n° 22887 | Fiche technique | 23282 caractères | 23282 3931 Temps de lecture estimé : 16 mn |
20/01/25 |
Résumé: Pas toujours facile de s’octroyer des pauses au bureau... Mais au nom du fantasme, François est bien décidé à y parvenir. | ||||
Critères: #érotisme #romantisme #travail fh amour voir lingerie hmast caresses pénétratio jeu attache | ||||
Auteur : Aventurine Envoi mini-message |
Les yeux rivés sur l’écran de mon téléphone, je faisais défiler mes messages le plus lentement possible, pour prendre le temps de les relire une nouvelle fois.
- — Tu me manques, François chéri, si je pouvais, je m’enfermerais dans ton bureau avec toi cet après-midi !
- — Arrête de tenter de me distraire, tu sais bien que cette idée me fait beaucoup d’effet !
- — Je serais assise face à toi, sur le plan de travail, et je déboutonnerais lentement chaque bouton de ta chemise…
- — Je crois que ce serait possible, en réalité.
- — Quoi donc ? De se retrouver tous les deux seuls sur ton lieu de travail ?
- — Oui… Je dois planifier une intervention exceptionnelle en soirée. Ce serait l’occasion rêvée, non ?
Je savais que le projet était un peu risqué. Mais que ne ferait-on pas, quand un fantasme se présente à portée de ses doigts ?
22 h
J’étais assis sur mon fauteuil de bureau, les doigts crispés sur les accoudoirs, ceinture et pantalon ouverts. Face à moi, je dévorais des yeux la femme qui s’employait à caresser langoureusement mes cuisses tout en m’embrassant par intermittence. Dardant les courbes de sa poitrine à hauteur de mon visage, Emma avait étudié l’ouverture de son chemisier blanc pour ne révéler que le strict nécessaire : deux boutons défaits, pas plus. Une fine dentelle noire émergeait de son décolleté et la transparence infime du tissu laissait deviner le reste, sans vraiment montrer.
Elle n’était pas ma secrétaire, mais s’était habillée comme telle, jouant parfaitement son rôle. Le fantasme, c’était elle et moi dans mon bureau fermé à clé, sur le territoire de mes fonctions et de mes responsabilités. Certes, c’était un scénario éculé, mais il était ancré dans mon esprit depuis longtemps. Enfin, je la voyais ici, sublime et sexy, dans ce rôle imaginaire qu’elle avait endossé en arrivant avec un dossier sous le bras et en m’appelant Monsieur. Maintes fois, je lui avais écrit mon envie d’elle sur mon fauteuil ou sur mon bureau. Quant à elle, éternelle coquine, elle me contait souvent sa propre vision de ce fantasme : furtive visiteuse, elle viendrait investir mes locaux dans le seul but de me rendre fou de désir et de plaisir, le temps d’une pause improvisée.
Campée devant moi sur ses escarpins noirs, Emma replaça une longue mèche brune derrière son oreille et planta son regard malicieux dans le mien. Sans se hâter, elle déboutonna complètement son chemisier et le fit glisser au sol. J’admirai les globes de ses seins ornés de leur écrin sexy.
Je souris à sa plaisanterie facile, mais me prêtai au jeu en répliquant :
Puis, en la défiant du regard, je sortis mon sexe bandé de mon pantalon désormais trop étroit. Alors qu’elle allait s’agenouiller devant moi pour me prendre en bouche, je hochai la tête par la négative et me mit à caresser lentement mon membre. Elle resta interdite et réprima un sourire amusé.
Je savais qu’elle adorait me voir me masturber, que la seule vision de ma main descendant lentement sur toute la longueur de ma virilité décuplait son excitation. Je m’adonnais si rarement à ce genre de jeu en sa présence qu’Emma ne pouvait masquer sa surprise. Je contemplai ses lèvres entrouvertes qui luisaient sous un gloss pailleté et sentis mon excitation redoubler. Bientôt, je vis les mains d’Emma s’agiter, se poser sous ses seins et descendre sur son ventre, comme dans l’attente de caresses dont je la privais pour l’instant. Sans cesser de me regarder, elle fit glisser sa jupe noire au sol. Je dévorai des yeux mon Emma, debout en lingerie au beau milieu de mon repaire, les courbes de ses hanches sublimées par le faisceau de ma lampe de bureau. Sa main finit par disparaître dans sa culotte. Visiblement, elle ne tenait plus en place, mais j’avais envie de continuer à jouer.
Emma quitta ses escarpins qu’elle envoya négligemment glisser sur le parquet, puis se pencha vers moi d’un air mutin. Elle prit possession de mes lèvres en un savoureux baiser dont elle avait le secret. J’aperçus l’humidité de l’étoffe qui épousait encore les lèvres charnues de son sexe. Furtivement, l’une de ses mains glissa le long de mon torse et voulut s’emparer de mon pieu. Je la retins par le poignet avec une fermeté mesurée et l’entraînai contre moi pour l’asseoir sur mes genoux. Ses lèvres soudées aux miennes, elle ne vit pas ma main tendue vers le tiroir le plus proche de mon siège. Cependant, elle cessa ses baisers au son de l’emballage plastique. Les yeux ronds, elle posa ses yeux noisette sur l’objet qui reposait au creux de ma paume, tandis que je dégrafais de l’autre main son bustier de dentelle.
18 h
J’avais aligné devant moi plusieurs câbles réseau encore habillés de leur sachet transparent. Jolie collection multicolore, pensai-je en attrapant le modèle rose. Jérémy entra à ce moment-là dans notre bureau et s’exclama :
Tentant de masquer ma confusion, je rangeai à la hâte mon matériel dans son carton d’origine et me replaçai face à mon poste de travail. En consultant ma messagerie, je ne pus m’empêcher d’imaginer le sourire narquois d’Emma, et peut-être son rire incrédule, lorsqu’elle découvrirait ma fantaisie. Certains de nos messages me revinrent alors en mémoire.
- — De quoi tu as envie ma chérie ? Dis-moi…
- — Je veux essayer quelque chose de nouveau avec toi.
- — Les yeux bandés, je ne l’ai jamais fait sur toi. C’était moi ta proie aveugle et docile, il y a quelques mois.
- — Je voudrais que tu m’attaches les poignets, pour me sentir frustrée pour un temps… Je serais à ta merci et je n’aurais pas le droit de te toucher… tu vois ?
- — L’entravement te tente, finalement ? Je vais prévoir un petit accessoire pour ça, alors…
En cette fin d’après-midi, le service administratif de la société se vidait progressivement. Nous allions pouvoir procéder à la mise à jour logicielle prévue à notre agenda. Je quittai mon collègue, affairé au rangement de vieux disques durs, et montai quatre à quatre l’escalier menant au troisième étage. Un tour rapide des locaux me permit de vérifier qu’il ne restait plus personne dans les bureaux, ou presque : au fond du couloir d’un vert pastel défraîchi, la porte béante de ma supérieure témoignait comme à l’accoutumée de sa présence tardive.
À l’approche de l’antre de la directrice, j’annonçai ma présence par un léger raclement de gorge, puis passai la tête dans son bureau. Évelyne, armée d’un surligneur, parcourait une liasse de documents chiffrés à la lueur criarde de sa lampe. Elle leva la tête vers moi d’un air interrogateur.
Évelyne me gratifia d’un clin d’œil complice avant de se replonger dans ses chiffres. Pour la énième fois de la journée, je redescendis les escaliers et regagnai mon bureau.
Je levai un regard intrigué vers mon collègue dont l’attention vers son moniteur semblait anormalement intense.
Jérémy se mit à glousser.
Puis, subitement, les gémissements répétés d’une femme mêlés à des râles plus rauques émanèrent des enceintes de son ordinateur.
Jérémy coupa à nouveau le son et me jeta un regard amusé par-dessus son moniteur :
La dissipation fréquente de mon comparse me faisait généralement sourire. Pourtant, ce soir, je n’avais pas envie de perdre de temps, car j’espérais que notre intervention informatique nocturne ne s’éterniserait pas. Habitué aux procédures périodiques de ce genre, je misais sur une fin de tâche avoisinant 20 h 30. J’avais tellement hâte de revoir Emma, qui ne quittait plus mes pensées depuis quelques mois. Elle était là dans ses messages, semés tels de petits bonbons qu’elle m’offrait tout au long de mes journées. Elle était là sur ses photos prises pour moi en quelques secondes d’improvisation ou dans un effort de mise en scène coquine. Elle demeurait dans mon esprit d’une manière ou d’une autre et, même si j’étais occupé, revenait près de moi à la moindre occasion : au son des notes d’une chanson particulière, à la première cuillerée de Chantilly sur une coupe glacée ou dans les embouteillages, derrière une voiture du même modèle que le sien.
19 h
Je scrutai mon écran en grignotant distraitement quelques tranches de bananes séchées. Passant d’une fenêtre à l’autre, je vérifiai que les différentes étapes de la mise à jour étaient bien atteintes les unes après les autres. Les pourcentages de progression avançaient lentement et je proposai à Jérémy d’aller manger un morceau. Je prendrais mon tour de pause après lui. En attendant, j’écoutais de la musique rock, ce qui nous faisait oublier le silence habituel de fin de journée régnant à notre étage, en dehors de notre repaire.
19 h 30. Croyant avoir mal lu le message affiché au centre de la fenêtre principale de mise à jour, je me redressai sur mon fauteuil et fixai mon moniteur avec inquiétude.
Le visage de Jérémy, les yeux ronds, apparut face à moi par-dessus son écran.
La chevelure blonde désordonnée disparut à nouveau derrière le moniteur. Quelques secondes plus tard, je perçus la résignation de mon collègue quand il ajouta dans un murmure :
20 h
Pour la troisième fois en quelques minutes, je saisis mon téléphone, puis le reposai immédiatement près de moi. J’allais être en retard pour Emma et elle était sûrement déjà en route pour me rejoindre. Je devais la prévenir de mon contretemps, mais que faire… ? Annuler le rendez-vous ? La rejoindre en ville un peu plus tard ? La perspective de voir arriver Emma au bureau alors que Jérémy s’y trouvait encore aggrava mon état de stress déjà avancé.
20 h 45
- — Je vais avoir du retard.
- — Prends ton temps, j’ai des soucis à régler au boulot.
- — Tu es où ?
Mes messages à Emma restaient sans réponse.
Jérémy travaillait dans un silence inhabituel depuis près d’une heure. À la musique avait succédé le cliquètement furieux de nos souris et de touches de clavier que l’on malmène pour travailler vite.
21 h
Jérémy me jeta un regard soucieux en faisant irruption dans le bureau, de retour de la salle des serveurs.
La sonnerie du téléphone mit fin à la conversation.
La voix familière qui se fit entendre n’était pas celle d’Évelyne. Un frisson me parcourut l’échine.
Jérémy me tendit le téléphone d’un air ébahi, puis chuchota en accentuant les derniers mots :
Je raccrochai et sentis que mon visage était devenu cramoisi. Comme pour mettre fin au silence pesant qui suivit, Jérémy se leva en sifflotant et lança :
Sur ce dernier mot, il leva les doigts pour mimer des guillemets. Puis, saisissant sa veste, mon collègue ajouta avec sérieux :
Après une tape amicale sur l’épaule, Jérémy pointa un doigt menaçant vers moi :
Jérémy prit congé en levant les yeux au ciel, puis disparut. Quelques minutes plus tard, je sortis par la porte de service pour accueillir Emma sur le parking que je lui avais indiqué. Elle semblait frigorifiée et serrait un classeur contre elle.
Attendri et confus, je la réchauffai au mieux en la serrant dans mes bras.
La prenant par la main, je l’entraînai vers les escaliers. Elle avait dans les yeux la joie que je lui connaissais lors de chacune de nos retrouvailles. Cependant, un soupçon d’appréhension traversa son visage à notre passage sous la caméra de surveillance braquée vers l’entrée. Je captai son regard et la rassurai au mieux :
Mes doigts serrèrent les siens un peu plus fort, jusqu’à l’entrée de mon bureau. Je ne lui dis pas que je n’avais pas terminé mon travail, tout comme je passai sous silence l’incident téléphonique avec Jérémy. Je voulais juste l’emmener dans notre bulle et y rester avec elle autant que je pouvais.
Les remontrances périodiques de la femme de ménage au sujet de mon désordre n’avaient pas suffi à me motiver à ranger mon poste de travail. C’est la perspective de la visite d’Emma qui m’avait incité à faire place nette depuis quelques jours. Ma maîtresse à demi nue était donc assise sur le bord de mon bureau, dont je réalisais pleinement le côté spacieux. Seulement vêtue d’une culotte noire et de bas fantaisies, elle savourait mes lèvres et soupirait sous les caresses dont je couvrais son corps. Dans la manœuvre, j’ôtai prestement ma chemise puis, le sexe fièrement dressé, je m’avançai et me glissai entre ses cuisses, les écartant largement pour me coller contre elle et l’embrasser encore. Nouant ses jambes autour de mes reins, elle voulut poser ses doigts sur mon torse. Je lui saisis les mains, l’embrassai dans le cou à plusieurs reprises, puis lui chuchotai à l’oreille :
Les yeux d’Emma pétillèrent. Excitation ou amusement de constater la pauvreté de mon scénario ?
J’attrapai le petit câble rose posé près de nous et l’enroulai du mieux que je pus autour des poignets d’Emma, qu’elle serrait devant elle. La vision de ces menottes singulières, mais solides raviva les étincelles qui faisaient briller les yeux de mon amante. Je la contemplai, ainsi entravée, puis, l’enlaçant fermement, la fis doucement basculer afin de l’allonger sur le bureau.
Je posai Emma délicatement sur la partie dégagée du L que formait le plan de travail. Les mains liées au-dessus de la tête, ses longs cheveux bruns auréolant son visage radieux, elle me sourit et posa ses pieds sur le bord de la table.
Pendant que j’enlevais mes derniers vêtements, elle me fixait de son air faussement angélique, faisant osciller ses jambes en les écartant subtilement par intermittence. Elle savait que je mourais d’envie de poser ma bouche sur son petit abricot lisse. Je devinais tout aussi bien qu’elle n’attendait que cela. Debout devant elle, je plaquai mes paumes sur ses compas largement ouverts et caressai sa peau. Extérieur, intérieur des cuisses. Hanches courbes, ventre plat. Pubis lisse, aine sensible… Sous mes yeux, son berlingot béant abritait en son centre un clitoris gonflé de désir. J’écoutai ses soupirs, sentis ses premiers frémissements et les palpitations furieuses de mon sexe qui lévitait, dur et brûlant. Je déposai quelques baisers sur son ventre puis descendis, sans plus m’attarder, visant de ma langue le point sensible. Je l’atteignis immédiatement, tant ma cible m’était familière. Surprise par la soudaineté de la sensation, Emma laissa échapper un gémissement aigu, qu’elle modula ensuite en diverses notes de contentement.
Maintenant ses cuisses entre chacun de mes bras, je fermai les yeux pour mieux l’entendre soupirer, pour mieux jouer de ma langue sur chaque recoin de son intimité et savourer son nectar. Sur ma tête, je sentis soudain ses mains liées et le contact du câble. Elle ne pouvait caresser mes cheveux que de l’extrémité de ses doigts emprisonnés. Au bout de quelques minutes, je me redressai et la contemplai, attachée et allongée dans un inconfort dont j’eus un peu honte, l’espace d’un instant. Je m’avançai vers ma princesse et l’embrassai fougueusement. Son bassin s’agitait et ses doigts entrelacés glissaient sur mes pectoraux, frustrés de ne pouvoir me caresser à leur guise. Ma main se faufila entre ses cuisses et je la pénétrai doucement d’un doigt, puis de deux. Elle gémit et se tordit de plaisir, agrippant comme elle put le bord du bureau au-dessus de sa tête.
Elle plongea un regard implorant dans le mien. Je lui souris, content de ma perversité à la faire languir ainsi.
Je retirai de son fourreau mes doigts trempés de cyprine et léchai son excitation sans quitter Emma des yeux. Passant de l’autre côté du bureau, je la détachai et l’aidai à se relever. Ma belle captive saisit immédiatement l’occasion qui lui était offerte : de ses deux mains, elle s’empara de mon visage, m’embrassa à pleine bouche puis, attrapant mon érection, entreprit de me caresser le sexe en s’attardant sur son extrémité. Son autre main passa sur mon fessier qu’elle palpa avec ardeur, puis longea mon bassin jusqu’à mes parties intimes, qu’elle flatta avec le même zèle que mon membre. Voilà ce qui arrivait quand je privais momentanément Emma du sens du toucher.
Sur ces mots, elle se retourna et posa ses paumes sur le bureau, me signifiant que c’était croupe contre moi qu’elle souhaitait être honorée. Je plaquai mon corps contre le sien, mon mandrin contre son sillon, mes mains couvrant ses seins. Dans cette position, je cédai à l’envie de la caresser, de faire jouer mes doigts sur ses tétons, de laisser mes mains descendre le long de son dos et de ses reins, et puis juste d’admirer ses formes et la blancheur de sa peau.
L’épée trouva facilement l’entrée du fourreau détrempé.
Je les laissai posées sur chacune de ses fesses, pendant que j’initiai de lents et profonds mouvements de rein au creux d’elle. Je me réjouis bientôt que personne ne fût présent pour nous entendre et que mon bureau fût suffisamment robuste pour supporter nos mouvements de plus en plus intenses. Pantelante, Emma posa l’un de ses genoux sur la table, m’ouvrant la voie encore davantage. J’accélérai le rythme, laissant mon pouce lubrifié de sa mouille titiller son anus qui ne tarda pas à réagir sous mes insolents stimuli. Il y eut d’autres cris de plaisir, il y eut l’ascension vers l’extase, devenue incontrôlable. Tout autour, il y avait mon bureau, mon matériel de travail, l’ordinateur délaissé qui nous baignait de sa lumière bleutée. Surtout, il y eut nous deux, les retrouvailles de nos corps, de nos regards, les frissons et les caresses tendres de l’après. Le fantasme, c’était avant tout, et toujours, elle et moi.
23 h 30
Je regardai longuement Emma s’éloigner dans la pénombre avec un signe de la main dans ma direction, puis refermai la porte de service. Ce n’est qu’une fois enfermé dans mon bureau que la réalité me revint en pleine figure : je devais finaliser mon travail et vérifier que tout fonctionnait correctement suite à la mise à jour. Terminés, la bulle, les étoiles dans les yeux, les frissons. J’entrouvris l’unique fenêtre de la pièce pour laisser s’échapper, à regret, les derniers effluves du parfum d’Emma.
Tentant de retrouver ma concentration, je me mis à parcourir les logs et à corriger les erreurs résiduelles. Soudain, des bruits de pas rapides à l’approche dans le couloir me firent dresser l’oreille. Deux secondes après, je sursautai. Quelqu’un frappa à ma porte. À cette heure-ci, je n’attendais aucun visiteur et Emma n’aurait pas pu entrer à nouveau sans mon aide. J’entrouvris la porte avec prudence. Évelyne se tenait face à moi, le visage fermé.
Les yeux verts de ma supérieure me balayèrent de la tête aux pieds, tels deux radars infaillibles. Si je n’avais pas su que la fenêtre derrière moi était ouverte, j’aurais juré que le courant d’air glacial qui me parvint alors émanait de sa personne. Je cherchais désespérément quelque chose à dire lorsqu’elle me devança :
Évelyne tourna alors les talons et disparut dans les escaliers. Je restai coi, sentant mon cœur s’emballer dans ma poitrine et une vive chaleur envahir mon visage.
Oui, je savais qu’il était risqué de réaliser mon fantasme au travail même si mon plan paraissait parfait. J’aurais pu annuler, être pris la main dans le sac ou, plus précisément, sur le fessier de mon amante. J’aurais pu subir les affres d’une déception quelconque en cours de route, ou bien après. J’aurais pu culpabiliser, craindre un blâme, regretter d’avoir failli à mon sens du devoir. J’aurais pu aussi m’en vouloir d’avoir trahi la confiance de ma supérieure si conciliante, qui venait de me faire vivre la pire honte de ma vie sans même élever la voix. Pourtant, il n’en était rien à ce moment-là. Je me remis au travail avec le sourire d’un homme encore sur son nuage, heureux de ne plus croire à cet instant qu’il vaut mieux parfois laisser certains fantasmes à l’état de désirs inassouvis.