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Temps de lecture estimé : 11 mn
23/03/25
Résumé:  Ceci n’est pas une blague sur les nains, c’est une expérience immersive à hauteur de regard — le tien, pendant que tu jouis.
Critères:  #occasion fh taille cunnilingu humour
Auteur : Samir Erwan            Envoi mini-message

Collection : Les clichés ont la vie dure
Le chat obèse m’a regardé baiser sa maîtresse

Je suis ce qu’on appelle un « petit homme ». C’est ça. Ouais.


Tu veux que je te parle des clichés ? T’as le temps ? Parce que j’en ai une étagère pleine. Littéralement. Les mecs comme moi, on a droit à tout le catalogue : mascotte rigolote, gnome de compagnie, chouchou à câliner, ou – mon préféré – « objet de fantasme underground un peu kinky, mais chut, faut pas le dire à maman ».


Donc, je suis un nain, si t’as le courage de pas tourner autour du pot avec ton politiquement correct moite. Ceux qui veulent paraître polis disent : « personne de petite taille ». Ceux qui sont mal à l’aise marmonnent : « Euh… c’est comment qu’on dit maintenant ? ». Les enfants demandent à leurs parents si je suis un lutin. Les adultes, eux, évitent mon regard comme si j’allais leur voler leur taille moyenne et leur assurance fade.


Oui, j’ai vu les films, les séries, les dessins animés. Oui, j’ai lu les blagues. Et non, je n’habite pas dans un champignon.


Et pourtant, ce matin-là, au supermarché, c’est pas moi qui faisais rire. C’est elle.



*



Je suis au rayon épicerie, en train de choisir entre des pâtes sans gluten et une dépression nerveuse, quand une voix me tombe dessus – littéralement.



Je relève la tête, prêt entre trois options à envoyer chier :


1 – Non, j’ai pas encore mes ailes.


Ou bien :


2 – Tu crois que je suis Spider-Man ?


Ou encore, lui répondre avec un sourire narquois :


3 – Bien sûr, j’ai toujours rêvé de prouver ma virilité en escaladant des rayonnages.


Mais là, je la vois. Grande. Enfin… normal, hein, vu mon point de vue, la plupart des gens le sont. Dégaine de meuf cool, mais pas trop. Une bouche faite pour dire des conneries et des choses sales. Des yeux ironiques. Et surtout : aucune pitié dans le regard. Juste un brin d’espièglerie. Je souris, mode autodérision activé :



Elle éclate de rire. Un vrai rire. Pas le rire poli. Pas le rire gêné. Merde, je suis piégé.


Je saute – littéralement – sur l’occasion et monte sur le rebord de l’étagère comme un Yamakasi mini-format. Je lui tends le paquet de farine avec un air triomphal.



Et elle me remercie avec un clin d’œil, en disant :



Elle me tend la main et je la serre. Sa paume est chaude, ferme. Elle ne surjoue pas. Elle ne m’infantilise pas. Elle ne me flatte pas non plus. Et ça, c’est rare. Suffisamment rare pour que je le note dans un coin de ma tête.



Elle hésite, me regarde de bas en haut – ou plutôt l’inverse, ce qui change. Elle tapote son panier.



Je la regarde. Une part de moi se dit : « Trop beau pour être vrai. » Une autre part rétorque : « Ta gueule, fonce. » Et spoiler alert : je n’y vais pas pour le vin, ni pour le fromage.



*



Chez elle, elle enlève ses baskets. Moi, je retire mon sarcasme. Juste un peu. Assez pour qu’elle voie ce qu’il y a dessous. Parce que, ouais, je suis cynique. Je suis cassant. Mais je suis aussi un homme. Avec un corps. Un sexe. Une langue. Des mains. Et un sens de la répartie qui fait parfois plus mouiller que des abdos.


Son appart est comme elle : pas rangé, pas chiant, un peu bordélique, mais vivant. Des plantes qui crèvent joyeusement avec dignité dans un coin. Des bouquins ouverts, à moitié lus. Un chat obèse qui me regarde comme si j’étais un nouveau modèle de coussin. Une boule à facettes suspendue dans la cuisine – va comprendre. Elle me sert un verre de rouge sans demander si j’en veux, ce qui est déjà un bon point.


Je m’assois sur le canapé. Enfin… j’escalade le canapé. Oui, j’ai l’habitude. Non, j’ai pas besoin d’un coussin booster, merci.



Elle rit. Elle a un de ces rires désinhibés, un peu rauques, qui sentent le feu de bois et le vin trop vite bu.



Elle sourit, s’assoit en tailleur sur le canapé.



Alice s’étouffe de rire. Puis elle me regarde, plus sérieuse :



Elle hoche la tête.



Je ris. Elle me cherche. Ça me plaît. Le vin coule, la conversation dérape. Elle me parle de son ex, un connard dominateur qui l’appelait « petite chérie » avec une voix de DRH. Je lui parle de mes dates foireuses avec des femmes qui voulaient « essayer » un mec comme moi, comme on essaie le tantra ou le sado-maso une fois pour voir.



Je plante mes yeux dans les siens. Longtemps.



Elle sourit. Pas un sourire doux. Un sourire de prédatrice.



Oh putain. Elle me veut comme on veut un truc juteux, interdit, qui colle aux doigts et qu’on lèche jusqu’à l’os. Pas comme un trophée, pas comme un fantasme social – non. Elle me regarde comme si j’étais un steak saignant, posé à vif sur ses draps, et qu’elle crevait de faim. Le genre de faim qui s’essuie pas. Le genre de faim qui te tartine sur le lit comme un reste de beurre sale, juste pour être sûre de pas en perdre une goutte.


Elle m’observe, rieuse de sa répartie, et ne dit rien pendant quelques secondes. Puis elle pose son verre et s’approche.



Je ricane de sa réaction – c’est évident ! – je bois une gorgée, la fixe avec un petit sourire.



Elle se penche un peu vers moi, joue avec le pied de son verre.



Je pose mon verre, me rapproche doucement.



Elle me fixe, souffle court. Je vois dans ses yeux qu’elle cherche une réponse brillante. Elle ne la trouve pas. Alors, elle se marre.



Elle s’approche, nos visages à quelques centimètres. Elle sent le cuir et le vin rouge. Elle murmure :



Elle m’embrasse. Lentement. Avec cette audace tranquille des gens qui savent ce qu’ils veulent.


Et moi, je me dis que tous les connards qui m’ont un jour réduit à un sketch, un fantasme ou un gag visuel, ils n’ont jamais eu ça : le souffle d’une femme sur ta bouche, juste avant qu’elle murmure : « Viens. Je veux voir si tout ce que tu dis est vrai. »


Je me lève. Enfin… je me dresse. Et je réponds :




*



Je pourrais te faire le couplet sensuel, te décrire ses courbes, le goût de sa peau, la lente montée du désir… Mais soyons honnêtes : on baise comme deux personnes qui n’ont plus envie de jouer à faire semblant.


Je la plaque contre le mur. Elle rit. Pas un rire nerveux. Un rire qui dit : Vas-y, arrête de réfléchir, dévore-moi. Elle halète. Elle mord. Je la déshabille à coups de dents. Littéralement. Sa chemise glisse, sa peau me chauffe déjà les lèvres. Elle gémit, bas, rauque. Elle me guide sans mots. Et elle m’engloutit sans une seule hésitation. Et moi ? Je ne pense plus à rien. Ni aux regards. Ni aux clichés. Ni à la foutue société qui croit que le désir s’arrête à un mètre quarante-deux. J’ai des mains. Une bouche. Une langue acérée. Un sexe bien vivant. Et elle les veut tous. Du fantasme au foutre.

Je la soulève – oui, je peux. Surprise dans ses yeux. Et puis plus rien, juste un feu animal. Ses jambes s’enroulent autour de ma taille comme une amazone en cavale. Je la plaque contre la cloison de la cuisine. Elle crie mon prénom. Un cri sincère. Brutal. Sans script. Et dans ce cri, je jure que j’entends l’explosion d’un stéréotype millénaire.


Voilà. C’est ça, le bruit que fait un fantasme social qui se prend un orgasme dans la gueule.


Oui, les nains baisent. Et parfois même mieux que les grands. Moins d’ego, plus de technique.

Faut bien compenser quelque part. Elle jouit une première fois. Fort. Son dos se cambre, ses ongles me déchirent. Puis une deuxième, sur mes doigts. Une troisième, sur ma bouche. J’ai fait moi-même le lancer de nains, version bouche grande ouverte. Je la lèche comme un défi, les yeux plantés dans les siens. Elle tremble. Elle suffoque.



Elle hoche la tête, incapable de parler. Et dire qu’il y a des gens qui paient des coachs de développement personnel alors que moi, je suis là, gratuit et lubrifié. Puis elle récupère son souffle et lâche :



Elle éclate de rire. Un vrai. Incontrôlable. Puis elle m’attrape par les cheveux. Ses jambes remontent, s’enroulent autour de ma nuque avec une précision chirurgicale. Et moi, je pense : Ils cherchaient de l’or à coups de pioche. Moi, je cherche son cri avec ma langue. Même boulot, plus humide, mieux payé.


Je plonge. Ma langue part en exploration. Mon nez frotte là où son plaisir pulse. Elle crie. Elle me tire par les cheveux, m’encourage, m’insulte.



Et moi, je m’exécute. Avec la concentration d’un orfèvre et le zèle d’un hérétique en transe. Son dos claque contre le mur à chaque spasme. Elle me serre si fort entre ses cuisses que je perds l’équilibre. On tombe. On rit. On bande encore. Je roule sur elle, l’embrasse à pleine bouche, le visage inondé de son goût.



Et moi ? Je ris. Mais au fond, je pense : Elle me voulait. Pas comme un trophée. Pas comme une exception. Juste comme un homme. Et moi, je la veux comme une fin du monde sans lendemain. Une claque qui dure. Parce qu’on continue et mon gland en forme de champignon pousse en elle comme une foutue hallucination psychédélique. Un trip à deux. Elle gémit comme si elle déraillait.

Moi, je m’accroche à ses hanches comme si c’était la seule chose stable dans ce monde qui glisse.

Si c’est un conte, il est classé X, illustré au foutre, et imprimé en édition limitée dans nos fluides corporels.



*



Elle dort, nue, cheveux en bataille, cuisses ouvertes. Le genre de tableau qui mériterait un musée – ou au moins une chanson. Je me lève. Mon corps est douloureux dans le bon sens. J’ai un suçon à l’endroit exact où on pense que les nains n’ont pas de cou. Bonne nouvelle : on en a un. Il est juste compressé.


Je cherche un post-it. Je trouve une carte de visite du réparateur de chaudière. Je retourne le papier et j’écris : « Oui, les nains savent grimper. Je crois que ton chat s’est sauvé à la deuxième levrette. Appelle-moi s’il revient. Ou si t’as envie de recommencer. »


Je signe : Élias, 1 m 42 de foutage de gueule et d’orgasme garanti.


Je pars. Pas par lâcheté. Juste parce que je déteste les petits-déjeuners gênants. Et dans la rue, je me dis que si le monde continue à me voir comme une mascotte, une anomalie, ou un gag visuel, tant pis. Parce que moi, je sais que cette nuit, j’étais un homme. Pas un fantasme. Pas un cliché. Un homme.


Et putain, j’étais grand.