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09/09/24
Présentation:  J’avais moi aussi prévu de participer au projet « Fantasme olympique », mais j’ai dû déclarer forfait après une rupture de neurone. Ça ne m’a heureusement pas empêché de lire les contributions des auteurs participants.
Résumé:  Los Angeles 2028
Critères:  fh cunnilingu humour
Auteur : Jimmychou      Envoi mini-message
Le Jour de Gloire

J’avais moi aussi prévu de participer au projet « Fantasme olympique », mais j’ai dû déclarer forfait après une rupture de neurone. Ça ne m’a heureusement pas empêché de lire les contributions des auteurs participants. Bien m’en a pris, puisque Melle Mélina (j’espère qu’elle ne m’en voudra pas trop) et Amarcord m’ont inspiré le récit que je vous propose aujourd’hui.



Los Angeles. Dimanche 23 juillet 2028. 9 : 30 AM, heure locale. Jour de la finale du cent mètres homme, l’épreuve reine de l’athlétisme.




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Quarante-huit ans ! Ça fait exactement quarante-huit ans qu’un athlète blanc de peau n’a pas remporté la course du cent mètres aux Jeux olympiques. Les anciens se souviendront peut-être de la victoire de l’Écossais Alan Wells, lors des jeux de Moscou. Il est vrai que ce valeureux sujet de sa Majesté avait bien été aidé par le contexte politique de l’époque puisque les USA et la plupart des pays des Caraïbes avaient boycotté le rendez-vous sportif suite à l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS.


Il faut bien admettre que depuis cet événement, l’hégémonie des athlètes originaires d’Afrique sur le sprint est totale. Le nombre de finalistes blancs ou asiatiques aux finales Olympiques du cent mètres depuis ceux de 1984 à Los Angeles (déjà) se compte sur les doigts d’une main. Certains chipoteurs pourront toujours m’objecter que le vainqueur à Tokyo en 2021 était italien et beaucoup moins foncé que ses prédécesseurs, mais on peut néanmoins difficilement faire fi de ses origines africaines.


Alors, évidemment, quand un dénommé Jean-Michel Boulais, visage pâle, cheveux châtain clair, descendant depuis toujours de paysans auvergnats établis dans la région de Montluçon – sous-préfecture située en plein centre de la France –, devient champion du monde sur cent mètres plat, ça ne passe pas inaperçu dans le monde de l’athlétisme.

Et c’est pourtant bien ce qui s’est passé à Pékin, l’an dernier, en 2027 donc, lorsque j’ai franchi la ligne d’arrivée de la finale un bon mètre devant les Américains et les Jamaïcains. Surtout que j’ai remis ça quelques jours plus tard lors du deux cents mètres. Et que mes succès individuels ont tellement inspiré mes coéquipiers du 4x100, tous noirs, évidemment, que nous avons remporté le relais dans la foulée, un peu aidés, il est vrai, par la disqualification des favoris américains. Bref, il n’en fallait pas plus pour que Jean-Mi Boulais, triple champion du monde de sprint, se fasse rebaptiser Jimmy bullet, alias le Bolt blanc, par les commentateurs sportifs du monde entier.



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Oh bordel ! Le coach ne m’avait pas raconté d’histoires. Mélina était en effet dotée d’un tempérament qui aurait fait passer l’Etna pour une banquise polaire. Ce qu’il ignorait, en revanche, c’est que c’était une femme fontaine plus-plus. J’avais avalé au moins un demi-litre de son jus intime pendant ma séance de bouffage de minou, des préliminaires qui m’ont toujours semblé indispensables à la réussite d’une partie de jambes en l’air. Comme l’avait subodoré le coach, la charmante journaliste m’avait confirmé qu’elle n’était nullement insensible à mon charme auvergnat en me conviant dans sa luxueuse chambre d’hôtel pour la deuxième partie de notre entretien. Que j’avais dû malheureusement écourter après avoir tiré ma première cartouche. Il fallait bien que je conserve mon énergie et mon influx en prévision de la course de la soirée.



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Certains journaux n’avaient pas hésité à faire de la surenchère : « Trop blanc pour être honnête » affichait L’Insoumis, « Jean-Michel Boulais victime du Wokisme » jurait Le Patriote, « Disqualifié » titrait sobrement Le Monde. « La chute d’un tricheur » occupait une bonne partie de la Une de L’Épique. Les titres qui barraient les premières pages des éditions vespérales spéciales le lendemain de la « victoire » de Jean-Michel Boulais à l’épreuve du cent mètres des jeux de Los Angeles tranchaient avec ceux du matin. En raison du décalage horaire entre la Californie et Paris, la presse française avait en effet dû s’adapter. Lorsque la dépêche annonçant la disqualification du sprinter français était tombée, la distribution matinale des quotidiens était déjà terminée. Bien sûr, le plus affecté par la nouvelle était le journal sportif. La Une cocardière de son édition matinale, renforcée par un article certes brillant, mais un peu trop élogieux de la chroniqueuse Mélina Melle, allait sans aucun doute susciter les moqueries et les quolibets de toute une nation. Dans sa spéciale du soir, le journal n’avait évidemment pas omis de rappeler le règlement de l’AMA (Agence Mondiale Antidopage) et notamment l’article faisant référence à l’interdiction de l’usage des stimulants de la série 6 lors des compétitions. Et malheureusement pour Jean-Michel Boulais, la cocaïne, dont on avait retrouvé des traces, certes faibles, mais néanmoins avérées, dans les urines, faisait bien partie des substances prohibées. Quelques supporters de la première heure du champion plaidaient volontiers pour une absorption accidentelle du psychotrope, mais il n’y avait pas l’ombre d’une chance que la sanction fût annulée.


La rédaction de l’Épique avait en outre jugé opportun de supprimer l’article de Mélina Melle de sa dernière édition. Une décision sage qui ne suscita d’ailleurs pas de réaction particulière de la part de l’autrice, pourtant réputée pour son franc-parler et son ego bien affirmé.


Quelle obscure raison avait donc pu pousser la prometteuse journaliste à faire preuve de tant d’humilité ! Jean-Michel Boulais avait bien une idée sur la question, mais il réfléchissait toujours à la manière dont il allait la présenter aux juges de l’AMA pour assurer sa défense. Il conservait en effet le faible espoir de pouvoir participer au deux cents mètres dont les séries devaient avoir lieu le lendemain.