n° 22888 | Fiche technique | 16252 caractères | 16252 2787 Temps de lecture estimé : 12 mn |
21/01/25 |
Résumé: Histoire triste d’un amour malheureux en Antarctique | ||||
Critères: fh telnet | ||||
Auteur : tatamarie Envoi mini-message |
Concours : Récit d'après 4 images imposées |
Vous retrouverez le règlement de ce concours ici.
Anne est une jolie institutrice, aimée de ses enfants. C’est vrai qu’ils n’étaient pas nombreux, il y en a douze dans l’école, toutes classes confondues. C’est aussi un tout petit village, deux cents habitants environ.
Elle est jolie, de jolies jambes qu’elle aimait montrer, une poitrine assez imposante, mais qui se maintient bien.
Elle est encore très jeune, presque son premier poste, et s’investit beaucoup pour ses élèves, avec l’aide de quelques parents ou grands-parents, elle organise beaucoup d’activités pour eux.
Son village est à la campagne, bien sûr, mais elle s’aperçoit que les enfants ont un lien assez distendu avec la nature. Sur ses douze élèves, un seul est fils de paysan, il n’y a d’ailleurs plus que deux fermes dans le village.
Au chef-lieu du canton, se tient cette fin de semaine une grande fête paysanne, comices agricoles du coin. Il y aura un marché de produits locaux, une exposition de matériel agricole et de bêtes primées, des démonstrations de techniques anciennes, comme la tonte des moutons ou le labourage avec des bœufs.
Il y aura même le samedi un grand défilé folklorique, en chars à banc, avec les groupes qui entretiennent la mémoire du passé, en tenues d’avant-guerre, les fanfares de la région.
Avec quelques parents intéressés, elle emmène ses élèves à cette grande fête champêtre, même habitant la campagne, ils n’ont pas souvent l’occasion de voir une vache !
Dans un coin de la fête, il y a un stand écolo, vers lequel elle emmène évidemment les enfants. Il n’y a pas dans le canton de grande controverse, pas de manif, pas de ZAD, mais, comme partout, les gens commencent à comprendre le problème.
Sur un des murs du stand, passe une vidéo sur l’Antarctique, dans laquelle un chercheur explique la situation dans cette lointaine région, les problèmes posés par le réchauffement. Il donne de petits exemples, montre de petits films.
Apparemment, il est biologiste, et raconte un peu le contenu de ses travaux sur place. Anne est scotchée devant l’écran, elle ne comprend pas vraiment ses explications, elle le regarde lui, qu’il est beau !
Quand le film se termine, une des responsables écolos s’approche :
Anne avait bien entendu parler d’un comte et de son épouse qui habitaient le village, dans un manoir à deux kilomètres en haut de la colline. Mais ils descendaient rarement, on ne les voyait que passer dans leur grosse voiture, avec un chauffeur, et elle ne savait pas qu’ils avaient un fils.
La responsable continue :
Le lendemain matin, Anne est une des premières à arriver. Il n’y a que trois ou quatre personnes qui participent à la conférence. Après une demi-heure d’exposé sur les travaux en cours dans la station, il y eut quelques questions, et finalement Anne s’est retrouvée seule devant l’écran.
La conversation fut un peu laborieuse, avec de grands blancs. Anne s’intéressait surtout à la vie dans la station, et François confessait que c’était un peu monotone et ennuyeux, heureusement qu’il y a Internet pour des distractions, mais ça manque un peu de chaleur humaine.
Mais Anne s’intéressait aussi, et d’abord, aux beaux yeux de François, qui lui admirait le sourire d’Anne.
Mais rapidement, François fut obligé d’interrompre la communication, non sans avoir combiné avec Anne d’une prochaine conversation. Les capacités de communication de la station étant limitées, il fallait prendre rendez-vous, ce sera dans trois jours.
En rentrant, Anne est toute pensive. L’Antarctique, elle sait ce que c’est, où cela se trouve. Mais, un peu comme tout le monde, elle n’en sait guère plus.
Mais comme maintenant elle est tout enthousiasmée, Anne se précipite sur Internet. Elle écume aussi la bibliothèque de l’école, bien pauvre, cours à la ville où il y a une bibliothèque publique. Mais même là ses trouvailles sont assez faibles, l’Antarctique ne passionne pas les foules.
Elle trouve, bien entendu, tous les récits anciens, Amundsen, Scott, mais cela ne l’intéresse pas beaucoup, elle veut savoir ce qui se passe aujourd’hui à Concordia. Peine perdue, rien d’intéressant, mais elle se console : Jean lui racontera tout, la vie là-bas, la banquise, les ours, etc. Oui, elle sait quand même que Concordia n’est pas sur la banquise, mais dans les montagnes à trois mille mètres d’altitude, et qu’on ne risque vraiment pas de rencontrer des ours polaires par là-bas, mais elle a le cœur qui bat quand elle pense à François.
Par contre, dans les archives de la mairie, elle trouve un gros livre sur la famille de François. Un historien amateur de la commune a rédigé l’histoire de la famille de P., qui est assez passionnante.
Descendant d’une famille noble de l’Ancien Régime, ils ne furent cependant jamais vraiment inquiétés à la révolution. Propriétaires d’une grande partie des terres aux alentours, ils étaient des maîtres bienveillants, et leurs métayers ne se plaignaient pas, et les ont même protégés pendant les troubles.
L’historien était aussi bon écrivain, il racontait tout cela avec beaucoup de verve, et Anne resta longtemps couchée sur son lit, à lire cette histoire. Elle en a retiré aussi un plaisir, la famille de François en sortait grandie, et lui encore plus désirable.
Anne n’est pas vierge, a déjà essayé d’avoir des relations suivies, mais a toujours été déçue, elle sait ce qu’est un orgasme, mais n’a jamais compris comment fonctionnait réellement l’Homme.
Elle est comme une midinette avec François, un peu en adoration, un peu dans l’attente, fébrile, elle en perd un peu la raison. Avec l’aide de la technique, ils arrivent à se parler assez souvent, avec les dix heures de décalage, chez elle, il est le soir, chez lui tôt le matin, elle l’appelle sur son lit, lui est encore au lit.
Leurs yeux brillent quand ils se parlent, mais ils sont d’abord bien réservés tous les deux.
En disant cela, elle recule un peu pour mieux montrer son corps, pince ses bourrelets aux hanches (qu’elle n’a pas), se tapote les fesses, qui sont juste à point.
Provocante, elle empoigne ses seins pour les soulever un peu dans son corsage.
Elle déboutonne doucement son chemisier, l’enlève, ainsi que le soutien-gorge, apparaît la poitrine nue, les seins fièrement dressés, les mamelons qui pointent.
Elle recule encore, pour se cadrer complètement dans le champ de la caméra. Elle dégrafe et fait tomber sa jupe, se montre en petite culotte. Elle se retourne pour l’enlever, et présente ses fesses fermes, ce qui n’est pas plus sage. Jean est hypnotisé par les globes, la fente qui bouge, l’ombre qui se devine au bas. Elle se retourne, écarte les bras et les jambes, et se montre ainsi plus que nue.
Le lendemain soir.
Ils se masturbèrent ensemble, de plus en plus vite, de plus en plus fort, de plus en plus bruyants. Elle jouit la première, dans un grand cri, elle se referma comme une fleur. Il la suivit de près, dans une grande giclée de sperme, droit sur la caméra. Il y avait encore le son, mais plus d’image… elle était noyée de sperme.
Ils passèrent ainsi quelques jours torrides, elle se montrait dans toutes les positions, les doigts de tous les côtés. Lui éjaculait plusieurs fois, il en était épuisé de frustration de ne pas pouvoir toucher.
Il l’informa qu’il allait partir trois jours en mission de recueil, faire des prélèvements dans les glaciers, dans le cadre de ses recherches. « Nous ne pourrons pas nous parler pendant quelques jours. »
Deux jours après, au petit-déjeuner, Anne écoutait distraitement les infos à la radio. Elle entendit que l’on parlait de Concordia, elle entendit les mots « accident », « mort », elle se précipita sur son PC pour avoir plus d’infos.
Elle trouva tout de suite d’autres nouvelles : un tracteur, avec trois personnes à bord, a été pris dans un éboulement, il semblerait qu’il y ait des morts.
Un grand froid descendit dans son ventre « François, mon François, où est-il ? Comment va-t-il ? »
Désespérément, elle tenta de contacter le numéro de François, encore et encore, toujours rien. Au bout d’une demi-heure, enfin une réponse. Apparaît un homme qu’elle ne connaît pas, ne l’a jamais vu.
Anne resta assise sans bouger longtemps, très longtemps. La tête vide, juste « François n’est plus là, il m’a quitté, il m’a abandonné ». Puis elle repassa dans sa tête l’image de François sur l’écran, le François sérieux qui explique ses travaux, le François rieur qui plaisante sur sa timidité, le François en majesté, nu en érection, qui lui offre l’image de son sexe dur. Elle n’avait plus de larmes, elles avaient déjà toutes coulé.
Plus tard, on frappa discrètement à la porte de sa maison. Par réflexe, elle est allée ouvrir, devant la porte se tient un homme grand, gris de vêtement et de visage.
Anne resta sans voix, c’est le comte, le père de François ! Elle ne comprend pas, c’est François qu’elle aime, pas son nom ou son titre. Non, elle n’ira pas, ils vont la regarder de haut, la petite institutrice qui a osé porter son regard sur le prochain comte de P.
Anne hésita, mais le comte semblait réellement vieux et abattu, elle ne pouvait refuser.
Le lendemain matin, Anne prit le chemin du manoir, par la forêt. Une route menait jusque-là, mais le chemin est plus sauvage, abandonné et solitaire. La forêt est silencieuse aujourd’hui, les oiseaux se taisent, les écureuils la regardent passer, mais ne bougent pas, les arbres retiennent leur souffle. La nature accompagne et la soutient dans sa douleur.
Au bout de la forêt, le chemin débouche sur le parc du château. C’est plutôt un manoir, une maison de maître. Grande bâtisse en brique rouge ; même en plein soleil d’été, elle dégage un peu une atmosphère sinistre. Elle n’était jamais venue par là, et la maison l’impressionne un peu.
Mais après tout, elle ne ressent plus grand-chose, et certainement pas de l’inquiétude, tout cela est maintenant loin derrière elle.
Elle tira la chaîne de la cloche, dans l’esprit d’Anne, c’était un glas lugubre. Le comte lui ouvrit la porte, sans un mot, et l’emmène dans le grand salon. La comtesse était assise dans un fauteuil Voltaire, elle avait l’air aussi sévère que son mari, mais ses yeux brillaient de larmes.
Elle s’interrompt, sa voix se casse un peu, mais elle se reprend.
Anne rougit, elle savait tout.
Elle recouvrit de sa main la main de son mari sur son épaule.
Un mariage ! il n’en avait jamais parlé, et ce fut encore une fêlure dans les pensées d’Anne. Elle n’entendait plus rien, le froid était descendu à l’intérieur d’elle, son esprit était vide, son ventre serré. Elle se leva sans un mot, sortit du château. Elle prit la route toute droite qui mène au village, sans réfléchir, ses pieds avançaient automatiquement.
La route longeait un grand étang, large et profond, qui alimentait dans le temps le moulin du village. Une belle pelouse au bord de l’eau réveilla chez Anne de vieux sentiments de paix et de sérénité. Le soleil était revenu, l’ambiance était redevenue printanière.
Elle s’arrêta pour s’asseoir dans l’herbe, regarda autour d’elle. De l’autre côté, deux chevreuils se cachent dans les buissons, au-dessus d’elle deux écureuils s’arrêtent pour l’observer, deux papillons folâtrent et se poursuivent à côté d’elle.
Tout va en couple, tous vont par deux. Elle est maintenant seule, pour toujours, elle n’a plus rien, plus de vie.
L’étang est tout lisse, il brille, il est profond comme l’oubli, oublier François et sa mère, oublier le rêve qui n’a pas duré ? Ou revenir vers la vie, espérer ?