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Temps de lecture estimé : 19 mn
21/05/24
Résumé:  Midi, je viens juste de me lever… Woh, la gueule de bois ! Vindjiou. J’ai du mal à ouvrir les yeux. Bon, j’ai pas le choix, je vais devoir en passer par l’aspirine…
Critères:  bizarre nopéné portrait pastiche humour
Auteur : Melle Mélina      Envoi mini-message

Projet de groupe : Sept auteurs pour le septième art.
Le loser magnifique

Tout au long de la Croisette, de grandes affiches annoncent les films en compétition. La soirée qui s’annonce sera bien sûr exceptionnelle, un film de La Miss est toujours un évènement. Cette fois encore, elle va nous surprendre. Toute la journée, une folle rumeur a couru du Palm Beach au Palais du Festival, la réalisatrice qui boude Cannes depuis des années, serait présente lors de la soirée, « serait » le conditionnel s’impose.


Certains vont même jusqu’à parler de la Palme d’Or. Mais n’allons pas trop vite.


En son honneur, face au vieux port, un artiste local a décoré un mur de la Mairie avec sa photo géante, faisant le pendant de celle de Maryline, aux côtés de la fresque à la gloire du cinéma visible au pied de la colline du Suquet, rocher au charme provençal qui domine la mer et la Croisette.


Chut ! Assez rêvé, les lumières vont s’éteindre, place au spectacle.


De notre envoyé spécial Patrick Paris en direct de Cannes pour BaiseFM TV.



le loser magnifique



Midi, je viens juste de me lever… Woh, la gueule de bois ! Vindjiou. J’ai du mal à ouvrir les yeux. Bon, j’ai pas le choix, je vais devoir en passer par l’aspirine…

Voyons voir dans mon frigo. Je n’ai plus de jus d’orange, reste un fond de vodka. Comme on combat le mal par le mal, je vais me préparer une p’tite vodka orange pour faire passer le goût du cachetar’.


Juste en dessous de chez moi, il y a une petite épicerie où je trouverai mon bonheur. Pour l’instant tout va bien, on est le cinq du mois, je viens de recevoir les allocs, j’ai pas de problème de flouze. Je vais pouvoir me réapprovisionner.

Le temps de me couvrir de mon peignoir, de tirer une dernière taffe du joint que j’ai fumé hier et me voilà chez Ed l’épicier.

Ed a l’habitude de me voir dans mon costume trois pièces : bermuda, t-shirt Bob Marley, peignoir. Costume que je sublime par le port de Charentaises. J’en ai rien à fiche du regard des autres. Moi je suis à l’aise comme ça et c’est tout ce qui compte.



Duc, c’est comme ça qu’il faut m’appeler.



J’ai trouvé ce que je cherchais, du jus d’orange et de la vodka polonaise. J’aime pas la russe, j’ai un palais, moi !

En parlant de palais, mon chez-moi est situé au deuxième étage d’une petite résidence HLM, un p’tit cinquante mètres, tout confort, un sofa en velours beige devant une téloche à tube cathodique sur laquelle j’ai placé une antenne qui fonctionne à l’aide d’une fourchette. Une table de salon idéale pour placer mes pieds en buvant une p’tite vodka orange.


Les doigts de pieds en éventail sur mon beau tapis persan, je m’apprête à faire une petite sieste. Ce soir, il faut que je sois en forme, l’équipe a besoin que je sois à 100 %. Ce soir, la compétition de billard américain va battre son plein. Ce soir, c’est les quarts de finale. Waldo et moi-même sommes confrontés à « les Plussacs ». Le blaze de leur équipe vient de leur nom, ils sont frangins, Georges et Henri Plussacs.


Ouais, leur blaze fait rire, mais ils ne sont pas à prendre à la légère, ils ne sont pas mauvais du tout, les bougres.

Waldo, lui, s’en contrefiche un peu, il est trop sûr de lui, mon Waldo.


Quelqu’un frappe à la porte. Putain, fais chier…


J’ai pas le temps d’ouvrir complètement que je me prends une claque de cowboy entre les deux oreilles qui m’envoie valdinguer deux mètres plus loin. Deux hommes de main entrent dans ma pièce, l’un d’eux m’attrape par ma longue barbe et me mène aux chiottes.

Woh, le salop me fourre la tête dans la cuvette et tire la chiasse (euh, non, la chasse !) !



Bon, je constate que ces gars-là n’ont pas inventé la poudre, comment peuvent-ils imaginer une femme dans mon taudis ?



Ça a l’air de faire tilt, l’autre emplumé se pose la question :



Soudain, il se retourne vers moi et me demande mon blaze.



Bon, je comprends, ces andouilles m’ont confondu avec mon homonyme. Faut’y pas êt’e con ! Mais pour parfaire ma matinée, l’un d’entre eux décide de se soulager sur mon tapis.



Ce tapis, je l’ai trouvé chez Cafouniette, oh, j’ai passé un temps de dingue, au moins deux heures à fouiner, à retourner les étals et là, je l’ai vu, au fond d’une caisse, m’attendant. Le coup de foudre brutal, irrésistible.



@@@@@@@@



Il y a du monde ce soir pour assister à ce quart de final dantesque de billard américain. C’est au tour des Plussacs de jouer. J’ai pas la tête à la partie, j’ai cassé et j’ai failli mettre la « 8 » d’entrée de jeu. Waldo a tout de suite vu que je suis pas bien.

Ça, c’est de la faute à mon tapis, ça m’ennuie, un beau tapis comme ça…

Waldo, toujours de bons conseils, me dit qu’il faut que j’aille voir l’autre Krabansky pour qu’il me dédommage. Après tout, il n’a – pour une fois – pas complètement tort. C’est mon tapis qu’ils ont souillé.



Ça me travaille, ça me ronge.



Waldo est un vétéran de la guerre d’Algérie, il a dû laisser une partie de son cerveau là-bas. Il faut toujours qu’il rapporte tout ce qui se passe à la guerre d’Algérie.



Sa phrase reste suspendue, son regard figé sur la table et voilà mon Waldo qui hurle à l’endroit de Henri :



Explosif, mon Waldo hurle de plus belle :



Waldo, il est rouge vert de colère, on croyait, l’autre gonze là, celui qui vient tout vert quand il s’énerve. Henri Plussac sent bien qu’il est à deux doigts de s’en manger une bonne. Alors, de guerre lasse, il laisse tomber :



C’est un sale con, c’est vrai, mais il a raison. Premièrement, grâce à ça, on est en demi-finale (ça va être une autre paire de manches, on tombe contre Rézus et Rozef), et deuxièmement, c’est à mon homonyme de payer mes frais de lavage de tapis, non mais oh !



@@@@@@@@



Monsieur Krabansky ouvre avec méfiance et me dit qu’il ne veut pas acheter de tapis, oust, va-nu-pieds, assisté, où va la France avec tous ces feignants ! Avant qu’il ne ferme sa porte, je m’explique. J’explique tout comme il faut, sans grossièreté aucune, un truc bien chiadé quoi.

Monsieur consent à m’écouter jusqu’au bout puis me dit :



Forcément, il est à moi.



J’ai pas le temps de finir ma phrase qu’il a claqué sa porte me laissant comme deux ronds de flan sur le trottoir.


Le lendemain matin, vers les deux heures de l’après-midi, mon putain de téléphone me réveille, c’est Monsieur Krabansky. Que me veut cet énergumène à une heure si matinale ? Il me dit que sa femme a été enlevée – probablement par les hommes de main de Monsieur Epéda.

Ouch ! Ça, ça craint.

On est proche de l’incident qui a secoué notre monde l’année dernière. Cap’taine Choc et Cap’tain Igloo s’étaient frités et la seule solution envisagée fut celle de faire des goûters aux pépites de poissons.

Moi, j’ai pas envie d’avoir des sommiers en mie de pain…


Il me propose de m’offrir un nouveau tapis si je m’occupe de cette sale histoire. Je n’ai qu’à me faire passer pour monsieur Krabansky, payer la rançon demandée et voilà.

Payer la rançon ?

Oui, Monsieur Epéda exige d’être remboursé des dettes de ma femme (oui euh, m’enfin de la femme de Krabansky… oh, j’y comprends plus rien moi, c’est le matin, merde !).



Monsieur Krabansky me donne le montant. J’ai dû mal entendre, c’est pas possible. J’ai jamais palpé autant de blé dans toute ma vie. 2 500 € ! 2 500 €, putain, j’y crois pas mes oreilles ! Le truc de dingue.


J’accepte.

J’ai rien d’autre à dire, j’ai accepté.


Je téléphone à Waldo, il s’y connaît pour le paiement de rançon. En Algérie, il a été témoin d’une transaction et il y a eu du grabuge.



Il veut absolument m’accompagner pour l’échange. J’avoue que je le sens mal, je le connais bien mon Waldo. Ça va dégénérer !

Nous passons chez Monsieur Krabansky pour prendre le flouze.



Une fois cette formalité passée, je téléphone à Monsieur Epéda et prends rendez-vous le soir même.



Je n’ai pas le temps de lui dire que je serais accompagné de mon pote qu’il me raccroche au nez. Bordel.



@@@@@@@@



On a deux heures à tuer, alors, on va au billard.




@@@@@@@@



Arrivés chez Epéda beau sourire, on s’installe sur des canap’ en cuir de vache, classe. Les deux crétins sont là, l’air sérieux, dissimulant ce que je crois être une arme dans leur veston.

Tic tac, tic tac.

Un silence plane.

Arrivent enfin le maître des lieux accompagné d’une belle femme, la quarantaine sonnante, un peu en sueur, tous les deux débraillés comme s’ils s’étaient habillés prestement.

S’adressant à nous tandis qu’il se sert un scotch et un Baileys à Madame Krabansky :



Pour toute réponse, je lui montre l’enveloppe avec les billets à l’intérieur. Un des gardes s’en empare et Waldo ajoute :



Epéda retrouve son beau sourire et continue de nous expliquer :



Putain, je comprends mieux comment font les riches pour devenir riches, c’est des salops de voleurs ! C’est magouille et compagnie ! Je regarde Waldo qui serre les poings pour ne pas exploser, cependant, il garde un sourire de façade.




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Évidemment, on s’est fait virer comme des moins que rien, bande d’enfoirés ! Sur la route qui nous mène jusqu’à la maison de M et Mme Krabansky, nous faisons un peu connaissance, elle se nomme Ju. Waldo ne desserre pas les dents, toutefois, sans exploser, il lui dit :



Je renchéris :



Et elle, du tac au tac, balance :



Un silence gênant s’installe, je cherche mes mots, ne pas paraître pour un mégalo :



200 balles la passe, c’est pas gratuit mais peut-être bien que cela les vaut… je dois réfléchir. Heureusement, nous arrivons devant chez les Krabansky.


Putain, ça sent la chocolatine ! Ça me donne faim, je laisse madame Ju passer devant et lorsque la porte s’ouvre, cette femme amoureuse se jette dans les bras de son mari les larmes aux yeux.



Punaise, c’est bluffant comme les femmes savent jouer la comédie… ça me laisse un peu pantois.

Il ne me paraît pas bien à l’aise le Geoffrey, il a l’air un peu effrayé.



En fait, ce ruffian espérait que je me plante et ne ramène pas sa femme. M. Krabansky avait vu en moi un loser magnifique qui foirerait à coup sûr la mission.




@@@@@@@@



Goeffrey nous expliqua qu’il n’en pouvait plus de sa nymphomane de femme, il était rincé, vidé, les couilles comme des raisins secs. En plus de ça, elle était vénale et dépensière.



Mon Waldo, lui, était resté bloqué. Il ne cessait de répéter : « bande de fous », le disque rayé : « bande de fous »…

Bin merde, pour une fois qu’on attendait que je me plante, je me plante en ne me plantant pas.


En revenant chez moi, après avoir déposé Waldo, je me suis roulé un p’tit spliff, et je me suis planté dans un platane.



Je me lamente pour la forme, mais avec le fric que j’ai, je vais pouvoir m’en acheter une nouvelle, alors, c’est pas grave.

J’ai continué à pied, avec mon nouveau tapis sous les aisselles et 1 125 € en poche (les autres 1 125 € dans celle de Waldo). Je suis à deux ruelles de mon appartement quand des loubards de bac à sable au nombre de cinq viennent à m’enquiquiner.



Un autre dit :



Cette blague à la con me met hors de moi, non mais c’est vrai quoi ? Ils se sont tous donné le mot ou quoi ?



Ça, ça l’a mis en rogne :



Oh, ça sent le roussi, il faut que je calme le jeu :



Mais bon sang, qu’est-ce qu’ils vont en foutre de mon peignoir marine ?? Soudain, il sort un opinel de sa poche. Vaincu, je lui donne mon peibleu, euh non, mon peimarine noir… euh oh et puis merde !


Arrivé chez moi, ça fait tilt ! je réalise que les biftons étaient dans la poche ! Heureusement, ces nihilistes ne s’en sont pas pris à mon tout nouveau tapis. Je m’y installe peinard, un verre de vodka orange à la main et un spliff aux lèvres. Cool. J’ai pas le temps de décompresser qu’un coup de fil retentit.


Dring, Dring !

Qui c’est qui dring ?? Je décroche et j’entends à l’autre bout du combiné un Monsieur Epéda qui a perdu son beau sourire.



Oh bon sang… Et c’est reparti !



Mais je suis pas sûr qu’il a entendu ma demande de remettre ça à plus tard. Il m’a raccroché au nez. Punaise, il va falloir reporter à samedi…

Je téléphone à Waldo pour le prévenir.



Après cette explosion, il se calme et continue la conversation comme si de rien n’était :




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L’équation à résoudre se résume à trouver 1 125 € avant demain, convaincre mon Waldo de rendre la même somme, de donner tout ça à Epéda avant que ne débute le tournoi. Une formalité. Pragmatique comme un idéaliste, je répertorie mes démarches :



J’ai une pensée pour Rézus qui, pour ce qui est de s’échauffer le poignet, est sans aucun doute un grand professionnel. Un vrai pervers. Il a été condamné pour ça.


Mais bon, laissons ce grand malade là où il est et concentrons-nous sur ce qu’il me reste à faire. À part trouver un ticket à gratter gagnant, je n’ai pas vraiment le choix, il n’y a plus que le casino.


Après m’être vêtu plus décemment (j’ai l’air d’un pingouin dans ce pantalon et surtout dans ces chaussures – des chaussures que j’ai achetées pour aller aux enterrements), bien malgré moi, j’entre dans l’antre de tous les vices. Moi, je suis du genre à tout miser d’un coup. Si je perds, il faut absolument que je récupère ma somme et si je gagne, je me dis que je suis en veine et je continue de jouer jusqu’à ce que je perde et alors, c’est le serpent qui se mord la queue, je joue de nouveau pour récupérer. Me connaissant, je fuis les casinos, je n’y fous même plus une patte.


Heureusement, j’ai pas beaucoup de cash à claquer. J’arrive à la roulette, je mise 50 € sur « Rouge »,



Bin oui, rien ne va plus, c’est le « Noir » qui sort.


Je n’ai plus que 20 €, allez, hop, je mise sur « Rouge » (ce doit être mon côté coco).



Punaise, mais quelle mouise, c’est encore ce fichu « Noir » qui sort ! J’ai plus un radis, mon portefeuille est aussi dévasté que l’Éthiopie après le passage des sauterelles.


Y a une grand-mère qui, elle, s’en est foutu plein la foune. Ça se dit ça, s’en mettre plein la foune ? Pas sûr que ce soit la bonne expression. Elle compte ses nombreux jetons – beaucoup trop nombreux les jetons – elle en fait même tomber au sol tellement elle est pleine aux as. C’est pas mon genre mais, nécessité n’a pas de loi, je vais lui piquer son pognon à c’te viocque.


La petite vieille a tout de la petite vieille : d’une lenteur sans précédent dans les mouvements, tremblotante comme un vibromasseur en fonction, agrippée à son sac, de sorte que de savoir qui porte qui, est légitime, et marmonnant quelques ronchonneries.


Tapis dans l’ombre, dans l’attente du moment idéal pour lancer l’assaut, les collants collés au visage qui me font suer, ce qui me gratte plus que de raison, je l’épie comme du maïs. Arrivée dans une ruelle, je sonne la charge. Lorsque la p’tite vieille m’aperçoit, craignant pour sa vie, elle jette une liasse de billets au sol. Je ne me doute pas une seule seconde qu’il puisse s’agir d’un piège.


Lorsque je me penche pour ramasser l’argent, je reçois un terrible coup de pied dans le foie. Aïe. Cette salope de Viocque n’attend même pas que je me relève qu’elle m’assène d’un coup des deux poings dans la nuque. Re-Aïe.

En même temps, je suis admiratif. Quelle vivacité d’esprit ! Je suis bluffé par cette vieille ! Je voudrais le lui dire mais, ce sera difficile puisqu’elle vient de me détruire la dentition. Ouille.


Bordel de bite à cul ! Je pisse le sang, mes dents sont à terre, je suis à quatre pattes, un peu groggy. Soudainement, je sens pénétrer un appendice long, dur et gros dans le bas ventre (ce que l’on appelle avec plus de raffinement mon cul). Re-Ouille. La petite vieille, un godemiché à la main, me défonce comme il se doit.


Je suis en pâmoison lorsque cette dernière retire de mon trou de balle le vibro pour le ranger dans son sac. Puis, elle récupère ses billets et s’en va comme une reine. Salope…


C’est vraiment pas de bol, tomber sur une petite vieille violeuse de cul…


Violé, humilié, c’en est trop. Je promets de ne plus jamais choisir le chemin de la malhonnêteté, cela n’est pas mon fort. Ce chapitre douloureux a au moins le mérite de m’enseigner quelque chose : je ne suis vraiment pas bon truand.



@@@@@@@@



Le lendemain, direction salle de bain, je me passe une pommade sur mes petites fesses poilues, elle m’a pas loupé la rombière et pile au niveau du sphincter, un p’tit coup de Synthol.

Qui a dit : « ça fait du bien là où ça fait mal » ? Rectifions si vous le voulez bien cet adage pour une vérité, comme vous vous en doutez, mille fois plus cruelle : « ça fait du mal malgré tout » ! Il n’y a rien à faire.

J’ai beau faire le mariole : j’ai mal au cul.

Je me décompose. C’est comme si la véritable douleur, déesse sado-maso venait de faire son retour. C’est comme une ecchymose, il faut que cela ressorte !

Je me laisse aller, je hurle un râle atroce, strident qui contient en lui-même toutes les souffrances et frustrations du monde.

Je me pâme, je manque par deux fois de m’évanouir tant le liquide synthoïdale me martyrise l’anus.


Me voilà chez les flics pour porter plainte.

Je fais face à deux inspecteurs, moustachus bien sûr (c’est d’ailleurs comme ça qu’on reconnaît la poulaille) et je détaille mes péripéties en omettant ma triste déconvenue anale – aventure qui ne restera pas dans les annales, croyez-moi.


Les deux poulets – qui se nomment comme de bien entendu Michel et Didier, prénoms de keuf par excellence, prénoms de moustachu, cela va sans dire – restent comme deux ronds de flan, un grand silence s’est installé.


C’est un peu gênant.

Une question me mord les lèvres, autant la poser, non ?



C’est un Michel un peu goguenard qui me répond :



Là-dessus, Didier reprend son collègue :



Ouais c’est bon, j’ai compris. C’est toujours la même chose avec la flicaille, ils sont toujours là pour nous emmer… mais dès qu’il s’agit de demander leur aide, il n’y a plus personne.

Je sors donc bredouille du commissariat.


Il ne me reste plus qu’une petite heure pour trouver une issue favorable.


D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours préféré fuir. Lorsqu’un obstacle se dresse devant moi, une montagne à gravir, l’eau de la mer à vider, m’enfin ce genre de chose, j’opte pour changer de chemin.


Pourquoi changerais-je ? Hein ? Ce n’est quand même pas à mon âge que je vais changer. Bin oui, j’ai pas trop de solutions à part celle de fuir. Oh, j’trouverai bien un endroit où traire des brebis et faire du fromage (si c’est pas trop dur), un endroit sympa où je vais pouvoir profiter peinard de mes allocs, un endroit au soleil, les doigts de pieds en éventail.


Pour sûr Waldo, y va me tirer la tronche, mieux vaut pas que je traîne trop dans le coin et tant pis pour ce tournoi de billard à la mords-moi l’noeud ! Là où je vais ni lui, ni les hommes de monsieur Epéda beau-sourire vont me trouver.


Emmenez-moi au bout de la terre !

Emmenez-moi au pays des merveilles

Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil !