Les garçons athéniens promis au Minotaure

Attendent leur trépas ils seront dévorés.

Leur vie dans cette nuit lentement s’évapore

Sur leur jeunesse nue aux beaux muscles dorés.

Chacun est sans défaut : le merveilleux éphèbe

A les yeux innocents, le mouvement lascif ;

Ils ont été choisis parmi ceux de la plèbe

Pour leur tendre beauté, leur visage expressif.

Ils n’ont aucun espoir, telle est leur destinée ;

En attendant le jour, ils se couvrent le corps

D’une huile parfumée sur la peau satinée

Dans le frémissement de leurs bracelets d’or.

Quand Aphrodite agrée ces présents érectiles

Les muscles immatures aux contours sinueux

Serpents se faufilant vers les bourses fertiles

Dessinent dans l’air noir des sons voluptueux.

Les sœurs et les amantes ont déversé leurs larmes

Sur les verges levées d’un suprême désir.

Elles ont dû partir, les laissant à leurs charmes

Pour découvrir entre eux leur tout dernier plaisir.

Les phallus sont mêlés dans la commune étreinte

Forts comme les sarments d’un cépage noueux ;

Dans leur embrasement ils n’ont plus nulle crainte

Du monstre qui attend ces mets délicieux.

Le reflet de leurs yeux sur la rosée intime

Inspire leur amour dans le flux génital.

Ils vont s’épanouir dans une extase ultime :

La promesse de mort permet ce don total.

À sept ils marcheront vers l’infernal dédale ;

Sous le soleil crétois, leurs pas se feront sûrs,

Jeunes sacrifiés sans pagnes ni sandales

Pour un roi maladif aux fantasmes obscurs.