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Temps de lecture estimé : 10 mn
07/03/24
Résumé:  Deux femmes se séparent au restaurant entre réminiscences et fantasmes.
Critères:  ff fépilée caférestau dispute cérébral revede
Auteur : PainIsMyHomie            Envoi mini-message

Concours : Le refus
Jolie Sirène a dit non

Nous voici là, face à face, à cette table élégamment dressée et pourtant tout en toi me laisse penser que tu souhaiterais être ailleurs. Je tripote ma fourchette par ennui en attendant nos apéritifs ou qu’un sourire s’affiche sur ton visage fermé.


Je ne m’amuse pas donc ça ne commence pas bien. Je rêve de mon Martini on the rocks. Je prends toujours la même boisson, simple mais stylée dans ce verre à cocktail oblong, en imaginant sommairement nos prochains ébats. Un de leurs petits glaçons ronds glissant dans ton décolleté te dériderait très certainement. Il dirigerait mon attention entre tes beaux seins et ferait naître chez moi l’envie de te lécher, te titiller ou carrément te mordiller sur le chemin fondu de ce glaçon jusqu’à ton nombril… si je suis sage.

Tu as pourtant accepté avec entrain, il me semble, mon invitation à dîner.

Tu as choisi le restaurant de notre rencontre, Le Mermaid, celui à l’ambiance lounge feutrée, pas loin de chez moi pour pouvoir rentrer plus vite une fois repues.


Niché au fond d’une impasse en apparence glauque, ce restaurant accueille une fois par semaine, des escorts maquillées intégralement d’écailles et queues de sirènes en silicone, paradant dans la piscine qui trône derrière le bar.

Et une fois par mois, ce sont des hommes-tritons qui font le show.

J’ai toujours aimé ce restaurant avec toi. C’est d’ailleurs de là que tu tiens ton surnom, ma Jolie Sirène.

Ce restaurant est un lieu confidentiel dont on se refile discrètement l’adresse et pour lequel chaque client est intronisé par un habitué. J’ai donc déjà donné de ma personne pour pouvoir prétendre à une réservation et que tu puisses être mon invitée. Ne me remercie pas Jolie Sirène.

Chaque table est dans une alcôve, laissant le centre pour les clients amateurs de danses lascives… Chaque visite a été pour moi un spectacle d’une excitation moite à chaque fois plus grande. Le temps semble ralentir sur la piste au point où tous ont le temps de s’observer, de s’échanger et de se goûter dans le secret de l’endroit.


Combien de fois avons-nous épié les couples illégitimes venus partager un moment ici ?

Ici, un vieux quinqua aux mains baladeuses sur une jeunette qui semble réfréner son l’excitation, se mordillant les lèvres en nous regardant, nous, qui nous embrassions à bouches déployées.

Là, une cougar faussement réservée qui attend qu’un serveur lui fasse parvenir le énième verre offert par un prétendant d’un soir.

Combien d’histoires d’une nuit avons-nous vues naître pendant que la nôtre prenait corps ?

La tension était toujours palpable mais le spectacle était chaque fois différent. Faisant dorénavant partie des habitués, j’ai eu plus d’une fois envie de glisser un doigt dans mon intimité pour assouvir mon désir d’histoires enivrantes inventées entre deux baisers fiévreux.

Peut-être aurais-je dû le glisser entre tes lèvres pour changer l’ambiance déprimante de ce dîner.


Je fais glisser mon pied jusqu’à toi pour te caresser la cheville et tu l’éloignes avec nonchalance.

Pourtant tu es si sexy, ma Jolie Sirène, dans cette robe aux découpes subtiles ! Elle met ton corps en valeur et laisse peu de place à mon imagination sans limites ! Je guette avec attention tes courbes à défaut de pouvoir me les approprier comme j’ai pu le faire auparavant.

J’avance ma main pour te caresser l’avant-bras posé sur la table, en signe de tendresse. Mais non, toujours pas. Tu recules ton corps entier sur la banquette moelleuse.

Si tu ne dis pas non, il est clair que tu ne dis pas oui.


Reste à savoir si tu souhaites être séduite ou si tu m’indiques la fin de notre idylle faite d’amusements en tous genres.

Tu m’as déjà fait le coup une fois, tu voulais me faire ramer un peu, te sentir désirable à mes yeux et que je cède à tes caprices. Tu voulais que je te traite comme une princesse hors de mon lit, que je te fasse l’amour en son sein selon tes envies au lieu de te baiser comme à mon

habitude et surtout que je te traite enfin en égale, lassée que je traite comme la demoiselle que tu es, du haut de tes vingt-trois ans.

Tu étais si jolie… Peu convaincante, mais jolie.


Et je ne parle même pas de ton corps de sirène. De bons gènes sûrement. Tes formes de déesse grecque ont fait défaillir plus d’un homme, j’en suis sûre. Elles ont aussi été jalouses par plus d’une femme.

Plutôt que d’être jalouse, j’ai préféré faire de toi un trophée, pour avoir la chance de t’astiquer à loisir. Tu as donc pris ta place dans mon harem, informée que tu n’y resterais pas à vie, notre relation étant un voyage qui je le souhaite t’a conduite loin des côtes pour te perdre en haute mer pour un temps. Un voyage dont on revient différent, riche de connaissances intimes.

À tes exigences, j’ai répondu par les miennes :

je voulais une femme généreuse et volontaire, pas une enfant.

Fantasque, mais pas capricieuse.

Envoûtante, mais pas vulgaire.

Soumise, mais pas esclave.



Seulement voilà, j’ai quinze ans de plus que toi, ma Jolie Sirène, et l’expérience qui va avec. Cela fait bien longtemps maintenant que je ne me laisse plus déstabiliser par la première nymphette qui a envie de s’encanailler, même quand elle est aussi séduisante que toi.

Bisexuelle « middle-aged », je suis dotée d’une envie folle de m’amuser après deux mariages ratés.

J’ai en ma possession ce qu’il faut pour dormir seule uniquement quand j’en ressens l’envie et un carnet d’adresses digne d’un professionnel des Relations Publiques.

À ma façon, je suis un goujat. Mais tu l’as toujours su, j’ai été claire dès le départ. Voilà ce que je suis :

J’ordonne ; je ne me soumets pas.

Je possède ; on ne me possède jamais.

Je ne m’engage pas. Pas sur le long terme en tout cas.



Étrangement, ton regard n’est pas fuyant comme la fois précédente. Bien au contraire, je le sens déterminé mais je ne sais pas à quoi. J’espère ne pas avoir droit à une scène, rien dans notre relation ne te l’autoriserait.

D’ordinaire, ton regard avide cherche la surprise que je te réserve sous ma tenue aussi banale soit-elle : des sous-vêtements en vinyle ou pas de culotte sous une jupe crayon, un porte-jarretelles façon bondage ou des jouets coquins déjà installés alors tu pensais glisser tes doigts sous mon jean…


Je cherche alors des réponses dans tes yeux bleu glacier et m’attarde sur ton si doux visage.

Ta cascade de cheveux châtain entoure ton visage aux traits fins. Ta frange rideau tombe à la hauteur de ton nez si parfait. Tes yeux de chat rehaussés d’un trait d’eyeliner turquoise m’hypnotisent. Je pourrais me damner pour cette bouche ourlée et si bien travaillée au rouge à lèvres. Peut-être l’ai-je déjà fait quand tu constellais mon corps de petits baisers appuyés. Cette bouche si naïvement experte à offrir du plaisir m’appelle de plus en plus fort. Pourtant, les mots qui en sortent sont loin d’être plaisants.

J’écoute à peine mais certains mots sont lancés.

Non, tu ne coucheras pas avec moi ce soir.

Non, pas demain non plus.

C’est fini.



Les apéritifs arrivent, te poussant à lâcher ton seul sourire de la soirée à l’attention de la serveuse. Martini pour moi, Sex on the beach pour toi. Ton cocktail est tout un programme. Dommage que tu sois si fermée à tout ce qui vient de moi ce soir, j’aurais pu te faire sentir les vagues qui s’échouent sur ton clitoris que j’imagine brûlant de désir.

Je ne l’ai connu que comme ça.


Je ne perds pas mon temps à demander pourquoi, c’est souvent sinon toujours les mêmes raisons. Je pensais quand même que tu serais plus endurante. Nous sommes loin d’avoir tout exploré. Que vais-je faire de cette palette en cuir que je comptais utiliser pour ta prochaine fessée ?

Je préfère continuer à inscrire ta bouche dans ma mémoire. Au moins ta bouche, à défaut du reste. Si ta gaucherie de débutante a pu être mignonne, je ne suis pas sûre que tu me laisseras un souvenir impérissable une fois dotée d’un peu d’expérience. J’étais ta première femme, c’est évident malgré ton assurance feinte. Tu as su être excitante bien souvent, par tes gestes ralentis et si précis. Je n’aurais jamais imaginé un jour faire l’éducation d’une autre femme mais j’ai apprécié être ton mentor. Tu as un réel potentiel ma Jolie Sirène, tu es concentrée et appliquée à la tâche. Tu ne te contentes pas de n’être qu’un corps, tu sembles aimer ce que tu fais. Tu embrasses avec gourmandise, tu t’excites vigoureusement de l’excitation de l’autre. Tu sembles accueillir le désir qui arrive par vague et monte en toi, telle la marée. Tu as tâtonné sur mon corps la première fois, ce que j’ai pu trouver exotique et rapidement tu as pris en assurance au point de me faire jouir plusieurs fois avec deux doigts en un temps record. Heureusement, tu savais te réinventer pour ne pas tomber dans l’écueil de la facilité.

Que de bons moments passés nues ensemble dans des endroits originaux ! Imaginer que je n’en profiterai plus me laisse au fond de la gorge un goût plus amer que le tien.


Tu auras été la première à te refuser à moi en ayant l’air aussi déterminé. Les autres ont toujours cédé mais je vois une flamme particulière dans tes yeux pendant ton discours qui n’en finit pas. Je me sais enchanteresse dès lors que je veux obtenir quelque chose. Pourtant, je n’ai pas envie de contrecarrer ta détermination.

Non, tu ne viendras plus au moindre appel de ma part.

Non, ta bouche ne m’appartient plus.

Non, tu ne veux plus être mon jouet.



Je ne me laisse pas décontenancer. Je préfère boire mon Martini tant qu’il est frais. J’apprécie de sentir sa douceur sucrée glisser le long de mon œsophage. Chaque clignement d’yeux me renvoie à des moments plus intimes.

Je revois ton corps baigné par la lueur de l’aube ou de la lune, tes seins gonflés par l’excitation ou par ma langue qui en titillent les tétons.

Aaarf, tes lèvres, si douces et si habiles…

Ta langue si curieuse, qui se glisse… partout.

Je sens alors mon corps se réveiller d’un coup. Mes tétons se dressent brutalement laissant apparaître mes piercings à travers la soie de ma chemise déjà bien ouverte.


Tu as toujours été observatrice ; je vois bien que tu es distraite par mon corps qui chante ton nom.

Tous ces souvenirs qui défilent dans ma tête, réchauffent mon bas ventre de façon totalement disproportionnée. Ma chaise rembourrée n’attend qu’une chose : que ma culotte fendue s’écarte un tout petit plus afin que j’en souille son velours rouge de mon intimité dans un lent va-et-vient.

Je voudrais caresser mes tétons sur le bord froid des couverts en acier face à moi et soutenir ton regard, excitée par l’idée que tu me regarderais et que je ne saurais où seraient tes mains.

J’aimerais qu’elles soient blotties dans ton entrejambe déjà chaud et humide.

À la fois voyeuses et objets d’excitation, nous pourrions soutenir le regard l’une de l’autre jusqu’à la fin de ce jeu auquel nous n’avons jamais joué ensemble.


Si c’est notre dernière rencontre, autant finir joliment sur un orgasme qui ferait s’arrêter le temps.

Visiblement, tu ne l’entends pas de cette oreille, ma Jolie Sirène. La soirée n’est pas à la fête. Sois-en assurée. Je t’entends continuer ton discours, comme on déclame une récitation APPRISE par cœur avec un aplomb que je ne te connaissais pas.

J’entends ta voix apaisée mais je ne l’écoute pas. Je préfère regarder la piste de danse et ces couples d’un soir qui chavirent lascivement. Je parie avec moi-même sur ceux qui vont baiser ce soir. Encore une gorgée fraîche qui m’emmène dans des souvenirs de nous, à deux, à trois ou plus.

Tu voulais sûrement te poser mais je ne suis pas prête pour ça, aussi inconstante en amour que je suis expérimentée en sexe de tous bords. Je pense que j’ai compris l’idée.

Non, tu ne seras plus mienne.

Non, tu ne m’embrasseras plus.

Non, tu ne resteras pas pour dîner



Tu vois, finalement, c’est toi qui as le pouvoir Jolie Sirène. Moi, je ne peux que subir ta décision de ma plus belle prestance. Je te regarde alors déserter notre relation comme ton prédécesseur quelques mois auparavant en avalant la dernière gorgée de mon Martini.

Te voir quitter le restaurant me laisse penser que j’ai souvent négligé ton petit cul galbé. J’espère que tu me le pardonneras.

Les glaçons ont complètement fondu et je n’ai plus l’appétit pour les deux plats qui arrivent alors que je suis seule.

Je suis du regard ta chute de rein jusqu’à ce que tu disparaisses définitivement, le port altier, à l’horizon après avoir slalomé entre les couples dansant leurs préliminaires.

Avec ironie, je propose à la serveuse de déguster ce que tu avais choisi. Elle me remercie dans un sourire timide.

Mon monde tourne au ralenti. Tu quittes le navire avec panache. J’ai au moins du respect pour ça, à défaut d’en avoir pour toi à cet instant.

Tu étais si belle, ce soir, dans cette ambiance tamisée Jolie Sirène.

Mon esprit est soudain bouffi de fantasmes à assouvir, d’envies de transpirer dans les bras d’un autre.

Je vais devoir te remplacer.


Non, tu seras plus jamais ma soumise.

Non, tu ne me souriras plus.

Non, je ne t’appellerai pas.


Mais ne t’inquiète pas, Jolie Sirène. D’ici une semaine, tu n’auras peut-être jamais existé.