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Temps de lecture estimé : 10 mn
02/06/25
Résumé:  Et si l’éveil du désir passait d’abord par l’élastique d’une culotte et le soupir d’un soutien-gorge ?
Critères:  #exercice #humour #érotisme #volupté #rencontre
Auteur : L'artiste  (L’artiste)      Envoi mini-message

Collection : Dessus-Dessous

Numéro 01
Culotte en feu, soutien-gorge en transe

Murmures de tiroir



Il faisait nuit dans la commode. Une nuit douce, parfumée à la lavande, rythmée par le grincement de la porte de placard quand Camille, dans sa routine du soir, venait y ranger ses secrets de tissu.


À gauche, les chaussettes – sages, disciplinées, empilées comme des scouts en retraite. À droite, les pyjamas – mous, réconfortants, usés par les dimanches pluvieux. Et au centre… le tiroir de la tentation. Au cœur de ce chaos organisé : Froufrou, la culotte frivole. Un triangle de dentelle insoumise, prune à l’extérieur, satin à l’intérieur.



C’était Victor. Soutien-gorge 95B, balconnet beige, structure fiable, rembourrage discret, maintien irréprochable. Un vétéran du quotidien. Froissé par les nouvelles tendances, traumatisé par les brassières de sport et le laxisme des triangles sans armatures.



Il garda le silence, mais frémit. Il n’aimait pas l’admettre… elle l’intriguait. Elle, si fine, si légère… et pourtant capable de faire perdre la tête à un pantalon entier.


Froufrou s’étira langoureusement, se laissant glisser sur le côté.



Une couture se desserra. Juste un peu. Comme si elle hésitait à lâcher prise.




L’appel du tambour



Camille n’était pas du matin. Mais là, portée par un reste de rêve coquin et une météo ensoleillée, elle décida de laver tout. Comprendre : les draps, les torchons, et surtout… les dessous.


D’un geste presque sensuel, elle ouvrit le tiroir. Un éclair de lumière frappa Froufrou en pleine dentelle.



Avant qu’il ne puisse répliquer, ils furent propulsés dans le panier en osier. Une masse molle de chaussettes mal accouplées et de t-shirts transpirant encore le regret du dimanche soir.


Et puis, sans cérémonie : PLOUF.


La machine. Le tambour. Le royaume humide de tous les possibles.


Quand Camille referma la porte et appuya sur « Cycle Délicat 40° », un grondement sourd s’éleva, suivi d’un roulis… Puis les premières gouttes. Les premiers frissons. Et Froufrou éclata de rire.



Il tenta de se redresser. En vain. Le tambour les entraînait, les faisait chavirer. Ils glissaient, se frottaient, s’agrippaient. C’était chaud, humide, désordonné. Froufrou laissait traîner ses coutures. Victor essayait de ne pas fondre.



Mais Froufrou ne répondait plus. Elle s’était lovée contre lui, douce, légère, frémissante. Et dans le vacarme moelleux des serviettes, deux pièces, deux tissus, deux histoires cousues main, pris dans le grand ballet de la lessive.


À la fin du cycle, alors que l’eau s’évacuait et que la vapeur s’élevait, Victor glissa calmement :



Un silence. Puis, en chœur :





La chambre chaude des révélations



Il faisait noir, moite, et légèrement électrisé. Froufrou s’éveilla dans un amas de coton flasque. Un t-shirt de sport collait à sa couture. Quelque part à l’arrière, un gant de toilette la caressait sans le vouloir. Et tout près… cette forme rigide, rassurante, un peu tiède : Victor.



Un bip sinistre retentit. Et puis : une montée lente en température. Un air chaud, cyclique, qui gonflait les tissus et déliait la pudeur.


Froufrou se lova contre Victor, son élastique frémissant à chaque rotation.



Elle posa sa dentelle contre son bonnet gauche.



Le soutien-gorge chauffait de l’intérieur, son armature grinçait légèrement. Il ne s’était jamais senti aussi… souple.


Les deux étaient enlacés, pris dans une valse lente et moelleuse.



Il émit un clic discret. Un crochet venait de céder. Par accident. Ou par désir.



Il y eut une étincelle statique. Un frisson partagé. Un orgasme de chaleur, peut-être. Ou juste un moment de pleine conscience.


Quand le cycle s’arrêta, ils restèrent blottis, souples, détendus, repassés par l’intimité.


Victor, à bout de souffle (de sèche-linge) :



Et dans l’obscurité apaisée du tambour, deux sous-vêtements s’endormirent, enroulés l’un contre l’autre, dans la douce certitude d’avoir été un temps parfaitement assortis.


La main de Camille les extirpa avec une tendresse distraite. Froufrou, encore chaude et souple, atterrit la première sur le bord du panier. Victor suivit, roulé sur lui-même, un peu froissé.



Le jardin baignait dans cette lumière de fin d’après-midi, celle qui rend tout nostalgique, même les torchons. Camille étendait son linge au fil, gestes amples, presque chorégraphiés. Elle pinça un short, puis une serviette, puis tendit la main vers eux.


Victor sentit la tenaille en bois le saisir à la bretelle. Il se balança, ses bonnets prenant un peu le soleil, comme des coquilles qui osaient s’ouvrir. À côté de lui, Froufrou fut suspendue par l’entrejambe.



Ils étaient là. Côte à côte. Frémissants. Le vent jouait à les faire s’effleurer, comme des adolescents timides au cinéma.



Un t-shirt jaloux claqua à côté. Une chaussette solitaire tenta de se glisser entre eux, mais Camille, d’un geste machinal, l’épingla plus loin. Elle n’avait pas conscience du théâtre textile qu’elle venait d’installer : la grande scène de l’intimité suspendue.



Puis Froufrou, presque rêveuse :



Victor cligna intérieurement. Il n’avait pas de paupières, mais on aurait juré qu’il rougissait.


Le soleil descendait lentement. Le linge séchait. Les tissus vibraient au vent comme des cœurs en sursis.




Camille



Le matin était tiède, un de ces jours où l’air sent la crème hydratante et les décisions légèrement osées.


Camille sortit de la douche, peau satinée, cheveux en serviette, cœur en flottaison. Elle ouvrit son tiroir de lingerie avec une lenteur paresseuse. Ses doigts passèrent sur le coton blanc, puis sur l’ensemble noir « pour les rendez-vous sérieux », et là… elle les vit. Victor, parfaitement replié. Froufrou, doucement froissée. Ils ne disaient rien, mais ils vibraient. Elle hésita, puis, dans un sourire, les prit tous les deux.



Ce fut Victor qui toucha la peau en premier. Une pose soignée, deux bonnets ajustés avec délicatesse, les crochets refermés sur le dos de Camille comme une promesse de soutien inconditionnel.


Puis vint Froufrou. Tirée, déployée, glissée. Elle se lova contre l’intimité chaude avec la gourmandise d’un tissu qui sait qu’il est désiré. Son élastique s’installa juste là où la cuisse devient caresse.



Ils formaient enfin un ensemble. Une unité. Une équipe au service d’un torse fier et d’un entrejambe curieux.


Camille se regarda dans le miroir. Un frisson la parcourut. Une envie soudaine de jupe courte et de chemise entrouverte. De sortir, non pour être vue, mais pour être portée – par ses sous-vêtements, par elle-même, par le jour.


Dans l’ombre, Victor tenait bon. Froufrou s’étirait à chaque pas. Ils faisaient corps. Ils accompagnaient. Ils soutenaient. Ils frôlaient. Et pendant que Camille commandait un café avec un sourire nouveau, un homme au comptoir la regardait. Pas désireux. Mais peut-être un peu. Et Froufrou, là-dessous, ricana. Victor, digne, ajusta son bonnet.




Le glissement des certitudes



L’après-midi s’étirait comme une pâte à tarte. Camille, légère, marchait dans la rue avec une nonchalance nouvelle, l’esprit ailleurs. Peut-être le café. Peut-être le souvenir de l’homme au comptoir. Peut-être… la sensation douce et irrésistiblement complice de ses dessous.



C’est à ce moment que tout a dérapé. Littéralement. Camille entra dans une boutique de vin nature. Elle s’accroupit pour attraper une bouteille au sol. En se penchant, sa jupe remonta juste ce qu’il faut pour révéler un soupçon de dentelle.


Et clic. Victor sentit le crochet céder. L’un des trois. Le plus timide. Celui du milieu.



Mais Froufrou, espiègle, en profita.



Camille se redressa d’un coup, le regard flou. Elle ajusta sa chemise. Elle avait senti quelque chose. Une brèche. Une… opportunité. Le vendeur leva les yeux, surpris. C’était un trentenaire aux boucles souples et au sourire poli, un peu fatigué, mais joliment placé sur le visage. Il la détailla sans insister, mais assez pour que Victor se raidisse d’un rien, et que Froufrou frissonne d’excitation.


Camille, dans un élan qu’elle ne s’expliquait pas tout à fait, dégrafa d’un bouton supplémentaire le col de sa chemise. Assez pour laisser le tissu bailler doucement, et dévoiler une ombre de dentelle sage. Victor se cambra, conscient d’être en vitrine.



Il eut un sourire. Froufrou, émue, palpita. L’air ambiant semblait plus dense. Plus complice.



Camille eut un petit rire, presque surpris. Pas moqueur. Plutôt… charmé. Elle prit le numéro griffonné à l’arrière du ticket, ses doigts effleurant ceux du jeune homme. Il y eut comme une secousse silencieuse dans tout son corps. Dans ses dessous, un micro-tremblement de terrain conquis.


Elle sortit de la boutique, le visage tranquille, mais les joues rosies par le soupçon d’une culotte mutine, d’un soutien-gorge ému, et d’un vendeur qui venait de faire vibrer plus qu’un code-barres.


Victor tenait encore. Juste. Mais tout pouvait lâcher. Dans le ventre de Camille, une chaleur sans nom. Dans ses dessous, une insurrection. Et dans ses pas, une légèreté nouvelle.


Elle posa ses clés. Puis s’appuya contre le mur de l’entrée, dos tendu, yeux fermés.


Froufrou frémissait. Elle avait senti le changement. L’humidité subtile entre cuisse et satin. Victor, lui, se battait contre les deux crochets restants. Il tenait bon, mais plus par fidélité que par devoir.


Camille avança vers sa chambre. Lentement. En se débarrassant de sa veste. Puis de sa chemise. Les boutons sautaient comme des témoins gênés. Sa peau prit l’air. Ses épaules se relâchèrent.


Dans le miroir, elle se vit : Froufrou, crânement accrochée à ses hanches. Victor, noble et précis, tendu juste ce qu’il faut.


Camille posa une main sur le bord du soutien-gorge.



Puis elle glissa deux doigts sous la bretelle et, dans un geste souple, presque religieux, le détacha. Victor céda en silence et atterrit sur le parquet, digne.


Froufrou attendait son tour. Dentelle frissonnante. Élastique prêt. Mais Camille s’allongea sur le lit. Les draps étaient frais, mais son corps, lui, vibrait encore. Sa main se faufilant entre peau et culotte caressa doucement. Comme pour dire : merci d’avoir tenu jusqu’ici.


Puis Froufrou glissa le long des cuisses, langoureusement. Elle s’accrocha un peu, comme pour laisser une dernière empreinte. Camille resta là. Seulement habillée de frissons. Et alors qu’elle poursuivait son exploration charnelle, elle chuchota à mi-voix :



Dans ce silence chargé, dans ce lit froissé d’audace, elle se redécouvrit. Non pas comme un corps à vêtir. Mais à ressentir.




Épilogue – Couture invisible



Deux semaines ont passé. Peut-être plus. Camille vit. Rit. Sort. Travaille. Aime. Parfois seule, souvent accompagnée d’un inconnu charmant, celui qui savait lire les étiquettes, mais aussi les regards.


Depuis, Froufrou repose dans un petit coin dédié, à l’abri du tumulte textile quotidien. Victor, lui, a été réparé. À la main. Par Camille, un soir où elle a ouvert une bouteille sans raison apparente. Il a gardé une petite cicatrice sur le côté. Il en est fier. Le silence est revenu dans le tiroir. Mais il n’est plus pesant. Il est complice. Tout a déjà été dit…


Camille, elle, a changé. Dès que ses doigts frôlent la dentelle de Froufrou et la couture de Victor, elle sourit. Parce qu’elle sait que, parfois, il suffit d’un glissement. D’un accroc. D’un frisson… pour redessiner la carte de son propre corps.