Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 22631Fiche technique42166 caractères42166
7600
Temps de lecture estimé : 31 mn
12/09/24
Résumé:  Flora et Roméo filent le parfait amour. La rupture a été difficile pour Juliette et Eloïse, mais elles sont plus proches que jamais l’une de l’autre. En revanche, le couple de Cassandra et Siriac semble battre de l’aile.
Critères:  fff fhh ffh couplus copains telnet fellation -théâtre humour
Auteur : Gufti Shank  (Shank of the dead)      Envoi mini-message

Série : Roméo et Juliette - Incartades

Chapitre 01 / 07
Reconstructions

Roméo et Juliette

Incartades

Acte I



Les personnages principaux :


Juliette – Une somptueuse jeune femme

Cassandra – La meilleure amie de Juliette


Roméo – Un beau jeune homme, l’ex-compagnon de Juliette

Siriac – Le meilleur ami de Roméo, et le compagnon de Cassandra


Eloïse – Une magnifique jeune femme, qui vit avec Juliette


Flora – Une superbe jeune femme, troublante collègue de travail de Roméo avec qui il vit désormais

Daphné – Une belle jeune femme, la sœur de Flora



Les personnages secondaires :


Yannick – Le frère d’Eloïse

Alizée – La compagne de Yannick

Nelly – La mère d’Eloïse et Yannick


Alberto, Magnus, Yul – Des collègues de travail de Flora et Roméo

Mylena, Chris, Javier, Slobodan – Des collègues de travail de Juliette

Akim, Luna – Des collègues de travail d’Eloïse


Fabien – Une connaissance de Daphné

Nadia, Francesco – Un couple


Christian – Le gérant d’une salle de sport

Milia, Lesly, Timothée, Kevin, Tom, Arthur, Bruce, Pietro, David, Moussa, Gregor, Julien, Emilio – Des clients de cette salle de sport


Des jeunes hommes, clients de la salle de sport

Des serveurs et des clients d’un hôtel, de restaurants, d’un bar

Une infirmière

Un vieillard




***



Acte I, scène 1

Mercredi 18, 10 h 35

Un salon de détente sur le lieu de travail de Flora et Roméo

(Flora, Alberto, Yul, Magnus)



(Alberto et Yul sont assis sur des fauteuils de détente, un gobelet fumant à la main. Flora entre par une porte et s’avance vers une machine à café.)



Flora : Tiens, salut.

Alberto et Yul : Salut.


(Ils la dévorent des yeux tandis qu’elle commande une boisson chaude.)


Flora : Ça va ?


(Ils acquiescent vaguement. Magnus entre par une autre porte.)


Magnus : Ah bah vous êtes tous là… salut les gars, salut Flora.

Flora, Alberto, Yul : Salut.


(Magnus s’approche de la jeune femme, lui fait une bise et passe une main sur ses fesses.)


Magnus : Alors, miss ? Toujours fidèle ?


(Elle tourne vers lui un regard amusé et passe ostensiblement sa langue sur ses lèvres.)


Flora : Hmmm… oui, plus que jamais…

Magnus (déglutissant) : Oh putain !

Yul : N’empêche, c’est vrai, on te reconnaît pas.

Flora (s’éloignant en oscillant exagérément du bassin) : Que voulez-vous, c’est ça, l’amour !


(Elle sort.)


Magnus (se laissant choir dans un fauteuil) : Pfff ! J’hallucine ! C’est plus la même…

Alberto : C’est vrai que c’est dur à croire… D’habitude, elle nous sautait dessus à tour de rôle.

Yul : Ou carrément tous en même temps…

Magnus : Ouais… Quel salaud, ce Roméo !

Alberto : D’un autre côté, depuis qu’elle est avec lui, je trouve que c’est plus serein, dans la boîte…

Magnus : Ouais ben tu dis ça parce que t’es gay ! Moi j’aimais autant quand elle faisait sa chaudasse toute la journée et qu’on pouvait se la taper de temps en temps…

Yul : C’est clair ! Il paraît même que…


(La porte par laquelle est sortie Flora se rouvre. Yul s’interrompt. Flora rentre.)


Flora (innocente) : Vous parliez de moi ?


(Un silence. Elle s’avance en minaudant jusqu’à une table où se trouve un distributeur de serviettes en papier, en prend une, puis s’éloigne en roulant toujours excessivement des fesses. Les trois jeunes hommes la suivent du regard avec attention. Elle sort.)


Magnus (tirant sur son pantalon) : Bon allez, les gars, on se fait du mal, là…


(Alberto ricane et Yul soupire. Magnus se lève et s’approche du distributeur de café.)


Alberto (à Yul) : Il paraît même que quoi, alors ?


(Yul se lève, va jusqu’à la porte de droite, l’ouvre et jette un regard inquisiteur à l’extérieur, puis traverse le salon pour faire le même manège à la porte de gauche, avant de revenir s’asseoir.)


Yul : Eh bien il paraît qu’elle suce même plus le patron…

Magnus : Cent pour cent fidèle, alors ? Vous y croyez vraiment ?

Alberto (rêveur) : Tout entière dévouée à Roméo…

Magnus (à Alberto) : T’aimerais bien être à sa place, toi, hein ?

Yul : Et Conrad a surpris une conversation dans leur bureau : ils font des plans à trois avec la sœur de Flora ou avec un pote de Roméo.

Magnus (tirant de nouveau sur son pantalon) : Oh putain !

Alberto (l’apercevant, avec un sourire) : Si je peux me rendre utile…

Magnus : Euh, non… non… je vais me calmer, ça va redescendre…


(La porte de droite s’ouvre. Flora rentre de nouveau. Elle s’avance jusqu’à une poubelle voisine de la machine à café et y jette son gobelet et la serviette en papier.)


Flora (détachant un bouton de son chemisier) : Eh ben… ce café m’a donné chaud…


(Magnus serre les poings ; Yul se tortille sur son fauteuil.)


Flora (à Magnus) : Hmmm, tu as l’air tout crispé…

Magnus (mal à l’aise) : Euh…


(Elle caresse négligemment l’entrejambe du jeune homme.)


Flora (soupirant) : Quel dommage que j’aie juré fidélité à Roméo…


(Elle se retourne et sort par la porte de droite en se dandinant toujours outrancièrement.)


Magnus (posant son café) : Oh putain, excusez-moi, il faut que j’aille aux chiottes !

Yul (se levant) : Ouais, moi aussi !


(Ils sortent par la porte de gauche sous les yeux amusés d’Alberto.)





Acte I, scène 2

Mercredi 18, 13h10

Une cafétéria sur le lieu de travail de Juliette

(Juliette, Mylena, Slobodan, Chris, des employés)



(Tous les quatre sont assis sur de hauts tabourets autour d’une table où sont posés leurs plateaux ; ils terminent de déjeuner. Autour d’eux, plusieurs personnes vont et viennent, arrivant avec des plateaux pleins ou repartant avec des plateaux vides.)



Juliette : Bon, allez, c’est pas que je m’ennuie, mais j’ai plein de boulot.


(Elle se lève et prend son plateau.)


Chris : Tu veux pas de café ?

Juliette : Non, c’est gentil, merci. Je file. Bon aprèm !

Mylena, Slobodan, Chris (plus ou moins ensemble) : Merci, toi aussi !


(Juliette sort. Slobodan la dévore des yeux tandis qu’elle s’éloigne.)


Chris (le remarquant) : Eh, arrête de baver !


(Mylena sourit.)


Slobodan (gêné) : Euh… mais c’est pas que je… euh…

Chris (amusé) : Ah oui, c’est vrai que t’es nouveau dans la boîte, toi… Eh ben t’inquiète, on est tous passé par là…

Mylena (le reprenant en souriant) : Enfin, ce qu’il veut dire, c’est qu’ils sont tous passés par la phase « on la regarde en bavant », parce qu’au contraire, ils sont bien peu à être passés par là…

Chris (souriant) : Oui, et je crois même que nos chances s’amenuisent…


(Mylena ricane. Javier entre, portant un plateau.)


Slobodan : Comment ça ?

Chris : Eh bien en gros, à ce jeu-là, Mylena a désormais plus de chances que nous…

Slobodan (visiblement déçu) : Ah bon ?

Mylena (amusée) : Oui enfin c’est pas dit, ça… Si j’ai bien compris…


(Elle s’interrompt lorsque Javier s’approche pour se joindre à eux.)


Javier : Salut. Je peux m’installer à votre table ?


(Chris et Mylena acquiescent. Javier dépose son plateau et s’assoit.)


Javier (à Slobodan) : C’est toi, le nouveau de la compta ?

Slobodan (poliment) : Oui, c’est ça. Slobodan.

Chris (amusé) : Il vient de découvrir Juliette…

Javier (rigolant) : Ah, c’est pour ça que t’es tout rouge… Enchanté, Slobodan, je suis Javier ; je bosse au développement.


(Slobodan, gêné, se frotte les joues.)


Javier : Ben je viens de la croiser, qui sortait, en effet. Elle a l’air mieux, ces derniers temps.

Chris : Oui, je me suis fait la même réflexion.

Javier : Elle a dû digérer et passer à autre chose.


(Slobodan lance des yeux curieux mais n’ose pas intervenir.)


Mylena (le remarquant, explicative) : Une séparation un peu compliquée…


(Slobodan meurt visiblement d’envie d’en savoir davantage. Mylena paraît regretter d’en avoir trop dit.)


Javier : Bah autant qu’il sache, ça peut au choix éviter des gaffes ou donner des sujets de conversation…

Chris : Oui, puis comme ça, il pourra se branler en pensant à elle, comme nous…


(Mylena ricane.)


Javier : Alors, Slobodan, pour faire court : Juliette vivait avec un mec et une fille…


(Slobodan écarquille de grands yeux.)


Javier : …et le mec s’est tiré pour aller se foutre avec une autre nana…


(La mâchoire de Slobodan tombe.)


Chris : Alors que tout le monde aurait tout donné pour être à sa place, ce crétin l’a larguée…

Javier : Ouais, c’est déprimant…


(Mylena rigole.)


Javier : Enfin, et donc elle l’a assez mal vécu…

Slobodan : Ben tu m’étonnes ! Déjà, une nana comme ça, elle doit pas trop avoir l’habitude de se faire larguer…

Chris : Ouais enfin ce qui est déprimant, c’est que… euh…


(Il paraît chercher ses mots.)


Mylena (amusée) : C’est qu’ils se sont tous dit que la place était libre, mais la belle Juliette est restée simplement avec sa copine et elle a pas repris de mec…


(Javier et Chris soupirent.)


Chris : Quel gâchis !

Javier (à Slobodan) : Mais c’est même pire que ça : elles font des trucs salaces, des plans à trois ou à plusieurs, des trucs de dingues, mais que avec des filles !


(Mylena sourit de nouveau.)


Slobodan : Ce mec a dû la dégoûter, ça devait être un tocard…


(Mylena a une moue dubitative.)


Chris (la remarquant) : Ben non, même pas… T’as qu’à voir la tête de Mylena pour t’en convaincre…

Javier (à Mylena) : Parce que ? Tu le connaissais, son mec ?

Mylena : Ben je l’ai croisé une fois ou deux quand il venait la voir…

Javier : …et ?

Mylena (gênée) : …et ben rien, il avait l’air très bien, c’est tout.


(Un silence.)


Chris : Mouais, je me demande si là aussi, y en a pas qui se sont dit que la place était libre et que…

Mylena (l’interrompant) : Enfin, comme je vous disais tout à l’heure, c’est pas si clair. Apparemment…


(Elle regarde autour d’elle et s’assure que personne d’autre ne l’écoute.)


Mylena (reprenant à voix basse) : …apparemment, sa copine aimait quand même bien les garçons, et j’ai cru comprendre qu’elles en invitaient un de temps en temps…

Chris, Javier et Slobodan (fort) : Ah bon ???


(Tous les trois sont pendus à ses lèvres, attendant qu’elle en dise davantage.)


Mylena (à voix basse) : C’est Seb qui a dit à Fred qu’il l’avait entendue en parler à Samira qui lui avait demandé si elle allait mieux…

Javier : Ouais mais Seb, il dit des conneries, des fois…

Chris : Ouais enfin, là, quand même, ça redonne de l’espoir…

Mylena (souriant) : L’espoir d’être utilisé comme un vulgaire gode ?


(Un silence. Chris la regarde en haussant les épaules.)


Chris : Laisse tomber, tu peux pas comprendre…


(Mylena, Slobodan et Javier rigolent.)






Acte I, scène 3

Mercredi 18, 16 h 40

L’appartement de Juliette et Eloïse

(Eloïse)



(L’appartement est en désordre ; la table est emplie des restes d’un repas ; des vêtements sont éparpillés dans le salon. Eloïse entre, les bras chargés de sacs de courses. Elle s’avance dans la pièce, cherche un instant où les déposer, puis les abandonne au sol en soupirant avant d’ôter sa veste et de l’accrocher au dossier d’une chaise.)



Eloïse : Bon, je crois qu’il va falloir ranger un peu…


(Elle semble se demander par où commencer. Elle ramasse un des sacs et sort pour l’emporter vers la cuisine. On entend des bruits de rangement dans des placards et un réfrigérateur. La sonnerie d’un téléphone retentit.)


La voix d’Eloïse : Ah bah c’est bien le moment !


(Elle rentre et fouille dans les poches de sa veste, en sort le téléphone qui continue de sonner, observe l’écran, puis décroche et le porte à son oreille.)


Eloïse (au téléphone) : Salut Yannick. … Non, non, tu me déranges pas. Je rentre tout juste du boulot.


(En parlant et en tenant le téléphone d’une main, elle ramasse un second sac de l’autre.)


Eloïse : Ben si, j’ai repris un boulot.


(Elle sort de nouveau vers la cuisine.)


La voix d’Eloïse : Non, non, un pauvre truc alimentaire. … Tu me connais, je suis pas carriériste, et j’aime pas trop les contraintes…


(On l’entend ranger des affaires dans la cuisine et enclencher un appareil électrique.)


La voix d’Eloïse : Ben c’est un peu ça, oui, mais…


(Elle rentre.)


Eloïse : Euh… tu… tu as su que…


(Elle soupire et appuie sur l’écran de son téléphone pour enclencher le haut-parleur, puis dépose le téléphone sur la table.)


La voix de Yannick (du téléphone) : …m’man qui m’a dit que ça n’allait pas trop fort…

Eloïse (soupirant de nouveau) : Si, si, maintenant ça va.


(Un silence. Eloïse rassemble des assiettes.)


La voix de Yannick : Qu’est-ce qui s’est passé, alors ?

Eloïse (semblant chercher ses mots) : Ben… je ne… je ne vis plus avec Roméo.

La voix de Yannick (enjouée) : Eh ben c’est très bien, ça !

Eloïse (empilant des assiettes) : Mouais…

La voix de Yannick : Ce salaud t’a trompée encore une fois, c’est ça ?

Eloïse : Euh… oui, en gros, c’est ça. Et c’était la fois de trop. Du coup, on… euh… enfin… je l’ai largué, quoi.

La voix de Yannick : Bon débarras ! Tu vas enfin pouvoir reprendre une vie normale.

Eloïse (s’éloignant, emportant des assiettes) : Oh, merde ! Tu me fais chier ! Si t’appelles encore pour me faire la morale, tu…

La voix de Yannick (l’interrompant) : Non, non, j’appelais pour prendre des nouvelles, savoir comment tu allais.


(Eloïse sort vers la cuisine.)


La voix de Yannick : Maman m’a presque inquiété hier. C’était quand, tout ça ?


(Un silence. On entend un bruit de vaisselle.)


La voix de Yannick : Elo ?


(Eloïse revient, une tasse fumante à la main.)


Eloïse : Oui, oui, je suis là.


(Elle s’assoit en soupirant.)


La voix de Yannick (affectueuse) : Comment tu vas ? Raconte.

Eloïse : Eh ben, y a… y a bientôt deux mois, Roméo nous… (Elle hésite.) Roméo nous a trompées, Juliette et moi. Avec la grosse salope de son boulot, encore une fois, et ça a été la fois de trop. Juliette ne l’a pas supporté, elle l’a foutu dehors.


(Eloïse boit une gorgée de café.)


La voix de Yannick (ravie) : Elle a bien fait ! C’est toi qui aurais dû le foutre dehors, même !

Eloïse : Ben ce qu’il y a, c’est que la façon dont on l’a su est… euh… discutable.

La voix de Yannick : On s’en fout : la fin justifie les moyens !

Eloïse : Oui, c’est ce que dit Juliette aussi.

La voix de Yannick (hésitante) : Et donc, tu… tu es toujours avec Juliette ?

Eloïse : Ben… oui…


(Un silence. Elle boit un peu.)


Eloïse : Mais ça a été un peu dur ; pour elle, bien sûr, mais pour moi aussi. Surtout quand on a appris qu’il s’était installé avec cette… cette… enfin avec sa collègue.

La voix de Yannick : Bon débarras, je te dis ! Ce mec ne t’apportait que des ennuis.


(Eloïse soupire.)


La voix de Yannick : Bon, désolé… Continue…

Eloïse : Juliette a été vraiment pas bien pendant un bon moment. Moi aussi. Mais on commence à tourner la page. On a bougé un peu les week-ends, on est sorties toutes les deux. On voit d’autres gens. Je me suis remise au sport. Et on cherche un autre appart.

La voix de Yannick : Okay. Et donc c’est pour ça que t’as repris un boulot ?

Eloïse : Oui, avec juste le job de Juliette, c’était un peu serré. Elle est pas trop mal payée, mais on était habituées à plus.


(Elle finit sa tasse.)


La voix de Yannick : Et tu bosses depuis combien de temps ?

Eloïse : Un peu plus de trois semaines.

La voix de Yannick : C’est bien, ça doit t’aider aussi à aller mieux.

Eloïse (se levant et attrapant sa tasse) : Mouais… Non, mais ça va mieux, vraiment. Juliette a repris du poil de la bête, on reçoit pas mal de monde, on fait un peu la fête, c’est cool.

La voix de Yannick : Ouh là… je préfère pas imaginer.


(Eloïse sourit, et sort vers la cuisine en emportant sa tasse et quelques restes de repas, laissant le téléphone sur la table.)


La voix de Yannick (moins forte) : Enfin, si un jour elle a besoin d’un mec, tu me feras signe…

La voix d’Eloïse (fort, de la cuisine) : Quoi ?

La voix de Yannick : Non, rien.


(On entend un bruit de vaisselle. Eloïse revient.)


Eloïse : Qu’est-ce que tu disais ?

La voix de Yannick : Rien d’important. Dis, ça fait longtemps qu’on s’est pas vu, et qu’on n’a pas vu m’man ; on y va ce week-end ?

Eloïse : Dimanche midi ?

La voix de Yannick : Non, ça m’arrange pas trop ; plutôt samedi midi ?

Eloïse : Okay, pourquoi pas.

La voix de Yannick : Tu peux venir avec Juliette, si tu veux.

Eloïse (soupirant) : Tu crois ? Si je viens avec une fille, vous allez encore me faire la morale…

La voix de Yannick : Non, ça, ça va. Tant que vous débarquez pas à trois, ça devrait aller…

Eloïse : Mouais, bon, je vais réfléchir.


(Un silence. Eloïse reprend le téléphone et retire le haut-parleur.)


Eloïse : Bon, et sinon, toi, ça va ?


(Elle déambule dans la pièce.)


Eloïse : Toujours avec… euh… comment elle s’appelle, déjà ? C’est un nom de fleur, non ?


(Un silence. Eloïse rigole.)


Eloïse : Ah oui, désolée… c’était pas un nom de fleur, finalement… … Bon, et elle va bien ? … Vous viendriez tous les deux samedi ?






Acte I, scène 4

Mercredi 18, 18 h 30

Un arrêt de bus

(Daphné, Fabien, un vieillard, plusieurs autres personnes)



(Des écouteurs sur les oreilles, Daphné va et vient sur la chaussée, parmi des voyageurs qui attendent le passage d’un bus. Le vieillard est assis sur un banc. Fabien entre ; son visage s’illumine d’un sourire lorsqu’il reconnaît Daphné ; il s’avance vers elle.)



Daphné (l’apercevant) : Tiens, salut !


(Elle retire ses écouteurs.)


Fabien : Comment tu vas ?


(Ils se saluent d’une bise.)


Daphné : Ben tu vois… ça va… je rentre du boulot. Et toi ?

Fabien : Nickel ! Et puis… (Il hésite.) Et puis dès que je te vois, ça va encore mieux !


(Daphné sourit gentiment.)


Fabien : Ça faisait longtemps…

Daphné (réfléchissant) : Oui… la dernière fois, c’était…

Fabien (ensoleillé) : C’était chez ta sœur, un samedi soir ! C’était trop génial ! On avait b…


(Il s’interrompt et jette des yeux suspicieux tout autour de lui, avant de reprendre à voix basse.)


Fabien : Enfin, on avait passé une soirée incroyable ! C’est dingue comme vous étiez cochonnes !


(Gênée, la jeune femme regarde autour d’elle avec inquiétude. Le vieillard paraît avoir entendu Fabien et observe Daphné d’un air qualifié.)


Daphné : Euh… attends, on va s’écarter un peu…


(Elle entraîne Fabien quelques mètres plus loin.)


Fabien : Et ta sœur, alors, comment elle va ?

Daphné : Dès que des mecs me voient, ils me parlent de ma sœur…

Fabien (indifférent) : Bah en même temps, y a de quoi ! Vous étiez vraiment trop chaudes…


(Daphné jette encore un regard en arrière puis entraîne de nouveau Fabien un peu plus loin.)


Fabien : Mais si ça peut te rassurer, si je la croisais par hasard, je pense que je lui parlerais de toi…

Daphné : Ah bah oui ! Me voici rassurée…

Fabien : Et donc ? Toujours à enchaîner les plans cul bien salaces ?

Daphné (rougissant et regardant tout autour d’elle) : Mais arrête ! Chhhut !

Fabien : Bah, t’inquiète, ils sont tous sur leurs téléphones ou perdus dans leurs pensées.


(Observant rapidement alentour, tous les deux s’aperçoivent que le vieillard continue de surveiller Daphné d’un regard chevronné. Ils s’écartent encore de quelques pas.)


Fabien (ricanant) : Bah… Alors ? Qu’est-ce que vous faites, ce week-end ? Ça vous tente qu’on se refasse un truc ?

Daphné (froidement) : Bon, alors… pour ta gouverne… non, on n’enchaîne pas les plans cul salaces, et notamment on choisit soigneusement nos partenaires…

Fabien : Mais vous…

Daphné (l’interrompant) : Et sache que ma sœur est désormais en couple et fidèle, et qu’elle a tiré un trait sur sa vie d’avant !

Fabien (déçu) : Ah bon ? Mais… euh… (Il hésite.) Et… et toi ?

Daphné : Quoi moi ?

Fabien : Ben… tu… euh… tu es rangée aussi ?


(Elle semble satisfaite du désarroi du jeune homme.)


Daphné (provocante) : Eh bien quand j’ai envie de sexe, je vais baiser avec eux, et pour l’instant ça me va très bien…


(Un silence. Fabien est dépité.)


Daphné (amusée) : Mais laisse-moi quand même ton numéro, au cas où…


(Fabien déglutit avec incertitude.)






Acte I, scène 5

Vendredi 20, 19 h 10

L’appartement de Cassandra et Siriac

(Cassandra, Siriac)



(Cassandra est affalée dans un canapé ; Siriac est accroupi près d’un buffet et sert deux verres d’apéritif.)



Cassandra : Ouaaah, je suis quand même contente que la semaine touche à sa fin. C’est vraiment épuisant, en ce moment, au boulot.

Siriac : Ben oui, heureusement que tu comptes pas tes heures…

Cassandra : Bah, c’est épuisant, mais c’est chouette.


(Siriac se relève, ferme le meuble-bar, et s’approche du canapé pour tendre un verre à Cassandra.)


Cassandra : Merci.

Siriac : Tchin’ !


(Ils trinquent et boivent une gorgée.)


Cassandra : Qu’est-ce qu’on fait ce week-end ?

Siriac : J’sais pas… on baise ?

Cassandra (souriant) : Hmmm… oui, pourquoi pas… Mais encore ?

Siriac (louvoyant) : Euh, tu veux qu’on invite Juliette et Eloïse ?

Cassandra : Pour baiser ? Voyons, laisse-moi réfléchir…

Siriac : J’ai l’impression que tu vas me dire non…

Cassandra : En effet.

Siriac : Bah, ça valait le coup d’essayer…

Cassandra : Cocooning juste tous les deux dans les draps, ça me va bien.

Siriac : Sinon on invite Roméo ?

Cassandra : Dans les draps ?

Siriac (d’une voix aiguë, singeant Cassandra) : Voyons, laisse-moi réfléchir…

Cassandra : J’ai comme l’impression que tu vas dire non…

Siriac : Ou alors on invite Roméo et Flora, et je te laisse Roméo…

Cassandra (plus du tout amusée) : Oh ben laisse-la où elle est, celle-là !


(Un silence. Ils boivent une gorgée. Siriac s’assoit à côté de Cassandra.)


Siriac : Ça me manque un peu, tous leurs plans tordus, ça mettait de l’animation… Maintenant quand Roméo vient avec Flora, on n’a pas grand-chose à se dire ; et Juliette et Eloïse, j’ai l’impression qu’elles me font la gueule.

Cassandra : Mais non, elles te font pas la gueule. C’est pas à toi qu’elles font la gueule…

Siriac : Ben oui mais c’est tout comme. Et puis quand je propose une soirée, elles déclinent, alors que toi, t’en passes régulièrement avec elles.

Cassandra : Ben c’est depuis qu’on a repris le sport ensemble…

Siriac : Oui, enfin, avant, le sport, quand ça finissait à dix heures, t’étais là à dix heures cinq, pas à une heure du mat.

Cassandra (câline et moqueuse) : Oooh, mon Siriac, c’est mignon, tu es jaloux ?


(Elle l’embrasse. Il soupire.)


Siriac : Ben quand même, et puis deux fois par semaine, je me demande bien ce que vous faites…


(Cassandra rigole.)


Cassandra : Qu’est-ce que tu vas t’imaginer ! On papote entre filles, c’est tout.

Siriac : Bah avec Eloïse et Juliette, y a moyen d’imaginer des choses, quand même…

Cassandra (provocante) : Et ça t’excite ?

Siriac : Euh… ouais, ouais, quand même…

Cassandra : Eh ben non, désolée, mais on papote seulement. Leurs plans à la con, moi, ça me manque pas.


(Un silence.)


Siriac : Pourtant on se marrait bien…

Cassandra (ironique) : Oui, et je suis sûre que pour notre couple, c’était parfait…


(Un silence.)


Cassandra : Et toi, qu’est-ce que tu fais, avec Roméo, pendant toutes ces longues soirées ?

Siriac : Oh, toutes ces longues soirées, tu exagères peut-être un peu, non ?

Cassandra : Ben cette semaine tu l’as vu deux fois, et tu n’es pas rentré tôt non plus, je crois.

Siriac : Euh, trois fois, en fait. Il est venu passer la soirée à la maison quand t’étais au sport mardi.

Cassandra : Ben tu vois, c’est pareil.

Siriac : Et tu t’imagines des choses ? Tu penses qu’on se papouille, Roméo et moi ?


(Cassandra sourit.)


Siriac : Et ça t’excite ?

Cassandra : Mes craintes seraient plutôt que ce soit avec Flora que tu papouilles…

Siriac : Meuh non, n’importe quoi ! Là c’est clair, leurs plans à la con, ça me manque pas !





Acte I, scène 6

Jeudi 19, 22 h 40

L’appartement de Juliette et Eloïse

(Juliette, Cassandra, Eloïse)



(Toutes les trois sont enlacées nues dans un canapé ; elles se cajolent et s’embrassent en gémissant.)



Juliette (entre deux soupirs) : Et Siriac, ça ne le gêne pas trop que tu passes tout ce temps avec nous ?

Cassandra (entre deux soupirs) : Je lui ai dit que les séances de sport duraient parfois assez tard…

Eloïse (entre deux soupirs) : Bah, même si on n’est plus à la salle de gym, ça reste assez physique…





Acte I, scène 7

Jeudi 19, 22 h 45

Le salon de Flora et Roméo

(Roméo, Siriac, Flora)



(Flora, nue, chevauche Roméo, assis dans le canapé, qui la défonce vivement ; derrière elle, Siriac la sodomise en lui tenant fermement les hanches. La jeune femme gémit sous les assauts cumulés de ses deux partenaires.)



Roméo (entre deux grognements) : Et Cassandra, ça ne l’ennuie pas que tu passes tout ce temps ici ?

Siriac (entre deux grognements) : Bah, je lui ai dit qu’on finissait tard les entraînements…

Flora (entre deux couinements) : L’essentiel, après tout, c’est que tu rentres épuisé…





Acte I, scène 8

Jeudi 19, 23 h 10

L’appartement de Juliette et Eloïse

(Juliette, Eloïse)



(Les deux jeunes femmes sont vautrées nues chacune dans un coin du canapé. Juliette souffle en soupirant la fumée d’une cigarette.)



Juliette : Ouaaah ! C’est cool, ces petites séances de baise après le sport…

Eloïse : Ça fait un peu double ration, quand même, je trouve. On pourrait peut-être faire ça d’autres soirs que le sport, pour changer, non ?

Juliette : Ben c’est pour Cass… Si elle vient au sport deux fois par semaine, et qu’elle vient baiser deux autres fois, elle va vraiment pas souvent être chez elle…


(Cassandra entre, venant de la salle de bains, les cheveux humides et vêtue d’un peignoir.)


Cassandra : Eh ben ça fait du bien, la douche !

Eloïse : T’as déjà dit ça y a une heure…

Cassandra : Oui, mais c’était après le sport. Enfin, le vrai, je veux dire.


(Elle s’assoit sur un fauteuil.)


Cassandra : Et puis, bon, je peux pas rentrer chez moi dans l’état où j’étais il y a dix minutes…





Acte I, scène 9

Jeudi 19, 23 h 15

Le salon de Flora et Roméo

(Roméo, Flora)



(Flora, toujours nue, est allongée en arrière dans le canapé, le visage maculé de sperme. Roméo, assis nu à l’autre bout du canapé, se sert un petit verre d’alcool.)



Roméo : Tu veux un mouchoir ?

Flora : Non, non, je vais aller me laver…


(Elle jette un regard vers un couloir.)


Flora (fort) : …dès que la salle de bains sera libre !

La voix de Siriac (étouffée) : Ça y est, voilà, j’arrive !


(On entend s’ouvrir un loquet. Siriac entre.)


Roméo (souriant) : Ça y est, on a pris sa petite douche ?

Siriac : Je t’emmerde !

Flora (se levant) : Bon, je prends la salle de bains.


(Siriac l’observe passer en scrutant son visage avec un mélange de dégoût et d’admiration.)


Siriac (à Flora) : Tu devrais avaler, non ?

Flora (provocante) : Si, si tu veux…


(En continuant à se diriger en roulant des fesses vers le couloir menant à la salle de bains, elle passe son index le long de sa joue pour récupérer une traînée blanchâtre, avant d’enfoncer son doigt entre ses lèvres en souriant à Siriac avec insolence.)


Siriac : Roh putain !


(Flora sort.)


Siriac : Oh la vache, j’en reviens pas !

Roméo : Bah, elle fait ça juste pour t’allumer…

Siriac : Ouais ben ça marche ! Rien que de la voir faire ça à poil avec ses gros seins, j’ai encore la gaule !

Roméo : Eh bien tu feras sa fête à Cassandra en rentrant…

Siriac : Mouais, je sais pas trop… Quand je viens chez vous, c’est parce qu’elle va à la salle de sport, et en général, après, elle est plutôt cuite et on fait pas grand-chose…






Acte I, scène 10

Jeudi 19, 23 h 20

L’appartement de Juliette et Eloïse

(Juliette, Cassandra, Eloïse)



(Juliette et Eloïse sont toujours dans la même position, adossées nues sur le canapé. Cassandra, debout dans la pièce, rassemble des affaires et semble sur le départ.)



Cassandra : Quand même, des fois, j’ai des scrupules…


(Eloïse la regarde avec curiosité.)


Cassandra : Ben… ça fait trois fois, cette semaine, que je rentre tard après avoir… euh… passé du temps avec vous… et que je… euh… je n’ai plus trop d’énergie à consacrer à Siriac…


(Eloïse et Juliette sourient.)


Eloïse : Il ne se demande pas pourquoi tu fais autant de sport ?

Cassandra : Non, non, plus maintenant. Au début, un peu, mais là, apparemment, il s’y est mis aussi.

Juliette : Ah bon ?

Cassandra : Oui, il va à une autre salle avec Ro… euh… avec un pote à lui…


(Juliette grommelle.)


Eloïse : Bah, tant qu’ils viennent pas à la même salle que nous…

Cassandra : Oui…

Eloïse : Il t’a jamais demandé ?

Cassandra : De quoi ?

Eloïse : À venir avec toi à la salle de sport ?

Cassandra : Non, je lui ai dit que c’était des séances réservées aux filles…

Eloïse (amusée) : Et ça l’a pas fait rappliquer, ça ? Pourtant connaissant l’animal…

Cassandra (réfléchissant) : Oui, tiens, c’est vrai, ça…

Juliette : Oui, ben en tout cas, va pas nous le radiner, hein… J’aime autant que ça reste des séances réservées aux filles, nos fins de soirées…


(Cassandra sourit.)


Cassandra : Bon, allez, je file !


(Elle dépose un baiser sur les lèvres de Juliette, puis sur celles d’Eloïse, et sort.)






Acte I, scène 11

Jeudi 19, 23 h 25

Le salon de Flora et Roméo

(Roméo, Siriac)



(Roméo est assis sur le canapé ; il a revêtu un caleçon. Siriac va et vient dans la pièce en discutant.)



Siriac : Mouais enfin, quand même, des fois, j’ai des scrupules, à venir comme ça, baiser avec vous…


(Roméo l’observe, amusé, faire les cent pas devant lui.)


Siriac : Bah oui, cette semaine, c’est la troisième fois, tu te rends compte ?

Roméo : Et on est que jeudi…

Siriac : Cassandra est allée à la salle de sport dimanche soir, mardi soir et encore ce soir !

Roméo : Elle va être hyper musclée…

Siriac : C’est ça, marre-toi… Mais si je devais l’attendre chaque fois, moi aussi, je serais hyper musclé, mais du poignet…


(Roméo rigole.)


Siriac : Franchement, je trouve ça cool qu’elle se soit remise au sport, mais là, quand même, ça fait beaucoup.


(Un silence.)


Siriac : Bon, d’un autre côté, j’y trouve un certain… euh… épanouissement…


(Roméo sourit.)


Siriac : Et… euh… et Flora ? ça… ça lui plaît ?

Roméo : Ben… t’as entendu comme elle gueulait ?

Siriac : Oui, enfin je veux dire, euh… bon… enfin… et… et toi, ça te fait pas chier ?

Roméo : Bah, tant que ça reste avec des potes…

Siriac (à voix basse) : Roh putain, n’empêche, elle est vraiment trop bonne ! (À voix haute) : Bon, enfin, je vais filer, merci pour la soirée. (Fort) : À plus, Flora !

La voix de Flora (depuis la salle de bains) : Viens me faire une bise, j’ai laissé ouvert !

Siriac : Roh putain !






Acte I, scène 12

Vendredi 20, 19 h 40

L’appartement de Cassandra et Siriac

(Cassandra, Siriac)



(Tous deux sont assis dans le canapé côte à côte, un verre à la main, et semblent perdus dans leurs pensées.)



Cassandra (après un long silence) : Mon amour, je crois que je m’en veux d’avoir été si souvent… euh… d’être allée si souvent à la salle avec les filles, cette semaine.

Siriac : Oui, tu as raison, moi aussi, je m’en veux un peu de… euh… d’aller si souvent au sport avec Roméo.

Cassandra : Je voudrais qu’on passe plus de soirées ensemble.

Siriac : Oui, moi aussi.

Cassandra (hésitante) : Et… euh… peut-être qu’on pourrait aller faire du sport ensemble, pour changer ?

Siriac (hésitant) : Euh… oui… ça me semble une bonne idée…

Cassandra : Tu pourrais m’emmener dans la salle où vous allez, Roméo et toi ?

Siriac (extravagant) : Euh… oui, pourquoi pas, mais… euh… c’est que… l’ambiance est un peu bizarre, parfois… tu sais, avec tous ces mecs qui transpirent la testostérone…

Cassandra (provocante) : Et tu crois que ça ne me plairait pas ?

Siriac : Oh là là non ! C’est sûr ! Non, non, je pense qu’il vaudrait mieux que ce soit moi qui vienne dans la salle où vous allez.

Cassandra (ennuyée) : Euh… je… mais en fait c’est que… euh… comme je te disais, c’est plutôt une salle de sport pour les filles…

Siriac (amusé) : Et tu crois que ça ne me plairait pas ?

Cassandra : Si, si, je n’en doute pas, mais c’est plutôt que…


(Elle hésite un moment.)


Cassandra (extravagante) : En fait c’est que pour payer moins cher, j’ai fait du gringue à la fille de l’accueil, en lui faisant croire que j’étais homo, et elle m’a fait un tarif réduit, mais tu comprends, si je viens maintenant avec un mec, elle va mal le prendre…

Siriac (perplexe) : Hein ? Comment ça, du gringue ?

Cassandra (prend sa pelle et creuse) : Euh, non, mais rien, y a rien eu, hein… c’est juste que je lui ai fait croire…

Siriac (dubitatif) : Tu lui as fait croire quoi, exactement ?

Cassandra (se reprenant) : Non, crois-moi, le mieux, c’est qu’on aille s’entraîner ensemble dans la salle où tu vas toi. C’est pas quelques mecs en sueur qui vont me faire peur.

Siriac (soudain désemparé) : Euh… non, je sais pas trop, tu vois, moi c’est un peu pareil, le mec, le coach, je crois qu’il m’a à la bonne parce qu’il s’imagine des choses, mais tu vois, si on y va ensemble…


(Ils s’observent un instant avec incertitude.)


Siriac : Mais remarque, avec Roméo, on se disait qu’on allait de toute façon changer de salle de sport.

Cassandra : Oui, nous aussi, avec les filles, on parlait de changer. Ça peut être l’occasion.

Siriac : Je crois qu’il y en a une nouvelle qui a ouvert derrière la gare. On pourrait y aller ensemble demain soir, si tu veux.

Cassandra : Pourquoi pas, oui.

Siriac : Je vais en parler à Roméo.

Cassandra : Il faut pas que j’en parle aux filles, alors ?

Siriac : Ben si, pourquoi pas, mais pas en même temps. On pourrait y aller demain soir avec Roméo, et puis la fois d’après on ira avec Eloïse et Juliette.

Cassandra : Okay, oui, pourquoi pas.

Siriac : Cool ! Bon, ben je vais prévenir Roméo.


(Un silence. Il tapote sur un téléphone. Cassandra l’imite.)





Acte I, scène 13

Vendredi 20, 19 h 50

L’appartement de Juliette et Eloïse

(Eloïse, Nadia, Francesco)



(Nadia et Francesco sont assis sur le canapé ; Eloïse, agenouillée à côté d’une petite table, achève de servir des apéritifs.)



Eloïse (tendant une coupe à Nadia) : Tiens.

Nadia : Merci.


(Eloïse tend une autre coupe à Francesco.)


Francesco : Merci.


(Un silence. Eloïse se sert.)


Nadia : Et donc, vous… vous avez déjà… euh… rencontré beaucoup de monde comme ça ?

Eloïse (souriant) : Comme ça, oui… Mais par ce site-là, vous êtes les premiers.

Francesco (souriant) : Hmmm… on a de la chance, alors…


(Juliette entre, vêtue d’une tenue moulante et échancrée ; elle porte un plateau contenant divers petits fours. Elle vient le poser sur la table basse devant le canapé en se penchant excessivement devant le couple. Le jeune homme déglutit en plongeant des yeux abondants dans son décolleté.)


Juliette : Servez-vous.

Eloïse (tendant une coupe à Juliette) : Tiens ma puce.

Juliette (s’en saisissant) : Merci.


(Elle l’embrasse sous les yeux intéressés de ses invités. Elle s’assoit sur un fauteuil en face du couple et se déhanche en se cambrant pour s’y caler bien en arrière. Tous la dévorent du regard.)


Juliette (provocante) : L’annonce disait que vous cherchiez une femme. Ça ne vous gêne pas que nous soyons deux ?


(Nadia lui darde des yeux de braise. Eloïse sourit. Francesco toussote et tire discrètement sur son pantalon.)


Eloïse : Et vous ? Vous avez déjà…


(Elle est interrompue par la sonnerie d’un téléphone portable.)


Juliette (se levant) : Désolée… c’est le mien. Je vais le couper.


(Elle s’avance jusqu’à un meuble où est posé le téléphone et s’en saisit.)


Eloïse : C’est qui ?

Juliette : Cassandra. Excusez-moi, je réponds vite fait. (Au téléphone) : Allô ?


(Un court silence. Eloïse, Nadia et Francesco boivent une gorgée. Juliette s’éloigne du canapé.)


Juliette : Ben j’ai pas trop de temps : on a des invités. Je peux te rappeler plus tard ?


(Un court silence.)


Juliette : Non, tu les connais pas, c’est un couple qu’on a rencontré sur le net, on va se faire un plan cul.


(Francesco toussote une fois de plus, et croise un bras sur son entrejambe. Nadia sourit en déposant sa coupe sur la table.)


Eloïse : Bon ben si des fois vous aviez un doute…

Nadia (à Eloïse, glissant une main sur la cuisse de Francesco) : Elle a l’air un peu chaude, ta copine…

Eloïse (souriant) : Ça lui arrive…


(Juliette, observant Eloïse un sourire aux lèvres, écarte le téléphone de son oreille et appuie une touche.)


La voix de Cassandra (du téléphone) : …s’il ne se doute pas de quelque chose. Je crois qu’il faudrait que je vienne en faire un peu moins, moi, des plans cul avec vous…


(Eloïse écarquille les yeux, un peu gênée.)


Nadia (impressionnée) : Ah ouais…


(Francesco serre les cuisses en se recalant dans le canapé.)


La voix de Cassandra : Alors, histoire de donner le change, ça m’arrangerait qu’on… Attends… (On entend sa voix plus fort, mais étouffée.) Qu’est-ce tu dis ? (Un court silence.) Non, je suis au téléphone aussi. (De sa voix normale) : Désolée. Vous voudriez pas qu’on aille ensemble à une salle de sport, demain ou dimanche soir ? Mais à une autre, pas la vôtre.

Juliette (amusée) : Si tu veux. Mais je vois pas bien ce que…

La voix de Cassandra : Ben comme ça Siriac verra qu’on fait vraiment du sport aussi. Enfin, je veux dire, qu’on fait du sport.

Juliette : Ok, si tu veux.

La voix de Cassandra : Mais si on y va avec Siriac, on fait que du sport, hein…


(Juliette sourit.)


La voix de Cassandra : Mais c’est pas que je veux plus faire des trucs avec vous, hein, c’est juste que… je crois que Siriac commence à se douter de quelque chose…


(Juliette ricane.)


La voix de Cassandra : Demain ?

Eloïse (à Juliette, à voix basse) : Pas très arrangeant, demain, on va manger avec ma mère et mon frère.

Juliette : Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié !

La voix de Cassandra : De quoi ?

Juliette (au téléphone) : Non, rien, j’avais oublié, mais demain on va manger avec la famille d’Eloïse.


(Elle pose sa main sur le micro du téléphone.)


Juliette (à Eloïse, à voix basse) : Y aura la copine de ton frère, la mignonne petite fleur ?

Eloïse (souriant) : C’est pas un nom de fleur, c’est un nom de vent… Mais de toute façon elle est déjà prise, et je te rappelle que je suis jalouse…

La voix de Cassandra : Je ne comprends rien de ce que vous dites !

Nadia : Ben nous non plus, si ça peut rassurer quelqu’un…

Francesco : Non, en effet, mais c’est plutôt amusant…

La voix de Cassandra : Demain aprèm, alors ?

Eloïse : Non, j’ai coiffeur.

Juliette (de nouveau au téléphone) : Bon, t’en fais pas, Cassandra, ça marche, mais plutôt dimanche aprèm. On se reconfirme ça demain. Allez, bonne soirée, bisous.

La voix de Cassandra : Bisous, éclatez-vous bien.


(Juliette raccroche. Un silence relativement lourd.)


Eloïse (à Nadia et Francesco) : Voilà voilà… Bon, vous vous demandiez peut-être comment aborder certains sujets ?

Juliette : Oui, je pense que vous allez maintenant pouvoir vous mettre plus à l’aise…

Nadia : Eh ben… au moins vous êtes cash…

Francesco (déboutonnant sa chemise) : J’avoue que ça me plaît assez bien.

Nadia (caressant l’entrejambe de Francesco) : Oui, toi tu as déjà l’air prêt…


(Juliette repose son téléphone et vient boire une gorgée de vin pétillant.)


Nadia : Je vais peut-être paraître indiscrète, mais…

Eloïse : Bah, au point où on est…

Nadia : J’ai entendu votre conversation au téléphone, et je vois ce qu’on est parti à faire ce soir… et je ne comprends pas pourquoi, quand vous baisez avec votre copine, vous ne lui dites pas de venir tout simplement avec son mec…


(Juliette soupire.)


Eloïse : Euh… c’est un peu compliqué…

Juliette (froidement, s’éloignant) : Je passe à la salle de bains, je reviens.


(Elle sort sous les regards perplexes de Nadia et Francesco.)


Nadia : J’ai dit un truc qui fallait pas ?

Eloïse : Mouais, plus ou moins. En fait, c’est que le mec de Cassandra, qui a téléphoné, est le meilleur pote de notre… euh… enfin… de l’ex de Juliette, avec qui on s’est frité. Et bon, faire du sport avec lui, à la rigueur, mais baiser, non. Ça nous rappellerait trop quand on… euh… enfin… ça nous rappellerait trop avant, quoi….

Nadia : Okay, désolée si j’ai été trop curieuse.

Eloïse : Pas de problème. Moi aussi, je vais faire ma curieuse.


(Elle regarde avec insistance l’entrejambe de Francesco.)


Eloïse (vicieuse) : Je peux voir ce qu’il y a dans l’emballage ?






Acte I, scène 14

Vendredi 20, 19 h 50

Le salon de Flora et Roméo

(Roméo, Flora, Daphné)



(Roméo est assis sur le canapé, les bras écartés sur le dossier ; à ses côtés, les deux jeunes femmes sont agenouillées nues sur l’assise et le sucent de concert. Il gémit en savourant leur fellation. La sonnerie d’un téléphone portable retentit. Roméo extrait péniblement un téléphone de la poche de son pantalon débraillé.)



Flora (retirant ce qu’elle a dans la bouche) : Ça peut peut-être attendre, non ?

Roméo (avisant l’écran) : Je sais pas, c’est Siriac…

Flora (souriant) : Ah bah dans ce cas, allume la vidéo, on va lui montrer ce qu’on fait…


(Daphné et Roméo sourient. Il presse quelques touches sur son téléphone.)


La voix de Siriac : Allô ? Roméo ?

Roméo (au téléphone) : Salut, attends, tiens, on va se faire une visio.

Flora (à Daphné) : Tu viens, on va se mettre face à la caméra ?


(Les deux jeunes femmes descendent du canapé et s’agenouillent aux pieds de Roméo pendant que celui-ci tourne son téléphone pour les filmer lorsqu’elles reprennent leur fellation.)


Roméo (amusé) : Allô ?

Flora : Sllluurrrp !

La voix de Siriac (sortant du téléphone) : Oh non mais putain ! J’hallucine !

Roméo : Mais oui, moi aussi, je suis content de t’entendre. Tu vas bien ?

Daphné (caressant le sexe de Roméo que suce toujours Flora) : Coucou Siriac !

La voix de Siriac (étouffée) : Ah putain, la vache !

La voix de Cassandra (lointaine) : Qu’est-ce qu’il y a ?

Flora (fort) : Sllluuuurrrp !

La voix de Siriac : Non, non, rien, ma puce, c’est juste que je râle parce que la visio marche pas, c’est con…


(On entend indistinctement la voix de Cassandra provenir du téléphone.)


Roméo : Salut Cassandra, vous allez bien ?

La voix de Siriac (grinçante) : Non, laisse tomber, j’ai coupé l’image et le haut-parleur !


(Flora retire ce qu’elle dans la bouche dans un nouveau long bruit de succion sonore exagéré.)


Flora : Oh Siriac, c’est trop bête… Tu ne veux pas nous regarder faire, ma sœur et moi ?

La voix de Siriac : Pfff ! C’est dingue comment vous êtes salopes ! Bon, mais c’est pas pour ça que je t’appelais, Roméo. Dis, je peux passer demain matin ?

Roméo : C’est pour ça que t’appelles ?!? Tu sais qu’ils ont inventé un truc pas mal qui s’appelle « sms » ?

Flora (amusée) : Demain matin, je ne serai pas là, tu devras te contenter de Roméo…

Roméo (pressant la tête de Flora vers son sexe) : Tiens, suce, au lieu de dire des conneries…

Daphné (provocante) : Moi je peux être là, si besoin…

La voix de Siriac : Roh putain !

Roméo : Ben tu peux passer si tu veux, oui, bien sûr.

La voix de Siriac : Oui, il faut qu’on parle. (À voix étouffée.) Je crois que Cassandra commence à se douter de quelque chose…


(Daphné sourit ; Flora éclate de rire, et Roméo sursaute.)


Roméo (criant) : Ah mais putain, Flo ! Tu m’as mordu !

Flora (ricanant) : Désolée. C’est ton pote qui me fait rire.


(Elle se redresse en tendant à Daphné le sexe du jeune homme.)


Flora : Tiens. Je passe aux toilettes et j’arrive.


(Daphné s’en saisit et se remet à sucer lentement le gland gonflé. Flora sort.)


La voix de Siriac : Alors, c’est bon ? je peux passer ?

Roméo : Oui, oui, pas de problème. Viens vers dix heures et demie.

La voix de Siriac : Ça marche. À demain. Bonne bourre !

Roméo : Salut, bonne nuit.

La voix de Siriac (étouffée) : Euh… attends, coupe pas…

Roméo : Quoi ?

La voix de Siriac (étouffée) : Tu veux pas remettre la vidéo ?





À suivre…