n° 22978 | Fiche technique | 14110 caractères | 14110 2368 Temps de lecture estimé : 10 mn |
22/03/25 |
Présentation: Cette collection revisite ces archétypes intemporels de façon plus ou moins érotique, entre tension et abandon. | ||||
Résumé: Une visio qui dérape… | ||||
Critères: #humour #érotisme #volupté #voyeur #exhibitionniste #masturbation #travail #internet | ||||
Auteur : L'artiste (L’artiste) Envoi mini-message |
Collection : Les clichés ont la vie dure |
Les clichés naissent d’images répétées, de scènes vues et revues, jouant sur nos attentes, nos fantasmes, nos désirs et nos craintes. S’ils perdurent, c’est qu’ils continuent de nous captiver… et de nous enflammer.
Un trouble dans un ascenseur, une infirmière, pourquoi pas un patron avec sa secrétaire… un saut en parachute et bien d’autres…
La collection dont ce court texte fait partie revisite ces archétypes intemporels de façon plus ou moins érotique, entre tension et abandon. Bonne lecture !
Thème : « Optimisation des process internes et simplification des flux inter-services ».
En bref : une heure de coma cérébral collectif.
Sur l’écran d’Apolline, la mosaïque des participants clignote au rythme des arrivées tardives. Treize petites fenêtres, autant de mines déconfites. Caméras mal cadrées, contre-plongées flatteuses sur des doubles mentons, arrière-plans douteux où s’entassent du linge, enfants torse nu qui passent en courant. Une fresque moderne du télétravail à la française.
Apolline, elle, a tout donné. Lumière douce, flou artistique en fond, blouse sobre, mais décolletée pile ce qu’il faut pour être « professionnelle, mais pas trop ». C’est pas pour son chef direct, hein. Non. C’est pour Lui.
Lui, c’est Matthias, responsable logistique, 39 ans, sourire en coin du mec conscient de son charme, toujours une barbe de trois jours et surtout… surtout… cette façon déplacée de la regarder pendant les réunions. De biais. Presque par accident. Sauf que l’accident arrive toutes les semaines, sans faute.
Ce matin, sa caméra est activée, bien sûr, mais cadrée juste un poil trop bas pour qu’on voie le début de son torse, les manches retroussées. Il sait ce qu’il fait. Ils le savent tous les deux. Le flirt numérique est un art, et ils le pratiquent depuis trois mois avec la discrétion d’un rhinocéros sous Xanax.
La voix de Florence, DRH, nasillarde et monocorde, s’élève.
Apolline cale son sourire pro, vérifie une dernière fois son image – Parfait. La réunion commence.
Et puis… il y a le chat.
Une petite fenêtre à droite de l’écran. Conversation privée entre Apolline et Matthias. Depuis trois mois, c’est là que tout se joue. Des messages anodins au début, puis de gentilles piques, puis des sous-entendus qui pourraient être pris pour de l’humour… Et depuis deux semaines, c’est de plus en plus chaud.
Aujourd’hui, Apolline décide de tester quelque chose. Juste une phrase. Un petit dérapage pour voir.
Apolline (chat privé) :
- — Tu portes quoi… sous la table ?
Il met une seconde de trop à répondre.
Matthias (chat privé) :
- — Un vieux jogging. Et rien d’autre.
Les cuisses d’Apolline se serrent automatiquement. Ça y est, ils sont entrés dans la zone grise. Celle où la réunion devient une excuse.
Apolline (chat privé) :
- — Montre.
Matthias lève légèrement son ordinateur, juste assez pour qu’elle devine le vêtement dépareillé sous le costar-cravate. Flou, furtif. Une gaffe ? Un cadeau. Elle mordille son stylo.
Florence parle toujours, le PowerPoint défile dans le vide. Apolline est ailleurs. Sa respiration s’accélère, des papillons éclosent au creux de son ventre alors que Matthias s’amuse à glisser la main sous son bureau.
Et c’est là qu’elle fait la première bourde.
Elle se trompe de fenêtre.
Apolline (chat – PUBLIC) :
- — Si tu continues, je vais avoir du mal à me concentrer.
Silence glacial.
Florence s’arrête net. Personne ne comprend vraiment. Mais tout le monde sent qu’un truc louche vient de se passer.
Matthias étouffe un rire. Apolline, elle, est bonne pour une crise d’apnée post-humiliation.
Matthias est vénère d’avoir été ainsi vendu. Florence fronce les sourcils. Personne n’est dupe. Le PowerPoint repart, mais l’attention de tous est maintenant ailleurs. Apolline, elle, n’a plus qu’une envie : disparaître.
Apolline essaie de retrouver son calme. Impossible. Matthias, de son côté, affiche une tête de premier de la classe, concentré sur la « refonte des flux logistiques », mais suit un tout autre plan stratégique. Entre deux slides, il lui envoie une photo, une prise de vue plus basse que nécessaire : une partie de son ventre, sa dextre sous l’élastique du Jogging, avec un simple texte :
« Besoin de toi pour optimiser… ce flux-là. »
Apolline manque d’éclater de rire, mord sa lèvre pour étouffer le bruit. Matthias la regarde. Elle fait de même.
C’est une partie de poker lubrique, sous les yeux presque innocents de toute la boîte.
Florence enchaîne sur une question ouverte, mais le cerveau d’Apolline n’est plus oxygéné. Ses doigts tracent machinalement des cercles sur son genou. Chaque communication privée de Matthias enfonce un peu plus le clou :
- — T’as chaud ?
- — Moi, oui.
- — Je parie que tu portes rien sous ta blouse.
Apolline croise les jambes. La sensation de la soie contre ses muqueuses échauffées devient insoutenable. Sa respiration s’accélère. Matthias enchaîne les messages tendancieux :
- — T’enlèves un bouton ?
- — Tu rêves.
- — Dégonflée !
- — Ah ouais ?
Et elle défait le premier. Juste pour le défi. Juste parce que…
Matthias s’absente une seconde.
Mauvaise idée.
Il a oublié que sa webcam est légèrement inclinée vers le bas, et le jogging mal ajusté laisse deviner… une boursouflure suspecte à l’entrejambe. Très suspecte.
Apolline étouffe un gloussement, qui résonne directement dans son micro resté activé.
Matthias, lui, se rassoit. Mais il sait. Il sait qu’elle a vu.
« Je crois que tu m’excites un peu trop. »
La réunion n’existe plus. Il ne reste que l’écran, et Matthias.
Apolline glisse une main sous la table, sous le tissu léger de sa culotte déjà collée à sa peau moite. Son souffle est court, inaudible pour les autres, mais elle sait qu’il le sentirait s’il était là. Elle caresse lentement la soie, effleurant un point précis pulsant de désir.
Le téléphone vibre. Un message. Une photo : Matthias, assis, bassin avancé, tient son sexe tendu, le jogging à mi-fesses. La chair rougie par l’envie, le pouce posé paresseusement sur le gland.
Apolline se mord la lèvre, enfonce un peu plus sa main dans sa culotte. Ses doigts glissent, pénètrent. Un léger gémissement lui échappe. Pouf, il passe presque inaperçu. Presque… À l’écran, Matthias rit discrètement.
Nouveau message :
« Montre-moi. »
Elle hésite. Deux secondes. Puis elle baisse son téléphone, et choisit soigneusement l’angle pour offrir la vue qu’il attend : ses doigts luisants entre ses cuisses entrouvertes. Un cliché capturé à la va-vite. Ses tétons tendus sous la dentelle s’apprêtent à percer le tissu.
Il répond par une vidéo. Le jogging est tombé. Il rythme son plaisir, et halète presque en silence, les yeux brûlants plantés dans la caméra. Juste pour elle. Là, au milieu de la mosaïque Teams.
Florence parle. Ils n’écoutent plus.
Les images défilent. Un doigt qui glisse plus profondément. Un pénis enserré. Deux corps à distance, mais connectés par cette fièvre impossible à étouffer. Une explosion imminente.
Et elle ripe. Une main gauche, tremblante. Qui appuie… sur le mauvais bouton.
« Partage d’écran activé »
Pendant deux précieuses secondes, la conversation privée avec Matthias s’affiche en plein écran. Les mots s’étalent, indécents, brûlants :
« T’enlèves ta culotte ou je viens te la retirer moi-même. »
Matthias est figé, la main refermée sur son sexe. Apolline, doigts trempés, suspend son geste. Les treize visages se sclérosent.
Florence ouvre la bouche, choquée. Le stagiaire IT (Information Technology) explose de rire. Le DAF avale de travers.
Mais c’est trop tard. Les esprits carburent. Matthias toussote, un fou rire intérieur le gagne.
Les caméras s’éteignent une à une. Sauf celle de Matthias. Celle d’Apolline non plus.
Ils sont seuls.
Une petite fenêtre s’ouvre, en bas à droite.
Le PDG.
Bizarre. Normalement, il ne participe jamais aux réunions hebdos et n’a jamais foutu un pied sur Teams… préférant les mails en police Comic Sans.
Pourtant… Oui, c’est bien lui. Il vient d’activer sa caméra.
Et là… stupeur absolue.
Le PDG, la soixantaine, est à l’écran. Il est… torse nu, une serviette blanche nouée à la taille, cheveux encore humides. Derrière lui, on devine une salle de bain marbrée, une lumière tamisée et… une bouteille de vin à moitié vide.
Les deux perturbateurs se figent.
Apolline ouvre la bouche. Aucun son ne sort. Matthias, lui, est déjà quasi-décomposé.
Le chat public s’illumine soudain.
Florence (DRH) :
- — Euh… Je… je crois qu’il est temps de clore cette réunion.
Stagiaire IT :
- — J’ai enregistré. Pour le team building.
Comptable – Claudine :
- — Oh la vache, c’est ce que j’appelle une augmentation de capital.
Apolline et Matthias se retrouvent en privé, déboussolés devant leur PC respectif.
Une seconde de silence.
Apolline se lève, et, lentement, se place face caméra, juste assez près pour que la lumière caresse la courbe de son cou, l’arrondi de son épaule.
Elle incline la tête, défait un bouton. Puis un autre.
La blouse glisse, dévoilant la naissance de ses seins sous la dentelle. Le soutif suit le mouvement, laissant émerger deux tétons durcis. Ses doigts effleurent sa peau, elle savoure le plaisir de se savoir observée.
Matthias est là. Figé. Son souffle suspendu. La gorge nouée.
Ses yeux avalent chaque millimètre offert, de la clavicule délicate au ventre doucement creusé, jusqu’au galbe de ses hanches qu’elle met en valeur d’une lente ondulation du bassin.
Elle laisse la blouse choir au sol, précédée par la petite culotte, révélant toute sa nudité. Une œuvre vivante.
Matthias déglutit, sa langue passe sur ses lèvres sèches. Son écran devient prison. Ses doigts se crispent sur le bureau, impuissants.
Apolline, un sourire en coin, s’approche tout près de la caméra.
Puis, extinction des feux. Elle coupe tout.
Il y a des moments dans la vie d’une boîte qui marquent au fer rouge la mémoire collective.
1. L’incendie de la salle des serveurs en 2016.
2. Le pot de départ de Claudine, la comptable, quand elle a vomi sur la plante du hall.
3. Et maintenant… La Réunion du 11 mars, qu’on appelle déjà en interne la Teams Touch.
Dans les couloirs, personne n’ose en parler à voix haute, mais tout le monde sait. Apolline et Matthias sont devenus des mythes vivants, circulant entre les bureaux avec l’aura embarrassée de ceux qui ont brisé le quatrième mur du corporate.
Certains les regardent avec admiration : « Ils l’ont fait ! »
D’autres avec envie refoulée : « C’est possible ? »
Et les plus coincés, avec fascination : « J’aurais bien aimé voir ça. »
Florence, la DRH, est en thérapie. Depuis cette fameuse réunion, elle n’a plus jamais activé sa caméra, et consulte un coach en « gestion des émotions numériques ».
Le stagiaire IT, lui, a vendu des stickers « Mute Your Mic » sur Etsy1. Il a financé ses prochaines vacances à Bali.
Le PDG ? Tout sauf traumatisé, et loin de sanctionner qui que ce soit, a vu dans cette histoire une opportunité marketing. Le département communication planche sur une nouvelle campagne RH intitulée :
« Libérez votre créativité : chez nous, le plaisir ne se cache pas sous la table. »
Les RH tentent désespérément de l’en dissuader. En vain.
Apolline et Matthias ? Une promotion… Officiellement, ils ont reçu une formation express sur la « Netiquette et la prévention des comportements inappropriés en télétravail ». Officieusement, le PDG les a invités à déjeuner pour leur demander s’ils accepteraient de coanimer un futur séminaire :
« La séduction à distance dans un cadre professionnel
Entre synergie et plaisir de travailler ensemble. »
Ils ont refusé. Mais… pas pour les raisons qu’on croit.
Parce que dans cette histoire, une graine a germé dans leurs esprits : l’art du frisson clandestin en milieu professionnel.
Ils ont donc discrètement ouvert un blog :
« Entre 2 Slides » 2
Chroniques érotico-corporates inspirées de faits réels (ou presque).
Leur dernier article ?
« Le sexe en visio : quand la mute est plus excitante que le son. »
Le blog cartonne. Des cadres, des employés, même des consultants y partagent leurs propres anecdotes, à mi-chemin entre confession intime et guide de survie en open space. Le Revebebe de l’entreprise, en somme.
Moralité : Le télétravail, c’est bien. La communication transparente, c’est mieux. Mais parfois, il suffit d’un bouton mal cliqué pour transformer une simple réunion Excel en orgasme corporate mémorable.
1. ↑ Cherchez pas, vous trouverez pas ! Tout ce que je raconte n’est pas forcément vrai… 🤣