n° 22920 | Fiche technique | 24819 caractères | 24819 4000 Temps de lecture estimé : 17 mn |
13/02/25 |
Présentation: Je m’appelle Juliette G. Mais ça, vous le savez déjà. Ce que vous ne savez pas, c’est le nom qui se cache derrière cette initiale. | ||||
Résumé: Les deux grands anthropoïdes observaient avec attention leur roi. Longtemps, Tork en avait voulu aux autres membres de son groupe. Depuis qu’il était jeune, il voulait être le roi. Il l’avait finalement été... | ||||
Critères: #exercice #humour #pastiche #aventure | ||||
Auteur : Juliette G Envoi mini-message |
Il le fallait. Il fallait que je le fasse. C’était comme un appel vibrant qui résonnait en moi. Je devais me libérer de cet insoutenable secret. Et quel meilleur endroit que Revebebe pour, enfin, me débarrasser de cet ignoble carcan qui m’emprisonne, et m’empoisonne l’existence, depuis que l’on m’a révélé la vérité ! La vraie. Celle qui sort du puits toute nue.
Je m’appelle Juliette G. Mais ça, vous le savez déjà. Ce que vous ne savez pas, c’est le nom qui se cache derrière cette initiale. Mon patronyme est Greystoke. Juliette Greystoke. Descendante directe de Lord John Clayton, comte de Greystoke troisième du nom et Lady de Greystoke moi-même. Aujourd’hui, il est temps pour moi de laver la honte qui entache un nom qui a été glorieux. Et si monsieur Edgar Rice Burroughs se retourne dans son caveau, j’en suis autant désolée pour sa pauvre dépouille que soulagée pour ma propre personne. L’œuvre de sieur Burroughs, si elle est romancée, est la vie d’un homme que Lord John Clayton III, comte de Greystoke a véritablement connu. Il s’en était confié à monsieur Burroughs, alors journaliste. Lord Clayton était en Afrique pour des investissements financiers dans des mines de diamants. Burroughs était en reportage pour le Washington Post. Pourquoi ce journaliste a-t-il décidé d’agir de cette triste manière ? Mon aïeul n’en avait jamais rien su, et personne d’autre ne le sut jamais à ma connaissance.
Voici donc relatée pour Revebebe, une parcelle de vie d’un homme ayant été le seigneur de la jungle. Des événements véridiques narrés de la bouche même du véritable roi des grands singes à Lord John Clayton III, comte de Greystoke.
https://youtu.be/3WRxXDeX9oM?si=OEj1Q5MvN0fD88ZU
Les deux grands anthropoïdes observaient avec attention leur roi. Longtemps, Tork en avait voulu aux autres membres de son groupe. Depuis qu’il était jeune, il voulait être le roi. Il l’avait finalement été. Malheureusement, tout récemment, il avait perdu le combat de sa vie. Ce n’était pourtant pas pour cette raison qu’il en voulait à ses congénères. Tous les autres se souvenaient de celui qui avait détrôné Tork. Tous aimaient le nouveau roi. Ils admiraient ce roi qui, pourtant, les avait abandonnés. Tork ne comprenait pas comment une telle réaction était possible dans son clan. Unna, elle, avait toujours été proche du nouveau roi. Jeunes singes, ils avaient tout partagé. Aujourd’hui, elle ne rêvait plus que d’une chose. Devenir la reine. La femelle de ce roi intrépide et fort. Malheureusement, plus elle le regardait, plus elle reculait le moment de sa demande. Tout courageux et puissant qu’il était, son roi restait d’une horrible laideur. Et c’était sans compter ce qui pendait entre les cuisses nues de son chef. Un membre qui effrayait toutes les femelles de la tribu. Tout enfant, le monarque, avait déjà un sexe bien plus gros que celui des plus puissants mâles du clan.
https://youtu.be/aRQCN_Huyu0?si=qUflP_4Vhh22_-mK
Jean Quémeneur, pour les hommes. Marmouz des grands singes pour ses sujets primates. L’aventurier brestois avait quitté son fief breton de Recouvrance pour retrouver la jungle. Marie-Madeleine Poullaouec, sa belle et parfaite épouse, n’avait pu cette fois encore convaincre son époux de rester. Personne n’aurait pu contraindre le fier Brestois de ne pas partir. Pour une raison bien simple. Le marin breton était également un roi. Un monarque sauvage, évoluant parmi les grands singes de la jungle où il avait si longtemps vécu. L’aventurier qu’il était n’avait pas pu réfréner ses instincts de sauvage. De plus, Jean Quémeneur avait une bonne raison de partir. Zulla, la guérisseuse Waziri, avait réussi à lui faire parvenir un message. Un appel au secours datant de plusieurs mois. Des paroles transmises par plusieurs intermédiaires, jusqu’au lieutenant d’Arnot. D’Arnot, l’un des amis les plus fidèles de Marmouz, revenu en Afrique et qui avait écrit au navigateur breton. Zulla et les siens avaient besoin d’aide. Il était peut-être déjà trop tard.
Une grimace de douleur déforma les traits fiers et altiers du roi des singes. La bouche grimaçante, Marmouz appuya sa main puissante sur son ventre dur et musclé. Une nouvelle diarrhée lui tordrait bientôt les entrailles. Enfant, le petit Marmouz avait souffert de maux de ventre divers et de diarrhées fréquentes. Aujourd’hui, Jean savait pourquoi. Si son métabolisme humain s’était adapté à la vie d’enfant sauvage qu’il menait, il restait malmené par un régime inadapté. Trop de fruits et de baies. Trop de racines et de tubercules. Beaucoup trop d’insectes et de larves. Les rares viandes qu’il avait mangées étaient consommées crues. Un mode de vie trop agressif pour un enfant. À chacun de ses retours dans sa jungle chérie, tout recommençait. Maladies, fièvres, diarrhées et malaises. Ces maux restaient toutefois supportables, et finissaient par abandonner la partie face à la santé de fer de Marmouz.
D’autres dangers guettaient également le marin breton à chacun de ses retours. Jean Quémeneur devait risquer sa vie, pour que le roi des singes reprenne son trône. Depuis le vieux Kerchak, Marmouz avait dû combattre trois grands singes pour reconquérir son trône. Heureusement, cela s’était fait sans tuerie. Les premières chasses étaient toujours dangereuses. Jean, nu et sans armes, n’était pas encore redevenu le puissant homme singe. Il devait, chaque fois, se réadapter à la vie primitive et sauvage. Cela prenait toujours un peu de temps. Et très vite, le farouche marin devrait s’équiper. Il devait chercher un guerrier isolé et lui dérober frusques et armes. La toute première fois, il avait tué sauvagement le fils d’un chef de village. Celui-là même qui avait attaqué et tué Kala, la mère anthropoïde de Marmouz. Depuis qu’il avait retrouvé la civilisation, Jean Quémeneur n’avait plus tué aucun guerrier.
Le langage des grands singes. Le roi de la jungle avait parlé à voix basse, accompagnant ses paroles de signes de la main. Les anthropoïdes n’avaient que peu de mots, quelques sons rauques, et utilisaient des gestes, pour tout dialogue. L’homme singe avait intimé un ordre à ses sujets. L’ordre de retourner au camp et de ramener leurs congénères. Marmouz avait vu ce qu’il voulait voir. Accompagné des deux anthropoïdes, il s’était installé dans les plus hautes branches d’un arbre gigantesque. Un observatoire idéal, si l’on pouvait y grimper. Depuis des mois, le citadin brestois ne pratiquait plus que les échecs et la boule bretonne. Ses muscles n’étaient plus aussi puissants. Ses cuisses et ses bras avaient été mis à rude épreuve durant la longue escalade. Des crampes tétanisaient les membres du malheureux Jean.
L’une des cases, située en plein centre du village, était gardée. Il était inutile de rester. Zulla et quelques autres Waziris étaient là. Prisonniers, et attendant la mort. Les guerriers de ce village semblaient de redoutables combattants, et les hommes qui gardaient l’entrée de la grande enceinte de bois paraissaient très vigilants. L’homme singe devait réfléchir à un plan. Mais d’abord, il devrait redescendre de son perchoir. La vue acérée de Marmouz étudia la végétation proche. Il lui fallait trouver une liane solide. Sans elle, homme sauvage ou non, il risquait bien de se rompre le cou. Ses compagnons avaient bondi dans le même temps, et déjà, descendaient de l’arbre en s’accrochant aux branches.
Le seigneur de la jungle avait réussi la descente de son arbre, non sans mal et sans quelques écorchures. Maintenant, il était seul, et il devait trouver de quoi se vêtir et s’équiper. La chevelure de jais épaisse de Marmouz était déjà crasseuse et sa peau en sueur, salie de terre et de mousses moisies. Les yeux gris de l’homme singe parcouraient la jungle environnante. Chaque village autochtone disposait des éclaireurs aux alentours de son lieu de vie. Ces gens ne devaient pas faire exception à la règle. Le géant, blanc et nu comme un jour de sa naissance, avait jailli des hautes fougères, et s’était jeté sur la sentinelle. Un petit guerrier bedonnant au crâne chauve. Une longue main puissante avait saisi la gorge du noir et avait jeté le malheureux sur le sol de terre dure.
La voix tonnante du roi de la jungle avait résonné, étouffant d’un coup les bruits environnants de la brousse. Cris d’oiseaux et de petits animaux s’étaient brusquement tus. Marmouz s’était jeté sur le garde affolé, et un poing puissant avait fracassé un nez large et déjà tordu. La sentinelle, assommée pour le compte, avait été détroussée et gisait inconsciente sur le sol. Depuis maintenant des lustres, Quémeneur était plus habitué aux vêtements de ville qu’aux oripeaux. Marmouz n’avait pourtant aucun autre choix. Il avait caché sa nudité sous un pauvre pagne crasseux en peau d’antilope. Après quoi, il avait volé le long poignard, la sagaie, l’arc et le carquois du piètre guerrier. Unna et Tork ne reviendraient pas avant le lendemain. Il leur faudrait du temps pour les trajets aller et retour. Et plus de temps encore pour expliquer la situation aux autres membres de la tribu. Les anthropoïdes étaient assez intelligents pour comprendre certaines choses et exécuter des ordres simples. Ils avaient néanmoins de grands problèmes de concentration. Une courte phrase, quelques fourmis à grignoter, et ils oubliaient ce qu’ils venaient de dire. Unna, elle, réussirait à passer son message. Les autres singes réussiraient-ils à le comprendre ? La première partie du plan du seigneur de la jungle était déjà une gageure. Sauver Zulla et les siens serait une entreprise très difficile.
Le crépuscule tombait vite sur la brousse. Maintenant équipé d’armes et plus en confiance, l’homme de la brousse devait se trouver un endroit où il serait plus en sécurité. Cette préoccupation fit apparaître une triste grimace sur le beau visage du sauvage. Fut un temps, Marmouz ne se serait pas soucié de ce genre de détail.
Le village ennemi, prison de Zulla et cible de Marmouz, avait été bâti en lisière de jungle. En frontière de la savane et de la forêt. C’était un choix étrange, mais pas si idiot. Ce choix montrait également que les habitants du village étaient sûrs d’eux. Marmouz avait entendu quelques cris quand la sentinelle avait regagné l’enceinte qui cernait les habitations. Sa victime parlait de son agresseur. Elle avait été attaquée par surprise par un géant blanc, tout nu et effrayant. Le garde était terrifié et il avait affolé les autres. Aussitôt après la description des faits, les portes de l’enceinte se refermaient sur les gardes et d’autres cris résonnaient dans le village. Marmouz avait laissé le village un plus au Sud, s’engouffrant dans la jungle pour se trouver un abri. Seules, les hauteurs le protégeraient des dangers de la jungle. L’homme singe s’était endormi, assis sur une grosse branche, adossé au tronc de son arbre. Des rugissements sourds avaient tiré le marin breton d’un sommeil léger. Un couple de lions ! Qu’est-ce qui avait poussé Numa et Sabor à quitter leur territoire ? Les lions vivaient dans la savane. Ce n’était pas dans leurs habitudes de s’aventurer en forêt. Comme pour ajouter un peu plus de suspense à ce petit mystère, un formidable barrissement fit trembler l’obscurité. Tantor ! Roi des éléphants et ami de Marmouz. Le gigantesque pachyderme avait lui aussi entrepris une étrange promenade. La proximité du village proche dérangeait les animaux de la brousse, et les rendait curieux. Marmouz n’était pas ami avec Numa et Sabor. La présence des fauves était dangereuse pour lui, comme pour les habitants du village. Tantor, lui, pourrait être un allié puissant. Marmouz des grands singes ferma les yeux et soupira. Il devait réfléchir à tout cela. Il avait encore un peu de temps.
Une érection matinale soulevait son pagne et le seigneur des grands singes étouffa un bâillement de sa longue main puissante. Il n’avait que peu dormi et son corps était perclus de douleurs sourdes et diffuses. Jean Quémeneur avait faim et Marmouz des grands singes crevait la dalle. Le sauvage blanc s’était laissé glisser jusqu’au sol, s’aidant d’une grosse liane noueuse. Puis, accroupi au pied du gros arbre, il s’était soulagé de ses besoins naturels. Cette façon de faire primitive avait remué la mémoire de l’homme singe. Sa vie primitive avait des avantages. La liberté. La nature sauvage et dangereuse dans toute sa splendeur. L’aventure. Les chasses exaltantes. Les frissons des combats. Son ascendant sur ses amis les grands singes. Cette vie avait également ses inconvénients. Des réflexions, que Marmouz n’aurait pas eues, s’il n’était pas revenu à la civilisation pour retrouver son identité et son rôle en société.
L’aube avait laissé place au soleil et une chaleur étouffante régnait déjà sur la jungle. Marmouz ne connaissait pas cette partie de la brousse, mais ses sens encore aiguisés malgré sa vie de citadin lui avaient été utiles. Enfant, son intelligence humaine lui avait permis de survivre parmi les gigantesques primates. Très souvent, les cinq sens des humains avaient sauvé la vie de l’homme singe. La force brutale et le courage étaient très utiles, mais n’auraient pas suffi à sa survie. Jean n’avait pas eu à chercher très longtemps. La présence de certains animaux l’avait d’abord guidé, et de légers clapotis d’eau l’avaient amené à une petite source. Un filet d’une eau souterraine, coincée sous des roches grises. Là, Marmouz avait étanché sa soif et s’était sommairement lavé dans une eau claire et fraîche. Un peu plus tard, une flèche perçait le cœur d’un petit habitant des arbres. Pour Marmouz, c’était pratiquement un assassinat. Pour le marin breton, un gibbon n’était qu’un singe et il fallait bien manger. Maintenant, il devait prendre le temps de faire un feu. Quémeneur ne pouvait pas se résoudre à manger de la viande crue. Après s’être gavé de viande, le seigneur et maître des grands singes s’était décidé à se rapprocher du village. S’il n’y avait plus trace des lions, l’ouïe particulièrement fine de Marmouz lui apprenait que Tantor l’éléphant était resté dans les environs. Le pachyderme saccageait quelques arbres de la forêt. Le puissant maître de la jungle s’était servi d’une petite liane souple et avait assemblé les bois morts qu’il avait ramassés en un gros fagot. Ce fagot de bois serait son arme la plus efficace.
Marmouz avait retrouvé les grands singes, encore en chemin, mais proches d’arriver à l’arbre qui lui avait servi de poste d’observation. Aux premiers regards, le roi des primates comprenait bien des choses. Tork n’était pas revenu. L’anthropoïde n’aimait pas Tarzan. Certainement, il ne digérait pas son combat perdu contre l’ancien roi revenu le narguer. Ou alors, Tork s’était perdu à se gaver de larves, fouillant des troncs d’arbres pourris et oubliant ses devoirs envers son seigneur et maître. Unna avait longuement fixé son roi, de ses grands yeux marron intelligents. La seule femelle du groupe avait expliqué à son cher monarque qu’elle avait fait de son mieux. Six singes. Unna était accompagnée de cinq grands mâles et il ne s’agissait ni des plus forts ni des plus intelligents. Marmouz s’était contenté de féliciter Unna et avait donné ses ordres, insistant et insistant encore pour que ses sujets puissent bien comprendre ce que leur roi attendait d’eux. Ensuite, il passa un long moment à encourager la petite troupe.
La nuit était tombée.
Marmouz, juché sur son arbre, avait prévu une autre descente que les lianes. L’une des branches de l’arbre gigantesque surplombait l’enceinte du village. Déjà, les singes s’étaient servis de cette aubaine, se laissant tomber derrière la palissade de bois. Ils devaient atteindre la cible désignée par leur roi. La case était gardée par un unique guerrier. Très certainement, Zulla et les autres prisonniers devaient être ligotés ou enchaînés. Le seul problème que le puissant monarque n’avait pu résoudre était lié à ces prisonniers. Combien étaient-ils ? Il lui avait été impossible de le savoir. Marmouz se tenait prêt. Peut-être qu’il ne sauverait pas tout le monde. Zulla restait sa priorité. Elle était la plus grande guérisseuse du peuple Wasiri.
Un long moment s’était écoulé depuis le départ des anthropoïdes. Unna conduisait l’attaque et ce silence était rassurant. Un silence qui ne dura pas. L’ouïe fine de l’homme singe lui apporta le choc d’un coup puissant porté sur de la chair, suivi d’un bruit de chute. Unna avait tué la sentinelle. Puis, un cri de terreur poussé par une femme troua la nuit calme. Aussitôt après, deux hommes hurlaient de concert. Un rictus sauvage tordit la bouche du seigneur de la jungle. Le moment était venu. Marmouz savait exactement ce qui se passait. Unna et ses compagnons étaient dans la case. Zulla et un homme, pris de terreur, avaient hurlé en se retrouvant face aux singes géants. L’homme singe se laissa tomber de la branche et grimaça en touchant le sol. Une chute d’une bonne hauteur et sa cheville gauche lui avait fait mal aussitôt. Sans plus se soucier de la douleur, Marmouz s’était rué vers le grand feu qui brûlait à l’entrée du village. Là, il se débarrassa de l’épaisse liane qu’il avait apportée avec lui, la débitant en morceaux qu’il plongea dans le brasier. Une ombre, une autre et une autre encore. Des ombres qui déambulaient d’une case à l’autre. Un nouveau cri de femme, suivis d’autres cris. Des cris et des ordres lancés dans une pagaille qui deviendrait vite indescriptible. Les villageois quittaient leurs cases. Cris et hurlements s’amplifiaient, et des grognements gutturaux firent trembler l’obscurité. Unna savait tenir ses troupes. Maintenant, le grand guerrier blanc distinguait un groupe à l’écart. Les six singes entouraient trois silhouettes humaines. Zulla et deux prisonniers !
Le seigneur de la jungle avait hurlé. La voix puissante crevait la nuit. Les villageois, éperdus de peur, avaient hésité. Déjà, certains faisaient demi-tour délaissant la case qu’ils cherchaient à atteindre, persuadés que le danger venait des prisonniers. Une flèche de Marmouz perça un torse.
La panique régnait en maîtresse. Le roi des grands singes ne cessait plus de hurler, jetant des morceaux de liane devenus torches enflammées sur les toits des cases, ou les lançant à l’intérieur des habitations.
Un barrissement effroyable et un vacarme terrible firent reculer les guerriers qui s’étaient rapprochés de Marmouz, proche de la porte du village. Une cavalcade assourdissante et des barrissements de rage pure. La porte du village vola en éclat. Une autre flèche, et Jean Quemeneur poussait un cri sauvage, en regardant un guerrier s’effondrer sous son trait meurtrier.
Le seigneur de la jungle appelait la grande anthropoïde. Tantor, roi des éléphants, se déchaînait, détruisant les petites habitations. Marmouz jeta encore quelques torches enflammées sur des cases tout en attendant Unna. Puis, rassuré une fois ses sujets près de lui, il poussa un sourd grondement primitif. Les singes portaient les prisonniers, plus terrorisés encore que les villageois.
La guérisseuse, yeux écarquillés, resta comme statufiée après qu’Unna l’ait déposée au sol. Les villageois s’étaient dispersés et avaient disparu. Beaucoup devaient penser que le ciel leur tomberait bientôt sur la tête. Pour une raison inconnue, ils avaient offensé des esprits très puissants.
Le fier marin brestois s’était exprimé dans un Wasiri parfait et la belle guérisseuse, sous le choc d’émotions intenses, s’était contentée de hocher la tête.
Marmouz, après un dernier regard alentour, avait quitté le village d’un pas souple et assuré, suivi de Tantor. Le gigantesque pachyderme s’était comme subitement calmé en la présence de l’homme qui était son ami. Le sauvage roi de la forêt avait oublié sa cheville blessée. Jean Quemeneur, lui, s’en souviendrait bientôt. Une fois dehors, Tantor s’éloignait aussitôt, et Marmouz se retournait vers le désastre qu’il avait engendré.
Le cri de guerre des grands singes.
Les deux Waziris étaient repartis aussitôt après leur libération. Zulla, elle, n’avait pas voulu quitter son libérateur. Elle attendait de lui qu’il la ramène chez elle et l’homme singe avait accepté d’escorter la grande guérisseuse. Zulla, entièrement nue, avait suivi Marmouz en pleine nuit, traversant la forêt sans la moindre inquiétude. Le seigneur et maître de la jungle méritait amplement ses titres. Tout en marchant, elle expliquait les raisons de son emprisonnement. Ses ravisseurs la voulaient pour eux seuls. Ils avaient besoin d’un guérisseur et s’étaient servis en l’enlevant aux siens. Les deux autres Waziris servaient d’otages, cela afin de contraindre Zulla à obéir sagement. Marmouz avait retrouvé la source à laquelle il s’était désaltéré. Là, il avait coupé des fougères à l’aide de son coutelas et avait fabriqué un couchage rudimentaire. Ils passeraient la nuit sur place. Ensuite, ils avaient une longue route à faire. Un voyage de plusieurs jours pour retrouver le peuple de Zulla. L’homme singe et sa compagne marcheraient en lisière de forêt.
Les lueurs d’une aube rougeâtre éclaboussaient la forêt de nuances d’oranger. Zulla s’était réveillée seule, mais ne s’était pas plus inquiétée que la veille, plongée en pleine brousse. Elle s’était entièrement lavée, et s’était confectionné un pagne de feuilles larges, pour couvrir le bas de son corps. Un léger bruit de brindilles foulées, et Marmouz émergeait des feuillages. L’homme sauvage portait un fardeau que la belle guérisseuse reconnut aussitôt. Un cuissot de phacochère. Son sauveur était parti chasser dans la savane proche. Zulla, maintenant rassurée et en sûreté, avait faim. Une faim de lionne privée de proies depuis trop longtemps.
Zulla, ses grands yeux noirs braqués dans le regard gris, observait le puissant maître des grands singes.
Zulla connaissait la réponse avant de l’avoir posée. Cette femme blanche était venue d’on ne savait où et lui avait ravi Marmouz. Une belle garce, que cette Marie-Madeleine ! Une bonne à rien, pleurnicharde et incapable de vivre deux jours dans la brousse.
Jean Quémeneur laissa passer une étrange lueur dans son regard acier. Dans la nuit, Zulla s’était lovée contre lui aussitôt couchée. Il n’avait pas pu résister à ses charmes. Cette femme était aussi belle qu’intelligente et courageuse. Le peuple Waziri produisait des guerriers de hautes tailles. Zulla était la femme la plus grande que Marmouz connaissait. Presque aussi grande que lui. Elle était superbe. Très belle et dotée d’un corps somptueux.
Fier marin ou monarque de la jungle. Jean soupira profondément, sentant confusément qu’il risquait fort de payer chèrement cette décision. Il était un simple citoyen brestois marié à une femme qu’il aimait de tout son cœur. Il était un puissant guerrier sauvage sous le charme d’une sorcière primitive.
L’homme observa la longue main d’ébène posée sur sa cuisse et éprouva une douce chaleur au creux de son ventre. Il était Marmouz. Il était le seigneur de la jungle. Il était un sauvage. Un marin breton avait des principes. Un sauvage restait un sauvage. Et un primate était un primate.
Le cri de victoire des grands singes…
https://youtu.be/OQlByoPdG6c?si=wFplpVIwAeVRLQxh
Pardon ! Pardon, pardon, cher monsieur Burroughs ! Il faut voir ce petit amas de pages comme un véritable hommage. Je suis votre plus grande admiratrice, cher écrivain. Je connais tout de vos œuvres. Et surtout je connais tout de votre plus grand chef-d’œuvre. Tarzan des grands singes ! Kala, la maman adoptive de Tarzan. Kerchak, le vieux roi des singes, aussi terrible et terrifiant que retors et vicieux. Sabor la lionne et Numa le lion. Tantor l’éléphant. La ! La superbe grande prêtresse d’Opar. Les joyaux d’Opar. Jane Porter. Je sais que « tar zan » signifie « peau blanche » dans le langage des grands singes. Je connais tout, je vous dis ! Ou presque…
Pardon monsieur Edgar Rice Burroughs…