n° 22897 | Fiche technique | 55493 caractères | 55493 9558 Temps de lecture estimé : 39 mn |
30/01/25 |
Résumé: Un coin de campagne c’est bien, mais une compagne c’est mieux ! | ||||
Critères: #ruralité #rencontre #personnages #internet fh bizarre | ||||
Auteur : Arpenteur Envoi mini-message |
Même si je les ai surtout passées à glander, mes dernières années de travail furent compliquées.
Tout d’abord, la société dans laquelle j’avais fait l’essentiel de ma carrière a été rachetée par un groupe aux ramifications internationales. Une tribu d’enfoirés cravatés a subitement débarqué, de jeunes vampires dont les dents rayaient le parquet. Les vieux chnoques comme moi n’ont pas fait long feu. Nous étions inaptes aux nouvelles méthodes, complètement « as been » et dépassés. Grand bien leur en fasse, car aux dernières nouvelles, j’ai appris qu’aujourd’hui l’entreprise vivotait, qu’il y avait une sale ambiance et qu’elle était sur le point de déposer le bilan. Comme quoi, c’est bien dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes !
Quelques séances de formations et de stages d’intérêts personnels sans intérêt plus loin, on m’a finalement offert un petit pactole : pas la belle mallette remplie de grosses coupures, plutôt le petit baise-en-ville avec quelques piécettes dedans. Ces personnes-là ne sont pas généreuses. En particulier, les RH sont des bâtards sans cœur, à la solde de tous ces voleurs de capitalistes qui nous gouvernent.
Toujours est-il que me voilà à ne rien faire et être payé quand même, ce qui n’est pas vraiment désagréable, et en tout cas franchement mieux que bosser pour être payé des clopinettes.
Sur ce, survient le covid, vous savez cette triste époque où on nous a fait croire que la guerre était revenue et qu’il fallait rester cloîtrés chez soi. Pure connerie, je vous dis, paranoïa à grande échelle des trouillards institutionnels. Les bureaux se sont vidés, plus besoin de se déplacer. Pour glander, autant rester chez soi, le télétravail me convenait tout à fait !
Je l’avais chopé ce putain de covid : un peu normal, car je ne prenais jamais aucune précaution. Je ne voulais ni porter ce foutu masque, qui me rappelait trop une année passée dans une ville polluée du Sud-est asiatique, ni respecter les horaires de ce putain de confinement, et encore moins me piquouser. Vous imaginez bien que si tout le monde avait respecté les règles durant la Seconde Guerre mondiale, à l’heure actuelle, on serait tous nazis !
Toujours est-il qu’avec le covid, j’ai été malade comme un chien, je ne dirai donc pas que cette maladie n’existe pas, mais ce n’est guère plus qu’une grosse grippe. La bonne nouvelle, c’est que je ne percevais plus les odeurs, en particulier quand je marchais dans la merde du chien des voisins. La mauvaise nouvelle, c’est que je ramenais de la crotte sous mes godasses et que mon tapis en a fait les frais.
Quelque temps plus tard, nouveau confinement ! « Ne comptez pas trop sur moi les technocrates ! », j’étais devenu le roi des autorisations bidons, j’avais traversé la France dans les deux sens et berné toute la flicaille.
Je me souviens même d’une conversation absurde avec un flic :
Ce à quoi j’avais répondu, avec des yeux de chien battu :
Par chance, son collègue l’avait interpellé, un appel urgent… Du coup, ils m’avaient laissé en plan sur le bord de la route sans prendre la peine de me coller une prune.
Mais je ne me baladais pas non plus dans l’Hexagone juste pour faire chier la maréchaussée, je cherchais surtout un endroit où passer ma retraite : visite de lieux que j’avais connus, prise de contact avec des agences immobilières, soirées passées avec de vieux amis.
Hors de question pour moi de rester vivre en ville, j’en avais soupé des embouteillages, de la pollution et du brouhaha de la foule anonyme. J’avais finalement opté pour un coin reculé de Normandie, en pleine cambrousse, mes finances ne me permettant pas non plus de faire des folies. Je m’étais décidé très vite, une belle bâtisse entièrement retapée, habitable de suite, avec beaucoup de dépendances pour mettre tout mon bordel, à moins de cent kilomètres du peu de famille qui me restait. Dans la mesure où je payais cash et n’avais à prendre aucun crédit, l’ancien propriétaire avait accepté de me louer les lieux avant la signature, moyennant une somme modique, et j’avais pu consacrer le reste de la période covid à réaliser mes déménagements. Je dis bien « mes » déménagements, car, en plus de la résidence principale que je louais près d’Obernai depuis presque cinq ans, j’avais, durant ces longues années, entassé des affaires un peu partout, chez des copains, chez des cousins, et même chez une ex.
Mes premiers temps à la campagne ne furent finalement pas si idylliques que je l’avais imaginé dans mes rêves de retour aux sources. Je trouvais quand même de quoi m’occuper en rangeant et en finalisant la déco. Mais les soirées étaient plutôt longuettes. La fibre n’était pas encore arrivée en ces lieux reculés et la télévision ne diffusait pas, car l’antenne sur le toit avait été arrachée, à la suite d’un vilain coup de vent. Quant au réseau 4G, il ne fonctionnait qu’un jour sur deux. J’avais, malheureusement, opté pour ce type de box, car l’ancien câblage ADSL était dans un piteux état et les providers n’étaient pas chauds pour rétablir cette possibilité.
En désespoir de cause, je contactai mon heureux vendeur, un petit papy hors du temps qui m’avoua qu’il s’intéressait peu à l’audiovisuel et qu’il écoutait les actualités sur sa radio. Et, pour ce qui est d’Internet, il avait bien un ordinateur que lui avait installé son fiston, mais il s’en servait vraiment très peu et n’y comprenait pas grand-chose. Lui, ce qui l’intéressait, c’étaient les modèles réduits, il avait fabriqué des tonnes de maquettes pour reconstituer les principales batailles napoléoniennes, c’était sa seule passion, son seul hobby.
J’avais omis d’étudier cet aspect des choses lorsque je m’étais décidé pour cette foutue baraque. Même avec mon smartphone, je peinais à obtenir la liaison : les jours de pluie, il était même compliqué de passer un coup de fil, ou alors, il fallait être au milieu de la cour et tendre les bras au ciel, ce qui n’était pas réellement commode pour téléphoner. J’eus l’occasion d’en parler avec le maire de la bourgade, un regroupement de communes, comme souvent désormais. Ce brave homme m’assura que les choses étaient en cours, et que, dans quelques mois ou dans quelques années, tout mon secteur serait câblé et que de nouvelles antennes relais allaient voir le jour, des 4G ou des 5G, il ne savait pas trop. D’ailleurs, à vrai dire, il ne savait pas grand-chose, comme tous les politicards.
Toujours est-il que je me faisais chier, surtout le soir à la veillée.
Les parties de jambes en l’air me manquaient un peu également. À Strasbourg, c’était beaucoup plus simple : quand l’envie me prenait, je contactais Fabienne, Liselotte ou Hanna et il était fort rare qu’aucune des trois ne soit disponible et que l’on ne puisse pas passer une agréable soirée ensemble, prélude à quelques coquineries. Je me décidai à appeler la première, un soir où je déprimais particulièrement. Elle me dit :
Mais le mois de juillet était fort loin, car nous étions encore en plein hiver, le temps pour moi de dépérir d’ici là.
Je ne me considère pas comme si vieux que ça, ce qui eut pour effet de la faire rire.
Cela m’incita à me remettre sur l’application de rencontres sur laquelle j’avais connu ces trois femmes, dans la mesure où ma connexion au réseau me le permettait évidemment. C’était souvent redoutablement lent, et je « crisais » fréquemment dans l’attente qu’une page se réaffiche.
Qui y avait-il donc de beau dans mon secteur, parmi la gent féminine disponible ? Certaines annonçaient la couleur de but en blanc, elles voulaient la vie commune, la fidélité absolue et, de préférence, la bague au doigt.
Pour faire un peu d’esprit, à l’une d’entre elles, je répondis :
Mais elle ne le prit pas trop bien, déjà parce que je m’étais permis de la tutoyer, crime de lèse-majesté, et surtout parce qu’elle n’avait pas du tout d’humour.
Comme tant d’hommes, je voulais surtout m’amuser, sexuellement si possible, alors que la plupart des matrones du coin voulaient surtout s’acheter une conduite et une respectabilité. Pas sûr d’ailleurs qu’elles aient vraiment envie d’une vie sexuelle ! Pour nombre d’entre elles, le sexe, c’était le passé, elles cherchaient juste un peu de compagnie et un peu d’affection, pour combler leurs solitudes, et un chevalier-servant pour sortir en couple et faire bisquer le voisinage. Et, pour les autres, il faudrait impérativement passer par un long rituel jonché d’obstacles, avant de pouvoir accéder à leur intimité. Rien de bien différent par rapport aux autres régions, et à l’Alsace en particulier, mais ici, il y avait nettement moins de monde, donc forcément beaucoup moins de choix. Mais j’étais célibataire, libre comme l’air, j’allais bien finir par trouver quelqu’un quand même, une femme un peu marrante qui aurait envie de s’amuser !
C’est dans ce contexte que je connus Claudine, elle habitait à peine à dix kilomètres de chez moi, dans un coin encore plus perdu que ne l’était mon hameau. J’aurais presque pu y aller à bicyclette si elle m’avait donné l’adresse précise. Tout de suite, je perçus la différence par rapport aux autres femmes, elle était beaucoup moins farouche que ne l’étaient ses congénères. Elle plaisantait, elle rigolait, et même les allusions un brin salaces n’avaient nullement l’air de l’effaroucher. J’aurais certainement dû me méfier de cette attitude atypique, mais bon, c’était exactement ce type de personnage que je cherchais, cool et décontracté, alors j’étais bien content de l’avoir enfin trouvée.
Renseignement pris, cette brune quelque peu enrobée était veuve, depuis déjà quatre ans.
Mais ça n’allait plus du tout avec son mari depuis bien longtemps ; c’était un malade chronique, autoritaire et peu commode, qui n’hésitait pas à la maltraiter, avec sa canne quand il pouvait. Dans les derniers temps, il n’arrivait même plus à se lever, mais cela ne le rendait pas plus aimable pour autant, ce fils de pute. Elle me dit à demi-mot qu’elle avait été soulagée de le voir crever, et qu’elle aurait même dû le trucider depuis belle lurette. Je pris sa remarque comme de la haine à l’état pur. Mais, plus tard, elle revint sur cet aveu quelque peu abrupt et épidermique :
Quoi qu’il en soit, elle avait dû beaucoup souffrir. Son Jules était un paysan nettement plus âgé qu’elle, que sa famille lui avait vivement conseillé d’épouser, il devait reprendre l’exploitation familiale au décès du pater. À dix-sept ans, elle n’avait guère eu le choix, mariage forcé ou arrangé, normalement cela n’existait plus en France depuis fort longtemps ! Officiellement, c’était un mariage d’amour, mais avec la bénédiction des patriarches ! On ne lui avait pas ouvertement demandé son avis.
Claudine n’avait pas été heureuse avec cet homme mal aimable et peu respectueux. Encore moins sexuellement ; il la prenait pour son propre plaisir ou la sodomisait selon l’humeur du moment, et ne se préoccupait jamais de ses désirs à elle. Cela se passait toujours le soir, dans le noir, quand il avait bien sué et qu’il sentait fort le bouc.
La jeune pucelle n’eut pas le loisir de connaître les préliminaires avec ce paysan qui avait peu d’imagination. Il ne la caressait pas, la léchait encore moins, et ne se faisait pas non plus sucer la queue. Juste des saillies, encore des saillies, toujours des saillies, le seul avantage de l’obscurité, c’est qu’elle n’avait pas besoin de regarder sa sale tronche quand il la baisait.
Les choses auraient sans doute pu en rester là et la vie s’écouler paisiblement, pas vraiment géniale, mais acceptable. Enfin « acceptable », il faut le dire vite, peut-être pour une paysanne du dix-huitième siècle, mais on était déjà presque à la fin du vingtième !
Mais les années passaient et la grassouillette ne tombait toujours pas enceinte, il avait beau la labourer tous les jours, quand il n’était pas trop fatigué, son ventre ne s’arrondissait que lorsqu’elle mangeait des gâteaux, son cul aussi par la même occasion, mais aucune marmaille dans son utérus infécond. Le toubib préconisa de faire des examens, pas pour lui, évidemment, car il avait déjà déposé sa graine et traînait derrière lui une cohorte de bâtards. Mais, pour elle, oui, il s’était fait berner, c’était certain, hériter ainsi d’une femme stérile !
À partir du moment où la médecine confirma l’impossibilité pour elle de procréer, les relations devinrent encore beaucoup plus tendues, il se mit à boire et à la cogner, parfois avec sa canne quand il était bien murgé. Ensuite, question sexe, désormais, elle le dégoûtait, elle ne lui faisait plus du tout envie, et quand il lui arrivait malgré tout de lui faire sa « fête », ce qui était heureusement assez rare, c’était toujours avec violence et en l’insultant ; elle redoutait ces moments-là où il n’avait de cesse que de la rabaisser et de l’humilier. Le reste du temps, il se contentait de la tromper avec les gueuses des alentours.
La maladie le surprit relativement jeune, le privant entre autres de sa virilité. Finies les cavalcades dans les bois avec les gourgandines, et cette inutile qui squattait toujours dans sa maison l’exaspérait, elle lui servait désormais uniquement d’infirmière et accessoirement de souffre-douleur. Ses incapacités le rendaient encore plus hargneux et plus méchant. Il lui en faisait voir de toutes les couleurs. C’était désormais son seul plaisir, celui de chier dans son benne et d’en tartiner tous les draps. Bien fait pour cette connasse !
Il ne fallut à Claudine qu’une soirée pour me raconter tout ça. Nous étions sur Skype en vidéo. Physiquement, c’était une brune assez quelconque, avec des cheveux encore très noirs. Contrairement à moi, elle n’avait quasiment pas de cheveux gris, pourtant nous avions exactement le même âge, à quelques mois près. Je ne pus pas résister à la tentation de lui poser la question :
Elle avait dit ça sans gêne, naturellement, dans le flot de la conversation. Et, comme elle avait perçu mon émoi, elle ajouta :
Le pire, c’est que dans sa bouche, cela n’avait rien de vulgaire, elle disait « couilles » ou « baise » comme elle aurait dit « bagnole » ou « frigo ». L’insouciance, c’est ce qui la caractérisait le mieux. Dès nos premiers échanges, j’avais remarqué chez elle cette décontraction qui m’épatait.
L’autre chose qui m’émerveillait chez elle, c’est qu’elle était capable de discuter des heures durant. Elle ne posait jamais aucune limite, même si elle avait autre chose à faire, l’instant présent était toujours plus important que n’importe quoi de planifié. Et, question bavardage, ça y allait bon train, peu importait le sujet, elle était capable de discuter de tout et de n’importe quoi. Elle me séduisait par ses paroles ! On y passait des heures, des nuits parfois.
Aucune autre femme ne m’aurait jamais proposé un plan aussi abrupt. C’était généralement aux hommes de ramer pour voir un bout de sein. Mais elle non, dépoitraillée sans gêne devant la caméra. Pas plus de difficulté pour voir le bas, même pour écarter les lèvres de sa vulve avec ses doigts. Nature et insouciante, une vraie Madame sans-gêne.
J’eus presque plus de mal à dévoiler ma virilité. Ensuite, nous nous sommes caressés et branlés par vidéo interposée. Cela devait être seulement la trois ou quatrième fois que nous échangions ensemble, notre relation évoluait à vitesse grand V.
Je me suis astiqué comme un malade en la regardant, et elle n’était pas en reste, elle se touchait la foune fébrilement avec ses doigts. Seul petit bémol, la cam qu’elle tenait dans son autre main, et qui bougeait de façon anarchique, me donnait vaguement la nausée. Mais, j’ai quand même fini par jouir et elle avec, quand elle a vu le flot de sperme s’échapper de ma queue.
Autrement dit, se masturber comme une dingue devant un mec via une caméra ne lui posait aucun problème, mais simplement dire « bonjour » à quelqu’un de réel dans un lieu public était angoissant.
On continua à blablater ainsi sur les tchats pendant un certain temps. Très souvent aussi, on se masturbait ensemble, c’était une véritable accro au sexe. Je lui avais demandé si elle ne faisait ça qu’avec moi, ce à quoi elle avait répondu de façon très évasive, ce qui voulait tout dire ; évidemment qu’elle le faisait avec d’autres types, les soirs où j’étais absent, et peut-être même dans la journée.
Elle préféra ne pas répondre. Mon impression, c’est que je n’étais finalement qu’un homme parmi tant d’autres. Son plaisir à elle, c’était d’allumer les mecs et de se faire jouir en les regardant.
Puis, tout à coup, plus aucune nouvelle. Pure entité virtuelle, elle n’avait jamais accepté de me donner son numéro de téléphone. Je lui avais donné le mien, mais elle n’avait même pas osé envoyer un SMS. Mis à part nos échanges sur ce site de rencontres, je ne connaissais que son Skype et son Courriel. Et, tout d’un coup, la voici évaporée dans la nature, elle ne répondait plus à mes messages et ne faisait même plus acte de présence. J’imaginais le pire, c’était peut-être une animatrice du site qui s’était jouée de moi pendant un certain temps et qui en avait eu marre par la suite. Il était d’ailleurs possible qu’elle n’habite même pas à l’endroit qui était indiqué sur le plan affiché.
À moins qu’elle n’ait rencontré un mec, un vrai, un beau, un dur, plus intéressant que moi. Ils étaient en train de s’envoyer en l’air, cocktails à la main, sur une plage bordée de cocotiers… La salope ! J’enrageais.
Au bout de dix jours, elle refit soudain surface.
Ça y allait fort les reproches. Au début, elle prit ça à la rigolade, elle n’avait pas envie d’en dire plus. Mais elle sentit très vite que j’étais très énervé, très véhément et très jaloux.
Elle me cloua le bec par son mutisme, elle ne voulait plus parler de ça, était incapable de mettre un nom sur une pathologie précise, et, très franchement, avec mes questions, je l’emmerdais.
Claudine raccrocha, et en guise de punition contre ma curiosité mal placée, elle resta invisible tout le restant de la semaine et ne revint en catimini que le samedi soir.
Est-ce pour se faire pardonner ? Mais contre toute attente, elle me fixa un rendez-vous réel pour le lendemain matin :
Elle parlait de la ville la plus proche qui était à une quinzaine de kilomètres de chez moi, une petite ville de province, un gros village plutôt. Oui, je voyais très bien. Elle refusa à nouveau de me donner son numéro de téléphone.
Tout ça sentait un peu l’arnaque, mais faire l’aller-retour ne me coûtait pas grand-chose et je pourrais en profiter pour aller au marché. Alors, autant sauter sur l’occasion, puisque madame semblait décidée.
L’endroit était plutôt glauque, bondé, étouffant, une cacophonie assourdissante. Planté devant le zinc, un troupeau de poivrasses grognait plus qu’il ne bavassait. Ils carburaient déjà au pastaga ou au mauvais pinard, et se tapaient sur l’épaule en ricanant comme des putois. De l’autre côté du comptoir, le patron, un grand brun moustachu, y allait de son petit mot aux nouveaux arrivants, en essuyant ses verres et en maltraitant le percolateur. Inconnu au bataillon, je n’eus droit qu’à un « Bonjour monsieur », suivi d’un « Excusez-moi » diffusé par une petite blondasse outrageusement maquillée et vêtue d’une mini jupette, la serveuse de céans, qui me bouscula avant de filer telle une fusée à travers le troquet, un plateau à la main. Je vis le regard concupiscent des vieux chnoques attablés se poser sur elle. Mon regard parcourut des yeux la salle, les femmes seules se comptaient sur les doigts d’une main. De fait, il n’y en avait que deux : une rousse défraîchie, au regard alcoolique, qui avait dû être pute dans une autre vie, et une brune assise dans un coin qui me tournait le dos. Ça ne pouvait être qu’elle, je m’approchai fébrilement et fis en sorte de la dépasser pour qu’elle puisse me voir.
Elle me tendit juste la main, en détachant à peine son regard du journal déplié, qui s’étalait sur la table. Sur ce, elle noircit un petit bout de papier avec des numéros, avant de se lever :
La petite serveuse fut à peine plus aimable quand je lui commandai deux expressos. Elle avait mieux à faire, car je n’étais apparemment pas le genre à draguer les minettes dans les bars.
Claudine revint un quart d’heure plus tard, la mine défaite :
Des cernes profonds ornaient ses yeux, elle avait visiblement mal dormi et avait la mine défaite. Comme je la regardais un peu trop intensément à son goût, elle enchaîna :
J’esquissai un sourire, il n’y avait pas que ça de compulsif chez elle.
L’atmosphère avait beau être oppressante dans cette salle qui ne désemplissait pas, le temps passa très vite : entre les absences de Claudine, les moments où nous conversions un peu et ceux où elle préférait que je la boucle pour étudier les cotes des chevaux.
Elle était en tous points identique à ce qu’elle était lorsque nous discutions sur Skype : volubile, mais peu souriante. La seule différence, c’est qu’elle n’était pas à poil, qu’elle ne se pinçait pas les tétons et qu’elle ne glissait pas ses doigts dans sa foune. Sinon, égale à elle-même, parlant de tout, de rien, pas plus choquée que ça si je lui parlais sexe, et répondant à l’identique.
Puis, elle revint un peu plus tard, complètement hilare, excitée comme une puce.
Quand nous sommes enfin sortis du troquet :
Elle se laissa caresser et peloter un bon moment, tripota même un peu mon sexe à travers mon pantalon :
Sa Kangoo Van blanche à moitié défoncée, rayée sur un côté, je peinais à la suivre. Elle fonçait comme une dératée sur les petites routes, sur lesquelles il aurait été préférable de ne pas croiser un tracteur. Elle n’habitait pas tout à fait où je l’imaginais, la localisation sur le site de rencontre était trompeuse et pour le moins imprécise. Trois bicoques rustiques près d’un petit bois lui servaient de voisinage ; elle demeurait dans une vieille fermette démodée avec des dépendances en mauvais état.
Elle s’arrêta dans la grande cour face à l’entrée principale. À peine rentrés à l’intérieur, qu’elle m’entraînait déjà au fond du couloir, vers la pièce plutôt sombre qui lui servait de chambre. Je connaissais bien l’endroit, c’était là qu’elle se masturbait tous les soirs. D’ailleurs, je reconnus aussi l’ordinateur, la table de nuit et le lit rustique.
Nos habits furent retirés dans l’urgence et sans cérémonial.
Et, pas qu’une, le tiroir était bourré de préservatifs. À quatre pattes sur le lit, elle tendait déjà vers moi un cul bien large et accueillant. Aucun problème pour la pénétrer, car j’étais raide comme la justice et mon hôtesse déjà lubrifiée. J’aurais sans doute préféré commencer par un peu plus de préliminaires. Il n’empêche qu’elle était bien ouverte et excitante et qu’elle avait envie de ça.
Je lui proposai de changer de position, mais non, elle préférait rester comme ça, au moins pour la première fois, ressentir les à-coups du mâle contre ses fesses, jusqu’à ce qu’elle me sente jouir enfin en elle et que cela provoque sa propre jouissance.
Mais précisément, c’est ça qui m’inquiétait. Combien d’hommes défilaient exactement dans son lupanar, qui étaient-ils et venaient-ils souvent ? Mais, je n’osais, bien évidemment, pas lui poser ces questions, en tout cas pas sur le moment.
Après un petit encas, nous repartîmes dans la chambre pour faire à nouveau l’amour, variant cette fois-ci les positions et les caresses. Cette brune bien potelée m’épuisa, elle avait un sacré tempérament et jouissait sans modération. Je déclarai forfait en premier. La nuit commençait à tomber et je finis par m’assoupir auprès d’elle. Mais, elle me secoua fermement pour me réveiller :
Je n’étais pas habitué à me faire foutre à la porte après avoir fait l’amour, ou alors si, de temps en temps, lorsque ça s’était mal passé. Dans le cas contraire, mes maîtresses étaient au contraire bien contentes que je reste passer la nuit avec elles. Décidément, cette femme était bizarre.
Vingt et un mois plus tard, nous en étions à peu près au même point. On se voyait une ou deux fois par semaine, toujours chez elle et uniquement pour baiser. Avant de faire l’amour, je n’étais pas franchement le bienvenu, et après nos ébats, je devais débarrasser dare-dare le plancher. Ainsi, ce fameux restau qu’elle m’avait promis la première fois, je l’attendais toujours. Toutes mes propositions de sorties ensemble restaient aussi lettre morte : cinéma, spectacle, balade en forêt ou déjeuner dans une gargote, elle refusait même de venir jusqu’à mon domicile. Elle préférait rester cloîtrée chez elle à tchatter durant des heures avec des inconnus que la plupart du temps, elle ne rencontrait même pas.
Décourageante au possible, cette relation qui ne progressait pas. En plus, l’incertitude sur ce qu’elle faisait à longueur de journée, et parfois la nuit, aiguisait ma jalousie. Plusieurs fois, je lui avais fait des scènes. À part moi, avec qui baisait-elle ? Allait-elle finir par répondre, à la fin ?
J’avais même fait le pied de grue, près de chez elle, pendant des heures, lorsque j’avais des doutes, espérant ainsi surprendre un visiteur. Mais, à chaque fois, j’avais fait chou blanc ! Je ne pouvais pas décemment rester là à faire le guet pendant des semaines entières !
Et puis il y avait aussi ces absences qui revenaient régulièrement, parfois deux ou trois jours, mais souvent au moins une semaine sans nouvelles, black-out total. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Avec qui était-elle ? Dans ces cas-là, son numéro de téléphone ne me servait pas à grand-chose, car il restait obstinément sur messagerie. Aucune activité non plus sur le tchat, ou alors très parcellaire, contrairement à son habitude, et elle ne répondait jamais, quelle que soit la nature de mes messages.
Et, à chaque fois, lorsque je me pointais à son domicile, tout était fermé, j’avais beau cogner, aucune réponse. Pourtant, sa voiture était garée dans l’allée, comme à son habitude. J’essayai d’interroger les voisins, mais ils n’avaient rien remarqué, ils ne l’avaient pas vue, ni elle ni quelqu’un d’autre. C’est évident qu’ils n’étaient pas toujours là, les jeunes travaillaient en journée. Et la petite vieille n’était pas toujours plantée derrière sa fenêtre à surveiller, même si c’était une vieille bécasse à l’affût de tout.
Mais j’avais beau appeler et tambouriner : pas un bruit à l’intérieur. J’étais même prêt à appeler les gendarmes, mais de quel droit, au nom de quoi !
Elle finissait par revenir au bout de quelques jours et refusait en général de s’expliquer. Qu’avait-elle fait ? Pourquoi n’avait-elle pas daigné m’envoyer ne serait-ce que quelques mots, simplement pour me rassurer sur le fait qu’elle était bien vivante. Elle préférait s’enfermer dans son mutisme, au besoin, en lâchant quelques bouts de phrases sans signification réelle, quand je la tarabiscotais avec insistance.
Franchement, je n’en pouvais plus ! Presque deux ans que nous étions ensemble, ou plutôt bientôt deux ans que nous n’étions pas ensemble, et je n’avais droit qu’à un peu de sexe, à partager avec de sinistres inconnus. Qu’elle aille au diable et qu’elle se cherche d’autres mecs ailleurs, ce qui, dans son cas, ne devrait pas être bien compliqué !
J’appliquai à la lettre sa méthode, faire le mort, c’est quelque chose qu’elle savait si bien faire ! Plus de connexions sur le site de rencontres, plus de Skype, mon smartphone en mode silencieux, et évidemment plus aucune visite chez elle. Si elle n’en avait vraiment rien à foutre de ma gueule, peut-être ne s’en apercevrait-elle même pas !
Huit jours passèrent sans aucune manifestation de sa part, aucun message, aucun coup de fil, bon débarras, une rupture simple et sans un mot, j’allais pouvoir tourner la page.
Mais au onze ou douzième jour, je vis sa voiture débouler dans ma cour, elle pila comme une malade et faillit défoncer le local de jardin. J’étais un peu plus loin en train de couper du bois, je n’en crus pas mes yeux. C’est une folasse qui sortit du véhicule, encore en chemise de nuit, elle titubait plus qu’elle ne marchait et toute son attitude semblait anormale. Elle se dirigea directement vers la porte de la maison, elle ne m’avait pas vu. Je me précipitai pour la rejoindre dans la cuisine.
Son regard était hagard, ses cheveux dressés, ses yeux injectés de sang. Elle n’avait pas l’air de me reconnaître et était incapable d’aligner trois mots. Et elle pleurait toutes les larmes de son corps, semblait inconsolable, avec un peu de bave aux lèvres.
Puis elle se mit à vomir sur le carrelage du salon. Sur le moment, j’ai pensé à une tentative de suicide. Je lui ai demandé si elle avait pris quelque chose, mais elle ne répondit pas.
J’ai appelé le 15, que faire d’autre ? Ils m’ont passé un médecin régulateur qui m’a posé différentes questions. Comment savoir, je n’avais aucune idée de ce qu’elle avait pu ingurgiter, si tant est qu’elle ait avalé quelque chose, et ne connaissais pas non plus son médecin traitant. Mais, non, elle n’avait vraiment pas l’air en forme, elle restait prostrée, tremblait un peu, elle avait vomi deux fois, mais à chaque fois, pas grand-chose. Je lui avais juste donné un peu d’eau, je tâtai son front, elle n’avait manifestement pas de fièvre, seul son aspect catatonique était désormais inquiétant.
Le brave homme, que j’avais au fil, me proposa d’envoyer quelqu’un, « mais il y aura certainement une petite attente » précisa-t-il avec une pointe d’ironie. L’emmener aux urgences n’était pas forcément une bonne idée, celles-ci étaient déjà saturées ce jour-là. « À moins que l’état de la malade n’ait l’air de se dégrader », ajouta-t-il par précaution. Un professionnel serait de toute façon plus à même que moi de décider ce qu’il y avait à faire.
Petite attente, elle est bien bonne, deux heures plus tard, il n’y avait toujours personne. J’étais sur le point de rappeler quand une Jeep Renegade se gara derrière la vieille Renault de Claudine, un vieux monsieur en descendit, une sacoche en cuir à la main, et traversa péniblement la cour.
Je l’entraînai vers le canapé du grand salon.
Elle ne leva même pas les yeux vers lui, prostrée qu’elle était dans une position fœtale. Et lui ne prit même pas la peine de l’ausculter. Il s’assit directement devant la table pour rédiger une ordonnance.
Je lui expliquai qu’elle était arrivée ici en voiture dans l’après-midi, complètement hagarde, qu’elle avait vomi deux fois et que je craignais qu’elle ait ingurgité des saloperies.
Il daigna alors seulement y jeter un coup d’œil. Mais, sommairement, juste pour me faire plaisir.
Voici comment je me suis retrouvé tout à coup avec une souffreteuse à la maison. Elle ne bougeait pas, ne faisait pas de bruit, sauf dans les rares moments où elle se remettait à sangloter, mais ne répondait pas non plus aux stimuli. Je fis un tour jusqu’à sa voiture, il n’y avait rien dedans, juste son sac à main que je récupérai pour le mettre à l’abri. Puis, il fallut négocier pour qu’elle me permette d’ôter sa robe couverte de ses vomissures. Je n’avais aucun habit de rechange, vu qu’elle n’était encore jamais venue chez moi. Qu’importe, je l’accompagnai tant bien que mal dans la chambre du bas, lui montrant au passage où étaient les toilettes, mais je crois qu’elle ne percuta même pas ! Je réussis également à lui faire avaler un verre d’eau, pas une mince affaire, car elle en mit la moitié à côté. Puis, je la débarrassai de ses sous-vêtements avant de l’allonger sous la couette. Voulait-elle autre chose ? Elle me répondit en langage poisson rouge.
Elle ne dormit pas beaucoup cette nuit-là, ses yeux noirs grands ouverts, fixant désespérément le vide. Mais elle respirait, c’était déjà ça. J’étais à son chevet, j’avais approché le gros fauteuil au bord du lit. Je la surveillais. Au petit matin, elle finit par trouver le sommeil. Profitant de ce qu’elle était dans les bras de Morphée, j’ai attendu qu’il soit neuf heures pour filer discrètement à la pharmacie.
Lorsqu’elle se réveilla vers quatorze heures, je lui fis prendre ses médicaments, puis l’accompagnai jusqu’aux toilettes, car elle titubait à moitié. Voulait-elle autre chose ? Elle secoua négativement la tête et retourna se coucher, sans rien dire.
C’est là que je compris que ses absences prolongées correspondaient peut-être simplement à des épisodes dépressifs et pas forcément à des sauteries. Dans son état, elle était incapable de quoi que ce soit, encore moins d’allumer un ordinateur ou de s’intéresser à son téléphone. D’ailleurs, où était-il celui-là, je le retrouvai dans son sac, des appels en absence et une cohorte de SMS, impossible toutefois de débloquer l’appareil pour voir de qui il pouvait s’agir ? Un petit bip à chaque réception, quelqu’un qui devait s’impatienter ou être en colère, ç’aurait pu être moi. Je ne lui en voulais même pas pour ça, je remis l’appareil en place, attendant qu’elle me le demande. Mais, dans son état actuel, ça ne l’intéressait vraiment pas.
Les jours qui suivirent furent à l’identique, longs, lents et silencieux. Je parvins toutefois à joindre sa psychanalyste, pour l’informer de la situation. Elle me confirma que j’avais bien fait d’appeler le SAMU, toute éventualité restant envisageable :
Elle me demanda qui j’étais pour elle et à quel titre j’appelais.
C’était dans quinze jours, merde, je n’allais pas la garder à la maison encore quinze jours ! Je ressortis de cet échange téléphonique vaguement dépité. Tout le monde se foutait de Claudine, mis à part moi. Mais, moi, elle n’avait jamais accepté que je rentre dans sa vie, c’était surtout pour cette raison que j’en avais eu ma claque de la fréquenter.
Toutefois, la maladie pouvait expliquer certaines choses, et sa présence chez moi n’était pas désagréable.
Désormais, je dormais allongé à ses côtés, je n’allais pas passer toutes mes nuits dans le fauteuil ! Un matin, lorsque j’ouvris les yeux, je vis qu’elle s’était tournée vers moi et me regardait avec attention. Manifestement, elle avait repris du poil de la bête.
Sur ce, elle se leva, traversa la pièce, nue comme un ver, et je l’entendis s’agiter dans la salle de bain. Je crus bon de la prévenir :
Mais je l’entendis grommeler, preuve qu’elle avait constaté par elle-même l’anomalie.
Je l’informai de son futur rendez-vous.
On fit un peu de rangement dans sa bicoque où sévissait un vrai bordel, cela devait faire plusieurs jours qu’elle se laissait aller pour que tout soit ainsi, sens dessus dessous. Elle commença à entasser des vêtements dans des valises, des affaires de toilettes, des bijoux, ses carnets de chèques, elle prit également son ordinateur. Le coffre de la voiture était plein.
Un peu inquiet, je lui demandai :
Putain, merde, ce n’était pas prévu ! Je n’avais aucune envie d’avoir une nana à plein temps à la maison. J’avais mes petites habitudes. Elle qui auparavant ne voulait jamais sortir de chez elle, et qui désormais voulait emménager à plein temps chez moi : quel changement !
Vu qu’elle était malade, en tout cas dans sa tête, je n’osai pas sur le moment la contredire. En mon for intérieur, je me disais que, de toute façon, ça ne durerait pas bien longtemps, que notre relation était explosive et qu’inéluctablement cela conduirait à une impasse.
Je lui fis malgré tout une grande place dans le dressing pour qu’elle puisse entasser ses habits. Comme celui-ci était vaste, cela ne posait pas de problème en soi.
Lorsqu’elle avait découvert pour la première fois la suite parentale à l’étage, elle avait été immédiatement enthousiasmée. Celle-ci était immense, avec WC et salle de bain indépendantes, un grand dressing, et même un petit frigo, pas très loin du lit XXL. Subjuguée, admirative et excitée comme une puce : c’était désormais là qu’elle voulait vivre et je n’avais pas eu droit au chapitre.
Cela faisait désormais plus d’un mois que nous vivions ensemble, un mois sans faire l’amour, mais cela n’avait pas l’air de la gêner outre mesure. Elle n’en parlait même pas ! Et son ordinateur restait dans un coin de la pièce sans qu’elle éprouve le besoin de l’allumer, juste quelques SMS qui s’excitaient de temps en temps sur son téléphone, mais elle les regardait à peine. Elle était comme transformée.
Au quotidien, pas du tout la femme chiante. Si je voulais faire une activité avec elle ou l’emmener quelque part, elle était toujours partante. Mais, si je préférais me balader tout seul dans mon coin, elle restait sagement à la maison. Mystérieusement, j’avais toute confiance en elle.
Je l’avais emmenée à son rendez-vous avec sa psy, mais n’eus pas le loisir de discuter avec cette dernière, car un autre client attendait.
Néanmoins, quelque temps plus tard, j’eus la chance de croiser la femme médecin à un cocktail de présentation organisé par la municipalité. Délaissant un instant Claudine près des petits fours, je m’avançai vers elle pour engager la conversation.
J’aurais aimé en savoir plus, mais fus coupé dans mon élan par un des adjoints au maire, un petit roquet qui m’évinça, sans scrupules, auprès de la doctoresse.
Il fallut également se soumettre au rituel du PMU, elle y allait tous les dimanches matin. Cependant, comme ce n’était pas trop mon truc, j’en profitais en général pour faire mes emplettes, en faisant le tour des Halles et du marché.
J’appris ainsi que ma désormais compagne était une excellente cavalière, qu’elle avait même fait des concours dans sa jeunesse.
Mais, quand je vis la façon dont le gars du centre équestre lui faisait du rentre-dedans, mon sang ne fit qu’un tour. Ce salaud trouvait tous les prétextes pour la toucher en lui faisant risette, il la pelotait presque. Je pris sur moi, tout le temps que l’on passa là-bas, mais je bouillonnais intérieurement.
Une fois dans la voiture, sur le chemin du retour, la marmite explosa :
J’étais tellement en rogne que j’en hurlais presque, mon agressivité remplissait l’habitacle.
Je fulminais. Furax, je pilai avec la voiture et m’engageai sur le premier chemin qui me sembla plus ou moins carrossable. Une cinquantaine de mètres plus loin, à l’abri des feuillages :
Elle éclata de rire, ce qui eut pour effet de me mettre encore plus en rogne.
Sitôt dehors, je m’approchai d’elle, troussai sa robe, baissai sa culotte et glissai mes doigts de long de sa fente. Son con était plus que juteux, sa mouille dégoulinait le long de ses cuisses, ses poils étaient trempés.
Ce qu’elle fit de bonne grâce, poussant même le vice en cambrant son gros fessier vers moi. J’enfonçai sans plus attendre ma trique dans sa caverne accueillante qui m’aspira avec appétit.
J’accélérai le rythme. Elle se mit à gémir de plus en plus fort, tandis que je lui claquais sévèrement le cul. Je sentis venir sa jouissance, elle se mit à crier sans retenue au sein des bois, et ne s’arrêta enfin que lorsqu’elle sentit mon jus s’écouler en elle.
Cette dernière réflexion me laissa sur le cul. « Ensemble » voulait dire quoi ? À voir ses yeux qui pétillaient de bonheur, je me dis qu’elle était déjà beaucoup plus loin que moi dans notre union. Manifestement, elle était amoureuse. Sur le coup, cela me fit un peu peur, je préférai tergiverser :
Mais elle poursuivit dans son idée :
Son visage irradiait, l’incident était clos, nous nous sommes longuement embrassés avant de refaire l’amour plus calmement sur le capot de la voiture. Il fallait rattraper le temps perdu.
Néanmoins, une angoissante question me taraudait. Quels étaient mes sentiments vis-à-vis d’elle ? Depuis qu’elle habitait à la maison, j’étais aux petits soins pour Claudine et n’avais plus vraiment envie qu’elle reparte habiter dans sa maison. J’étais bien avec elle, je dirais même heureux, étais-je amoureux ? Les rares fois où j’avais vécu maritalement s’étaient soldées par des catastrophes. Mais elle était différente, plus légère, plus insouciante, beaucoup plus facile à vivre au quotidien… eh, oui, je l’adorais !
Une dernière chose me tracassait.
Quelques jours plus tard, alors que nous flânions dans la chambre :
Sur ce, elle alla chercher son portable, le posa sur le lit et l’alluma. Sur Skype, ça clignotait de tous les côtés. Des tonnes de messages envoyés en son absence par tous les pervers qui avaient un jour ou l’autre correspondu avec elle. Elle ne tarda pas à se faire brancher par trois ou quatre cochons qui étaient en ligne. Après les « Où étais-tu passée ? », « Qu’est-ce que tu devenais ? », les propos devinrent rapidement très « sexe », ces mecs étaient en rut, excités, la queue à la main et réclamaient des tchats vidéo. Claudine, à poil devant l’écran, leur répondait tout aussi crûment, une main posée sur sa foune et l’autre sur ses nichons, elle était comme possédée et réagissait à chaque propos grivois. « Tu as envie de nos grosses queues, hein, ma salope ? ».
N’en pouvant plus, je suis venu à ses côtés et ai frotté ma bite déjà dure contre ses lèvres pour l’inciter à me prendre en bouche, faisant en sorte que les autres voient bien la belle en train de sucer ma trique. « Avec qui es-tu ? », « C’est qui ce type ? », « Putain, t’aimes ça sucer ! ». Deux d’entre eux, trop excités, ne tardèrent pas à éjaculer. Quant au troisième, il attendit que je ressorte de la bouche goulue et que j’asperge copieusement le visage de ma chérie pour lâcher à son tour sa purée.
Maintenant, ils voulaient tous que je la prenne devant la cam, mais, à chaque jour suffit sa peine, on préféra couper et faire l’amour plus tendrement et en toute intimité.
Depuis, nous avons réitéré de temps en temps ces séances de baise sur Internet, que ce soit sur Skype, Messenger ou WhatsApp. Parfois, je ne participe pas, me contentant de me branler un peu en regardant ma moitié exciter les queutards. D’autres fois, l’envie de la rejoindre est trop forte.
En tout état de cause, cela pimente notre vie de couple et je ne suis nullement jaloux lorsque je vois Claudine se donner sans retenue à des inconnus par écran interposé.
De là à dire que j’accepterais qu’elle couche réellement avec d’autres mecs, je ne le pense pas : pour moi, il y a des limites à ne pas dépasser. Je lui ai fait promettre, si jamais un jour ça arrivait, de tout me raconter.
Et, par précaution, quand elle va voir son poulain, systématiquement, je l’accompagne.
Je me connais, je suis hyper jaloux, alors pas touche, chasse gardée !
Aujourd’hui, nous sommes heureux et épanouis. Claudine semble bien dans sa peau, les phases dépressives sont plus rares et moins profondes. Déjà, parce que je fais attention à ce qu’elle prenne bien ses médicaments, mais aussi parce que la vie à deux la stabilise et qu’en cas de mal-être, ce qui arrive quand même de temps en temps, elle peut compter sur moi pour la soutenir, la dorloter et veiller sur elle.
Et j’estime que, malgré ses quelques petits défauts, je ne pouvais trouver meilleure compagne.