n° 22367 | Fiche technique | 11371 caractères | 11371 1918 Temps de lecture estimé : 8 mn |
05/04/24 |
Résumé: Une journée particulière | ||||
Critères: fh | ||||
Auteur : Landeline-Rose Redinger Envoi mini-message |
Le plateau est instable et nous rions de cela. Alban a fait ce bel effort matinal ; croissants, fruits, oranges pressées, tartines, confitures, thé.
Sous la couette, sa jambe contre la mienne. Hormis la fellation nocturne qui date maintenant, nos corps avaient gardé une distance respectable. Même si vous savez que la distance respectable est pour moi, celle-là même où l’interstice entre les corps est quasiment nul. Pour autant, j’aimais que ce rapprochement entre Alban et moi soit inopérant, et accessoirement, sentir une petite souffrance émaner de mon nouveau compagnon n’était pas pour me déplaire. Il faut donner du temps au temps, disait-il en bécotant mon épaule nue. Ce petit épisode sous la couette était bien délicieux tout de même. Ma cuisse se chauffait au contact de la sienne, pour tout dire, j’aurais aisément ouvert mon corps à la vigueur de son sexe. Son sexe qui sensiblement marquait le tissu en instillant en moi des idées folles de bon matin. Mais je remarquais la gêne plus que le trouble de mon amoureux et la panique qui supplantait son désir. Je glissais ma main sous la couette et pressais son sexe avec ses couilles dans ma paume. Juste une petite pression. Je souriais et lui, suait.
Je me glissais hors du lit, affichant ma légèreté.
J’avais sciemment laissé en suspens cette locution propre aux couples unis en sortant de la chambre. Mon amour.
Si j’exécrais autant mon amour que chérie, soyons honnêtes, je ne l’avais pas volé.
Désormais, Alban courait avec le pas retrouvé du sportif aguerri. Une dynamique enveloppait son corps. J’avais également maintenu une régulière activité sportive et ma tonique corporelle gardait le cap.
Tout en arpentant les allées du parc Citroën, échangeant quelques mots, à peine essoufflée, je levai le visage vers l’appartement de Marc-An, mon ex, dont les stores étaient clos. À vendre. Grand standing.
La brassière qui moulait ma poitrine et laissait mon nombril scintiller du petit diamant qui l’ornait ne laissait pas le regard des mâles courants indifférent. Mais Alban occupait l’espace. Pour autant si l’on considère que le regard des hommes augmente la température basale du corps des femmes, alors à ce rythme-là j’allais friser le point de fusion. Dans les buissons adjacents, j’aurais voulu que chacun me prenne, mais Alban aurait tué pour ce que lui-même avait fait.
Au retour, la douche froide ne parvint pas à réduire la chaleur que m’envoyait mon joujou électrique et waterproof. Après le déjeuner, dans le transat, des idées persistantes et ininterrompues tournoyaient autour de moi.
Alban s’était endormi ; la suite de sa grande dépression l’avait laissé dans une fatigue chronique qui lui imposait une sieste, qu’il ne pouvait s’octroyer durant la semaine.
Je profitais de son endormissement pour sortir, récupérais ma Mini-Cooper dans un garage que je louais à deux rues de là. Comme une épée de feu traversait mon corps ; je brûlais de l’intérieur. Devant moi, un diaporama défilait où j’étais la victime consentante d’hommes assoiffés de sexe. Mais, vous me direz que semblablement à vous, mes fantasmes me transportent au cœur de l’irraisonnable. Mais les vivez-vous, vous ?
Et si je ne savais rien alors de ma destination, j’ai roulé, roulé aux portes de Paris. Est-ce le hasard qui m’avait déposé dans cette rue de Seine-et-Marne, je ne sais pas ? Je ne sais rien du hasard. Lorsque j’ai pressé la sonnette, mon cœur battait fort dans ma poitrine.
La porte s’est ouverte, elle a posé ses lèvres sur les miennes, un baiser court, un baiser surprenant. Je ne l’avais pas revue depuis l’hiver dernier.
J’étais encore sans voix quand elle servit le thé en papotant avec légèreté, tout comme si de la veille nous revenions ensemble de la mer.
Son habillement néo-punk faisait d’elle une femme qui effrayait ou attirait. Pour ma part, je la désirais.
J’avais fait cette sortie comme un acte libérateur, comme une lourde faute soudainement avouée. Le mal était fait, le point de non-retour était atteint.
J’étais quelque peu surprise et désemparée et, pour le coup, toute trace du désir qui m’avait fait sortir de chez moi avait disparu. Roxane m’expliqua alors qu’elle occupait l’appartement d’Alban :
1 – pour partager le loyer,
2 – pour ne pas avoir à faire son coming-out devant sa famille provinciale chrétienne et rigoriste.
Par le menu, je lui ai tout dit, ma rencontre avec Alban, mon plaisir de le voir un pied dans les sables mouvants et le double jeu que je menais.
Alors qu’au fil de nos rires, je sentais mon désir reprendre l’espace de mon corps, que ses jambes nues sous sa robe bustier longue au dos et courte sur l’avant agitaient mes pensées, la porte s’ouvrit sur une femme stricte et jolie, droite et sans sourire.
Lorsque j’ai rejoint ma Mini-Cooper, un court moment, j’ai eu ce sentiment de grande solitude. Puis mon Smartphone a vibré.
En raccrochant, je me suis sentie soudainement en proie à la tristesse et à la colère. Parfois, la lucidité n’est pas notre meilleure amie. Punir Alban était en somme ce que je devais faire.
*
Tu peux cuver tranquillement, je ne rentrerais pas ce soir – envoyez.
Pas très loin d’ici, j’ai trouvé un petit hôtel, il était à peine 18 heures et je m’écroulais sur le lit. Deux heures plus tard, je m’éveillais. La douche redonna vigueur à mon corps. Le jet que j’avais obliqué vers mon sexe chauffait délicieusement ma peau.
Seule à une table, j’ai mangé. Peu à peu revenait me taquiner le petit lutin du désir, jusqu’à me soustraire à la réalité qui m’entourait.
Lorsque j’ai démarré ma voiture, je n’avais que cette idée en tête, qui telle un gyrophare oublié tournait, tournait et tournait encore.
Je voulais sucer des sexes d’hommes, me gorger, m’engorger jusqu’à la suffocation jusqu’au dégoût. Je voulais que l’on dépose sur moi le trop-plein de jus, qu’on force mon corps, qu’on le gave. Voilà ce qui tournait dans ma tête et devant mes yeux.
Cette nouvelle application pour Smartphone, déclinaison française d’une version fortement plébiscitée outre-Atlantique, avait le mérite de localiser en temps réel l’activité sexuelle et de proposer les critères en corrélation avec vos inclinations personnelles. Chaque utilisateur pouvait à loisir en alimenter les données. Le du sexe !
C’est donc sans peiner qu’à un jet de pierre de l’hôtel, je me garais sur un parking sordide, mal éclairé où tournoyaient des voitures au pas des marcheurs qui les suivaient dans les recoins plus sombres. L’appli recensait une forte population de gays, de voyeurs, de couples exhibitionnistes et plus rarement des femmes seules.
Pour être facilement identifiée, j’avais ouvert la boîte à gant sur la faible LED qui éclairait l’habitacle et descendu la vitre.
Un homme seul approche et me demande combien je prends.
Je tends ma main vers le renflement de son pantalon. Il recule. Je suis outrageusement excitée. Mon corps se tord de l’intérieur, ma voix chevrote un peu.
Sa main va sur sa queue, mes mains sur mon corps. Il jouit, cambre son corps vers le mien.
Je poursuis les caresses sur mon corps. Il se branle à quelques centimètres de moi, nos peaux ne se rencontrent pas.
Si je ne craignais sa réaction d’autorité, et je me devais de marquer le respect, je sucerais son gland et son jus maculerait mon visage. Je ne le fais pas.
Un jet se plaque sur mes seins que j’étends comme une crème épidermique. Une autre salve et l’homme, sa bite encore à la main disparaît comme il est apparu.
Plus loin, j’observe le petit tourbillon qui se joue. Une femme que son mari ou son ami pénètre dans la bouche, fesses tendues à la portière où tour à tour trois hommes enfoncent leur queue dans son sexe, dans son cul. Chaque homme cède sa place comme une saine organisation. J’entends sa jouissance et les ordres prodigués par son ami.
Toute la jolie ribambelle oratoire des jeux du sexe.
J’ouvre mon pantalon, glisse un doigt dans ma chatte, je jouis du spectacle et des mots crus des hommes. Je me caresse tant que dure le ballet.
Après, la voiture quitte le parking. J’allume le plafonnier et, entièrement nue, je me caresse en fixant mon regard vers les trois hommes qui s’approchent. Je sors, perchée sur les hauts talons que j’ai toujours dans mon coffre. Prévoyance, mère du plaisir.
D’autorité, l’un d’eux me courbe sur la voiture. Sa bite pénètre mon cul à me décrocher des larmes. Et semblablement au jeu précédent, les hommes ne prennent pas ma bouche. Quelque chose me manque, mais un intense plaisir m’emporte. Leurs queues bourrent littéralement mon cul et vous savez ma préférence, mon délice pour cette savoureuse pratique. Le jus succède au jus, j’aime l’image d’engorgement et la coulure au long de mes cuisses. Je suis alors dans un orgasme si intense que mes cris s’étouffent. Mais cette intensité ne peut trouver sa qualité que dans la brièveté, alors les hommes s’épanchent claquant leur queue sur mes fesses.
Et toujours le même larron, tout comme si les deux autres étaient muets :
Puis leurs voix se sont éloignées, j’entendais leurs rires de satisfaction, leurs mots : gourmande, chienne, pute, salope…, la vie hors les murs, hors les codes hors les convenables conventions. La vie.
Habillée, rajustée, subsistait en moi un manque, un manque diffus et tenace, je n’avais pas sucé de sexes, ma bouche n’était pas irriguée de la semence des hommes. Mais la vie ne nous sert pas tout sur le même plateau, n’est-ce pas. Mon pantalon avait pris l’humidité du foutre. La chemise se plaquait à mon corps. Le parking était laissé aux gays qui me regardaient comme une brebis égarée. Je suis partie.
Les ronflements d’Alban faisaient comme un régulier moteur qui propageait sa résonance dans le couloir. Délestée de mes vêtements, j’ai soulevé le drap qui le couvrait. J’ai pris sa bite molle dans ma bouche jusqu’à ce qu’elle s’emplisse. Les deux ou trois cadavres de bouteilles éparpillées sur la moquette attestaient de l’état comateux de mon amoureux. En faisant tournoyer son sperme dans ma bouche avant de l’avaler, j’ai rejoint mon lit.
En matinée, j’ai senti son corps nu contre le mien.