n° 22505 | Fiche technique | 25297 caractères | 25297 4240 Temps de lecture estimé : 17 mn |
01/07/24 |
Présentation: Trois plumes se sont ici relayées trois fois pour improviser une histoire. Ce sont, Mlle Fanchette, Bullitt et Loaou (d’où le nom FaBuLo) à vous de trouver qui a écrit quels passages ! | ||||
Résumé: Après la lecture de Tartarin de Tarascon, une indécrottable casanière enfile ses chaussures de marche. | ||||
Critères: -aventure #collaboratif | ||||
Auteur : ClubAA Co-auteur : Loaou Envoi mini-message Co-auteur : Mlle Fanchette Envoi mini-message Co-auteur : Bullitt Envoi mini-message |
Projet de groupe : Le déclic |
Il est fort dangereux de sortir de chez soi : on prend la route et, si on n’y prend pas garde, on ne sait pas jusqu’où cela peut nous mener.
L’histoire pourrait commencer comme un conte…
Sa tour perdue dans la forêt sombre était un appartement peuplé de livres. Il y en avait sur tous les murs, du sol au plafond : récits de voyage, romans d’aventures, fantasy… Tant qu’un livre pouvait l’emmener au loin, elle l’adoptait, le dévorait et lui faisait une place.
Le hasard voulut qu’un jour, au détour d’un marché, son regard tombe sur un petit livre illustré d’un lion et d’un casque colonial. L’ouvrage fut acheté et, peu après, elle dévorait Tartarin de Tarascon avec la joie un peu coupable de ceux qui s’offrent un beignet au chocolat en plein régime. Cette même soif terrible la poussa à ne pas lâcher l’histoire avant de l’avoir bue jusqu’à la lie.
La dernière lettre engloutie, elle reposa le classique en se passant la langue sur les lèvres, un arrière-goût étrange dans la bouche.
Cet homme-là avait accumulé les rêves d’excursion sans partir lui-même et quand, enfin, il avait pris la route, il avait été déçu et en était revenu sans avoir grandi. Tartarin la faisait rire, mais son rire était jaune.
Seulement, au fond, valait-elle mieux que le truculent provençal, elle qui ne vivait et ne racontait que les périples des autres ? Elle rêvait de contrées mystérieuses, de rencontres extraordinaires à l’autre bout du monde, mais était-elle plus partie en quête d’elfes ou de merveilles que le héros de Daudet ?
La réponse était sans appel : non.
Elle restait depuis toujours derrière son rempart d’encre et de papier, à trouver sa vie trop étroite…
Elle secoua la tête et se mit en quête d’une place pour son livre. Franchement, où irait-elle ? Les hommes ont tout exploré. Et puis, avec quels moyens ? Il fallait bien assurer le quotidien. Et puis… et puis… Et puis, elle eut beau chasser ces idées folles, elle eut beau se répéter toutes les bonnes raisons de rester sagement à l’abri de sa tour, le ver était dans la pomme.
Alors, un beau matin, elle fut au bas de l’escalier, un sac sur le dos, un carnet dans la poche, des chaussures de marche aux pieds, en route pour vivre sa propre aventure.
Certes, elle préparait ce voyage depuis longtemps, mais entre planifier un itinéraire et sauter le pas sur un coup de tête, il y avait un monde. Un monde qu’elle avait décidé de franchir la veille au soir, au retour d’un dîner dont elle était ressortie déprimée, ses amis lui semblant tourner en rond dans leurs petites vies bien réglées sans autre perspective que les prochaines vacances, identiques à celles de l’année précédente et de toutes les autres avant elles.
C’est alors qu’une première question se posa : que faire de la clé de sa maison ? Elle la glissa tout au fond de sa poche pour pouvoir se raccrocher à ce point fixe qui attendrait son retour sans impatience ni reproche sur la durée de son absence. Une deuxième question lui vint aussitôt à l’esprit, question qui allait déterminer la suite de sa vie : à gauche ou à droite ?
À droite, c’était le chemin qu’elle prenait tous les jours dans sa vie d’avant. Alors, elle obliqua à gauche en pensant au petit sentier qui partait un peu plus loin entre deux maisons qui semblaient monter la garde et dans lequel elle n’avait jamais osé se glisser.
L’inconnu était là, à portée de main, à quelques centaines de mètres seulement de son univers familier.
Elle se faufila entre ces deux cerbères de briques rouges qui, les premiers mètres passés, se transformaient en simples murs clôturant ce qu’elle devinait être des jardins. Ils semblaient remplis d’arbres fruitiers à en croire les senteurs et les fleurs roses envahissant les quelques branches qui osaient s’aventurer au-delà des murs.
Comme moi, pensa-t-elle, réalisant qu’elle aussi venait de franchir le mur qui restreignait sa vie.
Elle s’arrêta, s’appuya contre le mur et inscrivit les premiers mots de son carnet de voyage, s’étonnant de cette soudaine pensée philosophique, elle qui avait toujours trouvé que les philosophes étaient des êtres rébarbatifs aux paroles et surtout aux écrits aussi torturés qu’impénétrables.
Toute joyeuse de sa découverte et perdue dans les perspectives que cette simple pensée ouvrait devant elle, elle reprit sa marche sans même réaliser que les murs avaient fait place à des taillis parsemés de bosquets au milieu desquels ondulait le sentier en terre battue.
Alors que le soleil était encore doux et ses rayons inclinés, elle ne savait déjà plus depuis combien de temps elle marchait ni quelle distance elle avait parcourue.
Elle savait juste que ce jour avait déjà changé sa vie !
Les heures passaient vite, la température augmentait et elle ne tarda pas à avoir chaud. Trop chaud. Le sac lui semblait plus lourd qu’au petit matin, sur le pas de la porte.
Elle finit par le poser au bord du chemin, le temps d’ôter sa parka et de remplacer son polo trop épais par un tee-shirt léger. Pareillement, elle troqua son pantalon de randonnée – prétendu étanche à la pluie – par un bermuda assez court. Un instant, elle eut honte de ses jambes du même blanc laiteux que ses bras. Puis elle considéra que les exposer ne pourrait que profiter à sa réserve de vitamine D. C’était aussi cela, l’aventure. Elle remonta ses manches courtes sous les bretelles du sac, où elles ne restèrent que quelques minutes…
Elle repartit d’un pas plus assuré, avec l’impression d’être plus légère. Quelques kilomètres plus loin, passant en revue ses sensations, elle découvrit un appui désagréable sur ses épaules. Il lui fallut encore deux cents mètres pour réaliser qu’il provenait des bretelles de son soutien-gorge, pincées sous celles du sac à dos. Elle tenta de les écarter, de les rapprocher, rien n’y faisait.
Plus elle marchait, plus l’appui lui devenait désagréable et présent. Insupportable, même. Après plusieurs arrêts pour changer les réglages du sac, elle capitula et ôta le soutien qui se trouva lui aussi remisé dans une poche du sac d’où il pourrait être ressorti rapidement en cas de besoin.
L’impression était curieuse. Le t-shirt caressait ses seins retenus sur les côtés par les bretelles du sac. Chaque pas leur donnait un petit sursaut qui l’ennuya, puis l’amusa. À midi, elle les avait oubliés, perdue dans l’observation des prés alentour, des oiseaux qui piaillaient, des fleurs et des insectes qui les butinaient.
Elle prit son premier pique-nique champêtre, assise dans les herbes du pré voisin, et s’accorda une demi-heure de sieste-rêverie, allongée entre les fleurs sauvages, la tête sur le sac. Sans avoir le temps de s’en rendre compte, elle s’endormit… bien trop près d’une fourmilière dont les habitantes partirent, elles aussi, explorer le Nouveau Monde qui s’offrait à elles.
Bercée par le soleil qui se déplaçait au-dessus d’elle, l’aventurière tarda à s’éveiller, après un rêve où elle chutait dans des ronces. Sa surprise se mua en cauchemar. L’invasion était réelle. Elle sauta sur ses pieds en proie à une danse que Saint-Guy n’aurait pas désavouée. Ses mains époussetaient, sur et sous le tee-shirt qui ne tarda pas à s’envoler, pour déloger les intruses qui tentaient de pincer ou de piquer, mécontentes d’être coincées entre les seins. Le bermuda fut éjecté vers le sac, rapidement suivi de la culotte fortement peuplée d’insectes à la recherche d’endroits sombres, chauds et humides. Quelques minutes de combat rapproché permirent d’éliminer les dernières combattantes minuscules qui s’accrochaient à leur butin.
Ce n’est qu’à ce moment que Fabulo pensa à regarder autour d’elle.
La première chose qu’elle vit fut un gros museau rose et humide semblant mâchouiller un chewing-gum avec une certaine nonchalance tandis que sa propriétaire observait Fabulo avec un regard que certains qualifieraient de bovin mais qui semblait plutôt vouloir dire : « pourquoi elle gigote dans tous les sens, celle-là ? »
Si cette jeunette avait osé s’approcher de Fabulo presque à la toucher, ses congénères l’entouraient avec la même curiosité, non pour les atours de la gente demoiselle, mais pour essayer de deviner les raisons de son agitation.
Une fois remise de sa surprise, Fabulo hésita à caresser le museau si proche quand un courant d’air la ramena à sa situation quelque peu épique. Certes, plus aucune fourmi ne parcourait son corps dont l’épiderme frissonnant avait fait se dresser le fin duvet qui le recouvrait, mais elle avait envie de sentir la douceur de quelques vêtements en coton pour apaiser les morsures de la horde qui l’avait attaquée.
Elle commença par récupérer bermuda, t-shirt et culotte mais leur état après une longue matinée de marche, à laquelle s’ajoutaient les traces de la terre humide sur laquelle elle s’était allongée, ne lui fit guère envie. Elle entreprit alors de prendre quelques fringues propres dans son sac, mais, en les dépliant, elle découvrit que les fourmis étaient passées par là avant de l’attaquer, qu’elles s’y trouvaient encore et s’y sentaient fort à leur aise.
Toute cette agitation continuait d’intriguer le troupeau de vaches entourant toujours la charmante jeune fille qui commençait à ne plus savoir comment se sortir de sa fâcheuse posture. Les poings sur les hanches, les jambes légèrement écartées, elle prit involontairement la pose de la célèbre Myriam qui avait envahi les murs des villes françaises à l’été 1981, le temps de remettre ses idées en ordre.
Pas question de vider son sac au milieu des bovidés et à proximité de ces satanées fourmis. Il fallait donc trouver un endroit propre et sec pour tout remettre en ordre. Elle attrapa son sac d’une main, ses vêtements de l’autre et, les bras bien écartés pour éviter tout contact avec l’ennemi, elle reprit sa route, dodelinant comme un manchot, dans l’espoir de trouver une clairière ensoleillée avant de croiser âme qui vive…
Son sac à bout de bras était terriblement lourd et les piqûres de ces satanées fourmis la démangeaient douloureusement. Elle ne rêvait que de fraîcheur pour apaiser ses tourments. Elle se souvint d’avoir aperçu un ruisseau plus tôt, sans doute prenait-il sa source un peu plus haut sur la colline.
Résolue, maintenant toujours ses affaires à distance, elle s’attaqua à la côte qui remontait le champ vers les sous-bois. Elle ralentit cependant bientôt l’allure, peu habituée à tant d’activités physiques.
Tout à coup, une chose froide et humide se posa au creux de son dos. Elle poussa un hurlement à réveiller les morts et abandonna son sac en se retournant, prête à défendre chèrement sa peau. Effrayée, la vache qui s’était approchée se mit à meugler en dévalant la pente, semant la terreur parmi ses congénères qui se rassemblèrent à grand bruit pour opérer un repli stratégique.
Tout espoir de conserver un semblant de dignité fuit Fabulo tandis que fuyait le rempart bovin qui la protégeait. Dans un nouveau cri, elle serra contre elle les vêtements qu’elle avait encore à la main pour se dissimuler à la vue du nouvel arrivant. Un seau dans chaque main, un grand brun d’une trentaine d’années apparu derrière la débandade du troupeau. Il ouvrit de grands yeux surpris en la détaillant des pieds à la tête :
Une combattante oubliée dans son T-shirt venait de repartir en exploration le long de son épaule, piquant méticuleusement tous les dix centimètres. Adieu pudeur, elle envoya tout voler en tressautant en tous sens pour chasser l’intruse qui se faufila hors d’atteinte dans son dos.
Entre incompréhension et doute, l’éleveur la dévisagea jusqu’à repérer le minuscule point noir qui courrait sur la peau de lait. Il hésita un instant, puis abandonna ses seaux pour se lancer lui aussi dans la bataille. Il distribua des claques timides sur la sylphide gigotante sortie de nulle part. Enfin, il repéra la fourmi.
Elle s’immobilisa sous l’ordre et une lourde main s’abattit sur sa fesse, mettant un terme définitif aux exploits du soldat miniature. Haletants, ils se laissèrent tomber côte à côte dans l’herbe, épuisés par la bataille. Elle n’osait tourner la tête vers son camarade involontaire, mortifiée. Elle reçut soudain un tee-shirt sur la tête.
Elle passa rapidement le vêtement en murmurant un remerciement. Aussitôt, elle fut enveloppée par l’odeur puissante de l’homme. Étrangement, elle découvrit que le parfum ne lui était pas désagréable et avait même quelque chose de rassurant. Elle osa jeter un timide coup d’œil à son voisin. Torse nu, les coudes sur les genoux, les yeux rigoureusement braqués droit devant lui, il attendait.
Gênée, elle baissa la tête. Comment lui dire qu’elle s’était vue partie à l’aventure, prête à pourfendre dragons et gobelins, mais qu’une malheureuse fourmilière avait eu raison d’elle ?
Elle entreprit de raconter son départ, bafouilla, revint un peu plus en arrière dans le temps, sur ses envies de voyage et de découvertes, se perdit dans ses pensées.
Un silence suivit, il attendait patiemment la suite.
Fabulo chercha comment lui expliquer. Comment raconter le plaisir des pages tournées, le bonheur de quitter le monde réel et ses tracas, pour se perdre dans ceux des récits, de trembler devant des dangers qui ne seraient jamais les siens. Puis, finalement, d’avoir envie d’en vivre un peu. Mais sans fourmis.
Un meuglement les rappela à l’ordre.
Il lui lança un regard. Debout dans ce tee-shirt trop large qui lui tombait à mi-cuisses et les pieds nus, elle se sentit particulièrement ridicule. Elle finit par demander en montrant ses habits éparpillés :
Il appela ses bêtes qui s’étaient massées le long du chemin, et entreprit de les faire passer devant lui. Elle profita de ce temps pour rechausser ses chaussures à nu et fourrer ses habits et leurs envahisseuses dans le sac poubelle prévu pour le linge sale. Elle considéra son sac à dos d’un œil mauvais. Lui aussi devait être décontaminé…
Ils échangèrent et elle le suivit, le dos bien plus léger, les épaules titillées seulement par des picotements. Lui, il portait le sac d’une seule main, comme s’il ne pesait rien. Au bout d’un moment, elle n’y tint plus :
Encore une fois, Fabulo ne sut quoi dire. Elle n’avait jamais lu d’histoire de vaches, de prés, de seaux et d’abreuvoirs.
La ferme n’était pas loin, mais le petit kilomètre au rythme des animaux lui sembla terriblement long. À ses pieds nus aussi, qui commencèrent à protester, et elle regretta de n’avoir pas épouillé et renfilé ses chaussettes (de haute technicité, assurées « grande randonnée »).
Quand ils passèrent devant le bâtiment, une femme les apostropha, moqueuse :
Tandis que Fabulo restait bouche bée, aussi surprise par l’apparition qu’incapable de trouver une réponse à cette question pourtant simple, l’homme répondit en riant :
Fabulo voulut répliquer, mais elle ne trouvait pas ses mots et se mit à bafouiller :
La fermière manqua de s’étrangler tandis que son compagnon cherchait un trou de souris pour disparaître.
Après un regard en fronçant les sourcils, Fabulo souleva tranquillement les bras jusqu’à retirer le t-shirt trop grand. Elle le tendit à l’homme qui faisait mine de regarder ses pieds, la tête penchée en avant, mais dont les yeux ne perdaient rien du spectacle. Sa femme intercepta vivement le vêtement et le fourra dans les mains de son mari en le poussant vers la grange :
L’aventurière commençait à trouver l’aventure amusante, quoiqu’un peu inquiétante. La fermière avait vite compris que sa maladresse était feinte. Si elle avait pu espérer embobiner le mari, ça n’allait pas être la même histoire avec sa femme…
Tout ça, elle l’avait déjà lu dans des livres. Le scénario classique : l’amante séduit l’homme, incapable de résister, et obtient de lui tout ce qu’elle veut. L’image de quelques jouissances décrites en détail la fit rêver un instant, mais la fin du livre prit le dessus, et il se terminait très mal : l’illégitime amante y perdait la vie. À la réflexion, de nombreuses histoires ne se terminent pas bien. Surtout celles où une femme jalouse se mêle de ramener son mari dans le droit chemin. Tiens, à propos de chemin… Celui parcouru aujourd’hui lui sembla subitement long, sa bibliothèque lui semblait terriblement loin. Ses livres aussi. Et les histoires émoustillantes de…
La fermière qui revenait, seule, avec les poings serrés et un air de combattante farouche, interrompit brusquement la dérive de ses pensées. Elle se campa devant l’aventurière dénudée et sa mine angélique, posa les poings sur les hanches et l’examina quelques secondes, appréciant ses formes. Ça l’ennuyait de le reconnaître, mais la visiteuse était plutôt alléchante.
Fabulo souleva les coudes et regarda sa poitrine. Bien sûr, elle en sentait les picotements, la tension qui invite aux caresses. Les images ressurgirent, ajoutèrent un soupçon d’envie. Elle rit légèrement en posant les mains sur ses seins, qu’elle ne put se retenir de presser légèrement avec un faux air contrit :
Constatant bien les plaques nettement visibles sur la peau trop blanche, la femme s’adoucit un peu.
Fabulo se retrouva bientôt sous le jet tiède, ravie de pouvoir enfin se décrasser sérieusement. Dire qu’elle n’était partie que depuis le matin… autant dire il y a mille ans. Les tiraillements s’apaisèrent, ses muscles se détendirent…
La fermière interrompit sa méditation en pénétrant dans la pièce, le sac à bout de bras.
Pour toute réponse, Fabulo baissa la tête dans un soupir. Elle songeait au long chemin du retour, n’avait aucune idée d’où pouvaient se trouver ses clés, de la direction à prendre… En toute honnêteté, elle ne savait que répondre, aussi se contenta-t-elle de hausser une épaule en fouillant avec précaution ses affaires pour extraire des vêtements sous le regard moins hostile de la propriétaire des lieux. En secouant son pantalon au-dessus du bac de douche, l’aventurière eut des sueurs froides face à la quantité de petits points noirs. Un heureux tintement métallique lui redonna cependant du baume au cœur : ses clés n’avaient pas disparu dans la bataille. Ça ne résolvait pas le comment, mais au moins, elle pourrait entrer chez elle !
La question fit sursauter Fabulo qui avait complètement oublié qu’elle n’était pas seule.
Un quart d’heure plus tard, les deux femmes roulaient en silence sur la départementale déserte. La fermière hésita puis dit :
Elles rirent de bon cœur, toute tension oubliée entre elles. Calmée, la conductrice jeta un œil à sa passagère :
Elle siffla entre ses dents avant de poursuivre abasourdie :
L’histoire pourrait se finir comme un conte de fées… mais l’aventure se serait arrêtée là. Or, seule dans son lit ce soir-là, Fabulo songeait déjà à son prochain départ et à l’invitation de la fermière. Du voyage, elle rapportait des boutons, des questions et la certitude que l’aventure ne faisait que commencer. Elle en était tout à fait satisfaite…
Tant qu’elle évitait les fourmis !