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n° 22559Fiche technique57180 caractères57180
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Temps de lecture estimé : 40 mn
03/08/24
Résumé:  La grande aventure du sport vécue par un petit bout de femme décidée
Critères:  #aventure grp asie sport amour
Auteur : Amateur de Blues            Envoi mini-message

Projet de groupe : Fantasme olympique
La Kama Academy

Les animaux sont ignorants du karma, ne connaissant que le rut lors des chaleurs des femelles. Mais les hommes et les femmes connaissant leur yoga, embrassent l’infini lorsqu’ils font l’amour. Kāmasūtra


Yumi a vingt-quatre ans. Elle est mince, jolie, japonaise, étudiante à Tokyo. Elle est terriblement japonaise, avec ses yeux toujours baissés, ses jupes plissées et ses couettes. Pourtant, son père est américain. Il est resté ici quelques années, le temps de séduire sa mère, de l’engrosser et de repartir dans son pays. D’après les photos, il était très grand, très solide, assez beau. Yumi rêve souvent de lui. Elle le déteste mais elle aimerait le rencontrer, aller aux États-Unis et retrouver sa trace. Elle ne sait vraiment pas ce qu’elle lui dirait mais il sera temps d’y penser quand elle pourra partir.


Pour le moment, elle étudie le droit international. C’est une étudiante sérieuse et motivée et elle passe de longues heures à lire des textes arides et à apprendre. Elle ne sort pas beaucoup. De toute façon, elle n’a pas d’argent. Sa mère est une petite employée de bureau qui vit difficilement et ce salaud d’américain n’a jamais rien envoyé pour l’aider à éduquer sa fille.


Yumi a trouvé un moyen pour financer ses études. Ce n’est pas très orthodoxe mais cela fonctionne et elle ne se sent pas spécialement coupable. Simplement, elle n’en parle pas à sa mère qui croit toujours qu’elle loge dans la petite chambre qu’elle avait trouvée en arrivant en ville dans une résidence étudiante. Depuis quelques mois, elle a rencontré un étudiant de sa section, Haruko et elle ont accepté de sortir avec lui pour faire connaissance. Haruko est un garçon timide, un peu gros et pas très intelligent mais comme il est né dans une famille extrêmement riche, il est sommé de faire des études et de les réussir. Au deuxième rendez-vous, Yumi lui a avoué très simplement qu’elle ne se sentait pas attirée par lui.



En disant cela, elle avait glissé une main sous la table et lui caressait la cuisse. Haruko trouva l’arrangement particulièrement intéressant. Il se moquait de l’argent puisqu’il en avait beaucoup et avoir à domicile une petite merveille comme Yumi était plus que tout ce qu’il avait jamais rêvé. Maintenant, il espère que le temps va faire son œuvre et qu’elle va finir pas accepter de l’épouser. Mais Yumi n’a pas du tout ce projet-là. Elle veut finir ses études, soutirer le plus d’argent possible à son mécène et partir aux États-Unis. Pour ce qui est du sexe, elle accepte de faire l’amour avec Haruko une fois par semaine. Il a aussi le droit de la regarder en se masturbant pendant qu’elle est sous la douche. Ce n’est pas très moral mais il faut bien trouver des solutions quand on est née sans père.


Aujourd’hui, Yumi a rendez-vous avec Haruko en ville. Le jeune homme veut la présenter à quelques-uns de ses amis d’enfance. Il est si fier quand il lit le désir dans le regard des hommes qui découvrent Yumi. Les jeunes gens ont décidé de se retrouver après les cours dans un bar américain que Yumi apprécie. On y sert du whisky et on y écoute Janis Joplin et Bruce Springsteen. La lumière est tamisée et en fin d’après-midi, il n’y a pas grand monde. Elle s’est installée dans un box au fond de la salle, boit du thé vert et relit ses notes sur la cour pénale internationale.


He had a woman he loved in Saigon, I got a picture of him in her arms, now, chante Springsteen.


Le barman lave des verres. Yumi aime ces moments de calme au milieu de la grande tempête de la vie. Une dame entre et elle la suit un instant des yeux en se répétant la phrase qu’elle vient de lire. La dame se penche au-dessus du comptoir, murmure quelques mots au barman qui hoche la tête. La dame traverse alors la salle, passe près de Yumi sans faire attention à elle et disparaît derrière un rideau rouge que Yumi n’avait pas remarqué au bout de la rangée de box. Yumi boit une gorgée de thé et retourne à son cours.


Pendant qu’elle continue à réviser, d’autres personnes entrent, échangent quelques mots avec le barman et filent derrière le rideau rouge. Entre deux pensées studieuses, Yumi se demande ce qu’il peut bien y avoir derrière ce rideau. Si Haruko arrivait maintenant, Yumi ne saurait jamais ce qui se passe dans la salle arrière du bar, mais l’homme qui entre à cet instant, un colosse de près de deux mètres, avec une tignasse rouquine qu’on ne peut pas ignorer dans un pays comme le Japon, évidemment un Américain, ou peut-être un Australien, s’approche lui aussi du barman avec un sourire de connivence, comme s’il était un habitué, avant de traverser la salle en direction du rideau.


Cette fois, Yumi en oublie ses cours. Elle le suit des yeux bien qu’il ne la remarque pas et une fois qu’il a disparu derrière le lourd rideau, elle se met à réfléchir à ce qui se passe ici. Cela fait combien, quinze, vingt personnes qui ont suivi le même chemin. Pour tirer la chose au clair, elle se lève donc et s’approche du comptoir où le barman a repris son activité de lavage de verres.

C’est un occidental, lui aussi mais plutôt un mexicain ou un brésilien, ce genre de gens qui se disent blancs alors qu’ils ont la peau plus sombre que n’importe quel japonais. Yumi par exemple a un teint d’ivoire et d’ailleurs, le mexicain s’en rend aussitôt compte et elle voit son œil s’allumer quand il pose son regard sur elle. Elle a l’habitude.



L’homme n’est pas très grand et son pantalon est taché aux fesses mais il marche comme s’il était l’ambassadeur du Mexique. Yumi est proche de pouffer mais ils passent le rideau rouge et elle se concentre sur l’inconnu qui l’attend. Ils se trouvent dans un corridor sans âme, un autre rideau violet face à eux mais le barman la guide vers une porte sur la droite. Ils pénètrent alors dans un petit local dont un des murs est entièrement vitré. Il n’y a aucun meuble dans la pièce, juste cette vue sur la grande salle qui est derrière la vitre et où sont toutes les personnes qu’elle a vu passer dans le bar.



Le barman s’en va mais Yumi ne s’en rend même pas compte. Elle a le visage presque collé à la vitre et elle observe ce qui se passe dans la grande salle. La lumière est diffuse, étrange, rougeoyante, le sol est recouvert de tapis de yoga. Les gens qui se sont rassemblés sont une vingtaine, autant de femmes que d’hommes à première vue. Ils discutent par petits groupes mais Yumi ne peut pas entendre ce qu’ils disent.


Au bout d’un petit moment, ils se dirigent vers les porte-manteaux installés de part et d’autre de la salle, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, et commencent à se déshabiller. Yumi pense un instant qu’ils quittent leurs vêtements de ville pour enfiler une tenue de sport mais une fois en sous-vêtements, ils continuent à se déshabiller. Les femmes enlèvent leurs soutiens-gorge et les hommes se débarrassent de leurs slips. Personne ne semble éprouver la moindre gêne. La seule qui est mal à l’aise est Yumi derrière sa vitre. Ce foutu barman aurait dû la prévenir !


Une fois nus, les gens se regroupent à nouveau et recommencent à discuter comme si rien n’avait changé. Yumi voudrait partir mais elle n’y arrive pas. Elle a de plus en plus envie de savoir ce qu’il va se passer maintenant. En fait, elle quitte rarement des yeux le grand américain roux qui l’a décidée à se renseigner. Sans pouvoir s’en empêcher, elle regarde ses cuisses puissantes et ses fesses musclées, ses épaules carrées et la toison rousse en bas de son ventre. C’est vraiment un bel homme. Les autres sont des Japonais, sans rien de remarquable, sauf un homme énorme, probablement un sumotori. Les femmes sont de tous âges avec des physiques variés, des gros ou des petits seins, des ventres ronds, certaines grandes et maigres et d’autres petites et rondes. Elles ne ressemblent pas vraiment à des athlètes.


Puis un vieil homme entre dans la salle et, curieusement, les discussions cessent et les hommes se rangent en ligne d’un côté tandis que les femmes se rangent face à eux. Ils sont seize, huit hommes et huit femmes, alignés face à face et le vieil homme, curieusement vêtu d’une vieille robe traditionnelle comme en portaient les empereurs sur les anciennes photographies, avec une longue barbe qui lui va jusqu’au milieu du ventre, ce vieil homme passe entre eux comme pour une revue militaire. On voit bien que c’est lui qui commande et que tout le monde le respecte. Les femmes ont baissé les yeux et les hommes s’inclinent devant lui.


Quand il arrive au bout de la rangée, il claque dans ses mains et le spectacle commence. Enfin, ce n’est un spectacle que pour Yumi derrière son miroir. Personne ne sait qu’elle assiste à la séance et elle se sent toujours aussi mal à l’aise. Surtout que les femmes s’agenouillent et mettent leurs mains derrière le dos. Les hommes s’avancent et viennent placer leur sexe devant le visage de ces dames. Tout le monde agit à la même vitesse, c’est un ballet extrêmement bien rodé. Les femmes prennent les bites molles dans leur bouche et commencent à sucer. Le maître de cérémonie se met à frapper dans ses mains en cadence et les bassins des hommes suivent le rythme en enfonçant leur membre dans la bouche de leur partenaire en même temps, comme une danse obscène. Yumi en est abasourdie. Que se passe-t-il ici ?


Bientôt, les sexes mâles sont dressés, gros et durs. Leurs danses font baver les femmes qui peinent à respirer. Le vieux maître a ralenti son rythme. Yumi ne quitte pas des yeux le grand rouquin. Sa bite, quand elle sort de la bouche de sa partenaire, avant d’y retourner aussitôt dans un va-et-vient infernal, est énorme, avec un gros gland rose vif. Yumi n’en a jamais vu une aussi belle, elle est fascinée. Pourtant, avant Haruko, elle en a vu un certain nombre. Elle n’a jamais eu froid aux yeux et les hommes l’attirent depuis toujours. Comment faire autrement que de vouloir les connaître, quand dans la société japonaise ils prennent toute la place, laissant les femmes dans l’ombre et la fadeur ?


Le vieux barbu à la robe comme une tapisserie cesse alors de frapper dans ses mains. Il crie quelque chose que Yumi n’entend pas et un autre ballet commence. Cette fois, chaque couple a sa danse personnelle mais le but est le même pour tout le monde : il s’agit de copuler. Pour le beau géant, il s’agit d’une sorte de rock acrobatique. Sa partenaire est une petite femme dans la quarantaine, avec de gros seins pour une Japonaise. Elle est encore plus petite que Yumi qui n’est pas très grande. Eh bien, elle prend un peu d’élan, saute en direction de son partenaire qui l’attend, bien campé sur ses jambes, les mains derrière le dos. La femme accroche ses bras autour du cou de taureau de l’homme, passe ses jambes autour de sa taille et doit finir empalée sur sa bite. Pour le moment, elle ne réussit pas trop bien. Elle s’accroche bien, enserre bien la taille mince de son partenaire avec ses cuisses dodues mais elle ne parvient pas à finir l’action. La bite glisse entre ses cuisses ou heurte son ventre et tout est à refaire.


Pendant ce temps, le sumotori s’est allongé et sa partenaire, une frêle jeune fille aux bras comme des brindilles, s’installe confortablement sur cette monture moelleuse, tournant le dos à son partenaire. Puis, lentement d’abord, puis de plus en plus vite, elle lève ses petites fesses et se rassoit. D’où elle est, Yumi peut voir sa vulve sombre avaler la petite bite du sumotori et la recracher à un rythme d’enfer. De tous les côtés, les couples s’enfilent dans des positions insolites. De temps en temps, le maître s’approche d’un couple et fait une remarque. Les participants hochent la tête et reprennent leur figure depuis le début.


Yumi est complètement paralysée devant ce spectacle qui va à l’encontre de tout ce qu’elle croyait. Elle pensait que le sexe était une affaire privée dont on ne parlait jamais. Elle n’avait jamais raconté à aucune de ses amies l’arrangement qu’elle avait avec Haruko, elle aurait eu bien trop honte. Et voilà que la copulation devient une pratique publique, avec un coach qui supervise la séance et donne des conseils pour mieux réussir. Elle serait partie, elle se serait enfuie s’il n’y avait pas ce géant roux. Mais la vue de son corps d’athlète lui chauffe le bas-ventre et elle reste.



Il se tient derrière elle, tout près, et il a posé une main sur son épaule mais Yumi ne réagit pas à cette proximité anormale comme elle l’aurait fait en temps ordinaire.



Pendant ce discours, le barman n’a perdu son temps et masse les épaules de Yumi avec ses deux mains.



Et Yumi se sauve en courant, traverse le rideau rouge, arrive rouge et essoufflée à la porte du bar et manque de percuter son ami Haruko qui arrivait au rendez-vous.



Elle doit inventer quelque chose, se reprendre, récupérer ses affaires mais finalement, Yumi est une bonne menteuse et elle se tire d’affaire. La soirée avec les amis d’Haruko est mortelle mais cela ne la dérange pas car elle peut penser tranquillement à ce qu’elle a vu derrière le rideau. Elle ne sait pas comment mais elle veut revoir le rouquin. Pourtant, cela la terrifie.


Quand ils rentrent à l’appartement d’Haruko, celui-ci est plus ou moins ivre, comme souvent. Yumi, elle, sait qu’elle est incapable de dormir. Toute cette aventure l’a trop excitée. Alors, même si ce n’est pas le jour, elle rejoint son amant dans son lit.



Elle lui enlève son pantalon de pyjama et le branle sans ménagement, presque avec violence, avant de le prendre en bouche. Sa queue ne sent pas très bon mais elle fait ce qu’il faut pour avoir un amant digne de ce nom. Ensuite, elle le chevauche et ferme les yeux.



Mais elle le fait taire avec une claque et elle essaye de trouver son plaisir. Derrière ses yeux fermés, elle s’imagine chevauchant le bel américain et c’est presque bon mais le gros Haruko fait quelques « Ho ! Ho ! » avant d’éjaculer. Presque aussitôt, elle sent sa queue se ramollir en elle. Alors elle retourne dans sa chambre en claquant la porte et elle passe la nuit sur internet, à chercher des informations sur Zhong Ma, mais elle ne trouve presque rien. Ensuite, elle lit des dizaines de pages sur le Kamasutra et elle se caresse en s’imaginant prise de toutes ces manières par un homme, un vrai qui sait bander jusqu’au bout du plaisir de sa partenaire.


Dans les jours qui suivent, elle essaye de ne pas penser à toute cette histoire délirante. Il lui arrive de croire qu’elle a rêvé, qu’il n’y avait rien derrière le rideau rouge et qu’elle s’était simplement assoupie devant ses cours. Dans ces moments-là, elle a presque envie de retourner dans le bar pour vérifier. Mais au fond d’elle-même, elle sait pourquoi elle a envie d’y retourner et cela l’effraie au plus haut point.


Pourtant, une semaine jour pour jour après sa découverte de la Kama Academy, elle se retrouve sur le trottoir en face du bar. Elle n’a pas rendez-vous avec Haruko et elle ne sait pas ce qu’elle fait là. Il est hors de question qu’elle entre et qu’elle se retrouve face à face avec ce sale type du bar. Elle marche de long en large en surveillant la porte, cherchant à découvrir qui entre et qui sort, cherchant surtout à retrouver, elle doit quand même se l’avouer, le grand Occidental qui l’avait si fort impressionnée la semaine précédente. Elle pense même à faire le tour du pâté de maisons pour vérifier s’il n’y a pas une issue secrète pour sortir de la salle de l’Academy mais derrière le bâtiment, il n’y a que des poubelles.


La nuit vient. Les passants la contournent comme un rocher dans le courant. Elle se sent si bête qu’elle décide de rentrer chez elle mais à cet instant, trois personnes sortent du bar, un homme et deux femmes. L’homme est grand et roux mais elle ne reconnaît pas vraiment les femmes qui l’accompagnent. L’une d’elles est-elle sa partenaire ? En tout cas, ils sont bons camarades puisqu’ils rient ensemble et se dirigent tous vers la station de métro la plus proche. Yumi se met à les suivre. Elle ne sait toujours pas quel est son but, elle se laisse porter par un désir sur lequel elle répugne à mettre un nom. Arrivés à la station de métro, les trois candidats de l’Academy se font une bise. Ils vont certainement se séparer. Yumi est quelques pas derrière eux mais elle n’entend pas ce qu’ils se disent. Elle imagine des dialogues idiots :



  • — Tu étais en forme aujourd’hui. Quelle raideur !
  • — Oui, je suis assez content de moi. J’ai bien aimé quand je t’ai attrapé par les fesses pour te la mettre à l’envers.


Elle imagine ça et elle a honte. Finalement, les deux femmes descendent l’escalier qui mène au métro tandis que l’homme reste là sur le trottoir. Il sort un paquet froissé de la poche de sa veste et allume une cigarette. Il va partir, songe Yumi, Si je veux lui parler, c’est maintenant. Elle respire un grand coup et s’avance. Elle a souvent agi sans réfléchir, c’est comme ça qu’elle a dragué Haruko quand elle a su qu’il était riche mais là, ce soir, elle donne dans le n’importe quoi. Elle ne sait pas du tout ce qu’elle va lui dire.



Après avoir commandé un cocktail gin-matcha pour lui et une tasse de Gyokuro pour Yumi, dans un salon de thé très agréable, le rouquin entre dans le vif du sujet :



Sa voix est encore plus attirante que ce à quoi Yumi s’attendait, grave, profonde mais légère et parfumée, comme la voix d’un acteur dans un film et William la regarde avec intensité, dardant sur elle des yeux d’un vert fragile qui donne le vertige. Mais il faut maintenant se jeter à l’eau.



Yumi baisse les yeux et se tait. C’est vrai, elle ne sait pas vraiment pourquoi elle se lance toujours des défis insensés. Mais peu importe, elle doit le faire. Si sa mère était là, elle verrait ce petit air buté qu’elle connaît bien et elle saurait que rien ne pourra lui faire changer d’avis. Comment convaincre cet homme qu’elle découvre intéressant en plus d’être beau ? Elle relève la tête.



Yumi se lève, monte debout sur sa chaise et soulève sa jupette. Elle n’a pas de culotte et la salle est comble à cette heure de fin d’après-midi. Il y a des vieilles dames et quelques touristes. Comme elle tourne le dos à la salle, les vieilles dames ne voient que ses petites fesses rondes mais William qui est juste en face d’elle a une vue surprenante sur son petit abricot et sa toison d’un noir de jais.



L’appartement de William n’est pas formidable. Il y a des meubles occidentaux de mauvaise qualité, pas de futon ni de tapis, rien aux murs et de la vaisselle sale débordant de l’évier de la cuisine. Le lit n’est pas confortable mais Yumi s’en moque, ce n’est pas pour cela qu’elle est venue. Après un baiser à rallonge qui a duré depuis la porte d’entrée jusqu’à ce mauvais lit, elle a déshabillé son géant avec ses petites mains aux ongles violets, elle l’a sucé longuement et, maintenant, elle écarte les cuisses pour laisser le passage à la montagne de muscle qu’elle a choisie.


Elle ne s’était pas trompée. Il est très bien, régulier, endurant, avec des coups de reins puissants qui donnent à la jeune femme l’impression d’entrer dans une nouvelle dimension. Elle jouit et quand elle a un orgasme, Yumi pousse de petits gémissements qui font tant d’effets à son amant qu’il la supplie d’arrêter.



Là, c’est plus que William ne peut endurer. Il éjacule violemment et s’écroule sur elle comme un éléphant mort, au risque d’étouffer la petite Japonaise.


Quelques instants plus tard, allongés côte à côte et reprenant leur souffle, les deux amants commencent à songer à la suite, chacun de leur côté.



Quelques jours plus tard, Yumi est à nouveau sur le trottoir en face du bar de l’Academy. Entre-temps, elle a récupéré toutes ses affaires chez Haruko en laissant un mot sur la table de la cuisine :


Tu ne me mérites pas.


Yumi a bien un plan mais pour qu’il réussisse, il faut qu’elle puisse rencontrer ce Vieux Cheng en dehors de son académie. Or, elle a beau surveiller l’entrée pendant des heures, avant, pendant et après les entraînements, elle ne le voit jamais entrer et sortir. William lui a indiqué ne rien savoir de son coach chinois. Celui-ci entre dans la salle quand ils sont déjà tous rassemblés et en sort toujours le premier.


Si ce vieux ne sort pas, c’est parce qu’il loge sur place, décide Yumi. Et elle entre dans le bar, un petit air innocent collé sur le visage, son meilleur atout. Elle va direct au comptoir.



L’homme s’appelle Antonio mais il préfère qu’on l’appelle Tony, comme dans le film Le parrain. Il a l’air ravi de voir revenir la jolie jeune fille qu’il avait entraînée derrière le rideau rouge.



Pendant ce temps, Yumi entre dans le couloir sombre au moment où Vieux Cheng en descend l’escalier.



Et Yumi s’approche du vieil homme assez près pour poser un baiser humide sur sa vieille joue mangée par la barbe avant de retourner dans le bar où son Willy boit une bière au comptoir.



Au cours des jours qui suivent, Yumi apprend de William et du coach que le programme à respecter est très précis et que les juges japonais qui détermineront qui aura le droit de se présenter devant le magnat chinois écarteront sans appel tout couple qui prendrait des libertés avec ce programme. Les figures suivantes doivent être réalisées dans l’ordre : fellation, position explicitée dans le Kamasutra, les amants étant face à face, position explicitée dans le Kamasutra, l’homme étant dans le dos de la femme, position libre laissée à l’imagination des concurrents, éjaculation de l’homme sur le corps de la femme. Les changements de position ont de l’importance pour la note finale. Ils doivent être gracieux et montrer le désir réciproque des amants. « Kama » veut dire « désir » en sanskrit, explique le coach à Yumi.


Mais Yumi avait compris depuis longtemps que les règles sont faites pour être transgressées. Quand on est une femme au Japon, on a le choix entre petite souris soumise et rebelle aux ongles violets. Elle avait vu sa mère tout accepter avec résignation pendant son enfance. Ses employeurs, ses amants, tout le monde abusaient d’elle et elle gardait son petit sourire triste sur le visage comme s’il n’y avait pas d’autre solution. Aujourd’hui, Yumi fixe ses propres règles et oblige les autres à les respecter. Pour cela, il faut du courage, du culot et de l’obstination. Notre petite Yumi regorge de toutes ces qualités.


Ainsi donc, séance après séance, elle invente une prestation tout à fait iconoclaste qui met Vieux Cheng en fureur. Il hurle, il se tire la barbe et assure le couple qu’ils ne gagneront jamais ainsi mais Yumi tient bon et pose ses lèvres humides et chaudes sur la joue du vieil homme quand il finit par accepter les nouveautés. Sa première trouvaille concerne la fellation. La jeune femme trouve parfaitement injuste que les femmes doivent préparer leurs amants alors que les hommes n’ont rien à faire de similaire.


Elle invente donc une figure tout à fait nouvelle. Dès le début de l’épreuve, alors que la queue de son amant est encore au repos, elle saute dans ses bras, se tient à sa taille tandis qu’il la soutient en l’air et effectue un demi-tour acrobatique pour se retrouver tête en bas, ses jambes accrochées au cou de taureau du quarterback. Comme elle ne pèse rien, William n’a aucun problème avec la position. Ainsi, elle a la bouche à la hauteur de son membre qu’elle engloutit avec gourmandise tandis que lui a la tête entre les cuisses blanches de sa partenaire et il peut sans effort supplémentaire lui lécher le clitoris.


William adore sa maîtresse. Il a l’impression de renaître et de commencer une nouvelle vie. Il est donc d’accord avec tout ce qu’elle propose. Une autre règle énoncée par Vieux Cheng dès la deuxième séance de Yumi est que les partenaires doivent être entièrement épilés. « Monsieur Ma déteste les poils, affirme-t-il », Mais Yumi adore les poils roux de Willy et trouve très esthétique de mélanger ses poils noirs avec ceux de son homme. Aussi elle décide de conserver sa touffe et lui interdit d’obéir au coach. Elle accepte toutefois de se faire épiler sous les aisselles.


Ensuite arrive l’histoire des accessoires. Le règlement stipule que les concurrents doivent être nus, comme les participants aux jeux d’Olympie, mais Yumi voudrait donner un peu de classe à leur exhibition en utilisant quelques accessoires, par exemple un collier pour chien et une laisse pour une entrée spectaculaire, la petite Japonaise amenant un immense amerlock au bout d’une laisse. Elle voudrait aussi utiliser des menottes recouvertes de fourrure rose pour leur position finale, une création originale qui leur vaudra certainement une médaille, d’après Yumi, mais Willy n’est pas convaincu. À chaque fois, c’est des discussions sans fin avec Vieux Cheng qui finit par se laisser attendrir, mais il faut parfois que Yumi donne de sa personne en glissant sa petite main sous la vieille robe sale de Cheng.


Entre les séances, Yumi et William passent leur temps au lit. Ils font l’amour tendrement, plusieurs fois par jour, sans faire de figures ou d’acrobaties et ils parlent sans fin du concours, de leur avenir, de leur amour et de la maison qu’ils feront construire au bord d’un lac dans la région où William est né. Pourtant, avec une vie aussi survoltée, Yumi trouve encore le moyen de travailler, de réviser et de réussir ses examens.


Mais les examens passés, ils se rendent compte que la date de la sélection du couple japonais approche. À chaque entraînement, Yumi observe avec attention les autres couples. Les relations sont cordiales entre les participants, à l’exception de l’ancienne partenaire de William qui doit maintenant subir les assauts chaotiques du vilain barman. Chaque fois que leurs regards se croisent, Yumi a l’impression de recevoir un coup de poignard. Mais la grande maigrichonne qui concourt avec Tetsuo, le sumotori, est presque devenue une amie. Yumi pense que ce couple est leur plus grand rival car la différence entre l’énorme garçon et la frêle jeune fille est impressionnante. D’ailleurs, Ayaka lui a confié qu’elle a parfois peur de mourir étouffée sous le poids de son amant. Il suffirait qu’il bascule sur le côté et ce serait le drame.


Un soir, Vieux Cheng arrête les combats et réunit les participants autour de lui. Il explique le déroulement de la sélection finale. Un seul couple ira en Chine pour se présenter devant Monsieur Ma. Un jury va être réuni pour les départager, six hommes et six femmes que Vieux Cheng a approchés et qui ont accepté de départager les baiseurs de la Kama Academy. Ce sont des gens qui ont tous un lien avec le sexe, une ancienne actrice de porno, un créateur de site de rencontre, un patron de boîte de striptease, etc. Pour leur présentation, les couples doivent prévoir une musique et respecter un temps très précis. Il ne s’agit pas de baiser pendant des heures ni d’éjaculer en cinq minutes. Mais Vieux Cheng dit qu’il est confiant car ils se sont beaucoup entraînés et ils vont certainement briller le soir de la finale. En disant cela, il regarde Yumi et on sent qu’il attend d’elle un exploit.


Le grand soir arrive. Les jurés sont vieux et laids, assis dans des fauteuils anciens comme les empereurs d’autrefois et il y a des caméras de télévision partout. William n’avait pas compris que le show serait filmé. Il se demande qui sera le propriétaire des images et aimerait savoir ce qu’elles vont devenir. Il ne tient pas à se voir agir sur des sites pornographiques partout dans le monde. Curieusement, Vieux Cheng n’est plus là pour répondre à ses questions et il propose de tout abandonner et de filer en douce. Avec un sourire, Yumi le fait changer d’avis.



Un tirage au sort a lieu et Yumi et Willy passeront les derniers. Ils ne savent pas si c’est une bonne chose ou pas. Il y a le pour et le contre. Ils voient leurs concurrents se présenter au centre de la piste. Le studio est aménagé comme une sorte de cirque, avec une piste ronde recouverte de tatamis et une estrade et les jurés vautrés dans leurs fauteuils. Heureusement, il n’y a pas de public. Cela commence mal pour le premier couple. Il s’agit de Tony et sa présentatrice de télévision. Malgré tous ses efforts de suceuse, l’affreux Tony qui avait tant envie d’être là n’arrive pas à bander. Au bout d’une dizaine de minutes, la jeune femme abandonne et ils repartent la honte au front. Puis les candidats se suivent et ils réussissent à dérouler leur programme mais on sent que les partenaires sont nerveux. C’est visible, et souvent ils sont moins bons qu’à l’entraînement.


Yumi découvre les musiques de chacun. La plupart ont choisi des airs traditionnels japonais pour faire couleur locale mais cela ne rythme pas vraiment leur prestation et l’effet est plutôt raté. Quand un couple a terminé, les caméras se tournent vers les jurés qui lèvent chacun des cartons avec une note. Yumi voit beaucoup de six et de sept, parfois un neuf, mais c’est rare.


Puis viennent Ayaka et Tetsuo, le sumotori. Au regard intéressé des jurés qui se redressent sur leur siège, Yumi voit tout de suite qu’ils vont être de rudes concurrents. C’est la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak qui rythme leurs ébats et ça en jette. Ayaka pétille, tourne autour du gros Tetsuo qui se laisse faire et à la fin, quand l’énorme masse du sumotori recouvre presque entièrement sa partenaire, vraiment ce qu’on appelle couvrir une femelle, avec Ayaka qui pousse de petits cris en rythme avec la musique, l’actrice porno est debout tant la scène est saisissante. Et quand les deux amants se baissent pour saluer, la main dans la main, le producteur de cinéma applaudit.


William regarde les notes, des neuf, des huit, un dix même, il se lamente :



Et le grand moment arrive. Les enceintes, après un silence angoissant, crachent à pleine puissance le tube de Patty Smith « because the night » et tandis que la new-yorkaise éructe : « Because the night belongs to lovers », la petite Yumi s’avance lentement vers le centre du cercle à pas de danseuse. Elle est nue, bien sûr, ses petits seins dansant devant elle, ses cheveux roses dansant autour de sa tête, sa petite touffe bien noire sous les projecteurs. Derrière elle, au bout d’une laisse, Willy la suit, comme un ours bien dressé, ses cuisses musclées, son ventre plat, ses épaules carrées et ses poils roux partout sur son corps. Ils ont fière allure.


Dès qu’ils sont au centre, ils ne perdent pas de temps. Yumi prend trois pas d’élan et s’envole autour de son amant solide comme un roc. La tête en bas, elle l’enraidit en quelques secondes tandis que William lui bouffe la chatte avec un appétit d’ogre. Quand il redresse la tête, son visage est humide et il ressemble à un dieu viking.


Puis, gracieuse, Yumi saute au sol, fait quelques bonds de-ci de-là et bondit à nouveau sur son amant pour s’empaler sur son vit formidablement dressé, juste au moment où Mike commence à chanter « Satisfaction ! ». Hop, son petit fourreau bien huilé avale le membre et les deux amants s’embrassent langoureusement. William empoigne les petites fesses blanches de sa maîtresse et les écarte bien pour montrer son petit trou mignon au jury.

« I can get no ! » hurle le chanteur, mais eux, on voit qu’ils arrivent très bien à prendre leur pied. C’est le moment de la deuxième figure. Yumi se lance dans un poirier parfait, ses petits orteils tendus au bout de ses jolies jambes écartées. Comme elle est petite, son malabar de partenaire est juste à la bonne hauteur pour planter son engin dans le con offert et il ne s’en prive pas. Tous les jurés voient magnifiquement bien la grosse bite pistonner la petite Yumi. Cela dure un moment parce que les partenaires veulent prendre leur temps, bien montrer leur savoir-faire. Et puis tout est minuté et ils attendent la troisième chanson.


Mais voilà, tout arrive et Bob Hite commence à chanter : « On the road again ». C’est très très cool et ils veulent que la fin de leur show soit très très cool. Il reste la figure free-style, c’est ce que les jurés vont surtout retenir, il ne faut pas la rater. Mais Yumi est pleine d’assurance et quand William la regarde, il sait que tout va bien se passer. Willy s’allonge et Yumi s’assoit doucement sur sa queue, en lui tournant le dos. C’est une figure assez classique que les hommes aiment bien car ils peuvent admirer le cul de leur partenaire qui monte et qui descend, les baisant sans qu’ils n’aient rien à faire. C’est cool mais pas très spectaculaire. Or, ce soir, c’est le show. Aussi, une fois que Yumi est bien installée, William se tend, s’arque et commence à soulever son ventre et la petite femme qui est installée dessus. Il est puissant et il a soulevé des haltères toute sa vie. Aussi, ce n’est pas un petit bout de Japonaise qui va poser problème. Il monte, il monte et bientôt, son corps est un arc de cercle parfait. Seuls ses pieds et ses mains touchent le sol. Pendant ce temps, Yumi a continué à monter et descendre, délicieusement obscène, portée en triomphe par son amant, ses petits pieds posés sur les cuisses épaisses de Willy. Les jurés sont ravis.

Il ne manque plus que la scène finale, l’éjaculation, le sperme conquérant sur le corps fragile, blanc sur ivoire. À son tour, Yumi fait le pont, un pont gracieux, une courbe parfaite avec ses tétons sombres et dressés qui regardent vers le ciel. William se tient au-dessus, d’elle, jambes écartées, pine rose au gland énorme. Il suffit de quelques aller-retour de sa grosse pogne pour que le jus en sorte, épais, projeté par saccades sur le corps, une giclée sur son ventre, une autre sur son visage à l’envers, une troisième dans son pubis noir. Les jurés sont debout et ils applaudissent tandis que retentit l’hymne national japonais, le Kimi ga yo, « jusqu’à ce que les pierres deviennent rocher et se couvrent de mousse », disent les paroles. Yumi n’est pas couverte de mousse mais de la semence de son amant.


C’est la victoire. Yumi et William représenteront le Japon un mois plus tard en Mandchourie, dans le palais du milliardaire chinois. William prend une cuite sévère pour fêter ça et Yumi prend soin de lui pour qu’il se remette. Puis ils passent quelques jours en amoureux, au bord de la mer, sans même faire l’amour et c’est tellement agréable qu’ils en sont surpris tous les deux.


Puis ils se remettent à l’entraînement, d’abord avec Vieux Cheng pour les coacher. Mais la situation devient intenable. Le vieil homme, à force de se retrouver dans l’intimité du couple, en oublie son rôle. Il tente de persuader les deux finalistes de réaliser des figures à trois. Il veut participer et fourrer sa vieille bite dans un orifice de la petite Yumi, « pour lui enlever le reste de pudeur qui l’empêche d’être la meilleure », dit-il. William l’attrape par la barbe et menace de lui casser la figure. Aussi, il renonce mais la confiance, s’il n’y en a jamais eu, est rompue et le couple décide de s’entraîner seul. Ils s’enferment dans l’appartement de William et baisent jusqu’à l’épuisement, se faisant livrer des plats et du saké à domicile.


Un soir, William fait part de son désarroi à son amante. Il se rend compte qu’il adore sa petite Yumi et qu’il n’a plus envie de la partager avec des millions de personnes. En effet, la grande finale doit être retransmise en direct sur la chaîne de télévision que possède Monsieur Ma. La planète entière est au courant. Il n’y a qu’en Iran et au Vatican qu’on ne pourra pas regarder Willy et Yumi baiser.



Mais la jeune femme pose ses lèvres sur celles du grand Willy et il se tait aussitôt.


Une semaine plus tard, c’est le grand départ, l’avion puis le train à travers la steppe et enfin le palais des mille et une nuits du milliardaire. Tout cela a l’air si peu réel que William a l’impression de perdre pied, de vivre un rêve ou un cauchemar, il ne sait pas trop, dont il n’arrive pas à se réveiller. Et puis vient le moment de la finale. Tout se passe dans une salle immense, aménagée comme un studio de télévision. Sur une estrade, Monsieur Ma est installé sur une espèce de trône. C’est un homme énorme, chauve, à l’air bovin. En le voyant, personne n’imaginerait que c’est une des personnes les plus importantes de la planète. Il porte une espèce de robe en soie verte. C’est très laid. Autour de lui papillonne un essaim de femmes nues. Toutes sont très jeunes, très minces et très maquillées. Chacune d’entre elle essaie de se faire remarquer de Monsieur Ma par des câlins, des papouilles, des plaisanteries. Mais le milliardaire s’en moque. Il attend le début du concours. Contrairement à l’épreuve japonaise, Yumi et William vont passer les premiers. Il paraît qu’il y a eu un tirage au sort. Nos deux amants n’ont même pas vu les autres concurrents. On les a amenés directement de leur chambre à un box en bordure de la piste pour qu’ils puissent se préparer.



À l’entrée du box, une lampe rouge est allumée. On les a prévenus : quand elle passera au vert, il faudra entrer en scène. La lumière passe au vert. William a envie de vomir parce qu’il ne sait plus ce qui va se passer maintenant mais il suit sa compagne qui s’avance d’un pas décidé. Tous les spots se concentrent sur eux. Ça commence mal puisqu’ils devraient être nus. Comme prévu, la musique démarre, Patty Smith ne sait pas qu’il y a un problème.


Derrière un rideau, en bordure de scène, Vieux Cheng voit tout et il commence à comprendre qu’il a eu tort de faire confiance à cette petite peste si mignonne qui l’avait embobiné. Il n’y a pas d’autre spectateur que Monsieur Ma et son harem mais il y a pourtant beaucoup de monde autour de la piste, des cameramen, des techniciens, des agents de sécurité et aussi une présentatrice française, une star dans son pays, débauchée par Monsieur Ma à coups de millions de dollars. Yumi l’a tout de suite repérée, qui parle dans son micro de l’arrivée insolite des premiers candidats. C’est vers elle qu’elle se dirige d’un bon pas. Elle arrive à ses côtés et profite de l’air interloqué de la vieille blonde pour lui arracher le micro des mains.



Et elle en reste là, lâche le micro et retourne vers Willy qui s’était arrêté un peu plus loin et la regarde d’un air ébahi. Des agents de sécurité, d’énormes types habillés en blanc avec des bosses suspectes sous leurs blazers commencent à se rassembler et à se diriger vers eux. Côté télé en direct, c’est plutôt la panique et il semble que la consigne est de filmer autre chose que les deux candidats japonais qui sont au centre de l’arène.


C’est alors que William comprend le danger de leur position et que le quarterback en lui se réveille. Un mur s’approche et il faut le franchir au risque d’être pris. Le footballeur américain a de l’imagination et il visualise très bien ce que peut faire un Monsieur Ma à ses ennemis. Dans un même élan, il charge Yumi sur son épaule et fonce vers le mur adverse, histoire de déconcerter ses adversaires. Au dernier moment, feinte, crochet à droite, crochet à gauche, accélération et Willy, chargé de son précieux paquet, a mis les lourdauds dans le vent et file vers la sortie du palais.


Dans la position inconfortable qui est la sienne, Yumi voit les agents défiler à droite et à gauche puis se regrouper derrière eux et se lancer à leur poursuite. Avec la vitesse de Willy, sa robe est remontée et découvre ses fesses. Comme elle ne porte plus de culotte depuis des mois, elle se rend compte qu’une partie de ses engagements ne sera pas tenue. Monsieur Ma ne devait pas voir son minou et elle l’expose aux regards. Sinon, elle n’a pas peur. Sa confiance dans son homme est totale. Elle ne sait pas où ils vont, lui non plus, certainement, mais ils vont s’en sortir.

Une fois dehors, le géant roux dépose son amante sur un gazon anglais totalement hors sol dans cette partie du monde. Comme la meute est toujours à leurs trousses, ils repartent à la course en se tenant par la main. C’est un spectacle charmant, d’ailleurs, que ce couple, lui si grand si fort, elle si petite si délicate, qui court à travers cette immense pelouse. Malheureusement, les seules personnes qui sont là pour les voir ne prennent pas le temps de profiter du spectacle. C’est qu’ils jouent gros aussi, les nervis. S’ils ne rattrapent pas ces « enc. de Japonais », Monsieur Ma ne va pas se contenter de leur passer un savon.


Loin, là-bas, sur la pelouse qui semble sans fin, un jet bien sûr privé attend. Dès qu’il l’aperçoit, William décide que cet unique objet dans leur champ de vision est leur objectif. Il en faut bien un. Il voit que sa petite Yumi commence à s’essouffler. Elle n’a pas l’entraînement d’un joueur de football, la pauvre ! Mais plus ils courent et plus l’avion semble loin. Derrière eux, les vilains ne tirent pas mais ils ont déjà les armes à la main.


Heureusement, en s’approchant, ils voient devant l’avion une équipe de télé qui débarque du matériel. Aussitôt, derrière eux, les armes rentrent dans les poches. Encore un cent mètres et les voilà au pied de l’escalier. Sans saluer les techniciens visiblement américains qui déplacent des caisses, ils grimpent l’échelle et pénètrent dans l’appareil. Le pilote est encore à son poste en train de griller une cigarette.



Le nom du milliardaire agit comme un électrochoc sur le pilote. Il jette sa cigarette hors de la carlingue et ferme les portes. Tout à ses manœuvres, il ne voit pas les gros bras qui accourent et l’appareil roule sur la piste avant qu’ils aient pu tenter quoi que ce soit.


Une fois en l’air, nos héros respirent un peu. Ils se regardent et éclatent de rire. Mais leur hilarité ne dure pas. La radio du pilote se met à parler en chinois. Elle dit des choses importantes qui n’ont pas l’air de plaire à leur hôte. Il se retourne d’un air furibond.



Il faut trouver une nouvelle idée. William sait qu’on n’a pas le temps de cogiter beaucoup. Il passe la main sous son siège, attrape un parachute, se souvient de ses années dans l’armée. Il attache les sangles.



Cela n’a pas l’air d’émouvoir le colosse. Il finit de fixer correctement son parachute, reprend sa petite amie sous son bras, déclenche l’ouverture de secours de la porte et se jette dans le vide. Yumi lui échappe un peu mais il a l’habitude de récupérer un ballon qui a glissé entre ses mains et il se saisit à nouveau de la jeune femme. Simplement, elle a changé de sens et a la tête en bas. Ce n’est pas grave, cette fois, il la tient bien et elle accroche ses mollets autour de son cou comme elle s’est entraînée si longtemps à le faire.


William ouvre le parachute qui arrête leur chute et soudain, c’est le calme et le silence. Sous eux, la steppe déserte. Au loin, le moteur de l’avion qui s’éloigne. William se rend compte à ce moment qu’il a le visage entre les cuisses de Yumi. Celle-ci, un peu plus bas, sent contre sa joue une bosse qu’elle connaît bien.


C’est ainsi qu’ils réalisent, sans spectateurs, sans homologation au Guinness Book, le plus haut soixante-neuf jamais réalisé par un couple humain. Ce que sera la suite de leur incroyable aventure amoureuse, personne ne le sait, mais qui s’en préoccupe ?