n° 22801 | Fiche technique | 5580 caractères | 5580 945 Temps de lecture estimé : 4 mn |
07/12/24 |
Résumé: Petit rêve de Noël, perdu dans un aéroport le 24 décembre. | ||||
Critères: ffh travail amour | ||||
Auteur : tatamarie Envoi mini-message |
Projet de groupe : Noëlies |
Mais qu’est-ce que je fous à l’aéroport de Varsovie, en cette fin d’après-midi du vingt-quatre décembre, juste avant le réveillon ?
Début des années 90, peu après la chute du mur, c’était notre premier contrat à L’Est, je ne sais d’ailleurs pas comment nous l’avons décroché.
Cela n’allait pas sans mal, les Polonais n’avaient pas encore l’habitude des grosses boîtes comme nous, et moi j’étais plutôt spécialisé dans les pays émergents. Je me souviens quand même que le projet s’est bien terminé, client content et factures honorées.
Mais pourquoi étais-je à Varsovie le vingt-quatre décembre ?
Probablement un problème quelconque à régler d’urgence, du temps d’avant le bilan carbone, où l’on se déplaçait souvent.
J’étais dans le salon, VIP, si l’on veut, voyageurs fréquents, c’est-à-dire les hommes d’affaires (peu de femmes à l’époque). Mais les hommes d’affaires sont rentrés le vingt-trois, ils ne vont pas voyager le vingt-quatre décembre !
J’étais le seul client dans le salon, juste accompagné par les deux hôtesses de service. En plus, le vol Air France semblait avoir du retard, j’avais toutes les chances aujourd’hui. Heureusement, on nous traite bien en général dans ces salons, il y a à boire et souvent à manger.
Moi, je me méfie du whisky, non qu’il soit mauvais, mais, si vous commencez avec les alcools, et que le vol a un peu de retard, vous n’êtes plus très frais au moment d’embarquer. J’alterne donc entre l’eau gazeuse et le vin rouge.
Dans tous les aéroports que j’ai fréquentés, il y a toujours du rouge français dans les salons. À Varsovie, il y avait en plus des grands crus hongrois et roumains, pas mauvais du tout.
Je me morfondais tout seul dans mon coin, les hôtesses, sortant un peu de leur réserve habituelle, profitaient de Noël. Elles étaient installées dans un coin reculé, papotaient, et pour une fois profitaient elles-mêmes du bar. Elles voyaient bien que j’étais un voyageur de passage, avec moi elles ne risquaient rien.
Je dois avoir une tête sympathique, à un moment donné une des deux a disparu cinq minutes. Au retour, elle s’approcha de moi pour m’informer que mon vol avait au moins deux heures de retard.
Devant ma mine désespérée, elle me proposa de me joindre à elles, pour passer le temps. Elles ouvrirent une bonne bouteille de vin hongrois, et nous avons trinqué à l’amitié franco-polonaise.
Nous arrivâmes rapidement au fond de cette bouteille. Elles s’excusèrent de ne pas avoir grand-chose à grignoter par contre, il n’était pas prévu qu'il y ait beaucoup de clients ce soir. Alors, elles me proposèrent un « entracte », aller rapidement dans un restaurant proche pour manger un morceau.
Nous sortîmes par une porte de service sur les bords de la piste, où il y avait leur voiture, elles avaient toutes les autorisations de circulation. Cinq minutes après la sortie de l’aérodrome, on était dans un petit troquet, tellement perdu qu’il n’avait probablement jamais accueilli d’étranger.
Elles me font goûter la cuisine polonaise traditionnelle, Zurek, soupe servie dans un pain creusé, Plackis galettes de pomme de terre, des Pierogi (raviolis), et de la carpe, pas de viande au réveillon.
Elles m’ont bien guidé, en anglais, car, en polonais, je ne savais dire que bonjour et merci, mais rien de la cuisine, et je ne savais pas non plus dire « Joyeux Noël ».
L’alcool aidant, les langues se délient un peu, j’apprends qu’elles s’appellent Anita et Magdalena. Officiellement, elles sont colocataires, en réalité, elles sont en couple, mais elles s’en cachent en général, il ne fait pas bon s’afficher comme lesbienne en Pologne.
Anita est cent pour cent lesbienne, elle est vierge, aucun homme ne l’a jamais touchée, Magdalena est moins catégorique, elle avoue avoir du plaisir avec les hommes. Aujourd’hui, on la qualifierait de « bi ».
La conversation est un peu tendancieuse, mais je me dis qu’avec deux lesbiennes, je ne risque pas grand-chose. Mais je me trompe.
Anita rêve de faire un très grand cadeau de Noël à Magdalena, mais elles n’ont pas beaucoup de moyens. Alors, elle songe à m’offrir comme cadeau à Magdalena, cela fait tellement longtemps qu’elle n’a pas connu d’homme, alors qu’elle aime ça.
Magdalena et moi sommes un peu interloqués, mais j’aperçois au fond de ses yeux une petite lueur, j’ai l’impression que cela la tente, alors j’accepte.
Arrivés chez elles, nous sommes vite nus, Magdalena est à la fête, elle a une verge d’homme pour s’amuser, un homme à chevaucher, et, en même temps, une amante attentionnée, qui lui donne aussi de grands plaisirs.
Je lui offre mon sperme, mon orgasme, je crois qu’elle jouit intensément.
On me secoue doucement l’épaule, je crois que c’est l’heure, il faut que je me réveille. Anita et Magdalena sont devant moi, très professionnelles, mais avec un gentil sourire.
Ai-je rêvé tout ça ? J’ai devant moi une bouteille et trois verres, je crois bien que j’ai trinqué avec elles, mais après ? Je ne sais même pas si elles s’appellent vraiment Anita et Magdalena.
Avant de sortir, on se fait la bise, on se souhaite un joyeux Noël.
Dans l’avion, je somnole un peu, je suis tout rêveur.
Bien plus tard, arrivé chez moi, je me prépare mon petit réveillon, mon congélateur contient tout ce qu’il faut, et mon bar aussi, je suis un célibataire prévoyant.
À la fin, j’ai levé mon verre, porté un toast tourné vers l’est, à la santé d’Anita et de Magdalena, leur ai souhaité un joyeux Noël. Ai-je rêvé ou sont-elles réelles ? Peut-être qu’elles existent, alors elles doivent s’aimer au fond de leur lit ? Peut-être pas ?