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04/05/25
Présentation:  C’était un vendredi soir. Je m’occupais à une vaisselle. Un brin fatiguée et d’humeur morose, je venais d’apprendre via ma radio, que d’ici quelques instants, notre cher téléviseur diffuserait les images des pérégrinations de footeux.
Résumé:  J’en avais déjà vu, évidemment. Comme tout le monde. Cette fois je les voyais vraiment. Tels qu’ils étaient en réalité. Sous leur vrai jour...
Critères:  #délire #nonérotique humour
Auteur : Juliette G      Envoi mini-message
Les piafs !

Un vendredi



C’était un vendredi soir. Je m’occupais à une vaisselle.


Un brin fatiguée et d’humeur morose, je venais d’apprendre via ma radio, que d’ici quelques instants, notre cher téléviseur diffuserait les images des pérégrinations de deux bandes de sportifs pas très futés, et surpayés, se disputant un ballon rond. Ces frappeurs de ballons s’avachiraient dans l’herbe rase toutes les trois minutes, mimant des souffrances insoutenables. Ils se sauteraient dans les bras des uns et des autres, quand un ballon irait taper contre un filet tendu. Ils embrasseraient leurs maillots moulants, se recoifferaient d’une main, puis recommenceraient à se courir après, pour attraper cette foutue balle.


II n’en fallut pas plus pour que mon moral, déjà bien entamé, parte à vau-l’eau.


C’est là que pour la première fois, je les remarquai…




Eux




J’en avais déjà vu, évidemment. Comme tout le monde. Cette fois je les voyais vraiment. Tels qu’ils étaient en réalité. Sous leur vrai jour.


Ils étaient là. Immobiles et silencieux. Par dizaines, alignés au cordeau sur un fil. Et je sus aussitôt qu’ils n’étaient pas là par hasard. Ils m’espionnaient. Oh ! Vous pouvez pouffer ! Je sais bien moi, que ces créatures, béatifiées par les poètes et les amoureux de la nature, sont malfaisantes.


Franchement ! Un soir d’hiver, vous n’auriez rien d’autre à fiche, vous, que de vous agglutiner avec d’autres individus de la même espèce, pour regarder par une fenêtre ? Ma fenêtre ! Si encore je me baladais dans ma cuisine, les seins à l’air ou les fesses nues… On pourrait comprendre ! Mais non.


Et quand je dis qu’ils m’espionnaient, ce n’est pas de Mr Bond que je parle. Parce que l’on peut comprendre les systèmes d’espionnage mis en place par nos gouvernements. Ils ont une fonction. Un but. Un sens.

Non, ceux-là violent mon intimité par pur vice. Des commères vicelardes, qui passent le temps à nous reluquer à notre insu. Oui j’ai bien dit « nous ». Parce que vous croyez que je suis la seule que ces salopiots observent ?


Levez-vous là ! Regardez un moment par vos persiennes. Que vous viviez à la campagne, ou que vous soyez citadin, regardez donc ! Et si vous n’en apercevez pas, au moins un, qui vous reluque de ses petits yeux chafouins…


Écrivez-moi !


Saletés de bestioles. Leurs petits yeux ronds, qui vous fixent. Toujours à vous regarder en coin. Pas comme un brave chien qui vous regarde franchement, non, ils sont chafouins et hypocrites. On dirait qu’ils ont quelque chose à cacher.


Faux-jetons ! Faux-culs !




La tordue




Prenez-moi pour une tordue si vous voulez, mais expliquez-moi une simple chose. Un fait avéré.


Un Anglais. Un gros bonhomme, un type bourré de talent. Un cinéaste qui vous a quand même bien fait flipper avec son film. Vous voyez de qui je parle non ?

Parce que faire pétocher au cinéma avec des fantômes, des monstres constitués de bouts de cadavres, des types aux canines proéminentes, des singes géants, et des lézards gigantesques, ou même de simples araignées…


C’est facile !


Mais ce gros bonhomme ne vous a-t-il pas fait vous recroqueviller dans vos fauteuils, en vous les montrant tels qu’ils sont réellement, ces nocifs ?


Ces chères petites créatures emplumées adorables qui cuicuitent perpétuellement. Et gaiement que ça cuicuite, cette engeance ! C’est bien sûr une comédie, une façade. Ils distillent la joie et inspirent à la poésie. Hypocrites ! Ne vous ont-elles pas flanqué la frousse ces saletés de plumes ? Petites, graciles, couleurs vives et plumages doux, mais teigneuses, non ? C’est vrai qu’un corbeau peut être un tantinet inquiétant. Bon… Déjà c’est noir ! Et le noir c’est le mal, dans de nombreuses cultures. Créatures du diable et tout.


Comme les chats ! Parce que s’ils ne me font pas peur, je n’aime pas les chats. Le seul animal sur notre bonne vieille Terre, capable de filer des complexes d’infériorité, aux plus égoïstes d’entre nous. Le Mr nombril du monde animal. Il ne sert à rien, dépend de nous en tout, mais nous regarde avec un dédain consommé. Et quand vous ne lui distribuez pas ses croquettes en temps et en heure, vous culpabilisez.


Et croyez-moi sur parole, je sais de quoi je parle.


Zoé et moi avons de gros problèmes de communication. Et tant que cette chatte se croira chez elle, et ne me verra que comme une invitée, nos rapports n’évolueront pas. Je lui adresserai la parole le jour où elle se trouvera un boulot. Elle m’agace !


Encore que de temps en temps, un Raminagrobis, bouffe un piaf. Leur unique utilité, mais que ces feignasses félines distillent au compte-gouttes.


Mais revenons à nos moutons ! Je ne parle pas de ceux d’Ouessant qui sont noirs, c’est une image. Vous pensez que ce vieil Alfred, certes cinéaste de talent, aurait pu foutre la trouille au monde entier, uniquement grâce à son talent de conteur, et de faiseur d’images ?


Eh bien non, son histoire a fonctionné, pour une raison bien plus simple.


Inconsciemment, vous savez que ces affreux emplumés sont dangereux. Et Hitchcock n’a fait que réveiller votre inconscient.



Ils attendent



N’allez pas croire que ces bestioles soient sottes. Oh non ! Elles doivent bien se marrer en ébouriffant leurs plumages, tout en nous observant. Nous, pauvres humains, sommes cloîtrés dans nos immeubles. Elles doivent même nous prendre pour de véritables abrutis.

Nous les enfermons dans des cages, contre leur volonté, alors que nous nous complaisons à vivre enfermés. Nous vivons dans des cages de luxe, nous faisons livrer nos achats et notre pitance à domicile, et si nous en avions les moyens financiers, nous ferions faire notre ménage par quelqu’un d’autre.


Et donc oui, ces volatiles passent le plus clair de leur temps à nous regarder. Comme nous humains, regardons nos canaris ou nos perruches. À une différence près. Les oiseaux nous étudient !


Certains spécialistes en volatiles, pensent que, si elles n’étaient pas obligées de voler, ces créatures s’en passeraient volontiers. Elles resteraient de préférence plantées au sol, sur leurs petites pattes grêles. C’est dire à quel point ils sont pervers, ces petits monstres.

N’importe lequel d’entre nous donnerait tout ce qu’il a, pour pouvoir voler. Eh bien eux, voleter de-ci de-là, ça les gonflent. Il parait que c’est trop fatiguant de voler.


Feignasses !



Pour en terminer



Il paraitrait que ces emplumés descendent en droite ligne des dinosaures. Et donc, les oiseaux auraient dominé le monde. Alors, je dis moi, que leur instinct les pousse à reprendre leur place, sur le dernier barreau de l’échelle du monde animal.


Vous pouvez vous gausser, il n’y a que peu de chances qu’un rossignol du Japon, vous fasse grand mal, certes. Mais, imaginez une petite centaine d’entre eux, s’attaquant à vous en piqué ! Comme des petits bombardiers ! Des oiseaux s’attaquant à votre petite personne… Une petite dizaine de corbeaux teigneux, s’affairant à vous coller des coups de becs sur le crâne, ça devrait calmer votre hilarité non ?


Ils passent le temps à nous observer. Cherchant de leurs petits yeux ronds nos points faibles. Étudiant nos faiblesses patiemment.


Ils mettent des plans au point. Ils ont tout le temps.


Ils espèrent même que nous réussissions à nous éliminer nous-mêmes. Ce qui reste très plausible. La gente ailée estime que nous ne méritons pas cette planète.


C’est le seul point positif que je leur accorde.


Ils attendent…