharge. Je n’avais eu le temps de me « détendre » qu’un bref instant, en me déshabillant. Autant dire que l’érection est revenue instantanément. C’est à mon tour de me sentir à ta merci. À mon tour d’être fragile entre tes doigts. A mon tour de gémir, de souffler, d’avoir les « yeux qui roulent ».


À mon tour, alors, d’hésiter à savoir jusqu’où je mène cette danse. Je pourrais trouver la force de me redresser et de te prendre dans ma bouche. Mais la symétrie des pratiques aurait un petit côté « contraint », comme un exercice obligatoire : « œil pour œil », ou « je te le dois alors je te le fais » …


Ah mais vraiment, tu réfléchis trop !


C’est comme ça.

Je me redresse, oui, mais c’est pour t’enjamber. D’abord entièrement, pour ramasser sur le sol près de la fenêtre un nouveau préservatif. Cela t’a laissé le temps de t’allonger pleinement sur le canapé. Je reviens vers toi, on se regarde. Peut-être pour la première fois vraiment. Nus tous les deux, en plein jour. Tu es beau. Et tu m’attends, visiblement…


Je te confie la capote, le temps de dégager quelques coussins du canapé, et je m’installe tranquillement, un genou replié de chaque côté de ton corps. Je joue encore un moment avec mes doigts sur ta bite. Je la sens frémir, malgré le latex. Je te regarde, droit dans les yeux. Et ce que j’y lis me serre à nouveau délicieusement l’estomac. Du désir. Je me sens belle, d’un coup. Je me relève légèrement, un appui sur mes jambes, sans me pencher vers l’avant. Je reste droite, fière, les seins dressés et exposés. Je détache mes cheveux qui me retombent sur les épaules. J’avoue, je profite de la situation.


Oui, là, tu exagères… !


Alors, doucement, et sans te quitter des yeux, je me place au-dessus de ta verge et je la guide en moi. Je descends entièrement, lentement, puis repose un instant sur ton bas ventre. Tu m’emplis à nouveau. Dans ton œil, quelque chose a chaviré.


Après quelques secondes, je commence un va-et-vient, plutôt lent. Je reste cambrée, droite, je continue dans un coin de ma tête de souhaiter te donner une vision agréable à regarder. Tes mains passent de ma taille à mes seins. Je bouge mon bassin en même temps que mes hanches, le mouvement est légèrement circulaire.


Soudain, je me soulève, je fais mine de m’éloigner, ta bite est presque libérée, et je ne bouge plus. Tu la rentres alors furieusement, d’un coup de rein.


C’est si bon que je décide de te laisser les commandes, à nouveau. Je me penche sur toi, je m’abandonne, je t’embrasse puis blottis ma tête dans le creux de ton coup. Mes hanches sont légèrement relevées, te donnant toute latitude. Immédiatement, tu commences des mouvements rapides, secs, forts. C’est terriblement bon.


Mais ça ne va pas pouvoir durer. Ta peau contre la mienne, ton souffle si près de mes oreilles, le goût délicieux de ton excitation qui me reste sur la langue, toutes les images accumulées sur les dernières minutes… heures ?, Je ne sais plus. Je n’y tiens plus et j’accélère encore le mouvement. Je sens que la montée commence, que l’issue est inexorable, et à ce stade je ne demande pas mieux.

C’est un orgasme puissant qui m’emporte.


Tes derniers coups de reins ont bien failli me faire refaire le voyage, moi aussi ! Je me couche contre toi. Il y a cette question qui me travaille… Et maintenant ?


On va prendre une douche chacun son tour, puis boire ce café, puis faire cette balade, et tu vas remonter sur ta moto ?


Ou alors, on pourrait éviter la balade. Recommencer le programme, avec des variations. Moi je ne sais pas, mais toi je peux encore te faire vivre bien des choses. En toute modestie, bien sûr.


Tiens donc ! Dans ce nouveau programme, il faudrait sans doute aussi que je te dévoile mes prouesses en matière de fellation…


Oui, certainement. Ce serait dommage de repartir trop vite. Et puis, je suis sûr que si tu voulais tu pourrais faire tomber la neige, et la doubler de verglas, dans ton scénario. Ça me contraindrait à rester pour la nuit, évidemment… Et on serait bien obligés de s’adapter à la situation.


Oui, je pourrai. Mais tu sais ce qui arriverait, inévitablement. De la tendresse, des mots doux, des compliments… s’ensuivraient les sentiments, l’attachement, la dépendance, en tous cas pour moi. Non, je vais terminer cet échange ainsi : il reste des choses à vivre pour Maxime et Géraldine, mais c’est pour un prochain épisode, peut-être. Ils n’ont pas épuisé les possibilités que leur offrent leurs deux corps, l’entente mutuelle qui visiblement les caractérise, ces corps, quand ils sont à proximité. Il leur reste aussi de la complicité, une sorte d’amitié coquine. Que leur souhaiter de plus ?


Soit… Alors, j’enfourche ma moto et je pars tel un cowboy solitaire. Je te laisse dans ton gîte.

En m’éloignant, je me dis qu’à un moment ou à un autre tu observeras avec émoi les traces de nos quatre paumes sur la fenêtre qui donne sur le jardin.