n° 22733 | Fiche technique | 8674 caractères | 8674 1503 Temps de lecture estimé : 7 mn |
02/11/24 |
Résumé: En sous-sol | ||||
Critères: fh | ||||
Auteur : Landeline-Rose Redinger Envoi mini-message |
Le soir, avant le sommeil, retrouver le chemin des petits évènements de notre journée est une constante commune à bon nombre d’entre nous. Aussi, nous sommes enclins à projeter celui des choses à entreprendre. Les fantasmes de tout ordre, sont également ce que toute lumière éteinte et au bord de l’endormissement, vous, comme moi, prenons pour le champ du réalisable. La nuit aide à cela. Le jour venu les soustrait les uns des autres pour les noyer dans les petites obligations et les tracas minimes du quotidien. Vous l’aurez remarqué, je suis une fille privilégiée. Certes, je ne suis pas improductive, mais que ce fussent les missions pour le Conseil Régional ou mes prestations pour l’agence suisse, je n’ai en somme pas la contrainte d’horaires réguliers et mon corps n’est pas fourbu d’un travail répétitif pesant. Même si, ironiquement, mon corps s’emploie tout autant que le vôtre, mais sans doute pour des objectifs différents. Ne le prenez pas mal, vous avez raison, l’activité de votre corps ne m’est pas connue.
Ce soir, c’est avant que ne me cueille le sommeil, que je visualise cette petite virée au sex-shop avec, je ne m’en cache pas, une certaine fierté. Oui, fierté de l’acte accompli dans le plaisir, sans avoir ni blessé ni outragé mon prochain. Bien au contraire. Qui s’en targue en somme ?
Un souci comme un friselis me titille pourtant. Comment maintenir à degré constant le désir et rester en veille, sans que le quotidien ne me rattrape dans les mailles complexes de sa monotonie. Oh, je ne cherche pas à établir, chaque jour de ma vie, une mise en scène sophistiquée, mais me dis-je, un plaisir mémorable et ordinaire chaque semaine serait bien ce qui me conviendrait.
Je sortais de Château d’Eau dans le 10e, boulevard de Strasbourg, pour rejoindre à pied les bureaux d’un organisme de paiement de la formation professionnelle. Une mission courte de renfort. C’est donc au second jour que je fis le chemin avec cet homme, dont je ne souhaitais ni connaître le nom pas plus qu’accepter le petit pot, comme il disait à la sortie du bureau. Aussi, je déclinais toute tentative de séduction et dire que cet homme peinait à les élaborer est un euphémisme. J’avais le sentiment fort que ses nuits étaient occupées à une mise en scène qui tournoyait, le rendant have et fébrile chaque jour un peu plus. Timide devant toute femme, cet homme déployait une montagne d’énergie et de souffrance à m’inviter en tout bien tout honneur, disait-il avec la peine chevillée au corps.
Flottant dans son costume de lin grège, engoncé dans une chemise sévèrement nouée par une cravate, cet homme marié – je suis marié, vous savez – avait-il cru bon de préciser pour donner un gage de grande vertu, cet homme-là vivait la vie atroce d’un amoureux transi.
Mon refus éperonnait sa peine et, je dois vous le dire, attisait mon plaisir. Vous le savez, je ne cherchais alors que le sexe et plutôt vite consommé. Je voulais donner à mon corps un carburant qui le maintiendrait durablement dans un frémissement sensuel, multiple et varié.
Donc, cet homme enamouré allait au-devant d’une triste déconvenue. Sa ténacité l’abandonna et je le vis s’éloigner de moi, feindre de me voir puis disparaître. J’abandonnais le métro au profit de ma Mini-Cooper pour stationner dans un parking durant quelques jours.
Tout à fait par hasard, je croisais mon amoureux floué, mais je soupçonnais bien qu’il eut arrangé les effets du hasard.
Voilà Landie, me dis-je, ne laisse pas filer le plaisir, une semaine sans n’est pas concevable.
Je quittais ma ruelle Santos, le vendredi matin, minirobe et bas jarretières, bottines, chevelure lâche – elle fut stricte les autres jours. Bien sûr, je passais sur ma très courte robe, une jupe portefeuille pour ma journée de travail. Vous l’aurez compris, j’allais passer une journée sans culotte. Vous en connaissez les délices, non ?
Je garais ma Mini non loin de cet homme et fis en sorte de le croiser dans la même allée.
Il s’évertuait à y mettre une forme enjouée qui peinait à masquer son désespoir.
Les portes se refermaient sur moi et cet homme devait penser à la folie, à une imagination qui lui jouait des tours, à la mort, au suicide.
Vous dire que cette petite mise en scène m’avait lancé dans un état second n’est sans doute pas nécessaire.
Si ce n’avait été la présence dans le même bureau des deux secrétaires, j’aurais ouvert ma jupe portefeuille et doigté mon clitoris. J’entrevoyais le moment comme rapide, abrupt, impétueux, et c’est bien cela qui rendait mon corps à la chaleur qui me tint jusqu’à 16 h 30.
Je quittais l’immeuble en hâte, filais d’un petit pas sec et rejoignis ma voiture. J’avais, je le savais, un temps d’avance sur lui. Arrivée là, je quittais ma jupe, relâchais ma chevelure – je l’avais stricte durant la journée –, laissais largement ouverte la fermeture à glissière sur mes seins pris dans un pigeonnant de La Perla. Posée sur mon siège, je caressais mon sexe et jouis en serrant les mâchoires sur un kleenex. À peine eussé-je le temps de farder ma bouche d’un rouge coquelicot, que cet homme arrivait à sa voiture. Je me dirigeais vers lui aussi fixe qu’un panneau de signalisation.
Je tenais mon instant. Le sexe instantané était à ma portée. Directe et sans fioriture, je passais ma main sur le lin de son costume à l’endroit de son sexe.
J’approchais ma bouche de son oreille.
La paralysie l’avait gagnée comme un chevreuil dans les phares d’une voiture. Accroupie, je sortis son sexe qui, après quelques judicieux coups de langue, s’allongea joliment. Un gland pointu, un sexe long et fin. Je le suçais jusqu’à sa pleine raideur, puis redressée, je fis volte-face et tendant bien ouvertes mes fesses, je guidais sa queue dans mon trou.
Pantalon et slip sur les chevilles, cet homme fourrait mon cul avec une régularité métronomique. Si à quelques pas de nous, on passait, également on détournait les yeux. Enfin presque. À peine caché par un pilier, j’aperçus un homme d’âge qui semblait ne pas en perdre une miette. Cela, vous l’imaginez, redonna un élan à ma fougue.
La mécanique que donnait cet homme à me baiser avait quelque chose d’un mouvement perpétuel. Je mordais mes lèvres pour ne pas entendre l’écho de ma jouissance. Ma main glissa sur sa bite, mon cul la quitta.
Je m’accroupis à nouveau et branlais sa queue entre mes seins ; un jet long et tiède chatouilla mon cou, je léchais son gland en faisant glisser son sperme dans ma bouche. Puis sa bite se recroquevilla ; caressant ses couilles, j’approchais ma bouche de la sienne et, tandis que ma langue s’engageait dans sa bouche, j’y envoyais son jus. Je plaquais ses mains sur mes seins pour y reprendre son jus.
Cet homme remonta slip et pantalon.
Il tourna les talons, prit place au volant de sa voiture et disparut.
Je retrouvais la mienne, sans perdre de vue le voyeur qui n’avait pas quitté son poste d’observation.
Je fis tomber ma robe, dégrafais mon soutien-gorge, pris quelques petites secondes avant de passer mon trench-coat et démarrais. L’homme se posta au niveau de la barrière.
Avant qu’elle ne laisse le passage libre, je lui donnais à voir mon corps et mon doigt qui agaçait mon clitoris.
Remontée à l’air libre, j’ai filé sur l’avenue de Strasbourg, une bonne douche m’attendait.
Le soir, refaisant le parcours mentalement, j’ai pensé : curieux, tout de même. Cet homme, et c’était bien le premier, je crois, n’a émis aucun son, pas plus de jouissance qu’un mot de sa bouche. Étrange, cet homme.