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n° 22589Fiche technique26470 caractères26470
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Temps de lecture estimé : 18 mn
21/08/24
Résumé:  Si la lingerie d’une femme pouvait ressentir des émotions et user de ses sens, que raconterait-elle ?
Critères:  #journal #humour fh couple amour voir lingerie caresses intermast fellation cunnilingu pénétratio
Auteur : Aventurine      Envoi mini-message
Mémoires d'un soutien-gorge

Je savais ce que Morgane faisait dans cette forêt même si c’était la première fois qu’elle m’y emmenait. Lorsqu’elle ôta son chemisier pour le jeter dans le véhicule ouvert garé non loin de nous, je découvris un lieu vraiment charmant. Enfin, je prenais l’air ! Autour de moi, le feuillage des pins vertigineux et des fougères était agité par la brise. Je n’avais jamais vu autant de verdure. Bientôt, j’eus l’impression de me rapprocher du sol, puis de tanguer légèrement. Bercé par le rythme régulier des mouvements de Morgane, je sentais son cœur battre de plus en plus fort. Les mains agrippées aux hanches de l’homme debout devant nous, elle faisait coulisser ses lèvres sur la perche qui se dressait fièrement sur l’entrejambe. J’entendais des bruits de succion ainsi que les soupirs que tous deux laissaient échapper de temps à autre. Fasciné, je contemplais les cuisses puissantes face à moi, les mollets musclés que j’avais déjà vus dans la chambre. Ce jour-là, il n’avait même pas pris le temps d’ôter son pantalon, qui gisait à ses chevilles.


Puis Morgane se redressa et je vis sa main saisir l’engin tendu dans ma direction. Elle caressait délicatement l’attribut viril, passant son autre main en dessous. Ravi, je ne perdais pas une miette du spectacle. Je savais l’excitation qui habitait Morgane à cet instant. Ses doigts astiquaient le dard de plus en plus vite, l’homme exprimait sans retenue la montée de son plaisir.

Je vis son regard pénétrant se baisser vers moi et l’espace d’une seconde, je me sentis utile et fier. Je savais qu’il mourait d’envie de poser ses grandes mains sur moi.



Mon ravissement s’évapora d’un coup. Je pourrais dire que je devins blanc comme un linge, mais il n’en fut rien, bien entendu. Les doigts de Morgane accélérèrent encore sur le membre gonflé qu’elle orientait vers sa poitrine. Je connaissais l’issue de la manœuvre. Sans surprise, l’homme libéra dans un râle plusieurs jets blanchâtres sur le cou et le décolleté de Morgane. Terrifié, je vis couler un filet visqueux en direction de ma dentelle alors que la jeune femme se remettait debout.



C’était trop tard. Je sentis le liquide chaud imprégner mon bonnet gauche. Le Kleenex n’avait nettoyé que la peau de Morgane. Je me sentis souillé et frustré quand le chemisier vint me recouvrir à nouveau. Néanmoins, je parvins à me consoler en pensant à mon bain à venir et en entendant les rires de Morgane sur le trajet du retour. Au moins, j’avais fait mon job. Séduire. Faire plaisir. La rendre encore plus belle.


Excusez-moi… Je vous raconte mes aventures passées sans même m’être présenté. Je suis un soutien-gorge. Ou plutôt, SON soutien-gorge. Parfois, elle m’appelle son « soutif » mais je n’apprécie guère ce nom-là. Elle, vous l’aurez compris, c’est Morgane, ma propriétaire depuis quelques semaines. Mais avant de vous parler d’elle, il serait de bon ton de vous parler de mon histoire.


Je suis fait de dentelle et de satin. La couleur bleu roi de ce dernier me donne vraiment belle allure, d’autant plus quand l’éclairage me révèle sous mon meilleur jour. Ma dentelle orne toute la naissance du décolleté et constitue près de la moitié de mes bonnets. Bleu et ocre, elle est ornée de feuillage délicat, dessiné à la verticale et imitant des fougères. Imaginez ma joie d’avoir vu ces plantes en vrai aujourd’hui dans les bois !


J’ai mis du temps à cerner le sens de ma vie. Avant, je croyais que ma place était en vitrine, depuis le jour où l’on m’avait sorti d’un carton pour m’ajuster sur un buste de plastique. L’enseigne de ce magasin m’amusait car c’était le nom d’un petit oiseau que je n’ai jamais vu. Les projecteurs étaient braqués sur moi, je me prélassais sous leur chaleur, sur les courbes de mon joli mannequin sans tête. Je me sentais bien, pleinement déployé sur deux seins lisses, parfaitement à ma taille, les bretelles réglées au millimètre près. À longueur de journée, des foules passaient devant moi et il arrivait souvent que j’accroche le regard d’un passant. Homme ou femme, le curieux me suivait des yeux sans cesser de marcher ou bien s’arrêtait juste devant moi. J’appris à lire sur les lèvres : j’étais joli, j’étais sexy. Bref, je plaisais, visiblement, même si selon les dires de certains, j’étais un peu cher aussi. Néanmoins, je vécus ces jours de gloire comme des instants précieux. Je n’avais pas encore compris que ma vocation était tout autre.


Un jour, on m’ôta de mon mannequin pour le vêtir d’un autre modèle. Ce fut un déchirement, un arrachement au sein maternel, un départ pour le grand Inconnu. Du luxe d’orner ce buste artificiel, je passai au confort relatif d’un cintre, serré parmi mes congénères sur l’un des portants de la boutique. Je me rendis compte que je n’étais pas unique : j’avais des sosies qui attendaient comme moi une vie meilleure.


C’est en conversant avec mes semblables que je compris la signification de l’étiquette qui pendait à l’une de mes bretelles : je suis un 95 C. C’est ma taille. Les modèles du bout de ma rangée, associés à des lettres D ou E, nous paraissaient souvent un peu arrogants car ils se vantaient de pouvoir un jour habiller les poitrines les plus opulentes.


Au bout d’une semaine, on m’extirpa de mon portant pour la première fois. J’eus la surprise de découvrir un visage masculin qui m’observait avec perplexité. Délicatement, l’homme passa ses doigts sur ma dentelle et caressa l’intérieur de mes bonnets. La sensation était singulièrement agréable. Un sourire apparut sur le visage du client. Il parut rêveur, avant qu’un trait de malice ne vienne illuminer son regard. Pourquoi ses joues s’étaient-elles subitement empourprées ? Je l’ignorais. Il jeta ensuite un coup d’œil à l’une de mes étiquettes, me reposa sur le portant et s’éloigna. Il semblait un peu déçu mais je ressentis une certaine satisfaction à l’avoir fait rêver pendant quelques instants.


Dans la même journée, une main parfaitement manucurée me tira brutalement de mon sommeil. On me promena entre les rayons, serré contre une culotte qui me ressemblait énormément. En proie à une vive excitation, je peinais à réaliser que nous allions passer en cabine d’essayage. Le lieu était mythique, sujet de récits fantasmagoriques contés par ceux qui avaient eu la chance d’y entrer, et la malchance de ne pas être achetés.


Dans la minuscule pièce garnie de miroirs, une jeune femme m’accrocha à l’une des patères. Elle ôta sa robe par-dessus sa tête, révélant un modèle de notre marque dans les tons émeraude. Je m’extasiais sur la finesse des motifs lorsque la créature retira délicatement le sous-vêtement.


C’était la première fois que je voyais les seins d’une femme en vrai. Les siens me parurent très jolis, leurs aréoles formant deux cercles parfaits sur sa peau métisse. Avec le plus grand soin, elle m’ôta de mon cintre, fixa mes agrafes et m’ajusta sur sa poitrine. Je sentis la douceur de sa peau, sa chaleur corporelle et le poids des deux globes qui tendaient mes bretelles. Si j’avais eu des yeux, j’en aurais pleuré de bonheur. Je m’admirai sur elle, sentant ses boucles brunes me caresser sur ses épaules.


J’ai longtemps pensé que mes bonnets servaient à masquer la poitrine ou à la protéger des regards, du froid… Pourtant, la transparence de ma dentelle laissait presque tout voir des seins de cette femme. À travers le voile, les deux points sombres des mamelons pointaient, insolents. Les seins uniformes de mon ancien mannequin me parurent alors bien ternes, tellement éloignés de la réalité. J’avais vécu dans l’illusion pendant si longtemps ! Ce jour-là, je me sentis fier de me voir ainsi mis en valeur.


Face au miroir, la jeune cliente ne se lassait pas de s’admirer, sous différents angles. Un sourire satisfait se dessina enfin sur son visage.



Une tête joufflue surmontée d’un énorme chignon blond apparut dans la cabine.



La vendeuse disparut. La cabine s’était à peine refermée quand un autre visage surgit dans l’interstice entre le mur et le rideau. Un homme.



Sans attendre de réponse, l’homme poursuivit avec un haussement de sourcils :



Le voyeur resta bouche bée et continua à me contempler en maintenant le rideau entrouvert. Après un coup d’œil furtif derrière lui, il avança une main vers moi. Ses doigts effleurèrent lentement le satin sous les seins de Morgane, puis s’attardèrent sur leur galbe, orné de ma dentelle. Morgane ferma les yeux à ce contact mais les rouvrit immédiatement en chuchotant :



Le regard admiratif de l’homme croisa un clin d’œil de Morgane, que je ne compris pas à cet instant. Je ne tarderais pas à en saisir le sens, tout comme celui des interactions humaines au centre desquelles j’allais bientôt me trouver.


Quand elle dit « je le prends », je faillis m’évanouir, si tant est que ce terme puisse s’appliquer à moi.


Quand elle me posa sur le comptoir face à la vendeuse au gros chignon, je jubilai. On m’enveloppa avec soin dans un papier d’emballage dont la douceur et les légers bruissements me ravirent.


Quand il déclara « je te l’offre », je me sentis fier de jouer le rôle d’un cadeau qui susciterait le plaisir de ma nouvelle propriétaire.


Quand je remarquai la moue peu discrète qu’il esquissa à la lecture de mon prix, j’eus cependant envie de lui remonter les bretelles. Malheureusement, il n’en portait pas.


Ma vie changea dès que j’arrivai chez Morgane. De nouveaux lieux, une lumière qui me parut bien plus douce et changeante que celle des néons de la boutique. Morgane retira délicatement mes étiquettes disgracieuses et m’essaya à nouveau en chantonnant. Sur elle, face au miroir de sa salle de bains, je m’aperçus bientôt de la présence de l’homme de la boutique. Lui, c’était Thomas, dont j’avais appris le prénom en écoutant leurs conversations, niché au creux de ma boîte en carton. J’ignorais encore que j’allais partager un peu de sa vie, à lui aussi.


Négligemment appuyé contre l’embrasure de la porte, il contemplait Morgane, à demi nue, avec un regard étrange qui me rappela ceux de certains clients. La peau de Thomas était beaucoup plus claire que le teint doré de Morgane. Ses cheveux mi-longs semblables à des fils d’or contrastaient tout autant avec les cascades de boucles brunes de sa compagne. Il était très grand et les muscles de sa poitrine et de son ventre saillaient harmonieusement. Sa plastique fort agréable à l’œil aurait pu être sublimée par un joli soutien-gorge à sa taille. Dommage que nous ne soyons habituellement portés que par les femmes…



Il prit alors Morgane par la main et lui fit faire une rotation pour mieux l’admirer, ce que je fis également via le reflet du miroir. Elle était… Comment dit-on ? Sexy. Bandante, je crois que le mot existe, aussi. Elle avait la taille marquée, un fessier joliment rebondi, un ventre tout plat sur lequel brillait une petite pierre.


Quand elle tourna sur elle-même, j’eus également une vue panoramique de la salle de bains. Au passage, je remarquai que Thomas cachait quelque chose dans une poche de l’entrejambe de son pantalon. Un autre cadeau pour elle, me dis-je ? Comme c’était romantique ! Thomas enlaça ensuite Morgane et leurs lèvres se rencontrèrent en un long baiser. Je me sentis pressé contre le torse ferme de Thomas. Je percevais à la fois la chaleur de leurs corps et les battements de leurs cœurs, dont le rythme, presque à l’unisson, s’accélérait.


Les grandes mains de Thomas se mirent à explorer la peau de Morgane, revenant sur moi à plusieurs reprises. De ses doigts interminables, il empaumait chacun des seins de Morgane et les caressait avec volupté. Entre ses pouces et index, il titillait les aréoles à travers ma dentelle. Elle soupirait de plaisir, l’embrassait de plus en plus voracement. Je frémis lorsque Thomas pinça un peu plus fort le centre de mes bonnets. Un peu indigné par ce manque de délicatesse à mon égard, je lui criai en mon for intérieur : pourquoi ne pas lui offrir ton cadeau maintenant, grand benêt ?? Elle doit le sentir contre son ventre et tu vas gâcher ta surprise !


Frustré de ne pouvoir être entendu, je passai dans la chambre attenante avec le couple. Les baisers et les caresses reprirent de plus belle. Thomas entraîna Morgane vers un grand lit sur lequel il l’invita à s’asseoir, avant de s’agenouiller entre ses jambes. Je le vis embrasser la belle dans le cou puis, les mains caressant les cuisses et les hanches de Morgane, il approcha son visage de moi. Ses lèvres se posèrent sur mon étoffe et déposèrent une foule de baisers sur l’un de mes bonnets. La sensation me plut, ses lèvres étaient douces, charnues, et le bonheur apparent de Morgane contribuait au mien. Soudainement, sur le deuxième bonnet, l’un des baisers prit une note d’humidité. Que faisait-il ? Je pris alors conscience qu’il usait de sa langue sur moi, léchant ma dentelle à petits coups délicats. Je sentais la chaleur de sa salive imbiber la matière et me demandais comment diable j’allais pouvoir me nettoyer.


Soudain, ma propriétaire gémit plus fort et me fit sursauter. La main de Thomas, qui avait disparu sous la culotte et frictionnait doucement le bas-ventre de Morgane, semblait lui faire beaucoup d’effet. Je n’eus pas le temps de me remettre de ma frayeur car je sentis mes agrafes se décrocher en un éclair : de sa seule main libre, Thomas était parvenu à me dégrafer. Je pendais lamentablement sur les épaules de Morgane. Celle-ci fit glisser distraitement mes bretelles afin de m’ôter complètement.


J’espérais rejoindre le confort de la boîte que j’avais quitté peu auparavant. Il n’en fut rien. Morgane ne faisait plus attention à moi et observait Thomas, debout devant elle. Enfin, c’est le moment du cadeau, pensai-je ! L’homme déboucla sa ceinture en reluquant les seins désormais nus, et ôta son jean. Pas de poche, mais une étrange culotte rendue totalement difforme par l’objet que Thomas y avait dissimulé. Gisant sur les genoux de Morgane, je vis celle-ci baisser le sous-vêtement de Thomas, d’où jaillit un long dard turgescent, doté d’une tête étrange. Était-ce là le sexe d’un homme ?

Sur le portant juste au-dessous du mien, j’avais entendu nombre d’histoires et de légendes, quand je dressais l’oreille pour capter les conversations des culottes. Ces dernières ne cessaient de spéculer sur les mystères du sexe, celui des femmes qu’elles devaient masquer, mais également celui des hommes. Qu’y avait-il entre leurs jambes ? Était-ce juste un espace vide et lisse, à l’image de l’anatomie des mannequins de plastique ? Ébahi d’avoir percé un premier mystère, j’observais le serpent de Thomas, dont la veine apparente courant sur sa longueur suggérait qu’il était tendu à l’extrême. Dès lors, j’eus hâte de découvrir Morgane à son tour, dans sa nudité la plus totale.


Sans quitter Thomas des yeux, elle me saisit nonchalamment et me posa sur la table de chevet, avant de s’allonger au travers du lit. Thomas, nu comme un ver, avança vers elle et lui tendit un oreiller. Elle eut à peine le temps de s’installer : il lui avait déjà ôté sa culotte avant de la jeter dans ma direction. Le sous-vêtement termina son vol plané près de moi. Une grosse voix rauque retentit alors à mes côtés :



Je n’avais pas rêvé. Ce grognement provenait bien de la culotte qui venait de me rejoindre. Je ne parvins pas à étouffer un gloussement. La culotte ronchonna à nouveau, de sa voix singulière :



Je ne répondis rien à cette remarque discriminatoire mais déclarai à ma compagne bougonne :



De notre place, nous avions une superbe vue de profil sur la longue perche dressée de Thomas, resté debout. Son étrange mollusque formait un angle droit par rapport à la ligne de son buste. Il s’agenouilla entre les jambes de Morgane, qu’il écarta doucement. Entre les compas de celle-ci, il y avait une fente, lisse et dorée comme le reste de sa peau. Les deux lèvres charnues de l’endroit semblaient renfermées comme un petit animal rose, luisant d’humidité. Ma compagne culotte n’avait donc pas menti sur ce détail. À genoux sur le lit devant sa belle, Thomas posa les mains sur son corps et en explora chaque parcelle. Entre ses jambes, sa bouche s’attarda. Je ne distinguais pas ce qu’il faisait mais ce baiser singulier semblait particulièrement agréable pour Morgane. Le corps de celle-ci se mit à onduler, puis à trembler. Elle laissait échapper des vocalises qui gagnèrent bientôt les aigus. Leur intensité finit par réveiller la mauvaise humeur de ma voisine.



Je ne prêtai pas attention à sa remarque, tant j’étais fasciné par le spectacle qui se jouait devant moi. Au bout de quelques minutes, un cri extatique de Morgane manqua de m’inquiéter. Thomas se redressa et la regarda avec un sourire, qu’elle lui rendit. Morgane était radieuse mais semblait avoir besoin de reprendre son souffle. Je n’oublierai jamais la tendresse, l’intensité de leurs regards plongés l’un dans l’autre à cet instant. Puis les yeux de Morgane pétillèrent avec malice et elle avança une main vers le dard tendu vers elle, qui lévitait au-dessus de son ventre. Le plaisir, je le compris alors, était le centre de ce jeu.


Leurs corps se mêlèrent, s’emboîtèrent dans les positions les plus variées. Le couple tangua avec grâce, puis avec frénésie. L’épisode fut intense. Dès lors, le premier bain que m’offrit Morgane ensuite m’aida à me remettre de mes émotions. Pendant plusieurs minutes, je me prélassai dans un tunnel métallique gigantesque rempli d’eau et de mousse. La vue qu’offrait le hublot de verre n’était pas exceptionnelle mais je savourai pleinement l’expérience. Bercé par de légers remous, je baignais dans une chaleur qui présageait une vie remplie de douceur.


Je passais la plupart de mon temps dans une boîte avec d’autres soutiens-gorges comme moi, de tous styles et de couleurs très variées. Pour tromper l’ennui, comme je le faisais auparavant sur mon portant, je conversais avec mes compagnons. Ils m’apprirent énormément sur Morgane et ce qu’elle attendait de nous tous. Bientôt, je compris que je comptais parmi ses préférés, rangés en première ligne de notre tiroir. Après le bain et le séchage, elle nous pliait soigneusement et nous rangeait, les uns contre les autres, juste à sa portée. En mon for intérieur, je ne pouvais m’empêcher de plaindre les autres, ceux du fond de la caisse, qui ne voyaient que très rarement le jour et les seins de notre propriétaire. Les autres, c’étaient les vieux, les troués, les trop-petits, qui envers nous, les neufs, montraient une sagesse à la mesure de leur vécu. Quant aux brassières de sport, calées dans un angle du tiroir, elles étaient peu loquaces, et pour cause… Leur vie n’était que sueur, courses folles et bains brûlants. Même Morgane ne prenait pas le temps de les regarder. Aucun de nous n’enviait leur vie. Mais devions-nous envier davantage le sort funeste des culottes, qui occupaient le tiroir attenant au nôtre ? Pouvait-on leur reprocher d’être souvent bougonnes, à l’instar de mon associée bleu roi ?


Périodiquement, Morgane m’extirpait de ma place et je retrouvais avec délice la chaleur de sa peau. Aux beaux jours, la lumière me parvenait souvent à travers l’étoffe des vêtements légers qu’elle portait. J’appréciais la douceur de ses petits chemisiers fluides ou de ses robes dont les décolletés plongeants m’offraient des courants d’air rafraîchissants.


Lorsque Morgane me portait en présence de Thomas, j’attendais impatiemment leur prochaine étreinte. Depuis ma première expérience de voyeur, il y en avait eu beaucoup d’autres, mais toujours dans la chambre. J’y étais le témoin, direct ou indirect, de leurs ébats, tantôt calé au fond de mon tiroir, tantôt posé à proximité du couple. Sur le lit, au sol ou même en équilibre précaire sur le bord de la commode, suite à l’un de mes splendides vols planés qui finirent par devenir une banale habitude. Un jour, je découvris la pièce qu’ils appelaient « cuisine ». Morgane me portait avec mon associée sous un vêtement qui nous était inconnu. C’était un tablier de coton plutôt laid à carreaux rouges et blancs, qu’elle avait choisi de nouer autour d’elle directement sur sa lingerie.



Pour une fois, j’étais d’accord avec mon amie car cette tenue tranchait avec le bon goût vestimentaire habituel de Morgane. Celle-ci s’affairait en cuisine comme à son habitude. J’entendais le son d’un instrument sur du bois, d’aliments que l’on tranche. Puis, il y eut un grésillement de friture et je distinguai des volutes de vapeur par le décolleté du tablier. Une porte s’ouvrit et la voix de Thomas nous parvint :



Je risquai alors un commentaire à l’attention de mon associée culotte :



Je ne commentai pas la réponse de mon amie, décidément trop différente de moi pour que je puisse la comprendre. Le son de baisers nous parvint et je sentis le torse de Thomas se presser contre moi.



Morgane se mit à rire quand il la plaqua contre la table à proximité. Les baisers se poursuivirent et je vis les mains de Thomas passer sous le tablier. Ses doigts explorèrent les hanches et le ventre de Morgane, puis disparurent sous la culotte. Je sentis Morgane tressaillir. Sans voir ce que Thomas faisait, je savais que son majeur s’était immiscé dans la fente humide de Morgane, la caressait et s’enfonçait en elle de temps à autre. De ses deux mains habiles, il fit glisser la culotte au sol et dénoua les liens du tablier, qui termina au sol à son tour. Je me retrouvai exposé face à Thomas qui posa sur moi un regard avide. Jolie cuisine équipée, remarquai-je au passage. Le beau mâle ôta son T-shirt d’un geste et posa ses paumes sur moi. Il me caressa doucement, flatta mon satin, effleura délicatement mes bretelles. Sensuels, ses pouces massèrent ma dentelle sur les tétons de Morgane. Je sentais la chaleur de ses doigts en même temps que celle des seins de ma propriétaire. Ce jour-là, j’eus l’impression d’être un peu la belle de Thomas. Certes, c’était Morgane qui savourait ses attentions, mais je ressentais le plaisir déroutant d’une créature à laquelle on allait faire l’amour. J’avais envie, peut-être autant qu’elle, qu’il me prenne avec passion entre ses bras. J’avais envie, à la place de Morgane, de défaire son pantalon et de caresser vivement son mandrin pour le faire durcir à son maximum.



La saisissant par la taille, Thomas retourna vivement Morgane face au plan de travail, ce qui la fit lâcher la cuillère, ou plutôt le sexe dressé. Accoudée sur le marbre blanc, elle ne portait plus que moi. Je sentais son cœur s’emballer, sa respiration accélérer follement. Debout derrière elle, Thomas caressait ses fesses et frottait son pieu contre l’intérieur de ses cuisses. Sans crier gare, il saisit l’une de ses jambes pour la poser sur le plan de travail, et pénétra sa compagne. Son bassin viril s’agita et je me sentis tanguer en une cavalcade inhabituellement sauvage, au-dessus de cette surface où traînaient encore épluchures et tranches de courgettes. De ses mains brûlantes, Thomas enveloppa fermement chacun de mes bonnets et accéléra ses mouvements de va-et-vient. Longtemps, il lui a fait l’amour dans ces circonstances insolites à mes yeux, et j’ai fait l’amour avec eux. Longtemps, il l’a baisée sauvagement, et moi… il ne m’a pas lâché.


Ma nostalgie est vive en pensant à cette période de ma vie. Aujourd’hui, je me repose au fond de mon tiroir et raconte mes péripéties aux nouveaux venus. Désormais, je suis un « trop petit ». Le jour de mon délaissement est arrivé insidieusement, à mesure que le ventre de Morgane s’arrondissait au fil des semaines. Un enfant, c’était le résultat de leurs jeux, de nos jeux de séduction. Cependant, je n’en veux nullement à Morgane : avant de tomber enceinte, elle m’a fourni une forme de consolation qui atténue ma frustration actuelle. Ce jour-là, il y a un an environ, mon sommeil avait été interrompu par la lumière du jour. Deux visages féminins observaient l’intérieur de mon tiroir : Morgane et sa meilleure amie Estelle. Le ton de Morgane était véhément :



Estelle promena un regard hésitant sur nous tous et finit par poser la main sur moi. Elle me sortit timidement du tiroir, me contempla avec un sourire et murmura :



Elle posa des yeux interrogateurs sur Morgane, qui parut gênée.



Je ne me rappelle ni la suite de la conversation ni l’heureux élu qui partit ce soir-là pour un rendez-vous en amoureux. Seuls quelques mots résonnaient en boucle dans mon esprit. Des mots qui représentent encore pour moi une précieuse récompense pour les services rendus et la plus belle marque d’affection que Morgane aurait pu m’offrir : j’étais son préféré. Elle ne me porte plus mais je dors encore au fond de son tiroir. Elle me garde comme un trésor, même si je ne suis que son soutien-gorge.





Une histoire écrite de mes mains, pour mon personnage sans bras… et nourrie de mes idées et de celles d’Arnaud, lecteur de Rêvebébé. Merci à toi pour ton imagination !