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n° 22988Fiche technique8055 caractères8055
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Temps de lecture estimé : 5 mn
27/03/25
Résumé:  Un casse impossible à réaliser, mais le facteur humain modifie les données du problème.
Critères:  Hétéro thriller
Auteur : Loriot      Envoi mini-message
Une question de doigté

Une chance sur un million.


C’était ainsi que Marc estimait ses probabilités de réussite. Encore faudrait-il qu’il accepte. Mais dans sa situation, qu’avait-il à perdre ? Et l’enveloppe que le petit homme nerveux aux ongles rongés lui désignait contenait de quoi faire réfléchir.


La personne qui tenait la pochette également. Maître Castella, un huissier de justice censée assurer la légalité de l’opération. Une bien jolie jeune femme à la blondeur mise en valeur par un impeccable tailleur noir.



Marc balaya des yeux la cellule austère dans laquelle il était reclus depuis cinq ans.



Marc avait déjà entendu ce discours, mais les malfaiteurs conservaient un coup d’avance. Dressé sur ses talonnettes, le personnage exhibait tous les extérieurs de la réussite sociale. Un homme qui fut formidable jusqu’au jour de sa naissance. Sans doute cette affaire constituait-elle le jalon d’un parcours professionnel pensé et organisé de longue date.



Le syndrome de Pinocchio, pensa Marc.





***



Le bâtiment ressemblait à une pâtisserie coloniale, loin de la construction austère à laquelle il s’attendait. L’homme à talonnettes réprimanda une employée pour sa tenue, s’agaça de traces invisibles sur la porte vitrée et jugea les plantes vertes insuffisamment arrosées. Puis, il introduisit son visiteur dans la section privée.


À ce stade, Marc avait déjà remarqué les nombreuses caméras et autres détecteurs de présence.


La partie cachée offrait un niveau de protection bien supérieur. Un ascenseur mis en œuvre au moyen d’un code régulièrement changé – avait précisé son hôte d’un air malicieux – permettait l’accès au sous-sol. Un endroit austère et fonctionnel truffé de capteurs électroniques : détecteurs thermiques et sismiques à ultra-sons.


Des systèmes à thermistances, thermocouples et bilames assurent la détection thermique, nota Marc.


La chambre forte s’apparentait à deux gros cubes aux murs extérieurs et intérieurs respectivement épais d’un et deux mètres séparés d’un espace utilisé comme chemin de ronde à des gardiens armés.



Marc examinait les parois de la vaste salle.



À l’extrémité de la chambre forte, un trappon de sécurité. Droit devant, une massive porte blindée, scellée électroniquement. Dix-huit verrous d’un diamètre de soixante centimètres actionnés par trois serrures à combinaison à quatre roues.


Marc soupçonnait l’homme de lui cacher certains éléments. Par exemple, il subodorait l’existence d’une minuterie qui l’empêcherait de venir à bout du dispositif.



Détecteurs volumétriques à infrarouges, détecteurs de bruit par microphone, cellules photo-électriques, radar hyperfréquence. Liste probablement non exhaustive.


Les visiteurs évoluaient sur une étrange matière.



Les coffres, enfin. Énormes et d’un poids approchant certainement celui d’un éléphant adulte. Tous identiques extérieurement, mais très différents dans leurs mécanismes internes aussi complexes qu’inattendus.



Mtre Castella remit l’enveloppe au petit homme qui la déposa à l’intérieur et assura un verrouillage attentif et consciencieux.


Avant de quitter les lieux, Marc examina de nouveau la porte d’accès à la chambre forte. Il entendit ricaner derrière lui.



Le petit homme aux tics avait dissimulé deux éléments capitaux à son antagoniste. La chambre forte tournait en permanence sur elle-même et seule la mise en œuvre d’un dispositif secret désactivé juste avant la visite pouvait l’immobiliser. À défaut de quoi, impossible de pénétrer les lieux. Par ailleurs, un système automatique immergeait la construction à la moindre alerte.


Marc observait l’architecture de l’objectif avec minutie. La folie douce d’un casse sophistiqué était maintenant écrasée sous une couche de réalisme brutal.



L’ancien as de la cambriole regagna le logement mis à disposition par la fédération bancaire et suivit son plan d’action.




***



À l’impatience succéda une attente angoissée. Pourquoi ne se manifestait-il pas ? La fin de la semaine approchait et l’affaire n’avait connu aucun dénouement. Les collaborateurs du petit homme affichaient une conviction navrée alors que son supérieur se préparait à de prochaines désillusions. L’objectif semblait inviolable, peut-être trop au goût de ce malfaiteur vieillissant peut être tenté par une fuite sans espoir.



***



Au soir du septième jour, une main nerveuse aux ongles rongés ouvrit le coffre et défit l’enveloppe intacte avec fébrilité.


Elle froissa rageusement les papiers journaux qu’elle contenait.




***



Une autre main, douce et ferme celle-là, empoignait la verge de Marc. La jeune femme en tailleur noir suivait les veines de son membre d’un doigt précis, éprouvait la fermeté du gland, entamait une exploration du méat.


La bouche prit le relais et Marc soupirait d’aise au-dessus de la charmante tête dont les va-et-vient changeaient parfois de rythme pour son plus grand plaisir. Les cheveux blonds de sa partenaire dissimulaient l’impudique caresse aux yeux des voyageurs hypnotisés par le néant océanique.


Au-delà de l’horizon limité par la rotondité de la terre les attendait une vie nouvelle. Bientôt, Rio de Janeiro étalerait ses plages bordées d’immeubles blancs.


Une existence bien méritée pour l’ancien malfaiteur et sa compagne aussi habile avec la langue qu’avec ses mains. Non seulement pour manipuler les génitoires, mais également pour échanger des enveloppes.


Une question de doigté.




Fin