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Temps de lecture estimé : 10 mn
15/03/25
Présentation:  Cette collection revisite ces archétypes intemporels de façon plus ou moins érotique, entre tension et abandon.
Résumé:  Se baigner nu dans un lac interdit, c’était déjà risqué. Mais avec deux inconnues espiègles en spectatrices, c’est une toute autre histoire…
Critères:  #humour #érotisme #volupté #rencontre #personnages #occasion #voyeur #exhibitionniste #lieudeloisir
Auteur : L'artiste  (L’artiste)      Envoi mini-message

Collection : Les clichés ont la vie dure
Un Lac, Deux Randonneuses et Moi

Les clichés naissent d’images répétées, de scènes vues et revues, jouant sur nos attentes, nos fantasmes, nos désirs et nos craintes. S’ils perdurent, c’est qu’ils continuent de nous captiver… et de nous enflammer.


Un trouble dans un ascenseur, une infirmière, pourquoi pas un patron avec sa secrétaire… un saut en parachute et bien d’autres…


La collection dont ce court texte fait partie revisite ces archétypes intemporels de façon plus ou moins érotique, entre tension et abandon. Bonne lecture !




Le silence est presque absolu, à peine troublé par le murmure du vent dans les sapins. Marc expire profondément, s’étire, et pose son sac de randonnée.


« Putain, c’est beau ! »


Un lac de montagne s’étend devant lui, miroir parfait sous le soleil d’été. Une véritable carte postale. Les derniers kilomètres d’ascension pèsent sur ses jambes : une pause s’impose.


Il crève de chaud. Son short lui colle à la peau, son t-shirt est trempé.


L’eau semble glaciale. Et surtout, il y a ce panneau d’avertissement : « Baignade interdite ».


« Allez, soyons fous ! »


Il se dénude, et une brise plus fraîche lui caresse la peau.


Un frisson.


Un doute.


« Ça va piquer. »


Mais l’envie de liberté l’emporte. Un pas. Un autre. Il grimace au contact du sol pierreux sous ses pieds, puis, dans un élan héroïque – ou suicidaire – il plonge.



Il s’attendait à une fraîcheur revigorante. Erreur. Le choc thermique lui coupe le souffle. Haletant, il refait surface, le teint blême, les muscles en grève, les bras crispés contre son torse comme un T-Rex frigorifié.



La montagne lui renvoie son juron, cruelle et indifférente. Mais peu à peu, son corps s’adapte. Il se détend, flotte un instant sur le dos, les yeux mi-clos.


Rien que lui, l’eau cristalline et ce silence majestueux.


Le paradis.


Jusqu’à ce que des voix ne viennent rompre cette tranquillité.



Deux silhouettes apparaissent sur la berge. D’abord floues, puis très nettes. Deux jeunes femmes. Magnifiques. Sportives. Shorts moulants, débardeurs ajustés, peau hâlée. Tout droit sorties d’un spot publicitaire.


Il se raidit instantanément : il est à poil.


« Oh merde ! »


Trois options. Plonger et attendre qu’elles partent… en espérant ne pas finir par flotter comme un poisson mort. Hurler au secours ? Mauvais plan. Reste la dernière : faire comme si de rien n’était.


Après tout, elles verront que l’endroit est occupé et ne traîneront pas. Il recule lentement vers les eaux plus profondes, tel un alligator évitant la confrontation.



Marc s’arrête net. Merde.



« Allez-vous-en. Laissez-moi crever en paix, seul et nu, merci. »



Pris de court, il jette un œil discret autour de lui, cherchant désespérément un brin de modestie sous forme d’algue ou de feuille flottante. N’importe quoi pour peu que ça puisse préserver son intimité. Mais rien. L’univers refuse de l’aider.



Mais les deux femmes égarées semblent attendre patiemment. Ce qui est d’autant plus frustrant.



La deuxième incline la tête, l’air intrigué.



Il se fige.



Elles hochent la tête, compréhensives. Mais il perçoit un micro-éclat amusé.


Il déglutit. Toujours là, immergé jusqu’au cou, nu comme un ver, face à deux randonneuses qui, clairement, n’ont aucune intention de partir.


Elles ont tout leur temps.


Lui, beaucoup moins… Il se gèle les couilles !


La première, une brune aux cheveux attachés en une queue de cheval décoiffée, s’accroupit au bord du lac et plonge la main dans l’eau.



La seconde, Julie, une blonde pétillante, le regarde d’un air à la fois curieux et malicieux.



Il force un rire. Un rire de mec pris au piège.



Elle croise les bras sous sa poitrine, ce qui a pour effet de mettre plus en valeur certains atouts. Et pas des moindres.


Tendu, il prie pour que son corps ne réagisse pas… Et puis quoi, encore !


Le silence s’installe. Long. Insoutenable.


Il transpire. Un exploit dans cette flotte à zéro degré.


Elles ne bougent pas et attendent. Observatrices.


Lui est coincé. Prisonnier d’un duel qu’il est déjà sûr de perdre.



Marc écarquille les yeux.



Très. Tellement qu’il préférerait être seul.



Pris de panique, Marc lève une main comme un policier tentant d’arrêter un semi-remorque lancé à pleine vitesse.


Elle sursaute, et plisse les yeux.



Elle attrape le bas de son débardeur.



Alors qu’elle s’apprête à se déshabiller, il sent son cerveau se mettre en veille de survie. Il doit détourner les yeux. Il le faut.


Elle lève les bras, entraînant avec eux le tissu, révélant un ventre plat, une peau dorée par le soleil. Un geste fluide, naturel. Comme si se dénuder devant un inconnu tétanisé était une formalité. Son soutien-gorge tombe sur un rocher.


Ébahi, son regard capte par éclats des fragments charnels. Une taille parfaite. Un sein magnifique.


Le short est lui aussi retiré, elle se retrouve en string.


Il va imploser.


Mathilde, amusée, commente, faussement innocente :



Julie s’arrête, réfléchit une seconde, puis hausse les épaules.



Les pouces sous l’élastique, lentement, avec une insouciance feinte, elle la fait glisser le long de ses hanches le micro-sous-vêtement dentelé restant, s’offrant ainsi intégralement aux rayons du soleil.


Marc oublie de respirer.


Elle se mordille la lèvre, grisée par le moment. Son regard, brûlant d’audace, s’accroche à celui de sa proie, le transperce. Elle le jauge, le provoque.


Un frisson le parcourt de part en part. Elle est parfaite. Insupportablement désirable.


Puis elle s’étire, le dos cambré, les fesses exposées, savourant chaque seconde de cette exhibition faussement innocente, avant de demander, le plus candidement du monde :



Marc se fige. Son cœur rate un battement.


« Pitié, pitié, dites-moi que je rêve. »


Elle attend sa réponse.


Il tente un sourire crispé, une esquisse de nonchalance désespérée :



Son regard est attiré malgré lui comme un aimant. Il essaie de fixer le lac, le ciel, un sapin. N’importe quoi… en fait, mais peine perdue. Un sein qui oscille doucement. La cambrure d’un dos parfait. Une croupe galbée, délicieuse.


« Et merde. »


Julie esquisse un sourire en coin.


Il faut qu’il trouve une échappatoire.



Elles le regardent, dubitatives.



Silence.


Lourd et pesant.


Puis, elles éclatent de rire.


Marc se maudit intérieurement. Évidemment que c’est stupide ! Mais sous pression, il a sorti la première connerie qui lui passait par la tête.



Marc voudrait mourir. Disparaître.



Il ouvre la bouche. Puis la referme.



Il serre les dents.


La jeune femme, en tenue d’Ève, hausse les épaules.



Marc n’en croit pas ses oreilles.



Mathilde approuve, s’installant tranquillement sur un rocher.



Elle fixe le pauvre gars avec un sourire en coin.



Elle avance, effleurant la berge du bout des orteils.



Et son ton change brusquement, passant au tutoiement.



Elle éclate de rire et se rapproche encore d’un pas, l’eau lui arrivant aux chevilles.



Elle sourit en coin, faussement songeuse.



Marc sent une onde de chaleur foudroyante lui brûler le visage.


Il est fait.


Elles savaient.


Elle savait tout depuis le début.


Il regarde autour de lui. Pas de faille spatio-temporelle pour disparaître dans un vortex salvateur. Il avale sa salive, inspire profondément comme le ferait un condamné à mort, et lance :



Les deux randonneuses haussent les épaules en chœur.



Marc les fixe, horrifié.



Un complot.



Il prend une grande inspiration, son courage à deux mains – autre chose aussi – et bondit hors de l’eau.


Son pied gauche glisse sur un galet. Son équilibre est instantanément anéanti. Le tout aboutit à un spectacle improbable : il trébuche lamentablement, projeté en avant, bras battant l’air, pénis en érection – malgré la température – pointant vers le sol, avant de s’écraser dans un fracas monumental.


Il roule.


Une. Deux. Trois fois.


Son cerveau a juste le temps de réaliser l’ampleur du désastre avant que son postérieur ne percute un buisson épineux.


CRAC.


Et puis…


Le rire des deux randonneuses.


Marc, coincé, sent des centaines de petits pics s’infiltrer dans les endroits les plus intimes de son anatomie.


Il tente de bouger…



Mauvaise idée. Très mauvaise idée.



Marc, lui, ne trouve rien de tout ça magnifique.



Julie reprend son souffle, toujours hilare.



Il se démène, fait un effort surhumain, et parvient finalement à s’extirper du piège végétal, dans un concert de jurons imagés. Quand il se redresse enfin, sa virilité a retrouvé une posture acceptable, mais son corps est couvert d’égratignures. Il ne lui reste plus qu’une chose à faire : attraper sa serviette. Il la noue approximativement autour de sa taille et… épuisé, lance un regard assassin aux deux randonneuses mortes de rire.



Marc la fixe, méfiant.



Un sourire espiègle s’affiche sur les lèvres des deux femmes.



Les deux randonneuses échangent un regard complice. Il sent l’entourloupe. Et là… Mathilde dégaine son téléphone. Elle lève l’écran devant son nez. Et appuie sur lecture : Marc, nu, sortant de l’eau comme un phénix tremblotant. Puis… la glissade. Le sexe dressé. Le roulé-boulé. Le buisson. Son cri de douleur.


Tout est immortalisé.



Les deux randonneuses sourient en chœur.



Le jeune homme contrit sent sa dignité fondre à la vitesse d’un glaçon sur une plaque chauffante.



Mathilde secoue la tête.



Julie lui donne une grande tape dans le dos.



« Ok, vous vous êtes bien amusées… mais vous ne perdez rien pour attendre. »





Fin