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n° 22874Fiche technique12791 caractères12791
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Temps de lecture estimé : 9 mn
15/01/25
Résumé:  Une parenthèse érotique en montagne
Critères:  #psychologie #drame #érotisme #volupté #consolation #confession #occasion #lieudeloisir fh inconnu fépilée froid
Auteur : charly1970      Envoi mini-message
Clara dans la tempête

Je m’enfonce dans la neige qui crisse sous mon poids. Mon regard porte à l’aplomb de mes pieds, rendant l’effort de la marche plus mécanique, moins pénible. Dans cette ambiance hivernale, j’ai l’impression de me mobiliser dans une bulle ouatée où les bruits sont tous amortis. Mon univers se réduit à quelques dizaines de centimètres. Seul le souffle de ma respiration m’accompagne. J’observe machinalement les traces qui défilent devant moi tout au long de la montée. Les pattes d’un oiseau, probablement un merle, laissent dans la neige de petits triangles gracieux ; plus loin, ce sont les sabots d’un chevreuil qui prolongent ma rêverie. Le renard est aussi passé par là. Son cheminement est plus bondissant et fureteur. Il va de droite à gauche, semblant attentif à toute opportunité pour débusquer et grappiller quelques denrées. Ce tableau mouvant, au rythme de la marche, tend à engourdir mon esprit. J’ai du mal à fixer mes pensées qui s’évanouissent et se déplacent à la façon des bancs de brume présents dans ces hautes prairies. Les empreintes se superposent. Je me concentre pour repérer le dernier passant sur cette autoroute animalière qui se révèle très fréquentée.


À mon grand étonnement, des traces de pas surgissent sur la sente. Elles viennent de l’épaisse forêt en contrebas. Toutes fraîches, elles suivent maintenant le même chemin que moi. Les marques légères laissées dans la neige me font penser à celles d’un ado ou d’une jeune femme. Elles s’arrêtent brutalement en de nombreux piétinements pour reprendre plus loin à un rythme ralenti. Dans la nuit tombante, je crois discerner les ronds diffus de plusieurs gouttes de sang, puis plus rien. Ce visiteur ou cette visiteuse semble en tout cas se diriger involontairement vers ma cabane en bois qui apparaît dans la clairière juste devant moi.


Il était temps que j’arrive. La nuit enveloppe tout l’espace autour de moi d’une obscurité compacte. Le silence soudain se fige et se fissure. Un gémissement qui ne cesse de monter dans les aigus me glace le sang. Il provient de la salle de la cabane qui reste toujours ouverte au cas où des promeneurs se seraient fait prendre par le mauvais temps. J’accélère, me mets à courir et déboule comme un fou. Dans le noir profond de la pièce, des pleurs étouffés se font entendre. Une fraction de seconde, je ne peux m’empêcher de penser que ce week-end de zénitude tourne au vinaigre. D’un regard rapide, je balaie l’endroit et découvre dans un coin une forme recroquevillée qui n’a de cesse de hoqueter. Ouvrir le tiroir de la table, prendre la boîte d’allumettes, une bougie, craquer l’allumette. On y verra plus clair.


Deux yeux me regardent avec une infinie tristesse. Pas le temps de m’apitoyer, allons au plus pressé, je me penche vers cet amas de vêtements roulé en boule et demande où ça fait mal. Son visage est parsemé d’estafilades où le sang coule lentement et commence à sécher. Contre toute attente, la jeune femme que j’ai devant moi pose sa main dans un geste d’extrême lassitude sur son sein gauche, à l’emplacement du cœur.


Un peu déstabilisé par la réponse, je la relève prudemment et l’assois sur le rebord du lit. D’abord, lui nettoyer le visage, vérifier que toutes ses griffures sont superficielles et allumer le poêle. Le froid commence sournoisement à nous tomber dessus. La respiration de cette invitée inattendue se calme un peu. J’en profite et sors à toute berzingue, cherche de l’eau à la source, ramasse au passage quelques branchages et de la paille sèche sous la terrasse, rentre de nouveau avec tout mon bric-à-brac. L’ambiance devrait être moins inquiétante. Le feu démarre et la chaleur se répand dans la pièce comme une onde bienfaitrice. La bouilloire posée sur la fonte commence à frémir. J’en profite pour débarbouiller le joli minois qui me fait face avec un bout de linge trempé dans l’eau tiède.



Le poêle crépite, le silence se fait épais. Dehors, le vent redouble de force, une tempête de neige s’annonce. Minute après minute, le temps s’écoule sans qu’on ne parle. Je me décide à briser la glace.



L’embâcle du torrent vient de céder. Son flot de paroles dévale la pente, pareil aux eaux rugissantes d’une rivière en crue. Je l’interromps.



Pas de réponse. Ma question reste en suspens dans l’air. Persuadé que la chaleur du thé agira comme un baume sur sa douleur, je m’affaire quand même. À travers les volutes du thé brûlant, je prends le temps de l’observer. Dans la panique des présentations, je n’ai pas prêté attention à son physique hors norme, puissant et terriblement féminin à la fois. La vie au grand air ne doit pas être étrangère à sa robustesse. Pourtant, je m’attendris en devinant dans la pénombre les rondeurs sensuelles de son corps. Le poêle qui maintenant carbure à fond procure une chaleur presque étouffante dans un si petit espace. Clara finit par enlever un à un ses nombreux vêtements pour se retrouver en tee-shirt et en shorty. J’en fais de même, car je m’asphyxie dans cette ambiance de sauna norvégien. Je lui tends le bol fumant et reprends la conversation.



J’en ai peut-être trop dit, je finis par me taire. Suit un inconfortable silence qui dure une éternité. Pour meubler les minutes qui s’égrènent, je sors machinalement deux petits verres et une bouteille de liqueur de prunellier que j’ai toujours en réserve dans un de mes placards.



Je pousse lentement le verre plein en direction de Clara. Sans mot dire, elle pose sa main sur la mienne. Je crois que ça nous fait du bien à tous les deux de sentir la chaleur de l’autre. Ça brise quelque part la distance qui nous sépare. Les souvenirs d’un passé pas si lointain me reviennent. Dans un tunnel sans fond, je m’y enfonce et me noie. Les larmes me montent aux yeux. C’est plus fort que moi. Clara me regarde, incrédule, et me glisse dans un murmure au creux de l’oreille :



Elle nous verse à tous les deux un deuxième verre de liqueur. Je recharge le poêle et m’assois tout contre elle. À quoi bon raconter ce qui m’est arrivé ? Je sais, elle sait, nous savons tous deux la douleur qui nous habite. Passez un certain seuil, la parole est de trop. Restent nos deux corps l’un contre l’autre. Ce qui suit est de l’ordre de l’instinct de survie, pas de l’amour. J’approche mes lèvres de sa bouche et y dépose un rapide baiser. Pas le temps de me reprocher cet élan incontrôlé, Clara prend lentement ma tête entre ses mains, me fixe droit dans les yeux, puis dépose une avalanche de petits bisous partout sur mon visage. Nous tombons dans les bras l’un de l’autre et roulons à même le sol. J’arrache ses derniers vêtements plus que je ne la déshabille. Clara s’acharne pour enlever mon tee-shirt et mon boxer, puis, dans l’empressement finit par les déchirer. Nous voilà peau à peau sans entrave. Les senteurs douceâtres de sa sueur, liées à sa folle course à travers la forêt, envahissent la pièce. L’odeur de l’herbe mouillée, de la résine des grands pins, des feuilles mortes, de la neige, se mélange au parfum sucré de son épiderme. Nos jambes s’entrelacent pour chercher toujours plus de contacts. Je sens Clara qui pousse son bassin avec frénésie vers mon entrejambe. Son sexe finit par se poser brutalement sur ma queue. Elle s’y frotte durant ce qui me semble être une éternité. La chaleur et l’humidité de sa chatte sont un délice, mais aussi un véritable supplice de Tantale. Je l’enserre dans mes bras pour la bloquer, sinon à ce rythme, je ne vais pas tenir longtemps. Pour contenir sa fougue, je me jette sur sa bouche et la dévore.


Erreur, cela ne fait que renforcer son excitation. Elle se débat et arrive, je ne sais pas comment, à se défaire de mon étreinte. Souple comme un félin, elle réussit même à prendre les choses à son compte en collant mon dos sur le parquet et en tenant au sol mes deux poignets au-dessus de ma tête. Pour le jeu, je me tortille et me débats en la faisant sauter sur mes hanches, mais Clara a un autre programme en tête. Elle me bloque pour de bon, approche son index de sa bouche et me murmure à plusieurs reprises.



La vague de fond qui nous a emportés reflue petit à petit pour laisser place au calme d’avant tempête. Je me laisse faire quand je sens sa main chercher ma tige pour la diriger voluptueusement à l’entrée de son sexe ruisselant. À cheval sur ma bite, Clara se laisse glisser à la verticale millimètre par millimètre. Apprendre ainsi la géographie de son corps est déjà une jouissance. Je passe par mille et une émotions. Pendant tout ce temps, Clara ne lâche pas mon regard d’un instant. Ses chairs s’entrouvrent de plus en plus profondément. En m’imposant son rythme, je peux lire sur son visage la progression de ma queue, la montée de son plaisir. Elle me rend captif. J’en finis par en perdre mes propres sensations. Mon âme se dissout dans le noir de ses yeux. Une pause, un cri :



Presque un ordre. En temps normal, un tel désir me ferait un peu peur, mais depuis le début, rien n’est normal. Alors, je m’enfonce en elle pour de bon, la soulevant de terre, agrippant ses hanches généreuses, la bousculant d’avant en arrière, la maltraitant presque. Sa bouche est déformée par l’orgasme qui monte, qui monte. Encore une injonction de sa part :



Je redouble d’efforts en la suivant dans son galop effréné. Mais maintenant, elle a pris les rênes. Elle m’enserre dans ses cuisses puissantes, m’impose sa rage et sa jouissance. Elle me possède, me mord l’épaule, suce le creux de mon cou jusqu’au sang, me roule une pelle, me brise les poignées, chevauche littéralement ma queue, écarte encore plus les genoux pour bien s’empaler, mouille abondamment, crie à en perdre la voix. À cent à l’heure, pour ma part, je crains la sortie de route. Je ne vais pas tenir des siècles, mais tout à coup, tout s’arrête.


Subitement, fauchée en pleine course, elle s’effondre sur ma poitrine comme une poupée de chiffon. Nos souffles s’accordent pour redescendre. Dégoulinant, tout suant, nous ne savons plus où on en est. Par terre, c’est un enchevêtrement de bras, de jambes, de poitrines. Qui est qui ? Je me rends compte que je n’ai même pas éjaculé. J’ai l’impression d’avoir joui avec elle. C’est une sensation étrange.


Le feu pétille, Clara semble abandonnée. Les yeux mi-clos, la bouche légèrement entrouverte, une petite moue de béatitude aux coins des lèvres, deux petites fossettes se dessinent enfin sur son visage d’ange. Elle frissonne. Ses tétons se redressent fièrement dans la clarté diffuse du poêle. Elle goûte au repos de l’âme.


C’est la fin de l’errance, l’histoire d’une renaissance.