n° 23079 | Fiche technique | 39982 caractères | 39982 6771 Temps de lecture estimé : 28 mn |
21/05/25 |
Présentation: Une nouvelle intime sur une première fois d’un couple entre interdits culturels et religieux. | ||||
Résumé: À Nanterre, le temps d’une formation, Radia et Rachid partagent plus qu’un appart’hôtel. Dans le secret de leurs nuits, une passion dévorante les consume. Mais leur amour pourra-t-il survivre au retour à Casablanca et aux pesanteurs des traditions ? | ||||
Critères: #réflexion #société #érotisme #initiation #rencontre #couple #prude fh collègues religion hotel | ||||
Auteur : reveurlejour (un doux rêveur) Envoi mini-message |
Radia et Rachid venaient à peine de s’installer dans leur appart’hôtel à Nanterre, à quelques minutes à pied du centre de formation.
Ils étaient collègues depuis deux ans, ingénieurs tous les deux dans la succursale marocaine d’une grande boîte. Ils venaient pour une formation de trois mois à la Défense.
L’agence leur avait réservé deux studios mitoyens, reliés par une petite cuisine commune. Pas vraiment l’idéal, mais ça restait plus convivial que d’être isolés dans une chambre d’hôtel classique.
Radia portait le voile, comme toujours au travail. Elle n’était pas du genre à se mélanger ou à plaisanter trop, mais, avec Rachid, elle était plus détendue.
Ils s’entendaient bien, parlaient boulot, politique parfois, souvent cuisine.
Ce soir-là, ils s’étaient retrouvés à 20 h 45 dans la cuisine pour partager un tajine qu’elle avait préparé. Ils mangeaient tranquillement, assis autour de la petite table en bois.
La conversation roulait sur leur formateur un peu trop fier de lui quand un bruit inattendu les coupa net.
Un gémissement.
Clair, long, féminin. Suivi d’un boum boum régulier contre la cloison.
Le mur vibrait, comme si le lit de la chambre voisine était en train de taper dedans.
Rachid leva les yeux vers Radia. Elle s’était figée, la fourchette suspendue devant sa bouche. Son regard cherchait le sien, sans oser vraiment s’y accrocher.
Un autre gémissement, plus aigu, presque un cri cette fois.
Et toujours le même rythme sourd du sommier contre le mur. Boum. Boum. Boum.
Le silence dans la cuisine n’était plus le même. Il y avait dans l’air une tension nouvelle, étrange, presque électrique.
Radia déglutit lentement.
Rachid hocha la tête, bouche à peine entrouverte.
Il ne savait pas s’il devait rire, détourner les yeux ou s’excuser pour quelque chose dont il n’était pas responsable.
Au lieu de ça, il la regarda. Et il vit que son voile cachait à peine le rouge de ses joues.
Radia se leva sans un mot et alla poser son assiette dans l’évier. Elle tournait le dos à Rachid, droite, figée, mais ses mains trahissaient une légère nervosité : elles serraient le rebord de l’évier comme pour s’y ancrer.
Rachid, lui, restait assis, troublé. Pas par les bruits en soi – bien que ceux-ci soient devenus presque obscènes maintenant, avec des halètements de plus en plus forts – mais par la manière dont ce moment chamboulait leur bulle.
Ils étaient là, deux collègues bien élevés, bien rangés, et, tout à coup, il y avait cette chose brute, animale, contre le mur.
Radia se retourna lentement, haussa un sourcil, à la fois gênée et amusée malgré elle.
Ils se regardèrent, et pour la première fois ce soir-là, ils rirent. Un rire nerveux, étouffé, mais sincère. Le genre de rire qui dénoue quelque chose.
Puis le silence revint. Ou plutôt : les bruits d’à côté continuèrent, mais eux se turent.
Quelque chose avait changé. Radia s’approcha de la table, reprit son verre d’eau, mais resta debout. Elle semblait hésitante.
Rachid hocha la tête. Elle alluma la bouilloire, occupée à ses gestes simples, comme pour reprendre le contrôle.
Mais il voyait bien sa posture, un peu plus tendue que d’habitude.
Le voile glissa légèrement sur l’une de ses épaules, dévoilant un morceau de nuque. Elle ne le remit pas en place.
Il détourna les yeux. Ou fit semblant.
Quand elle posa les verres de thé sur la table, elle resta debout encore un instant.
Il haussa les épaules.
Elle le fixa un instant, l’air songeuse.
Il ne répondit pas. Il sentait que chaque mot, chaque regard maintenant avait un poids. Ce n’était plus juste un dîner entre collègues. Il y avait ce silence chargé. Ces bruits de l’autre côté. Et ce voile qui tombait, lentement, sans bruit.
Le thé était encore trop chaud pour être bu. La vapeur montait en volutes fines, formant entre eux un voile plus léger que celui qu’elle portait.
Radia s’était finalement assise, en face de lui. Les bruits dans la chambre voisine avaient baissé d’intensité, mais le rythme régulier du sommier contre la cloison persistait, obstiné. Maintenant, ça ressemblait plus à un souffle qu’à un vacarme. Un fond sonore chargé d’ambiguïté.
Rachid parlait à peine. Il observait les gestes de Radia, attentif. Elle avait défait le bouton supérieur de sa tunique – peut-être à cause de la chaleur – et son voile, toujours en place, semblait glissé plus bas qu’à l’accoutumée, laissant voir le contour de son cou.
Il ne l’avait jamais vraiment regardée comme ça. Elle était belle. Mais c’était une beauté discrète, qu’elle s’efforçait de tenir à distance. Ce soir, pourtant, quelque chose s’était ouvert.
Il hocha la tête.
Ils rirent de nouveau, plus calmement cette fois. Puis un silence. Pas pesant. Pas vide non plus. Un silence qui regarde, qui explore.
Rachid se leva et alla vers l’évier pour rincer son verre.
Elle le suivit des yeux, notant la façon dont il bougeait, son dos solide sous la chemise, ses avant-bras roulés jusqu’aux coudes.
Elle n’avait jamais vraiment observé ça. Maintenant, elle le faisait sans honte, ou presque.
Elle secoua doucement la tête.
Le mot flotta dans l’air comme une allumette craquée.
Rachid se figea, surpris. Puis il revint s’asseoir, plus près cette fois. Pas trop près. Juste ce qu’il faut pour réduire la distance.
Radia ne bougea pas, mais elle baissa les yeux. Et lentement, comme on effleure un bord interdit, elle posa ses doigts sur la table. Entre eux. Pas pour le toucher. Juste pour voir.
Et Rachid, après un moment suspendu, posa les siens, à côté. À une respiration de distance.
Rien ne se dit. Mais tout était là.
Ils ne se touchèrent pas ce soir-là.
Après ce moment suspendu, ils échangèrent encore quelques mots, puis rangèrent tranquillement la vaisselle.
La tension flottait toujours, comme une nappe de chaleur dans la pièce. Mais aucun des deux ne voulut rompre l’équilibre fragile. Il n’y eut ni excuse ni promesse. Juste un regard, au moment de se dire bonne nuit. Un regard un peu plus long que d’habitude.
Les jours suivants, ils continuèrent leur routine de formation. Mais quelque chose avait changé.
Radia parlait un peu plus.
Rachid faisait attention à tout ce qu’elle disait.
Leurs pauses café étaient devenues des parenthèses discrètes, pleines de silences éloquents. Le soir, ils dînaient presque systématiquement ensemble, comme si cela allait de soi maintenant.
Et chaque soir, à un moment ou un autre, les bruits de la chambre voisine reprenaient. Parfois bruyants, parfois juste un murmure à travers la cloison. Mais toujours là, comme un rappel.
Radia ne faisait plus semblant de ne pas les entendre. Parfois elle levait les yeux vers lui, un peu amusée, un peu troublée. Elle disait des choses comme :
Ou bien :
Rachid, lui, observait son comportement changer peu à peu. Elle avait commencé à enlever son voile dès qu’elle rentrait. Au début, elle disparaissait quelques secondes pour l’ôter dans sa chambre. Puis, un soir, elle l’enleva devant lui. Sans mot. Comme si ce n’était plus important. Comme si c’était permis, maintenant.
Ses cheveux étaient noirs, souples, tirés en chignon. Une mèche échappée tombait souvent devant ses yeux. Elle ne la remettait pas toujours.
Un soir, il lui tendit une assiette, et leurs doigts se frôlèrent. Un frôlement simple, sans conséquences immédiates. Mais elle ne recula pas.
Un autre soir, alors qu’ils nettoyaient la cuisine, elle lui demanda :
Il avait répondu :
Elle avait souri, un peu trop longtemps.
La tension devenait presque insupportable. Mais aucun des deux ne faisait le premier pas. Peut-être par pudeur. Par crainte. Ou simplement parce qu’ils voulaient prolonger ce moment où tout était encore possible.
Puis vint un vendredi soir. Il faisait chaud, même la nuit. Radia portait une robe ample, sans manches, chez elle. Sans foulard. Elle n’avait pas mis de maquillage, mais ses lèvres avaient cette couleur naturelle, douce. Elle avait allumé une bougie parfumée sur le plan de travail, et la lumière dansait doucement sur les murs.
Ils parlaient peu. Ils buvaient du thé glacé, assis l’un à côté de l’autre cette fois. Pas face à face.
Les gémissements à travers la cloison commencèrent comme d’habitude. Mais ce soir-là, elle ne détourna pas les yeux.
Elle le regarda. Directement.
Et cette fois, ce fut elle qui posa sa main. Lentement. Sur sa cuisse.
Pas un mot.
Juste ce contact. Chaleureux. Assumé.
Et lui, sans bouger, posa sa main sur la sienne.
Le silence dans la cuisine était devenu lourd, profond. Pas pesant – plutôt dense, chargé de tout ce qu’ils n’osaient pas encore dire.
Les doigts de Radia, posés sur la cuisse de Rachid, étaient restés là, chauds, immobiles. Mais pas neutres. Elle ne cherchait pas à provoquer ni à séduire. C’était une main qui disait, je sais. Qui disait, je veux aussi.
Rachid n’avait pas bougé. Il sentait sous sa paume la fine pulsation de ses tendons, sa main fragile et décidée à la fois. Il la caressa du pouce, doucement, comme on effleure un fruit mûr qu’on n’ose pas encore cueillir.
Radia ne retira pas sa main. Elle releva juste les yeux vers lui. Et dans ce regard, il n’y avait plus de gêne. Plus de masque. Juste cette tension délicieuse entre deux corps qui savent qu’ils vont finir par se trouver.
Les bruits derrière la cloison, eux, s’étaient tus. Mais ce silence-là n’était plus un obstacle. Ils n’avaient plus besoin de prétexte.
Radia se redressa légèrement, rapprochant son visage du sien. Pas un baiser. Pas encore. Ses lèvres s’étaient juste approchées de son oreille.
Elle murmura :
Il la regarda. Une surprise tendre dans les yeux.
Elle hocha la tête lentement, comme pour dire alors on peut le faire ensemble. Et elle se leva.
Il suivit le mouvement.
Elle se tenait debout dans la lumière tamisée, la robe fluide dessinant à peine les courbes de ses hanches.
Ses bras nus frissonnaient, pas de froid – d’attente.
Elle prit sa main, l’attira doucement vers sa chambre.
Ils marchèrent en silence, leurs doigts toujours liés. Elle ouvrit la porte. Il resta sur le seuil, le souffle ralenti.
Elle se retourna. Son voile était posé sur le lit. Elle l’effleura du bout des doigts, puis le repoussa d’un geste lent.
Puis elle s’assit au bord du lit. Et cette fois, ce fut elle qui guida : elle leva les yeux vers lui, tendit les bras, et il comprit.
Il s’approcha. Elle posa ses mains sur sa chemise, ouvrit un bouton. Puis un autre.
Rachid sentait son cœur battre dans tout son corps. Il ne voulait rien brusquer. Rien perdre. Alors, lentement, il s’agenouilla devant elle. Et posa ses lèvres sur sa peau, juste sous la clavicule.
Radia ferma les yeux. Elle n’avait pas peur. Elle avait envie.
Ils avaient toute la nuit.
La lumière était douce, filtrée par les rideaux tirés.
Seule la lampe de chevet diffusait une clarté tiède sur la pièce. Radia était assise sur le lit, les jambes jointes, les épaules droites, mais tendues.
Rachid, à genoux devant elle, la regardait comme on regarde un feu qu’on n’ose pas encore toucher.
Elle ouvrit un à un les boutons de sa chemise.
Lentement. Ses mains tremblaient légèrement.
Lui ne bougeait pas, sauf pour souffler doucement contre sa peau à chaque bouton qu’elle ouvrait.
Quand sa chemise fut entrouverte, il sentit pour la première fois la peau de son torse effleurer la sienne.
Un frisson les traversa tous les deux.
Elle posa les paumes sur ses flancs, curieuse, presque timide. Sa peau était chaude, vivante, et elle la caressait comme si elle apprenait un alphabet nouveau.
Il ajouta, plus bas :
Radia hocha la tête. Puis elle leva les bras, et, sans un mot, fit passer sa robe au-dessus de sa tête. Elle portait un soutien-gorge simple, en coton clair, sans fioriture.
Ses épaules, ses bras, la courbe délicate de son ventre se dévoilèrent.
Elle était belle, de cette beauté brute, sans maquillage, sans pose.
Rachid ne put que la regarder.
Elle baissa un peu les yeux, gênée, mais ne recula pas.
Elle lui tendit la main pour qu’il se relève.
Quand il se mit debout, elle l’aida à retirer complètement sa chemise. Puis elle passa ses doigts à sa ceinture, hésita, le regarda.
Il acquiesça d’un mouvement du menton.
Elle défit la boucle, ouvrit le pantalon, lentement, maladroitement. Il laissa tomber le vêtement à ses pieds.
Il était en caleçon, tendu, nerveux, vulnérable.
Et elle aussi.
Ses mains revinrent se poser sur ses hanches.
Puis elle se recula sur le lit, s’allongea.
Il la rejoignit, doucement. Corps contre corps. Peaux chaudes, un peu moites. Il embrassa sa nuque, timidement, puis sa clavicule, puis le creux entre ses seins. Il entendait son souffle rapide, ses petits soupirs à peine retenus. Elle glissait ses doigts dans ses cheveux, le guidait sans rien dire.
Quand il posa sa main sur son ventre, elle contracta les abdos, réflexe de pudeur.
Puis elle relâcha. Elle lui fit confiance. Et il descendit sa main plus bas, très lentement, jusqu’à la limite de son sous-vêtement. Il s’arrêta.
Elle hocha la tête.
Il glissa les doigts sous le tissu, découvrit une chaleur humide, une douceur inattendue. Elle ferma les yeux, le front plissé, concentrée sur ce qu’elle ressentait. Il explora, maladroitement d’abord, puis avec un peu plus d’assurance quand il sentit son bassin bouger sous ses doigts.
Elle haletait maintenant, les lèvres entrouvertes, le regard perdu. Puis elle s’agrippa à lui, le tira vers elle. Elle ouvrit les jambes, juste assez. Elle était prête.
Rachid se redressa, enleva son caleçon. Il se sentait exposé, nerveux, mais aussi terriblement vivant. Il la regarda, et elle tendit les bras vers lui.
Il se plaça entre ses cuisses, soutenant son poids sur ses bras. Le contact fut chaud, troublant, presque irréel. Il guida doucement son sexe contre elle. Il glissa un peu. Radia se crispa, il s’arrêta.
Il baissa les yeux vers elle, inquiet.
Elle prit une grande inspiration. Puis souffla :
Il poussa lentement, à peine.
Elle gémit, fronça les sourcils. Puis il sentit qu’il entrait. Pas entièrement. Juste un peu.
Elle était tendue, mais elle le laissait faire. Il avança encore. Doucement. Jusqu’à ce qu’elle l’accueille entièrement. Elle haletait, s’accrochait à ses épaules. Il ne bougeait plus.
Ils restèrent comme ça un moment. Collés, lents, émus. Puis il commença à bouger, presque imperceptiblement. Et elle répondit. De petits mouvements, des soupirs de plus en plus désinhibés. Puis son corps s’ouvrit vraiment. Elle l’entoura de ses jambes. Il la sentait vibrer contre lui.
Ce n’était pas parfait. C’était tendre. Précieux. Unique.
Et ce soir-là, les murs restèrent silencieux.
Ils étaient restés allongés, peau contre peau, en silence.
Radia avait la joue posée sur son torse, les yeux ouverts, les doigts jouant discrètement sur sa poitrine. Rachid, lui, avait une main sur sa hanche, caressant doucement sa peau nue, comme pour l’ancrer, confirmer qu’elle était bien là, avec lui, que rien de tout cela n’était une illusion.
Il n’y avait plus de bruit derrière les murs. Plus rien que leur souffle mêlé et le craquement occasionnel du bois sous leur poids.
Elle sourit, sans le regarder.
Elle se redressa à demi, le regarda. Dans ses yeux, il n’y avait pas de regret.
Juste une pudeur nouvelle, mais pas honteuse.
Elle s’approcha pour l’embrasser, cette fois sur les lèvres, doucement. Un vrai baiser. Tendre, chaud. Il y répondit avec une lenteur égale, sans avidité. Ils avaient le temps maintenant.
Quand elle se leva pour aller à la salle de bain, il la suivit du regard. Elle ne se cachait plus. Son dos nu, ses fesses encore marquées par leurs gestes maladroits… il les regardait comme on contemple quelque chose de sacré. Non pas pour son interdiction, mais pour sa fragilité.
Elle revint quelques minutes plus tard, les cheveux attachés à la va-vite. Elle portait une de ses chemises, trop grande, qui lui tombait jusqu’à mi-cuisse.
Rachid la contempla, un sourire dans les yeux.
Elle haussa un sourcil.
Il haussa les épaules.
Elle baissa les yeux, un peu gênée, mais flattée. Puis, au lieu de reprendre sa place à côté de lui, elle vint s’asseoir à califourchon sur lui, doucement. Elle posa ses mains sur son torse.
Il posa ses mains sur ses cuisses.
Elle se pencha et l’embrassa encore. Cette fois, avec plus de faim. Ses hanches commencèrent à onduler légèrement contre lui. Le corps avait pris goût à la chaleur.
Ce n’était plus seulement de la tendresse. C’était du désir.
Et ils se laissèrent glisser de nouveau dans une étreinte, plus fluide, plus libre, plus assumée.
Ce ne fut pas plus parfait que la première fois. Mais c’était plus vrai. Moins timide. Ils riaient, parfois, maladroits dans leurs gestes, découvrant ce que l’autre aimait, où il fallait aller doucement, où on pouvait oser plus.
Quand elle se cambra contre lui, les cheveux collés à sa nuque, il l’aida à trouver le rythme, guidé par sa respiration, ses soupirs, les griffures douces de ses ongles sur ses flancs.
Et cette fois, ce fut elle qui prit les devants. Elle avait compris ce qu’elle aimait. Elle ne craignait plus de demander.
Quand leurs corps s’abandonnèrent à nouveau, ce fut dans un frisson long, profond, partagé.
Puis elle s’effondra sur lui, haletante, riant doucement, comme étonnée d’elle-même.
Elle le frappa doucement à l’épaule.
Et dans le silence de l’appart’hôtel, leurs souffles finirent par se confondre dans le sommeil.
Les jours suivants, quelque chose changea dans la chambre 312.
Ce n’était plus seulement du désir, ou cette curiosité maladroite du début.
C’était une soif.
Une urgence douce, qu’ils avaient longtemps contenue sans le savoir.
Maintenant qu’ils s’étaient ouverts l’un à l’autre, chaque nuit était une redécouverte.
Chaque geste devenait plus affirmé. Leurs corps commençaient à parler sans avoir besoin des mots.
Radia était la première à l’assumer.
Elle n’avait plus honte.
La pudeur, oui – mais plus de peur. Elle ne se cachait plus derrière des silences gênés.
Elle riait, elle osait, elle guidait. Elle prenait.
Parfois, c’était elle qui entrait dans sa chambre, en chemise et sans un mot, les yeux brillants. Parfois, c’était lui qui l’attirait contre le mur, la plaquait contre le bois tiède de la porte fermée à clé.
Et peu à peu, sans même s’en rendre compte, ils devinrent ceux qui faisaient vibrer la cloison.
Une nuit, alors qu’elle était montée à califourchon sur lui, les mains sur son torse, les yeux fermés, il avait plaqué ses hanches contre les siennes pour l’emplir d’un coup plus ferme. Radia avait gémi plus fort que d’habitude. Et ce fut ce gémissement, cette note longue, incontrôlée, qui déclencha un déclic.
Leur voisin avait frappé le mur, trois petits coups, agacés.
Ils s’étaient figés.
Puis ils s’étaient regardés.
Et Radia avait éclaté de rire, le front posé contre son épaule.
Et au lieu de se calmer, elle avait bougé à nouveau, plus fort, plus vite. Rachid, excité par cette audace nouvelle, avait saisi ses fesses et l’avait encouragée. Le lit grinçait. Le sommier claquait doucement contre le mur. Et à chaque mouvement plus profond, un bruit sourd répondait.
Boum… boum… boum…
Le même son qu’ils avaient entendu la première nuit.
La boucle était bouclée.
Et ce fut ce soir-là qu’ils arrêtèrent de chuchoter.
Radia, allongée sur le ventre, les reins cambrés, les bras tendus vers la tête du lit, n’étouffait plus ses gémissements. Elle les laissait sortir, bruts, chauds, vivants. Elle ne jouait pas. Elle ne faisait pas semblant. C’était elle. Enfiévrée. Vibrante. Incontrôlable.
Rachid la prenait par-derrière, ses mains accrochées à ses hanches. Et à chaque poussée, le mur vibrait. Il l’entendait résonner. Il savait que les voisins entendaient. Et il s’en fichait.
Il voulait que ça s’entende.
Il voulait que tout l’hôtel sache qu’il la faisait jouir. Qu’elle lui faisait perdre le contrôle. Qu’ils s’étaient trouvés.
Et ce soir-là, quand Radia se retourna pour l’embrasser, le souffle saccadé, les cuisses encore tremblantes, elle murmura à son oreille :
Et ils recommencèrent.
Plus tard, bien plus tard, alors qu’elle dormait sur lui, la peau moite, les jambes enchevêtrées, il entendit un bruit au loin… un gémissement étouffé, dans l’autre chambre.
Il sourit.
Le mur avait rendu la pareille.
Le calendrier accrochait les jours un à un, sans pitié.
Mai touchait à sa fin. Et avec lui, les trois mois de formation.
Le matin, ils faisaient mine d’être comme avant : collègues sérieux, concentrés. Radia reprenait son voile avec calme, reprenait son rôle. Rachid, lui, jouait la même partition – attentif, poli, professionnel.
Mais chaque soir, dès que la porte entre leurs deux cuisines se refermait, ils redevenaient deux corps qui ne pouvaient plus se séparer. Elle n’attendait même plus qu’il l’invite. Elle entrait. Il ouvrait. Et ils se retrouvaient. Avec plus de tendresse. Plus d’abandon.
Mais aussi, de plus en plus, avec un poids dans la poitrine.
Un soir, alors que leurs corps s’étaient retrouvés dans une étreinte lente, douce, presque triste, Radia resta longtemps allongée sur le lit, les yeux dans le vide. Elle fixait le plafond, nue, sa main glissant machinalement sur la cuisse de Rachid, allongé à côté.
Il la regardait du coin de l’œil. Il sentait que quelque chose bouillait en elle.
Elle finit par se lever, ramassa sa robe, la reposa, tourna en rond dans la chambre, comme si elle cherchait les mots au sol. Puis elle revint vers lui, se mit debout au pied du lit.
Il se redressa un peu. Elle parlait rarement comme ça, avec cette tension-là.
Le mot tomba, net. Sans tremblement.
Rachid resta figé. Pas de sourire. Pas de réponse tout de suite.
Radia, elle, était droite. Digne. Mais ses mains se tordaient nerveusement.
Elle désignait son corps, le lit, la pièce.
Il voulut parler. Elle leva la main.
Silence.
Il se leva, s’approcha. Il la prit doucement dans ses bras, peau contre peau.
Elle ne répondit pas. Mais son visage s’enfouit dans son cou.
Elle recula un peu, le regarda dans les yeux.
Il la fixa longtemps. Puis il posa sa main sur son ventre, sa hanche, comme il l’avait fait mille fois dans leurs nuits. Et il murmura :
Elle sourit. Timidement. Et l’embrassa, cette fois sans brûlure, sans passion, juste une promesse.
Rachid proposa à Radia une dernière escapade dans Paris, comme une manière douce de suspendre le temps avant le retour à Casablanca. Ils marchaient côte à côte vers la Grande Arche, dans un silence habité, presque solennel. Puis, sans prévenir, Rachid prit la main de Radia.
Elle fut surprise. Son regard se tourna vers lui, interrogatif, presque inquiet. Ce geste, si simple en apparence, était une première. Jusqu’ici, leur affection était discrète, contenue, codée. Montrer une tendresse publique ? Ce n’était pas dans leurs habitudes.
Un instant, elle hésita. Les automatismes ressurgirent : « Et si quelqu’un les voyait ? Et s’ils racontaient à son père ? L’oncle Ahmed, toujours prompt à colporter… »
Ces pensées défilaient dans sa tête comme des sirènes d’alerte, issues d’années de pudeur inculquée. C’était comme si chaque norme sociale s’était imprimée dans son corps.
Mais là, dans cette ville étrangère, sous un ciel qui n’était ni celui de Rabat ni de Casablanca, quelque chose céda en elle. Un souffle, une audace.
Et puis flûte.
Elle glissa sa main dans la sienne, avec une douceur presque cérémonielle. Il la serra doucement. À partir de là, ils marchèrent unis, comme deux amoureux découvrant une forme de liberté nouvelle, presque incongrue.
Dans le métro, ils étaient de plus en plus proches. Leurs épaules se frôlaient, leurs corps se répondaient en silence. Rachid la sentait contre lui comme un coquillage contre son rocher, délicate et ancrée. Il sourit à cette image.
Mais l’instant fut brisé par un regard.
Un homme, barbu, à la moustache rasée, les fixa durement. Son regard portait un jugement muet, mais tranchant. Rachid comprit immédiatement. Ce visage, il l’avait déjà croisé. Il portait les marques d’un radicalisme sec, intransigeant.
Par réflexe, Rachid tenta de désamorcer la tension :
Mais l’homme détourna la tête, fit mine de ne pas entendre, et descendit à la prochaine station.
Le silence revint, mais quelque chose d’un peu lourd s’était déposé dans l’air.
À Bir-Hakeim, ils descendirent pour approcher la tour Eiffel.
Rachid voulait garder un souvenir. Il sortit son téléphone, tendit le bras pour prendre une photo. Radia hésita. Puis, avec un demi-sourire, presque provocateur, elle retira son voile.
C’était un geste intime, pour lui seul. Une offrande muette.
Pas une rupture, mais une suspension. Le vent joua doucement dans ses cheveux. Elle n’avait jamais été aussi belle à ses yeux.
Sur le chemin du retour, une femme bien mise, visiblement bourgeoise, les observa avec ce regard pincé qu’on réserve à ce qu’on ne comprend pas, mais qu’on veut réprimer. Cette fois, c’était le voile qui faisait réagir.
Radia poussa un soupir ironique, presque amusé.
Finalement, il faut toujours se justifier, qu’on le porte ou qu’on l’enlève.
Elle se demanda si, vivant en France, elle l’aurait porté encore. Peut-être pas. Mais au Maroc, il est une forme de protection, de compromis social. Une armure légère, qui parfois pèse, mais évite bien des regards.
Elle ne savait pas encore ce qu’elle déciderait plus tard. Mais à cet instant précis, elle savourait ce sentiment rare : celui d’être elle-même, entre deux mondes, sans avoir à choisir.
Les valises étaient prêtes.
Radia pliait ses vêtements avec une minutie presque douloureuse.
Rachid, dans la cuisine attenante, rangeait quelques restes de leur dernière soirée.
Il n’y avait plus de vaisselle sale, plus de draps défaits, plus d’excuses pour rester encore un peu.
Le silence s’était installé entre eux, comme pour leur rappeler ce qu’ils s’apprêtaient à quitter.
L’avion du retour était prévu pour le lendemain.
Le dernier soir, ils ne firent pas l’amour.
Ils s’allongèrent dans le même lit, enlacés, habillés cette fois, sans fièvre.
Radia avait posé sa tête sur le torse de Rachid. Il lui caressait lentement les cheveux, l’autre bras sous sa nuque.
Il ne répondit pas tout de suite. Puis il dit :
Elle releva la tête, le regarda longtemps. Puis elle hocha doucement la tête.
Le lendemain, dans l’avion, ils ne s’assirent pas côte à côte. Il y avait les collègues, les supérieurs, les regards. Mais de temps en temps, elle tournait légèrement la tête, et croisait son regard. Un clin d’œil. Un micro-sourire. Une promesse.
De retour à Casablanca.
Les choses changèrent immédiatement.
Radia redevint « mademoiselle Radia ».
Le voile, impeccable. Les horaires, stricts. Les messages, rares.
Il ne fallait pas que sa famille voie son téléphone clignoter trop souvent.
Elle évitait les appels. Il sentait qu’elle marchait sur un fil.
Rachid, lui, avait aussi ses obstacles. Son père, un homme dur, l’avait déjà promis « à la cousine d’Agadir », comme si les sentiments étaient un contrat à trois zéros.
Mais la nuit, ils s’écrivaient. Parfois, ils s’envoyaient des mémos audio. Sa voix à elle, douce, mais vive :
Et lui, il disait, parfois, juste :
Les mots devenaient plus crus, plus vrais, comme un fil qui les reliait à ce qu’ils avaient été entre les murs de l’appart’hôtel.
Mais ce n’était plus pareil. L’absence prenait une forme physique. Comme un manque.
Alors, un soir, après un silence trop long, elle envoya ce message, sec :
Il sursauta. Puis respira un bon coup. Il savait ce que ça impliquait.
Le lendemain, il s’assit devant son père. Et pour la première fois, il parla d’une femme non choisie pour lui. D’une femme de bonne famille et d’une collègue respectable.
Ce fut une dispute. Une claque même. Mais il tint bon.
Trois semaines plus tard, son père accepta enfin et lui dit :
Rachid regarda l’écran du téléphone, incrédule. Puis il appela Radia. Elle décrocha à la première sonnerie.
Il dit simplement :
Et dans sa voix, il y avait le même frisson que la première nuit, quand leurs murs vibraient d’un autre désir.
La lumière du soir filtrait à travers les rideaux fins de la chambre de Rachid. Après des semaines de discussions, de réticences, de peurs et de renoncements, le moment était enfin venu. Les familles avaient accepté. Le mariage était désormais sur les rails.
Radia était assise sur le lit de Rachid, habillée d’un beau caftan élégant. Elle observait ses mains, les doigts entrelacés, comme si elle se demandait encore si tout cela était réel. Elle ne savait pas si c’était l’excitation ou le soulagement qui la faisait trembler légèrement.
Rachid, quant à lui, se tenait près de la fenêtre, les bras croisés, un air sérieux sur le visage. Mais lorsqu’il tourna enfin la tête vers elle, il vit la petite lueur d’incertitude dans ses yeux. Il s’approcha d’elle sans bruit, se pencha doucement et lui caressa le visage.
Elle lui sourit, timide, mais pleine de chaleur.
Il s’assit à côté d’elle, saisissant ses mains.
Elle le regarda, la voix soudainement tremblante.
Il serra ses mains avec douceur.
Ils s’étaient déjà tant donnés. Leur relation avait évolué au-delà des simples moments d’extase, des découvertes sensuelles. Ils s’étaient trouvés sur un autre plan. Celui où la confiance devenait primordiale. Là où les corps, désormais libres, devenaient les témoins de cette connexion profonde.
Rachid se pencha et l’embrassa tendrement sur le front, puis sur les lèvres. Un baiser doux, empli de promesses. Radia ferma les yeux sous l’effet de ce geste, s’abandonnant pour un instant à la tendresse pure qu’il lui offrait.
Puis, dans un mouvement léger, elle se tourna légèrement vers lui, sa tête reposant contre son épaule. Elle murmura, presque comme une confession :
Rachid la serra plus fort contre lui, son cœur battant fort contre le sien. Il savait que leurs vies allaient changer, que ce n’était pas un chemin facile, mais il savait aussi qu’il était prêt à marcher avec elle, à la soutenir dans chaque pas.
Il se leva, tendant la main vers elle.
Radia le regarda, intriguée. Il la guida doucement vers le lit. Ce n’était plus juste une nuit d’étreinte. Ce n’était pas non plus un simple acte physique. C’était un moment où leurs âmes s’entremêlaient, où leurs corps ne faisaient qu’exprimer ce qu’ils avaient construit.
Il la déshabilla avec une lenteur infinie, chaque mouvement précis, presque respectueux, comme si chaque geste était une caresse qu’il voulait poser sur sa peau pour la première fois, encore et encore. Elle ferma les yeux, savourant la tendresse de ses gestes.
Quand ils furent enfin tous deux nus, Rachid la fixa un instant, comme pour imprimer chaque détail d’elle dans son esprit. Il avait appris à connaître son corps, chaque courbe, chaque frémissement. Mais là, tout était différent. Il n’y avait plus de crainte, juste un désir tranquille et un amour profond.
Il se coucha à côté d’elle, leurs corps se retrouvant dans une étreinte nouvelle, plus douce, plus intime. Ils ne parlaient plus. Leurs mains exploraient, leurs souffles se mêlaient, leurs corps se répondaient dans une danse lente et rassurante.
Rachid se pencha pour l’embrasser de nouveau, mais, cette fois-ci, son baiser était plus long, plus sensuel. Il voulait lui faire sentir qu’ils étaient liés de manière plus forte que jamais.
Elle se laissa aller, répondant à son baiser, à ses caresses, mais il n’y avait plus de précipitation, plus de peur. Juste une envie pure de se donner entièrement, d’être ensemble, de s’offrir sans barrières. La passion était là, mais enveloppée de douceur, d’un amour qui se disait dans chaque soupir.
Ils prenaient leur temps, comme pour marquer ce moment où tout avait changé, où le désir se mêlait à la promesse. Ils avaient franchi cette étape. Ils étaient prêts, maintenant, à bâtir quelque chose de plus grand, de plus solide, ensemble.
Lorsque le moment arriva enfin, il n’y eut pas de cris, pas de hurlements de plaisir. Juste un soupir partagé, une sensation douce, profonde. Ils s’abandonnèrent dans cette étreinte, comme une fusion de deux âmes et de deux corps.
Ils s’endormirent ensuite, les bras l’un autour de l’autre, dans une paix retrouvée, le monde extérieur suspendu à l’instant présent.
Les jours passaient lentement après la rencontre avec les familles. Le mariage était désormais en préparation, mais un poids lourd restait sur les épaules de Rachid et Radia. Ils avaient traversé tant de choses ensemble, mais maintenant, les attentes de leurs familles les suivaient partout, comme une ombre silencieuse.
Rachid n’arrivait plus à penser qu’à ce fameux moment. Il n’avait pas voulu le dire à Radia avant, mais il savait qu’il ne pouvait pas la laisser porter seule la lourde charge de la tradition.
Il s’était senti coupable de ce poids qu’elle aurait dû assumer toute seule. Il devait faire quelque chose. Pour elle. Pour eux.
Il s’agissait de cette foutue tradition du drap taché. Une vieillerie que la famille de Rachid idolâtrait. Comme si une tache de sang résumait la respectabilité et la pureté d’une femme.
Radia n’était plus vierge. Ils avaient en effet fait l’amour pour la première fois quelques mois auparavant.
Comment protéger Radia d’une telle humiliation.
Ce drap qui représentait des siècles de contrôle patriarcal.
Le soir où il prit la décision, Rachid se retrouva seul dans la cuisine de l’appartement, un couteau de cuisine en main. Il avait besoin de symboliser son engagement d’une manière différente. Une manière qui apaiserait à la fois ses propres craintes et celles de Radia. Il savait que ce qui se passait en privé entre eux n’avait pas besoin de la validation de ce drap. Mais il y avait cette obligation qui pesait, ce regard familial qui exigeait une réponse formelle.
Il prit une grande inspiration, tendit sa main, et fit glisser la lame du couteau sur son doigt. Ce n’était qu’une petite coupure, superficielle, mais le sang s’écoula, rouge et vif. C’était suffisant pour accomplir ce geste.
Il attendit que la douleur s’estompe, puis se dirigea rapidement vers la chambre. Il s’assit près du lit, avec un sentiment de soulagement étrange.
Ce sacrifice, aussi petit soit-il, faisait de lui celui qui portait le poids de la tradition sur ses propres épaules. Il devait protéger Radia de ce moment, lui épargner le fardeau. Cette pensée le calma un peu. Le drap serait taché, oui, mais ce ne serait pas d’elle, et ce ne serait pas un signe de honte. Il ne voulait pas qu’elle soit vue comme une victime de cette tradition. Pas cette fois.
Il attendit que Radia entre dans la chambre. Lorsqu’elle arriva, elle le regarda, intriguée par son silence. Elle s’approcha, s’agenouillant à côté de lui.
Il lui sourit doucement.
Avant qu’elle n’ait le temps de comprendre, il montra la coupure sur son doigt. Le sang avait laissé une petite tache sur la paume de sa main. Elle le fixa, une expression de confusion sur le visage.
Ses mots étaient simples, mais remplis de l’intensité de ses sentiments.
Elle le regarda, puis baissa les yeux vers la tache de sang. La compréhension se fit lentement dans ses yeux. Elle ne dit rien, mais ses lèvres tremblèrent légèrement. Ce geste de Rachid, ce sacrifice de lui-même, lui apporta un immense soulagement. Il avait pris le fardeau, il l’avait pris pour eux deux. Elle pouvait enfin respirer, sans la lourde pression d’une tradition qu’elle rejetait.
Elle s’approcha de lui, saisissant doucement sa main.
Il serra ses doigts autour des siens.
Il la regarda, ses yeux pleins de douceur.
Ils restèrent là un moment, sans parler, simplement à profiter de cette liberté nouvelle qui les unissait encore plus. Radia se leva finalement, se dirigeant vers le lit. Elle se déshabilla lentement, comme si chaque geste était une déclaration silencieuse de la confiance qu’elle lui accordait.
Rachid la suivit, et lorsqu’ils se retrouvèrent sous les couvertures, ils se donnèrent l’un à l’autre d’une manière différente. Cette fois, ce n’était pas seulement une question de désir ou d’acte physique. C’était une union de cœur, de corps et d’âme. C’était l’acceptation de ce qu’ils avaient vécu ensemble, et l’éloignement des attentes extérieures.
Ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre, épuisés, mais heureux, sachant que, peu importe ce que les autres pensaient ou attendaient d’eux, ils étaient désormais unis dans un lien plus fort que toutes les traditions.