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n° 22385Fiche technique44091 caractères44091
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Temps de lecture estimé : 30 mn
13/04/24
Présentation:  Douce, sucrée, suave, mais efficace.
Résumé:  Un cold case... hot
Critères:  #nonérotique #policier fh voiture amour
Auteur : Charlie67            Envoi mini-message
M&M's

Martin Lambert avait du mal à émerger de son sommeil. Quel était ce bruit qui l’avait réveillé en sursaut ? Il crut bien reconnaître le tambourinement fort d’un poing contre sa porte. Des paroles étaient proférées, mais qu’il ne comprenait pas encore. Il se réveilla réellement quand, ces voix allant crescendo, il commença à distinguer ces vociférations.



Sur le palier, la commandante Michel dit aux deux brigadiers qui l’accompagnaient :



La porte s’ouvrit sur un homme uniquement habillé d’un boxer et dont l’air ensommeillé rendait bien l’état d’esprit.



L’homme s’effaça et d’un léger geste invita le trio de fonctionnaires à entrer. Tout le monde se dirigea vers le salon, le propriétaire en profita tout de même pour prendre au passage un peignoir et s’en revêtir. Une fois assis, il entama :



La commandante Michèle Michel, dite M&M’s dans le service, tourna sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire :



L’homme, un peu désemparé, obtempéra et se dirigea vers sa chambre, immédiatement suivi par un des brigadiers. Une fois qu’il fut prêt, la policière lui dit :



Le quatuor se dirigea vers la voiture banalisée, La commandante et l’interpellé à l’arrière, les deux jeunes policiers à l’avant. Elle les interpella :



Lambert sortit de son apathie pour demander :



Le silence retomba à nouveau. La policière aimait bien ces moments hors procédure où elle arrivait à établir un contact presque de confiance avec le prévenu. Celui-ci ne paraissait pas particulièrement anxieux, mais avait tout de même certains tics nerveux qui trahissaient son malaise.



Sa réaction fut indignée et s’il n’avait pas réagi de manière violente à son interpellation, là, il la fusilla du regard et répondit :




L’homme partit dans des abîmes de réflexion et garda le silence un long moment.



Un silence pesant retomba dans l’habitacle. Les kilomètres filaient à toute allure. Le chauffeur n’hésitant pas à utiliser gyrophare et deux tons quand c’était utile. À un moment, le conducteur dit :



Lambert la regarda, un peu amusé. C’était une belle femme à la quarantaine bien sonnée. Grande, bien proportionnée avec une chevelure brune lui tombant sur les épaules. Elle n’avait pas le « look » des policières de film en jean et blouson. Non, elle portait un tailleur-pantalon assez classe et était très légèrement maquillée. Un visage avenant avec un nez légèrement en trompette qui lui donnait un air un peu juvénile. Le genre de femme qu’il aurait pu draguer. Il lui demanda :



Elle le regardait, un peu amusée, le considérant de son œil scrutateur. Elle savait qu’il avait cinquante-cinq ans. C’était un bel homme, grand et bien sculpté, de plus il apportait beaucoup de soin à sa personne comme elle aimait que les hommes le fassent.



L’homme s’était rengorgé à parler de ses conquêtes. Peut-être juste un macho facilement manipulable. Elle continua donc sur ce chemin.



Martin regarda son interlocutrice avec attention. Essayait-elle de le piéger sur quelque chose ? Il s’en souvenait très bien de la femme de Strasbourg, surtout car c’était sa première. Elle avait dix ans de plus que lui et avait tout fait pour proprement le dépuceler. Il se souvenait comme si c’était hier de son rire cristallin face à son embarras de jouvenceau.



L’homme, désemparé, regardait alternativement chacun des protagonistes, confinés dans cet habitacle. De toute façon, il savait qu’il était innocent… Alors, pourquoi ne pas raconter ? Et puis ne lui avait-elle pas dit que pour le moment ses dires n’avaient pas de valeur juridique ? Peut-être mentait-elle et qu’il y avait un enregistreur ? Et puis, pourquoi lui avoir envoyé une aussi belle femme ? Peut-être pour le déstabiliser, lui faire faire un faux pas. Non, il saura se tenir et il jouera le jeu. Il va leur parler et ils verront bien qu’il est innocent.



L’enquêtrice regarda dubitativement son interlocuteur, puis reprit.



Michèle médita un moment l’histoire, puis reprit.



Elle sentit que la voiture descellerait et le clignotant indiquait qu’ils se dirigeaient vers une aire de service. Le véhicule s’immobilisa bientôt dans une case et le chauffeur coupa le moteur.



Michèle les regarda s’éloigner vers le snack, puis prit son portable et appela son adjoint. Après quelques sonneries, ce dernier décrocha.



Le voyage reprit rapidement jusqu’à destination, et bien évidemment dans les temps impartis.


Au Commissariat central de Strasbourg, le commissaire, chef du service, accueillit la policière.



Le commissaire regarda avec une certaine tendresse sa subordonnée qu’il connaissait depuis son entrée dans le service. Après un rapide examen, il reprit.




Dans le service, c’était l’effervescence. Les médias avaient été mis au courant du rebondissement de cette affaire vieille de trente-cinq ans. Un « Cold case ». Un crime d’autant plus odieux qu’il concernait le viol et le meurtre de l’épouse d’un fonctionnaire de police qui à ce moment-là exerçait sa fonction de protection de la population. Tous les ingrédients étaient là pour créer la polémique à la moindre étincelle. L’annonce des tergiversations de l’enquêtrice indisposa aussi bien le directeur de la police que la juge d’instruction et bien sûr le procureur général. Que voulait prouver cette policière au passé… sulfureux ? Ne fallait-il pas la dessaisir ? Mettre sur l’affaire quelqu’un de plus docile. Pourquoi chercher midi à quatorze heures alors que l’ADN avait parlé ?


De retour avec son équipe, la commandante interpella son adjoint :



La visite suivante fut pour l’institut médico-légal. Elle y avait ses entrées particulières et aurait pu patienter jusqu’au soir ou la nuit pour partager des confidences sur l’oreiller, mais elle était trop pressée pour attendre le bon vouloir de son amant, accessoirement médecin légiste. Arrivant dans le labo, elle interpella le praticien.



S’étant levé de son siège, il se planta devant la fonctionnaire.



Elle ne s’attendait pas à ce qu’il la coince dans ses bras et contre la table d’autopsie en inox. Les mains de l’homme se faisaient de plus en plus baladeuses. Ce que n’aurait pas récusé Michèle si elle n’avait pas été aussi pressée par le temps.



C’est d’ailleurs en retournant vers son bureau qu’elle rencontra le mari de la victime qui l’interpella assez vertement.



Michèle le regarda longuement avant de lui répondre. Il avait plutôt mal vieilli. Bedonnant, petit et adipeux, il n’avait pas vraiment une allure engageante. De toute façon, sa grande gueule avait toujours indisposé la policière. Elle le fusilla du regard puis lui répondit.



Elle le laissa planté là et retourna dans son service. Son adjoint l’y attendait et lui présenta le rapport d’interrogatoire de Jean-Claude Ledieu, l’ancien camarade d’armée du prévenu.



Effectivement, l’ex-policier se présenta à l’heure dite. S’asseyant devant ses anciens supérieurs, il attendait. Philippe engagea la conversation.



Le capitaine jeta juste un coup d’œil à sa supérieure et comprit qu’il était temps de mettre fin à l’entrevue.



L’ex-policier quitta le bureau et les officiers se regardèrent.



Le Capitaine revint presque immédiatement avec un document en main : les analyses complémentaires, concernant l’écharpe, qu’avait demandées la policière.



La journée touchait à sa fin et les bureaux se vidaient petit à petit. Michèle demanda à son adjoint de lui amener Lambert.



Ils s’observèrent un moment avant que l’homme ne brise le silence.



Michèle ne put réprimer un sourire en imaginant la scène. C’était certes puéril, mais aussi festif. Rien qui ne puisse justifier un viol et encore moins un meurtre. Toutefois, le calme constant de l’homme l’étonnait. L’accusation était gravissime, et pourtant l’interpellé restait serein en toutes circonstances, curieux.



La policière observait son interlocuteur. Il semblait soudain mal à l’aise, comme si parler de choses intimes le dérangeait. C’était le moment que choisit son adjoint pour l’interpeller via son ordinateur. Par message interne, il l’informait du rapport d’interrogatoire d’Éliane Schmitt, la voisine et copine de virée lors de cette funeste nuit. Il l’informait aussi des suites qu’il avait données. Tout en poursuivant la conversation avec le prévenu, elle parcourait des yeux la minute du procès-verbal d’audition de cette femme. Un sourire de satisfaction lui vint aux lèvres.



Maintenant qu’elle était presque sûre de l’innocence de son vis-à-vis, Michèle désirait faire durer un peu le temps et avoir confirmation de son adjoint avant de lui annoncer la bonne nouvelle.



L’observant calmement, elle dut reconnaître que c’était un bel homme. Peut-être un peu vieux, maintenant, mais un bel homme tout de même. Et puis son calme apparent lui plaisait bien.



L’homme soupira fortement, mais savait qu’il devait s’exécuter, sous peine de ne jamais sortir des griffes de la machine judiciaire.



Devant l’air ahuri de l’homme à cette réplique, elle ne put s’empêcher de sourire, mais reprit :



Michèle trouvait l’homme intéressant, ouvert. Sa première impression où ce gus ne pouvait pas être un violeur se confirmait. Bon, si son adjoint voulait bien se grouiller un peu, elle en aurait peut-être la confirmation.



La policière se demanda tout de même si c’était du lard ou du cochon… Étant dans la tranche d’âge que le quidam affectionnait, elle commença tout de même à se faire un petit film, une petite utopie.




Prenant un malin plaisir à pousser l’interrogatoire, l’enquêtrice insista :



L’homme fut sauvé, non par le gong, mais par la sonnerie du téléphone portable de la policière. Un appel de son adjoint et la conversation fut succincte :



Ne désirant pas polémiquer sur les problèmes conjugaux du capitaine, elle raccrocha rapidement.



À la grande surprise du présumé coupable, ils sortirent sans encombre du commissariat central de Strasbourg et s’engagèrent dans le parc attenant. Après quelques centaines de mètres, ils franchirent la passerelle surplombant le bassin de l’hôpital puis bifurquèrent sur le quai Pasteur. Encore quelques rues où alternaient l’hyper modernisme architectural et le classicisme local et ils arrivèrent aux « Ponts Vauban ». L’atmosphère y était presque festive, des illuminations égaillaient les rues.



Ils firent encore quelques pas, puis s’engouffrèrent dans une Winstub où l’atmosphère chaude et chaleureuse les détendit immédiatement. Martin se demandait tout de même ce qu’il faisait là. Il y a une quinzaine d’heures, il se faisait arrêter dans sa ville natale pour se retrouver maintenant en tête à tête avec une femme dont il se méfiait au plus haut point.



L’air désinvolte de la femme l’interpellait. Il avait un peu de mal à saisir ses motivations. Il avait tout simplement un peu de mal à comprendre ce qu’il faisait là, un vingt-quatre décembre, attablé avec une femme dont le job était de provoquer sa perte et son emprisonnement. L’irréel de sa situation le supplantait tout de même à l’angoisse de son avenir.



L’information mit sûrement quelques secondes pour vraiment faire réagir les neurones de l’homme et le faire répondre :



La choucroute et la bière furent rapidement servies et les papilles apprécièrent les saveurs fortes et suaves qui leur avaient été servies. Loin de se laisser griser par la dernière assertion de la policière, le maintenant ex-prévenu relança.



Rongeant son frein, Lambert avala son plat sans même y faire plus attention. Un poids s’enlevait de son esprit, mais il ne comprenait pas à quoi jouait son interlocutrice. Maintenant qu’il était au fait des arcanes de l’affaire, il lui manquait tout de même un détail. Enfin, un détail qui le disculpait, il voulait savoir.



Michèle n’allait pas se laisser démonter par les insistances de son interlocuteur. Non, en toutes circonstances, elle se devait de tenir la barre. Cela devenait un jeu, une joute verbale où elle ne savait pas qui en sortirait vainqueur.



Michèle fit une pause et détailla encore plus son interlocuteur. Il avait de ces mimiques qui faisaient immédiatement deviner toutes ses pensées. C’était un être simple, sympathique, le genre de mecs dont on pouvait tomber… !



L’homme observa attentivement la policière et une lueur fit son apparition dans son esprit.



Ils se regardèrent un long moment. La clientèle de cette Winstub commençait à être de plus en plus clairsemée. C’est elle qui reprit l’initiative.