Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 22551Fiche technique51211 caractères51211
Temps de lecture estimé : 37 mn
29/07/24
Résumé:  Les amours exotiques ! Rêve bien sûr, mais vu avec des yeux neufs ?
Critères:  fh couleurs
Auteur : Jane Does      Envoi mini-message

Projet de groupe : Les premières fois
Le crachat de Toussaint

Est-ce que tous les hommes sont ainsi ? Ou suis-je une malchanceuse de la vie ? Adrien, le garçon qui partage mon existence… depuis deux ans est là, penaud. Celle qui se tient à ses côtés s’appelle Alexia. C’est ma voisine de palier, et entre elle et moi, c’est bonjour-bonsoir. Je peux constater de mes propres yeux qu’elle est pour le rapprochement des corps et sûrement pas de la manière que j’attends du voisinage. Ils sont nus, dans le salon, et j’imagine bien qu’ils ne viennent pas de jouer aux cartes. C’est une nouvelle gifle pour moi, que cette trahison.


La nana tente de se rhabiller, mais elle voit bien que je ne suis pas dupe. Quant à mon conjoint, il reste coi, muet comme une carpe. C’est la blonde plutôt grassouillette qui se cherche une excuse.



Elle remonte son jean, ferme sa braguette et ne demande pas son reste. Sur le pas de la porte, juste avant de filer… elle bredouille encore des mots qui semblent d’excuse.



La porte se referme et nous sommes lui et moi, face à face. Il ne sait plus quoi dire, quoi faire non plus. Alors, il essaie de m’amadouer en s’approchant, la bouche en cul de poule et les bras ouverts.



Voilà ! La messe est dite. J’entasse dans un Vanity brosse à dents, dentifrice et autres produits dont j’ai besoin, je récupère aussi du linge de rechange que je fourre dans une valise avant de quitter l’appart où Adrien est reparti s’asseoir sur notre canapé. Je passe devant la pièce, il essaie de nouveau de me retenir, sans plus de succès.



Et je sors, affichant un calme extérieur que je n’ai pas vraiment. Je bous de colère, mais inutile de me battre. Que faire ? Bon ! Je crois qu’aller chez mon père pour cette nuit, c’est la meilleure solution et j’aviserai demain. Papa va sans doute encore être sarcastique et maman va se faire du mouron. Mais bon, je n’ai guère le choix. Pourquoi est-ce que ce genre de situation se répète pour moi ? À croire que j’attire toujours les pires des hommes. Est-ce qu’ils sont tous comme Adrien ? Ou Gérard avant lui, et encore mon premier amour, Jean ? Trois fois que je me retrouve cocue, trop c’est trop. Je suis en larmes dans ma voiture qui me ramène chez mes parents.


Ma tête est suffisamment explicite pour que les deux qui me connaissent par cœur n’aient pas à me demander de fournir des explications. Mon père hausse les épaules et m’ouvre ses bras. Il laisse tomber simplement quelques mots.



C’est aussi simple que ça ! Je suis de nouveau dans la maison de ma jeunesse et les deux êtres que je chéris le plus au monde m’ouvrent leurs bras, et leur porte largement, sans chercher à m’enfoncer, juste des parents aimants qui sont là quand leur fille en a besoin. Je suis triste. Comment ce garçon à qui j’ai tout donné, que j’aimais, que j’aime sûrement toujours a-t-il osé me tromper avec cette… Alexia ? Puis en y réfléchissant bien, sans doute qu’il a su l’entourlouper de belle manière. Cette histoire de séparation imminente entre nous, un joli mensonge pour arriver à ses fins ? On ne connaît jamais les gens avec qui on vit et c’est ça qui me blesse le plus dans cette affaire.


Avoir été bernée de la sorte ! Un sentiment de honte qui me tombe telle une chape de plomb sur les épaules. Je me sens lasse, vieille, moche… à trente-quatre ans, c’est un comble. Et je revis là, dans ma chambre d’ado, dans la maison familiale, ces trois vrais échecs sentimentaux qui ont marqué mon existence. Les hommes sont-ils tous des salauds ? Pourtant mes parents, eux… sont mariés depuis des années et tout semble bien se passer entre eux deux. Je ne pige pas pourquoi les choses se renouvellent de manière dramatique pour ma pomme. Est-ce que je suis destinée à… être bafouée à chaque fois ? Mon Dieu… combien c’est difficile de supporter cette hantise et la honte de ce qui m’arrive !



— xXx —



En quelques jours, mon « déménagement » est réglé. Tout ce qui concerne ma vie commune est définitivement mis au rang des souvenirs et je retrouve une existence familiale plutôt paisible. Je dois toutefois reconnaître que les câlins du soir ou les moments amoureux sont plus lents à s’estomper dans ma mémoire. Mais le pic de la crise est derrière moi et s’il me reste toujours de longs moments de cafard, mes parents savent me redonner le moral. J’ai bien reçu deux ou trois appels d’Adrien qui a tenté de recoller les morceaux, et qui s’est vite lassé de ne pas avoir de réponse. Il n’a que ce qu’il mérite et si j’ai mal au cœur, sa trahison me reste en travers de la gorge. L’été et ses journées plus longues, plus ensoleillées également sera bientôt là et avec lui… des vacances dont je ne sais que faire.


Maman et papa comme tous les ans ont projeté un voyage et doivent partir à Majorque pour deux semaines. Je serai donc la gardienne de leur maison durant leur séjour sur l’île espagnole. Je les dépose donc à l’aéroport ce samedi matin de juillet et… assiste au décollage de leur avion. Me voici seule dans leur grande maison pour une quinzaine qui s’annonce belle. Lors de mon trajet de retour, un passage au supermarché s’impose, pour faire les courses. La solitude n’interdit pas de manger. Et au moment où j’arrive à la caisse pour y déposer mes achats, je suis immédiatement suivie par… Alexia, mon ex-voisine.


Il est évident qu’elle aussi me remet et que son visage blêmit. Mais je n’ai nulle intention de faire un esclandre dans le magasin. À la limite, je devrais lui être reconnaissante de m’avoir ouvert les yeux sur le comportement anormal de mon petit ami. Alors, pour lui montrer que je ne lui en veux nullement, j’utilise une arme féminine qui a déjà fait ses preuves. À savoir un sourire des plus éclatant. J’y ajoute une sorte de clin d’œil, et si elle hésite une fraction de seconde, elle finit par opter également pour une réponse sous forme de risette. Voilà ! La hache de guerre est enterrée ! C’est donc au cul de ma voiture qu’elle vient me rejoindre.



J’ai du mal à croire que je viens de faire amie-amie avec cette fille blonde. Il me semble aussi en la regardant de plus près qu’elle a perdu quelques kilos. Mais peut-être que je l’ai ce jour-là, dans ma colère, jugée plus grosse qu’elle ne l’était en réalité. C’est donc, juchées toutes deux sur de hauts tabourets au comptoir du bar du supermarché, que nous sirotons comme de vieilles copines, un drink coloré. À nous voir, personne ne peut se douter que des semaines auparavant, j’aurais volontiers étripé cette nana.



Je la regarde, nous sommes de nouveau debout l’une près de l’autre. Sa main se tend vers mon bras, sans doute pour me serrer la louche. C’est moi qui ouvre le chemin pour que cette réconciliation soit totale. J’approche rapidement mon visage du sien et sous les yeux d’un vieux couple qui déambule dans la galerie, nous nous embrassons amicalement. La dame âgée a un sourire, puis elle lève son visage vers son homme. Il y a dans ces deux paires d’yeux qui se croisent une lueur d’amour. Tout n’est donc pas si pourri dans ce monde de fous. Le cœur léger, je fredonne en rentrant chez mes parents. Je songe qu’ils ne doivent pas être très éloignés de leur atterrissage. Je leur souhaite muettement de bonnes vacances.



— xXx —



Ma rencontre avec Alexia me turlupine depuis que je suis rentrée. La demeure familiale est nickel. Avec maman, rien ne traîne, tout est toujours bien rangé. Et je me sens du coup oisive au possible. Ce n’est pas que j’ai une envie de nettoyer, mais la perspective d’un long week-end en solo me fiche le bourdon. Mes parents m’ont laissé le SMS d’usage pour me dire qu’ils étaient arrivés sans encombre et la soirée qui s’annonce risque fort d’être longuette. La télé n’offre pas de programme intéressant, que faire alors de ces heures où le soleil s’accroche à notre ciel d’été. Je ressasse aussi la discussion matinale entre l’amante de mon ex et moi. Elle est également une victime d’Adrien.


Pourquoi est-ce que je reviens sur ce type qui m’a fait du mal ? Peut-être parce que même si je ne veux pas me l’avouer, il me manque ? Puis je réalise que ce n’est pas tant la personne que les jeux que nous pratiquions qui me font défaut. Aurais-je des sensations identiques avec un autre que lui ? Je n’en sais rien, mais dans ma tête les idées folles se bousculent. Est-il possible que le manque de sexe me rende nerveuse à ce point ? Comment le savoir ? Parce que franchement, je n’ai pas et ne l’aurai jamais sans doute, le courage de m’envoyer en l’air avec un inconnu.


À force d’y songer, ça finit par me tarabuster sans arrêt. Et je me dis que peut-être je devrais sortir, aller boire un verre, ou en tout cas, me balader pour me changer les idées. Et c’est en sortant les clés de voiture de mon sac à main que me reviennent les paroles d’Alexia. Après tout, pourquoi pas ? Elle est sûrement toute seule elle aussi. Et plutôt que de l’appeler au téléphone, il est plus simple de passer la voir directement. Au moins serais-je sortie et si par hasard elle n’était pas chez elle, je serais tout près des rues de la ville, surtout des bars. C’est ainsi que je file sans plus me poser de question.


L’air du soir est agréable. Je suis dans l’immeuble où mes souvenirs s’accrochent encore à ces lambeaux d’un bonheur abîmé par celle que je vais visiter. Je n’attends guère plus de quelques secondes et elle est là dans l’encadrement de sa porte.



Elle s’apprête à me raconter ce qu’elle entend par « me prêter » une chambre lorsque nous sommes interrompues par la sonnette de l’entrée. Nous nous regardons et nous éclatons de rire.



L’autre sur le palier vient de sonner à nouveau. Alexia me pousse gentiment vers une porte et je me retrouve dans une chambre. Le lit est fait, celle-ci est bien agencée. Les bruits de voix me parviennent, étouffés, peu audibles. Assise sur la couche, j’entends les pas des deux qui semblent avancer dans la direction de l’endroit où je suis cachée. Mais non ! Le couple vient d’entrer dans la piaule contiguë. C’est là qu’elle reçoit ces messieurs ? Peut-être. Quelques minutes et me parviennent sans ambiguïté des sons qui ne peuvent qu’être… Une rapide, cette nana. Mince alors, j’assiste en live aux vocalises de la belle. La fine cloison qui nous sépare n’est pas étanche.


Outre les grincements de son lit, elle râle également d’une manière qui ne me laisse pas indifférente. Et ma sensibilité à fleur de peau, je me sens fondre. Une envie monstrueuse qui rampe en moi alors que des images surréalistes de ce qui se déroule à côté m’envahissent l’esprit. Bon sang ! J’ai sacrément besoin de faire l’amour, de baiser, en fait. Et pourtant de l’autre côté du mince mur, les choses se calment déjà. Puis les pas se font plus distincts. Ça leur a pris quoi ? Cinq ou six minutes ? Incroyable ! Et chez moi, ou plus exactement en moi, c’est un vrai remue-ménage. Je suis désorientée, totalement trempée également.


Puis le silence jusqu’à ce que de petits coups discrets soient frappés dans la porte derrière laquelle je me morfonds. Je me redresse d’un bond, complètement abasourdie parce que je viens de vivre. Tout danse dans ma caboche et les représentations qui s’y entrechoquent ont toutes trait à cette partie de jambes en l’air. Mais la voix claire d’Alexia m’oblige à réagir.



Elle est là, souriante, sans aucune trace de ce qui vient de se passer. Impossible de dire qu’elle vient de baiser il y a moins de cinq minutes.




— xXx —



Ni elle ni moi ne voyons ensuite le temps défiler. Combien d’heures revenons-nous sur le sujet ? Je n’en ai aucune idée. Mais elle m’explique en long en large et en travers sa stratégie, et je ne suis pas loin de voir les choses exactement telles qu’elle me les présente. Elle arrive à me persuader que je devrais peut-être forcer le destin. Pour cela, elle est prête à m’offrir la chambre et à me dénicher l’oiseau rare qui pourrait être le premier. J’hésite, bien entendu, mais au fond de mon cerveau, la petite graine qu’elle vient de semer ne demande qu’à germer, croître également. Les lueurs d’une aube nouvelle me font rentrer chez mes parents, sans avoir seulement eu sommeil.


Notre conversation est là qui flotte dans mon cerveau, alors que je suis légèrement vaseuse de n’avoir pas dormi une seule seconde de la nuit. Je me douche, m’étire comme une chatte sur le canapé et ce sont les gémissements de la belle blonde qui me trottent sous les tifs. Je me sens attirée par cette envie et mon imaginaire fait le reste. Enveloppée dans mon drap de bain, je rêve de pattes masculines qui s’attardent sur ce corps que je n’ai pas emmailloté dans des vêtements, après mes ablutions. Finalement, telle une ado prise en faute, je me caresse langoureusement et je dois avouer que le résultat est… magique.


C’est tellement réussi que j’en suis pour frotter l’assise du canapé que j’ai salopé de trop de mouille. Je réalise qu’il est urgent que je dégote un appartement où je pourrai faire ce que bon me semble. L’auréole que je dois nettoyer n’est qu’un avertissement gratuit. Je ne suis pas chez moi et la vie en famille ne peut pas permettre de telles fantaisies. Accepter la proposition d’Alexia ne peut que me mener à une impasse. Bien que je doive admettre que si elle invite un mec pour moi, ça m’arrangerait plutôt. Je passe donc une fin de dimanche calme, avec quelques bribes de souvenirs confus, mais un appétit sexuel féroce que je ne peux satisfaire pleinement.


Quelle heure est-il lorsque quelque chose me fait sursauter ? Mes réactions sont très lentes avant que je ne frissonne en me rendant compte que c’est mon téléphone qui vient de me réveiller. Je l’attrape et machinalement appuie pour prendre la communication.



Me voici au pied du mur. Le silence qui pèse d’un coup sur la maison est étrange. D’un côté, j’ai la frousse de me rendre chez elle, mais l’envie est d’un coup si violente qu’elle me noue le ventre. Trop longtemps que je n’ai pas fait l’amour ? Tous mes sens sont en effervescence soudainement. Il se joue une drôle de partition dans ma caboche. Un combat que se livrent mon cerveau raisonnable et mon corps affamé. Je ne sais pas sur quel pied danser. J’y vais ! J’y vais pas ? Valse-hésitation qui me chamboule. Pendant que tout en moi me pousse vers l’immeuble d’Alexia, mon cerveau lui tempère mes ardeurs physiques. Qu’est-ce qui me motive à aller prendre une douche ? L’eau peut-elle influencer une décision qui vacille dans mon crâne ?


Bon sang ! Que c’est compliqué ! Je suis tiraillée entre un désir conséquent et la notion de raisonnabilité qui me perturbe. Une guerre sans merci que la flotte n’endigue plus. Et… je craque lamentablement en passant une jupe, un chemisier saillant qui moule ma poitrine. Je suis oppressée au point de respirer péniblement. Mon ventre lui ne s’embarrasse pas de tels préjugés. Il fait d’horribles gargouillis, sonorisant de cette manière cette envie qui déferle en moi. Est-ce bien moi cette folle qui monte en voiture ? Sont-ce mes doigts qui écrivent « j’arrive », deux mots qui s’envolent vers l’immeuble de la blonde ?


C’est cuit, désormais je ne vais plus reculer. Je le sais, je sens bien que j’ai peur, mais qu’il me faut vivre jusqu’au bout cette aventure bizarroïde. Et que ce soit en compagnie de la femme qui m’a « volé » mon mâle ne devrait-il pas me faire me poser des questions ? Eh bien pas du tout ! Ou si j’y songe une fraction de seconde, j’en repousse le cliché immédiatement. Et je roule vers l’immeuble de cette femme qui va sûrement causer une fois encore, mon malheur. Mais dans de tels moments, qui peut dire qu’il serait capable de raisonner sainement ? Mon envie de faire l’amour prend le pas sur toute autre forme de réflexion. Je me laisse guider par mes pulsions, n’est-ce pas pure idiotie que cela ?


Me voir débarquer dans sa maison rend Alexia surexcitée. Elle est très court vêtue et un peu trop fardée à mon sens. Ses invités ne sont pas encore là, et c’est donc ensemble que nous nous apprêtons à les accueillir. Volubile et ne tenant pas en place, elle me déstabilise, sa nervosité me gagne quelque peu. Je cherche donc à la calmer sans vraiment y parvenir. Ce qui me plonge dans une situation assez inextricable et je sursaute soudain au son strident de la sonnerie de la porte. Les garçons qu’elle attend s’annoncent.



En quatre ou cinq enjambées, elle est dans son entrée. Je reste en retrait de deux pas et ne vois tout d’abord qu’un énorme bouquet de fleurs. Un type d’une bonne soixantaine se cache derrière les roses odorantes. Plus tout à fait de la prime jeunesse, le monsieur. Il fait un pas, m’aperçoit, je lis dans ses yeux une surprise non feinte.



Celui qui s’adresse à la maîtresse de maison ne m’a pas vue et je suis dans le même cas. Mais dès qu’il montre son museau, je sais le pourquoi de son prénom. Lui aussi, comme son copain a les quinquets qui d’un coup dérivent sur moi ! C’est pourtant le dénommé Rémy qui me parle.



Nous nous replions vers le salon où la maîtresse de maison a préparé un plateau avec des rafraîchissements. Je suis un peu sur mes gardes, ce Rémy me colle sûrement un peu trop. Son pote, lui, semble plus discret, moins direct quoi. Pas besoin d’être devin pour saisir de suite que ce vieux beau n’est là que pour le sexe. Par contre, son copain… a quelque chose de très spécial et je me sens de suite enveloppée par ses regards brûlants. Alexia me jette de fréquents clignements d’yeux, amusée de me sentir aux abois. Jamais elle ne m’a dit que le plus jeune de deux visiteurs était « différent ». Et pour cela, on peut dire qu’il ne passe pas inaperçu. Évidemment, il rend une bonne dizaine d’années à son complice. Mais de surcroît, il a la peau très colorée… d’une noirceur prononcée.


La conversation s’engage entre Rémy et son hôtesse, débordant de plus en plus. Pour devenir franchement grivoise, alors que Toussaint et moi ne prenons que très peu part aux échanges entre ces deux-là qui sont vraisemblablement complices de longue date. Mais le bonhomme revient très souvent sur mes formes et ça me met assez mal à l’aise. Il est indéniable qu’il est venu pour passer un bon moment et qu’il ne va pas lâcher Alexia. Ce qui apparemment ne le dérange guère. Par la force des choses, ça fait de Toussaint et moi deux voyeurs involontaires. Les mains de plus en plus baladeuses du mec sur le corps de la blonde rendent notre situation très inconfortable.


Alexia est déjà chaude comme de la braise et elle avale son verre d’un trait. Le type est un affamé qui la caresse au vu et su de son ami et de moi qui ne pouvons que subir. Elle a un sursaut alors que Rémy tente pour la énième fois de lui retrousser la jupe, qu’elle ne cherche pas tellement à retenir, avouons-le.



Béatement, je n’ai aucun mot à lui opposer. Le jeune homme qui reste assis sagement près de moi est moins oppressé dès que les deux s’éclipsent. Il est évident que pour eux, les choses sont à un point de non-retour. Et nous sommes là, deux étrangers figés par un environnement qui ne nous est pas vraiment familier. Comment aborder un quelconque sujet alors que l’ambiance est… si électrique ? Mais le garçon se décide soudain à faire le premier pas et il ouvre enfin la bouche.



Je sens d’un coup que sa question a un sens que je n’ai pas prévu. Il me demande si je couche, ma parole ? Mince alors ! Comment me suis-je encore fourrée dans un tel guêpier ? Pourtant, il n’est pas mal gaulé, ce type. Et les cris, gémissements et soupirs qui affluent de la chambre dont les occupants n’ont même pas pris la peine de tirer la porte rendent compliquée la discussion. Bon sang ! Alexia n’a donc aucune pudeur ? Elle fait l’amour au vieux bonhomme sans se soucier de nous qui en prenons plein les oreilles. Et fatalement, ça doit donner des idées au jeune loup. Il est pourtant suffisamment éloigné de moi pour que je ne risque rien. Mais mes sens aussi sont au supplice.


Là, à quelques mètres de nous, le corps-à-corps auquel se livrent les amants nous donne des bouffées de chaleur.



Envie ? Envie surtout de filer à toutes jambes, oui. Mais il est là et comment faire ? Dans la piaule, la chevauchée fantastique ralentit. Les cris s’apaisent aussi, je me triture les doigts, me demandant comment disparaître dans un trou de souris, m’effacer totalement de cet endroit. Ça bouge de nouveau dans la pièce des amants. Quand soudain, entièrement nu, Rémy apparaît dans le couloir. Il stoppe devant la porte du salon où nous nous trouvons encore assis. Sa flamberge est à demi molle, luisante de sécrétions. Il nous lance un regard égrillard.



Toussaint botte en touche ! Ouf ! Je n’ai aucune envie d’être tripotée par ce vieux type et pas plus par Alexia. Du côté de celui qui est assis près de moi, il y a pourtant une lueur fugace dans ses prunelles sombres. Il est tenté ? Je ne tiens pas à le savoir. Le loustic à poil n’est plus là et de loin, on perçoit le bruit de sa miction dans les toilettes toutes proches. Puis le son de l’eau nous prouve qu’il est un habitué de la maison. La voix rauque de mon compagnon d’infortune me surprend d’un coup !



Nous nous retrouvons dans l’air plus frais d’une nuit douce. Il ne sait pas quoi faire.



Je m’abstiens de lui répondre. Bien entendu que mon ventre, déjà pas très calme avant ma venue chez Alexia, ne s’est pas arrangé. Oui ! J’ai moi aussi envie de faire l’amour, mais pas forcément que les deux qui baisent en profitent. Et… l’idée d’embarquer le gaillard chez mes parents flotte un instant dans ma cervelle de femme échauffée. Puis, je me résigne. Non ! Je ne peux pas faire ça à mes parents. Pas chez eux.



Nous démarrons doucement, et nous dirigeons vers la zone où je sais dégoter un de ces complexes hôteliers anonymes. Là, Toussaint prend une chambre toujours aussi incognito et nous nous retrouvons face à face dans un espace neutre. Un immense lit qui mange tout un mur de l’endroit, une minuscule salle de bain et nous voici à pied d’œuvre. Sans lumière, je me sens moins idiote. C’est donc le moment de vérité. Depuis que je suis seule, Toussaint est le premier homme avec qui je vais avoir un rapport intime. Est-ce que les noirs sont aussi bien montés que le prétend l’opinion publique ? Je ne vais pas tarder à m’en rendre compte.



— xXx —



Drôle ! Ça commence par les pires difficultés parce que nous restons visiblement deux étrangers et que nous sommes engoncés dans nos principes. Je n’ai jamais fait ce genre de truc. Me mettre à nu devant un total étranger et apparemment, Toussaint n’est guère entreprenant. Peut-être que tout comme moi, il n’ose tout bonnement pas. Alors assis côte à côte sur le bord du lit, nous restons inertes, silencieux également, un long moment. Si aucun de nous ne fait un pas vers l’autre, ça risque de devenir de plus en plus complexe. La seule lueur qui filtre dans la chambre est celle du lampadaire du parking.


Comment dérider une situation qui s’enlise ? Je n’en sais rien et pour rompre l’instant très pénible qui nous étreint, je me laisse tomber, dos sur la couche. Et ce simple geste semble avoir un effet bénéfique sur mon complice qui se place lui aussi dans une position presque identique. Mais il reste sur le flanc, visage tourné vers le mien qui scrute le plafond. Son bras replié sous son menton, il ose désormais de sa main libre, venir d’un index doux, frôler les contours de ma bouille. Il effleure mon front lentement, puis longe l’arête de mon nez, voyage ensuite sur mes lèvres. Je soupire, ferme les paupières et je me sens si bien.


Comme il est doux d’être ainsi l’objet de toutes les attentions d’un homme. Il prend tout son temps, me permettant de savourer pleinement ses attouchements suaves. Mon cœur bat, et le boucan de mon moteur me paraît éclater dans la chambre. Les doigts fins se baladent sur mes joues, coulent vers mon oreille et c’est là qu’ils s’attardent dans de délicieux chatouillis qui me donnent la chair de poule. La voix qui d’un coup me murmure quelques mots tendres me fait tressaillir.



Je n’ai pas de réponse toute faite pour ce qu’il me demande. La seule possible ne sort pas de ma gorge, mais c’est mon corps tout entier qui parle à sa manière. Et je viens me lover, telle une chatte, un peu plus près encore du garçon qui saisit ce « oui » tacite. Cette fois, il me câline le cou et la naissance de la poitrine, sans hâte, dérivant à l’orée de mes seins, sans vraiment dépasser la barrière de mon soutien-gorge. Mais il entreprend maintenant de délivrer de leurs logements, les boutons qui gardent clos mon buste. J’ai des sensations très agréables en sentant que centimètre par centimètre, ma peau se dévoile.


Je ne cherche pas à échapper à ce qui est inéluctable. La paume frôle désormais un des bonnets qui recouvre la masse claire de mon sein. L’index suit quelques secondes encore la dentelle qui borde le haut de la rondeur, avant finalement de se glisser entre le tissu et la peau. Je frémis d’aise de cette arrivée bouillante. Maintenant, c’est plus rapide. Je soulève toute seule le haut de mon corps pour que Toussaint trouve les deux brins qui solidarisent l’ensemble « Rouge-Gorge ». La délivrance de ma poitrine est une bénédiction. De plus, elle autorise la bouche masculine à venir happer, l’une après l’autre, les fraises sombres sorties de leur gangue de chiffon. Ce qui ne fait que renforcer l’envie qui monte depuis longtemps partout en moi.


Pour ma jupe, là encore, je fais le geste qui lui permet de me la retirer en relevant simplement mes fesses. Je suis en culotte, allongée sur la couche et les lèvres s’activent dans la semi-obscurité qui baigne la piaule. Le triangle qui me couvre toujours l’entrejambe ne résiste pas vraiment aux doigts qui cette fois me laissent totalement nue et alanguie sur le drap. Les caresses se font plus langoureuses, vont et viennent, parcourant avec gourmandise toutes les plages, les monts et les vallées devenues accessibles de mon anatomie totalement offerte aux lèvres avides. Je n’ai à aucun moment fait un mouvement pour dévêtir l’homme qui me couvre de baisers brûlants. Il sait s’y prendre, me prouvant par-là que le sexe est un plaisir puissant.


Je ne sais pas, ne réalise pas trop comment ni quand il s’est déshabillé. Mais il est soudain aussi nu que je le suis et ce que je sens qui se frotte à mon flanc a une taille et une consistance plutôt plaisante. Il se met à genoux sur le sol de la chambre, écarte délicatement mes cuisses, et plonge sa frimousse dans l’espace ouvert. Il est au cœur des évènements. J’adore la langue qui va et vient sur mes grandes lèvres, qui ne se prive plus depuis un bon moment de me distiller une sueur d’envie. Et lorsqu’il les entrouvre pour un vrai baiser, enfouissant au cœur de mon minou sa baveuse intrépide, mes bras précipitent mes mains sur le sommet de son crâne.


Pas pour le dissuader de continuer sa découverte. Non, bien sûr ! Plutôt pour qu’à aucun instant il n’ait l’idée de renoncer à cette caresse qui m’affole. Je suis aux anges, soupirant, miaulant, gémissant sans cesse. Je n’ai pas capté le moment où il se love dans une autre position. Partie, oui, je suis partie si loin que ça me dépasse largement. C’est seulement quand il se pose sur moi de tout son long que je réalise que si sa bouche me ventouse toujours le sexe, elle n’est plus tout à fait dans la même position. Ce qui se frotte à mon visage n’est pas non plus bien défini, même si j’en ai une vague idée. Et les soubresauts de cette « chose » engendrés par de petits coups de reins sont de nature à me faire savoir l’impatience qui est celle de Toussaint.


Bercée à la musique de mon désir, je touche enfin ce sexe qui cogne à ma joue, à mon menton ou à tous les endroits de mon visage, où les reptations du corps masculin le font glisser. J’y porte même la main, pour le guider là où sans doute Toussaint cherche à le faire entrer. Surprise d’un coup ! Pas par des dimensions extraordinaires, mais plus par une forme à laquelle je ne m’attends pas. Tout d’abord, il est épais. Puis en tâtonnant longuement l’objet, j’ai l’impression que je viens de cueillir… un cèpe. Un bolet avec une tête énorme et un pied qui s’il est relativement court n’en est pas moins renflé.


Je suis subjuguée par ce que mes doigts cajolent, et je me surprends à frémir en me demandant comment un tel engin va bien pouvoir… pensée forcément idiote, j’en conviens, mais qui a le don de me laisser pantoise. Ce truc est… impensable, presque inimaginable. Le gland déborde largement de ma main alors que mes doigts serrent la hampe. J’ouvre donc les mâchoires pour la fellation que doit espérer celui qui insiste dans sa propre léchotte. Je suis trempée, mais d’un autre côté, j’ai un vrai frisson. Ne vais-je pas souffrir d’une intromission de ce… cet engin que je n’arrive pas à décrire. C’est… tout bonnement très hors norme. Mes lèvres se posent en corolle sur ce chapeau lisse que mon gosier n’arrive pas vraiment à « gober ».


Je me contente donc de lécher ce casque violet sombre, que le prépuce entièrement dégagé fait encore plus ressortir. L’homme se cabre et ses fesses durcissent, alors qu’il soupire d’aise. J’aspire donc ce gland très bizarre, et ne peux en aucun cas faire entrer dans mon palais ce qui me paraît « anormal ». Il ne me reste plus qu’à compenser par des léchages de la verge, puisqu’il est trop gros pour que je l’embouche. Il ne se plaint de toute façon pas vraiment. Et notre soixante-neuf, version spécifique, se déroule avec des bruits de plus en plus cadencés. Le garçon me lime avec un ou plusieurs doigts, je ne m’en rends pas vraiment compte. Et j’éprouve un indiscutable plaisir, quand il se hasarde de sa seconde main, sur un sentier bien peu usité.


Si dès que je sens l’arrivée sur mon anus d’un bout de phalange je me raidis, il sait si bien me sucer le clitoris que, vaincue, je me laisse aller et me décontracte. Index ou majeur ? En tout cas, un des deux s’enfonce sans à-coup dans l’étroit canal et mon souffle un temps coupé ne reprend que lorsque le visiteur est entièrement introduit dans le passage. Aucune douleur, et ceci m’étonne fortement. C’est juste…, ni agréable, ni désagréable, c’est… dérangeant et étrange. Et alors que dans mon vagin, Toussaint insiste à me faire coulisser aussi les lutins qui nagent dans ma mouille, il se met en devoir de faire des voyages identiques derrière.


Quelques secondes suffisent pour que je sois lancée sur des rails qui me font monter un orgasme inouï. Il le sait bien, le pressent et me maintient largement ouverte, tout en s’appesantissant de tout son poids sur mon ventre, de manière à ce que je ne recule ni n’avance. Je suis dans l’incapacité de bouger, et ne peux plus non plus continuer mon semblant de pipe. Il sait très bien mener sa barque et quelques instants plus tard, je tremble de tous les muscles, emportée par une jouissance comme jamais je n’en ai connue. Tout après ceci s’enchaîne, avec une précision d’horloger. Il se couche sur moi, me possède sans que son sexe bizarre me fasse souffrir le moins du monde.


Je me roule dans un stupre dévastateur et j’avoue que c’est moi qui insiste lourdement en serrant mes jambes autour de sa taille. Il me laboure un très long moment et mes hurlements de louve doivent sûrement éveiller des envies chez les autres occupants des chambres environnantes. Ça dure une éternité et je finis par me retrouver à genoux, lui derrière moi qui continue à me secouer de ses coups de boutoir toujours aussi vigoureux. Sa tentative pour me sodomiser est stoppée nette par ma main sur son ventre. Pas besoin de mots, il comprend que ce n’est pas mon truc et revient à la formule initiale. Combien de fois me baise-t-il, avec un allant et une fougue, que je ne parviens pas à calmer ?


Mais à aucune de ses nombreuses possessions, il n’éjacule. Ce n’est que lorsque repue, lasse et vaincue je demande grâce, qu’il me demande gentiment ce qui me paraît improbable.



Il se vide d’abord par un long jet qui s’écrase entre mes deux seins, m’éclaboussant au passage le menton et le cou. Puis par petites saccades, il se libère de sa laitance abondante. Quand je pense qu’il en a terminé, c’est encore une dernière coulée qui me macule de la poitrine au nombril. Il éclate d’un grand rire et en tirant mon poignet, il conduit ma paluche dans cette marée blanche. M’obligeant sans violences à étendre davantage ce qui colle à ma paume et sur ma peau. Lorsqu’il baisse son visage, c’est pour me rouler une pelle. La première depuis que nous sommes sur ce plumard. Nous n’en avons pas échangé d’autres de toute la séance de cul que nous venons de partager.


D’une voix plutôt sereine, il me glisse dans le creux de l’oreille…



Et je me lève, me faufile dans la minuscule cabine de douche qui fait partie de la chambre. Le jet tiède me nettoie de tout cela et j’ai une pensée pour Alexia et son Sugar-Daddy… Une risette en me disant… si elle savait… Au retour, je fais un crochet, dépose Toussaint devant chez lui et rentre chez mes parents. Une bonne fin de nuit au calme, à dormir comme une bienheureuse. Et juste avant de fermer mes yeux, je songe qu’un appartement à moi devient urgent… ça m’aurait évité d’avoir à me réveiller toute seule tout à l’heure… je plonge dans le grand silence de mes rêves…

Celui de cette grande première, tout en couleur…