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Temps de lecture estimé : 16 mn
15/02/25
Présentation:  L’imagination et les mots. Le pouvoir de créer un monde où tout est possible.
Résumé:  Sigourney Clay était enfin arrivée. La jeune femme découvrait de nouveaux horizons. La France. Et la Bretagne. Elle avait tout quitté et était venue en France pour poursuivre des études de droit international.
Critères:  #épistolaire #exhibitionniste f telnet cérébral exhib strip fmast
Auteur : Juliette G      Envoi mini-message
Échanges épistolaires

Sigourney Clay était enfin arrivée. La jeune femme découvrait de nouveaux horizons. La France. Et la Bretagne. Elle avait tout quitté et était venue en France pour poursuivre des études de droit international. Miss Clay venait d’avoir trente-deux ans. Si elle n’était plus une jeune étudiante, elle se sentait enfin prête à se lancer dans une autre vie. Vivre avec ses parents et uniquement de leur argent n’était plus acceptable. Elle accepterait pourtant leur soutien financier pour quelque temps encore. Ensuite, elle volerait de ses propres ailes.


Sigourney avait rencontré Paul. Paul Tallard et la belle Américaine acceptait vite la demande en mariage du jeune avocat français. Sigourney avait cru à un véritable coup de foudre. Un nom poétique bien français. Le prince charmant était un peu plus vieux qu’elle, et beau comme un dieu. La jeune Américaine s’était pourtant cruellement trompée. Son mari était aussi bel homme qu’il était égoïste et sans cœur. Il avait simplement désiré épouser une belle femme. Une jolie poupée à exhiber à ses pairs. Sa femme était pour lui une sorte de trophée, symbolisant une vie personnelle parfaite. Une réussite personnelle, après avoir assis sa toute nouvelle réputation professionnelle. La nationalité de son épouse lui apportait un plus. Une touche d’originalité. Quant à l’argent des parents de la belle, il lui était très utile.


Sigourney Tallard s’était montrée lâche et le savait. Elle s’était dégonflée comme une baudruche. Sa propre lâcheté, son éducation rigide et la peur de décevoir des parents par trop austères, l’avaient laissée abattue et déprimée. Sigourney acceptait donc son sort sans se battre. Leurs dix années de mariage avaient été plus proches du calvaire que du bonheur. Pour son mari, Sigourney n’avait été qu’un faire-valoir sans personnalité. Et madame Tallard n’avait pas été capable de se battre pour changer sa vie.




Drames



Sigourney avait repris son nom de jeune fille. Le décès de Paul l’avait ébranlée, sans que cela ne soit un drame véritable. La Ford toute neuve de son époux s’était fracassée contre un arbre et son conducteur était mort sur le coup. L’idée de retourner aux states avait alors effleuré madame Clay. Que ferait-elle ici ? Seule et sans travail ? Les quelques amis qu’elle avait en France étaient ses seuls liens avec son pays d’adoption. Des personnes qui, sans se douter de ce qu’elle éprouverait, ne feraient que lui rappeler sa lâcheté, et sa vie décevante.


Trois mois plus tard, les parents de Sigourney décédaient brutalement. Et cette fois, Sigourney éprouvait un chagrin bien réel. Un autre stupide accident de voiture. L’ironie aurait pu rendre l’histoire cocasse, s’il ne s’était pas agi d’un drame. Les parents de Sigourney étaient venus en France pour le mariage de leur fille. John et Violet Clay aimaient beaucoup ce pays du Vieux Continent. Et John Clay aimait beaucoup les voitures de collection. Il découvrait sur place une superbe Citroën 2cv Charleston parfaitement entretenue, et la ramenait chez lui à grands frais. À peine lancée sur la route, la petite voiture française avait été déchiquetée par un énorme camion américain.


Sigourney était veuve d’un français tué dans sa voiture de marque américaine. Un peu plus tard, elle devenait orpheline de parents américains décédés dans un véhicule bien français.




Un nouveau départ



Monsieur et Madame Clay laissaient à leur fille unique de quoi vivre sans se soucier de l’avenir. Un rapide voyage en Californie, des formalités administratives et la succession était réglée. Puis, Sigourney revenait en Bretagne. Madame Clay décidait ensuite de ne pas retourner aux États-Unis. L’argent des parents de Sigourney, et la vente de leurs biens immobiliers faisaient de l’héritière une femme riche. Si l’argent ne fit pas son bonheur, il décida la belle Américaine à prendre sa vie en mains pour la première fois.


L’ancien petit manoir restauré avait un charme fou. La demeure avait littéralement séduit sa nouvelle propriétaire. Dix pièces spacieuses distribuées sur deux étages, que Sigourney avait meublées à ses goûts. Un choix personnel qui donnait une note singulière aux lieux. L’extérieur rappelait le passé, quant à l’intérieur, il donnait une image moderne à l’endroit. Un modernisme de verres et d’aciers, allié à des bois précieux. Des robinets des salles de bains, aux installations de la cuisine, le design avait été soigné. Le manoir trônait au centre de deux hectares de petite forêt, de jardins et de parcs boisés et fleuris. Un petit paradis personnel pour madame Clay. Deux femmes s’occupaient de la maison une fois par semaine, et un jardinier passait du temps à l’extérieur chaque mois.


Une vie plus heureuse pour Sigourney, maintenant qu’elle avait enfin ce qu’elle voulait. Une vie pourtant par trop oisive, pour madame Clay.




Une vie d’actrice



Deux années étaient passées, et madame Clay avait fait la paix avec ses démons. Les drames personnels, vécus par Sigourney ne l’empêchaient plus de profiter de sa nouvelle vie.


Si la belle Américaine vivait en recluse, elle baignait dans un confort certainement indécent pour beaucoup. Issue d’une certaine bourgeoisie d’outre-Atlantique, madame Clay s’était laissée vivre en bourgeoise française. Elle vivait recluse par choix et se vautrait dans le luxe, acceptant son sort avec des sentiments divers. Quelque part, elle aimait cette solitude luxueuse, tout en sachant qu’elle passait à côté d’une vie plus riche.


La Californie pullulait de belles plantes. Une image amusante et quelque peu paradoxale quand on songeait que cette petite partie du monde n’avait été qu’un vaste désert. Ces jolies plantes étant de jeunes femmes, l’image était cassée. Jeunes, belles et avides de reconnaissances. La plupart, toutefois, amélioraient cette jeunesse et cette beauté, à l’aide d’artifices très utiles. Sigourney Clay, alors âgée de dix-neuf ans, ne se maquillait pas. En premier lieu, elle n’en éprouvait aucune envie. Ensuite, elle ne tenait pas à affronter la morale étriquée de ses parents. La jeune californienne avait donc été fort surprise, par une rencontre impromptue, en plein centre-ville de Sacramento. Un journaliste du magazine Playboy lui proposait un rendez-vous. Rendez-vous, qui serait suivi d’un contrat. Une association très juteuse pour les deux partis. Monsieur et Madame Clay avaient failli s’étouffer, quand leur fille leur avait narré sa petite aventure. Évidemment, Sigourney n’avait pas donné suite à l’affaire. Sigourney avait toujours su qu’elle était belle. Depuis l’enfance, elle avait subi des compliments aussi sucrés qu’ils étaient assommants. Seuls, ses parents ne la complimentaient jamais sur son apparence physique. Sa mère ne le lui avait donné son avis qu’une unique fois. Le jour anniversaire de ses seize ans. « Tu as toujours été très jolie ma chérie. Reste à savoir, si la beauté n’est pas simplement une image sans relief. Alors oui, tu es belle Sigourney chérie. N’en fais pas toute une histoire, et sers-toi de cette beauté, sans en faire ton unique atout. La vie mérite d’être vécue de tant de manières… ».


Gentiment alanguie, madame Clay observait son image renvoyée par le grand miroir à l’encadrement d’acier rouge vif.



Sigourney s’était contentée d’un petit sourire après son murmure. Il était vrai qu’elle venait de fêter ses quarante-trois printemps et restait assez désirable, pour plaire à nombre de prétendants. D’éventuels prétendants, qu’elle ne désirait pourtant pas tenter. Les longs doigts jouaient avec les épaisses mèches, d’un châtain sombre. Une chevelure laissée libre, et couvrant les larges épaules. Rita Hayworth dans le rôle de Gilda. Cette petite phrase avait été l’entrée en matière de l’employé de Playboy, le jour de sa surprenante rencontre. Sigourney n’avait pas été convaincue par la tirade du journaliste. Peut-être pouvait-on lui trouver une légère ressemblance avec l’actrice en question, mais cela s’arrêtait là. Une actrice… N’était-ce pas ce qu’elle était devenue ces derniers mois ? Le mot pouvait certainement être employé, aux vues du succès de ses prestations. Actrice de sa propre vie, c’était certain. Une toute nouvelle vie dédiée à un tout nouveau désir.




Un rôle parfait



Les grands yeux noisette fixèrent l’image renvoyée par l’écran de l’ordinateur. Un visage aux traits réguliers. Un nez un peu fort, une large bouche aux lèvres pleines, et un menton un brin trop carré. Un menton, orné d’une petite fossette que Sigourney trouvait laide. C’était pour elle comme une cicatrice et elle n’y voyait aucun charme, contrairement à ce qu’on lui avait rabâché.


Madame Clay porta les mains au satin blanc et releva la longue nuisette sur ses cuisses. Une peau d’albâtre qui ne fonçait que très légèrement sous le soleil. Un long mouvement et le léger vêtement glissait sur le corps de Sigourney, découvrant un buisson de poils noirs, puis dénudant son ventre avant de dévoiler une poitrine bien galbée et ferme. Des seins un peu trop lourds aux yeux de leur propriétaire, même si Sigourney aimait leurs pointes toujours dures. Des bourgeons couleur de châtaigne, sortis de leurs bogues. Des seins qui bandaient, et cette constatation excita soudainement madame Clay. La nuisette enlevée, elle s’étira longuement, avec une nouvelle volupté. Une douce chaleur baignait son ventre et Sigourney sentait sa fente s’imbibait doucement de plaisir.


Entièrement nue, la belle Américaine avait traversé une partie du vaste salon, pour se servir un verre de chartreuse verte. Son péché mignon, depuis qu’elle avait découvert cet alcool mêlant force et douceur. Ce faisant, elle savait parfaitement qu’elle s’offrait en spectacle aux nombreux voyeurs qui l’épiaient, sous couvert de l’anonymat. Fesses tendues vers l’écran, elle prit le temps de remplir un verre de cristal lourd comme un cheval mort. Sigourney s’était servie largement. Ce que les Français appelaient une dose de cheval.


Ce soir, Sigourney avait besoin d’un peu de courage pour s’aventurer à ce qu’elle n’avait jamais osé faire jusqu’ici. Madame Clay avait écumé le monde virtuel. Internet offrait à foison forums et réseaux de toutes sortes. Sigourney découvrait alors des sites dédiés aux webcams. Depuis des mois, Sigourney s’exhibait chaque soir et parfois en pleine journée. C’était toujours de très longs moments. Des shows que madame Clay gérait d’une main experte. La camgirl lisait les interventions de ses admirateurs, répondait de temps à autre, et s’offrait avec une grâce et une délicatesse que beaucoup appréciaient. Elle se demandait d’où cet étonnant savoir-faire lui venait. C’était à croire que s’offrir ainsi était une attitude innée. Madame Clay, se donnait en spectacle très lentement. Après parfois plus de deux heures d’attente, les internautes pouvaient enfin se repaître du corps entièrement nu de leur exhibitionniste préférée. Très vite, Sigourney avait compris qu’elle pouvait soutirer de l’argent à ces gens. Mais à quoi bon ? Plus tard, elle comprenait également que le nombre faramineux de ses admirateurs était le fait de ses prestations totalement gratuites. Les internautes savaient que cette femme, si excitante, se livrait à eux dans l’unique but de s’exciter elle-même, avant toutes autres considérations.


Madame Clay s’était donnée sans retenue. Son microphone ouvert à tous, elle s’était offerte nue, avec sa grâce et la lenteur habituelle, répondant à certaines questions et obéissant à quelques demandes. Pour cette fois, une lumière crue éclairait le canapé de cuir où elle exécutait son spectacle. Assise, allongée, et parfois debout, elle avait dévoilé ses charmes sans rien cacher de son corps. Pour la première fois depuis qu’elle se livrait à ses petits jeux, madame Clay se découvrait une âme de perverse et trouvait son exhibition proche du vulgaire. Et, étonnamment, elle en éprouvait un étrange plaisir. Un plaisir troublant. Plusieurs fois, assise ou allongée sur le cuir, ses doigts tremblants avaient ouvert son sexe, offrant son intimité trempée de cyprine aux regards des inconnus qui se masturbaient pour elle. La belle Américaine avait même osé aller plus loin. Debout et penchée en avant, ses mains avaient écarté les globes fermes de ses fesses, dévoilant le plus secret de son corps. Sigourney ne s’était encore jamais livrée à ce point. Elle n’avait jamais montré à ses voyeurs, ces trésors cachés.


À demi allongée, dos collé au dossier du canapé, madame Clay tentait de calmer son souffle encore affolé. Le corps en sueur, elle était encore ballottée par une douce vague de plaisir inassouvi. Madame



Sigourney Clay, alias Sigourney_SaltHoney pour ce monde des plaisirs virtuels, s’était longuement masturbée face à ses innombrables admirateurs. Un acte impensable pour elle jusqu’ici. Jusqu’à ce qu’elle perde totalement pied et finisse par céder aux demandes et aux suppliques de ses voyeurs. Par deux fois, Sigourney avait été ravagée par une jouissance d’une violence proche d’une légère douleur. Elle avait joui en lâchant des mots sans suite, parsemés de petites plaintes rauques. Son dernier orgasme l’avait même fait crier. Une jouissance torride teintée d’une honte incroyablement excitante. Il semblait pourtant à Sigourney qu’elle avait encore envie de jouissance. Madame Clay ne se reconnaissait plus. Elle se sentait devenue une autre femme. Une femme plus gourmande des plaisirs du sexe. Madame Clay se sentait salope…




Monsieur Plume




L’homme avait parlé alors que Sigourney, yeux fermés et exténuée par une jouissance intense, cuvait encore son deuxième orgasme. Cuisses serrées et bras couvrant sa poitrine, la belle Américaine avait ouvert les yeux sans répondre, cherchant à définir à qui appartenait cette voix.



Monsieur Plume avait une voix basse et grave. Sans bouger de sa place, Sigourney avait trouvé la caméra liée à la voix masculine. L’internaute était le seul à ne montrer que son visage. Un visage noyé dans une légère obscurité.



Madame Clay avait appris le français très jeune et très vite. Elle avait aimé manier la langue de Molière. Depuis qu’elle vivait en France, son attrait pour cette langue s’était encore amplifié. Elle adorait parler et écrire en français.



Un court silence et la silhouette de l’internaute bougeait dans la semi-pénombre. L’homme avait une chevelure sombre et des yeux clairs semblaient luire dans une légère obscurité.



Le rire grave de l’homme fit sourire madame Clay. Il ne se moquait pas et paraissait simplement amusé.



Il sembla à Sigourney que l’internaute avait souri.





Porte-plume et encrier



Sigourney Clay regarda le porte-plume en onyx assorti au magnifique encrier ancien. Elle en avait terminé de lire le message de cet étrange Monsieur Plume. Cet inconnu n’avait pas menti sur la teneur de ses propos écrits. Ce qu’il demandait n’était absolument pas lié à un show de Sigourney. C’était de tout autre chose dont il s’agissait.


Dans sa nouvelle existence, Sigourney passait de longues journées en lectures, comme en écritures. Madame Clay avait toujours été passionnée de lecture et tenait un journal intime depuis l’adolescence. Sigourney écrivait également d’autres petites choses, avec le désir caché de donner un jour naissance à sa passion. Écrire un roman. Elle s’était lancée dans de nombreux essais. Des tentatives qui ne l’avaient jamais satisfaite. Depuis quelque temps, Sigourney Clay avait l’idée amusante d’écrire un autre genre de texte. Une prose teintée d’un léger voile d’érotisme. Cette nouvelle tentative s’était soldée par un étonnant échec. Le voile érotique s’était dissipé après quelques pages noircies, et les mots de Sigourney s’étaient précipités sur le papier. Des mots crus et parfois vulgaires. La trame de l’histoire, teintée du rose de l’érotisme, avait viré à d’autres nuances de couleurs. Les désirs amoureux de son héroïne devenaient une soif avide de luxure qui écœurait presque son autrice. Un échec décevant qui avait miné la belle Américaine.


C’était à croire que ce Monsieur plume avait lu dans ses pensées les plus profondes. Ou qu’il était un mage possédant une boule de cristal. Ce que ce voyeur inconnu désirait de Sigourney était très simple. Si elle aimait lectures et écritures, Monsieur plume lui proposait des échanges épistolaires. Une correspondance entre eux qui resterait anonyme. Il suffisait pour cela d’une adresse poste restante. Il y avait cependant une condition incontournable. Leurs écrits se devaient d’être uniquement érotiques. Rien d’autre ne l’intéressait. Sigourney le faisait littéralement craquer. Il avait tout vu d’elle et n’avait pas besoin de plus. Ou plutôt, l’on pouvait dire qu’il en voulait beaucoup plus. Monsieur plume avait vu son corps. Il espérait découvrir son esprit. Alors, si elle était intéressée par ce petit défi, ne pourrait-elle pas commencer ce petit jeu en lui expliquant ce qu’elle éprouvait en s’exhibant devant des inconnus ? Le message affichait ensuite une adresse assez bizarre. Certainement le fameux « poste restante ».




Échanges épistolaires



Des pages et des pages parsemées de mots. Un petit matelas de feuilles de papier immaculé, comme entachées de traces noires. Une si belle écriture dévoilant des écrits si vilains. Si vilains à l’oreille de certaines gens et si agréables à lire pour d’autres. Tout avait pourtant si bien commencé…


La belle et sulfureuse actrice était devenue une autrice maudite. Sigourney expliquait à son étrange Monsieur Plume ses débuts de camgirl. Elle narrait de ses plus beaux mots ses premiers désirs d’exhibitionniste. Elle ornait sa page de ses plus jolies phrases pour détailler ses premiers émois. Puis tout était parti à vau-l’eau. Une excitation idiote avait serré la gorge de la belle Américaine quand elle avait abordé le moment, où Monsieur Plume lui avait adressé la parole. Quelques mots crus lâchés précipitamment sous une légère honte d’oser avouer qu’elle s’en retrouvait agacée autant qu’excitée. Des mots aussitôt écrits. Des phrases horribles noircissaient ensuite le si délicat papier blanc. Elle, Sigourney s’abandonnait à avouer qu’elle mouillait d’écrire ces petits secrets intimes. Et enfin vinrent les fautes d’orthographe. Quelques-unes d’abord, puis d’autres, suivies d’oublis de mots… Le début d’un orgasme qu’elle devinait ravageur, et contre lequel elle tentait de lutter. Quant à son écriture… C’était maintenant un véritable désastre !


Sigourney avait joui sous cet atroce carnage. Elle avait joui en écrivant qu’elle avait envie de s’abandonner totalement. Elle expliquait qu’elle désirait s’exhiber comme la dernière des catins. S’exhiber à lui. À lui, Monsieur Plume ! La dernière phrase était à peine compréhensible. Sigourney clamait à cet inconnu que s’il voulait bien d’elle, elle serait sa putain soumise. Deux derniers mots et la lettre se terminait. Madame Clay avait écrit « Je jouis ». Deux mots baignant dans une tache d’encre noire comme une nuit sans lune.



Se mettre dans des états pareils et s’exhiber à un homme qui avait déjà tout vu d’elle.



Le porte-plume glissa lentement des longs doigts de sa propriétaire.

Cuisses ouvertes sous le déshabillé de satin noir, la belle Américaine râlait doucement, pulpe de son majeur, pesant sur son clitoris gonflé.



Un déclic soudain, avait déclenché une impensable réaction. Un acte dont madame Clay se croyait incapable. Sans pouvoir se contenir plus longtemps, Sigourney se libérait une nouvelle fois de cette étrange pulsion qui lui nouait le ventre. Le souffle court, elle jetait son porte-plume d’un autre âge sur le bureau de bois, éclaboussant le papier à lettres d’encre noire. Puis, sa longue main relevait la jupe flottante de coton blanc.


Sigourney s’était une nouvelle fois noyée dans la jouissance. Se tordant avec volupté tout en gémissant doucement. L’autrice ratée sentait son corps parcouru de tremblements incontrôlables. Cela avait été comme un rêve éveillé. L’orgasme passé, elle s’était retrouvée affalée dans le vaste fauteuil de cuir, main encore nichée dans sa culotte de soie, les doigts enfouis dans son intimité trempée. Après un long soupir, madame Clay soufflait un dernier « oh my God » et ouvrait les yeux. Jamais, elle n’avait été autant bousculée par le plaisir.




Le voyeur de mots



Le soir venu, Sigourney, de nouveau assise à son bureau de verre et de bois, réfléchissait à sa toute récente découverte.


Jeffrey, son premier amour, avait toujours satisfait les désirs charnels de sa fiancée. Jeffrey était un jeune homme charmant et bien de sa personne. Le seul amant de Sigourney avant ses épousailles. Finalement, les choses avaient mal tourné entre les deux amants et Sigourney avait quitté la Californie. Paul, lui, avait été un mari odieux, mais un amant acceptable. Les premiers temps, en tout cas. Ensuite, madame Clay apprenait qu’elle était une femme trompée et se refusait à son époux. Dès lors, les rares envies de Sigourney étaient satisfaites de manières solitaires. La belle Américaine se suffisait à elle-même. Les désirs de Sigourney s’étaient amplifiés, dès la naissance de sa nouvelle vie. Il ne se passait pas plus de quelques jours, avant qu’elle ne cède à ses envies. Parfois en pleine journée, plus souvent le soir venu ou en pleine nuit, madame Clay se caressait. Un acte toutefois un peu mécanique. Une simple façon d’apaiser certaines tensions. Puis Sigourney s’était construit une vie de comédie. Elle se lovait avec délectation dans l’exhibition. Elle adorait jouir du désir qu’elle provoquait chez tous ceux qui la regardaient. Ses voyeurs, ses fans, ses followers comme certains les nommaient. Ses admirateurs, comme elle préférait les appeler.


Cette fois, l’écriture avait tout changé. Sigourney avait connu ce qu’elle n’avait jamais ressenti jusqu’à ce jour. Elle s’était sentie chavirer dans une jouissance intense. Elle s’était totalement et irrémédiablement perdue dans une honte terriblement excitante. Elle avait joui comme une folle, sans bien comprendre ce qui lui arrivait. Un moment qui la troublait encore, alors qu’elle baignait dans une petite extase érotique agréable. Madame Clay s’était entendue crier plusieurs fois, ravagée par un interminable orgasme d’une puissance inconnue d’elle jusque-là.


Ce Monsieur Plume était un inconnu. Il ne connaîtrait pas même son adresse. Que risquait-elle ? Passer pour la pire des salopes ? C’était déjà fait. Il n’avait raté aucune de ses prestations. Sigourney posterait sa prose en l’état. Elle délivrerait sa lettre telle qu’elle l’avait laissée sur son bureau.


Une unique pensée perturbait la belle Américaine. Elle en était presque effarée. Elle espérait réellement que sa lettre plaise à ce Monsieur Plume. C’était d’ailleurs plus une bouée de sauvetage qu’un espoir. Plaire à d’autres en exhibant son corps avait été facile et elle y avait trouvé beaucoup de plaisir. Elle désirait réellement plaire à cet homme. Elle tenait vraiment à satisfaire cet inconnu pour pouvoir lui écrire encore. Encore et encore… Pour se donner à lui en écritures. Pour s’offrir à ce voyeur de ses mots… Sigourney Clay avait touché du doigt un autre monde ! Et elle l’avait déjà compris, ce monde-là pourrait être merveilleux…