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Temps de lecture estimé : 41 mn
01/12/24
corrigé 01/12/24
Résumé:  Isabella, adolescente est chassée de sa maison lorsque son père apprend sa grossesse.
Critères:  #historique #initiation #romantisme #rencontre #couple fh hplusag enceinte campagne amour voir lingerie caresses facial fellation pénétratio
Auteur : Claude Pessac            Envoi mini-message

Projet de groupe : Noëlies
Le Calendrier de Noël

Le Calendrier de Noël


Près du village d’Alquezar niché au cœur des montagnes de la Sierra de Guara, une jeune femme câline tendrement José, son bébé âgé de quelques mois. L’hiver a revêtu la montagne d’un manteau de neige épais, et le vent siffle entre les pins comme un chant de mélodies lointaines. Les journées sont courtes déjà, et les nuits, longues et froides, mais au fond de la triste masure d’Isabella, un feu brûle dans la cheminée, réchauffant péniblement l’atmosphère mais lançant de joyeux crépitements. Malheureusement, la réserve de bois est épuisée et la neige épaisse interdit tout espoir de ramasser des branches mortes.


En cette fin d’année 1938, cette neige, tombée en abondance depuis trois jours, est source d’angoisse pour la jeune femme. L’hiver s’est installé bien tôt dans les montagnes et sa situation devient dangereusement précaire.


À l’automne de l’année précédente, lorsqu’elle avait avoué être enceinte, son noble père l’avait chassée de sa maison. Elle avait alors fui sa ville natale qui semblait de plus en plus éloignée de ses rêves de paix. Saragosse était aux mains des nationalistes qui patrouillait régulièrement dans les rues.


Isabella avait beaucoup marché, pendant des semaines, passant d’un village au hameau suivant, quémandant sa pitance, un coin pour s’abriter, un travail quelconque. Elle avait réussi à passer les mois les plus rudes dans un relatif confort, dégottant çà et là des petits emplois et des hébergements presque décents. Mais dès février, sa situation était devenue beaucoup plus précaire. Les portes se refermaient sur son nez, les habitants toisant la pauvrette dont le ventre s’arrondissait de jour en jour : la jeune fille, vu son état, ne pouvait leur être d’aucune utilité, elle ne serait qu’une charge grandissante dans les semaines suivantes et surtout lorsque l’enfant serait né.


Une pauvre et brave petite vieille, Carmen, l’avait heureusement accueillie plusieurs mois. C’est chez elle qu’elle avait accouché d’un garçon en avril, José. Un enfant bien chétif et malingre qui avait cependant survécu : bien que malnutrie, Isabella n’avait pas de problème pour allaiter le petit qui avait rapidement trouvé bonne vigueur. Mais le fils de la vieille dame, maquisard républicain, était revenu chez sa mère à la fin du mois de juillet. Très vite, le bonhomme s’était mis à tourner autour de la belle jeune femme brune, se montrant de plus en plus pressant. Un soir, soûl, il avait tenté de la prendre de force, mais Carmen, alertée par les cris de sa protégée, était intervenue à temps. Isabella avait alors rassemblé ses quelques affaires et s’était enfuie en catimini dans la nuit.


Elle avait repris sa pérégrination hasardeuse vers les montagnes. Ses pas l’avait menée bien haut, à près de 700 mètres d’altitude, jusqu’au joli village d’Alquezar.


Sans doute aurait-il été plus sage pour elle et son petit de redescendre vers la plaine où l’hiver serait moins rude. Mais les montagnes lui paraissaient être un relatif havre de paix, éloigné des combats et des multiples exactions de la guerre civile.


Isabella avait trouvé un abri de berger, abandonné, à quelques distances du village. Une tanière dont le toit de pierres plates était heureusement étanche. La porte était solide et l’unique ouverture, dotée de bons volets, les protégeraient, elle et son enfant, du vent de l’hiver. Grâce à l’argent glané les mois précédents et celui que lui avait glissé sa mère, Isabella avait acheté quelques provisions et des vêtements pour son petit bonhomme chéri.


Le père de José, un étudiant en lettres de Toulouse, Gabriel, s’était engagé par idéalisme dans les Brigades Internationales pour combattre les nationalistes et participer à la victoire des républicains. Ce contemplatif aux rêves glorieux avait rapidement déchanté. Peu d’armes et de munitions, aucune action d’éclat, mais de simples et oiseuses missions de surveillance des allées et venues des troupes nationalistes. Entouré de compagnons hétéroclites, un Finlandais trop porté sur la boisson, un ténébreux et mutique communiste russe, un chétif juif grec, quelques gitanos chamailleurs et un chef de groupe irlandais, l’apprenti poète français avait compris, depuis le massacre de Guernica déjà, que la partie était perdue pour les républicains. Mais il n’avait pas pu se résoudre à rentrer en France.


Régulièrement, Isabella quittait son foyer cossu et marchait plus d’une heure le long de l’Èbre pour ravitailler ces hommes perdus dans leurs rêves de liberté. Elle avait noué une idylle platonique avec l’étudiant, perfectionnant son français scolaire à la lecture des poèmes d’Aragon.

Le temps passant, l’amitié s’était muée en quelque chose de plus fort, plus grisant. Après des premiers baisers enflammés, il s’était passé du temps avant qu’elle n’autorise son galant - c’est ainsi que se présentait le jeune homme -, avant qu’elle ne le laisse caresser sa poitrine au travers de son corsage.


Ces premières caresses et les mots d’amour du français avaient enflammé l’âme romantique de la jeune fille et fait naître des sensations irrésistibles. Sensations décuplées plus tard lorsque la main de Gabriel, puis sa bouche, avaient finalement titillé les seins qu’il avait dénudés. Même si le jeune homme faisait preuve par instant d’une certaine brutalité, Isabella avait ressenti des émotions dont elle imaginait qu’elles n’étaient que des prémices à d’autres, bien plus intenses. Affolée cependant, lorsque le jeune homme avait très vite, trop vite, glissé une main impérieuse sous ses jupes, Isabella s’était défendue, ruant, pour échapper à la main conquérante. Mais perdant vite toute raison, elle l’avait laissé caresser son barbu, au travers du tissu de son sous-vêtement et ne s’était que mollement défendue quand les doigts s’étaient glissés dans sa culotte : elle avait éprouvé presque instantanément un plaisir irradiant, qui l’avait laissée pantelante et radieuse.



Un grand seigneur qui avait tout de même fait tomber pantalon et sous-vêtement et pris la main de l’oiselle pour lui faire tâter le morceau…


Bien qu’effrayée par la précipitation de son amant, la bouche d’Isabella avait alors appris à amadouer la vipère dressée, à la lécher, la sucer et… la faire cracher. Elle n’avait d’ailleurs pas adoré, loin s’en faut, que son chéri l’étouffe avec son sperme, qu’elle avait trouvé aussi visqueux que salé. Mais comme le bonhomme continuait en même temps à lui affoler son bijou avec ses doigts, elle avait fait contre mauvaise fortune bon cœur : n’était-ce pas le devoir des femmes que contenter leur chéri d’une manière ou d’une autre…


Le scénario s’était reproduit les jours suivants et Isabella s’en était relativement lassée, désorientée qu’elle était par la précipitation souvent brutale de son galant qui la poussait de plus en plus rapidement à le mener à son plaisir… éclaboussant. Sans vraiment s’inquiéter de son plaisir à elle. Mais bien qu’il insistât lourdement pour la convaincre de franchir le pas, elle refusa encore et encore de lui céder son pucelage.


Une après-midi, elle avait trouvé son Gabriel aussi anxieux qu’excité :



Éperdue, affolée, Isabella s’était trouvée si désemparée que quelques vers bien choisis, susurrés à son oreille, avaient balayé sa réserve : elle s’était offerte. En toute confiance, puisque Gabriel lui avait seriné maintes fois qu’il était impossible qu’une femme soit fécondée lors sa défloration !


« C’est médicalement impossible, tout le monde le sait, avait-il menti. Et de toute façon, je me retirerai à temps. Tu auras un peu mal mais cette brève douleur sera très largement compensée juste après : tu verras, tu connaîtras un bonheur éblouissant que tu ne peux pas imaginer ! »


En fait, si la douleur se révéla intense mais effectivement brève, le sapage expéditif qui suivit ne lui apporta aucun plaisir ! Au contraire ! Elle n’avait aperçu à aucun moment la lumière éblouissante promise. C’est à peine si elle avait senti les mouvements du phallus en elle. Ignorante de tout, l’innocente ne pouvait savoir que son galant était loin de disposer d’un équipement… considérable. Et si, comme il l’avait promis, Gabriel se retira effectivement, ce fut sans doute avec retard car il ne lâcha qu’un seul jet de sa liqueur sur la motte velue. Isabella, de retour chez elle, trouva effectivement dans sa culotte des traces suspectes : elle comprit que son amant avait déversé en elle une bonne part de son sperme.


« Mais bon, puisqu’une pucelle tout juste déflorée ne peut pas… »


Gabriel ne revint jamais au camp. Plusieurs de ses compagnons, plus ou moins vaillants à leur retour, lui expliquèrent que Gabriel avait disparu très vite après le déclenchement de leur coup de force insensé. Aucun ne put se résoudre à lui avouer que le pleutre avait déserté avant même le début de l’attaque ! Jusqu’à ce que, cinq jours plus tard, fatigué de la voir espérer le retour de son héros, le Finlandais ne lui raconte l’indigne lâcheté du français et sa fuite honteuse.


Dès lors, ne croyant plus aux fariboles du lâche, la jeune fille, désespérée, avait attendu avec anxiété le retour de ses règles. Une, puis deux lunes passèrent avant qu’elle ne réalise qu’elle était enceinte. Ce fut un énorme choc pour elle, choc qui la statufia sur l’instant et provoqua une de ses visions.


Isabella était douée d’un sens particulier : que quelqu’un lui dise chercher un objet précieux perdu, elle pouvait, s’isolant mentalement un instant, indiquer où retrouver le bijou. Elle voyait aussi, par flashes, des situations particulières, des événements du passé, du présent et parfois du futur. Si certains, dans son entourage, se félicitaient de ce don de voyance, beaucoup d’autres, la conscience peut-être encombrée de lourds secrets, étaient effrayés qu’elle lise en eux et se méfiaient d’elle.


Ce jour-là, dans sa vision, elle vit Gabriel dans les rues d’une grande ville, française à n’en pas douter, calé sous un porche, serrant contre lui une jeune femme qu’il bécotait et pelotait avec passion. Elle comprit que le traître était rentré en France. Qu’il ne reviendrait jamais et l’avait déjà oubliée. Remplacée ! Le peu de sentiment qu’elle éprouvait encore pour ce maudit galant se mua en haine féroce ! Il lui avait tellement menti ! Autant sur le risque d’être engrossée que sur le prétendu bonheur fabuleux de la pénétration ! Et aussi, et surtout, sur son soi-disant amour éternel !

Isabella en conçu le dégoût des hommes !


Quand elle s’ouvrit de son état à sa mère, celle-ci, prévoyant la réaction inflexible de son mari, lui confia toutes les économies qu’elle avait amassée en grappillant quelques pesètes depuis des lustres sur les achats domestiques. Mis au courant de l’état de sa fille, le père furieux l’avait définitivement bannie et Isabella s’était trouvée jetée à la rue.



Dans son pauvre logis, la jeune maman est pourtant heureuse : son petit bonhomme est sa joie de tous les instants et jamais elle ne reportera sur lui les coupables agissements et les mensonges de son géniteur. Isabella n’a jamais perdu son sourire, ni la lueur d’espoir dans ses yeux. Elle se dit que Noël est proche, trois petits mois à peine, et que Noël est le temps des miracles. Et peut-être, ce Noël-là, un miracle se produira-t-il…


Ce matin d’octobre, un épais manteau de neige a donc recouvert les toits des maisons et la vallée s’étend, calme et majestueuse, scintillante, sous un ciel gris-bleu où luit un soleil éclatant. Isabella, emmaillotant son petit dans une couverture chaude, décide de se rendre au marché du village. Elle a eu une de ses visions dans la nuit, vision bien incertaine cette fois d’un homme immense, foncièrement bon, qui lui offrirait le gîte. Rien de bien précis cependant et même si elle ne croit cette prémonition qu’à moitié, elle la pousse à sortir ; et respirer l’air pur des montagnes lui apporte du réconfort.


Alors qu’elle arrive sur la place de la Calle Nueva d’Alquezar, un vent glacial se lève brusquement, des rafales glacées s’engouffrent sous son pauvre manteau et sa robe trop légère, engourdissant ses jambes nues. Isabella s’arrête un instant, le visage tendu contre le froid mordant. Elle sait que les conditions météorologiques peuvent se détériorer rapidement en montagne. Ce n’est pas prudent de rester dehors trop longtemps, et son petit commence à bouger dans ses bras, incommodé par le froid.


C’est alors qu’un homme s’approche, marchant d’un pas rapide. Il porte un lourd manteau de laine et un large chapeau noir. C’est un paysan, un homme de la terre, qui porte une immense hotte sur son dos, hotte remplie d’œufs, de lard, de viandes salées et de légumes qu’il compte vendre au marché. Il est grand et possède une si forte carrure qu’elle le surnomme d’emblée homme-montagne. En partie englouti par une barbe épaisse, son visage, buriné par le vent et le soleil des travaux des champs, est marqué de rides, mais ses yeux brillent d’une douce lueur.



L’homme-montagne scelle sa promesse en crachant sur le pavé.


À l’auberge, la jeune mère se réchauffe près du grand poêle et se pose mille questions. Sa vision n’était donc pas juste un rêve ? Elle le connaît ce bonhomme, du moins l’a-t-elle aperçu plusieurs fois, passant devant sa masure. Il a l’air brave mais que pourrait-elle bien faire s’il venait à lui sauter dessus ? Et d’ailleurs, réalise-t-elle, qu’elle soit chez lui ou dans son abri cent mètres en contre-bas de la ferme, isolé du village, qu’est-ce qui l’empêcherait de la forcer s’il lui en venait l’envie. Elle est grande certes mais sûrement pas de taille à résister à un tel colosse. Mais surtout, peut-elle raisonnablement refuser cette offre miraculeuse alors que ces réserves de bois sont épuisées et que la bourse donnée par sa mère est pratiquement vide ?


Lorsque le paysan retrouve Isabella à la taverne, une heure et demie plus tard, il lui offre un épais collant de laine.



Les yeux au bord des larmes de ce cadeau inespéré, Isabella décide d’accorder sa confiance au généreux géant. Elle lui confie José. Le paysan est sans doute plus habitué à charrier des charges lourdes qu’un bambin remuant de quelques petits kilos, mais il se montre doux et cajole délicatement le poupon.


Après être passée à sa masure récupérer ses quelques affaires, Isabella découvre son nouveau gîte. Une maison simple, mais chaleureuse. Un chat noir somnole sur un tapis de laine près de la cheminée où rougeoient encore des tisons qui maintiennent au chaud un chaudron bouillottant. Avant tout chose, l’homme réactive le feu qu’il nourrit avec quelques bûches.



Alors qu’Isabella se réconforte avec José près de la cheminée, il lui offre une tasse de chocolat chaud qu’il vient de préparer. Elle boit son lait à petites gorgées et observe son hôte. Dans la chaleur du logis, ses traits se sont détendus et il lui apparaît bien moins ridé qu’au premier abord. Plus jeune aussi. Elle s’interroge sur son âge. Trente-cinq, quarante ans ?



Pedro hoche la tête avec bienveillance. Il est clair qu’il n’a pas l’habitude de recevoir de la compagnie, mais son accueil est sincère. Il fait visiter la maison à son invitée, la chambre notamment où elle pourra dormir avec José, le lit, certes étroit mais pourvu d’un énorme édredon. Il lui montre le loquet qui lui permettra de bloquer la porte si elle devait craindre quoi que ce soit de lui.



De retour dans la salle principale, cuisine, salle à manger, salon et, dans un coin, protégée par un rideau, une salle d’eau-buanderie rudimentaire, Pedro interroge timidement sa jeune invitée sur ses origines. Isa raconte sa triste histoire, en détail, sans rien omettre ou presque. Pedro compatit silencieusement à chacun de ses déboires. Elle voit son visage s’empourprer et ses poings se serrer aux mensonges de Gabriel, à l’agression du fils de Carmen.



Isabella baisse les yeux, touche délicatement la main de son bébé qui sort de son engourdissement.



Pedro la regarde un instant, comme s’il lisait au fond de son cœur. Puis, sortant de sa rêverie, il lui explique qu’il souhaiterait qu’elle tienne sa maison et si possible, qu’elle cuisine également.



La jeune femme est émue.



Le paysan lui répond par un sourire chaleureux, attendri même lorsqu’il regarde l’enfant.



Pedro sort de sa hotte du marché un arlequin en tissu et un hochet qu’il donne à l’enfant. Isabella est toute émue par ces présents. À sa jeune invitée, il offre une chaude robe en laine, s’excusant par avance si elle devait s’avérer trop ample pour elle. Ce qui d’ailleurs ne fut pas le cas : elle était parfaite !



Les jours s’écoulaient paisiblement. Chacun avait trouvé sa place. Si, comme annoncé, toujours dehors, dans l’étable ou son atelier, Pedro était peu présent dans la maison, il commençait toujours par câliner et jouer un moment avec José quand il rentrait. Son air réjoui témoignait alors de son bonheur d’amuser l’enfant et un sourire radieux illuminait ses traits quand il arrivait à le faire rire. La jeune maman s’attendrissait de sa joie sincère. Toute appréhension à l’égard de son bienfaiteur s’évanouirent rapidement.


Un évènement jeta cependant un trouble dans l’esprit de son bienfaiteur. Un soir, au dîner, Pedro enrageait de ne plus trouver depuis deux jours un certain ciseau à bois.



Isabella fut sidérée : c’était la première fois qu’elle entendait jurer le bonhomme. Fallait-il qu’il soit contrarié !

La jeune femme décide alors de lui venir en aide. Ne connaissant rien aux outils de menuisier, elle en avait demandé la description. Puis, fermant les yeux quelques instants, elle avait déclaré, péremptoire :



Énervé, Pedro avait haussé les épaules, levé les yeux au ciel.



Irrité par cette affirmation insensée, Pedro était sorti à toute allure, claquant la porte derrière lui. Lorsqu’il était revenu, tenant la gouge en main, son air ahuri reflétait la plus totale incompréhension !



Isabella prit une grande respiration.



Isa expliqua alors son don qui lui permettait, en se concentrant, de localiser des objets perdus, du moins s’ils avaient une réelle importance pour leur propriétaire. Hésitante, elle alla jusqu’à lui parler aussi des visions prémonitoires, des retours dans le passé ou des images du futur qui l’assaillaient spontanément, sans qu’elle puisse d’ailleurs ni les provoquer, ni en affirmer toujours la véracité.



Elle lui expliqua bien des choses encore sur son don et Pedro en fut ébranlé, un peu effrayé même. Il lui fallut deux jours pour abandonner toute méfiance et retrouver une confiance sereine en elle.


Pedro était foncièrement bon et n’avait rien à cacher à sa protégée. À part sans doute les sentiments et désirs qui peu à peu s’emparaient de son cœur et enflammaient son corps… Et cela, la drôlesse l’avait bien perçu ! Sans s’en inquiéter d’ailleurs, son bienfaiteur était si bon, si doux qu’elle ne craignait rien. L’homme-montagne lui redonnait confiance en la nature humaine.


Toujours discret, Pedro s’éloignait, se trouvait quelque chose à faire dans sa chambre lorsque Isa donnait la tétée au gamin. Certes, la jeune maman l’avait bien vu une fois ou l’autre jeter un coup d’œil rapide au mamelon dénudé, mais elle ne s’en était pas formalisée. À tel point, d’ailleurs, qu’un soir, pendant le repas, elle avait abaissé son corsage sans crier gare, exposé un sein tout entier, avant de quitter tranquillement la table et traverser la pièce pour prendre son petit, calé par des coussins dans le canapé. Son geste avait été parfaitement et délibérément calculé ! C’est que ses hormones commençaient à la travailler sérieusement !


« Ma foi, Pedro est assez fringant ! Il est plutôt à mon goût dans l’ensemble, l’homme-montagne… Il est doux et prévenant et je n’ai pas même peur qu’il me casse en deux ».


Les pensées d’Isabella vagabondaient décidément vers des horizons résolument… horizontaux !


Un matin plus tard, elle s’apprêtait à enfiler sa robe après sa toilette quand Pedro était rentré. Le très fort blizzard qui s’était engouffré dans la maison avait fait riper le rideau sur sa tringle et elle s’était retrouvée nue, bras en l’air et moitié aveuglée par sa robe en laine qu’elle allait justement enfiler. Face à elle, l’homme était resté interdit une seconde avant de se retourner. Rouge jusqu’aux oreilles, Pedro s’était excusé à n’en plus finir. Si bien que la jeune femme, prestement rhabillée, avait couru le rassurer, lui déposant même un bisou sur le front. De rouge, Pedro était passé cramoisi !

Cet épisode, tout à fait fortuit certes, avait toutefois eu pour conséquence d’émoustiller encore la malicieuse… Et à décongeler également sans doute l’homme-montagne !


Isabella n’était pas aussi discrète que son timide compagnon et ne se gênait pas pour reluquer son torse puissant et son dos musclé lorsqu’il procédait à sa systématique et rapide demi-toilette avant le repas de midi. Si elle appréciait que Pedro mette un point d’honneur à s’attabler en étant propre et bien coiffé, elle apprécia chaque jour un peu plus la carrure rassurante de l’agriculteur.


Un charmant compagnon, d’humeur égale, prompt aux compliments et qui ne revenait jamais de son marché hebdomadaire sans rapporter un joujou pour José, une bricole pour Isa. Un vêtement bien souvent.



Chaque soir, José endormi dans le berceau à roulettes qu’a confectionné Pedro, les deux adultes, apprêtés pour la nuit, s’assoient dans le profond canapé, certes usé mais confortable. Ils écoutent les tristes nouvelles à la radio. Depuis la bataille de l’Èbre, la victoire des nationalistes ne fait plus guère de doute… Après les informations, Pedro lit sa gazette agricole ou l’almanach, Isabella, un des romans fleur bleue de la petite bibliothèque d’Estrella. La plupart du temps cependant, ils discutent.


Un soir, nostalgique et ému, Pedro avoue la plus grande peine de son existence : sa petite fille, décédée de la rougeole à l’âge de deux mois. De grosses larmes coulent sur les joues du sensible colosse et Isabella, émue, se pelotonne contre son torse.



Ces derniers mots étaient sortis naturellement. Ils étaient la traduction du sentiment profond qui s’était développé de jour en jour et était désormais bien ancré dans son cœur.


Pedro a tressailli à ces mots et paraît totalement égaré, mais sa main vient cependant caresser doucement la longue chevelure brune d’Isabella. La jeune femme sent les tremblements qui agitent son compagnon. N’y résistant plus, elle se redresse, prend le visage de Pedro dans ses mains et vient plaquer ses lèvres sur sa bouche. Interloqué, Pedro la repousse doucement d’abord. Mais quand la donzelle revient l’embrasser, il ne résiste plus et offre sa bouche et son souffle. Emportés par un tourbillon irrésistible, le duo s’embrasse avec passion, s’offrant pleinement l’un à l’autre, mélangeant leurs souffles.

Ils s’enivrent longtemps de ces baisers enflammés, sans oser toutefois prononcer des paroles définitives.


Quand Isabella prend la main de son compagnon pour la porter sur ses seins nus sous sa chemise de nuit, Pedro refuse l’invite.



Soûl de bonheur, l’homme ferme les yeux un instant puis revient embrasser tendrement sa dulcinée.



Isabella lui répondrait bien que si l’un d’eux a cédé, c’est lui bien plus qu’elle, fougueuse tentatrice. Mais elle est si bouleversée par la retenue de son compagnon qu’elle décide de déguster chaque étape du nouveau lien qui se tisse entre eux. Un pas après l’autre ! Elle a compris que Pedro voudrait savourer chacune des offrandes qu’elle lui ferait. Et même si, excitée, elle brûle de désir, elle comprend qu’une patiente découverte mutuelle de leurs corps scellerait la fusion de leurs âmes. Que chaque étape serait source de bonheurs indicibles. Elle est prête et résolue à s’offrir sans retenue, pleinement et totalement, bien qu’elle redoutât l’ultime escale du voyage amoureux : la pénétration qu’elle n’envisage que comme un mal nécessaire qui ne lui apporterait pas de joie.


« Mais n’est-ce là le devoir des femmes que de supporter la cavalcade d’un sabre turgide en elles »



Le lendemain, nageant dans un bonheur nouveau, Isabella se sent différente du jour d’avant, différente de tous les jours de sa vie : elle se sent pleinement femme, sûre de son charme, et elle assume pleinement les désirs qui la travaillent : elle est heureuse et fière amante en devenir !


Lorsque que Pedro revient de l’étable, elle se précipite sur lui pour l’embrasser avec fougue afin de lui confirmer son amour. Toute la journée, elle attend nerveusement le soir, tapotant bien souvent son entre-jambe enflammé dans l’espoir de calmer le feu qui la consume. Car mille pensées inavouables l’assaillent !


À la veillée, pressée contre Pedro sur le canapé, elle attend, brûlant d’impatience, la fin des nouvelles radiophoniques. Sitôt le poste éteint, elle trousse sa chemise à mi-cuisses pour s’installer à califourchon sur une des cuissots de son homme. Après de furieuses embrassades étourdissantes, elle porte la main de Pedro sur sa poitrine. Cette fois, il ne refuse pas l’invite et caresse doucement, presque précautionneusement un sein tendu sous le coton. Des caresses douces qui procurent à la maman allaitante des sensations électrisantes dans tout le corps. Traîtresse, Isabella a délibérément choisi ce soir-là une chemise à boutonnière : un pas après l’autre, d’accord, mais elle brûle de sauter quelques étapes tout de même !

Elle ne tarde pas donc à défaire les boutons de sa chemise pour dénuder totalement sa poitrine. Le sourire émerveillé de son amant la récompense de son audace. Isabella est fière de ses seins, lourds, bien plus lourds et gros qu’avant sa grossesse, lourds de son lait, et certes vaguement retombants. Fière d’eux, même si elle regrette fort ses orgueilleux pomelos d’adolescente chaste, fermes et hauts, couronnés de petits tétins rosés. Ses mamelons sont désormais bien sombres et ses bourgeons, exagérément tendus, quelque peu boursouflés et vaguement gercés. Prodigieusement rendus sensibles aussi par les tétées régulières de son petit. Mais elle a confiance en Pedro, elle sait qu’il ne se jettera pas dessus avec la violence qu’un triste maraud avait très vite infligée à ses précieuses framboises de l’époque. Elle sait l’homme conscient de leur fragilité.


Et elle a bien raison : les grandes mains calleuses du paysan se font légères comme l’air d’un printemps fleuri, leurs caresses, évaporées. Les doigts dessinent les courbes des besaces alourdies, les paumes flattent sans les presser les jumeaux ivoirins. Lorsque les tétons se couronnent d’une goutte de lait, le bonhomme recueille délicatement cette perle du bout de la langue. Isabella voit son amant la scruter à tout instant, à la recherche du moindre signe de douleur qu’elle pourrait exprimer lorsqu’il lèche ses guignolots érigés. Et lorsqu’il les englobe de ses lèvres, les enferme dans sa bouche, sa langue les frôle à peine.


Toute cette douceur enivre Isabella, des frissons délicieux la parcourent, gonflent, enflent et exaspèrent délicieusement ses sens. Tous ces flux électriques la font frissonner et convergent dans son bouillant delta inondé. Ni tenant plus, la jeune femme frotte sa chatte enflammée sur la cuisse puissante de Pedro. En quelques instants, elle bascule dans le stupéfiant charivari de l’orgasme, ouragan animal qui la chavire, la tourneboule, la chamboule d’une rive à l’autre du fleuve translucide des limbes illuminés. Entre deux hoquets de bonheur, elle voit son doux amant immobile et ravi. Il ne la touche plus, il se repaît juste du plaisir prodigieux qui la transfigure.



Avant même de poser cette question, Isabella est vaguement anxieuse, un souvenir la hante : un certain poète mielleux mais jouisseur avant tout, avait profité de sa candeur pour lui faire emboucher sa plume aigrelette. Aigrelette car c’est vrai, vu ses conditions de vie, l’hygiène du jeunot était loin d’être parfaite. L’homme-montagne va-t-il lui présenter son pic, la pousser à l’explorer avant de l’étouffer brutalement avec sa semence ? Elle ne le croit pas, Pedro n’est pas le profiteur qu’elle a connu. Oh bien sûr, pour lui, elle y serait prête, le ferait sans sourciller, avec le bonheur sincère de le contenter. Mis avec, malgré tout, une appréhension certaine.




Le lendemain, Isabella est décidée : il est hors de question qu’elle profite de la sage retenue de son chéri sans lui donner sa part de plaisir. Elle n’a pas beaucoup dormi cette nuit, échafaudé des plans pour la soirée à venir. Se morigénant aussi : si elle le provoque une fois encore, Pedro ne va-t-il pas la prendre pour une catin dévoyée ?


Au matin, ses appréhensions se sont envolées mais la pauvrette est bien déçue : la hotte que Pedro a rempli la veille pour le marché a disparu ! Le bougre est parti bien tôt aujourd’hui ! Aurait-il eu peur de la croiser ce matin ?


La matinée lui semble longue et la donzelle, dès onze heures, guette régulièrement l’apparition de son homme sur le sentier. Elle peste sur son retard. Un peu avant midi, alors qu’elle est dans la cuisine à faire rissoler des patatas a la importancia, le lascar entre sans bruit pour se précipiter aussitôt à quatre pattes vers le petit José qui depuis quelques jours déjà rampe maladroitement sur le plancher ciré. Pedro joue avec le gamin, actionne la toupie multicolore qu’il vient de lui offrir. Il salue de loin sa compagne, presque distraitement. Laquelle est agacée : elle qui voulait l’étourdir de baisers passionnés en est pour ces frais ! Et lorsque Pedro s’assied à table, c’est avec José dans les bras, interdisant de fait toute effusion. Isabella enrage !


Le repas se passe dans une ambiance tendue. Isabella, agacée, est sèche et laconique lorsque Pedro tente de lancer une conversation. Le silence est pesant et le bonhomme affiche une mine de plus en plus renfrognée : il craint le pire !


À la fin du repas, la jeune femme se lève brusquement, arrache quasiment son petit des bras de Pedro et va pour quitter la pièce.



Le ton est sec, péremptoire et cette fois, le paysan est en panique : c’est sûr, elle regrette ce qui s’est passé la veille ! Il est persuadé qu’elle va lui annoncer sa décision de partir !


Lorsqu’elle revient, le paysan est debout, bras ballant, épaules affaissées. Avant même qu’elle ne parle, il tient à présenter ses excuses.



Pedro recule, jusqu’à buter contre l’épais plateau de la lourde table en bois. Le voilà coincé. Isabella continue d’avancer mais abandonne son air sévère pour un gentil sourire. L’index menaçant a été rejoint par ses voisins et la belle brune dépose une tendre caresse sur sa joue, avant de plaquer sa bouche sur celle du bonhomme ahuri.

Entre deux baisers passionnés, elle avoue :



La garcette vient de lui plaquer une main entre les jambes et Pedro comprend les intentions de la coquine. Au-delà, bien au-delà du plaisir qu’elle s’apprête à lui offrir, il réalise qu’elle ne lui reproche rien, qu’elle est peut-être bien amoureuse de lui, pas juste en quête de plaisirs déraisonnables et surtout qu’elle ne le quittera pas ! Alors, rasséréné, il s’abandonne et ne proteste pas quand son pantalon et son slip lui tombent aux mollets. Découvrant la queue au garde-à-vous, la pauvrette s’étonne quelque peu des dimensions du sabre : une pièce sans commune mesure avec celle du géniteur de José !


Tombant à genoux, elle ouvre largement son corsage et sa main déjà file sous sa jupe troussée alors qu’elle embouche l’insolent braquemart !



Redescendue sur terre après un étourdissant plaisir, Isabella rit en découvrant les multiples éclaboussures de sperme qui maculent ses seins dénudés et sent sur son visage les traces tièdes de l’éjaculation prolifique.



C’est au tour de Pedro de rire ! Il s’extasie de la vivacité si vite retrouvée de la belle.



Attendrie par la délicatesse de son attention, Isabella récupère sciemment une des pendeloques de liqueur d’homme qui maculent son visage, examine un instant la gelée au bout de son doigt et la porte à sa bouche. Elle lape la semence, fait claquer drôlement sa langue comme elle a souvent vu faire son père en goûtant un grand cru et finit par déglutir avec une grimace comique très exagérée.



Se relevant, Isabella étale consciencieusement sur sa peau les traces de leur coupable activité, avant, les mains poisseuses, de frictionner la barbe et les joues de son amant.



« Cet après-midi, c’est décidé, il restera avec elle ! Jusqu’à l’heure de la traite des vaches en tout cas. »


Lorsqu’elle revient de ses ablutions, Pedro a posé sur la table un paquet enrubanné qu’il vient de tirer de sa hotte.



La jeunette déballe le présent et découvre trois petites culottes et une chemise de nuit. Interloquée, elle regarde son compagnon qui, embarrassé, balance d’une jambe sur l’autre.


S’étant laissé conseiller par la vendeuse de l’éventaire, Pedro avait écarté les épaisses culottes en coton qu’il avait choisies de prime abord pour ces petits slips plus aguichants. Rien de vraiment affriolant, des slips en coton blanc, bordés d’une fine dentelle, mais il se dépêche de se justifier :



Plaquant ensuite la chemise de nuit dépliée contre ses épaules, elle rit franchement !



Pedro ouvre de grands yeux !



Lui enfermant le visage dans ses mains, Isa l’interroge, un petit sourire en coin :



Les tourtereaux passent l’après-midi ensemble, jouant longuement avec le petit bonhomme. Isabella fond de bonheur en observant la délicatesse et la patience dont fait preuve son bien-aimé à l’égard du bambin, comme il le dorlote et sait le consoler quand le petit chouine. Elle ne se cache aucunement au moment de la tétée, s’amuse des regards égrillards de Pedro sur ses seins et rit de bon cœur lorsqu’il propose de changer les langes du petiot : il est un peu gauche, grimace en reniflant le contenu de… l’emballage, mais nettoie consciencieusement les fesses du chérubin, les enduits de crème. Il suit les instructions qu’elle lui donne et apprend vite !


À l’heure de la traite, la donzelle se hâte de faire sa toilette. Enfilant un des slips offerts, elle grimace en voyant ses poils intimes déborder du sous-vêtement échancré sur les cuisses et trouve le spectacle disgracieux. Avec des ciseaux, elle coupe les poils dépassant du slip, finissant même le travail avec le coupe-choux de Pedro. Une opération périlleuse qui lui donne quelques sueurs ! Et abondante moiteur entre les cuisses. Puis, enlevant le slip, elle décide de rafraîchir un peu le reste de la touffe : « Autant qu’il voit où il met son nez ! »


Lorsqu’il revient de la traite, Pedro découvre la belle emmitouflée dans la longue robe de chambre grenat qu’il lui a offerte quelque temps plus tôt. Le repas qu’ils partagent ce soir-là est bien plus animé et joyeux que celui du midi. Après la vaisselle et le petit couché, Isabella retrouve son compagnon en robe de chambre, confortablement installé dans le canapé et écoutant la fin du journal radiophonique. Les avancées des nationalistes sont désormais irrésistibles, les républicains, désorganisés, reculent chaque jour un peu plus et Pedro a l’air grave et abattu. Mais Isabella sait qu’elle va vite lui rendre son sourire.


Lorsqu’il coupe la radio, dès que résonnent les accents martiaux de la musique militaire qui conclut invariablement le journal du soir, la grande brune vient se planter devant le canapé. Ondulant, elle défait doucement le nœud de sa robe de chambre et sans même en écarter les pans, s’en débarrasse d’un et deux coups d’épaule. Elle a revêtu l’indécente chemise de nuit et ses tétons pointent sous le tissu. Pedro déglutit difficilement mais reste immobile, comme hypnotisé par le spectacle des seins tendus et surtout, des cuisses largement découvertes. Comme la veille, Isabella s’installe à califourchon sur un des cuissot de son homme. Elle se caresse lascivement les seins, le ventre aussi, trousse à peine la chemise, juste assez pour que son ravi entraperçoive quelques pouces de son slip. Il lui semble bien percevoir un certain remue-ménage dans l’entre-jambe de son bon ami et elle s’en réjouit d’avance. Se plaquant contre lui, elle l’embrasse avec fougue.

Les deux amants s’étreignent avec passion, s’étourdissent de baisers fous et de mots d’amour. Les mains de Pedro sont parties à l’assaut des seins qu’il pelote délicatement au travers du coton laineux. Les mains d’Isabella ont glissé sous la robe de chambre et constatent l’absence de tricot de corps : « Tiens donc, il est torse nu, le fripon ! Aurait-il oublié aussi de mettre un slip ? ». L’idée qu’il soit entièrement nu sous l’épais peignoir embrase son intimité. Furie, elle écarte les pans du vêtement et constate, ravie, la totale nudité et accessoirement… une érection des plus convaincantes !


Se relevant d’un bond, elle saisit la main du gaillard, l’oblige à se lever. Sans dire mot, elle le conduit dans sa chambre. Sa chambre à lui, dont le lit est bien plus vaste que le sien ! Et où leurs folies ne risqueront pas de troubler le sommeil de José.


Elle a allumé le lustre et l’ampoule jaune éclaire la pièce juste assez pour créer une ambiance douillette. Alors qu’il allongé de tout son long, nu, sur la couche, Pedro, dans une ultime pudeur cache tant bien que mal dans ses grandes paluches son sexe érigé.


Debout dans la ruelle du lit, Isabella chantonne doucement. Elle ondule sensuellement, promène ses mains sur son corps, se trousse et se tourne pour présenter ses fesses engoncées dans son slip, fesses qu’elle caresse, flatte, tapote, soupèse. Faisant face à nouveau, elle fait remonter d’un côté, millimètre par millimètre, sa chemise de nuit. Elle dévoile sa cuisse, sa hanche nue jusqu’à l’élastique du slip, laisse retomber le tissu.


Transi de désir, Pedro a abandonné la puérile protection de son braquemart pour joindre ses mains en prière sous son nez. Ses yeux implorent la midinette d’oser plus encore. Et encore !

La robe de nuit dévoile à nouveau les cuisses fuselées, remonte toujours plus, mais sitôt la conque dodue apparue entre ses cuisses pleinement ouvertes, la traîtresse lui en cache la vue, plaquant une main pour protéger son coquillage sous le coton léger du sous-vêtement. Pedro voit la jeune femme caresser doucement son sexe, ses mains glisser profondément entre les cuisses, un index marquer sa fente. Bouche ouverte, Isabella soupire, lâche de petits cris à peine audibles. Elle ne chante plus désormais, mais halète à chacun des frôlements de sa main sur son abricot. Son slip dessine clairement sa topographie intime, la combe clairement trempée, mouillée de sa liqueur d’amour.


Jamais Pedro n’a assisté à un tel spectacle, jamais sans doute l’a-t-il seulement imaginé. Son excitation est telle qu’il ne s’avisera pas de toucher même du bout des doigts son pieu si tendu qui palpite déjà.


La chemise de nuit remonte jusque sous les seins, dévoile leur rondeur, puis soudain, vole par-dessus tête. L’effeuilleuse reste plantée quelques secondes sur ses jambes écartées, exposant sa quasi nudité aux regards éblouis de son chéri. Infernale ensorceleuse, elle fait alors doucement glisser l’élastique du cache-sexe, la lisière de sa forêt pubienne apparaît, sombre, drue et bouclée. Puis son mont de Vénus tout entier avant que ne soit exposé à la lumière ses grandes lèvres marbrées, entre lesquelles pointent de fines babines rosées, sa fente noyée de miel et surmontée d’une perle luisante, son insolent clitoris décapuchonné. Lorsque le petit vêtement glisse au sol, la jeune femme vient se lover contre son amant, lui vole maints baisers, tour à tour légers et passionnés. Les mains des amoureux transis sont parties déjà à la découverte de leurs sexes.



Ils savent qu’ils sont, l’un comme l’autre, au bord de la rupture. Qu’une caresse trop appuyée suffirait à déclencher l’irrémédiable, l’irrépressible, l’inarrêtable transe. Mais ils veulent retarder le moment de l’explosion, se découvrir l’un l’autre, s’explorer, arpenter leurs corps avides et déceler les interrupteurs sensibles du plaisir de l’autre. Alors, ils se câlinent avec tendresse, les mains abandonnent un temps leurs sexes trop impatients et sensibles pour parcourir d’autres espaces, plaines et monts, sentiers tortueux et avenues grandioses de leurs anatomies.


Mais la bataille est perdue d’avance, leurs corps n’en peuvent plus d’attendre. La main d’Isabella s’empare du rostre bandé et le paluche vigoureusement alors que trois doigts de Pedro plongent dans la grotte calcinée par l’attente et qu’un pouce malicieux ahurit le bouton sensible.


Isabella s’échappe, roule sur le dos et cuisses ouvertes, elle invite impérieusement son amant à s’étendre sur elle. Elle redoute un instant que vu le format de la bête, la queue inflexible forcera l’étroite entrée de son berlingot, mais, se rassure-t-elle, « ma bouche a pu avaler le sabre, il n’y a pas de raison que mon fendu n’en fasse pas de même ! ».


Elle pressent que cet engin-là comblera parfaitement son conduit, bien mieux que la plumette ridicule du français, et que ses va-et-vient lui seront parfaitement perceptibles. Elle imagine dès lors qu’elle pourrait bien connaître le fameux plaisir transcendant que n’avait pu lui donner le jeunot bien trop expéditif… et si pauvrement outillé.


Isabella s’abandonne, s’offre corps et âme. Elle subit avec délice le joug de son homme, du mandrin qui bute au plus profond de son goulot submergé de miellat. Elle se sent grimper déjà les ultimes marches du ciel. Pas à pas, oui, pas à pas vers le grand saut. Chaque recul prudent et chaque retour vainqueur du pilon la noient dans des transes sublimes, chaque frottement du pubis de son amoureux sur sa fente et son bouton la propulse plus avant.


Le ciel s’ouvre brutalement ! Isabelle est emportée dans un charivari merveilleux, elle plonge dans des ténèbres douillettes et s’atomise dans des paysages radieux, s’enivre dans des abîmes emmiellés et sombre dans des océans déchaînés. Isabella se tortille en tous sens, sans savoir choisir entre se défaire du piston qui affole presque douloureusement sa chapelle ardente ou au contraire le capturer toujours plus profondément en elle ; elle, bienheureuse naufragée, ressent les contractions incoercibles du mandrin et comprend l’imminence de la déflagration.

Pedro se retire tout à coup : la pauvrette s’affole de cet abandon, du vide brutal de son antre. Elle trouve la force de projeter son bassin en avant et de réinsérer le sexe en elle. Elle attrape son burineur aux épaules, le force à s’allonger pleinement sur elle, ceinture ses hanches pour que surtout il ne l’abandonne plus. Les successives contractions détonantes de la bite se confondent à ses propres spasmes et les transes les anéantissent de concert ! Des répliques orgasismiques les projettent dans les rouleaux d’une jouissance voluptueuse dont ils sortent épuisés, asphyxiés mais tellement comblés de cet échange charnel qui a fusionné leurs âmes et leurs cœurs.


Redescendue sur terre, Isabella se réjouit de la présence du sexe à peine amolli demeuré en elle. Elle se colle au corps de son chéri, voudrait que chaque parcelle de leurs peaux se confondent. Elle comprend que le coït abouti est largement plus satisfaisant que la communion même partagée dans leurs ébats précédents : elle vit véritablement une fusion totale avec son compagnon. Tenon et mortaise, ils ne sont plus qu’une seule et fabuleuse entité. Isabella en est si heureuse et comblée qu’elle ne peut réprimer quelques larmes. De joie. Ce que confirme son éclatant sourire.


Pedro toutefois est inquiet, s’échappe et roule sur le côté.



Scrutant la réaction de Pedro, elle ajoute, d’un ton apparemment léger :



Surpris, Pedro ouvre de grands yeux avant de fondre de bonheur ! Les yeux embués, il embrasse tendrement sa douce compagne.

Malicieuse, le charmant tendron, insatiable semble-t-il, lui demande à l’oreille :



Pedro comprend qu’après bien des années de misère sexuelle, il vient d’entrer dans une ère de voluptés sans cesse renouvelées.


« Mais comment s’appelle donc cette poudre de bois exotique qui redonne fière allure paraît-il au plus déconfit des macaronis ? Il se pourrait que je risque bientôt d’en avoir besoin si je veux contenter toujours une pareille gourmande ! »


Cette nuit-là, aucun besoin de bois bandé ou quelque autre aphrodisiaque, leurs désirs conjugués leur fit passer une tumultueuse et voluptueuse nuit. Un peu courte cependant !



Les jours passent et décembre file désormais doucettement vers la Noël. Isabella dort désormais une nuit sur deux dans la chambre de Pedro. Hormis les frustrants quatre jours où elle a été indisposée : le fameux calendrier ne s’est pas trompé.



Noël approche à grands pas, dix jours encore. Les tourtereaux s’activent à décorer la maison. Un sapin a été installé dans la grande pièce, sapin qu’ils décorent avec des gâteaux secs confectionnés par Isabella en forme de petits bonhommes, de pommes d’api du cellier, de quelques oranges achetées au marché dont certaines ont été piquées de clous de girofle et diffusent une agréable odeur dans la maisonnée. Et des guirlandes aussi, confectionnées par pliage de papier multicolore. Sans oublier, au faîte de l’arbre, une étoile sculptée par Pedro, peinte en jaune bouton d’or. « Pas de bougies », a déclaré Pedro :



Le sapin terminé, Pedro rapporte de sa chambre une petite crèche en bois, finement sculptée.



Isabella observe la crèche, fascinée par la délicatesse du travail du bois. Elle n’avait jamais vu une crèche comme celle-ci, pleine de détails subtils. Pedro, voyant son regard admiratif, lui explique :



La jeune femme est bouleversée par ce que vient de dire Pedro : « notre petit José ! ». Bien sûr, elle sait la tendresse que son homme a pour le petit garçon, mais ces paroles marquent une nouvelle étape car elles font d’eux bien plus qu’un couple ou un duo complice : une famille !


Submergée d’émotion, la jeune femme se pend au cou de Pedro, l’embrasse à pleine bouche. Un Pedro qui feint de ne pas comprendre la raison de cette soudaine effusion…



Le 24 au soir, repas de fête à la ferme. S’ils rejettent le clergé espagnol, complice avéré des nationalistes, et ne vont à la messe qu’un dimanche sur deux, histoire de paraître, de ne pas éveiller les soupçons des bigots du village et de donner le change aux enragés franquistes, Pedro et Isabella (elle surtout !) ont conservé leur foi et comptent bien fêter comme il se doit la naissance de Jésus. Ils n’attendront pas minuit, heure trop tardive pour un éleveur laitier que sa bouillante compagne éreinte une nuit sur deux ! Surtout qu’il imagine aisément que son insatiable complice souhaitera qu’on lui mette… le petit Jésus dans sa crèche ce soir ! Ils réveillonnent donc en début de soirée.


Après leurs agapes, réunis sur le canapé, ils parlent de Noël, de la vie, de leurs espoirs et de leurs rêves. De la guerre civile qui va sans doute finir bientôt, d’une autre guerre qui pourrait bien éclater…


José somnole rapidement dans les bras de sa mère, réchauffé par la présence bienveillante de Pedro, tandis que la neige tombe silencieusement à l’extérieur. Un Noël de rêve !

Le vent souffle dehors, mais à l’intérieur du foyer, règne une chaleur qui ne vient pas seulement de l’âtre. Elle vient du cœur, de l’humanité, du partage, de la générosité. Et de l’amour sincère.



Pedro sourit, un sourire modeste et humble.



José dort à poings fermés désormais. Lorsque Isabella revient après avoir déposé le bambin dans son petit lit, elle trouve son homme debout, l’air grave et bien planté sur ses deux jambes. Il a, maladroitement, noué une cravate à son cou ! Il est immense et bien cérémonieux, son émotif et fragile homme-montagne. Un peu engoncé dans son costume du dimanche.


Isabella sait d’avance ce qui va se passer.

Et s’en réjouit au plus profond de son cœur.



Isabella chancelle un peu déjà alors que Pedro met un genou à terre.



Entre ses doigts épais, la bague paraît minuscule. Elle est toute simple mais paraît être le plus fabuleux des bijoux.



Les futurs mariés s’embrassent avec passion, se pressent l’un contre l’autre, s’étourdissent de serments, de mots d’amour. Leurs mains très vite papillonnent sur leurs corps embrasés sous leurs vêtements de fête et Isabella, fébrile, entraîne son promis vers leur chambre.

Il n’y a pas grand chemin à parcourir, mais ils ne peuvent faire deux pas sans s’arrêter, coller leurs bouches, fusionner leurs souffles. Et effeuiller leurs vêtements aussi.

Ils sont nus quand ils atteignent la chambre. Alors que Pedro s’est allongé sur le dos, Isabella s’agenouille près de lui.



Pedro sourit, amusé mais ne s’inquiète pas de ce qu’elle va dire !



Isabella sourit en hochant légèrement de la tête.



Instantanément, des larmes jaillissent des yeux de l’homme étourdi.



Isabella est émue du bonheur de son futur.



Elle caresse doucement le visage de son chéri, puis affiche un sourire fripon.




C’est ainsi que dans cette veillée de Noël, Pedro lança dans un certain sillon velouté et fertile la petite graine qui couronnerait leur union neuf mois plus tard.


Ce fut un Noël simple, mais auréolé de magie. Un Noël où le plus beau cadeau fut le lien tissé entre un inconnu, une mère et son petit, entre la montagne et la terre. Un Noël, comme tous les Noël, fait pour croire aux miracles.


Et de miracle, Isabella n’en connut jamais de plus puissant que celui de la venue d’une enfant… exactement neuf mois plus tard !


Sacré calendrier !