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n° 22908Fiche technique31401 caractères31401
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Temps de lecture estimé : 23 mn
04/02/25
Présentation:  Ce texte de taille moyenne propose des dialogues en français moderne, teinté néanmoins de quelques archaïsmes pour faire couleur locale.
Résumé:  Ça va faire cinq ans qu’Henri 1er, roi des Francs, a épousé Anne de Kiev qui lui a déjà donné deux héritiers mâles.
Critères:  #humour #historique #coupdefoudre #premiersémois fh
Auteur : Patrik  (Carpe diem diemque)            Envoi mini-message
Le Vent de l’Histoire

Ce texte de taille moyenne propose des dialogues en français moderne, teinté néanmoins de quelques archaïsmes pour faire couleur locale. Bonne lecture :)



Moi, Hugues, troisième du rang



Ça va faire cinq ans qu’Henri 1er, roi des Francs, a épousé Anne de Kiev qui lui a déjà donné deux héritiers mâles. Il se raconte qu’elle est actuellement enceinte de son quatrième enfant. Comme ce roi est fort batailleur et querelleur, son règne est une longue suite de luttes, de conflits, dont le but avéré est d’accroître l’autorité royale, souvent bien faible par rapport à certains féodaux.


Ces dernières années, grâce à la Paix de Dieu et aussi à la Trêve de Dieu, le climat guerrier s’apaise un peu, ce qui me convient, car je n’ai guère d’appétence pour le métier des armes. Aller occire des serfs et des paysans sans défense ne me semble pas être un grand titre de gloire…


Mais je sais que, tôt ou tard, il faudra que je prouve sérieusement que je suis capable de défendre le fief familial, même si je ne suis qu’en troisième position dans l’ordre de succession. Mon frère puîné est actuellement en convalescence, à la suite d’une grosse escarmouche qui a mal tourné. Je crains qu’il reste diminué à jamais, voire qu’il rejoigne prochainement notre Seigneur. Ce qui me ferait prendre la deuxième place.



Quant à mon frère aîné, c’est une tête brûlée, dont la stratégie consiste à taper en premier, puis à retaper en second, sans chercher à vérifier l’environnement, ce qui augmente amplement la possibilité que je grimpe vers le haut de la hiérarchie.


De ce fait, je m’entraîne au maniement des armes, sans excès de zèle, mais j’examine aussi les autres possibilités. Aimant la lecture, j’étudie la vie des grands hommes du passé, Aléxandros ho Mégas, Caius Iulius Caesar, Marcus Vipsanius Agrippa et bien d’autres, car la technique bestiale qui consiste à foncer dans le tas me semble hautement aléatoire !


Et quand on sait lire le grec et le latin, on découvre plein de choses intéressantes et exploitables, à la grande surprise des autres qui ne pensent qu’à manier l’épée ou la hache.




Accordailles en vue



Aujourd’hui, mon père a invité Gerbert de Bermandois pour un banquet en l’honneur de la Pâque. Celui-ci est arrivé hier soir avec toute sa famille, y compris Mathilde et Bertille, ses blondes filles avec qui je jouais, étant plus jeunot. Célébrer la Pâque est un prétexte comme un autre pour faire ripaille, il s’agit surtout de fêter notre victoire sur un voisin trop belliqueux qui louchait sur une partie de nos terres.


Petit retour en arrière pour expliquer le pourquoi du comment de cette liesse…


À ma grande surprise, mon père a accepté l’idée que je lui avais proposée sans grande conviction, histoire de lui démontrer que je me souciais quand même de notre fief. Il m’a écouté attentivement, il m’a posé quelques questions, puis il a lâché :



Puis il m’a joyeusement tapé sur l’épaule. Sur le moment, j’ai bien cru qu’il m’avait rompu plusieurs os !


Revenons au banquet débuté ce midi. Mon père est visiblement très satisfait de moi. Capturer une place forte en tuant de nombreux ennemis, tout en n’ayant que des blessés légers dans son propre camp incite à la satisfaction. Attablé juste à côté de son invité, il s’en vante auprès de ce seigneur, avec qui il entretient depuis longtemps des relations cordiales :



Depuis ce fait d’armes réussi, mon frère aîné boude ostensiblement dans son coin, lui qui rêve en permanence de confrontations viriles, de tripes à l’air et de têtes fendues. Même s’il n’a pas inventé l’eau chaude, ni même la tiède, il sent confusément que sa primauté est menacée. Pour ma part, peu me chaut d’être l’héritier principal. À prime vue, la place semble enviable, mais, en réalité, c’est un nid de ronces.


J’ai des yeux pour voir et des oreilles pour entendre… et j’ai lu bien des choses à ce sujet…


Les festivités continuent, avec leur défilé de plats, de rires, de chants et d’amusements variés. Comme je suis assis près d’elles, je discute avec les deux filles de notre invité, les fils étant de l’autre côté avec mes sœurs. Ça doit cacher anguille sous roche…


Bien que ça fasse quelques années que nous ne nous étions plus vus, nous discutons comme si nous nous étions quittés, il y a une semaine, mais, entretemps, les fillettes sont devenues des damoiselles non négligeables. Comme auparavant dans le temps, je discute mieux avec Bertille (la cadette) qu’avec Mathilde (l’aînée), la première étant gentille et la seconde plutôt pimbêche, bien consciente de son rang et de sa beauté.



Ayant conservé le tutoiement de notre enfance, nous sommes en train de parler de l’an mille, celui qui aurait dû voir l’Apocalypse, mais rien de tel n’est survenu, sauf les perpétuelles petites guerres qui ravagent les diverses contrées, surtout quand un Puissant décède et que ses possessions sont divisées plus ou moins équitablement entre ses héritiers.


Comme l’ancienne coutume franque le demande, mon père a prévu lui aussi de diviser ses terres ; la part du lion reviendra à l’aîné, mais j’aurai encore largement de quoi vivre, sauf si mon frère désire accaparer mon lot. S’il réussit son coup de force : au mieux, il me relègue dans un monastère après tonsure, au pire, je rejoins notre Seigneur. Quoique je me demande si l’inverse ne serait pas plus véridique…


Enfin, s’il réussit…


Rapidement, nous tombons d’accord sur le fait que « mille » est un nombre symbolique qui veut dire « beaucoup ». Je constate avec plaisir que Bertille possède du répondant, sa sœur aussi, mais en plus acide. Puis nous changeons de sujet…


D’habitude, malgré le spectacle qui est parfois intéressant, je n’aime pas trop ces banquets qui traînent en longueur, mais, comme je fais causette, le temps passe assez vite. Après quelques rôts dévorés et surtout diverses coupes vidées souvent cul sec, Gerbert de Bermandois se penche sur son voisin :



Avant que mon père n’ouvre la bouche, attablé à quelques coudées des places d’honneur, tendant le bras, j’interviens aussitôt :



Coupe en main, mon géniteur ne dit rien, il se contente de regarder la scène qui se joue à côté de lui. Il attend de voir comment la situation va tourner. S’il est toujours de ce monde, c’est entre autres dû à cette aptitude de ne pas se mouiller trop vite. Je lui ressemble un peu à ce sujet, mais aujourd’hui, là maintenant, je crois que j’ai réagi trop précipitamment.


Le père des deux filles susnommées redevient plus sérieux :



Mon père finit par s’inviter dans notre conversation :



Assise à proximité de son père, Mathilde affiche un petit sourire satisfait, tandis que sa sœur fait des grands yeux tout ronds, assez dépassée par les événements qui viennent de se dérouler sous son nez. Personnellement, je me demande toujours si je n’ai pas été trop prompte à la détente…


Il faudra que je m’en explique avec Bertille, quand le moment sera opportun…




Explications



Un peu plus tard, ayant quitté la salle du banquet, accompagnée par Bertille, dont j’ai pris la main en souvenir de nos anciens jeux, je me dirige résolument vers la sortie de l’enceinte intérieure. Quand nous parvenons à un endroit assez isolé, je m’explique avec elle :



J’affiche un sourire satisfait :



Bertille marque une petite pause avant de répondre :



La réponse de ma peut-être future fiancée est spontanée :



Par pure logique, Bertille devrait sourire, être contente puisque je suis avantageux, mais, contre toute attente, elle grimace un peu :



Je cligne des yeux, quelque chose m’échappe :



Bien qu’intrigué, je ne cherche pas à en savoir plus, je change de conversation. Visiblement, elle m’en sait gré. Tout en devisant, nous nous dirigeons vers l’orée des bosquets. Cet endroit est sûr, aucune crainte d’avoir de mauvaises surprises, comme un sanglier ou un soudard ennemi, puisque situé entre la première et la seconde enceinte. Ci et là, on y cultive divers légumes à l’abri du vent, sans oublier les pommiers et les poiriers fort abondants, avec d’autres arbres fruitiers.


Soudain, les yeux rivés vers le sol, Bertille se fige :



Elle s’accroupit aussitôt. Aussitôt, j’entends un petit bruit indiscret. Elle se met à rougir, se redressant illico, le caillou en main. Ayant fait de bonnes études puisque je sais lire le latin et un peu de grec, et n’étant pas aussi bourrin que mes frères, je comprends mieux certaines paroles prononcées il y a peu :



Je m’attendais à nettement pire, je dirais que je suis soulagé :



Elle serre contre elle la pierre qu’elle a ramassée au sol. Je la vois qui se contracte de tout son corps. Incidemment, un autre bruit se fait entendre. Passant outre cette confirmation, elle murmure :



De toutes les filles sensiblement de mon âge que je connais, Bertille est la meilleure option. Elle n’est pas pimbêche, elle est plutôt douce, assez réservée, n’étant point bête. Bon, je pourrais rêver mieux de mettre dans ma couche une beauté de premier rang, mais il convient d’avoir les pieds sur terre et être à la hauteur. De plus, il est rare qu’on se marie par amour dans mon milieu, il s’agit surtout de pactes.


Cependant, ne précipitons rien. J’expose mon point de vue :



À peine sa phrase terminée, elle se fige :



Tout en rangeant son caillou dans un repli de sa robe, elle se met à rire :



Elle ne répond pas, trop occupée à rougir. Je la regarde mieux : c’est vrai qu’elle est devenue appétissante. Je devine sans trop de difficultés les courbes que cachent ses vêtements. C’est alors que j’ai un coup de chaud. Je m’approche de mon éventuelle promise, je la capture dans mes bras et je la presse contre ma poitrine. Aussitôt, j’entends quelques sons diffus, l’angoisse, l’inquiétude sans doute :



Promptement, je l’embrasse, elle ne me chasse pas.




Nouvelle saveur



Ce n’est pas la première fois que j’embrasse des filles, j’ai même embrassé des femmes, mais aujourd’hui, la saveur est différente. Je ne sais comment l’expliquer, je le constate. Je m’enhardis un peu plus, la saveur est toujours présente, fort agréable, toute sucrée, toute chaude, toute douce…


L’expérience étant largement concluante, un peu à regret, j’ôte mes lèvres des siennes. Bertille est toute rouge, elle fuit mon regard. Délicatement, je capture son menton entre mes doigts, levant sa tête vers moi :



Je suis embarrassé, confus, comme pris à mon propre collet :



Je ne résiste pas à sa petite voix toute tendre ni à son regard, alors je l’embrasse à nouveau. Là non plus, elle ne s’oppose pas. Après une longue embrassade torride, je couvre ensuite son visage, puis son cou de baisers brûlants. Une fois que je reprends mon souffle, c’est elle qui prend la parole en premier :



Je ne sais pas si elle a fait attention à l’allusion un peu leste. Soudain, elle se met à trembler et évacue divers petits zéphyrs. Totalement cramoisie, elle me gronde :



Je ne pensais pas qu’elle puisse devenir encore plus rouge, mais c’est le cas. Quand elle peut reprendre l’usage de la parole, Bertille finit par articuler :



L’ayant toujours dans mes bras, je réponds :



Je l’embrasse pour la troisième fois. Il est flagrant qu’elle n’attendait que ça de ma part. Nos lèvres se soudent, nos langues se nouent. Je ressens un violent désir pour cette jeune fille. Il va falloir que je me calme pour ne pas aller trop loin, il ne s’agirait pas de fâcher nos pères respectifs ! Quoique…


Puis arrive le moment où nos lèvres se dessoudent… Nous restons enlacés, les yeux dans les yeux. J’ai pu lire divers récits qui narrent des coups de foudre. Jusqu’à présent, je rangeais ça dans les affabulations, comme les Centaures de la Mythologie grecque. Je vais devoir réviser mon opinion sur ce sujet.


Posément, par l’arrière, je relève le bas de ses jupons et de sa robe afin de révéler une paire de fesses que je ne vois pas, mais dont une de mes mains apprécie grandement l’arrondi. Bertille possède un ample bassin, ce qui est un bon gage. Interloquée, elle s’exclame :



Toujours plaquée contre moi, elle rougit délicatement :



Je ne réponds pas tout de suite, je suis trop occupé à faire glisser tous ces tissus sous sa ceinture afin de libérer mes deux mains. Quand je pense avoir réussi, je lui dis :



Elle me regarde avec des grands yeux étonnés. Vicieusement, je capture ses deux fesses, une pour chaque main, puis je les écarte sur le côté afin de mieux dégager son sillon, tout en n’oubliant pas de peloter les deux belles masses. Le résultat ne se fait pas attendre : un long souffle se fait entendre, tandis qu’une petite brise glisse entre les bosquets.


Son front contre ma poitrine, je sais qu’elle est complètement confuse. Je m’étonne moi-même de mon audace. Je prends à nouveau la parole :



Mes mains toujours sur ses fesses dénudées, je cherche ses lèvres afin de l’embrasser à nouveau. Elle ne fait aucune difficulté à me les offrir. C’est bien la première fois que je couvre de baisers ainsi une jeune fille, ayant mes mains sur ses fesses nues, et quelque chose me dit que ce n’est juste que le début…




Le cours des choses



Après une discussion en privé avec nos pères respectifs, les accordailles nous sont tout de suite accordées. Mon géniteur conclut en toute simplicité :



Tout comme fut rondement mené le remariage de mon père, quelques mois après le décès de ma mère en couches, alors que j’avais quatre ans. Je n’ai pas eu à me plaindre de ma marâtre qui m’a élevé comme si j’étais son enfant, elle qui n’a jamais pu en avoir, ni avant ni après. En revanche, mes frères furent moins reconnaissants. Peut-être parce qu’ils étaient plus âgés et qu’ils n’ont pas apprécié le rapide remplacement de notre vraie mère ?


Hélas pour elle, une méchante chute de cheval nous l’a enlevée, l’année dernière. Mon père ne s’est pas remarié, mais, ostensiblement, la fille du forgeron est devenue sa maîtresse.


Depuis quelques jours, j’avoue avoir honteusement profité de ma fiancée, sans aller toutefois trop loin, du moins d’un certain côté. À l’abri des regards, nous nous sommes amusés à divers jeux dont certains n’ont sans doute pas été mentionnés dans la liste des péchés véniels et mortels, les Pères de l’Église manquant parfois d’imagination, même s’ils sont parfois plus pervers en ce domaine que la plupart des gens.


C’est fou ce qui est loisible de faire dans des bois à l’abri des regards, je m’en rappellerai pour les mois et les années à venir. Nous sommes même retournés à l’endroit où nous nous baignons, étant enfançons. Ça nous a paru plus petit que dans notre souvenir, pour elle comme pour moi, mais nos jeux furent différents…



Non seulement ça ne lui déplaît pas, mais je dirais même que ça l’excite fortement, ce qui est prouvé de diverses façons, aussi bien sonorement incongrues que par des tétons bien durs, diverses rougeurs et humidités. Oui, tout ceci peut paraître étrange, voire inconvenant, mais à chacun sa façon de faire.


J’aurais pu jeter mon dévolu sur une autre femme, mais, si selon les commandements de Dieu, je dois côtoyer toute ma vie une épouse, autant la choisir afin que je m’entende avec elle. J’ai des sueurs froides quand je songe à la trop belle Mathilde qui ne me semble pas du tout facile à vivre. De plus, bien des hommes seraient envieux de mon mariage avec elle, mais, justement, ça peut devenir dangereux. On ne compte plus les duels ou les petites guerres, uniquement pour mettre la main sur la main d’une épouse un peu trop convoitée, avec élimination de l’époux importun, puisque le divorce est fort rare et réclame une dispense du Pape qui est très pointilleux sur le sujet : le père de notre actuel roi en a su quelque chose !


Si je résume : on incline pour une belle femme mariée, on doit occire le mari légitime, on épouse la veuve, puis on bâtit une église ou un monastère pour se faire pardonner. J’ai déjà entendu et lu ce genre de déroulement plus d’une fois. Mais parfois, ça rate : c’est le mari qui survit…



Dès que je peux, je pars conter fleurette à ma promise. Et si les circonstances me le permettent, je m’aventure un peu plus loin. À présent, je connais tous les secrets de son corps, aucune parcelle n’a évité mes baisers et mes caresses. Bertille connaît tout autant ce qu’un homme doit cacher à une jeune fille. C’est précisément ce qu’elle a actuellement en bouche.


La première fois fut assez malhabile, mais pleine de bonne volonté. Puis l’expérience est venue petit à petit, avec une très bonne virtuosité en la matière. Je ne pensais pas que ma fiancée devienne si experte, mais je ne me plains aucunement. De mon côté, ma langue et mes doigts savent lui rendre la pareille, Bertille adore que je m’occupe d’elle ainsi.


Les bons comptes font les bons amis, dit-on…




Discussion



Tard au soir, dans une tourelle de notre château, mon père s’entretient avec moi en privé :



Je préfère me montrer prudent :



Suspicieux, je réponds complètement à côté :



Mon père se met à rire :



C’est un fait, la beauté est de surcroît éphémère, mais le mauvais caractère dure très souvent toute une vie. Ne souhaitant pas dévoiler la face cachée de ma relation avec ma dulcinée, j’avoue à minima :



À l’écoute de ma dernière phrase, mon paternel se rembrunit :



Puisque nous venons d’évoquer le sujet, j’avoue une autre petite chose :



Puis nous abordons d’autres sujets relatifs à notre fief durant lesquels j’expose mon point de vue. La plupart du temps, mon père est d’accord, il comprend vite les avantages, surtout dans mes idées pour favoriser le commerce, sans toutefois assommer de taxes les marchands. La stratégie du long terme, ou plutôt du moyen terme, car les temps sont incertains.




M comme Mariage



Puis, le jour du mariage est arrivé, nos pères sont visiblement très satisfaits de l’union de leurs deux familles.


Entre-temps, je suis passé au rang numéro deux, mon frère puîné n’ayant pas réussi à aborder la Saint-Jean. Ses blessures et son manque de discipline ont fortement aidé à cet état funeste. Ce qui n’a pas retardé la cérémonie. Mais il est vrai que, dans l’esprit de bien des gens, mon défunt frère l’était déjà depuis quelques semaines, il ne faisait que survivre et retarder l’échéance fatale.


Peu après, mon frère aîné a failli lui aussi passer de vie à trépas. À la grande surprise générale, dont celle de mon père, je l’ai sermonné tel un sale gamin désobéissant, lui expliquant en long et en large qu’il n’avait pas vocation d’aller rejoindre trop vite notre défunt frère. Visiblement, ma harangue semble avoir fait son effet, car il s’est assagi, évitant à présent de foncer dans le tas pour un oui ou pour un non. À ce propos, mon père m’a félicité :



Il y a presque trois ans de cela, mon père l’avait bien fiancé à un parti avantageux, mais l’autre famille a vite compris que le mariage ne serait pas une sinécure. La seconde tentative ne fut pas plus fructueuse. La foudre paternelle avait égalé celle de Jupiter :



La sentence fut un mois de cachot, carrément, afin de refroidir ses ardeurs. En effet, mon aîné est un coureur effréné de jupons, devenu impossible à marier, tant sa réputation est grande en ce domaine. On ne compte plus les filles et les femmes enceintes de ses œuvres. Il devrait faire attention : un jour, un père furieux risque de l’embrocher avec sa fourche. Je soupçonne à ce propos qu’une de ses dernières mésaventures ne soit pas une rencontre avec des brigands, mais plutôt un guet-apens de personnes lassées de sa cinquième épée trop active.


Mon aîné s’est un peu calmé, il entretient un harem de quatre donzelles, ce qui est déjà moins pire. Il les appelle même ses quatre points cardinaux, leur ayant attribué un surnom : Nordine, Sudine, Ostine et Westine. Parfois, il remplace le suffixe « ine » en « on ».



Nous n’avons pas prévu de faire un grand mariage, d’autant que ni Bertille ni moi ne sommes des héritiers principaux. Mais autant que ce soit joyeux et festif. En parlant du dernier mot, depuis un certain temps, j’ai découvert avec une stupéfaction mêlée d’amusement que, si je passais par la voie interdite, je réduisais considérablement les soucis sonores de ma fiancée.


S’il en est ainsi, c’est que Dieu l’a voulu. Qui suis-je pour m’opposer à la Volonté divine ?


Oui, je sais, je n’aurais pas dû consommer avant la bénédiction nuptiale, c’est vrai. Mais, tant que le ventre de ma future épouse ne s’arrondit pas sous la présence d’un nouveau venu, l’honneur est sauf. Et puis, Bertille est trop appétissante, il fallait bien que je trouve une solution pour épancher mes envies.


Et elle aussi a des envies…


Juste avant la cérémonie, je suis seul en compagnie de ma future femme. Dans certaines contrées, le futur marié n’est pas censé voir la mariée avant d’être devant l’autel. Ce n’est pas le cas chez nous. Théoriquement, nous devrions être en prière afin de remercier le ciel et obtenir sa bénédiction sur notre couple, mais nous nous adonnons à une tout autre méditation, tout en étant agenouillés…


Yeux mi-clos, en semi-extase, Bertille glapit :



Parfaitement consentante et entreprise, ma future épouse répond :



Avant de m’unir à Bertille devant le Dieu du Ciel, je suis en train de faire une petite reconnaissance exploratrice vers celui qui est le septième, me laissant aller à un penchant peu catholique, mais si fantastique.


Et si je dois aller brûler et rôtir en Enfer, que ce soit avec l’objet de mon péché ! Ainsi, je continuerais ad vitam æternam à entreprendre de diverses sortes ma Bertille !