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n° 22846Fiche technique22535 caractères22535
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Temps de lecture estimé : 17 mn
26/12/24
Présentation:  Une journaliste rencontre des femmes qui lui racontent un moment, un jour, une vie !
Résumé:  Amiens est ses environs. Les pas et une oreille attentive qui mènent chez une dame sympa. Elle finit de raconter ses folles amours !
Critères:  #journal #biographie #psychologie #société #érotisme #confession #nostalgie #personnages #libertinage #groupe #domination fh magasin hotel travail fsoumise fellation fsodo jeu sm attache bondage
Auteur : Jane Does      Envoi mini-message

Collection : Rêves de Femmes
Le pigeonnier opus II

Mon petit déjeuner à l’hôtel me permet de réfléchir au récit fait par Claudine. Et je boucle ma valise, paie ma note. Je quitterai Amiens directement, après notre entretien. Il est pile-poil dix heures lorsque je me gare dans la cour de la jolie quadra qui me fait un signe amical depuis la porte d’entrée de sa maison. Elle est élégamment vêtue, d’une manière très différente de la veille. Je me hâte de venir à sa rencontre et, alors que je m’apprête à lui tendre la main pour la saluer, elle me surprend complètement en m’ouvrant les bras au large.


  • — Bonjour Élisabeth ! Vous avez passé une bonne nuit ?
  • — Bonjour Claudine… oui, mais j’ai commencé à travailler sur mon article… je veux croire que nos lecteurs vont apprécier votre témoignage.
  • — Je le fais surtout pour lui.
  • — Pour Pierre ? C’est ce que vous me laissez entendre ?
  • — Oui ! Je suis certaine que de là où il se trouve, il doit être fier de moi. Il m’a aimé et surtout, il m’a appris à aimer l’amour d’une autre manière. Oui, c’est cela, tout à fait autrement et de ne pas avoir honte aussi de ces jeux que beaucoup jugent pervers. Pour lui et moi… c’était tout à fait normal… bien que je n’aime pas le mot « normal » en amour. Et puis, nos amis aussi vivent toujours ce genre d’existence sans que les voisins ou la famille ne soient au courant. Nous ne dérangions personne et nous n’imposions rien aux autres. Nous avons simplement vécu notre vie comme nous l’entendions.
  • — Je vous admire. Il faut un certain courage pour oser transgresser les tabous.
  • — Oh… tout évolue dans notre monde ! Qui, il y a encore dix ou quinze ans, Élisabeth, aurait parié sur le mariage pour tous ? Dites-moi ? Oui… tout change dans nos sociétés modernes. Elles le font parfois un peu trop rapidement dans quelques domaines.
  • — Vous avez raison ! Bien des gens sont laissés de côté par l’informatique, par exemple…
  • — C’est sûr ! Mais ne restons pas sur le perron. Venez ! Le café est prêt.
  • — Humm ! Figurez-vous que j’ai fait une halte à la boulangerie de votre quartier et… regardez ce que je vous rapporte…
  • — Pas sympa pour ma ligne, ça…

Elle éclate de rire en se redressant, faisant mine de rentrer également un ventre très plat. Finalement, elle est grande, bien proportionnée et les années lui donnent une certaine maturité. Une femme ravissante en fin de compte sur qui bien des hommes doivent se retourner dans les rues de sa ville. Et nous voilà toutes deux de nouveau les pieds sous la table. Son café est toujours aussi bon et elle mord à belles dents dans la chocolatine qui sort du sachet de papier kraft. Nous bavardons encore un moment à bâton rompu, parlant de tout, de rien et… elle me met sous les yeux une photographie. Sur celle-ci… un monsieur très distingué qui la tient par la taille.


  • — Voici mon Pierre ! Un bel homme, vous ne trouvez pas ?
  • — … ! Oui… vous avez raison…
  • — Je vous ressers un peu de café ?
  • — Volontiers !
  • — Vous savez, il m’a tout appris, mon homme. Vous voyez cette tenue, c’est son dernier cadeau.
  • — …

Je l’observe donc plus attentivement ! Un corsage de satin brillant blanc avec une rose rouge sur le sein gauche, une jupe très courte et, si j’en juge par la couleur de ses gambettes, des bas… ou un collant. Elle suit mon regard sur ses quilles et d’un air détaché, laisse gentiment tomber comme si c’était une évidence.


  • — De vrais bas et un porte-jarretelles… il n’aimait pas les collants ou ces horribles bas tenus par des élastiques… un homme de goût, mon Pierre.
  • — Je n’en doute pas, Claudine !
  • — Bien… vous ne sortez pas votre magnétophone ? Je suis prête pour vous raconter… la suite d’hier donc !
  • — C’est parfait… un instant, je mets une bande neuve et… en route.

Elle me fait face, son visage tourné vers moi, avec la table qui nous sépare. Bon sang ! Elle a des yeux remplis d’un amour inconditionnel pour son cher disparu. Je la trouve… radieuse, lumineuse.


  • — Nous y sommes, vous pouvez parler, Claudine…
  • — Merci…



— xXx — 



Pierre et moi, une longue histoire qui a pris vie dès que je lui ai fait savoir que j’étais d’accord avec lui. Je me souviens… le soir même de mon adhésion à son projet, il sonne à la porte de la petite coloc que je partage avec Mélanie et Gallia deux filles de la fac. Là, il explique aux deux autres médusées, qu’il vient « m’enlever ». Oui, c’est bien le terme employé lors de son arrivée. Et moi qui souris béatement. Nous nous éloignons et, dans mon espace de vie perso, il pose sur la table qui me sert de bureau quelques feuillets.



Je lis donc les pages et à chaque ligne, je sens mon ventre se serrer. J’ai une sorte de peur, mais les effets en sont bien plus pervers. Elle me procure un degré de désir incontrôlable, et plus j’avance dans ma lecture, plus je me sens contracté et… paradoxalement, je dois dire que je finis l’examen du document, entièrement trempée. Le sait-il ? En tout cas, il le devine à coup sûr et sa main vient chercher la mienne ? À moins qu’elle ne se porte à la rencontre de la mienne pour y déposer… un stylo-plume ? Mes mouvements sont mécaniques, alors que je dévisse dans un brouillard, le capuchon en ivoire de l’instrument avec lequel je paraphe les feuillets. Je sais que j’aliène mon existence à celle de ce jeune homme, sans vraiment savoir ce qui va m’arriver. Pourtant… je signe avec un plaisir incroyable.


C’est lui qui range sa plume et sa voix d’une douceur extrême me ramène à la réalité des choses.



Il tourne les talons et je surprends des bribes de conversation avec mes deux amies. Elles tombent des nues, jugeant que j’ai bien caché mon jeu. Si elles savaient ! Pierre et moi n’avons échangé pour l’heure en tout et pour tout que deux ou trois baisers. Une fois deux valises remplies, dernières étreintes entre ces deux jeunes femmes avec qui je partage l’appartement depuis… des mois. Elles ont l’air rassurées. L’homme a su trouver les bons mots et surtout les bons arguments. De mon côté, je retiens surtout qu’il m’aime. Il le chante assez fort et mon cœur bat la breloque dans ma poitrine. C’est ainsi que je passe une première nuit chez lui… et je ne dis pas : avec lui. Il est là, mais ne me touche pas.


Sur son divan, il reprend un à un les termes de l’engagement écrit sur lequel j’ai apposé ma signature. Il m’explique, et je me perds dans les méandres doux de sa voix suave. Du petit lait ! Je bois ses mots qui chantent à mes oreilles, je suis subjuguée, mais je reçois quelques directives pour une première étape dans cette vie commune toute neuve. Et lorsque, debout devant lui, assis, il me demande de lui remettre… mes sous-vêtements, j’imagine que ce sont ceux de mes valises. Ce en quoi je me trompe ! Ceux qu’il demande, ce sont bel et bien la culotte et le soutien-gorge que je porte sur moi.



Tout s’est vraiment déroulé de cette manière et le lendemain, lors de mon retour après mes cours, il me demande de le suivre. Nous sommes au salon, il m’embrasse… sur les joues, je précise, et suavement il me demande :



Sur la table, un carton, dans celui-ci, un manteau fait d’une matière moelleuse et je ne pige qu’après coup, qu’en fait il me veut nue sous cet unique vêtement. C’est les tripes nouées que je m’exécute et, quand la pelure épouse mes formes, je constate que c’est d’une incroyable délicatesse. Chacun de mes mouvements frotte le tissu sur ma peau, entraînant une multitude de sensations inconnues. Je me prends au jeu et il sourit. Sa paume de main vient flatter mes joues et… j’ai droit à un véritable baiser. Ses lèvres entrouvrent les miennes. J’en suis tout attendrie. C’est juste magique cette pelle ! Une seule, et Pierre se détache de moi.



Pourquoi chercher midi à quatorze heures ? Je me sens happée, aimantée par cet homme qui décide simplement de ce que je vais être. Je n’ai jamais eu un caractère très tranché et d’un autre côté, ça me paraît tout naturel qu’il commande et que je fasse. Donc, dans la voiture, avant même de mettre en route le moteur, il entrouvre les deux pans du manteau qui couvrent mes cuisses.



Nous sommes dans une boutique animalière et j’ai la sensation que tous mes pas sont épiés. Le fait d’être nue, de ne porter que le manteau sans doute. Pierre marche à mes côtés et me tient le bras. Pourquoi sommes-nous dans ce magasin ? Il nous dirige vers un rayon et le rouge me monte aux joues. Je sens d’un coup une honte qui m’envahit.



Pas de réponse, trop angoissée pour que les mots franchissent ma gorge. Il me sourit et passe sa paume sur une rangée de colliers de cuir de toutes les couleurs. Ils sont larges, de toutes tailles aussi et… je détourne les yeux pour regarder autour de moi si… quelqu’un nous observe. Il s’en rend compte.



Je soupèse un long ruban de cuir noir surmonté d’un anneau initialement prévu sûrement pour y accrocher une laisse. Lui me regarde, amusé.



Mes doigts viennent donc lisser le même collier, de sa couleur préférée. C’est mon premier geste d’abandon concret. Il soupire et attrape l’objet. Ses pattes se portent à mon cou et… il s’avère que le cuir est trop petit. Il repose donc celui qu’il tient, s’empare du même modèle, mais plus long cette fois. Et la chose vient se fermer sur mon cou. Proche de nous, un homme âgé nous bouffe des yeux. Il croit à un jeu et s’octroie le droit de plaisanter.



Pierre se tourne vers le type, et d’un ton égal lui demande…



Il est gêné ce gars, et s’éloigne vivement de nous. Mais l’idée est là et c’est vrai qu’une chaîne vient s’enclencher une seconde plus tard dans l’anneau qui orne le collier. De plus, Pierre m’entraîne vers la caisse sans rien retirer de mon cou et… la caissière est cramoisie, n’osant pas poser ses quinquets sur moi. Elle doit cependant se lever pour passer son scan sur le code-barre qui est collé au cuir… Pierre paie et nous sortons. Combien sont-ils à nous suivre des quinquets ? Je ne veux pas le savoir, mais ce que je peux affirmer, c’est bien que je suis trempée et que j’ai la nette impression que le long de mes cuisses suinte de la mouille. Je traverse le parking alors que Pierre a toujours le bout de la longe en main. Un toutou qui suit son maître…


Voilà ! Mon entrée fracassante dans une autre vie vient de prendre fin à la sortie de cette boutique. J’ai honte, j’ai des papillons dans le ventre et… j’ai une envie démentielle d’être prise. Comment est-ce possible ? Je suis une folle, une idiote, mais c’est si bon et… j’ose espérer que je me suis montrée à la hauteur de celui qui me fait confiance.


Le retour dans ce que je dois bien appeler « chez nous » se fait avec la patte de Pierre sur la cuisse la plus proche de lui. Il la remonte sans vergogne vers mon sexe. Il ne peut que constater les dégâts. Et à ses yeux, est-ce que ça compte, ce désir humide qui transpire de ma chatte ? Il n’en parle pas, ne fait aucune allusion à cet excès de mouille dans lequel ses phalanges vadrouillent allègrement. Et il me semble bien ouïr un clapotis dément alors qu’il me caresse.



— xXx — 



Claudine stoppe là son récit. Ses yeux sont dans le vague, comme si… oui, j’ai l’impression très nette qu’elle revit la scène. Ce long blanc, elle s’efforce de le combler en me proposant un second café. Ça fait un bout de temps qu’elle monologue… Perdues dans nos pensées, elle et moi avons complètement perdu le fil du temps.


  • — Vous désirez un autre café, Élisabeth ? J’ai besoin de souffler un instant.
  • — Votre histoire est prenante… et vous avez raison, une pause s’impose. Oui… volontiers pour un second jus… je peux vous demander… les toilettes ?
  • — Ah ! Oui… moi aussi, trop en boire me fait cet effet-là… la seconde porte sur votre droite, dans le couloir… la précédente c’est la salle de bain.
  • — Merci !

Je me précipite dans le corridor, pressée par l’urgence de la situation. L’endroit est agréablement parfumé et mon soulagement est immense. Je dois aussi dire que, quelque part, la narration intense que je viens d’écouter sans broncher ne m’a pas laissée totalement indifférente et… je crois bien que je suis moi aussi terriblement excitée. Pas très professionnel, ça, ma petite Élisabeth. C’est exactement ce à quoi je songe en me tamponnant l’entrejambe après ma miction ! Je tire la chasse d’eau et passe au lavabo dans la salle de bain. Une serviette est posée sur un valet, à mon intention sûrement. Ouf ! je me sens plus légère en regagnant ma place. Claudine a servi les tasses et deux portions d’une tarte aux fruits attendent sur des assiettes. Elle ne dit rien, pousse simplement une pièce de gâteau vers moi.


  • — Ça va ? Je ne déraille pas trop dans mes souvenirs ?
  • — Je… Franchement, c’est passionnant. Je n’ai jamais entendu un tel récit.
  • — Pas banal ? Pourtant… nous sommes bien plus nombreuses que l’on ne peut le croire… Mais nous ne chantons pas sur les toits nos déviances sexuelles.
  • — J’imagine que c’est comme ça pour tout le monde.
  • — Je m’en fiche des autres de toute manière… Nous, Pierre et moi je veux dire, avancions dans la vie en vivant le meilleur. J’en ai retiré un bénéfice immense et souhaite simplement à toutes les femmes du monde de connaître un tel amour.
  • — … ?

Je goûte la pâtisserie, histoire de détourner très vite la conversation qui devient gênante pour moi. Je dois respecter une certaine forme de neutralité et je m’aperçois là que cette Claudine m’émeut plus que le droit de réserve me l’autorise. D’où cette méfiance, mais vis-à-vis de mes propres réactions, bien sûr. Nous dévorons avec gourmandise la tarte, et c’est elle qui me fait signe, de la pointe du menton, de remettre en route mon enregistreur. Elle secoue la tête, replonge dans ses souvenirs.



— xXx — 



Bien sûr, nous faisons l’amour toute la nuit ce fameux soir et le collier demeure fermé sur mon cou… J’apprends ce qu’est l’amour, le vrai, le grand, dans les bras de ce Pierre qui m’inculque, tout au long de notre parcours commun, des préceptes qui deviennent règles. Vivre sans sous-vêtement, n’avoir plus honte de mon corps, le montrer quand il le désire, affoler les hommes, tout devient une sorte de jeu que nous partageons lui et moi. Il est aux petits soins pour la femme que je suis, pour la soumise qu’il crée de toutes pièces. Et je me complais dans ces petites manies de mâle dominant. Il m’arrive au fil du temps de précéder ses moindres désirs. Bien sûr, il y a quelques fois des moments plus délicats, difficiles même.


La première fessée, par exemple pour un oubli quelconque, pour une peccadille. Une autre façon de me faire savoir qu’il m’aime aussi et que je dois être parfaite. Le partage de mon corps aussi s’est avéré être un supplice lors de nos ébats avec un inconnu. Puis, je me suis habituée, au point d’en devenir accro. Celles qui n’ont jamais connu les doubles pénétrations ne savent pas ce qu’elles perdent. Un plaisir incommensurable d’être convoitée, caressée, d’être la chose de deux hommes, voire plus au gré des désirs si particuliers de celui qui m’a tout donné, tout apporté aussi. Et il ne me reste de Pierre que des images, des souvenirs que les jours qui nous éloignent effacent petit à petit. Oui… je l’ai aimé ; oui, lui m’a aussi mise sur un piédestal et je ne suis pas certaine qu’un jour un autre puisse me rendre tout ce que sa mort m’a volé.


Bien entendu que j’ai adoré les croix de Saint-André, les carcans et les coups de fouet, de ceinture. La main qui tenait l’instrument qui me donnait du plaisir m’important peu, seule la voix qui guidait les gestes avait de la valeur à mes yeux. Je lui ai tout donné, jusqu’à la peau de mes fesses, et n’ai jamais manqué de rien.


Alors oui… je suis une soumise… sa soumise. Et bien qu’il se soit brutalement évanoui de mon paysage quotidien, il est là, au fond de mon cœur. Plus personne ne saura le remplacer et du reste, je n’en éprouve aucune envie. J’ai dépassé le stade de l’amour pour lui vouer un véritable culte… et mes souvenirs sont là pour me faire jouir avec une violence que les séances musclées qui ont pris fin avec lui n’égaleront plus jamais…


J’ai aimé Pierre, j’ai aimé le sexe avec lui, mais aussi pour lui. Je songe souvent à ce que nous pourrions encore faire aujourd’hui si le sort n’en avait pas décidé autrement. Et… mon témoignage n’est pas là pour orienter qui que ce soit vers tel ou tel plaisir. Non ! Il s’agit juste de rendre hommage à un homme avec qui j’ai traversé un moment sur cette terre. Et… je suis heureuse de l’avoir rencontré… Si demain je devais tout revivre depuis le début, il va sans dire que je ne changerais rien de ce que j’ai vécu… et que je ferais tout pour qu’un foutu soir il ne prenne pas la route… mais le destin nous vole parfois ce bonheur… Pourquoi ? La question reste posée… Voilà… je vais arrêter là mon histoire…



— xXx — 



Mon index tremble un court instant et mon minuscule enregistreur disparaît dans mon sac à main. Devant moi, pâle, les mirettes embuées, Claudine se recroqueville sur son siège. Elle se tait. Je ne bronche pas, la laissant sortir de son silence et essuyer ses larmes. Son regard fixe le sol et le carrelage de sa cuisine. Puis, lentement, sa bouille se redresse.


  • — Pardon ! Je… C’est plus fort que moi.
  • — …

Rien à lui répondre, aucune parole ne peut la réconforter. Mais je vois d’un coup son visage reprendre vie. Elle me sourit, et d’une voix blanche…


  • — C’est con, hein ? Mais il me manque vraiment. Lui et ses dérives… je peux vous demander une faveur Élisabeth ?
  • — Oui… oui, bien sûr, je vous écoute Claudine…
  • — Vous voulez bien rester déjeuner avec moi ? Je voudrais vous montrer deux ou trois petites bêtises.
  • — … ?

Elle se redresse, ouvre un placard et en revient, tenant à la main une boîte assez imposante. Le couvercle de tissu de celle-ci retiré, elle me sort une liasse de quelques feuilles de papier…


  • — Tenez… c’est ça le contrat que je me suis efforcée de respecter tout au long de nos années de vie commune… vous voulez le lire ?
  • — Euh…

Le document est jauni par les ans, et alors que mes quinquets viennent flirter avec les lignes défraîchies, je réalise que Claudine caresse en le serrant entre ses doigts… un collier de cuir rouge, au centre duquel un anneau en acier brillant me prouve que son histoire est bien réelle…


  • — Tout Pierre tient dans cet écrin, Élisabeth… il y a là tout l’amour de notre existence…

Pas de mots, je n’en trouve pas, et trois heures plus tard, sur la route qui me ramène chez moi, j’ai une pensée spéciale pour la femme qui a connu un tel amour… ma solitude me pèse. Alors ? Je vais me plonger dans la rédaction de mon article, lorsque j’aurais pris un peu de repos. Et qui sait, une autre lettre m’entraînera vers quel destin demain ou après-demain ? Je n’en sais rien, mais bon sang, que j’aime écouter ces parcelles d’éternité narrées par celles qui les ont assumées…




Fin !