n° 22612 | Fiche technique | 93414 caractères | 93414 16351 Temps de lecture estimé : 66 mn |
01/09/24 |
Résumé: Une jeune fille bien sous tout rapport rencontre l’homme idéal pour sa première fois. Idéal, vraiment ? | ||||
Critères: fh ff ffh amour init | ||||
Auteur : Claude Pessac Envoi mini-message |
Projet de groupe : Les premières fois |
Even Closer : Série télé allemande (très chaude ! visible sur le replay de TF1), qui raconte les aventures de jeunes danseurs en coloc à Hambourg. Le premier épisode s’ouvre sur le coup de foudre de Feli, jeune fille sage et vierge, pour un mystérieux bellâtre rencontré dans une soirée. Feli s’offre sans retenue. Mais au moment fatidique, le type s’enfuit : il la plante là, quasi nue, sans explication aucune, laissant la pauvrette désarçonnée, déconfite et… toujours vierge. Les six épisodes de la première saison n’apporteront pas de réponse à l’héroïne désemparée et il semblerait bien que la deuxième saison d’Even Closer ne verra jamais le jour (trop explicite ? ). Dommage !
Mais qu’est-ce qui pourrait bien expliquer la fuite d’un garçon qui s’avère pourtant être un fieffé queutard ?
Le texte qui suit s’inspire très librement du pitch de cette série.
Maggie, assise sur son lit, jambes pendantes, s’est penchée en avant : son regard écarquillé me scrute. Avide de savoir !
Je me sens un peu bête, mal à l’aise. Il n’est pas dans mes habitudes de parler de ce genre de choses, de sujets aussi intimes. En fait, je n’ai pas l’habitude de parler de moi. Surtout à une presque inconnue. Cela ne fait que deux jours que j’ai intégré la coloc, deux jours que je dors dans la couchette tiroir du lit coffre de Maggie : les meubles commandés sur Internet par mes parents ne seront livrés que dans cinq jours ! Disponibles et livrables immédiatement, annonçait le site, tu parles !
Elle est sympa Maggie : gaie, souriante, bavarde et décontractée. Vraiment cool ! Un chouïa trop peut-être pour moi. Dans l’appart, elle se balade le plus souvent simplement en slip et tee-shirt, mais c’est en fait le dress code en vigueur ici. Et bon, en définitive, elle est extrêmement sage en fait comparée à certains des quatre danseurs de la coloc : si Florian et Sandrine sont à peu près aussi décents que Mag, Victor, lui, traverse volontiers l’appartement à poil pour aller se doucher. Ou pour lézarder dans le canapé. Ou… en fait, il est quasiment toujours à poil ! Quant à la sculpturale Marie-Lyne, elle se contente régulièrement d’un string ultra minimaliste (quand elle ne l’oublie pas… notamment lors de ses exercices sur la barre de pôle-dance : chaud show ! ) et elle vous promène sous le nez son ahurissante poitrine avec un air de supériorité princière. D’accord, c’est vrai que les températures sont élevées en cette mi-septembre, mais tout de même : pour quelqu’un de pudique comme moi, c’est un poil too much ! Bon, pour ne pas passer pour une oie blanche (que je suis ! ), j’ai adopté la tenue réglementaire, mais Petit-Bateau et tee-shirt opaques. Oh, ma Doue1, si mes parents débarquaient un jour à l’improviste ! Nez à nez avec les nudistes ! Scandal in the bretonnante family !
Pour l’heure, je suis mal à l’aise donc, d’autant plus que je me trouve en position d’infériorité sur mon matelas au sol. Assise au bord du sien, Maggie me surplombe. D’où je suis, j’aperçois les rondeurs de ses seins à peine cachées par son crop top de nuit. Une vision qui par réaction spontanée m’a fait croiser les bras sur les miens. Quant au drap que j’avais remonté jusqu’aux hanches quand je m’étais mise au lit, il grimpe encore pour masquer les deux ou trois derniers centimètres visibles de mon ventre plat. Mam’zelle Coinçouille !
Maggie avait tout de suite remarqué mon air chafouin lorsqu’elle s’était réveillée : j’avais fait tout mon possible pour être silencieuse, refusant même de fouiller mes valises dans le noir pour changer de sous-vêtements. Comme coucher toute nue m’était parfaitement inenvisageable, à la guerre comme à la guerre, je m’étais glissée sous les draps avec mon slip et mon tee-shirt pas vraiment immaculés… Mais donc, malgré mes précautions, Maggie s’était réveillée et avait allumé le plafonnier : il faut croire qu’elle a le sommeil léger.
Comme je fais la sourde oreille, elle étend une jambe, glisse un pied sous mon débardeur coton, repousse mes bras et m’aplatit assez durement un sein. Elle insiste, me promet les pires tortures qui soient, genre infernales chatouilles.
Je cède. Elle veut que je déballe ? Ben d’accord, tu vas être servie, ma chère, et tant pis si je passe pour une conne. Ça me fera du bien de raconter en fait : il vaut mieux que ça sorte !
Je ferme les yeux.
Maggie jubile !
Tout sourire, Maggie hoche la tête, darde une langue frétillante.
Je pouffe, l’image est rigolote, assez poétique en fait.
Mon auditrice fait la moue :
Devrais-je lui avouer que ce soir, précisément, j’ai troqué mes culottes en coton pour un mini-slip résille rouge ? À croire que j’avais une idée derrière la tête. Mais bon, glissons !
Impudique, Maggie a troussé son top, elle malaxe allégrement ses seins blancs et du bout des doigts, agace ses tétons roses déjà érigés pour les dresser plus encore. Gênée, je détourne la tête. Lui aurais-je alors servi une moue désapprobatrice ? Toujours est-il qu’elle réagit au quart de tour !
Ne voulant pas paraître trop nouille, je me retiens de cacher à nouveau mes seins avec mes bras, je me contente de les frôler distraitement au travers de ma finette.
Maggie a définitivement viré son top. Du pied, elle trousse ma chemise et dévoile ma paire sans que je ne m’oppose aucunement à la manœuvre ! Les yeux fermés, je revis cet instant dans le parc. Ces quelques instants de bonheur intense !
Je soupire, lamentable. Je quitte à la seconde la gloriette enchantée. J’ai les yeux au bord des larmes.
Je ne peux me retenir de pleurer ! Les digues ont cédé.
Je dodeline du chef.
Maggie quitte son lit et tombe à genoux sur mon matelas, elle fait voler mon drap. Elle sourit, petit hochement de tête approbateur en découvrant mon slip résille rouge. Elle repousse fermement ma cuisse gauche et plaque sa main sur mon sexe. Elle me palpe, doigts légers, auscultation non intrusive (oui bon, mais quand même ! ), puis elle retire sa main. Je l’ai laissée faire sans réagir, j’en suis incapable. Totalement amorphe ! Anéantie !
Anéantie, désemparée, honteuse, j’avoue :
Maggie affiche des yeux ronds comme des soucoupes, elle est bouche bée, sidérée ! Quelques secondes s’égrènent avant qu’elle ne retrouve l’usage de la parole.
Elle est sciée, la rousse ! Estomaquée ! Époustouflée ! Et moi donc !
Dans les minutes suivantes, nous cherchons vainement une explication plausible à cette bérézina, mais rien, aucune piste, aucune explication. Ma « nouvelle meilleure amie au monde » s’emploie à me rassurer :
J’essaye de me convaincre qu’elle a raison, j’y arrive plus ou moins, mais je n’en reste pas moins malheureuse comme une pierre. Je suis passée à côté du Grand Soir ! Ni or, ni argent, ni bronze, je suis passée loin, très loin du podium céleste !
Ma réaction brutale, scandalisée à cette question, fait largement sourire la rousse qui s’est allongée à mon côté. Elle me caresse les cheveux et me glisse un bisou de temps à autre sur le front ou dans le cou.
Maggie rit franchement :
Comme je fais la moue, elle insiste :
Elle est si péremptoire que j’admets cette possibilité… et le reste aussi, mais je me garde bien de l’avouer ! Et puis, quoi qu’elle dise, des images me reviennent et embuent ma vue. Je suis trop nulle !
Mag se redresse d’un coup, comme piquée par une guêpe et m’agite un index menaçant sous le nez :
Axel ? Bof ! Pas vraiment du genre à me faire flasher ! Florian, un des quatre danseurs de notre communauté, oui, avec lui, je serais partante. Mais Axel, l’étudiant en histoire, il n’a vraiment rien d’un ténébreux athlète méditerranéen : vaguement plus grand que moi, blond tendance roux, lunettes d’intello miro, fin, mais pas sportif pour un penny et toujours plongé dans ses bouquins. Un intello, quoi ! Supra-hyper gentil, serviable c’est vrai. Mais…
Je tombe des nues !
Pour être là, elle est bien là, l’adorable garce ! Et puis, qu’est-ce qu’elle veut dire avec son « pour le reste, je suis là » ?
Je suis allongée sur le dos, bras croisés au-dessus de ma tête. Elle est collée tout contre moi, allongée sur le flanc, tête relevée reposant dans sa paume, coude gauche plié. Son corps me chauffe et… je dois bien m’avouer qu’il ne s’agit pas uniquement de simples transferts cinétiques de chaleur entre nos peaux plaquées. C’est un autre brûlot qui s’est allumé en moi, qu’elle a allumé et qui plonge jusqu’au delta de mes cuisses. Oui, c’est clair, cette fille me chauffe ! Non, mais, attends ! Allo ! J’hallucine ! Une fille me chauffe ! Je n’en reviens pas ! Unbelievable !
J’ai beau fixer le plafond, je capte ses mouvements périphériques. Je ne vois pas sa main droite, mais je perçois des mouvements contre ma cuisse. Je suis sûre qu’elle a glissé sa main dans son slip !
Calmos, tranquilou ! Parfaitement sereine. Elle se trifouille la minouche, là, contre ma cuisse et moi… moi, je ne proteste pas ! Pour être franche, je n’ai aucune, mais vraiment au-cune envie de protester ! J’ai d’autres, bien d’autres envies à cet instant. Envie de folies insensées, envie de débauches incontrôlées. Envie d’elle, oui, OUI, j’ai envie d’une fille, de cette fille ! Non, mais tu le crois, ça : j’ai faim de ses seins, de son ventre, faim de sa chatte brûlante ; je veux que sa bouche explore mon corps, ma poitrine, que son museau de musaraigne se glisse entre mes cuisses, se ventouse à mon pétard en feu, envie qu’elle me défrise la chicorée ! Oui, c’est aussi simple et incompréhensible que ça : j’ai furieusement envie de cette fille !
Comme je reste silencieuse et immobile, incapable de réagir alors que je suis définitivement prête à me laisser faire, à m’abandonner à elle, Mag confesse d’une petite voix étrange :
Je pouffe !
Je déglutis avec peine.
Elle change de position, descend légèrement sur le matelas, me dépose un bisou dans le cou, un autre sur mon épaule. Une main s’est glissée sous l’élastique de mon slip, le fait riper sur ma hanche, passe de l’autre côté, l’abaisse plus encore. Mag se redresse, éclatant sourire aux lèvres.
Oh please, continue Mag, ne t’égare pas, ne t’arrête pas surtout ! Encore un petit effort, achève la libération complète de mon… amande, comme tu l’as si joliment nommée. Délivre-la, expose-la à tes regards : je l’offre à tes doigts, je l’offre à ta bouche ma pauvre fauvette affolée que j’imagine toute quadrillée par la résille, marquée par le filet trop serré depuis que ma prunelle, enflée par le désir et la sève, s’est gonflée en pêche-abricot.
Je n’y tiens plus : je soulève mes fesses puis mes jambes et me débarrasse finalement moi-même, presque rageusement de l’encombrant qui vole sur le lino, très vite rejoint par le string ficelle de Maggie.
Nous voilà nues. Dire que mon cœur bat la chamade serait un doux euphémisme : mon palpitant s’affole à m’en faire presque mal ! Et il n’y a pas que mon cœur qui s’emballe : nos mains, nos jambes qui s’entrelacent, nos sexes aussi qui se frottent avec une vigueur quasi douloureuse, s’éliment presque. Je suis transportée par ces débordements, ces folies délicieusement débauchées. Elle est belle la louloute, une peau ivoirine tavelée de taches de rousseur, des seins orgueilleux dont les tétons pâles pointent insolemment, une… amande, totalement écalée, un bombé tout nu surplombant un canyon d’où s’échappent d’abondantes et fragiles napées vermillon. Proprement ahurie, je réalise que je me régalerai voracement de tous les trésors qu’elle m’offre.
Mais si je suis prête à plonger résolument et avec défi dans une frénésie lesbienne, je ressens néanmoins un manque qui me trouble au plus haut point. J’ai peur, peur de choquer ma douce amie, peur qu’elle interprète mal ce besoin qui me taraude, qui me paralyse, peur qu’elle se moque de moi. Peur du ridicule. Le ridicule, ce sentiment imbécile qui m’a si souvent interdit de vivre pleinement ma vie, d’assumer mes choix et ma totale liberté.
Maggie a senti mon corps se contracter, mes mains s’immobiliser, mon souffle se saccader. Elle a abandonné le sein qu’elle couvrait de baisers et plonge son regard dans le mien.
Mag sourit, indulgente amie.
Le profond soupir de soulagement que je lâche, mon corps qui se détend lui font tout comprendre.
Ses lèvres viennent effleurer ma bouche, s’enfuient un instant pour revenir plus pressantes, plus avides. Prenant sa tête dans mes mains, je scelle sa bouche sur la mienne. Je suis, nous sommes toutes deux, je le sens bien, carbonisées par cette audace transgressive ! Mais rien de ce qui se passera cette nuit ne sera ni laid, ni trouble, ni honteux. Tout sera glorieusement assumé, librement revendiqué. J’offre ma bouche à sa gourmandise, elle happe ma langue, m’asphyxie.
Grossis par les milliers de ruisseaux, torrents et gaves en crues qui sillonnent nos corps, le Mississippi, le Nil et le Yang-tseu-kiang réunis charrient dans nos veines des flots chargés de cristaux pétillants qui exaspèrent délicieusement nos épidermes, avant de confluer tous, à former un tourbillon irrésistible qui plonge dans les profondeurs secrètes de nos deltas incandescents. Vagues scélérates qui loin de nous calmer nous jetteront sous peu, j’en suis certaine, dans une débauche forcenée que nous assumerons sans honte. Fières et triomphales amazones.
Pour l’instant cependant, aucune hâte ne nous presse, l’heure est encore à la découverte appliquée, patiente et curieuse de nos corps ardents. Si nos bouches n’arrivent pas à se séparer, nos mains, nos doigts s’aventurent entre nos cuisses. En duo, en miroir, nous partageons les mêmes agaceries délicates.
Pour être honnête, élève consciencieuse et plus timide que ma douce maîtresse, je reproduis exactement ses gestes, avec une fraction de seconde de retard quand je n’ai pas su les prévoir : des doigts légers survolent mes grandes lèvres, sans connaître la moindre urgence à les écarter, sans vouloir s’emparer surtout de mon clito décapuchonné ; ils papillonnent sur mon corail incarnat, viennent s’humecter dans les débordements de ma rivière tumultueuse. Nos microséismes se multiplient, s’amplifient. La rupture est proche lorsqu’un index (maladroit ? ) vient (par inadvertance ? ) coudoyer mon pistil orgueilleusement dressé. Dernier avertissement !
L’attente m’est par trop douloureuse, insupportable. Je veux, je dois, j’ai l’impérieux besoin de libérer toutes les forces qui bouillonnent en moi : je veux jouir, jouir avec elle, jouir par elle ! Jouir avant, bien avant que des doigts curieux ne viennent se présenter à l’entrée de mon défilé, qu’ils ne s’enfilochent dans mon vestibule.
Pour la première fois de la soirée, je prends le contrôle des opérations. Je m’attaque directement à la perle irisée de ma compagne. Caresses répétées, tour à tour douces et appuyées. Maggie a bien compris la manœuvre et la reproduit copiée-collée sur mon champignon. Il ne nous faut guère de temps pour que nous explosions, ou implosions, les deux sans doute tant le plaisir nous catapulte dans des enfers délicieux, vers des cimes étincelantes. C’est la furie, la furia, la féria qui nous atomise. Cris étouffés par nos bouches soudées, larmes de bonheur, tremblements erratiques de nos corps disloqués et pourtant confondus dans l’extase. La libération bienfaitrice des amantes volontairement transgressives !
Il faut croire qu’elle a de sacrées ressources, la mini garce, parce que moi, je suis encore totalement à l’ouest, au bout de la terre… Incapable de réagir, de bouger, même un orteil. Je redescends du ciel, légère et virevoltante comme une feuille d’érable à l’automne. À moins que je ne remonte des abîmes, triomphante nymphe fièrement dépravée !
Monter sur mes grands chevaux ? Tu parles, je serais bien incapable de monter même un poney Shetland… bonzaï, c’est dire ! Et de toute façon, je ne vais pas ruer dans les brancards : je sais parfaitement ce qu’elle va dire ! Elle m’agace d’ailleurs, ma mini-rousse, prodigieusement, à me griller la priorité !
Mais elle hausse immédiatement le ton :
Je ne la laisse pas continuer :
Séquence émotion, tendresse et câlineries. Douce complicité…
Et puis, le feu que l’on croyait éteint par notre sublime cataclysme renaît et embrase nos sens. Cette fois, je ne laisserais pas passer l’occasion : deux de mes doigts gaillards filent vers le tabernacle de la rousse volcanique qui s’empresse de reproduire mon geste.
Comme je la regarde, les yeux écarquillés, totalement médusée, voire vaguement inquiète…
Mag ne se fait pas prier : elle est d’une redoutable efficacité pour vous faire grimper dans les tours ! D’autant qu’agile comme une panthère, elle vient d’effectuer un 180 pour me coller sa jonque sur le museau. Trop bon ! Quand je pense aux crétins renifleurs qui… Ils n’savent pas c’qu’ils perdent ces cons !
N’empêche qu’il y a quand même un truc qui me turlupine…
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Miguel Turquin me regarde, sidéré : sûr qu’il ne capte rien à ce que je viens de lui déballer et j’imagine bien que mon langage et mes menaces pas très déontologiques ne sont pas exactement ce qu’il attendait de la part de son défenseur !
Lorsque je suis entrée dans le box de l’Hôtel de Police de Versailles, je me suis bien gardée de le saluer d’une quelconque manière. Je me suis contentée de me présenter. Sobrement. Sèchement.
Bien que j’aie épousé son fils aîné et adopté son patronyme, mon beau-père a tenu à ajouter mon nom de jeune fille à l’intitulé de l’étude lorsque je suis passée associée. Ça claque un double nom sur la carte de visite. Mon patronyme étant celui du chef des chouans de 1792, les Bretons ardents partisans du roi, ça colle bien pour une étude située à deux pas du château de Versailles. J’espère juste qu’en associant un de ces jours mon adorable beauf, son fils cadet, il ne nous transformera pas en Cadeville-Cadeville & Cadoudal. Point trop n’en faut !
Quatre jours plus tôt, mon beau-père était venu déposer le dossier Turquin-Mallard sur mon bureau. Comme je lui demandais de quoi il retournait, Joli Papa m’avait paru comme… gêné aux entournures !
Comme un léger sourire avait subitement détendu ma physionomie jusque-là très pincée, le bonhomme s’était empressé de fournir des explications.
J’adore mon beau-papa, pompeux et grand siècle, qui sous ses airs raides et compassés, est en réalité un gros nounours tendrissime et irrémédiablement fidèle à son épouse qu’il idolâtre. C’est sûr que j’aurais été plus qu’étonnée d’apprendre qu’il eut pu, un jour, tromper sa gracieuse Flore !
Et comment donc ! Je m’étais plongée dans le dossier avec une impatience certaine : les patronymes énoncés avaient allumé une petite lumière dans mon esprit. Un gyrophare, même !
La découverte des prénoms des protagonistes avait confirmé mes doutes : la machine à remonter le temps m’avait immédiatement ramenée à une certaine colocation lyonnaise, joyeusement libertaire, pour ne pas dire carrément libertine. Époque bénie que ces années bonheur avec Sandrine, Victor, Florian, Marie-Lyne, Axel, et quelques autres au fil de mes six années d’études et stages à Lyon. Et non, évidemment, je n’oublie pas Maggie, ma passionaria flamboyante !
… Jamais de la vie
On ne l’oubliera la première fille
Qu’on a pris(e) dans ses bras »
Je ne suis pas vraiment pas certaine que le grand Georges ait pensé une seule seconde à des « colombes en plein vol à deux au ras du sol » en écrivant cette chanson. Mais est-ce pour éviter toute ambiguïté qu’il avait commis la faute d’accord dans son texte original avant de très vite rectifier dans la plupart de ses enregistrements studio et live, enfin, en public comme on disait dans les années cinquante… Peu importe, je ne t’oublierai jamais Maggie, je ne t’oublie pas et te chéris, « toi qui m’as donné le baptême d’amour et de septième ciel » que m’avait refusé un bellâtre iconoclaste.
Lui non plus, je ne l’ai pas oublié, mais je n’ai jamais chéri son image. No regrets ! Mais je dois bien reconnaître que je me suis interrogée et me questionne encore sur les raisons de sa… débandade – le terme me semble bien choisi. Simple interrogation intellectuelle dénuée de toute sentimentalité et chagrin.
Peut-être en aurait-il été autrement si je ne l’avais pas retrouvé, assez rapidement… Trois mois plus tard, à la fac.
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Je sors de mon TD quand je le reconnais immédiatement dans le couloir. Il ne me voit pas, trop occupé qu’il est à bécoter et peloter une bimbo outrageusement peinturlurée. S’ils marchent à contre-courant de tous les étudiants, c’est qu’ils doivent se chercher un coin tranquille… Je les piste à distance raisonnable. Ils entrent dans une salle, mais sont trop pressés pour bien refermer la porte derrière eux.
Qu’est-ce qui m’a pris de saisir immédiatement mon téléphone pour filmer leurs ébats ? Leurs ébats, car de toute évidence, ils n’étaient pas entrés dans ce débarras pour y faire du rangement. Planquée derrière une étagère, mon phone dans l’unique espace existant entre deux bouquins, je zieute et filme. Ils sont quasiment en face de moi, à trois mètres de distance. Après de fougueuses pelles, la blonde s’écarte de Raph, déboutonne son chemisier qu’elle laisse tomber au sol. Elle fait ballotter ses grosses loches avant de se défaire de son soutien-gorge. Je rigole in petto, car les nibards libérés viennent de dégringoler sévère ! Moi, c’est vrai, je n’ai pas des gros gros nichons, mais au moins…
Sourire aguicheur de la strip-teaseuse qui continue son effeuillage, patiente une seconde quand Raph enlève son polo (faudrait surtout pas qu’il en rate une miette ! ). Elle fait descendre sa mini, centimètre par centimètre, découvre ses hanches. Une vraie pro, elle fait tournicoter une langue aguicheuse sur ses lèvres, ondule du bassin, minaude, alors qu’une touffe abondante apparaît peu à peu. Touffe très très sombre pour une prétendue blonde… La jupe descend encore.
Non, mais, je le crois pas, elle est à poil sous sa ras-la-touffe ? Depuis ce matin ? En cours ? Non, pas possible, cette salope a dû enlever son string juste avant de rejoindre Raph !
La mini-jupe tombe au sol à son tour, la gogo girl tourne sur elle-même, se penche et présente son cul, se dandine en écartant les jumelles.
« Pfeuh, elle a la fesse triste, la grosse »
Bon, ok, il est possible que je ne sois pas très objective… On ne peut raisonnablement pas dire qu’elle soit grosse. Non ! Mais par contre, elle a bel et bien la fesse triste !
Se retournant face au bellâtre, elle s’accroupit, cuisses ouvertes, et avec ses doigts, écarte les lèvres de son sexe : il faut bien ça pour que gravure de mode distingue les éléments enfouis dans sa sombre forêt luxuriante !
Visiblement, il apprécie la marchandise, le con. À poil, lui aussi, il exhibe une érection intéressante, mais de loin pas aussi phénoménale que j’avais imaginée. J’en connais un qui n’a pas à rougir à côté de lui ! Oui bon, là non plus je ne suis pas forcément objective, je suis trop loin de toute façon pour juger de la pièce. Mais quand même…
Tout ce que j’espère, c’est que la vraie fausse blonde ne va pas tomber à genoux pour s’extasier devant la bébête et s’engager dans une turlute interminable. J’ai autre chose à faire, moi !
Je veux juste savoir…
Aurais-je pensé trop fort ? Toujours est-il que Raph, après avoir enfilé un petit manteau en latex, attrape la joyeuse commère sous les fesses et la positionne sur une table à côté. Quand je dis positionne, c’est le terme approprié : il s’y reprend à trois fois pour placer le cul de la garce exactement au bord de la table, à l’endroit précis qu’il souhaite. Il se recule même d’un pas pour juger du résultat ! Satisfait, il relève les gambettes de la gazelle, se les cale sur les épaules et, geste particulièrement élégant, crache franchement dans sa main avant de lui frictionner le barbiquet ! Beurk ! Il s’attarde trois secondes huit dixièmes sur la boîte à ouvrage, mais visiblement néglige totalement le clito, et…
En voiture, Simone ! Sans tambour ni trompette, à-la-va-comme-j’te-pousse, il enfourne sa gaule d’un coup dans la boutique. Le coup est rude, Brutus !
« Tu hoquettes, ma fifille ! »
Si elle a commencé par accuser l’estocade, la blondasse couine illico bien fort comme la grosse truie qu’elle est (oui, je sais, elle n’est pas grosse, mais un peu flasque tout de même ! ). Je suis persuadée qu’elle jouira en braillant à tue-tête pour flatter l’ego de son amant qui la ramone sévère, mais je ne serai plus là. J’en ai assez vu ! Je me retire en claquant volontairement très fort la porte : si ça pouvait les couper dans leur élan…
Dans le couloir, je cours pour fuir cet épisode sordide. Très en colère, je réalise néanmoins que je l’ai échappé belle : ce n’est rien qu’une brute, ce mec, et la séquence crachat-barbouillage de barbu me révulse plus que tout. En fait, tout ce que j’ai vu me dégoûte : il n’a manifesté aucune empathie, aucun respect pour la bombasse, aucun partage ! Il l’a traitée comme un vulgaire bout de viande ! Pour un peu, j’apparenterais cette scène à un viol si la pétasse n’avait pas été si clairement consentante.
Mais bon, je suis venue, j’ai vu, j’ai comprendu et une chose est avérée : ce salaud ne rechigne pas à baiser !
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Le soir, à peine rentrée, j’avais filé dans la chambre de Maggie pour lui montrer la vidéo. Elle avait apprécié la performance à sa juste valeur !
Dès le lendemain, Sido 007 était entrée en jeu.
Première étape, le camouflage ! Désormais, je n’irai plus à la fac que cheveux relevés en chignon strict, tenues hyper classiques, ternes, passe-partout passe-murailles, mes lunettes vaguement bleutées en permanence sur le nez alors que je ne les porte normalement que pour bosser sur ordi, une touche de fard pour dissimuler mon grain de beauté Cindy Crawford et surtout, aucun maquillage des mirettes : ça n’a l’air de rien, mais c’est fou comme l’absence de ricil et d’eye-liner modifie radicalement le regard, et au-delà toute la physionomie du visage.
Deuxième étape, le matériel d’espionnage : j’avais acheté deux mini-caméras que j’avais idéalement placées dans ce que j’espérais bien être le baisodrome favori de ma cible. Grâce à leurs détecteurs de présence, elles captureraient les exploits du macho.
Troisième étape, le renseignement intérieur : en réalité, inutile de faire appel aux techniques élaborées de la CIA, j’avais facilement découvert l’identité réelle de Raph, le coach des handballeuses. Découvert également le nom de la vedette du premier show.
L’analyse des cartes mémoires vidéo récupérées au bout d’une vingtaine de jours m’avait appris plusieurs éléments. La fréquence : grosso modo, une nénette par semaine. Le comportement du Casanova : dans les trois séquences recueillies, il ne s’était jamais montré aussi brutal que dans la first one. Loin d’être un câlinou-chou, plutôt froid et détaché, mais relativement correct dans l’ensemble. Accessoirement, il était clair que le top-modèle n’était pas un marathonien ni même coureur de demi-fond, mais plutôt sprinter du 100 mètres, enfin… allez disons… du 400 haies, ce qui est loin d’être un exploit ! Du rapido-rapido ! Les vidéos avaient révélé une autre pratique très étonnante de la star des fashion-shows, à savoir qu’il glissait systématiquement un billet vert dans le soutif de ses conquêtes rhabillées : généreux, le bonhomme ? J’avais plutôt pensé à une façon pour lui d’avilir des partenaires qui ne protestaient d’ailleurs aucunement pour accepter le cadeau…
Ma carrière d’agent secret avait toutefois connu une fin prématurée : une sombre histoire de trafic de vitamines avait provoqué l’expulsion du bonobo de la fac…
Et puis le temps avait passé, j’avais d’autres chats à fouetter (j’adore cette expression, même depuis que j’en connais le sens probable et certes peu adapté à mon sexe. Quoique…)2. Mais j’ai toujours gardé au fond de moi cette horripilante interrogation : pourquoi s’était-il enfui ? Pourquoi avait-il refusé de conclure avec moi ?
À propos de conclure, rétropédalage !
Quatre jours après l’élaboration avec Maggie d’un plan d’attaque s’est présentée une opportunité intéressante : stage d’une semaine à l’École Nationale de Danse de Marseille pour notre groupe de danseurs. Marie-Lyne (toujours un œil sur Axel) râle jusqu’à ce que le Francilien annonce partir lui aussi en stage, à Paris. Rassurée, la gogo-girl…
Regard incendiaire à mon égard à l’instant où la tigresse part pour la gare juste après le petit-déj, soit une demi-heure avant l’horaire annoncé par l’étudiant en histoire.
Je suis certaine qu’elle n’a pas encore posé son joufflu dans le train qu’Axel, l’air de rien, nous avoue, à Maggie et moi, qu’en définitive, cette histoire de formation à Paris était du flan !
Je fais semblant de la croire, je la chambre même un peu pour donner le change !
À seize heures trente, la coquine disparaîtra effectivement dans la salle de bain, puis sa chambre, où elle s’apprêta longuement. Lorsqu’elle réapparut, tenue hyper sexy (waouh, une vraie diane chasseresse, on y croirait ! ) :
Axel et moi secouons la tête de concert. Négativement bien sûr et tout sourires !
Main gauche resserrée en forme de pot, je plonge deux doigts dedans avant de me barbouiller consciencieusement la bouche avec la supposée mousse au chocolat. Bien sûr, je n’oublie pas de balayer ma lèvre supérieure d’un coup de langue délibérément lascif.
Rires ! D’autant qu’Axel en rajoute en s’approchant de moi : tout frétillant, il tend une langue gourmande pour me nettoyer la bouche. Le ton est donné…
Depuis le matin, j’avais pu découvrir d’autres facettes du discret étudiant. Il avait révélé sa personnalité. Au-delà de sa gentillesse naturelle, de sa serviabilité spontanée et de son érudition brillante, mais sans prétention aucune, il s’était avéré compagnon agréable, bon cuisinier (à midi, il avait accommodé les restes du frigo avec dressage 3 étoiles Palace ! ) ; détendu et volontiers blagueur. Primesautier, aurait dit ma mère.
Bien sûr, ses petites blagues étaient pour la plupart relativement orientées, ce qui était bien logique puisque nous n’avions pas dérogé aux habitudes en vigueur dans la coloc : slips et tee-shirts pour tous les trois. Franchement, ce n’était pas le moment de perdre ces habitudes compte tenu de ce qu’était mon objectif du jour : mettre l’intello dans mon lit… ou dans le sien s’il préférait, pourvu qu’on y soit tous les deux. De plus, je dois avouer qu’à midi, en bonne petite maligne que je suis, j’avais bien involontairement maculé mon maillot de ketchup : « Oh, mais quelle cochonne je suis ! ».
Le banal tee-shirt avait été remplacé par un top tube rouge (le rouge me va si bien au teint ! ), évidemment fin et hyper moulant pour qu’il ne rate rien de mes tétons dressés : je suis de ces femmes qui pointent en permanence, excitée ou pas. Ajoutez à cela les regards qu’Axel rivait franchement et ostensiblement sur mes nichons, ils étaient bien souvent en érection maximale, mes fripons.
Quand après le départ de Maggie, le blondinet annonce qu’il va prendre une douche, je ne réagis pas, hoche à peine la tête sans lever les yeux de mon Dalloz. Mais sitôt que j’entends déferler la cataracte, j’entre dans la salle d’eau. Rien de très inhabituel en fait dans notre appart : il n’est pas rare que quelqu’un(e) vienne se brosser les dents alors qu’un(e) autre locataire se savonne derrière la vitre translucide de la douche à l’italienne. Et peu importe les sexes en présence.
Moi, en fait, là, je me suis précipitée… Ouf, il ne bande pas encore vraiment.
Me plantant de l’autre côté de la vitre, je lui offre un mini strip-tease. Mini, vu que je ne porte sur moi qu’un slip et mon top. Je ne quitte pas des yeux les réactions du bonhomme : s’il a les bras ballants, une certaine partie de son anatomie se développe rapidement à peine j’ai quitté mon haut. Je ne finasse pas et vire mon slip vite fait. Curieuse comme une fouine candide, je tenais absolument à assister à la levée des couleurs : je ne suis pas déçue ! Le perchoir à fauvettes, comme dirait Mag, est des plus con-vainqueurs a priori. Un vrai bâton de maréchal, en position inverse de l’aiguille d’un cadran solaire mural !
J’attrape la masse de mes longs cheveux, la divise en deux et noue un chignon rapide avant de me faufiler dans la douche. Comme je me mouille sous le jet en inclinant la tête en arrière, puis à l’inverse quand je lui présente ma face nord, Axel comprend que je ne veux pas d’un shampoing et coupe la cascade.
Axel me dépose un baiser appuyé dans le cou. Je frissonne. Il étale le gel douche et ses mains caressent doucement mon dos. Je n’ai pas le sentiment qu’il souhaite réaliser un profond peeling abrasif de ma peau ! Bien au contraire, douceur, calme, patience. Et volupté doucereuse pour moi.
Une ultime pudeur imbécile m’a empêché d’être plus explicite.
Ça, pour l’avoir sous la main, il l’a bien, mon joufflu ! Risque pas de lui échapper ! Il me malaxe gentiment les jumelles, (sacramente, c’est trop bon ! ), les caresse en long, en large, en travers, en relief et en diagonale. Lorsqu’il en vient à les écarter doucement et que des doigts frôlent mon étoile plissée, cette touchette furtive m’électrise : je me cabre et me retourne, avide de prendre ses lèvres, de respirer par lui. Je suis collée contre son corps, plaquant son membre sur nos deux ventres. À cet instant précis, pour être tout à fait franche, il m’importe assez peu en fait, le fier gourdin d’Axel ! Je n’aurais pas cru cela possible, mais mon corps tremblant n’a besoin que de sa bouche, de sa langue, de son souffle. Je suis en transe, en fusion, nos baisers sont si fougueux, si étourdissants, nos souffles si courts, précipités, affolés, que la tête m’en tourne. Heureusement qu’Axel me maintient, car mes jambes ne me soutiennent plus vraiment. Bien sûr, ce n’est pas là exactement un orgasme au sens strict du terme, mais quelque chose de si violemment doux, si délicieusement tendre que je m’en trouve magnifiquement épanouie et heureuse. À deux doigts d’être comblée ! Incredible ! Mais qu’est-ce qui m’arrive ?
Ma chérie ? Oh, bien sûr, là, dans le feu de l’action, je me doute bien que ces deux mots ne signifient rien de bien définitif et que je ne devrais pas y attacher une quelconque importance. Mais je ne peux m’empêcher de me répéter ces mots dans ma tête. Dans mon cœur ? M’enfin !
Je le regarde, un peu surprise. Agréablement surprise, en fait.
Notre première ? Notre première fois ? Oups ! Est-ce qu’il compterait remettre le couvert par la suite, souscrire un pass Navigo à durée illimitée et accès all inclusive ?
À peine rincés et vaguement séchés, Axel me prend aux épaules et me cale bien en face de lui. Nous sommes, j’estime, entre dix-huit ou vingt et un centimètres l’un de l’autre : son pénis me frôle à peine par instant…
Je panique ein bisschen : qu’a-t-il donc à me dire ? Là, à ce moment précis ? Il ne va pas se dérober lui aussi ?
J’acquiesce d’un clignement des paupières. Il sourit :
Il pose sa main sur ma joue et prend une grande respiration.
Il a posé son pouce sur ma bouche pour m’intimer au silence, mais scrute chacune de mes mimiques, tente de lire dans mon regard.
Ouh-là-là ! Je ferme les yeux. J’ai besoin d’assimiler la situation. Merde, dans notre plan, Axel ne jouait qu’un rôle d’initiateur pour moi et de déflorateur pour Maggie. Un coup, double, et point barre : merci Monsieur, ciao bye-bye, arriveder… chaud ! Bon, honnêtement, il n’y a rien qui m’étonne vraiment dans ce qu’il vient de dire, je le savais, plus ou moins. Non, ce qui me sidère, c’est le moment choisi. Il aime vivre dangereusement, le gars, car je pourrais bien lui rire au nez, le planter là et il se la met sous le bras sa bistouquette ! Ou alors, lui mettre les points sur les i, genre : « Holà, t’arrêtes les roucoulades, moi, je veux juste baiser ». Pas sûr que ce cas de figure soit très agréable pour lui… s’il est réellement amoureux de moi. Ou alors… Hé merde, c’était pas prévu, ça ! En même temps, je ne peux pas nier, me nier, qu’il s’est passé quelque chose depuis ce matin, quelque chose d’inattendu qui vient de m’exploser à la tronche et que mon désir, que mon attente sexuelle n’explique pas à elle seule les battements affolés de mon cœur ! Parce que merde, il tambourine mon palpitant ! Pas qu’un peu ! Non, là, vraiment, je suis paumée, littéralement perdue !
Il me faut quelques secondes, une éternité sans doute pour lui, mais je finis par les rouvrir, mes yeux : ils sont embués, je le sens bien. Je viens à mon tour poser ma main sur sa joue :
Dans sa chambre, sur son lit, nous avions longuement parcouru la carte du tendre. Explorations patientes, découvertes attentionnées de nos corps, caresses enivrantes. Lorsqu’il s’était aventuré à murmurer un tendre « Je t’aime », j’avais encouragé cette audace par un timide sourire et un clignement complice. Lorsqu’il l’avait répété, approchant mes mains aux doigts écartés vers ma bouche, je lui avais signifié qu’honnêtement, je ne pouvais en dire autant. Pour le moment. Pas à cet instant-là. Il avait parfaitement compris, cligné lui aussi des paupières, posé un instant son index sur mes lèvres et sourit avant de m’embrasser. Quel adorable garçon, qui m’avait ensuite par deux fois au moins conduite aux portes de l’extase, tempérant sagement ensuite mes envolées ! Pourtant, c’est à peine si nos mains avaient osé aborder nos sexes. Le mien surtout, car je me cabrais à chaque fois que ses doigts semblaient vouloir couler dans mon intimité. Jusqu’à ce que je craque, l’implorant alors :
Comment aurais-je pu imaginer la catastrophe qui s’était produite alors ? À peine s’était-il glissé entre mes cuisses, à peine avait-il voulu s’introduire en moi que la situation avait basculé. Je m’étais soudainement raidie, tétanisée, et alors que je mouillais comme une folle jusqu’à inonder mes cuisses et le drap, le flux de miel s’était tari instantanément. En une fraction de seconde, je m’étais retrouvée absolument sèche et c’était comme si toute ma cavité s’était resserrée, contractée. Refermée. Axel avait perçu le phénomène et n’avait pas osé forcer le passage.
Mon… AMOUR ? Mais non ! Mais OUI ! Mais… POURQUOI, pourquoi BLOQUER comme ça ?
Axel a compris que rien n’y ferait et il n’insiste pas. Il me berce pour me consoler :
Je pleure, beaucoup, avant de pouvoir à nouveau m’exprimer de façon intelligible ! Nous parlons alors, nous nous racontons. Quand je lui avoue ma situation de vierge dépucelée, il proteste, arguant que j’aurais dû le prévenir, qu’il aurait agi autrement. Je le coupe :
« Oh non, il me fait encore fondre, ce con ! »
Quand plus tard, sortant de la salle d’eau où j’avais pris une douche brûlante pour me décontracter, enveloppée dans une serviette bien trop petite pour masquer ni mes seins ni le reste, j’avais aperçu mon bonhomme en short, en train de transvaser les pâtes égouttées de la passoire à la casserole, je m’étais inclinée, appuyée contre le chambranle de la porte, dans une pose on ne peut plus provocante et j’avais légèrement toussé pour attirer son attention. Se retournant, Axel m’avait gratifiée d’une moue dubitative :
« Oh, mais oui, je comprends, pôvre chéri ! La casserole dans une main, une cuiller en bois dans l’autre, c’est sûr que tu es grave handicapé ! »
Je laisse tomber ma serviette, traverse la grande salle et arrive au coin cuisine. Je tombe à genoux aux pieds du cuistot et lui affale son short d’un geste vif : un beau diable en grande forme me fait le coup du Jack in the box : chtoïng-doïng ! Saturne 5 sur son pas de tir !
Vous êtes quand même incroyable les mecs ! En quoi ? Dix douze secondes, le vermisseau ridicule qui roupillait dans le short s’est transformé en cobra royal !
Magic System – Allez, allez, allez !
Je n’ai pas peur des serpents et la tête écarlate de celui-ci ne m’effraie pas du tout : et hop, je l’étouffe dans ma bouche… Parallèlement à mon entreprise de domptage de la bête, je glisse une main entre mes cuisses et m’emploie activement à bien me réveiller le dormeur du val ! Comme si c’était nécessaire…
Axel a posé casserole et cuiller et utilise ses mains libres pour me pétrir les nichons, mais je coupe court en fait : il faut savoir raison garder, depuis le temps qu’il attend pour cracher son venin, il doit être bien sensible le nanaconda ! Je me relève promptement, attrape mon charmeur de reptiles et l’assois sur une chaise.
Oui, je suis trempée, oui je suis ouverte, oui je suis prête à subir les derniers outrages. Enfin… les premiers en l’occurrence !
À califourchon sur les cuisses d’Axel, je trampoline allégrement sur le bâton, je saute encore et encore sur le pieu turgide qui me défonce vestibule, cuisine et arrière-boutique. Je suis folle, démente, échevelée, hagarde. Dieu que c’est bon cette bite qui me transperce, diable que j’aime cette pine enfournée en moi.
La position serait-elle inconfortable pour le porte-étendard ? Il me soulève, fait trois pas sans perdre notre connexion. D’un coup de pied, il fait riper le step-marche-pied de la cuisine et monte dessus : c’est qu’il est haut, le plan de travail !
Axel m’y dépose, entre évier et plaque de cuisson. Ça va chauffer ! Il prend le lead : ses mouvements sont moins heurtés que les miens, moins désordonnés, et tout compte fait largement plus dévastateurs que ma furie désordonnée. Ses va-et-vient sont calculés, il alterne vitesse et puissance, force et douceur dans mon fourreau d’amour. Je me laisse résolument glisser dans le lâcher-prise. Il monte dans les tours, je grimpe vitesse grand V les échelons de l’extase, le compte-tours dépasse la zone critique, le voyant de température de ma chaudière thermo-hystérique est bloqué dans le rouge !
Je m’atomise avant lui, je crie, ris et pleure tout à la fois, je crève le plafond de verre dont les éclats sont des milliers de lancettes brûlantes qui brasillent mon corps tout entier. Et le sentir exploser en moi m’extasie, le grand huit repart, s’inverse, encore plus affolant, toujours plus bouleversifiant. Je crawle à l’indienne (si-si, c’est possible ! ) dans un bonheur transcendant !
Des mots, rien que des mots, encore des mots ? Oh non, car bien au-delà de notre cavalcade, je sais ! Je sais… qu’il est l’homme de ma vie !
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Eh oui, j’ai bel et bien épousé mon « déflorateur ». Eh non, je n’ai même pas tenté, comme je me l’étais pourtant promis, de papillonner pour me constituer une pinothèque jusqu’à trouver le grand brun athlétique de mes rêves qui comblerait toutes mes attentes. À quoi bon perdre mon temps puisque j’avais trouvé l’homme, pas de mes rêves d’ado sans doute, mais indéniablement l’homme de ma vie. Ça, je l’avais compris d’emblée, car en plus d’être adorablement gentil, prévenant, intelligent, sensible et tutti quanti, il était aussi, et ça n’est pas négligeable pour moi qui me suis découverte totale obsédée sexuelle insatiable, un excellent coup, capable de me faire grimper (encore et toujours) aux rideaux (presque quasiment ! ) à chacune de nos joutes. Oh, j’en entends certains ricaner, arguant que je manquais singulièrement d’expériences et points de comparaison pour être aussi affirmative et péremptoire, mais quand le pot a trouvé son couvercle, inutile de farfouiller indéfiniment dans l’espace Arts Ménagers du concours… Lépine.
Au fait, au lendemain de notre première folle nuit, au petit matin, nous petit-déjeunions Axel et moi quand Maggie était rentrée. La petite souris, qui s’était faufilée en catimini, nous avait surpris, en slip l’un et l’autre, moi sur les genoux de mon amoureux et en pleine salade de museaux. Sortant de notre apnée, nous l’avions trouvée debout à trois mètres de nous, poings bien calés sur les hanches.
Je me précipite sur elle pour l’enfermer dans mes bras :
Je lui frictionne le dos avant de plaquer mes lèvres sur sa bouche. Mag ouvre de grands yeux d’abord, mais comprend que j’ai dû faire quelques confidences à Axel : elle se détend et me roule un sérieux patin.
Nous rions : Aurélia ne se cache nullement pas d’être bisexuelle ascendant foufoune…
Comme je glisse une main inquisitrice sous sa courte jupette, Mag me souffle discrètement :
Axel s’insurge :
Avec un bel ensemble, nous lui faisons face :
Axel réfléchit une seconde avant de répondre avec le (politiquement incorrect) accent africain de Michel Leeb.
MON MEC ? Mon mec ! Ça me fait drôle d’entendre ça ! Mon mec à moi ! Oyez oyez braves gens, incredibile, Sidonie a un MEC ! Bingo, encore une première pour moi ! Décidément, je cumule !
Est-il bien besoin de préciser que la polissonne se défait rapidement de ses quelques vêtements, ne gardant qu’un string lilliputien en dentelles ajourées ; à moins que ce scandaleux cache-sexe ne soit plutôt d’ajours à très fines et rares dentelles. Autant dire qu’il ne cache pas grand-chose de sa prunelle imberbe.
Un petit coup de cuiller à pot, je barbouille direct son téton droit de crème noisettes.
Dans un bel élan parfaitement coordonné, Alex et moi nous nous ruons sur ses nichons barbouillés. Lesquels sont rapidement astiqués, mais nos deux bouches s’attachent plus que de raison à parfaire le récurage. Des fois que…
Nous rions à cette affirmation dont nous connaissons tous trois l’exacte vérité ! Je rejoins sagement ma place, sur les genoux de mon doudou, et le breakfast se poursuit dans le calme.
Le reste de la journée aussi, tranquillou-bilou, même si nos tenues très minimalistes génèrent çà et là des réflexions olé olé et quelques gestes déplacés quoique parfaitement ciblés.
Rien que des broutilles presque innocentes, mais qui entretiennent une tension dont nous sommes tous trois parfaitement raccord sur la façon que nous aurons de la faire retomber.
À propos de tension justement, en fin d’après-midi, celle de Maggie doit afficher une systolique à 23 pour 6 en diastolique : attention danger ! C’est vrai que depuis ce matin, le temps doit lui sembler bien long ! Largement suffisant en tous cas pour régénérer son corallium rubrum6.
L’heure du dîner approchant, je suis au plan de travail et pèle des carottes quand l’insupportable minette vient dans mon dos, et me murmure (bien fort, faudrait pas qu’Axel en perde une miette ! ) :
Et tant qu’à faire, elle poursuit d’ailleurs le mouvement…
La garce me débarrasse de mon slip, m’oblige à pivoter d’un quart de tour et à ouvrir mes cuisses. Tombée à genoux, la gueuse s’exclame :
Son museau s’est déjà plaqué sur mon verger7 et ses lippes me lapent avidement.
Toujours prompt à voler au secours de demoiselles en détresse, Axel est venu glisser un légume oblong bien mûr sous mes fesses.
Bon, d’accord, j’ai pigé : c’est parti mon kiki ! Heureusement qu’on a prévu de manger froid ce soir…
La chambre d’Axel fut le théâtre de délicieuses joutes où Maggie perdit fort joyeusement une satanée rondelle. De ce trio naquit une amitié solide que nous entretenons depuis. Aisément, car Maggie, qui avait opté pour le droit des affaires, travaille pour un cabinet parisien et s’est acheté une chaumière à quelques encablures de chez nous. Notre trio est devenu quatuor depuis qu’un grand échalas est tombé sous le charme (et les griffes) de la minuscule Princesse Ariel – Merida8. Cette garce a en effet alpagué… un grand brun ténébreux musclé, de presque deux têtes de plus qu’elle. Sacrée paire de gymnastes, ces deux-là : je vous promets que lorsqu’elle plaque son Noah contre un mur, s’accroche à son cou, lui enroule ses cuisses dans les reins et concomitamment s’enfourne sa barre fixe dans le tiroir, le tableau est croquignolet ! D’ici à ce qu’elle nous fasse l’hélicoptère autour de son axe… Axel et moi, prudents, préférons d’autres figures libres…
Libres, nous le sommes. Joyeusement ! Gaillardement ! No soucy !
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Mais là, ce matin, dans le box du commissariat, je suis fébrile. Impatiente. Vais-je finalement obtenir une explication satisfaisante à la question qui m’a tant turlupinée neuf ans plus tôt ? J’observe Turquin, ni ses plâtres ni son œil droit quasi fermé ne m’inspirent la moindre pitié. En même pas dix ans, « gravure de mode » a bien changé. Plus très sexy, le grand brun ténébreux ! Bon, peut-être ne sont-ce là juste que les effets de son accident et… de sa délicate situation présente…
Lui me regarde, me scrute, fouille sans doute sa mémoire, à moins qu’il soit juste en train d’essayer de comprendre ce que je lui ai balancé quelques instants plus tôt.
Je cesse d’arpenter le box, me plante face à lui avant de lui tourner le dos. Je défais mon chignon, laisse retomber la masse de mes cheveux, enlève le fond de teint qui masquait mon grain de beauté Crawford et enlève mes lunettes avant de lui faire à nouveau face. Il avale une énorme goulée d’air, reste bouche bée : il m’a reconnue ! Il aura mis le temps ! Mais bon, il n’a qu’un œil valide…
Ne pas lui laisser le temps de reprendre ses esprits ! J’enchaîne :
Il a beau être assis, il est KO debout ! Ses lèvres, ses mains tremblent, ses yeux, du moins, celui qui est valide s’embue.
Je ricane méchamment :
Ra, petit, peta, petit pas-petit bus, il est rasibus le minus du campus. Au tapis ! Et compté dix !
Raph alias Miguel Turquin refait doucement surface :
« Bon, pas la peine que je rectifie… Qu’il parle ! »
« Hey, pour un peu, il commencerait à m’émouvoir… »
Je suis sincère quand j’opine en souriant à cette nouvelle. Ces bonnes nouvelles pour lui. Et Malika pour qui j’ai une réelle tendresse. Mais merde, je n’aurais jamais cru possible de me réjouir pour lui un jour !
Trois coups secs sont frappés à la porte qui s’ouvre dans la foulée.
Le policier fait la moue, fronce les sourcils, mais repart illico.
Comme mon vis-à-vis m’interroge du regard, je m’explique :
Miguel, la larme à l’œil, a compris que j’ai enterré la hache de guerre et il accepte, reconnaissant.
Je le coupe :
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Miguel fut très rapidement ramené dans sa chambre d’hôpital. Le procureur estima en effet qu’il n’y avait pas lieu de l’envoyer finir sa convalescence à l’infirmerie pénitentiaire puisqu’il comptait abandonner toutes charges contre lui dès que le labo aurait confirmé l’authenticité de la vidéo. Ce qui fut rapide puisque la séquence était horodatée et time-codée.
Si des journaux nationaux avaient largement rapporté l’arrestation du colistier du maire de Vélizy, ils ne s’intéressèrent plus à l’affaire ensuite (comme d’hab, on traîne les présumés coupables dans la boue, mais les non-lieux ne les intéressent plus, les canards : pas vendeur ! ). La presse quotidienne locale fit, elle, ses choux gras du retournement de situation, surtout quand le chef de l’opposition municipale démissionna : il fut établi en effet qu’il entretenait une liaison avec sa bouillante supportrice, mais on ne réussit pas à prouver sa complicité.
Miguel obtint de confortables dommages et intérêts dans son procès, vite plié, contre « pouf Chrystel ».
Axel et moi voyons le couple Turquin de plus en plus régulièrement, surtout depuis la naissance de leur petit Léo quelques semaines avant l’arrivée de notre seconde fille, Solen. Malika est adorable, à tous points de vue, Miguel, drôle, bien plus fin et intelligent que je ne l’aurais cru. Outre ses fonctions d’animateur, il est aussi parolier en vogue et a signé plusieurs grands tubes de stars francophones qui lui rapportent des droits d’auteurs très confortables !
Nos soirées ou dimanches barbecue avec eux, avec Noah et ma coquine préférée aussi, sont joyeux et détendus. En tout bien tout honneur !
Pour l’heure…
Demain, dimanche barbecue à nouveau, sans les enfants casés chez leurs grands-parents respectifs. Il va faire beau et très chaud, paraît-il. Idéal pour faire découvrir notre toute nouvelle piscine.
Oups, je crois que j’ai complètement oublié de prévenir nos invités de prendre des maillots… Quelle gourde je suis ! Maggie va râler, c’est sûr : se baigner nue, ce n’est vraiment pas son style.
Sextuor en vue ? Cela me ferait encore une première, non ?
1. ↑ Ma doue (breton) : mon Dieu !
2. ↑ Selon le grand linguiste Alain Marie Rey, fouetter n’avait pas, au 17e siècle, le sens de châtier avec un fouet. Il s’agissait d’une façon argotique de désigner l’acte sexuel. Cela explique la présence du chat qu’on fouette, chat qui désigne clairement…
3. ↑ Muschi (allemand, pas nippon) signifie chatte. Doublé, on imagine bien l’image…
4. ↑ Cette variété de laitue offre une rosette lâche de feuilles très élancées, pouvant atteindre 17 cm de long, d’un rouge intense et sombre. Waouh, des nymphettes de compète !
5. ↑ Elle est réellement polyglotte, Sidonie, experte en langue par ailleurs…
6. ↑ Corail rouge de Méditerranée, finement ciselé.
7. ↑ Un verger est une parcelle de terrain où l’on cultive et récolte des fruits. Pas un jardin où l’on plante des verges ! Quoique…
8. ↑ Ariel et Merida : deux des plus craquantes rousses flamboyantes de Disney-Pixar