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n° 22965Fiche technique9771 caractères9771
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Temps de lecture estimé : 7 mn
09/03/25
Présentation:  Cette collection revisite ces archétypes intemporels de façon plus ou moins érotique, entre tension et abandon.
Résumé:  Juste une question de confiance…
Critères:  #exercice #humour #pastiche #personnages
Auteur : L'artiste  (L’artiste)      Envoi mini-message

Collection : Les clichés ont la vie dure
Un Gars, Une Gloire… Et Quelques Préjugés

Les clichés naissent d’images répétées, de scènes vues et revues, jouant sur nos attentes, nos fantasmes, nos désirs et nos craintes. S’ils perdurent, c’est qu’ils continuent de nous captiver… et de nous enflammer.


Un trouble dans un ascenseur, une infirmière, pourquoi pas un patron avec sa secrétaire… un saut en parachute et bien d’autres…


La collection dont ce court texte fait partie, revisite ces archétypes intemporels de façon plus ou moins érotique, entre tension et abandon. Bonne lecture !




Les clichés, c’est comme les slips léopard : ça fait marrer de loin, mais quand tu te retrouves dedans, ça gratte un peu les fesses.




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Au fond du bar, ambiance jukebox qui grésille, flipper fatigué et banquettes en skaï rouge, Fonzie sirotait son bourbon, entouré de sa bande de potes à bananes gominées et blousons noirs.


Et puis il entra.


Pantalon slim blanc immaculé, t-shirt col bateau rentré dans la ceinture d’un jean retroussé, foulard négligemment noué autour du cou, et une démarche chaloupée digne d’un flamant rose sur une piste de danse chez Arnold’s.



Son sourire en coin aurait pu passer pour un rictus amical s’il n’avait pas cette faculté à transformer tout ce qui bougeait en cible vivante. Et forcément, ce soir, la proie était toute trouvée.


Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était que la « tarlouze » allait non seulement lui répondre, mais aussi lui retourner le cerveau… et quelques autres parties de son anatomie.


Parce que, sous ses airs de cliché ambulant, Richie – de son vrai prénom Rodrigue, mais faut savoir doser le glamour – avait un talent particulier : celui de foutre le doute à n’importe quel mec un peu trop sûr de sa virilité.


Et ce soir, Fonzie allait en faire les frais.


Richie venait à peine de pousser la porte du bar que la meute avait déjà reniflé sa présence.


Six paires d’yeux chargés de jugement sur work boots s’étaient braquées sur lui, avec cet air de hyènes devant une gazelle boiteuse.


Fonzie, roi autoproclamé de la banquette du fond, ne pouvait évidemment pas laisser passer une telle occasion. Il se pencha vers ses potes, sourire carnassier en coin.



Richie, lui, ne rata rien de la scène. Il prit le temps de secouer son foulard, histoire de diffuser son parfum à la bergamote dans un rayon de deux mètres, puis s’avança vers eux, dandinant juste un poil plus que nécessaire.


Pas parce qu’il était vexé.


Mais parce qu’il adorait ce genre d’entrée en matière.


Il s’arrêta à hauteur de Fonzie, le jukebox crachotant un slow oublié derrière eux. Il leva une main fine – mais ferme – et lui tapota la joue comme on caresse un chiot mal dressé.



Fonzie rougit, ce qui était déjà une victoire en soi.



Fonzie faillit recracher sa gorgée.



Le restant de la clique explosa de rire. Mais Fonzie, moins. Parce que quelque part, il ne comprenait pas trop pourquoi il avait les joues en feu et le ventre noué.



Un ange passa. Fonzie sua.


Richie recula, sourire parfait, et glissa :



La bande à Fonzie hurla de rire. Richie pivota, tourna des talons comme une diva, puis revint à la charge :



Fonzie lissa sa banane d’un geste machinal. Richie lui claqua un baiser soufflé et s’éloigna, laissant derrière lui le caïd du coin, planté au comptoir comme une huître devant un couteau à beurre.


Impossible d’avaler son shot de bourbon sans que la phrase « bouche d’or, cœur de velours » ne lui tourne en boucle dans la tête.


Et c’était un problème.


Ses potes, adossés à la machine à milk-shake, affûtaient leurs vannes entre deux parties de flipper – mais Fonzie, lui, restait bloqué. Comme si quelque part entre sa troisième côte et son jean délavé, une porte s’était entrebâillée. Juste un peu. Assez pour laisser passer… des idées.


Et puis, Richie revint. Avec… elle.


Taille mannequin, jambes infinies, cheveux relevés dans un parfait chignon négligé, robe moulante couleur cerise qui lui collait à la peau comme une promesse.


Elle glissa un bras possessif autour de Richie, avant de l’attirer contre elle pour lui rouler une pelle aussi bruyante que profonde. Le genre de baiser qui claque, langue en option premium, sans la moindre pudeur. Richie, sans se démonter, en profita pour poser une main paresseuse sur la courbe délicieuse de sa fesse. Ensemble, ils formaient un duo tellement improbable que Fonzie en oublia presque de respirer.



Richie gloussa, perché sur sa chaise haute comme un chat siamois qui aurait gagné au loto.



Elle tendit la main avec un sourire éclatant.



Fonzie eut un léger bug logiciel. Betty. Une bombe atomique. Avec lui.



Betty explosa de rire.



Fonzie recula d’un pas, comme si le monde entier venait de s’écrouler sous ses pieds.



Fonzie cligna des yeux, incapable de traiter l’information.


Betty se pencha vers lui, complice.



Richie sourit comme un serpent qui viendrait de trouver un nid de souris.



Fonzie voulut protester, mais aucun son ne fut émis.


Richie s’approcha, très près. Trop près.



Et sur ce dernier coup de grâce, le couple improbable quitta le bar, laissant Fonzie seul avec sa boisson et un Elvis grésillant dans le jukebox, accompagné de questions qu’il n’aurait jamais pensé se poser.


Le silence s’abattit comme une chape de plomb.


Les potes de Fonzie, eux, repartirent sur une discussion hautement intellectuelle sur les meilleures techniques pour rôtir un poulet au barbecue.


Mais Fonzie… Fonzie n’entendait plus rien.


Richie. Son sourire. Sa façon de marcher comme s’il flottait au-dessus du sol. Ses doigts – doux et fermes. Ses prouesses supposées.


Et puis… cette image : Richie torse nu, en sueur, les muscles tendus sous l’effort, une hache à la main, abattant un arbre, son foulard rose volant au vent comme un étendard.


Fonzie secoua la tête si fort qu’il manqua de renverser son verre.



Il se leva, mal assuré, et fila aux toilettes.


Devant le miroir, il se fixa un instant.



Sauf que.


Sauf que ses joues étaient encore rouges. Et que quelque part dans son ventre, là où il y avait d’habitude sa posture de dur à cuire de façade… il y avait un vide.


Un vide flippant.


Un vide qui portait un parfum de bergamote.



Dans la salle, ses potes l’appelèrent :



En retournant s’asseoir, Fonzie trouva, posé à côté de son verre, un petit morceau de nappe en papier.


Il le déplia. Dessus, était noté au rouge à lèvres :


Pour vérifier la légende, fais-moi signe. Bisous boisés, Richie.


Un doute.


Un sourire nerveux.


Un soupçon d’excitation qu’il refoula aussi sec.


Le cul sur son tabouret. Mais une porte ouverte, quelque part, qu’il ne parviendrait peut-être jamais à refermer.





♫ Sunday, Monday, Happy Days. ♫