n° 22940 | Fiche technique | 67262 caractères | 67262 11964 Temps de lecture estimé : 48 mn |
24/02/25 |
Présentation: Une histoire fort soft située au Pays du Soleil Levant. | ||||
Résumé: La ville d’Hachinohe [Hatchinohé] est située sur la côte Pacifique, dans la préfecture d’Aomori, tout au nord de la grande île de Honshû [Honnchou], l’île principale du Japon, là où il y a Tôkyô et Fukushima. | ||||
Critères: #romantisme fh jeunes | ||||
Auteur : Patrik (Carpe diem diemque) Envoi mini-message |
Une histoire fort soft située au Pays du Soleil Levant. Les noms japonais ont été écrits en respectant si possible la longueur des voyelles, indiquée ici par un accent circonflexe (ex. : Tôkyô). Bonne lecture :)
La ville d’Hachinohe [Hatchinohé] est située sur la côte Pacifique, dans la préfecture d’Aomori, tout au nord de la grande île de Honshû [honnchou], l’île principale du Japon, là où il y a Tôkyô et Fukushima. Son activité principale est la pêche, un tiers du poisson japonais, ce qui n’est pas rien quand on connaît l’appétence des autochtones. Les hivers sont froids (parfois sibériens) et neigeux, et les étés courts, mais souvent étouffants. J’aurais préféré faire ma scolarité plus au sud (pour info, Tôkyô est à presque 700 kilomètres plein sud), mais, malheureusement, je n’ai pas pu choisir mon point de chute.
Il y a néanmoins des plages de sable intéressantes, si on n’est pas trop frileux, car, si les eaux sont très poissonneuses, c’est dû à un courant qui vient du nord, longeant la Sibérie et le Kamchatka (à vos souhaits), qui ne sont pas précisément réputés pour leur climat tropical. À la louche, nous sommes sur la même latitude que Vladivostok, port russe souvent pris par les glaces. La curiosité géographique locale réside en deux fleuves (distants d’un kilomètre) qui se jettent dans la mer. Pas de quoi monter au pinacle…
Qu’est-ce qu’un jeune Français comme moi vient faire ici ?
Ma mère est japonaise tandis que mon père est français, ce qui explique que je sais parler correctement le japonais, alors que je suis la photocopie de mon père, c’est-à-dire plutôt grand, châtain clair, avec des reflets roux, yeux verts, ce qui fait qu’on me repère instantanément dans la foule, ayant facilement une tête de plus que mes voisins. Afin de parfaire mon japonais, j’ai accepté de faire un an sur place, mais je croyais atterrir à Tôkyô ou à Kyôto (j’aurais préféré).
Mais non…
Ma seule consolation est que j’habite chez un petit-cousin de ma mère qui est très friand de savoir comment ça se passe en Europe. Ce qui explique probablement mon atterrissage en ces lieux. De ce fait, souvent le soir, je joue les conteurs devant sa famille et les voisins, avec une profusion de thé et de petits gâteaux au goût souvent étrange. Dès la deuxième soirée, le fils cadet a eu l’idée de m’enregistrer et de mettre les vidéos sur le web, c’est ainsi qu’en un mois, je suis devenu ainsi une curiosité locale…
Je m’appelle Xavier Desfontaines, mais mon prénom est imprononçable pour les Japonais, résultat, je suis devenu Zabieru [zabiér’, le u final ne se prononce pas]. Pour info, Saint-François Xavier était le missionnaire des Indes et du Japon. Je parie que c’est pour cette raison que ma mère a choisi ce prénom, mais elle ne me l’a jamais confirmé. Quant à mon nom de famille, j’entends souvent Dehoten [déhotênn, le son « fo » n’existe pas en japonais std], ce qui est un moindre mal.
Dans le nord du Japon, on est un peu moins formel que plus bas dans le Centre. De ce fait, les filles récupèrent vite un surnom avec -chan [tchann] comme suffixe, et les garçons avec -kun [kounn]. Souvent, c’est le début du nom ou du prénom qui est choisi, mais ça peut provenir d’une autre origine.
Un élève avec qui j’ai sympathisé assez vite m’explique :
Il ouvre de grands yeux :
Aujourd’hui, nous allons pour la première fois à la piscine. C’est aussi la première fois que je me mets en maillot de bain devant tous les élèves. Le moins que je puisse dire est que j’étonne la classe. Oui, je suis poilu, pas trop, mais pour les Japonais, beaucoup trop. Je rétorque avec humour à la question de mon voisin :
Petite parenthèse : comme mon prénom japonisant est Zabieru, le diminutif aurait pu être Za-Kun. Or c’était déjà pris. Résultat, ils ont gardé la même syllabe et l’ont rendue sourde (z→s), d’où Sa-kun (sakounn).
Néanmoins, malgré mes poils, je sens bien que les filles me matent et que certains garçons me jalousent un peu. Je n’ai pas tout à fait le physique d’un culturiste, mais j’ai des biceps assez apparents, idem du côté de mon ventre où se dessine un commencement de tablette de chocolat. Il est vrai que je m’entretiens physiquement, je tiens ça de mon père qui est resté fort beau malgré son demi-siècle dépassé.
Quant à ma mère, elle ne vieillit pas, immuable. Un beau jour, je vais devenir plus âgé qu’elle !
Aujourd’hui est décidément la journée des premières fois : Minami (Mi-chan) Yoshihara en maillot de bain, ça vaut le coup d’œil. Je savais que la nature l’avait avantagée entre le menton et le nombril, mais même avec un maillot de bain très laid (celui obligatoire de l’école), il est flagrant que la demoiselle est bien pourvue. Plus bas, son bassin est plutôt confortable sans l’être de trop.
Il m’est déjà arrivé de bavarder un peu avec elle. Je ne dirais pas qu’elle est ostracisée par les autres filles, mais elle traîne une mauvaise réputation. J’ai entendu des rumeurs comme quoi elle était une fille facile. J’ai des doutes. Je crois plutôt que c’est une gentille fille, un peu poire, dont la bonne volonté peut être facilement abusée.
Comme chat échaudé craint l’eau froide, elle s’isole souvent pour éviter les soucis. Mais ceux-ci viennent parfois à elle.
Comme dans n’importe quel pays, quand des jeunes, filles et garçons, sont dans la même piscine, les uns regardent copieusement les unes, c’est moins ostensible dans l’autre sens. Malgré les maillots de bain scolaires qui ont sans doute décroché le premier prix de laideur, il est parfaitement loisible de deviner bien des choses en ce qui concerne l’anatomie féminine, surtout quand c’est un poil trop petit : c’est assez moulant…
Je me demande si c’est volontaire ou pas. Je ne serai pas étonné que ce soit la première option chez certaines filles. De son côté, Minami-san passe son temps à immerger tout son corps jusqu’au menton, mais parfois, elle est obligée d’en montrer un peu plus. Je dois reconnaître que la demoiselle possède un sacré répondant, du moins pour une Japonaise.
Je ne sais pas si les performances athlétiques de la classe sont bonnes, passables ou mauvaises, mais le temps passé à barboter dans l’eau n’a pas été perdu pour tout le monde, c’est certain !
Yôko Takahashi (l’une des plus belles filles de la classe, voire de l’établissement) a visiblement décidé de lancer les hostilités contre cette pauvre Minami qui n’a pourtant rien fait de mal à quiconque. Mais certaines personnes aiment bien affirmer leur leadership, même s’il faut détruire quelqu’un au passage. Et Yôko se veut être une meneuse, peu importe les dégâts que ça peut produire.
Dommage qu’elle ait ce caractère un peu pourri, elle me plaisait bien…
Au début, je ne m’en mêle pas, je suppose que cette peste de Yôko va se lasser puis tourner des talons par lassitude devant l’inertie de sa victime. Mais non, elle en rajoute une marmite complète, en insistant allégrement sur ses attributs mamellaires, et cette pauvre Minami ne sait visiblement pas se défendre.
À la grande surprise de toute la classe, assez excédé, j’interviens en mettant les choses au point, tout en adoptant un langage assez formel :
Ce n’est pas tout à fait vrai, mais c’est une façon pour moi de dire que tout est relatif. Avec un sourire mauvais, Takahashi-san riposte :
Je la coupe net dans sa phrase :
Tandis que la majorité de la classe rigole, ses yeux me lancent des éclairs. Elle sait très bien que c’est ainsi qu’on la surnomme dans son dos, mais elle n’en revient pas que je puisse lui dire en face et devant tout le monde. Un peu désarçonnée, elle riposte autrement :
Je la toise silencieusement de haut, comme si elle était un vulgaire insecte rampant. Elle amorce un petit mouvement de recul. Puis, je lâche froidement :
Pour la première fois, je vois une ombre de peur s’afficher sur son visage :
Houlà, je n’aime pas qu’on s’attaque à ma mère, c’est atavique. Aussitôt, je rétorque aussitôt sans trop réfléchir :
Ah zut, j’ai parlé trop vite ! Puisque c’est dit, je confirme :
Abandonnant mon auditoire qui est bouche bée, je prends impérativement Minami par le coude, puis je l’entraîne plus loin, à l’écart de toute cette agitation. Quand nous sommes assez éloignés, elle bafouille :
Ma mère est en effet une Hôjô, mais pas de la branche principale, j’en conviens aisément, mais ce n’est pas pour autant qu’elle est négligeable. Pour donner une petite idée, c’est un peu comme si ma mère était une descendante lointaine d’Henri IV. Mis à part, que la lignée Hôjô remonte à plus loin encore.
J’affiche un large sourire :
Minami me regarde d’un air étonné. Je vois qu’elle hésite visiblement à me poser une question, puis elle se décide :
À ces mots, Minami tergiverse :
Bien que ça se libéralise lentement au fil des années, la notion de politesse hante toujours les esprits locaux. En France, nous avons la distinction entre « tu » et « vous ». Au Japon, c’est pire, comme s’il y avait 36 niveaux, avec la distinction entre masculin et féminin, des histoires de supérieur et d’inférieur, sans oublier la notion d’appartenir à un cercle ou d’être en dehors de celui-ci. Un perpétuel casse-tête ! Ce n’est pas pour rien si, quand ils se rencontrent pour la première fois, deux inconnus se tendent d’abord leur carte de visite avant d’ouvrir la bouche.
Revenant au cas de Mi-chan, je soupire :
Elle sourit à moitié :
Ne sachant pas quoi répondre, Minami rougit un peu. C’est ainsi que je suis devenu son garde du corps, pour ne pas dire son « protecteur », car cette dernière appellation est vraiment trop connotée, elle aussi.
Le lendemain, tout l’établissement savait que l’Européen que je suis est néanmoins un Hôjô, un clan qui a régné durant des siècles sur le Japon et qui reste assez influent. Il existe un autre clan Hôjô, plus récent, mais ma mère n’en fait pas partie. Hôjô est aussi le nom d’une ville du Sud, pas loin d’Hiroshima.
Dans la foulée, je suis même convoqué par les hautes instances qui me reprochent mon mutisme concernant mes antécédents :
Je comprends tout de suite à quoi il est fait allusion. Je soupire :
Eh oui, on en parle encore, même après toutes ces années et à presque mille kilomètres des lieux du fait. Il faut croire qu’il ne se passe pas grand-chose de folichon au Japon dans la vie de tous les jours ! Même les tremblements de terre et les typhons sont banaux. Je ne parlerai même pas des scandales de corruption qui émaillent les journaux.
J’affiche un petit sourire convenu :
Par la suite, plusieurs fois, j’ai droit à cette photo sous les yeux. Oui, on voit bien que je ressemble énormément à mon père, et que ma sœur est quasiment la copie en plus grande de ma mère. Du coup, on me considère comme un peu moins étranger et un peu plus japonais.
Comme cette peste de Yôko n’a pas abandonné son stupide projet de nuire à Minami, depuis quelques jours, je déjeune avec cette pauvre exclue, peut-être victime d’une certaine jalousie féminine. Elle a bien protesté pour la forme, par politesse, mais je vois bien qu’elle apprécie ne plus manger toute seule dans son coin. Ah, ces Japonais qui ne veulent pas devoir quelque chose à quelqu’un !
Lors du repas de midi de ce mardi, tout en mangeant son bentô au fond de la classe, Mi-chan me demande :
Entendant cela, Minami s’étonne franchement :
Écartant les bras, je réponds :
Je m’escrime avec mon morceau d’omelette qui est trop mou :
Ma voisine rougit un peu :
Minami hausse des sourcils, on dirait que ça la dépasse. Il est vrai que ce n’est pas dans le caractère insulaire d’agir de la sorte, même s’il y a eu ci et là des contre-exemples, mais de façon très minoritaire. Dans ce pays, on respecte le groupe, on ne s’offre pas des caprices individuels.
Le lendemain, à l’heure du déjeuner, je mange une fois de plus avec Minami. Ses bentos sont toujours un peu étranges, faits de bric et de broc. Je sais qu’elle travaille dans un konbini, une sorte de supérette ouverte 24 heures sur 24. Peut-être récupère-t-elle les invendus ou les périmés…
D’autorité, je dépose du bout de mes baguettes un gros morceau de porc dans son bento :
Elle ne proteste pas. Peu après, le morceau a disparu. Minami a compris depuis un certain temps que, quand je décide de certaines choses, il est inutile de tenter de me faire changer d’avis. J’ai parfois un petit côté autoritaire. Je pense que j’ai récupéré ça à la fois de ma mère et de mon père, chacun ayant sa façon bien à soi.
Même si la date est passée d’un bon trimestre, la conversation vient de rouler sur la Saint Valentin qu’on ne fête pas au Japon de la même façon que partout ailleurs. Répondant à ma question, Mi-chan avoue :
Jouant avec ses baguettes, Minami explique :
Au Japon, la St Valentin (14 février, comme chez nous en France) est une fête commerciale durant laquelle les femmes (uniquement elles) offrent des chocolats aux hommes. C’est ancré dans les mœurs et c’est devenu une quasi-obligation. Un mois plus tard (14 mars, le White Day), les hommes qui ont reçu des chocolats ont l’opportunité d’offrir aux femmes un cadeau en retour, ce cadeau devant être blanc (chocolat blanc, bijoux, lingerie, etc.) et d’une valeur si possible trois fois supérieure à celle des chocolats offerts. L’absence de cadeau en retour est considérée comme le signe d’une inclination unilatérale de la part de la demoiselle.
N’empêche qu’attendre un mois pour avoir une réponse, c’est looong ! La patience est de mise sous ces cieux, et on a le temps de bien réfléchir quant à la réponse.
La rentrée scolaire au Japon s’effectue début avril, durant la floraison des cerisiers (sakura). De ce fait, je n’ai pas eu droit à mon chocolat, qu’il soit sincère ou de consolation. Et attendre maintenant neuf mois pour vivre cette coutume ne m’emballe pas.
Minami reste songeuse, puis d’une voix douce, elle répond :
Je vais néanmoins attendre avec impatience ce fameux chocolat.
J’en sais un peu plus sur Minami. Elle est issue d’une famille de l’intérieur des terres, un coin perdu dans le creux d’une vallée où la seule activité réelle est l’élevage des volailles. Elle ne s’est jamais sentie à sa place, et, comme elle a pu prouver à l’école qu’elle pouvait mener des études, elle a réussi à décrocher une bourse qui couvre partiellement ses dépenses. Pour compléter, Minami travaille dans un konbini, ce qui lui permet assez souvent de se nourrir à moindres frais, à condition de ne pas avoir un estomac fragile.
À son boulot, elle s’habille d’un tablier volontairement large qui cache plutôt bien ses attributs. Nous ne sommes pas en centre-ville ni près du port. Le coin est relativement calme, peuplé majoritairement de personnes d’un certain âge, avec parfois quelques jeunes couples qui n’ont pas trop les moyens. En revanche, par ici, les rues ne sont pas particulièrement plates, ça grimpe parfois rudement. Le Japon est fort montagneux, avec des volcans un peu partout, le plus célèbre étant le fameux Fuji-Yama (selon les Occidentaux), ce qui est une erreur, car Yama signifie montagne, et non volcan. Néanmoins, il y a quand même des montagnes ci et là dans l’archipel. Du moins, je crois.
Le patron du konbini se désole souvent qu’aucun de ses enfants ne souhaite reprendre le magasin. La plupart d’entre eux préfèrent vivre du côté de Tokyo. Seule la dernière vit encore avec ses parents, mais elle partira une fois son diplôme obtenu. La patronne ne dit rien sur ce sujet, elle semble attendre la retraite, mais est-ce que ça existe vraiment dans son cas ? Toujours est-il qu’elle évoque parfois l’archipel Ryūkyū (Okinawa par exemple), le chapelet d’îles entre les grandes îles du Japon et Taiwan. Elle y est allée une fois, il y a longtemps, très longtemps, elle aimerait y retourner au moins une fois.
Géographiquement, Hachinohe, c’est presque Hokkaidô, l’île tout au nord du Japon, endroit que beaucoup de Japonais plus ou moins jeunes imaginent rempli d’ours polaires et de pingouins, avec un mètre de neige minimum au plus fort de l’été.
Ajoutons que la ville est surtout un port de pêche, ce qui n’aide pas la réputation des lieux. J’avoue qu’il ne fait pas toujours très chaud, mais je suis arrivé ici en mars, et je n’ai pas encore connu d’hiver ici, mais je sais que le thermomètre peut y être très négatif. Côté archi et aménagement, cette ville ressemble à bien d’autres, même dans le sud du Sud. Et bien que je me sois baladé plus d’une fois sur le port, mes narines n’ont pas été assaillies tout le temps par une odeur entêtante de poisson. Il faut savoir faire la part des choses.
Bien que ce konbini soit plus éloigné que celui que je fréquente, je viens ici de temps à autre, surtout quand je raccompagne Minimi qui vient directement ici, et qui se change dans les toilettes. Dans les rayons, je découvre souvent des choses étranges dont je suis parfois obligé de demander ce que c’est, ce qui fait souvent rire le couple de propriétaires des lieux (le mari et la femme alternent pour maintenir le magasin ouvert).
Une sensation insolite s’empare souvent de moi à voir Minami travailler ici. La première fois, j’ai songé à Cosette, celle du roman « Les Misérables », mais c’est exagéré. Néanmoins, je ne peux pas dire que cette fille ait la vie facile, elle a choisi sa voie et elle assume, même si ce n’est pas évident tous les jours, surtout en étant dans la même classe que cette chipie de Yôko !
Comparativement, j’ai eu une jeunesse heureuse, très heureuse, et mon avenir est quasiment tout tracé, sauf si je fais une énorme connerie, mais ce n’est pas dans mon caractère de vouloir en faire.
Ce vendredi, en fin d’après-midi, je découvre un petit paquet entouré d’un ruban bleu dans mon casier. Inutile de mettre un cadenas, les voleurs sont très rares. Je sais très bien qui l’a déposé, mais impossible de mettre la main sur Minami, elle s’est carrément enfuie, juste après le dernier cours.
Pourquoi ça ne m’étonne même pas ?
J’ouvrirai son cadeau quand je serai rentré. En attendant, je l’enveloppe dans un T-shirt propre, afin de ne pas le casser. Je suppose que c’est mon chocolat de Saint-Valentin, si mon nez ne me trompe pas.
Une fois sur deux, la semaine se termine le vendredi et non le samedi. Cette fois-ci, j’aurai donc droit à un long week-end de deux jours complets. C’est peut-être pour cette raison que Minami a déposé ce chocolat dans mon casier.
De retour chez le cousin de ma mère, après avoir salué tout le monde dans le bon ordre (très important), je grimpe dans ma chambre. Puis je vide mon sac, y compris mon cadeau soigneusement protégé et emballé.
En effet, c’est un beau chocolat en forme d’étoile ou de fleur, une forme un peu curieuse, sur laquelle il est écrit « Merci » en français, effort méritoire de la part de Mi-chan. Je me demande s’il n’y a pas un message caché, mais lequel ? Mon chocolat au milieu de la table, je tourne autour pour envisager ce cadeau sous divers angles.
Rien à faire, pas de déclic.
De ce fait, je m’éloigne pour aller chercher une boisson fraîche dans le petit frigo, j’en ai besoin. Quand je reviens vers la table, regardant le chocolat d’en haut sous un autre angle, j’ai alors la révélation : il s’agit de plusieurs cœurs emboîtés. On dirait même que ça forme un X comme mon prénom. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un chocolat de consolation ou de remerciement, mais, avec les Japonais et plus précisément les Japonaises, il faut parfois s’attendre à plein de subtilités diverses.
Samedi et dimanche, je n’ai pas contacté Minami, je savais qu’elle était assez prise, même si j’aurais pu aller la voir au konbini. Lundi matin, quand je l’ai revue, je n’ai pas fait allusion à son petit cadeau, je sais que ça ne se fait pas (enfin, pas tout de suite), donc j’ai joué le jeu. De plus, nous avions des exams à passer ce jour-là, et de ce fait, la tête à autre chose. Mais ce mardi midi, je m’offre une allusion :
Puis je parle volontairement d’autre chose, visiblement au grand soulagement de ma voisine. J’ai beau commencer à m’habituer à la mentalité japonaise, je trouve sa réaction un peu étrange : elle m’offre un chocolat assez orienté, mais elle n’est pas pressée de connaître ma réponse à ce sujet !
Mardi en fin d’après-midi, après un détour au konbini, doté d’un gros sac à dos bien rempli et d’un autre plus petit que je tiens en main, je raccompagne Minami pour la première fois chez elle (ce qui est une marque de confiance). De toute façon, Mi-chan aurait eu des difficultés à porter ce sac, elle se contente de traîner derrière un cabas à roulettes. Voyant la bâtisse où elle habite, je m’exclame spontanément :
Je m’en amuse :
Son « chez elle » se limite à un petit studio (possédant quand même un coin toilette), chichement aménagé avec une table basse traditionnelle et chauffante (kotatsu), quelques caisses posées sur le flanc qui servent d’armoires et dans un coin une grosse valise dans laquelle diverses choses sont enfermées. Avec le très classique futon (matelas-lit) roulé dans un coin pour gagner un peu de place. Sans oublier le coin cuisine.
Minami ne roule pas sur l’or, c’est certain, mais c’est très propre.
Le moins qu’on puisse dire est que c’est que le bâtiment est vétuste. J’ai la curieuse impression que, si je donne un bon coup de pied sur l’une des poutres de soutien, tout s’écroulerait comme un château de cartes. Mais je suppose que le coût de la location ne doit pas être abusif.
Nous déballons le contenu du sac à dos et du cabas à roulette. Minami le range de façon que ça tienne le moins de place. Je m’assieds sur le parquet près du kotatsu, tandis qu’elle prépare le thé. Durant ce temps, j’extirpe un paquet blanc de celui que j’avais en main. Quand Mi-chan s’assied à son tour en attendant que l’eau soit bouillante, je lui tends l’emballage :
Elle rougit aussitôt. Il est vrai que je viens de lui offrir un lot de petites culottes blanches. Elle ne sait pas quoi dire. Alors je prends la parole :
Son casier ne fermant pas, il y a quelques jours, avant le chocolat, je me suis offert le luxe de regarder ses habits de rechange, par pure curiosité. Je sais, ce n’est pas bien. Samedi, après le chocolat, j’ai fait un détour pour mettre les pieds dans un magasin spécialisé.
Les jupes des filles étant assez courtes, selon la position, on a parfois le bon angle et la belle vue. Je me montre un peu moqueur :
Je lui tends un autre paquet qu’elle prend avec un peu de réticence. Elle hésite un peu à l’ouvrir. Elle est momentanément sauvée par l’eau qui est bouillante. Alors, elle se lève aussitôt. Peu après, j’ai droit à une tasse bien fumante de thé. Après avoir trempé mes lèvres, je constate avec étonnement :
Après avoir bu une gorgée, elle se décide à ouvrir le deuxième paquet. Elle découvre des soutiens-gorges. À moitié cramoisie, elle me demande :
J’ai eu quelques difficultés à trouver le bon modèle, car Minami utilise un balconnet peu commun. Puis je lui tends un troisième paquet :
Cette fois-ci, elle découvre deux nuisettes blanches fort sages, bien qu’un peu translucides en fonction de l’éclairage. Sans me regarder, elle murmure :
Je la coupe dans sa réponse :
Ouvrant de grands yeux, Minami devient totalement cramoisie :
Ma voisine ne sait plus où se mettre. Elle évite de me regarder. Je me lève pour m’asseoir à ses côtés. Capturant son menton entre mes doigts, je tourne sa tête vers la mienne :
Je pensais qu’elle avait atteint le summum du cramoisi version apoplectique, mais non, elle est plus qu’écarlate. Néanmoins, après une certaine hésitation, fermant les yeux, elle s’exécute tout en frémissant de la tête aux pieds.
Son baiser est très timide, ce qui ne m’étonne pas. De plus, ce n’est pas trop dans l’air du temps pour une Japonaise de faire le premier pas. J’aurais pu faire ce premier pas, mais je me suis dit qu’il serait bon de démarrer d’une autre façon.
Puis, c’est à mon tour de répondre à son baiser, tout en l’enlaçant. Le mien est nettement moins timide. Si on m’avait dit, il y a quelques semaines, que j’embrasserais Minami, j’aurais répondu que non, elle n’était pas tout à fait mon genre de fille. Yôko plutôt, mais pas avec le fichu caractère qu’elle a !
Une Yôko avec la moitié du caractère de Minami, ça pourrait donner quelque chose de bien. Minami est trop… Gentille ? Poire ? Attendrissante ?
Quand nos lèvres se séparent, je la garde captive. Elle reprend petit à petit ses esprits, puis elle ouvre la bouche pour me faire un petit reproche :
À nouveau, elle rougit. Mais elle ne dit pas non quand je l’embrasse de nouveau ! Et ne proteste pas quand mes mains se sont un peu égarées…
Nous nous sommes cachés durant un gros mois, c’est amusant au début de faire des bisous et des câlins en douce à la sauvette, puis j’en ai eu marre de ne pas pouvoir vivre librement ma nouvelle relation.
Lors d’une pause de midi, au tout début, me plaquant contre le dos de ma chérie, je l’enlace posément devant tout le monde. Étonnée et inquiète, Mi-chan se raidit un peu. Je sais que ça ne se fait pas au Japon, même avec des personnes assez ouvertes sur les mœurs étrangères. J’enfonce le clou :
Puis je l’embrasse dans le cou, ce qui provoque des murmures et des regards étonnés :
Une fois de plus, Yôko Takahashi intervient en m’apostrophant :
C’est ma petite amie qui réagit en bafouillant :
Elle devient rouge comme une pivoine. Être appelée « ma chérie » en public, c’est hautement torride au Japon ! Il est peut-être temps de préciser que « minami » signifie « sud », et que ce prénom dégage un sentiment de douceur et de chaleur dans l’imaginaire nippon.
Sans toutefois se dégager de mon étreinte, elle me fait remarquer d’une voix douce :
Curieusement, depuis que j’ai dit que j’embarquerai Mi-chan avec moi, les autres se taisent, même Yôko, la situation est sans doute très étrange, inhabituelle pour eux. Toujours captive dans mes bras, Minami rougit un peu plus :
Toujours plaqué contre son dos, je réponds à son oreille :
Toujours captive dans mes bras, elle marque une petite pause avant de continuer :
Inutile de préciser que, le reste de la journée, nous avons été tous les deux la cible de tous les regards de la classe. Mais peu importe, le fait que ce soit officiel nous évitera quelques soucis et frustrations.
Quelques jours plus tard, durant la pause, Minami est entourée par diverses élèves un peu trop curieuses qui la pressent de questions. Tout ce petit monde ignore que je ne suis pas loin et que j’entends tout ! En effet, je suis dehors, assis sous une fenêtre ouverte de la salle de cours, mais de l’autre côté du mur…
Je reconnais que je me suis servi plus d’une fois de cette excuse pour justifier un comportement un peu étrange aux yeux des locaux.
Ça, c’est un assez gros aveu, ma chère Mi-chan ! Une autre voix enchaîne :
Au ton de sa voix, Mi-chan devient plus rêveuse :
Le peuple japonais n’est pas du genre à s’épancher. Certains se feraient découper en petits morceaux plutôt que de se confier de la sorte. On peut dire que ma petite amie est très évoluée sur ce plan-là.
Ce que je viens d’entendre de la bouche de ma petite amie est aussi une facette typique de la mentalité locale. Elle serait capable d’imiter ces héroïnes tragiques qui se suicident en remerciant l’amant qui les a pourtant délaissées avec la même excuse. Ça me dépasse un tantinet, mais chaque peuple possède sa façon de voir les choses.
Tandis que je déambule tout seul dans les couloirs, je me retrouve nez à nez avec Yôko qui attaque directement :
Elle fronce des sourcils :
Elle n’a pas tort, mais je ne vais pas lui faire ce plaisir. Je dévie ma réponse :
Une fois de plus, je préfère biaiser ma répartie :
Ah bon ? J’avais peut-être une ouverture avec Yôko ? Ou bien dit-elle ça pour me donner des regrets ? Peu importe, mon choix s’appelle Minami qui est nettement plus accommodante que Yôko, même si cette dernière est une bombe anatomique avec laquelle la plupart des garçons adoreraient parader.
Je préfère ne pas relever l’allusion blessante :
La vie est parfois curieuse. Ainsi j’avais une ouverture avec Yôko ? Mais combien de temps aurait pu durer notre « association » ? Notre existence ressemble à une route avec plein de bifurcations dans tous les sens, avec parfois plusieurs chemins qui mènent au même endroit. La voie que j’emprunte avec Minami me semble plus fiable et plus à long terme qu’avec Yôko.
Même si à mon âge, on peut se permettre de s’amuser…
Il existe plein de coutumes au Pays du Soleil Levant. Le voyage d’été en fait partie. Fin juillet, avant les vacances d’août, les classes partent quelque part, entre deux jours à une semaine, en fonction du budget alloué. Pour notre classe, ce sera six jours et quatre nuits. Souvent, c’est direction la plage. Dans les animés, c’est un très bon argument pour montrer les filles en maillot de bain, dans la réalité aussi, car il n’est pas rare que les donzelles s’amusent à porter un maillot nettement plus sexy que celui qu’elles mettent pour aller à la piscine. Il paraît qu’il y a des concours officieux. Le voyage d’été est aussi l’occasion pour certains couples de s’afficher ou de se créer. Ou parfois de rompre.
Après, on s’étonnera que les Japonais évoquent souvent la chose, avec parfois des trémolos dans la voix.
La société japonaise est assez rigide, mais elle offre ci et là des moments de pause, des échappatoires, comme la Saint Valentin et le White Day déjà évoqués. C’est ainsi que Noël est la fête typique des amoureux, en clair, notre Saint-Valentin. Ne cherchez pas après le petit enfant Jésus, ce n’est pas le but de cette fête plutôt commerciale.
Ôita est située à 1 500 km dans le nord-est de l’île de Kyūshū, au bord de la mer intérieure de Seto [Séto] qui borde trois des quatre grandes îles du Japon. Cet endroit est réputé pour sa richesse culturelle et sa beauté naturelle, ainsi qu’un climat agréable et pas trop torride en été. Pour faciliter le tourisme, il existe un aéroport dont les pistes ont été gagnées sur la mer.
Dans l’avion, j’ai la chance de pouvoir être assis à côté de Minami. Quand l’avion commence à rouler sur le tarmac, elle se crispe :
Durant tout le trajet, nous nous sommes tenus par la main, ce qui est déjà le comble de l’osé pour certaines personnes. Je sais très bien que nous sommes la mire de la plupart de nos voisins et voisines.
Je ne suis pas contre les gentils flirts poussés, mais j’aimerais beaucoup pouvoir tripoter à mon aise ma petite amie, sans parler du fait de vouloir la posséder entièrement ! Je me dis alors qu’en Europe, on a quand même plus de latitude pour le faire. Du moins, là où j’ai vécu durant quelques années.
Néanmoins, j’ai constaté que c’était plus facile au Nord qu’au Sud. Et je ne suis pas le premier à l’avoir remarqué. D’accord, les filles du Nord sont plus couvertes, mais plus ouvertes que celles du Sud. Elles savent se débarrasser de leurs vêtements, et elles sont moins surveillées. Du moins en Europe, je le précise à nouveau. Au Japon, je ne sais pas. Mais j’ai entendu souvent dire que les filles de la Capitale étaient des sacrées délurées, du moins par rapport à celles du coin.
Bah, je suis à côté de ma Mi-chan, c’est déjà ça… Et celle-ci est de bonne composition, c’est encore mieux !
Mis à part quelques passages obligés dans divers musées et autres lieux à ne pas manquer, nous avons quartier libre, ce qui se traduit la plupart du temps par une visite des plages locales. La plupart des filles ont troqué leur maillot de piscine informe contre des tenues souvent affriolantes. La fameuse Yôko porte sur elle un article qui fait tourner bien des têtes. Quant à Minami, elle a adopté un maillot moins échancré, mais qui met astucieusement ses formes en valeur tout en restant classe. Nous avons eu la chance de rapidement trouver ce modèle avant de partir.
Inutile de préciser que dans l’eau, à l’écart des autres, je me fais un plaisir de la bisouter un peu partout avec mes mains qui vérifient en permanence si toutes les courbes de son mignon petit corps sont toujours au même endroit !
Minami ne me lâche plus la main, comme si elle avait peur que je m’envole. Elle se justifie :
La première nuit sur place, d’un côté les filles, et de l’autre les garçons. Dans notre dortoir, ça a beaucoup causé de l’élément féminin, des espoirs de certains durant ces jours spéciaux. Pour la deuxième nuit (avec option pour deux autres), avec l’accord de ma petite amie, j’avais loué d’avance une chambre avec vue sur la baie. Autant bien faire les choses pour notre première réelle fois à deux, n’est-ce pas ?
Elle attendait visiblement ce moment et moi aussi. Bien sûr, il a fallu négocier cette escapade peu conforme au règlement…
Dans cette auberge traditionnelle, nous avons fait les choses dans le respect de la tradition : un bon bain chaud séparément pour commencer, ensuite nous avons revêtu chacun un yukata (kimono léger), puis dégusté un repas typiquement japonais. L’ambiance est assez irréelle, de quoi nous fabriquer des souvenirs pour très longtemps.
Ce soir, cette nuit, j’ai tout donné et j’ai tout pris. Elle aussi, elle m’a tout donné et elle m’a tout pris. Accord parfait. Je ne doutais pas que ça fonctionnerait bien entre nous, mais je suis cependant étonné que ce soit à ce point, si synchrone, si évident. Je songe à tout ça, allongé dans le grand futon, avec Minami endormie et blottie contre moi.
Au matin, je confirme ma réservation pour demain et après-demain, pour une deuxième et troisième nuit avant de repartir. Avec une baignoire plus grande pour y être à deux.
Nous avons passé le reste du séjour à flotter sur un petit nuage…
Alors que nous sommes lui et moi seuls dans la classe en train de faire le ménage, Sei-kun me demande sans complexe :
Il a fallu revenir à la vie normale. Mais un gros pas en avant a été maintenant accompli entre Mi-chan et moi. Mais ce n’est pas pour autant que ça va être simple pour nous deux maintenant que nous avons consommé.
Recevoir Mi-chan dans ma chambre alors que j’habite chez le cousin de ma mère n’est pas la solution la plus intéressante si je souhaite batifoler avec elle. Quant à le faire chez elle, vu l’épaisseur des murs, ses voisins seraient immédiatement alertés au moindre soupir ou petit cri. Mais il y a des choses faisables, et je ne m’en prive pas !
La solution usuelle au Japon reste le Love Hotel, un grand classique du genre, à condition de ne pas se faire surprendre. Il n’est pas rare qu’un couple légal aille faire un petit tour dans ce genre d’endroit, car chez eux, à la maison, ça pose problème avec le voisinage ou les enfants.
Petit souci en ce qui nous concerne Mi-chan et moi, il n’est pas rare que des étudiants fassent le guet uniquement pour tenter de surprendre un jeune couple qui voudrait entrer ou qui sortirait de ce genre d’établissement. Bien sûr, les photos du couple pris sur le fait sont très souvent affichées sur les panneaux scolaires, à moins qu’il n’y ait chantage. C’est une facette pas très glorieuse de ce pays…
Le konbini nous offre quelques opportunités, mais il ne faut pas exagérer. De plus, ce magasin est fréquenté, même à des heures indues, sans oublier que le patron, sa femme et sa fille habitent sur place.
Je regrette parfois d’en avoir trop fait durant le voyage d’été, car, maintenant que j’ai eu le plaisir de goûter à Mi-chan, j’en redemande, et pas qu’un peu ! Elle aussi semble demandeuse, même si elle l’exprime moins que moi. En tout cas, elle se laisse tripatouiller avec joie, m’offrant même des opportunités pour la lutiner de la tête aux pieds, en m’attardant souvent sur ses seins et sur ses fesses, sans oublier son ventre et son pubis.
Je raconte toujours mes petites histoires pour le web, avec une spectatrice de plus lors de l’enregistrement. J’ai découvert que, si elle est juste à côté de la caméra, mon récit était plus vivant, car je m’adresse directement à Minami.
Certains visiteurs du blog ont remarqué un petit changement, c’est notifié plusieurs fois dans les commentaires.
Comme il n’est pas possible de cohabiter à deux dans la chambre du cousin de ma mère, je suis venu vivre partiellement chez Minami. Néanmoins, je retourne assez souvent de l’autre côté, car j’y ai laissé quelques affaires, et aussi pour faire mes vidéos, quoique certaines ont été tournées ici, à l’appartement.
Vivre avec Minami est très plaisant, les vacances furent une petite répétition.
Une semaine après mon arrivée plus ou moins définitive, un locataire résiliait son bail. Son appartement étant un peu plus grand, avec une seule mitoyenneté avec une personne âgée un peu sourde. Je suppose que vous me voyez venir…
Déménager fut très facile. Et abuser de Minami encore plus facile !
Abuser est un bien grand verbe, car je n’ai jamais vu une victime si consentante ! Je constate avec plaisir que Mi-chan prend de plus en plus des initiatives. J’ai l’impression qu’elle souhaite emmagasiner plein de choses pour le futur, comme si notre relation devait prendre fin prochainement. Il est vrai que les Japonais ont le sens de l’éphémère, vivant dans un endroit sujet aux tremblements de terre, aux cyclones et aux tsunamis.
Nous vivons à présent comme un couple. Tout s’est mis en place avec naturel. Nous faisons quasiment tout à deux. Mi-chan n’est pas la première fille envers qui j’ai succombé, mais c’est la première avec qui tout semble aller de soi. Nous nous comprenons sans forcément ouvrir la bouche, nous sommes complémentaires telles deux pièces d’un puzzle, ou deux briques Lego. Notre relation est tellement évidente que je n’arrive pas à trouver les bons mots.
Quand nous sommes entre nous, Mi-chan est devenue moins pudique au fil des jours. Elle se balade souvent en yukata ou en chemisette (les miennes) quelquefois largement entrouvert (e), voire parfois uniquement en petite culotte ! J’ai déjà eu la très bonne surprise qu’elle m’accueille toute nue ou habillée en lingerie…
Inutile de préciser que je sais profiter de ses bonnes dispositions, sachant qu’il n’est pas bon de faire attendre une demoiselle si avenante !
Quelques semaines plus tard, alors que nous sommes dans notre nouvel appartement, après avoir consulté ma montre, je pose mon ordi sur la table basse, puis je m’installe face à l’écran. Je fais souvent ce genre de chose pour consulter mes mails, mais aujourd’hui est un jour spécial. M’adressant à ma petite amie qui vient de finir ses devoirs, je lui demande :
Elle n’est plus étonnée par ce genre de requête de ma part, elle s’exécute aussitôt. Elle se colle ensuite à moi, Minami sait que j’aime son contact, et elle aussi aime le mien. Je lance alors la visio : une femme asiatique fort élégante habillée à l’occidentale s’affiche alors à l’écran. C’est alors que je lance ma double bombe :
Minami panique aussitôt :
Puis, se souvenant des conventions en usage dans son pays, elle s’incline bien bas devant l’écran, son front venant presque toucher le clavier de l’ordinateur :
Je suis un petit filou dans mon genre… Je reprends la main :
Ne sachant plus où se mettre, Minami reste tétanisée. Je parle à sa place :
Je souris :
J’ai souvent entendu mon père s’adresser en japonais à ma mère, pour bavarder au sujet de tout et de rien, ou pour que ses propos ne soient pas compris par l’entourage. Deux fois, par inadvertance, j’ai surpris entre eux une conversation qui n’aurait pas dû tomber dans l’oreille d’un mineur.
Ce n’est pas vraiment une demande, mais un ordre. Je quitte la pièce, j’espère que ma mère ne va pas trop cuisiner Minami, d’autant que cette dernière est à moitié morte de trouille. Je sors de l’appartement pour aller attendre dans le couloir commun. Je me demande si je n’ai pas poussé le bouchon un peu loin, aussi bien envers ma mère qu’envers ma petite amie.
Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvre :
Elle est toute rouge de confusion, mais, visiblement, elle n’a pas pleuré, elle n’est pas fâchée ou blessée dans son amour propre. Je suppose que ma chère mère l’a cuisinée comme il fallait. Il est difficile de résister à ma maman quand elle est lancée…
Je reviens m’asseoir face à l’écran. Je n’arrive pas à lire sur le visage de ma mère, mais je constate qu’elle n’est pas irritée.
Ma mère s’exprime cette fois-ci en français, langue que Minami ne comprend pas, mis à part des choses basiques comme bonjour, merci et au revoir. Elle attaque fort en disant :
Ah, un compliment ! Je réponds :
Je sais que ma chère mère va y aller franco. La suite ne me détrompe pas :
Ma mère n’a pas tout à fait tort. Le ton de sa voix est assez ironique. Minami me regarde avec les yeux d’un lapin pris dans les phares d’une voiture. Je pose ma main sur celle de ma petite amie (ce qui la rassure à moitié), puis je réponds :
Nos doigts s’emmêlent. Je réponds franchement :
Ne comprenant rien à notre dialogue, mais étant réceptive aux intonations, Minami serre ses doigts autour des miens. Je demande :
Ma mère émet un petit rire sec :
Aïe ! Je sens que je vais avoir droit à quelques uppercuts de la part de ma chère maman, en plus de me faire broyer la main par Minami !
Ma mère réplique :
Je suis obligé d’admettre :
Ma mère se met à sourire étrangement :
Je m’exclame :
Minami me regarde d’un air très étonné. Sur l’écran, ma mère réplique :
Je fais la grimace. Minami, qui n’a rien compris de ma conversation avec ma mère, s’inquiète, ça se voit dans ses yeux, dans son attitude, dans les jointures blanches de sa main qui broie la mienne. Ma mère continue :
Après une légère pause, ma mère continue :
La voix qui sort de l’ordinateur réplique :
Ma mère concède :
Soudain, ma mère se met à parler en japonais.
Faisant une petite courbette, ma petite amie bredouille :
Je prends la parole :
Ma mère s’adresse à Minami :
Puis elle se met à rougir :
Ma mère affiche un sourire :
Puis elle coupe la communication. Minami se retourne aussitôt vers moi :
Ce qui ne l’empêche pas de venir se coller contre moi.
J’ai conscience que notre histoire ne fait que commencer. Peut-être que ma mère a raison quand elle dit que notre base est un peu curieuse, mais au Japon, il existe bien des couples qui ont commencé de façon plus bancale ! J’ai même entendu la phrase suivante : les mariages en Asie commencent là où finissent les mariages en Occident.
Je suis peut-être jeune, je suis peut-être déraciné dans un pays dont la mentalité ne me convient pas tout à fait, mais sachant que le monde est vaste, et si je peux emmener Minami n’importe où avec moi, alors je pense que tout ira pour le mieux.