Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 22330Fiche technique2511 caractères2511
417
Temps de lecture estimé : 2 mn
18/03/24
Résumé:  Souvenirs érotiques
Critères:  -poésie
Auteur : calpurnia            Envoi mini-message

Poésie
Blessure d’amour

L’écume de sa robe colorée : voici ma plaie ouverte dont la douleur me délecte à toute heure de sucs purulents en abondance. Dans mon errance onirique, bien avant que le jour se lève, je prie pour cette gangrène se propage jusqu’à mon cœur afin d’en parachever d’ivresse. Buvez, succubes, tout est pour vous.


Charnelle à cent pour cent, celle que j’idolâtre se dévêt, s’allège, solaire, altière. Elle se révèle en luxure de pleine lumière, allongée dans les profondeurs d’un canapé dont le cuir noir contraste avec sa peau d’albâtre. Les cuisses soudain disjointes montrent l’unique chemin possible pour s’égarer, renaître et se perdre à nouveau. Descendre les fleuves jusqu’au delta, traverser le champ de blé. Les nymphes épis sont gorgées. C’est l’heure de la moisson.


Abandonnant toute pudeur, comme si, au lieu de ma seule personne, se trouvait une foule immense d’admirateurs, elle se caresse en me regardant droit dans les yeux, amazone du désir. Sous l’action de ses phalanges, elle jouit dans un sanglot, cambrée de spasmes crescendo jusqu’à l’acmé final, foudroyée les paupières ouvertes, dans un râle humide et rauque, s’attend-elle à en mourir, la tête renversée, les splendeurs de sa féminité offertes sur l’autel noir du sacrifice en toute liberté, sans qu’aucun dieu, ni Moloch ni Yahvé, n’en accepte l’âme trop juvénile. Par sa joie exultante, tous sont disqualifiés, disloqués, condamnés par le triomphe de l’odalisque aux yeux d’ophite devenue leur hiérarque.


Indomptable sauvageonne ! Ce feu tue et nourrit en même temps ses proies. Sous les seins de dur cristal qui se soulèvent au rythme de son souffle court, son ventre est blanc à donner le vertige, frémissant, une étendue de neige sur la plaine bretonne. Il cèle un été dont je ne finis de me consumer. De la vulve rhombique jaillit la musique céleste.


Fille de sel et d’océans, elle m’offre ses pieds en calice d’amour que je prends à deux mains, que je bois, qui étanche la soif, une sève qui insuffle la vie. Son unique vêtement git étendu au sol, froissé, fantôme d’un corps, imbibé de parfums de sueurs vénériennes. Elle me chuchote quelque chose. Je ne sais plus ces mots. Ils ont disparu du scénario, raturés par les années, égarés dans la nuit de ma souvenance. N’en reste que l’ombre, le timbre d’une voix. En celle-ci résident toutes les fleurs, toutes les forêts, tous les oiseaux, toutes les rosées d’aurore, tous les orages, toutes les espérances des peuples. Le temps-araignée essaie de la déformer ; elle résiste obstinément.