Une histoire gentillette de vacances. Bonne lecture :-)
Télescopage
Le camping de l’Alouette porte assez mal son nom, puisqu’il est essentiellement composé de bungalows et de petits chalets construits en dur, et rares sont les tentes et les caravanes. Sans parler du fait que la plupart des vacanciers n’y ont jamais vu une seule alouette dans les parages, sauf celle du logo de ce complexe. L’ensemble est agencé autour d’une petite agora en pavés autour de laquelle on trouve divers commerces ainsi que l’administration, juste à côté de deux grands bassins dotés de toboggans fort prisés des enfants et des moins petits.
C’est dans ce camping devenu assez haut de gamme que Nadine et Robert ont l’habitude de venir passer leurs vacances d’été, accompagnés par leurs deux enfants qui sont toujours en vadrouille avec leurs copains et copines.
- — Waouw !
- — Holala, la classe !
- — Respect !
- — Top de chez top !
Robert est fier de toutes ces marques d’admiration envers son beau chalet qu’il bichonne depuis bien des années, ayant carrément acheté le bien, il y a presque dix ans. Ce qui ne l’empêche pas de devoir payer pour la location du terrain et les charges.
- — Ouh que c’est beau, ça !
- — Oh, purée de purée !
En réalité, ces démonstrations sonores et enthousiastes s’adressent plutôt à sa pulpeuse femme qui bronze devant le chalet. Blondinette bien en forme et en formes, plus proche de la quarantaine que de la trentaine, vêtue d’un bikini fort réduit, Nadine Massureau, née Galet, reste une femme très appétissante, même si elle est doublement mère.
Mais il ne semble pas que son nigaud de mari s’en rende compte, malgré ses efforts (à elle) pour susciter sa convoitise (à lui). La preuve par A plus B arrive dans la bouche de Robert :
- — Eh ! Décidément, nous faisons des envieux ! Notre chalet est le plus beau des chalets des hôtes de ce camping.
Presque désespérée, Nadine murmure :
- — Si tu le dis…
- — Admire cette magnifique façade que j’ai repeinte, il a deux jours. Sans parler de toute la déco attenante !
En elle-même, Nadine hurle intérieurement :
Aveugle aux charmes évidents de sa pourtant sexy épouse, Robert continue ses louanges envers le chalet. Soudain, Nadine se lève :
- — Excuse-moi, mais je vais aller me rafraîchir !
- — Tu as raison, ma biche, il faut profiter des bassins. Il s’agit de ne pas payer des prestations pour rien.
- — Tu viens avec moi ?
- — Non, non, vas-y toute seule, j’ai des petits trucs à finir ici.
Exaspérée, munie d’une serviette, Nadine se dirige à grands pas vers la piscine. Ruminant des pensées peu amènes, elle ne fait pas attention à l’homme en chemisette qui survient sur sa droite, et fatalement, c’est le télescopage des deux corps !
Déséquilibrée, elle manque de choir au sol. Ayant de bons réflexes, l’inconnu la rattrape in extremis, mais sa main s’est plaquée à moitié sur un sein. Gentleman, l’homme déplace aussitôt cette main, puis remet d’aplomb Nadine sur ses deux pieds.
- — Ah ! Ma charmante voisine ne regarde pas où elle met les pieds ?
Nadine dévisage celui qui vient de l’empêcher de faire une rude connaissance avec le sol :
- — Je vous reconnais : vous êtes arrivés avant-hier, tard, c’est ça ? Vous êtes le voisin de nos voisins de gauche.
- — Et vous, vous êtes la voisine de mes voisins de droite. J’ai pu admirer la façon très sexy que vous avez de bronzer devant chez vous ! Je comprends mieux le mot « caliente », cher à nos voisins ibériques.
Flattée, Nadine minaude un peu :
- — Et vous, vous êtes un vil et vif flatteur…
- — Et moi, je ne comprends pas votre mari…
Elle s’étonne de cette réponse :
- — Pourquoi vous dites ça ?
- — Je n’en mettrais pas ma main à couper, mais je parie que vous faites ça pour réveiller les ardeurs de votre mari, mais ça me semble être aussi efficace que de posséder un frigo en pleine Sibérie au plus fort de l’hiver.
Serrant fortement sa serviette qu’elle n’a pas lâchée, Nadine soupire :
- — Mais quel con, ah, mais quel con !!
Puis elle se ravise :
- — Ah… euh, pardon, c’est pas vous qui étiez visé !
- — J’avais cru comprendre. En tout cas, je peux vous assurer que vos efforts ne sont pas perdus pour tout le monde.
- — Ah ça ! Mais mon ahuri de mari n’a pas encore pigé ! Puisque vous êtes un homme à prime vue normalement constitué, il faudra que vous m’expliquiez pourquoi mes efforts fonctionnent sur les autres, et pas sur mon abruti de mari !
L’homme la scrute de haut en bas, puis de bas en haut :
- — Je dois reconnaître que c’est incompréhensible. Votre mari n’est pas homo, je suppose.
- — Nous avons quand même eu deux enfants…
- — Oh, ça ne veut rien dire, vous savez…
Se souvenant du temps jadis où elle était choyée et dorlotée, elle soupire :
- — En tout cas, avant, il était plus ardent !
- — Et vous regrettez cette époque…
- — J’ai parfois l’impression d’être mise dans un bocal !
Le voisin des voisins s’amuse :
- — Dans ce cas, j’achète le bocal ! Ah, au fait, je me présente : Claude Monet. Comme le peintre.
- — Enchantée ! Moi, c’est Nadine, mais pas Rothschild. Nadine Massureau, née Galet.
- — Galet, comme la pierre ?
- — Oui, ça s’écrit pareil.
Claude s’incline légèrement, ce qui lui permet d’avoir une meilleure vue sur et dans le décolleté :
- — Permettez-moi de vous dire que votre splendide anatomie n’a rien de comparable à des galets !
- — Vous êtes décidément un gros flatteur. Ah si seulement, mon con de mari en disait le dixième ! Ça me suffirait…
S’étant redressé, Claude allait répondre quelque chose de spirituel (si possible). C’est alors qu’une idée saugrenue germe dans son cerveau fertile. Il est vrai que c’est un homme habitué à cogiter et à s’adapter, même si ses collègues ont souvent la manie de s’enfoncer dans une routine ronronnante sur plusieurs décennies.
Proposition pas indécente
Son idée bien en tête, Claude se penche à nouveau vers sa voisine :
- — Nadine, je peux vous proposer une solution, je ne garantis pas qu’elle fonctionnera à tous les coups, mais en général, ça marche plutôt bien.
- — Laquelle ?
- — Rendre jaloux votre époux.
- — Ah !? Et comment ?
Avec un grand sourire, le nouveau venu annonce sa solution :
- — Je me propose d’être votre galant.
- — Vous ? Mais que va dire votre femme ?
- — Ce n’est pas ma femme, mais ma cousine…
Apprenant ce degré de relation, Nadine ouvre de grands yeux étonnés :
- — Votre cousine !?
- — Oui, ma cousine avec ses enfants, qui ne sont pas les miens ! Le vrai père et mari nous rejoint en fin de semaine. Mon rôle a surtout été de conduire la voiture jusqu’ici.
- — Donc vous êtes célibataire ?
- — Ça dépend des moments, mais actuellement, je le suis. C’est pour cette raison que je vous propose d’être votre galant, histoire que votre indigne époux daigne ouvrir les yeux.
Assez surprise par la tournure des événements, Nadine le jauge de haut en bas :
- — C’est un peu bizarre, votre solution… mais ça me plaît bien. Ça me rappellera de bons souvenirs, et vous me semblez être de confiance. Peut-être que je me trompe… mais, j’espère que ça ne gâchera pas votre séjour…
- — Courtiser une belle femme telle que vous est une très agréable façon de passer le temps.
Malgré elle, Nadine rougit un peu :
- — Vous êtes un énorme flatteur, vous ! Vous dites ça à toutes les femmes ?
- — Uniquement à celles qui me rentrent dedans !
Nadine rougit un peu plus :
- — Vous aimez les doubles sens, vous !
- — Ça fait partie du charme de la conversation…
Puis, pivotant sur lui-même, il lui tend son bras :
- — Chère Nadine, acceptez-vous que je vous accompagne jusqu’à la piscine ?
- — Je ne dis pas non… mais avez-vous sur vous ce qu’il faut ?
- — Si vous parlez d’un maillot de bain, la réponse est oui, sous mon short. Si vous évoquez autre chose, la réponse est aussi oui, aussi sous mon short. Dans les deux cas, je me ferais un plaisir de vous le démontrer !
Égayée, Nadine se met à glousser :
- — Houlala ! Vous êtes un sacré, vous !
- — Et si je puis me le permettre, vous, de votre côté, vous avez une sacrée double paire d’avantages ! Non, pardon, triple.
Après une très brève hésitation, elle pose sa main sur le bras offert :
- — Triple ? Je crois avoir une petite idée concernant la double, mais pas la triple. Éclairez donc ma lanterne.
- — Commençons par les plus évidents, c’est-à-dire ceux qui vous décorent sous le cou, et ceux qui prolongent le creux de votre dos.
- — Ceux-là, j’avais compris, mais j’adore la façon dont vous en parlez. Et la troisième paire ?
Tout en cheminant lentement vers les bassins, Claude se penche sur le visage de sa voisine :
- — Votre magnifique troisième paire est vert-turquoise, et elle est située au-dessus de votre mignon nez mutin.
- — Hmmm… C’est dit en des termes très… agréables. Je parie que vous être prof de français ou de philo ! Je me trompe ?
- — Ce n’est pas tout à fait ça, mais il y a des similitudes…
Se tortillant sur place, ravie d’avoir à son bras un homme qui s’occupe galamment d’elle, Nadine minaude sans complexe :
- — Ne me faites pas languir, Claude !
Claude sourit :
- — Dites-moi d’abord votre métier…
- — Je suis rédactrice pour l’antenne locale d’un grand groupe de presse. Je rédige des articles, mais souvent, c’est moi qui mets en forme ceux des autres. Je ne me plains pas, c’est varié.
- — Je vois…
- — J’ai répondu à votre question, Claude. Alors, c’est quoi, votre métier ?
L’homme s’incline légèrement :
- — Je suis Maître de conférences en Sumérien. Peu de gens savent ce que c’est…
- — Eh bien, figurez-vous que je sais, moi : c’est le peuple qui a inventé le premier l’écriture, les cunéiformes, si je ne me trompe pas. Ils habitaient en basse Mésopotamie, dans le sud de l’actuel Irak.
- — Oh, je suis épaté !
Toujours accrochée au bras de son galant improvisé, la jeune femme réplique :
- — Je sais qu’on me prend souvent que pour une blonde à gros nichons, mais il ne faut pas en faire une généralité !
- — Loin de moi cette mesquine idée envers votre gracile personne…
- — Y a pas à dire, vous avez du vocabulaire.
- — Vu mon métier, c’est très utile. Allons derechef faire trempette !
Nadine tapote sur le bras de son nouveau chevalier servant :
- — Attendez, attendez, je n’ai pas fini : ils ont aussi inventé le cercle divisé en trois cent soixante degrés, et aussi les douze heures du jour et les douze heures de la nuit. Eh oui, je suis peut-être blonde, mais il ne faut pas croire que je n’ai que deux ou trois neurones sous ma chevelure.
- — À nouveau, loin de moi cette mesquine idée, Nadine. Je suis honnêtement ébloui par votre connaissance en la matière !
- — Vous pouvez, mon petit Claude. Même si vous êtes plus grand que moi, je suppose que vous êtes plus jeune que moi.
Son voisin répond de façon détournée et ludique :
- — Mon âge est le nombre de combinaisons réalisables avec deux dés à six faces, puis vous ajoutez un pour obtenir un nombre premier.
- — Ah ben ça alors ! Nous avons le même âge ! Je vous croyais plus jeune !
- — Merci pour ce compliment. Moi aussi, je vous croyais plus jeune. Je m’étais même dit que vous aviez dû commencer jeunette pour avoir déjà des si grands enfants.
Nadine le gronde un peu :
- — Je crois que vous exagérez un peu, Claude.
- — Pas du tout ! J’hésitais entre vous enlever cinq ans ou dix ans. Il est possible d’être mère à seize ans, voire moins, ça arrive encore de nos jours.
- — J’ai quand même fait quelques études supérieures, et sans enfant. C’est durant celles-ci que j’ai eu connaissance du Cycle de Gilgamesh (prononcez : guilgamêch). Inutile de vous demander si vous connaissez, n’est-ce pas ?
- — C’est comme demander à un helléniste s’il connaît Homère ou Platon, ou à un latiniste s’il connaît Cicéron ou Tive-Live.
Toute guillerette, Nadine entraîne joyeusement son partenaire vers les bassins :
- — Je ne sais pas si nous allons réussir à rendre jaloux mon mari, mais je sens que vous allez être mon rayon de soleil durant quelques jours.
- — Je suis flatté, mais le vrai soleil, celui qui brille au-dessus de nos têtes, nous inonde de son ardeur depuis quelques semaines ! On dépasse parfois les quarante degrés.
- — Vous avez été marié, Claude ?
Assez surpris par cette question qui semble hors propos, l’homme s’étonne :
- — Euh non… mais j’ai un peu vécu en couple. Je ne comprends pas bien votre subite transition d’idée…
- — Alors, mon cher célibataire, vous ne connaissez pas le cœur des femmes mariées qui s’étiolent à l’ombre des maris indifférents.
- — Ah, OK. Je pense avoir compris le concept. Déjà dans certaines tablettes, on parle de ce genre de choses.
- — Eh oui ! Rien de nouveau depuis des millénaires, n’est-ce pas ? Et je parie que ça devait être la même chose du temps des cavernes !
Arrivé près des bassins, Claude ôte sa chemise. Le matant sans vergogne, Nadine s’exclame :
- — Eh bé ! À vous voir, on ne pourrait jamais penser que vous êtes un universitaire !
- — Merci. Comme j’ai peu d’heures de cours, j’ai le temps de m’entretenir entre deux lectures de tablettes cunéiformes.
Légèrement aguichée, Nadine s’approche pour mieux regarder l’anatomie de son voisin. Puis sans complexe, elle tâte un biceps :
- — Waw ! C’est pas de la guimauve !
- — Puisque vous m’avez tâté, puis-je me permettre de faire la même chose sur vous ?
Prestement, la jeune femme recule d’un pas :
- — Gros profiteur ! Je vous rappelle qu’il y a plein de monde, dont beaucoup d’enfants…
- — Dans ce cas, j’attendrais que nous soyons moins exposés à la vue des autres…
Égayée, Nadine se contente de sourire. Elle songe fugacement que ce ne serait pas un mal si son Robert entretenait lui aussi un peu son corps. Avec un certain étonnement, elle constate au passage qu’elle ne se sent pas offusquée que Claude puisse à son tour la tâter…
Jeux d’eau
Barbotant dans le plus grand bassin, Nadine est positivement ravie d’avoir trouvé un homme cultivé qui lui fait des compliments et qui s’exprime de façon galante et parfois surannée, avec parfois divers sous-entendus. De son côté, Claude s’amuse beaucoup dans son rôle de chevalier servant.
- — Je me demande si je vais résister bien longtemps, Nadine…
- — Pourquoi dites-vous ça ?
- — Pour parler trivialement, vous êtes trop bonne !
- — Hihihi ! Même quand vous parlez trivialement, vous restez bon chic, bon genre.
- — Je peux changer de registre…
- — Restez comme vous êtes, ça me convient très bien.
Ils changent de place, car un groupe d’enfants vient d’arriver, ceux-ci s’ébattent un peu trop juste à côté d’eux, les éclaboussant très souvent. Nadine et Clause se trouvent un endroit plus tranquille. La jeune femme s’arrime au rebord du bassin. Essayant de ne pas être trop ostensible, Claude admire les deux seins qui flottent et qui oscillent au gré de l’eau qui remue.
- — Vous m’avez dit que vous étiez Maître de Conf en Sumérien, c’est bien ça ?
- — Oui, c’est mon job.
- — Donc, vous enseignez le sumérien ?
- — Oui, j’enseigne cette matière, et aussi l’histoire et la géographie qui vont avec. Mais j’avoue qu’il n’y a pas foule. Mais comme dans le domaine francophone, nous sommes très peu, on se compte sur les doigts d’une main, ça va, on ne se marche pas sur les pieds. Et de temps en temps, je donne des conférences sur le sujet, et j’écris des livres aussi.
- — Ah oui ? Et ça se vend bien ?
Sans lâcher du regard les deux flotteurs du désir, Claude fait la moue :
- — Pas des masses, ça paye à peine un restaurant ci et là. En revanche, j’ai écrit récemment un roman policier qui se situe à cette époque. Eh bien, j’en ai vendu beaucoup plus que tous mes ouvrages savants réunis, ceux qui m’ont demandé un maximum de temps et de recherche. C’est presque vexant !
- — Vous avez prévu d’écrire une suite à ce roman policier ?
- — Je serai idiot de me gêner ! Même pas un mois pour l’écrire, pour un équivalant de plusieurs années pour le reste de ma prose. Il n’y a pas photo !
- — Vous allez devenir le prochain Christian Jacq de la Sumérie ?
Regardant à présent le visage de son interlocutrice, Claude s’en amuse :
- — En quelque sorte. Mis à part que la Sumérie n’existe pas, chère Nadine. Mais je retiens le mot. Je pense que je vais faire intervenir une certaine blonde aux yeux verts dans ma prochaine histoire…
- — Il ne devait pas y en avoir beaucoup, des blondes aux yeux verts dans cette contrée.
- — Dans ce cas, elles viendraient du nord ou du nord-ouest, je suppose. Les Sumériens s’appelaient eux-mêmes les têtes noires.
Désireuse de faire voir qu’elle ne se conforme pas au stéréotype de la blonde sans cerveau, Nadine fait voir qu’elle a conservé de bons souvenirs de ses études :
- — Ça, je le savais aussi, c’est facile à comprendre pourquoi quand on regarde leurs statues ou leurs bas-reliefs. En revanche, ils avaient une religion déprimante, surtout pour leur vison de l’au-delà.
- — Ce n’est pas faux, les humains n’ont été créés que pour servir les dieux. Néanmoins, leur religion et leurs mythes ont servi de point de départ à la plupart des autres religions du croissant, dont le judaïsme et la chrétienté, et plus tard, l’islam. En tout cas, vous contempler n’est absolument pas déprimant, Nadine !
- — Vous êtes comme un chat : vous retombez toujours sur vos pattes quand il s’agit de faire des compliments.
Claude ne répond pas, il s’éloigne un peu en nageant, puis revient vers Nadine, son visage exactement dans l’axe de la poitrine fort intéressante. Arrivé près de la jeune femme, il s’offre le luxe de la frôler par inadvertance. Nadine ne proteste pas. A-t-elle vraiment cru que c’était par accident ? Peu importe, Claude a confirmation que ses seins sont très doux.
Nadine relate pourquoi elle était assez furieuse quand ils se sont rencontrés. Après avoir entendu ces explications, Claude est très étonné :
- — Votre mari pensait sincèrement que ces compliments s’adressaient à votre chalet !?
- — Eh oui !
- — Eh bé ! Il va falloir lui acheter une paire de lunettes et des puissantes !
- — Je ne vous le fais pas dire !
Claude se penche sur sa voisine :
- — Entre nous, si vous étiez ma femme, je ne sais pas si vous pourriez bronzer aussi souvent.
- — Pourquoi ? Vous êtes d’un naturel jaloux ?
- — Non, pas particulièrement, mais je suis d’un naturel profiteur : je passerais volontiers mes journées et mes nuits à vous lutiner.
Assez flattée, Nadine met sa main devant sa bouche :
- — Rhooo ! Comme vous y allez !
- — Si vous ne me croyez pas, demandez à votre mari un congé sabbatique pour venir vivre avec moi. Vous verrez que je ne vous mens pas, et sans devoir utiliser des petites pilules bleues.
- — Vous n’auriez pas une petite tendance à vous surestimer ?
- — J’ai une bonne endurance, car j’entretiens mon corps, comme vous avez pu le constater. Et votre mignonne petite personne vaut mieux que tous les aphrodisiaques réunis !
Nadine se met à sourire étrangement :
- — Puis-je me permettre une question indiscrète, Claude ?
- — Allez-y…
- — Vous êtes un bel homme, vous avez de la conversation, de l’humour, un bon métier. Un truc m’étonne : pourquoi vous n’êtes pas déjà casé à votre âge ?
Ludique, Claude ne répond pas tout de suite :
- — Bonne question, Nadine !
- — J’attends ma réponse, Claude…
- — Je n’ai pas toujours été célibataire, vous le savez déjà. Mais je ne suis pas trop fan de me faire mettre le grappin dessus de façon trop… hem… forcenée. Certaines de mes compagnes voulaient m’épouser, avoir trente-six enfants, et avaient déjà planifié les vingt prochaines années, sans m’en toucher un seul mot. Je n’aime pas trop qu’on décide pour moi, surtout quand il s’agit de ma vie. Et je n’en ai qu’une seule, contrairement aux chats.
Nadine compatit :
- — En effet, je comprends. Mais je comprends aussi ces jeunes femmes qui veulent aller vite en besogne.
- — Pourquoi ? Vous êtes comme elles ?
- — Houlà, non ! Je ne suis pas une fana de la planif ! Il faut laisser du temps au temps, mais profiter des opportunités quand elles se présentent.
Claude se penche sur sa voisine :
- — Je suis cent pour cent d’accord avec vous. Mais parfois, il convient d’aider le destin ou le hasard.
- — C’est vrai, mais avec doigté, je vous prie !
- — Décidément, vous êtes la personne qui m’est destinée !
- — Arrêtez, vif flatteur !
Ils barbotent dans l’eau encore quelques minutes, puis Claude propose à Nadine d’aller boire un verre en sa compagnie. Celle-ci accepte avec joie.
Cocktail
Assise au bar, en train de déguster son cocktail, Nadine demande :
- — Vous pensez que certaines personnes vont aller moucharder à mon mari ?
- — De toute façon, je vais me faire un plaisir de vous raccompagner ostensiblement jusqu’à votre chalet, et de venir souvent vous rendre visite pour un oui ou pour un non. Pour ma part, je préfère le oui.
- — Vous ne croyez pas que c’est un peu trop forcer la dose ? Je veux parler du fait de me rendre souvent visite.
Ayant reposé son verre, Claude expose sa vision des choses :
- — Avec le coup de la bronzette que votre mari attribue à la déco de son chalet, je crois qu’il faut mettre les bouchées doubles ! Remarquez, si on se place de son point de vue, vous êtes la meilleure déco de son chalet !
- — Merci, merci, Claude. Au fait, son chalet est quand même aussi le mien.
- — Peut-être qu’il a fait un transfert de vous vers le chalet.
Jouant avec la paille de son cocktail, Nadine s’étonne franchement :
- — Vous voulez rire ? Ça peut exister, ce genre de truc ?
- — Oh vous savez, il existe tellement de choses étranges dans notre bas monde ! Ça pourrait expliquer bien des choses. Remarquez, ça fait bien mes affaires, puisque ça me permet de vous fréquenter d’assez près… Dans l’absolu, si votre mari désire se débarrasser de sa femme, je veux bien me sacrifier pour l’en délester !
Nadine ouvre de grands yeux ronds :
- — Oh, Claude ! Vous n’avez pas honte de dire ça ?
- — Pas du tout ! J’exprime le fond de ma pensée.
- — Vous… vous êtes sérieux ?
- — Je vous laisse deviner, ma chère Nadine.
Elle préfère ne rien répondre, se focalisant sur le cocktail qu’elle est en train de boire. C’est Claude qui propose, une fois qu’elle a fini son verre :
- — Je vous raccompagne ? Je viendrai vous importuner après le repas.
- — Ah oui ? Vous allez vous y prendre comment ?
- — Laissez-moi vous faire la surprise.
- — Pourquoi pas… J’espère que vous ne donnerez pas un coup de pied dans la fourmilière ! Je veux bien aviver un peu la jalousie de mon mari, mais pas que ça tourne à l’orage !
- — Certains maris jaloux sont très orageux, en effet.
- — Comme on dit en bon français : point trop n’en faut !
Nadine hésite. Elle apprécie la compagnie d’un homme qui lui propose de mettre en place une expérience assez insolite. Oui, elle essaye de ranimer la flamme de son mari, mais elle n’avait pas du tout songé ce genre de proposition. D’ailleurs, elle pensait se débrouiller toute seule.
Tandis que la jeune femme continue à siroter son cocktail afin de masquer son trouble et de retarder sa prise de décision, Claude s’enhardit :
- — Allons ensemble chez vous, afin que votre mari voie bien que je vous accompagne et qu’il faudra qu’il s’habitue à ma présence…
- — Vous… Vous voulez vraiment mettre en application votre… votre plan ?
- — Bien sûr que oui.
Nadine n’est pas très rassurée, mais elle accepte néanmoins que son nouveau chevalier servant fasse le chemin avec elle jusqu’au chalet. Robert est toujours dehors, en train de fignoler certains détails. Il ne montre aucun étonnement en voyant sa femme revenir accompagnée.
D’une voix pas très affirmée, Nadine explique :
- — Je te présente Claude Monet, c’est notre voisin.
- — Oui, je sais, ma biche. C’est précisément le voisin de nos voisins. Il est arrivé, avant-hier, avec sa cousine.
- — Sa cousine ? Comment t’es au courant ?
- — Je sais presque tout ce qui se passe dans le coin, ma biche.
Déstabilisée, Nadine pense très fort :
- — Tu parles ! T’es même pas capable de comprendre que c’était moi qu’on admirait tout à l’heure et non ta saloperie de chalet à la con !
Affichant un large sourire, Claude tend la main :
- — Bonjour, Robert.
- — Et moi, c’est Robert Massureau, le mari de Nadine.
Les deux hommes se serrent virilement la main. Claude lance d’un ton désinvolte :
- — Je me suis permis de proposer à votre épouse de l’accompagner sur la plage, car j’ai cru comprendre que vous n’étiez pas trop fan de la plage.
Sans l’ombre d’une hésitation, se tournant vers sa femme, Robert répond :
- — Si Claude veut bien t’accompagner, pourquoi pas. Moi et la flotte, ça fait deux.
Nadine ouvre des yeux ronds comme des soucoupes. Elle ne s’attendait pas à cette réponse. De son côté, Claude se frotte les mains. Tout ceci va dans le bon sens, du moins pour lui.
Apéritif
Comme Claude a eu la permission du mari, il vient souvent s’occuper de Nadine. Celle-ci est partagée entre deux attitudes : elle est désolée du manque flagrant de jalousie de la part de Robert, mais elle est très contente qu’un homme bien de sa personne la drague d’une façon un peu surannée.
Claude s’amuse souvent avec des doubles sens, mais sans dépasser une certaine limite. Nadine minaude souvent, n’étant pas dupe que son nouveau chevalier servant louche souvent sur ses appas. Un petit jeu un peu étrange se met en place doucement, sans que les règles n’aient été explicitement indiquées.
Ce midi, Nadine, Robert et Claude prennent ensemble l’apéritif devant le chalet du couple. Comme il faut trouver un autre sujet que le temps radieux qu’il fait actuellement, et aussi éviter des échappées politiques ou sportives, la jeune femme demande à son invité :
- — Claude, Pourquoi être devenu un prof qui enseigne une langue morte depuis des millénaires et qui, en plus, n’a même pas eu de descendante ?
- — Parfois, je me demande si je ne suis pas la réincarnation d’un scribe de cette lointaine époque ! Ça pourrait expliquer pourquoi j’arrive à lire et écrire dans cette langue comme si c’était de l’anglais pour beaucoup de scientifiques.
S’amusant avec les glaçons flottant dans son verre, Robert écoute, il n’intervient pas. Soucieuse d’en savoir plus, sa femme questionne :
- — Vous lisez les tablettes cunéiformes comme si vous lisiez le Times ?
- — Oui, c’est un peu ça. C’est pour cette raison qu’on me soumet la plupart des tablettes qu’on découvre. On m’envoie une bonne photo, et très souvent, je réponds dans l’heure qui suit, le temps de vérifier parfois quelques points de détail. Mais plus ça vient, moins j’ai besoin de dictionnaires, même si le sumérien n’est pas uniforme. Il est divisé en plusieurs dialectes, et il a fluctué à travers les siècles.
Délaissant son verre, Robert intervient :
- — Mine de rien, ça doit faire une parfaite langue secrète, comme le navajo durant la Deuxième Guerre mondiale ! J’ai vu un film là-dessus.
- — En effet. Je pense que les personnes capables de lire le sumérien doivent être en nombre inférieur que celles du navajo. J’avoue avoir déjà rédigé des notes en cunéiformes, pour pas qu’on me comprenne. Il y a la frontière de l’écrire en plus de celle de la langue. Mais pour reprendre un énoncé moqueur connu des latinistes, impossible de traduire une phrase comme « je mets mon mouchoir dans la poche de mon pantalon ».
Aussitôt, Nadine se met à glousser. Robert est perplexe :
- — Je ne comprends pas le truc…
Sa femme répond à la place de Claude :
- — À cette époque, il n’y avait pas de mouchoir, pas de pantalon, et encore moins de poches dans un pantalon. Toi y en avoir pigé ?
- — Ah OK !
Visiblement, les deux hommes s’entendent bien. Nadine se demande comment réagirait son époux s’il savait que Claude a visiblement des vues sur elle, bien qu’il se comporte en tout bien et tout honneur. Du moins pour l’instant.
En tout cas, Robert ne voit aucun inconvénient à ce que Claude et Nadine se divertissent ensemble, allant à la plage, en ville et ailleurs. La jeune femme se demande si elle n’a pas été parachutée dans un univers parallèle comme on en décrit dans les romans de science-fiction ou les films. Peut-être que la chaleur et l’ambiance des vacances ramollissent le cerveau de son mari !
Plage à trois
Cette fois-ci, Nadine, Robert et Claude sont à la plage, le mari ayant daigné les accompagner. La jeune femme bénéficie d’un soleil pas trop ardent pour bronzer, puisque le ciel est légèrement nuageux. Bien entendu, Claude en profite pour la zieuter, mais pas trop ostensiblement, car le mari est présent. S’étant un peu éloignés, les deux hommes discutent tout en déambulant au hasard, la conversation devient lentement plus triviale. Robert ayant abordé un certain sujet, Claude y va de son petit cours, déformation professionnelle :
- — Pour parler crûment, Robert, tu as les vraies chaudasses et les fausses.
- — Une femme peut être une fausse chaudasse ?
Claude tourne la tête vers la droite :
- — Regarde là-bas, près du parasol blanc et bleu.
- — La bomba latina à longs cheveux en maillot rouge ?
- — Oui, celle-là ! Eh bien, c’est une fausse chaudasse. Oui, elle en montre beaucoup, elle prend souvent la pose, mais son mari est toujours à côté d’elle, et vu le gabarit du bonhomme, peu d’hommes s’y risqueraient.
Robert est assez incrédule :
- — Le mari laisse faire ?
- — Tu parles, il l’encourage ! C’est flagrant, y compris dans l’enceinte du camping.
- — Ah bon ? J’vois pas l’intérêt !
Claude se lance dans une explication :
- — Tous les goûts sont dans la nature, Robert. Tu as même des maris qui prêtent leur femme à d’autres hommes, on appelle ça du candaulisme, mais je ne pense pas que ce couple soit dans ce cas, il est surtout dans l’exhib des charmes de Madame.
- — J’arrive pas à piger…
Claude se lance dans une explication circonstanciée :
- — Je crois savoir que tu adores le pâté de tête, n’est-ce pas ?
- — Euh oui…
- — Eh bien moi, je déteste. En revanche, j’aime les choses amères que, toi, tu n’aimes pas. Les goûts et les couleurs, c’est aussi simple que ça…
- — Et ils z-en parlaient déjà dans tes tablettes d’argile ?
Le professeur annonce la triste vérité :
- — La plupart des tablettes qu’on a retrouvées sont des actes de comptabilité, des incantations ou des ex-voto. À peine dix pour cent d’entre elles parlent d’autre chose, et la plupart du temps, c’est relatif aux dieux. Ces derniers n’avaient pas un comportement souvent exemplaire, mais comparé aux dieux grecs, ils étaient très sages. Même Inanna, la déesse de l’Amour et accessoirement de la Guerre, était plan-plan, comparativement à certaines starlettes de la téléréalité.
- — J’commence à mieux comprendre pourquoi ma femme aime bien parler avec toi. On comprend tout c’que tu racontes, t’expliques bien.
- — Merci.
- — Pas de quoi, t’es pas un universitaire qui s’la pète en causant dans un jargon incompréhensible. Quand j’ai connu Nadine, elle était en plein travail sur Guiguimech.
- — Gigalmesh…
Robert a un petit geste de dédain :
- — Si tu veux. Tu sais, ton Guimachinchouette, ça m’dit strictement rien. Déjà que Napoléon, c’est très ancien pour moi ! Alors ton Gigi, j’te dis pas ! Au fait, c’est bien avant Jules César ?
- — Largement avant : au moins deux mille six cents ans avant Jules, pour le plus vieux texte connu. Ce personnage est à la fois une ancienne divinité chtonienne et un roi quasi légendaire.
- — Chto quoi ?
- — Chtonienne : une divinité infernale ou souterraine.
Robert se sent un peu dépassé :
- — OK OK… Revenons à nos chaudasses. Tu vois une vraie chaudasse sur cette plage ?
- — La fille en maillot de bain blanc à ficelles.
- — Ah bon ? Et pourquoi ?
- — Parce que des tas de bonhommes se sont vantés d’avoir eu ses faveurs.
- — Ils ne mentaient pas, ces gugusses ? Les hommes aiment souvent s’vanter.
Claude se met à sourire :
- — On voit que tu n’as jamais vu cette fille à l’œuvre. Elle ne se cache pas de collectionner les amants et les aventures d’un soir.
- — Pourquoi elle fait ça ?
- — Pourquoi un bon nombre de types adoreraient être des sex-machines et coucher avec le plus de femmes ? Malheureusement pour eux, ils ne savent pas s’y prendre correctement.
- — J’te vois venir avec ton « tous les goûts sont dans la nature ». Mais bon, pour séduire les femmes à tour de bras, il faut être un Appolon.
Claude regarde fugacement Nadine actuellement allongée sur le ventre, exhibant un splendide popotin, une belle chaudasse qui s’ignore, songe-t-il. Depuis qu’ils discutent, les deux hommes ont tourné inconsciemment autour de Nadine. Cette constatation amuse le pseudo-amant. Néanmoins, il poursuit sur sa lancée :
- — Pas forcément. Un de mes collègues ressemble à Woody Allen, et pas vraiment en mieux, pourtant il ne dort quasiment jamais seul et pas forcément avec la même femme. Il suffit qu’il ouvre la bouche, et hop, l’affaire est dans le sac.
- — C’est dingue, ça !
- — Je ne te le fais pas dire… Entre nous, ce qui est dingue, c’est qu’il n’y a pas plus de mecs agglutinés autour de ta femme.
- — Pourquoi tu dis ça ?
Claude tend le bras vers Nadine qui est passée entretemps de la position pile à la position face.
- — Regarde ta femme ! Ne le prends pas mal, mais elle est chaudasse à sa façon.
- — Oui, elle n’est pas moche…
- — Tu as le sens des euphémismes ! Bon d’accord, elle ne ressemble pas à ces bimbos surgonflées qui se pavanent sur les écrans. Mais avoue qu’elle est au-dessus du lot.
- — C’est pas faux…
- — Tu n’as jamais eu peur qu’on tourne autour de ta femme ?
- — Qui tournerait autour de ma femme ?
Interloqué, Claude marque une petite pause, se disant en lui : mais quel con, ce type ! Puis, il décide de changer de style de jeu :
- — Ça te plairait que ta femme excite la galerie ?
- — Il faudrait que je change de femme pour ça…
À moitié navré, Claude se répète en lui : mais quel con, ce type ! Il continue néanmoins sur sa lancée :
- — Admettons qu’un type tourne autour de ta femme, ça tu peux bien l’admettre, puisque toi-même tu l’as épousée.
- — Oui, mais elle n’avait pas le même âge.
- — Es-tu en train de me dire que Nadine est périmée ?
Le mari écarte les bras comme pour embrasser tout le rivage :
- — J’ai pas dit ça, mais regarde les meufs qui sont sur cette plage…
- — Les meufs dont tu parles ont vingt ans. Ta femme en a un peu plus.
- — Ce que je veux dire, c’est qu’il y a un temps pour tout. Quand t’es jeunette, tu fais saliver la galerie. Et plus tard, tu t’ranges, surtout quand t’as des gosses.
Claude cligne fugacement des yeux :
- — C’est une façon de voir les choses…
- — Y en a d’autres ?
- — Monica Bellucci, tu connais ?
- — Oui, ça, c’est une belle femme !
- — Eh bien, elle est née en soixante-quatre, et nous sommes en vingt-trois. Calcule…
Robert ouvre de grands yeux stupéfaits :
- — Tu déconnes !? Elle frôle les soixante ans ?
- — Bien calculé ! Salma Hayek, tu connais aussi, je suppose ?
- — Oui ! Ne me dis pas qu’elle a le même âge que Monica ?
- — Elle est un peu plus jeune, puisqu’elle est née en soixante-six. Tu reconnaîtras qu’elle est plus attractive que bon nombre de jeunettes, non ?
Le mari de Nadine ricane :
- — Avec une tonne de maquillage alors !
- — Eh non, ces deux femmes n’en ont pas forcément besoin. D’accord, elles font attention à leur hygiène de vie, mais elles ne passent pas toutes leurs vacances à s’allonger sur la table d’un chirurgien esthétique.
- — Aucune opération ?
Claude joue franc jeu :
- — Honnêtement, je ne sais pas. Peut-être des petites, et si c’est le cas, ce sont des réussites. Ta femme, par exemple, n’a pas besoin du bistouri.
- — Elle commence à avoir quelques rides, quand même…
- — Ça lui va bien. De plus, avec certaines crèmes, on peut les atténuer. Bon, il est vrai que l’exposition au soleil n’arrange pas les choses…
Pour la première fois, Nadine se manifeste :
- — Je vous entends, les hommes !
- — Depuis quand ?
- — Depuis le début ou presque…
Elle s’assied sur sa serviette :
- — Je reconnais que s’exposer au soleil n’est pas la panacée pour ma peau, mais j’évite de bronzer en plein midi. Et puis, je mets une tonne de crème.
S’approchant d’elle, Claude propose galamment :
- — Un petit tour dans l’eau pour rafraîchir votre délicat épiderme ?
Avant que Nadine ne réponde, son mari s’étonne :
- — C’est marrant, cette façon de se vouvoyer ! Tu ne peux pas dire « tu » à ma femme ?
- — Je ne suis pas assez intime avec elle pour me le permettre.
Nadine se met aussitôt à rougir. En revanche, Robert ne semble pas avoir compris l’allusion. Faisant la moue, il enchaîne :
- — Allez tous les deux dans l’eau si ça vous dit, mais sans moi…
- — Comme tu veux…
Quelques secondes plus tard, Nadine et Claude ont de l’eau jusqu’au cou, s’étant accroupis dans la mer. La jeune femme dégaine en premier :
- — Eh bien, je suis fixée à présent ! Si Robert veut que sa femme excite la galerie, il faut qu’il me remplace, c’est charmant !!
- — Je crains qu’il ne voie plus en vous que la mère de ses enfants et une femme mariée. Il a oublié la maîtresse que vous étiez pour lui.
- — Ça, j’avais plus ou moins compris, mais l’entendre de la bouche de son mari, c’est assez déprimant !
De l’eau toujours jusqu’au cou, Claude s’approche un peu d’elle :
- — Je vous rassure, Nadine : vous êtes très sexy ! C’est votre mari qui est aveugle.
- — Je vais finir par le croire. Bien que la solution la plus simple est que j’admette que Robert est définitivement un gros con ! Et, excusez-moi du terme, Claude, mais ça m’emmerde prodigieusement d’être marié à un gros con !
- — Calmez-vous, Nadine. Mis à part qu’il ne vous voit plus comme avant, le reste n’est pas négatif, non ?
Nadine se met à rire franchement :
- — C’est fou ! C’est l’amant qui cherche des excuses au mari !
- — J’aimerais bien être votre amant, mais ce n’est pas le cas…
- — Amant au sens initial du terme, celui qui aime, l’amoureux.
- — Je préfère le sens moderne.
Se relevant à moitié, d’un petit geste brusque, Nadine envoie un peu d’eau vers Claude :
- — Je n’en doute pas un seul instant ! Et imaginons que je couche avec vous, il se passe quoi ensuite ?
- — Eh bien, nous recommencerons plein de fois !
- — Et après les vacances ?
- — Eh bien, nous continuerons plein de fois !
Nadine houspille gentiment son vis-à-vis :
- — Vous pouvez être sérieux, Claude !
- — C’est le temps des vacances, de l’insouciance, avant de revenir dans la grisaille du boulot.
- — Vous n’êtes pas trop à plaindre, pourtant.
Claude commence à tourner autour de sa blonde voisine :
- — Je ne me plains pas, mais ça serait nettement mieux si j’avais une compagne comme vous.
- — Avec votre métier, vous avez la possibilité de rencontrer des tas de gens ! Pourquoi moi ?
- — Parce que c’est vous, justement.
Il s’approche très près de Nadine :
- — Avez-vous confiance en moi, gente Dame ?
- — C’est-à-dire ?
- — Et si vous faisiez la planche tandis que ma main vous soutient dans votre dos ?
- — Vous avez des étranges idées, Claude !
Néanmoins, quelques instants plus tard, visiblement en confiance, Nadine est en train de flotter, allongée, bercée par quelques vagues, la main de Claude au niveau de ses reins. La jeune femme songe alors :
- — Il aurait pu mettre sa main à mes fesses, mais il ne l’a pas fait…
Puis elle ferme les yeux, un peu étonnée de se laisser aller ainsi avec un quasi-inconnu. Quelque temps après, elle notifie à son chevalier servant qu’elle aimerait changer de position :
- — Claude, je crois que c’est bon, aidez-moi à me remettre debout.
- — Pas de souci !
Il capture sa taille à deux mains, et la maintient tandis que ses pieds touchent à nouveau le sol, ou plutôt le sable. Claude sourit :
- — Alors, n’était-ce pas reposant ainsi, à vous laisser bercer par les vagues.
- — Je dois reconnaître que c’était bien. Merci !
- — Permettez-moi de me remercier d’une autre façon…
Puis il dépose un furtif bisou sur les lèvres de la jeune femme. Celle-ci ne s’offusque pas, bien qu’elle rougisse un peu. Durant les minutes qui suivent, Claude semble avoir oublié le baiser qu’il a donné, il agit comme s’il ne s’était rien passé, ce qui arrange Nadine qui flotte un peu sur ce qu’elle doit penser de tout ça.
Sans doute une façon de jouer avec elle, pense-t-elle…
Le pari
Alors qu’il est en train de faire ses commissions dans le petit supermarché du camping, Claude tombe nez à nez avec l’époux aveugle (aux charmes) de Nadine, venu lui aussi remplir son panier. Dans le magasin, les deux hommes parlent d’un peu de tout, puis Robert demande :
- — Au fait, depuis que le mari de ta cousine est arrivé, tu dors où ?
- — Dans le van avec lequel je suis venu.
- — Ah, c’est le tien ?
- — Non, je l’ai emprunté à un ami, mais ça a été rudement pratique pour acheminer ici ma cousine et sa marmaille, sans oublier tout le reste. Entre nous, j’ai eu l’impression de déménager leur maison !
Ajoutant un paquet de café dans son panier, Robert sourit :
- — Je vois le topo ! Ça ne nous arrive pas, car on a déjà tout ici.
- — Oui, mais toi, ça va faire dix ans que tu passes tes vacances dans ce camping.
- — Douze. On a d’abord loué, puis on a acheté.
- — C’est pas trop lassant de toujours revenir au même endroit ?
- — Bah, c’est reposant et sécurisant ! Je parie que, toi, tu te balades un peu partout.
Tout en examinant la composition d’une soupe en sachet, Claude répond sans détour :
- — Je reconnais que c’est la première fois que je mets les pieds dans un camping. D’habitude, pour des vacances, je choisis plutôt les clubs avec la formule « tout inclus ». Sinon, j’ai mis plusieurs fois les pieds en Irak.
- — En Irak ? Quelle idée !
- — À ton avis, les Sumériens habitaient où ?
- — Ah, OK. Mais bon, le pays des ayatollahs, très peu pour moi.
- — Je crois que tu confonds avec l’Iran, le voisin situé à l’Est.
Robert hausse les épaules :
- — Pour moi, là-bas, c’est du kif-kif !
- — Pas vraiment, car d’un côté, tu as des sémitiques et de l’autre des Indo-européens. C’est pour cette raison qu’ils se tapent dessus depuis des millénaires, même s’ils ont à peu près la même religion, les sunnites d’un côté et les chiites de l’autre.
- — J’ai jamais rien compris à leurs histoires !
Déformation professionnelle obligeant, Claude explique :
- — Grosso modo, c’est un peu comme avec les catholiques et les protestants. Eux aussi adorent le même dieu, mais ça ne les a pas empêchés pas de se massacrer les uns les autres, il y a quelques siècles, et en France.
- — On est devenus quand même plus civilisés, non ?
- — Oui et non… Pour te donner une idée, selon leur calendrier, c’est comme si nous étions en mille quatre cents.
- — T’as pas un autre sujet de conv… Oh putain, la meuf !!
Intrigué, Claude tourne la tête pour découvrir une jeune femme en bikini, assez avantagée par Dame Nature. De plus, on ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de tissu pour l’habiller, c’est surtout de la ficelle. Il se dit qu’il aimerait bien voir ce que cette tenue donnerait sur Nadine.
Subjugué, hypnotisé, Robert n’arrive pas à détacher son regard de la jeune femme qui déambule à quelques mètres sans le voir. Sa mâchoire en tomberait presque au sol, comme le Loup de Tex Avery, ce qui amuse beaucoup Claude.
- — Imbécile ! T’as la même à la maison, en plus mature ! pense-t-il.
Robert reprend petit à petit ses esprits, puis il lâche :
- — Ça, c’est de la meuf de compétition !
- — Un peu chère à entretenir, je présume…
- — Sans doute, mais elle excite la galerie, cette allumeuse. Elle a vingt ans à tout casser !
Profitant d’une ouverture, très ludique à sa façon, Claude propose alors à Robert :
- — Ça te dirait que ta femme excite la galerie ?
- — Je t’ai déjà répondu sur la plage, il me semble.
- — C’est vrai. Justement, j’ai envie de faire un pari avec toi.
- — Ah bon ? Lequel ?
Claude sent que Robert est ferré au bout de sa ligne. Il y a moyen de faire avancer les choses, si possible dans le bon sens, c’est-à-dire le sien. Il annonce la couleur :
- — Je parie que ta femme peut justement exciter la galerie.
- — Boâf, tu perds ton temps.
- — Mercredi soir, il y a une soirée spéciale. Je te fais le pari que ta femme saura attirer autant l’attention que ton chalet.
Goguenard, Robert croise les bras :
- — Et tu comptes t’y prendre comment ?
- — Je te rassure, je n’ai pas prévu de l’inscrire à Miss Nue Alouette.
- — Ah bon, il y a un concours comme ça, maintenant ?
- — Je te rappelle que c’est un camping familial. Non, il n’existe pas de concours Miss Nue Alouette. Quoique… je pourrais souffler cette idée au directeur du camping, celle d’une soirée privée avec un droit d’entrée. Mais passons.
- — Tu devrais en parler au directeur…
- — Si je n’oublie pas. Revenons à ta femme, Robert. Je suis prêt à parier cent euros avec toi que ta femme sera le point de mire des hommes.
Robert s’inquiète un peu :
- — Eh ! Faut pas que ça nous foute la honte ! Moi, je m’en fiche un peu, mais il y a nos deux enfants !
- — Je te rassure, c’est en tout bien et tout honneur.
- — C’est quoi, ton idée ?
- — Tu vas rire, mais je n’en ai pas encore. Mais ça viendra.
Le mari de Nadine s’étonne franchement :
- — Attends ! Tu te lances dans un pari à cent euros, sans savoir ce que tu vas faire ?
- — J’ai trois jours devant moi.
- — Hahaha ! T’es un drôle de zigomard, toi ! Allez, je veux bien parier cent euros, parce que je suis presque certain de gagner !
- — Je préfère te prévenir tout de suite qu’il faudra sans doute que je fasse des répétitions avec Nadine.
Mains sur les hanches, Robert répond :
- — Des répétitions ? C’est donc que tu as une petite idée, finalement !
- — Oui et non… c’est très vague…
Le silence s’installe entre les deux hommes, puis Claude tend sa main vers Robert :
- — Pari tenu ?
- — Pari tenu !
Claude pose sa main sur l’épaule de Robert :
- — Bon, faut annoncer ça à ta femme.
- — Non, TU annonces ça à ma femme, c’est TON idée.
Les deux hommes retournent vers le chalet où Nadine se trouve. C’est Claude qui lui explique avec des mots choisis la teneur du pari qu’ils viennent de faire. Assez éberluée par ce qu’elle vient d’entendre, la jeune femme s’exclame :
- — Vous… vous avez parié tous les deux que je serais le point de mire des hommes, c’est ça ?
- — Oui, c’est ça. Mais en tout bien et tout honneur, il va de soi.
Robert intervient :
- — Oui, pas un machin du genre Miss Nue Alouette.
- — Parce que ça existe ?
- — Non, non, c’est juste une image.
- — Encore heureux ! J’ai pas du tout l’intention de me déhancher à poil devant une meute de bonhommes en rut !
Amusé, Claude est songeur :
- — Hmmm… dommage… Le spectacle aurait été fort intéressant. J’aurais payé cher pour voir ça !
Le mari de Nadine s’esclaffe :
- — T’as vraiment du fric à perdre, toi !
Claude affiche un petit sourire. Ce genre de réflexion va dans le bon sens pour lui. La preuve arrive aussitôt avec Nadine qui rétorque, un peu vexée :
- — Eh bien, soit, faisons-le ce pari à la con !
Puis elle est intriguée par l’expression de satisfaction qu’affiche maintenant Claude. Elle réalise alors que celui-ci l’a entraînée là où il voulait, ce qui la fait frissonner. Mais en même temps, elle éprouve une sensation étrange dans son bas-ventre.
Non-stop
Ayant manœuvré comme il fallait, Claude a obtenu que Nadine soit encore plus souvent avec lui, sans devoir révéler pourquoi et où. Le lendemain matin du pari, alors qu’il vient chercher sa complice, il explique calmement à nouveau au mari qui veut en savoir plus :
- — Nan, tu ne sauras rien, ce sera une surprise pour toi, Robert.
- — Bah, c’est mercredi que je saurai, c’est ça ?
- — Exactement !
Chemin faisant, Claude explique les grandes lignes de son idée à Nadine. Après avoir affiché une certaine surprise, celle-ci lâche :
- — C’est… spécial…
- — Je pense que c’est une bonne façon de faire : ça sera très sexy sans rien dévoiler.
- — C’est un peu de la tricherie, non ?
- — C’est un peu comme la danse des éventails à plumes… mais le gros problème de cette prestation, c’est qu’il faut bien se synchroniser, car la danseuse est nue, et si elle fait un faux mouvement, elle en montre un peu trop.
Nadine fait remarquer :
- — C’est vrai, mais votre idée est quelque part plus perverse…
- — L’imagination a toujours eu du bon ! Allons en toucher un mot aux organisateurs.
- — Je vous laisse expliquer la chose… Je suis obligée d’être là ?
- — Pourquoi ?
La jeune femme tergiverse :
- — Ça… ça me gêne…
- — Pourtant, il n’y a pas de quoi.
- — Parlez pour vous, Claude ! Que vont penser tous ces gens, même si ce n’est pas la vérité ?
Devant l’expression contrite de Nadine, ayant rapidement évalué le pour et le contre, Claude concède rapidement :
- — Pas de souci, vous n’avez pas besoin d’être là quand j’expliquerai tout ça aux organisateurs dans peu de temps. Mais j’espère bien vous revoir ensuite. Que diriez-vous d’aller boire ensuite un verre ensemble ?
- — Merci de me comprendre, Claude. Je vous attendrai au bar, ce sera plus simple, et aujourd’hui, c’est moi qui paye, OK ?
- — Hmm… D’accord, faisons ainsi.
Chacun part de son côté, se faisant un petit signe de la main.
Répétition
L’accord des organisateurs a été donné, Claude n’en doutait pas. Il a mis au point avec le fils des gérants du camping diverses modalités quant aux répétitions et pour la mise en scène finale lors de la fameuse soirée.
Nadine et Claude sont justement en train de répéter leur deuxième fois. Nadine vient de faire une rapide démonstration. Puis elle s’arrête, s’asseyant auprès de Claude, pour souffler un coup et boire dans sa petite bouteille. Ensuite, elle demande :
- — On est OK pour la chorégraphie, c’est pas très compliqué, je n’ai qu’à bouger de façon un peu plus forcée pour que ce soit OK. Mais nous allons faire comment pour que l’illusion soit parfaite ?
Claude répond flegmatiquement :
- — Pour le bas, un simple collant devrait suffire, mais pour le haut, j’ai cogité dur pour trouver une solution.
- — Pourquoi ne pas mettre simplement un haut de bikini ?
- — Parce que ça se verrait quand même, même de loin.
- — Vous avez trouvé quoi, comme solution ?
Claude plonge sa main dans le sac posé sur la table. Il en ressort une boîte ronde qui ressemble à un pot de peinture :
- — Tadammm !
- — Euh, c’est quoi ?
- — Du latex liquide.
- — Du latex liquide ?
Pot en main, Claude désigne la poitrine de la jeune femme :
- — Oui, oui : si je vous en badigeonne les seins, ça va former un film plastique de couleur sombre qui permettra même de coller des faux tétons, ce qui accentuera l’illusion que vous êtes vraiment toute nue !
- — Vous êtes un gros filou, Claude.
- — Je sais, je sais !
- — Et en plus, vous vous en vantez !
- — Essayons le latex entre vos seins, si vous le voulez bien… j’en profiterai ensuite pour tester le coup des faux tétons.
Claude peint le creux de la poitrine de Nadine, juste entre les deux monts. Il en profite pour remonter à droite et à gauche sur chaque sein. Puis il colle une sorte de petit bouchon sur le côté droit.
- — Attendons que ça sèche…
En attendant que ce soit totalement sec, il renforce la base du bouchon afin que celui-ci adhère au mieux sur l’épiderme de la jeune femme.
- — Bougez fortement, Nadine, comme si vous vouliez vous débarrasser du bouchon, mais sans mettre les mains.
- — OK, compris.
Nadine obéit, faisant osciller à tout va sa poitrine, un spectacle dont profite avec plaisir Claude. Malgré les déhanchements et autres balancements, le bouchon reste rivé. Claude dit alors :
- — Je crois que c’est concluant, il n’a pas frémi d’un iota !
- — Tant mieux. Et comment, ça s’enlève ?
- — C’est comme une pelure, on tire dessus, tout simplement.
Sans attendre la réponse de Nadine, il commence à retirer lentement le film plastique. Quelques secondes plus tard, celui-ci est décollé de la peau de la jeune femme. Claude demande :
- — Ça va ?
- — Ça a tiré un peu, mais nettement moins pire qu’un masque à la cire.
- — Ah tiens, vous êtes un peu rouge ! Excusez-moi ! Pour me faire pardonner…
Joignant le geste à la parole, Claude se penche sur la poitrine puis dépose un baiser appuyé entre les deux seins. Voyant que Nadine ne s’offusque pas, l’homme s’enhardit de plus en plus, déposant d’autres baisers de plus en plus fougueux et appuyés.
Entraînée dans un tourbillon, les yeux fermés, Nadine se laisse faire. Ça va faire trop longtemps qu’un homme ne l’a pas désirée de la sorte, elle pense qu’elle peut se laisser un peu aller, tout en évitant que ça ne dérape pas trop.
Or justement, il semble que le feu brûle beaucoup plus que prévu. Nadine proteste mollement :
- — Oooh, non ! Arrêtez, Claude ! Il… il ne faut pas !
Claude ne répond pas, il est trop occupé à embrasser chaque centimètre carré de la peau dénudée de Nadine, et à laisser courir ses mains partout sur ses courbes avenantes. De son côté, bien que sa bouche dise non, le reste de son corps si féminin se moule à celui de l’homme.
Devant cette ardeur, le haut du bikini ne résiste pas bien longtemps, révélant deux appétissants fruits que Claude s’empresse de dévorer comme il se doit. Nadine tombe littéralement en pâmoison sous cette incandescente attaque de sa blonde personne.
- — Je n’en peux plus ! Venez !
Sans bien comprendre ce qui lui arrive, Nadine se retrouve propulsée dans une petite loge chiche meublée d’un petit bureau, d’un siège à roulette, avec au mur un grand miroir entouré de lampes et sur le côté réside un canapé à trois places. Couchée sur le dos, Nadine subit un véritable assaut de baisers brûlants sur tout son corps à présent dénudé, sans oublier des mains avides qui désirent tout savoir d’elle.
Claude se focalise à présent sur le pubis de Nadine, ce qui la fait vibrer d’une façon accoutumée pour elle. Puis sans vergogne, sa langue s’introduit dans la fente déjà humide pour commencer un cunnilinctus de première catégorie. La jeune femme n’en revient pas que ça lui fasse tant d’effets ! Oui, d’habitude, c’est souvent bon, voire très bon, mais pas à ce point. Elle se dit que Claude est soit un bon amant, ou soit le type d’homme qui lui est complémentaire. Ou les deux à la fois.
- — Oh non ! Oh oui ! Ah ! Aaah !
La tête de Claude entre ses cuisses, Nadine se met à jouir comme une petite folle. Elle a la nette impression que sa chatte est devenue une source jaillissante, une cascade qui n’en finit pas de couler. Elle décolle vers d’autres cieux, si beaux, si bleus, si… tellement…
Elle flotte, comme éparpillée en mille gouttes d’eau en suspension qui capturent les rayons du soleil pour devenir un ciel rempli de plein d’arcs-en-ciel. Puis lentement, elle redescend vers le sol.
C’est alors qu’elle sent Claude s’introduire en elle, la prendre, la posséder, vautré sur son corps, sur ses seins qu’il écrase à présent. Elle se sent envahie, heureuse de le sentir en elle, d’être sienne. Leurs cris se mélangent, leurs corps ruissellent, leurs sueurs se fusionnent.
C’est sans remords qu’elle sent qu’il jaillit en elle, qu’il la remplit, tandis qu’ils décollent tous les deux, loin, très loin au-delà des nuages et des étoiles.
Par deux fois ensuite, ils retournent se perdre ensemble dans l’infini…
Les autres répétitions prévues pour la fameuse soirée sont des prétextes pour que les deux amants se fassent une joie de se découvrir encore plus intimement. Malgré un mari et deux enfants, Nadine n’éprouve aucun remords…
Pas même celui d’être à chaque fois envahie par le sperme de Claude, et de déborder ensuite.
La soirée du mercredi
Ce soir, il y a foule sur l’agora, face à la scène où déambulent ou se déhanchent diverses jeunes femmes, sous les acclamations joyeuses et souvent admiratives. Pas besoin d’applaudimètre, il suffit de mesurer le niveau sonore quand une jeune femme fait sa prestation devant une majorité de regards masculins.
Certaines d’entre elles ont soit le sens de l’humour ou soit une absence totale d’amour propre, ce qui faire rire l’assemblée massée au pied de la scène. L’ambiance reste bon enfant et festive.
Tandis que trois accessoiristes tendent soigneusement un grand drap blanc derrière lui, le jeune présentateur de la soirée, qui est au passage le fils des gérants, vient annoncer au public toujours massé sur l’agora la suite des festivités :
- — Et maintenant, devant vos yeux émerveillés, la délicieuse Nadine dans un numéro extrême-oriental !
Robert se tourne vers Claude :
- — Oriental ? Elle va nous faire une danse du ventre ?
- — Pas oriental, extrême-oriental : la Chine, le Japon.
- — Ah bon ? Ça signifie quoi ? Elle est déguisée en geisha ?
- — Tu le sauras dans quelques secondes.
Une musique plutôt hindoue s’élève dans les airs, mais les personnes présentes ne chicanent pas sur ce point de détail, car apparaît en ombre chinoise une femme dansante qui a visiblement tout ce qu’il faut là où il faut, même si on ne distingue aucun détail précis. Après un bref instant de silence, le public se déchaîne, félicitant l’audace de la danseuse qui ne semble pas porter le moindre vêtement sur elle.
À la fois subjugué et un peu inquiet, Robert demande à son voisin :
- — Elle est nue ou quoi ?
- — À toi, je peux te le dire : c’est non. C’est juste un haut et un bas très moulants.
- — Pourtant, on voit bien ses pointes, ses tétons.
Illico, Claude se penche à l’oreille de Robert :
- — Ne l’ébruite pas, mais c’est une tricherie : des petits bouchons de liège collés aux endroits stratégiques.
- — Ah bon ?
- — Si je te le dis !
- — Je te crois. En tout cas, l’illusion est parfaite…
- — C’est fait pour…
Claude se redresse, continuant à contempler le spectacle qu’il connaît déjà, puisqu’il en est à l’origine. Mais il est flagrant que Nadine se lâche. Autour d’eux, des hommes de tous les âges sifflent d’admiration, lancent des encouragements plus ou moins lestes. Droit devant lui, Robert continue de regarder l’ombre chinoise qui se déhanche lascivement sur l’écran blanc. Quelques secondes plus tard, il murmure entre ses dents :
Amusé, Claude se penche sur Robert :
- — Alors, tu admets ta défaite ?
- — Ben… je n’ai pas trop le choix ! Comment t’as fait ton compte ?
- — J’ai simplement cru dans les possibilités de Nadine. Et puis, elle a ainsi révélé son potentiel sans finalement rien révéler.
- — C’est de la tricherie, comme ses tétons ! Mais c’est vrai que…
- — Dis les mots comme ils sont : ta femme t’a fait bander, et tu n’as pas été le seul !
Robert ne dit rien, il est tout songeur. Le spectacle continue encore quelques instants, puis il s’achève sous les applaudissements et les vivats. La foule des spectateurs est déchaînée, et réclame des bis. Le présentateur a beaucoup de mal à faire revenir le calme.
Claude tape sur l’épaule de Robert qui n’en revient toujours pas :
- — Si je puis me permettre un conseil : essaye de dorloter ta femme comme tu dorlotes ton chalet. Allons féliciter de ce pas la vedette de la soirée.
Toujours songeur, Robert emboîte le pas à Claude.
Fin de séjour
Les jours suivants, Robert constate que sa femme a effectivement du succès auprès de la gent masculine, il y a même parfois divers attroupements devant le chalet. Il a bel et bien perdu son pari, c’est évident. Mais il n’arrive toujours pas à réaliser la nouvelle situation. Chronothérapeute dans l’âme, Robert se dit que tout reviendra à la normale quand les vacances seront finies et qu’ils seront loin d’ici. Et l’année prochaine, tout sera oublié quand ils seront de retour.
De son côté, Claude est à la fois satisfait et enquiquiné : sa maîtresse est devenue le point de mire du camping, ce qui ne facilite pas les tête-à-tête. Il se dit qu’il n’aurait peut-être pas dû se lancer dans ce pari. Oui, Nadine est enfin reconnue, mais maintenant, il y a de la concurrence et surtout des inopportuns !
Avec un certain étonnement amusé, Nadine constate qu’elle est devenue le centre de gravité des regards masculins, ce qui la flatte et l’embête en même temps. Le but était initialement de réveiller son mari et non tous les époux du camping ! De plus, Claude et elle ne peuvent plus bavarder comme avant. Bref, cette soirée fut finalement une fausse bonne idée !
Deux jours plus tard, assez excédé par cette nouvelle situation qu’il ne contrôle pas et qui ne l’avantage pas, Claude prend les choses en main, il a trop envie d’un tête-à-tête avec Nadine. De ce fait, il lui envoie un SMS assez anodin :
- — Je dois faire des commissions. On les fait ensemble ?
Comprenant le message sous-jacent, Nadine répond favorablement. Elle revêt une petite robe seyante sur son bikini, en espérant aller quand même sur la plage. Trois minutes plus tard, Claude se présente devant son chalet. Elle est tout heureuse de le voir, et lui aussi semble manifestement heureux de la voir. Mais sur le chemin qui mène à la petite agora du camping, divers hommes les accompagnent, bien décidés à contempler de plus près la fameuse attraction de mercredi.
Ces hommes les suivent même dans le petit magasin. Nadine est inquiète, mais Claude reste serein, discutant de tout et de rien. Soudain, il désigne une petite porte :
- — Ceci est la réserve du magasin…
- — Euh… oui… et alors ?
Claude ne répond pas à sa question, il regarde autour de lui : il n’y a plus personne. Alors il emmène de force la jeune femme dans la réserve, puis il pousse le verrou derrière lui. Assez bousculée, celle-ci s’exclame :
- — Mais… mais vous faites quoi ?
Claude ne répond pas, il embrasse fébrilement Nadine qui répond ardemment à son baiser. Quelques instants plus tard, leurs lèvres se dessoudent :
- — Vous me manquez, Nadine !
- — Je ne devrai pas vous le dire, mais c’est aussi vrai pour moi !
Claude se rue à nouveau sur Nadine, l’embrassant avec fièvre, sans attendre une seule seconde de plus. Pareillement au précédent baiser, Nadine répond avec ferveur à la passion de son nouvel admirateur. Elle proteste faiblement quand son amant essaye visiblement de la déshabiller :
- — Claude ! Y a du monde qui peut venir !
- — Le verrou est mis, et j’ai négocié la chose avec le fils des gérants.
- — Tout comme ma prestation en ombre chinoise ?
- — Exactement ! J’ai trop envie de vous, Nadine ! Je n’en peux plus !
À la fois inquiète et ravie, la jeune femme tremble un peu. Juste le temps pour Claude de la dévêtir complètement, puis d’embrasser voracement son cou, ses seins, ses seins et son pubis, ses mains fébriles caressant son corps nu offert à sa convoitise.
Sans trop de préliminaires, Claude pénètre fougueusement sa nouvelle maîtresse qui l’accepte bien volontiers en elle. Peu après, sous effet du manque, les deux amants jouissent furieusement en très peu de temps.
Nadine se repose de son envolée, mais son amant semble en vouloir beaucoup plus.
- — Je suis devenu presque fou de ne plus pouvoir vous approcher, Nadine !
- — Je vois ça ! On vous donne le doigt, vous prenez le bras !
- — Avec vous, c’est tout le corps que je prends !
- — Grand fou !
Toujours captive dans les puissants bras de Claude, Nadine se laisse câliner. Elle aime qu’on s’occupe d’elle ainsi, et elle a du temps à rattraper. Dommage que Robert ait oublié ses fondamentaux, malgré le fait qu’elle tente très souvent de rallumer la flamme, mais peut-être que le bois est devenu trop humide avec le temps qui passe.
Elle est tirée de ses cogitations par la voix de son amant :
- — Nadine, imaginez que nous soyons dans d’autres circonstances. Dans ce cas, pourriez-vous être exclusivement à moi ? Totalement à moi ?
- — Vous savez très bien que je suis mariée et que j’ai des enfants.
- — J’ai dit : imaginez.
Nadine marque une petite pause avant de répondre :
- — Oui, je serais totalement à vous, rien qu’à vous, mais à condition que ce soit réciproque.
- — C’est ainsi que je le conçois : je suis à vous, vous êtes à moi.
- — Vous le pensez vraiment ou c’est juste imaginaire ?
- — Ce n’est pas imaginaire.
Bien qu’un peu émue, Nadine plaisante :
- — J’aime votre façon de répondre.
- — Je suis sincère, Nadine. Il est dommage que nous ne nous soyons pas rencontrés plus tôt. Je suis persuadé que vous auriez été très heureuse avec moi et nos enfants.
- — Arrêtez de parler comme ça, Claude…
Son amant l’embrasse très possessivement. Elle se laisse aller à ce baiser très exigeant. Claude possède diverses facettes, certaines sont visiblement plus dominatrices. Elle est néanmoins assez troublée par ce que vient de lui avouer son amant de l’été. Sans doute a-t-il parlé sous le coup de l’émotion et du désir. Mais ça fait plaisir à entendre d’être désirée ainsi.
Quand leurs lèvres se séparent, Nadine constate une étrange lueur dans les yeux de Claude. Très vite, elle comprend pourquoi quand celui-ci annonce :
- — Nadine, je vous veux complètement à moi, je veux tout de vous.
- — Vous m’avez déjà à vous, Claude.
- — J’en veux encore plus, Nadine.
- — Ah oui ? Et comment ?
Quelques instants plus tard, Nadine se retrouve allongée sur le dos, ses jambes bien en l’air, tandis que Claude est en train de taquiner de la langue son petit trou interdit. C’est une pratique qui ne lui dit trop rien. D’ailleurs, Robert n’a jamais été trop fan. Mais Claude semble mettre du cœur à l’ouvrage, barbouillant de salive sa cuvette ourlée, et déjà, elle ressent en elle des choses étranges, des frissons interdits qu’elle ne déteste pas.
- — Êtes-vous prête ?
- — Euh… oui… Allez-y mollo, s’il vous plaît…
- — Mon but est de vous faire jouir, pas de vous faire mal, Nadine.
- — Je… je sais bien… mais je ne suis pas très… coutumière de ce genre de truc…
- — Vous ne savez pas ce que vous perdez, mais je vais y remédier. En attendant, masturbez-vous, je prendrai le relais ensuite.
Obéissante, Nadine commence à s’activer autour de sa fente puis dedans. Durant ce temps, écartant les fesses, Claude dégage un petit trou pour mieux m’exposer à sa convoitise. Peu après, un gland bien ferme vient cogner à l’entrée qui s’évase un peu.
- — Oh !?
- — Je vous ai fait mal ?
- — Non, non… ce… ça surprend, c’est tout…
Enfoncé au tiers, Claude prend le relais, s’occupant maintenant du clitoris largement accessible dans son écrin de pétales de roses. Depuis le temps qu’il en rêvait, il est à présent dans la place, bien décidé à aller jusqu’au bout. Posséder ainsi la femme qu’on désire est un summum, pense-t-il, mais il convient d’y aller doucement dans un premier temps.
Ravie, Nadine murmure :
- — Oooh ! Oh que c’est bon !
En écho, Claude lui répond :
Et il continue sa lente progression, alternant légers retraits et fortes avancées, sa main toujours en train de taquiner un bouton rose fort sensible. Le temps semble suspendu, les deux corps fusionnant doucement, mais fermement.
La verge est maintenant complètement enfoncée et compressée dans les sombres profondeurs intimes. Heureux d’être arrivé au but, Claude regarde droit dans les yeux son amante :
- — Là, je sens que vous êtes complètement à moi, totalement offerte.
- — Oui… je le suis… et j’adore ça !
Claude sourit :
- — Nous serons deux à adorer ça !
Puis il commence un lent mouvement de va-et-vient dans l’étroit conduit, tout en masturbant la fente offerte et dégoulinante. Sous cette double attaque, Nadine ferme les yeux, savourant le fait d’être presque doublement prise et offerte à un homme qui la désire.
Yeux clos, elle savoure l’étrange joie d’être sodomisée, de s’abandonner de la sorte, sans remords, sans crainte, naturellement. Le sexe, c’est aussi une question de bonhomme, songe-t-elle. C’est dingue, Claude pourrait presque me faire faire n’importe quoi !
C’est alors qu’elle jouit, toujours pistonnée par une verge qui la fourrage. Au-dessus d’elle, son amant se laisse aller. Avant de décoller complètement, elle se plaît à imaginer l’inondation dont son rectum est l’objet. Une déferlante toute blanche dans un endroit si sombre !
Un énorme feu d’artifice explose en elle. Incandescente, une puissante fusée perce le ciel…
Puis arrive le firmament, avec ses nuages et ses étoiles…
Un long voile blanc cotonneux et tiède, si apaisant…
Puis la vacuité…
Nihil…
Récupérant de cette forte démonstration de son amant qui est toujours rivé en elle, comme si elle le retenait, fesses bien serrées, Nadine le regarde à la fois tendrement et intriguée :
- — Vous êtes comme Janus : vous avez deux visages, Claude…
- — Ah oui ?
- — Vous avez un côté très policé, gentleman, et en même temps, un visage plus… alpha, dictatorial…
- — J’avoue que je ne fais pas dans le tiède. Mon autre côté vous chagrine ?
- — Non, il m’excite…
À cet aveu, l’homme se penche aussitôt sur sa voisine :
- — Dans ce cas, tant mieux, car j’ai encore envie de vous faire l’amour !
- — Vous avez avalé toute une boîte de Viagra ou quoi ?
- — Vous êtes mon Viagra !
Chose que Claude se fait un plaisir de démontrer aussitôt avec ferveur, une fois de plus.
Non, deux fois de plus.
Toutes les choses ont une fin
Puis quelques jours plus tard, il a fallu que chacun rentre chez soi, les vacances étant terminées. Avec une sérénité de façade, Claude dit au revoir à Nadine et son époux. De son côté, la jeune femme fait plus ou moins bonne figure. Quant à Robert, il ne voit rien, et ce n’est pas plus mal.
Assez nostalgique, Nadine songe qu’elle aura au moins vécu un bel été, même si ce fut nettement trop court. Aurait-elle dû ne pas céder ? Non, elle ne regrette pas d’avoir été l’objet de la passion d’un homme qu’elle n’aurait pas détesté avoir comme époux, mais le destin en a décidé autrement.
Claude se demande de son côté s’il n’a pas commis une erreur en courtisant de trop près Nadine. Oui, il a pu l’avoir à lui, pour lui, ce qui fut extra, mais trop éphémère. Maintenant qu’il a pu goûter à la femme de Robert, il en redemande, et il est carrément en manque. Peut-être qu’il n’aurait pas dû franchir le Rubicon…
Quant à Robert, il se dit que ce fut des vacances fort reposantes, avec quand même une sacrée surprise lors de ce fameux mercredi soir. Claude avait un peu raison de dire que Nadine était l’un des plus beaux accessoires de décoration de son chalet. Vaut mieux faire envie que pitié, n’est-ce pas ?
Après les vacances
De retour au bureau, Nadine soupire abondamment : les vacances sont terminées, et son énorme flirt avec Claude aussi. Elle a demandé à son amant d’éviter de lui envoyer des messages compromettants, car, comme elle « oublie » souvent son téléphone un peu partout, n’importe qui serait tenté de lire ses SMS. Idem pour les mails, car tout le monde à la maison possède son mot de passe, et ça semblerait étrange qu’elle en change subitement. De plus, tête en l’air comme elle est, Nadine pourrait facilement laisser son ordinateur ouvert sur une messagerie doté d’un autre mail plus intime.
Et puis, ça aide à mieux tourner la page…
Néanmoins, malgré ces restrictions, Claude lui a déjà téléphoné deux fois au boulot. Il est resté très allusif, souvent dans le double sens, permettant ainsi à Nadine de dialoguer avec lui comme si de rien n’était, même s’il y avait du monde autour d’elle.
La jeune femme se pose franchement la question de s’offrir un smartphone privé, dont personne n’aurait le numéro, sauf Claude, bien sûr. Car leurs conversations, sa voix, sa façon d’être lui manquent. Mais hélas, la parenthèse enchantée des vacances est bel et bien refermée. D’ailleurs, est-ce une bonne idée que de tenter de maintenir le contact ?
Ça risque de lui faire plus de mal que de bien.
Elle regarde sa montre : dans un quart d’heure, on va lui présenter un nouveau conseiller historique parachuté par la haute direction du siège central. Étonnée par cette nouvelle quand elle l’avait apprise, elle avait demandé à son directeur de publication :
- — Mais, pourquoi faire, ce conseiller ?
- — Je sais, Nadine, on n’en a pas vraiment besoin, mais d’après ce que j’ai appris, c’est un copain du grand patron. De plus, il fera ça en dilettante, une ou deux fois par semaine. En étant payé des clopinettes.
- — Ah bon ? C’est quoi, cette magouille ?
- — Oui, c’est un arrangement avec le « Big Chief ». Ne m’en demande pas plus, je ne suis pas dans le secret des dieux ! Je suppose que c’est un écrivaillon qui veut mieux mettre un pied dans le milieu pour tenter d’écouler sa prose.
Elle regarde à nouveau sa montre. Soudain, la porte de son bureau s’ouvre, son directeur entre en compagnie d’un homme. Les deux personnes font face à Nadine restée assise de saisissement :
- — Je vous présente Nadine Massureau, notre rédactrice polyvalente, celle avec qui vous allez collaborer. Nadine, je te présente Claude Monet, comme le peintre.
La jeune femme reste toujours figée sur place. De son côté, le nouvel arrivant fait visiblement semblant de ne pas la connaître :
- — Enchanté, Madame Massureau.
- — Appelez-la Nadine, c’est l’usage ici. N’est-ce pas, Nadine ?
- — Euh… oui… Bon-bonjour, Claude.
Son amant lui serre longuement la main :
- — Bonjour Nadine. Ça va être assurément un plaisir de travailler avec vous.
Nadine n’en revient toujours pas : son Claude est devant elle. Une fois le directeur de publication parti et la porte refermée, le nouveau venu se rue carrément sur la jeune femme pour la capturer fougueusement dans ses bras :
- — Vous m’avez manqué, Nadine !
- — Vous aussi, vous m’avez manqué !
- — Je suis content que vous me l’avouiez…
Intriguée et heureuse, Nadine dévisage l’homme qui la tient serrée contre lui :
- — Mais comment avez-vous fait votre compte ?
- — Vous connaissez beaucoup d’employeurs qui refusent l’aide gratuite d’un universitaire assez renommé dans sa partie ?
- — Euh… non, pas beaucoup, en effet…
Claude penche sa tête vers Nadine :
- — Votre grand patron et moi avons fait un arrangement donnant-donnant, dont vous allez faire les frais, hélas pour vous…
- — Comment ça !?
- — Eh bien… je vais me payer en nature avec votre petite personne trop sensuelle !
- — Ah bon ? Et qui vous dit que je suis d’accord ?
Pour toute réponse, Claude l’embrasse, elle répond impétueusement à son baiser. Quelques instants plus tard, quand leurs lèvres se séparent, le nouveau venu dit :
- — Je crois que j’ai ma réponse… Je vous préviens, vous allez être très souvent mise à contribution, ma chère Nadine ! Et je suis très exigeant !
- — Je vous rappelle que vous n’êtes qu’un simple conseiller historique, mon cher Claude.
- — Oui, mais j’ai l’oreille du patron. Vous allez être rien qu’à moi durant les heures de bureau, et aussi durant tous les séminaires que nous ferons à deux, jour et nuit !
Frissonnant d’aise, Nadine proteste faussement :
- — Vous voulez me séparer de ma famille ?
- — Vos enfants savent se débrouiller sans votre aide. Quant à votre mari, vous et moi savons à quoi nous en tenir !
Puis, il l’embrasse à nouveau ardemment. Nadine en fait de même, se collant sensuellement contre lui. Leur baiser dure longtemps.
Tandis qu’ils reprennent leur souffle, Claude murmure à l’oreille de Nadine :
- — Vous ne savez pas à quel point je peux être dictatorial avec celle que je désire !
- — Ah oui ?
- — À partir de maintenant, je vous interdis de mettre une petite culotte sous vos jupes ou vos robes ! Et ce n’est que le début !
Tendant à nouveau ses lèvres, Nadine se dit que sa vie va devenir nettement plus pimentée !