n° 22678 | Fiche technique | 19335 caractères | 19335 3415 Temps de lecture estimé : 14 mn |
10/10/24 |
Présentation: Si les premières fois où l’on fait l’amour sont rarement exceptionnelles, elles sont toujours inoubliables. Cependant, c’est souvent le chemin qui mène à cette première fois qui le plus intéressant, bien plus que l’acte en lui-même. | ||||
Résumé: Il fut un temps hélas reculé où les gens savaient se mêler de leurs affaires... Et cela permettait parfois à des histoires d’amour un peu particulières de se réaliser. Laissez-moi vous en raconter une. | ||||
Critères: fh vacances revede init | ||||
Auteur : Someone Else Envoi mini-message |
Projet de groupe : Les premières fois |
Où et quand ces deux-la se sont-ils rencontrés ? Difficile à dire ! Aujourd’hui, on dirait qu’ils se sont connus à la crèche ou à la maternelle, mais manque de chance, à l’époque, cela n’existait pas. La seule chose qui soit certaine, c’est que lorsqu’ils sont rentrés à l’école communale – chacun de son côté, car les cours n’étaient pas mixtes – ils étaient déjà les meilleurs amis du monde et ne se quittaient jamais.
Ensuite, au collège, même motif, même punition… Mais cela ne les empêchait pas de s’attendre à la sortie et de rentrer chez eux en se tenant par la main, ce qui ne manquait pas d’amuser – parfois aussi d’agacer – certains passants dans cette petite ville dans laquelle tout le monde ou presque se connaissait.
Après, il y a eu le lycée… Pardon ? Vous vous en foutez ? Vous ne voyez pas en quoi cette histoire qui commence peut vous intéresser ? Vous avez sûrement raison, mais cela, ce serait sans compter sur l’apparition pourtant parfaitement fortuite d’un personnage a priori secondaire, à savoir la tante de Noémie, Ingrid.
Tiens, parlons-en, de la tantine : qu’a-t-elle de particulier ? Oh, presque rien…
Comment vous dire… ? La tante, c’est le genre de fille qui, à quinze ans et à la fin de l’année scolaire, annonce tranquillement à sa mère qu’elle et sa copine Angèle partent faire un tour. La daronne laisse faire, les journaux ne sont pas encore pleins de faits divers et les différentes psychoses n’ont pas encore fait des ravages dans les esprits. Et puis surtout, à partir du moment où c’est avec tout juste un sac à dos et pas un rond en poche qu’elles s’en vont, quelque chose lui dit qu’elles seront vite revenues !
Eh bien, comme on dirait aujourd’hui, tout faux. En fait, le petit tour en question va durer plus de trois ans pendant lesquels les seules nouvelles que la mother va recevoir, ce sera les rares cartes postales envoyées par sa fille et provenant de Grèce, de Turquie, du Pakistan ou de je ne sais où… Puis c’est une pause de quasiment un an du côté de Katmandou avant que les deux copines ne se décident à mettre le cap sur l’Inde. Là, Angèle tombe amoureuse d’un français directeur d’hôtel où la multitude de langues et de dialectes appris au fil de leurs pérégrinations fait merveille auprès de la clientèle cosmopolite, jusqu’à ce qu’Ingrid réussisse à économiser assez d’argent pour enfin se payer le billet d’avion vers la France.
De ses années de route, il va lui en rester une invraisemblable force de caractère doublée d’une capacité d’adaptation hors normes : comme elle le dira des années plus tard avec beaucoup de philosophie, dans ce trip, il n’y a pas eu que des bons moments – sa vertu en a même eu quelques fois à en souffrir, et c’est un doux euphémisme, – mais que si c’était à refaire, non seulement elle recommencerait, mais elle n’y changerait rien. Bref, tout cela ajouté à une capacité de travail impressionnante, cela va lui permettre de reprendre brillamment ses études là où elle les avait laissées jusqu’à obtenir un doctorat et devenir, le plus simplement du monde, une biologiste de renommée mondiale malgré ses éternels dreadlocks et son allure de hippie soixante-huitarde.
Mais avant d’en arriver là, il y a du temps à passer sur les bancs de la fac et quelques milliers de feuillets à noircir, heureusement ponctués de quelques pauses bien méritées. Or, la famille de celui qui n’est pas encore son mari possède un petit mas isolé en Provence : l’endroit parfait pour se ressourcer… Et il va sans dire qu’elle s’y rend avec sa nièce et son désormais inséparable compagnon, Arthur, sans quoi je ne mentionnerais pas ce détail.
Or, à quelques centaines de mètres à peine de cette petite fermette, il y a un petit affluent de la Durance qui décrit une boucle où une sorte de crique s’est formée avec à la clé un courant un peu moins tumultueux et une eau plus chaude. Endroit idyllique ? Sans doute, d’autant qu’une bonne partie de la minuscule plage a la bonne idée d’être, selon l’heure, soit au soleil soit à l’ombre.
Et c’est là que, quasiment tous les après-midi, notre petite troupe se baigne… Mais à la manière de l’époque – d’autant qu’Ingrid est d’origine néerlandaise – c’est à dire, tout le monde à poil ! Enfin, surtout les jeunes enfants, pour les adultes, c’est plus aléatoire.
Seulement, il se trouve que les adultes, justement, ont parfois des choses importantes à faire. Alors, à quoi peut-on bien occuper ces longues après-midi d’été lorsque l’on se retrouve seuls ? Vous avez deviné : en se rendant à la rivière où ils savent pertinemment qu’ils ne seront pas dérangés et en s’y baignant… Pardon ? Ben oui, tous les deux nus, évidemment ! Comment voulez-vous qu’il en soit autrement ? Pour eux, c’est la norme.
Là, pendant de longues heures, ils vont jouer, barboter, s’éclabousser et bien sûr, rire. Et aussi s’allonger au soleil, parfois même dans les bras l’un de l’autre… C’est d’ailleurs bien souvent enlacés et profondément endormis qu’Ingrid va les trouver lorsqu’elle viendra les rechercher, les quelques rares fois où ils seront en retard pour le repas du soir.
Cette complicité ne va naturellement pas s’arrêter avec les vacances… Avec en corollaire quelque chose qui ressemble à un gag : à cet âge où, lorsque l’on a affaire à ce que l’on pourrait appeler un couple mixte – c’est-à-dire une fille et un garçon – la plupart des discussions tournent autour de « montre-moi ton zizi, je te montrerai ma founette » qui débouchent invariablement sur des discussions interminables où aucun des deux n’osera jamais faire le premier pas, c’est loin d’être le cas avec nos deux olibrius… Et pour cause ! L’anatomie de l’autre, cela fait un bail qu’ils la connaissent par cœur, les longues heures passées au bord de ce petit ruisseau sous le soleil leur ont permis d’obtenir toutes les réponses que l’on se pose à cet âge-là.
D’ailleurs, certains mercredis après-midi particulièrement pluvieux où ils ne sont pas avec leurs autres copains, ils se rendent tout là-haut dans leur grenier où, là encore, règne la tranquillité, puisque cela fait des lustres que plus aucun adulte ne s’y rend. Là, il n’est pas rare que Noémie se retrouve toute nue devant monsieur le docteur en se plaignant d’avoir mal à sa chatoune et, bien évidemment avec le plus grand sérieux, Arthur sort le stéthoscope, le thermomètre et tout le bazar avant de regarder et mettre ses doigts un peu partout pour le plus grand amusement de nos deux loustics.
Naturellement, une demi-heure plus tard, c’est le gamin qui se retrouve à poil devant madame la doctoresse vu que lui a mal à ses baballes ou à son zizi, et là, pareil, c’est avec la plus grande solennité que Noémie n’en finit pas de trifouiller et cafouiller le service trois-pièces du garçon.
Et alors ? Et alors, rien, bien évidemment ! C’est un jeu de gosses, rien d’autre… Cependant, Ingrid, qui semble avoir des yeux partout, n’a pas oublié de bien leur préciser que ce genre d’activités doit rester le plus loin possible des regards indiscrets et qu’il convient de n’en parler à personne, surtout pas aux adultes et encore moins aux bons copains qui s’empresseraient d’aller le crier sur les toits… Avec tous les emmerdements que cela sous-entend.
Bien entendu, les années passent, Noémie s’amuse de voir sa petite poitrine prendre forme tandis que Arthur, lui, s’étonne de ces quelques poils épars qui poussent entre les jambes de son amie.
Cependant, un beau matin, Noémie, qui pourtant est une élève modèle, ne se pointe pas en cours. Bien évidemment, Arthur s’en inquiète et, au retour du collège, s’arrête chez son amie qu’il trouve en pleurs et totalement dévastée. Il la prend dans ses bras.
Bien entendu, elle s’en est ouverte le matin même à sa mère qui, après l’avoir copieusement engueulée pour les taches sur le pyjama et les draps, s’est contentée de lui balancer un paquet de protections périodiques en pleine tronche sans même lui expliquer comment cela s’utilise et encore moins ce qui est en train de se produire.
Ben voyons ! Comme on dit souvent, autres temps, autres mœurs, la modernité n’a tout de même pas que des mauvais côtés. En attendant, Arthur, lui, ne perd pas le nord et se plonge immédiatement dans l’encyclopédie familiale pour essayer d’en savoir un peu plus… Malheureusement, les explications y sont peu claires et, las de ne pas avoir de véritables réponses, cessent bien vite ses recherches. C’est alors qu’une idée lui vient.
Quand on connaît le passé de la tante et surtout sa façon d’être, l’idée est excellente. À l’autre bout du fil, la tantine se marre, et pour cause : le plan qui consiste à se retrouver au beau milieu de nulle part sans tampon ni serviette alors que t’as l’impression que c’est un cochon que l’on égorge que t’as entre les jambes, elle ne connaît que trop bien. Encore une fois, sur la route, tout n’est pas toujours tout rose.
Avantage – si l’on peut dire – d’avoir été dans la galère, elle connaît toutes les combines pour s’en sortir dans ce genre de situation. Au final, même si c’est loin d’être l’extase, Noémie est tout de même un peu rassurée.
Et là encore, le temps passe… Et cette fois c’est à Arthur de se retrouver confronté à un problème assez terrifiant pour le jeune garçon qu’il est et que l’on appelle communément les pollutions nocturnes… Dont il n’a bien entendu jamais entendu parler ! Tous les deux ou trois jours et sans explication, il fait des rêves étranges auxquels il ne comprend rien, mais, au matin, il se retrouve avec, à l’intérieur de son pyjama, une quantité invraisemblable d’un liquide vaguement blanchâtre et aussi poisseux que collant avec, en corollaire, les inévitables félicitations de sa mère qui ne cesse de l’engueuler en le traitant de dégueulasse à cause, entre autres, des inévitables taches sur ses draps.
Naturellement, il mentionne ce petit souci à Noémie qui, cette fois, ne cherche même pas à comprendre et décroche immédiatement le téléphone. De nouveau, Ingrid se marre.
Et là, exactement comme elle l’a fait pour Noémie quelques mois plus tôt, elle leur explique ce qui se passe… Sauf qu’en plus, elle y ajoute un petit détail.
Noémie, tout comme Arthur qui est naturellement à l’autre bout de l’écouteur, est complètement à la rue. Qu’est-ce que c’est que ce cirque ?
Évidemment, vous avez compris : le plus simplement du monde, Ingrid vient de lui expliquer le principe de la branlette… Mais comme elle n’en reste pas moins pragmatique, elle n’oublie pas de mentionner que c’est typiquement le genre de combine que tout le monde pratique sans jamais l’avouer et que, là encore, il vaut mieux rester discret sur le sujet.
Une fois le combiné raccroché, Noémie ne perd pas le nord.
Cela fait des années que les deux compères se connaissent sur le bout des doigts et que leurs anatomies respectives ne leur posent aucun souci, mais, sans doute pour la première fois de sa vie, Arthur ne sait plus où se mettre à l’idée de montrer son zob.
Compliqué, non… Mais de là à le faire devant elle, il y a quand même un monde. Des années plus tard, ils se rendront compte qu’à aucun moment il n’a été question que Noémie se déshabille, ce qui aurait grandement facilité les choses !
Au fond de lui, il sait que son amie a raison, d’autant plus qu’il n’a aucune idée de ce qu’il va découvrir. Sa tante s’est longuement attardée sur le fait qu’il fallait y aller doucement, que le décalottage n’était pas toujours très simple, mais que la découverte de cette petite pratique pas si innocente allait tellement changer sa vie que cela risquait fort de le poursuivre jusqu’à un âge avancé. Et pour Noémie, c’est une révélation.
Eh oui, c’est la première fois qu’elle voit le sexe de son ami en érection… Après quelques secondes d’hésitation, elle se lance.
Trifouiller en toute innocence le zob et les baloches de Arthur, jusque-là, ce n’a jamais été autre chose qu’un jeu, mais là, elle sent bien que quelque chose de nouveau est en train de se produire.
Oui, ben comme dirait l’autre, avoir envie ne suffit pas toujours.
Alors, évidemment, cela peut paraître simple quand on sait depuis des lustres de quoi il s’agit, mais il ne faut pas oublier que si nos deux zouaves ont peut-être vaguement entendu parler de branlette, ils n’ont aucune idée d’en quoi cela consiste. Quoi qu’il en soit, sans jamais parvenir à décalotter totalement l’engin, à force de le triturer et d’aller et venir, l’inévitable se produit et un long jet de liquide vaguement blanchâtre – et terriblement collant – vient de gicler sur la main de Noémie. Arthur, lui, ne sait plus où il habite, tant la sensation qu’il vient de découvrir est à la fois terrible et délicieuse.
La suite, vous vous en doutez, est assez simple : à force de se tirer tout seul sur l’élastique, il va bien réussir à enfin décoincer le bidule et aller s’empresser de montrer cela à Noémie qui n’en croit pas ses yeux. Elle, de son côté, vient d’également remarquer un phénomène assez curieux : il suffit qu’elle pense à la verge dressée de son ami pour qu’aussitôt son sexe s’humidifie. Et elle qui a pourtant vu son partenaire nu des centaines de fois se met soudainement à rêver de le voir à poil et la flamberge raide !
Pire encore, ça la chatouille de par où ça la grattouille et il suffit qu’elle touche certaines parties sensibles de son anatomie pour déclencher une réaction en chaîne qu’elle a de plus en plus de mal à maîtriser… Et qui, pour tout dire, lui fait peur.
Oui, les anciens appelaient ça la petite mort, ce n’était pas pour rien.
Le temps de le dire, elle s’est dénudée et Arthur, après s’être fait mentionner quelles étaient ces fameuses zones sensibles, se met à l’œuvre. Après quelques jours et une bonne quinzaine de tentatives et pas mal de couineries, il va réussir à la faire basculer de l’autre côté de l’orgasme, découvrant par-là même cette fameuse jouissance dont parlait Tante Ingrid.
Et donc, pendant assurément deux ou trois ans, ils vont explorer toutes les manières possibles et imaginables de se faire mutuellement du bien sans jamais passer à ce que l’on pourrait appeler les choses sérieuses. Ce n’est qu’une fois en ménage que, subitement, le manque va se faire sentir et qu’ils vont enfin exprimer le désir de passer à autre chose de, comment dire, un peu plus concret. Sauf que…
Même s’ils se sont abondamment documentés sur le sujet, même si ces deux-là ont pour une moins un parcours atypique, cette première fois va être pour eux – comme pour tous les amoureux du monde, en fait – une véritable plongée dans l’inconnu. Et s’ils sont désormais parfaitement au courant de la méthode et de la technique, ils sont également conscients que cette fameuse première fois, ce serait bien de ne pas la rater ! Plusieurs fois et parfois dans des lieux insolites, ils se sont mis en position, le sexe d’Arthur à quelques millimètres de la caverne de Noémie, mais… À chaque fois, Arthur s’est défilé, préférant se finir à la main sur le ventre de son amie plutôt que de la prendre. Pourquoi ? Ils ne le savent pas eux-mêmes.
La solution va, une fois de plus, venir de la tante Ingrid : deux alliances, quelques amis et de la famille, une petite visite chez monsieur le maire puis chez le curé histoire de répondre à la question fatidique et signer quelques papiers, et en avant la musique !
Par contre, il va falloir un petit moment aux invités pour se rendre compte que, vers onze heures du soir, les deux tourtereaux se sont envolés… Pendant une bonne partie de la nuit, c’est au volant d’une décapotable prêtée pour l’occasion qu’ils vont prendre la route qui va les mener jusqu’à cette petite plage qu’ils connaissent si bien, tout près de ce petit ruisseau qui, sans doute pour l’occasion, a décidé de se faire plus discret qu’à l’habitude.
Là, un grand drap de plage, quelques bougies, deux flûtes et une bouteille de Champagne plus tard, c’est sous le ciel étoilé et au chant des cigales qu’aura lieu leur véritable première fois… Qui sera d’autant plus inoubliable qu’elle sera parfaitement maîtrisée, et pour cause…
La suite est un peu moins originale : un voyage à Venise, deux enfants, cinq petits-enfants, une petite vie tranquille avec son lot de hauts et de bas… Avec à tout jamais une histoire impossible à raconter.
Et puis, et puis… Une rencontre au hasard d’un repas pris en commun lors d’une fête de village où, accompagnée de la famille et des amis, la quasi-totalité de la population est présente. Un couple de charmantes personnes âgées dont vous connaissez désormais les prénoms et avec lequel je sympathise. Et puis un verre, deux verres, trois verres, une bouteille, deux bouteilles… Et cette histoire qui arrive sur la table sans n’avoir aucun souvenir de comment elle y est parvenue.
Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il me plaît à moi de penser qu’elle est vraie. L’ai-je enjolivée ? Non, je ne pense pas, je l’ai tout juste développée, sans quoi elle tenait en quinze lignes.
Tout cela remonte hélas à un paquet d’années… Mais de temps en temps, lorsque je vois deux gamins se tenir la main, je repense à ces deux-là. Une telle aventure serait-elle possible de nos jours ? Avec le nombre d’hypocrites et de personnes qui voient le mal partout – et particulièrement là où il n’est pas – en se mêlant des affaires des autres, j’en doute.
C’était mieux avant ? Eh bien, par certains côtés, peut-être.