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Temps de lecture estimé : 16 mn
30/10/24
Résumé:  Une jeune femme fusionne avec une entité extraterrestre qui amplifie ses capacités physiques, mais commence à prendre le contrôle de son corps et de son esprit.
Critères:  #sciencefiction ff jeunes
Auteur : SulfurousGuy            Envoi mini-message

Collection : Halloween
Jessica

Récemment encore, Jessica était une gentille fille qui cherchait avant tout à faire plaisir aux autres. D’ailleurs, c’était pour ça que son copain, Jimmy, l’avait largué du jour au lendemain sans une once d’explication pour une poupée plus jolie. Pourquoi s’expliquer devant une personne qui pardonnait tout, naïvement ?


Mais la rencontre avec le symbiote extraterrestre meurtrier avait tout changé dans la vie de Jessica. Elle ne voulait plus faire plaisir. Maintenant, il était temps de s’amuser un peu.


La jeune femme avait peu de souvenirs de l’étrange rencontre. Mais elle se souvenait des sensations.


Cela avait recouvert sa main, puis son bras. Ses doigts s’étaient allongés en de longues griffes, la matière visqueuse s’était glissée sur son torse, sa poitrine. Pendant ce temps, une autre vague avait recouvert ses jambes. Les deux océans noirs s’étaient rejoints puis avaient recouvert son entrejambe. Ce fut le moment le plus intense de la fusion. Car c’était par là que le symbiote entrait.


Cette créature se nourrissait de la satisfaction de son hôte. Toutes les satisfactions. Y compris la satisfaction sexuelle. Et celle de tuer. C’est cela qui avait causé la première Grande Dévastation sur sa planète d’origine. Mais ce serait le tout dernier secret que le symbiote avouerait à Jessica. Il avait un plan bien différent en arrivant sur terre, accroché à une météorite : plus personne ne s’entre-tuerait, si tout le monde était sous son contrôle. Pour cela, il devait parasiter l’ensemble de la population, avec l’aide d’une personne d’un grand potentiel.


Dans sa recherche, il était donc tombé sur elle au détour d’une rue et l’avait suivie jusqu’à son domicile. Alors qu’elle dormait, il était venu se placer sur elle pour faire sa connaissance, plus « physiquement », disons.


Pendant que la matière gluante et noire qui le constituait se déployait sur le joli corps de Jessica, il la sondait, l’appréciait, et se dit qu’il avait trouvé sa victime. Ce serait l’être avec lequel il allait passer les prochaines années. Voire des décennies, si elle lui plaisait vraiment.


Les filaments s’accrochaient aux seins de Jessica, comme des mains aimantes qui lui susurraient leur désir. Jessica, qui reprenait peu à peu conscience dans le bain qui la recouvrait, était troublée. Elle n’avait jamais été touchée ainsi. On ne lui avait jamais fait la cour de cette manière ni avec une telle intensité. Elle avait chaud. Cette chose lui éveillait son désir.


Comme c’était agréable, elle se laissa aller. Le symbiote savait exactement ce qu’elle voulait et le lui donnait. Tout son corps vibrait de plaisir par ces caresses d’un nouveau genre, et avec une ampleur inattendue.


Avec le recul, une partie d’elle avait trouvé cela dégoûtant, ces myriades de filaments gluants qui avaient pris possession de son corps. Mais avec le temps, elle trouvait plutôt ça excitant.


Comme le symbiote avait besoin qu’ils bougent pour que la synchronisation soit parfaite, il l’emmena en balade et lui fit tuer un pauvre homme qui la surprit dans son nouvel aspect transformé. Ce fut le premier sang qu’elle goûta.


Ce n’était pas mauvais, mais elle ressentait un peu de culpabilité à lécher le sang d’un inconnu. C’était un peu similaire aux fois, ou, par inadvertance, elle se mordait la lèvre, et passait sa langue dessus. Ce petit goût enivrant venait maintenant d’un autre. Un autre qu’elle avait tué.


Le corps encore étendu à ses pieds, le symbiote lui chuchota à l’oreille que ce n’était pas grave. Il y en aura d’autre comme ça, et à force, elle n’en souciera même plus. Mais pour ça, elle devait assumer l’envie meurtrière qui couvait en elle, et qu’elle essayait de faire taire depuis toujours.


Dans l’esprit de Jessica, il était la petite voix de la conscience inversée. « Tu as beaucoup d’importance, à mes yeux ». Elle eut du mal à le croire. Mais, après tout, n’était-ce pas parce qu’elle avait peu entendu de compliments dans sa vie ? « J’aimerais te faire découvrir tant de belles choses », continua-t-il, « par exemple la vengeance ». « Vous, les humains, formez souvent ce que l’on pourrait appeler un couple ». « Je sais qu’au fond de toi, tu as été terriblement blessée par ton dernier partenaire ». « Cela serait une belle occasion de t’initier, si tu es d’accord ».


Jessica savait qu’il avait raison, mais pour cela, elle devait oublier tous les scrupules qu’elle avait accumulés au cours de sa vie. Elle ouvrit et ferma ses immenses griffes noires. Elle devait avouer qu’elles lui plaisaient.


Le symbiote la conquit jusque dans son intimité. Le pouvoir qu’elle sentait monter en elle la captivait. Elle devenait aussi puissante qu’une déesse. Le symbiote lui donnait de la force, beaucoup de force. Et un appétit féroce, dévorant. Une reine devait être révérée, non ? Et ceux qui la trahissaient devaient être punis. Dans l’obscurité, alors que le symbiote acérait encore ses griffes au bout des doigts, elle sourit. Et cela aurait suffi à effrayer n’importe qui. Car la dame avait décidé de se mettre en chasse pour assouvir sa vengeance.


Elle connaissait par cœur l’adresse de son ex depuis le sol, mais par la voie aérienne, c’était un tout autre défi. Le symbiote, qui joignit son sens extraordinaire de l’orientation au sien, la conduit à destination. Elle s’introduisit chez lui.


Elle lâcha sa violence avec une excitation et une jubilation qu’elle ne s’était jamais accordée pendant ses dix-huit jeunes années. Elle le dévora tout simplement et savoura chaque morceau de son anatomie.


Elle suça le sang dont étaient recouverts ses doigts. Encore ce goût intéressant. En même temps, elle avalait toujours un peu plus de la substance du symbiote, qui la transformait toujours plus profondément, et la rendait folle d’ivresse.


Pendant qu’elle se léchait les doigts du sang visqueux de cet abruti, elle réfléchit à son avenir. Elle était entièrement nue avec la combinaison qui palpitait et coulait autour d’elle comme un liquide vivant. C’était excitant, d’autant plus qu’elle se trouvait dans la pièce où son copain lui avait fait perdre sa virginité. Ce symbiote lui donnait une étonnante liberté et un pouvoir grisant. Réalisant ce qu’elle venait de faire, elle se rendit compte qu’il pouvait la pousser à d’extrêmes degrés de barbarie. Mais après tout, pourquoi pas ? Elle n’avait plus de barrières, désormais. Plus vraiment d’attaches non plus. Elle avait le champ de l’avenir complètement libre.


Avec une étonnante facilité, elle s’accrocha au plafond, puis s’échappa par la fenêtre. Il fit naître des tentacules noirs dans son dos qui tournoyèrent autour d’elle en sifflant dans l’air. Puis elles s’accrochèrent aux parois des immeubles qui les entouraient et Jessica s’éleva vers le ciel. Elle se retrouva accroupie sur le toit d’un immeuble en pente, et prit le temps de contempler les files de voitures ininterrompues en contrebas. Ces êtres humains semblaient si limités… aussitôt que cette pensée émergea de son esprit, elle réalisa qu’elle provenait du symbiote, qui se superposait souvent à son propre esprit. « Ai-je vraiment aimé manger cet homme ? » Elle se sentait légèrement ballonnée : et pour cause, elle avait assimilé un poids identique au sien en quelques secondes. Mais la créature extraterrestre avait d’étonnantes capacités, comme le fait de stocker tout cela dans ses cellules, et de densifier la matière.


Devant elle s’étalait la ville, comme une mer de diamants.

« Voici ce que je t’offre. Et ceci n’est qu’un avant-goût de ce qui nous sera possible, toi et moi. »

Le vent soufflait autour d’elle, mais elle n’avait pas froid. Elle se trouvait à des dizaines de mètres du sol, et pourtant, pour la première fois de sa vie, elle n’avait pas le vertige. Au contraire, tout cela était très excitant.


Elle était ivre de joie. D’une joie qui lui était interdite jadis, ou qu’elle s’interdisait. Encore sous le coup de la jouissance de ce qu’elle venait de faire, elle se prépara à se masturber. Mais au fond de son entrejambe, elle sentit soudainement que le symbiote avait bien mieux à lui proposer. Ce serait lui qui lui ferait l’amour. Et à ce qu’elle pouvait en sentir, il était déjà bien parti. Connecté à tous ses centres névralgiques, et pouvant adopter toutes les formes qu’elle désirait, il était parfait à ses yeux. La bouche entrouverte, haletante, elle se tomba en avant et se retint à une rambarde. L’intensité était telle qu’elle ne parvenait plus à retenir les spasmes de son corps. Plus elle prenait du plaisir, et plus elle gagnait en puissance.


La nouvelle Jessica hurla dans la nuit son bonheur de vivre. Le crépuscule s’emplit de sa voix inhumaine, terrorisant ceux qui l’entendirent. Cette nuit-là, une légende commença alors à naître dans la ville.


Cependant, la jeune femme resta encore un peu parmi les humains, le temps de réfléchir à un plan à long terme. Le corps de son ex avait disparu et porter son symbiote ne laissait aucune trace. De plus, elle avait porté un soin particulier à l’évitement de toute caméra. Jessica se savait donc absolument hors de portée de la police et de la justice, même si elle était la principale suspecte, ayant subi récemment un affront à cause de la victime. Elle fut convoquée à un entretien par les forces de l’ordre puis l’enquête policière fut bientôt close.


Jessica était en première année de psychologie à l’université, et elle pouvait déjà remarquer quelques-uns des effets troublants du symbiote sur son esprit, notamment lorsqu’elle arpentait les couloirs bondés de monde.


Dans ces moments-là, il était enfoui en elle, et son ressenti jaillissait dans le cerveau de la jeune femme. Le symbiote avait de la curiosité pour leur race, mais aussi de la peur et de la haine. En retour, Jessica était fascinée par cette espèce extraterrestre douée d’une capacité de cohabitation hors norme, et pourtant qui semblait si crispée par la peur.


• — Jessica ?

Au détour d’un couloir, le visage inquiet de son amie Victoria était apparu. Elles faisaient partie de la même promo.


• — Oh ! Salut !

• — tu regardes les gens d’une façon étrange, ces temps-ci, lui confia son amie, pendant qu’elles marchaient côte à côte

• — Tu trouves ?

• — Oui, on dirait que tu vas nous dévorer. Les gens sont mal à l’aise, autour de toi.

Jessica était troublée, et s’efforça de le cacher.


• — Et puis avec la disparition de Jimmy, ça fout une ambiance glauque. Tu étais quand même sa copine, tu vois ce que je veux dire ?

• — Tu sais à quel point il était horrible avec moi. C’est comme une nouvelle aire de liberté qui s’ouvre dans ma vie.

• — Je comprends, ma chérie, mais… ça fait quand même un peu flipper… continua-t-elle à voix basse pour que les autres ne les entendent pas.

Elle tourna la tête pour regarder à droite et à gauche et continua :


• — D’habitude on parle de fringues, de sorties entre filles, des trucs normaux quoi !

Jessica se dit à cet instant précis qu’il était temps de faire passer leur relation à un nouveau stade.

• Si tu veux voir quelque chose qui a vraiment de l’intérêt, vient au café d’en face, dans l’arrière-salle, ce soir après les cours.

Victoria la regarda, surprise.

• C’est quoi ?

• Tu verras bien !

Son amie se mordit les lèvres et tourna les talons pour rejoindre son cours. Jessica savait que son amie, sous ses airs de jeune femme rangée, aimait bien les choses étranges.


Elle nota au passage la jolie courbe de ses fesses. Elle eut envie d’y mettre une claque. Cette pensée l’étonna un instant puis elle sourit. C’était une autre conséquence de sa fusion avec le symbiote : sa sexualité était beaucoup plus débridée, à présent.


À dix-sept heures, Jessica la vit entrer dans le bar et la rejoindre à l’abri des regards, dans un espace à l’écart. Le symbiote frétillait au fond d’elle, surtout au niveau de son entrejambe. Sa culotte bouillonnait littéralement. Elle se mit à rougir. Son amie s’assit sur la banquette à ses côtés.

• Alors ???

• Tu me fais confiance ?

• Euh, oui…

• Alors, laisse-toi faire

Jessica posa sa main sur sa cuisse. Aussitôt, une masse visqueuse coula le long de son bras, sortit de sa manche, et glissa sur la cuisse de son amie. Elle poussa un cri de surprise, mais ne bougea pas. Sa jambe était maintenant presque entièrement recouverte. C’était chaud, enveloppant et confortable.


Jessica entendit une voix à l’intérieur de son esprit :

« Merci de m’avoir apporté une esclave de plus »

• Je t’en prie


Mais le mot « esclave » l’interpella. Jessica était-elle vraiment soumise au symbiote ? Il partageait son esprit et entendait la moindre de ses pensées. Avait-elle donc encore un espace d’intimité, voire même de volonté propre ?


Mais sa réflexion fut stoppée devant la ravissante transformation qui s’opérait devant elle. Avant cela, Jessica n’avait jamais trouvé son amie très belle. Elle était jolie, mais sans plus. Mais à présent, dans cette magnifique combinaison noire qui moulait ses fesses et ses seins, elle était à croquer.


En regardant son amie transformée par le symbiote, Jessica se demanda quelle sensation aurait elle à faire l’amour avec elle, avec le symbiote présent dans son organisme. À cette idée, elle n’était pas la seule à frétiller d’excitation : le symbiote aussi voulait essayer.


Victoria ouvrit la bouche docilement et Jessica rentra progressivement sa longue langue en elle. Elle avait une belle cavité humide qui l’attendait.


Puis Jessica se pencha et mit dans sa bouche le sein gauche de Victoria pendant que cette dernière lui embrassait la nuque. Les deux jeunes femmes se frottaient l’une à l’autre. Le symbiote amplifia leurs sensations, et les deux jeunes femmes durent s’empêcher à grand peine de hurler leur plaisir.


• — Tu avais raison, c’est délicieux, comme sensation, lui susurra Victoria à l’oreille.


Si Jessica découvrait le plaisir de caresser son amie, Victoria espérait depuis des mois ce moment.

Sa main se posa sur ses fesses, pendant que Victoria se cambrait, dos à elle. À cet instant, plus rien d’autre ne comptait pour elles.


Le symbiote leur faisait à toutes les deux comme une combinaison aux reflets liquides, voire huileux, qui bougeait à chacun de leurs mouvements.


Elles échangèrent encore un baiser humide. Jessica n’en avait pas vraiment envie, mais il fallait sortir d’ici pour mieux en profiter. Elles ordonnèrent à leur tenue de se changer à nouveau. Sous un aspect à peu près normal, elles se glissèrent hors du pub.


À peine arrivées dans le hall de l’immeuble de Victoria, elles recommencèrent à s’embrasser. Elles parvinrent à gagner rapidement l’appartement et se vautrèrent sur le grand lit.


Pendant qu’elle lui faisait l’amour, Jessica se demanda si c’était sur Victoria ou sur le symbiote qu’elle était assise à califourchon, sur le lit. Le symbiote permettait leur association, à toutes les deux, reliées par leur intimité. C’était troublant, mais délicieux. Autour d’elle, une immense rose noire, issue de leur combinaison à toutes les deux, se développait dans toute la pièce, et pulsait à chaque fois que le plaisir montait en elles.


Dans ce tsunami luisant et bouillonnant, elles firent l’amour de nombreuses fois. Le symbiote leur donnait une énergie considérable, et régénérait leur organisme. Elles n’étaient jamais fatiguées ni rassasiées.


Victoria ne fut pas la seule amante de Jessica. Elle en eut de nombreuses autres. Elle ne se séparait même plus du symbiote, elle dormait avec lui, lui confiait tous ses désirs et ses fantasmes les plus secrets et les plus tabous, et ils les réalisaient ensemble.


La vie de la jeune femme se poursuivit ainsi, entre sexe et meurtres. Ces derniers étaient réalisés de plus en plus loin géographiquement pour éviter les soupçons de la police. Jessica avait une petite préférence pour les mecs infidèles. Mais il fallait d’autres boucs émissaires pour ne pas attirer l’attention des inspecteurs. Pour faciliter des choses, le symbiote introduisit des parties de lui au sein de la police.


Et c’est cela qui mit la puce à l’oreille de Jessica. La jeune femme découvrit bientôt que le symbiote, à son insu, avait créé bien plus d’esclaves qu’elle ne s’en doutait. En réalité, il cherchait à se faire une immense armée à son insu et chaque jour, séparait des petits bouts de lui-même qui s’attachaient à des inconnus dans la rue ou dans le métro bondé pour prendre possession de ses nouvelles victimes.


Jessica avait de plus en plus d’absences. Elle ne se souvenait rarement de ce qu’elle avait fait les dernières heures. Le symbiote prenait beaucoup de décisions pour elle ces derniers temps. Son quotidien se désorganisait au fur et à mesure que les jours passaient. Elle se sentait disparaître au profit du symbiote, et dans les moments de conscience, cela était très inquiétant. Elle était très près d’être consumée par le symbiote. Heureusement, elle le réalisa à temps. Il y avait encore de la substance d’elle à l’intérieur du parasite, il n’avait pas tout dévoré de l’arbre originel.


Elle décida donc de reprendre le contrôle. Avant ce jour, elle le considérait comme un amant dont le corps visqueux glissait sur elle et en elle. Elle aimait le voir couler entre ses jambes, la faire languir et la réconforter. Mais cette période de liberté, de puissance et de domination vis-à-vis des autres êtres humains avait développé le caractère indomptable de Jessica. Elle n’était plus la jeune femme toute gentille de naguère.

Alors eut lieu le combat qu’elle redoutait tant.


• — Symbiote ! hurla-t-elle un soir dans la nuit, une nuit similaire à celle où avait eu lieu leur rencontre. Je suis prête à me battre ! Ton règne s’achève ce soir !


Tout son organisme se mit à bouillonner furieusement d’un noir d’encre. Ses membres gonflaient, se tordaient, s’allongeaient, collaient aux murs, prenaient des formes toujours plus incongrues. Le combat se jouait en elle et donc forcément en lui. Au début, le symbiote montra des signes de faiblesse, mais il se battit vaillamment.


Il déborda sur le visage de Jessica et lui griffa les joues, puis tenta d’étouffer sa poitrine. Une foule d’appendices en colère s’agitait sur toute la surface de son corps. Elle lui arracha la tête, et la tint dans ses mains, pendant qu’il se démenait pour s’en extraire. Il la plaqua contre le mur et voulut la priver d’air, mais elle avait appris à respirer à travers lui. Elle était devenue aussi sauvage et démoniaque que lui. Les pointes de ses cheveux qui battaient dans l’air se perdaient dans la substance noire et brillante.


Ils dansaient tous les deux dans un combat mortel. Quand il prenait trop l’ascendant, elle arrachait des poignées de substance noire de son corps et les jetait au loin pour l’affaiblir. Elle ressemblait à Athéna, la déesse de la guerre pendant la plus épique des batailles. Il tenta alors de la faire souffrir de l’intérieur, en pressant directement ses nerfs, mais elle avait appris à bloquer la douleur et à la lui renvoyer par contact direct. Ce fut à lui de se tordre de douleur autour d’elle, comme si, voulant ligoter Jessica, il était finalement attaché à son propre outil de torture.


Bientôt, d’autres individus entrèrent dans le combat et fournirent, en renfort, leur symbiote à la souche originelle.

Mais le nombre, ou la quantité ne comptaient plus dans la balance. Jessica employa toute sa force de conviction pour le plier à sa volonté. Elle ne voulait pas l’éjecter de son organisme, il était trop lié à elle biologiquement, dorénavant. Et puis elle n’en avait aucune envie, car la sensation de ce liquide chaud et transformable à volonté était non seulement grisante, elle lui était nécessaire.


C’est en jouant sur cette faiblesse qu’il tenta de lui résister. Il lui promit de lui faire assouvir tous ses fantasmes si elle lui laissait la main. Il faillit la reprendre plusieurs fois, d’ailleurs, dès que sa vigilance faiblissait.


Mais la jeune femme, qui avait appris à observer et à maîtriser son esprit quand il dérivait trop, trouva le moyen de vaincre la bête. Il ne pouvait plus partir, car il était dépendant de l’ADN de Jessica. Il mourrait s’il s’en détachait. Alors l’enveloppe d’huile noire qui la recouvrait se figea, comme s’il était mort. Mais il avait seulement perdu sa volonté.


À ce moment, autour d’elle, les autres esclaves attendirent ses ordres. Désormais, c’était elle, la reine. Elle étendit sa conscience à tous les réseaux à distance qu’avait créés le symbiote. D’autres individus à travers la ville devinrent aussi connectés à elle. Elle en libéra certains. Pour les autres, elle s’en servit comme moyen de sonder la population, en les laissant se mêler aux autres.


Dans sa prise de contrôle totale sur le symbiote, elle avait pris possession de ses souvenirs concernant la fameuse Grande Dévastation qui avait presque entièrement décimé son peuple sur sa planète d’origine. Puisqu’à sa connaissance, elle seule était au courant, sur terre, de l’existence de la créature, il était hors de question qu’elle laisse un tel pouvoir se répandre davantage sur terre, pour le bien de l’humanité.


Car dans cette nouvelle vie, que lui avait offerte le symbiote, Jessica était devenue une prédatrice, elle allait réguler les populations humaines en faisant disparaître les moins bons spécimens. Elle purifiait à chaque fois un peu plus l’humanité d’un individu indésirable. De toute façon, ils étaient si exécrables qu’au bout de quelques semaines, plus personne ne les regrettait ni ne les cherchaient.


Elle se fit un nom dans le domaine du crime : la Créature Insaisissable. Certains l’apercevaient parfois, de loin. Souvent, il était déjà trop tard. Aucun moyen matériel ne pouvait l’arrêter. Elle passait même dans l’interstice des portes et pouvait sauter d’une paroi d’immeuble à une autre sans être même approchée.


Lorsqu’elle dévorait un individu, elle ne savait plus si c’était elle ou le symbiote qui se nourrissait. Cela passait à travers eux deux, ils formaient dorénavant un ensemble. Elle savourait cet acte autant, voire plus que lui.


Et puis, elle avait décidé de ne plus appeler le symbiote ainsi. Dorénavant, il faisait partie de son corps. Il était tellement gorgé de l’intimité de Jessica et l’avait tellement pénétré, que leur ADN à tout les deux ne faisaient plus qu’un. Il n’était plus vraiment un symbiote, et elle n’était plus vraiment l’hôte. La conscience de la créature avait été entièrement assimilée. Ce qui restait n’était maintenant plus qu’une sous entité d’elle, au même titre que sa mémoire, ou sa capacité à calculer.


Mais Jessica conservait encore une part d’humanité et de coquetterie. Comme elle pouvait liquéfier complètement son corps, et se reconstituer entièrement à un autre endroit, Jessica avait accès à toute la garde-robe qu’elle souhaitait. Ses tenues étaient uniquement limitées par son imagination. Alors elle se plut à porter des robes de grands couturiers, tant que cela n’attirait pas l’attention sur elle. Elle pouvait même prendre l’apparence de quelqu’un d’autre ou créer n’importe quel accessoire, tant qu’elle était capable de le concevoir dans son esprit. Son corps était devenu polymorphe. Cela lui ouvrait des perspectives infinies.


Pour la nouvelle Jessica-symbiote, le vrai jeu ne faisait alors que commencer.