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Temps de lecture estimé : 23 mn
21/06/25
Présentation:  Une histoire qui se déroule dans les années 1930, un peu dans l’esprit des Pulps américains de l’époque, donc à prendre au second degré.
Résumé:  Philibert de Beaumont-Buissière (mon mari) a eu la bonne idée de décéder assez rapidement après notre nuit de noces.
Critères:  #humour #sorcellerie couleurs
Auteur : Patrik  (Carpe diem diemque)            Envoi mini-message

Collection : Destins insolites et improbables
Joséphine, le long de la rivière Ouélé

Une histoire qui se déroule dans les années 1930, un peu dans l’esprit des Pulps américains de l’époque, donc à prendre au second degré. Bonne lecture :)



Veuvages



Philibert de Beaumont-Buissière (mon mari) a eu la bonne idée de décéder assez rapidement après notre nuit de noces. Son entourage murmure qu’il a trop voulu me prouver sa virilité. Je laisse dire, c’est valorisant pour le défunt, et d’une certaine façon, aussi pour moi.


Hélas pour moi, mon ex-mari était plus proche du gros morse asthmatique que du jeune étalon fougueux. Une fois qu’il avait fait son unique petite affaire, il s’effondrait dans le lit, aussi épuisé que s’il avait dû courir le marathon en armure sous un soleil ardent. À moi de faire attention de ne pas me faire écraser par sa masse adipeuse ! De plus, il avait presque trois fois mon âge, ce qui n’aide pas trop pour accomplir certains exploits.



Ma famille, qui m’a carrément vendue à Philibert, aimerait à présent forger une nouvelle alliance, mais, hélas pour elle, il y a un délai de convenance à respecter, délai d’autant plus long que mon défunt mari appartenait à la Haute Société, et qu’il y a un héritage à régler. Perso, je ne demande pas grand-chose, ma belle-famille m’en sait gré, mais mes parents veulent plus.


Pour l’instant, je joue les veuves éplorées le jour, et je me fais consoler la nuit.


Bassembo, mon dernier amant en date, est mon jardinier en chef, ex-tirailleur sénégalais. Je découvre avec lui une nouvelle variété d’homme, et je reconnais que ce n’est pas désagréable, mais pas du tout. Vu ma situation, rien ne doit filtrer au-dehors, je suis une jeune veuve éplorée. Donc, je fais très attention.



Je sais très bien qu’une Blanche et un Noir, ça ne se fait pas, mais quel frison !


Depuis, je rêve d’amants issus de l’Afrique équatoriale, tous des clones de mon tirailleur qui n’a pas démérité son titre, car, pour tirailler à répétition, il est très fort ! Sans parler du fait qu’il est musclé de partout, et même plus bas que le bas-ventre, bien qu’on me rétorquera (à juste titre) que ce n’est pas un muscle.


Hélas pour lui, Bassembo sévissait aussi dans d’autres lits que le mien, ce qui lui a valu d’être surpris par un mari jaloux et armé. C’est ainsi que je suis devenue veuve une seconde fois, enfin, en quelque sorte…



C’est lors de son enterrement que j’ai découvert que mon défunt amant n’était pas vraiment d’origine camerounaise, mais de beaucoup plus vers le centre de l’Afrique profonde, issu du peuple Zandé, parfois appelé Niam-Niam (lié à une certaine réputation de cannibalisme sur laquelle cette ethnie a joué pour terroriser ses ennemis et conquérir ainsi des territoires).


C’est alors que j’ai eu une idée un peu folle : aller combler mon double chagrin en allant apporter la Civilisation au fin fond du continent noir.




Départ



Mes parents ont tenté de m’empêcher de partir (ils avaient une nouvelle alliance en vue), mais, sachant que j’avais la bénédiction de ma belle-famille et celle de l’Évêché, ils ont été obligés de s’incliner. J’ai promis de ne pas réclamer plus que la pension qui m’était déjà versée, abandonnant quasiment tout le reste, sauf une maisonnette et le jardin qui va avec.


Un « jardinet » de 200 hectares avec un petit bois, un étang et un ruisseau…


Sur le bateau qui m’amène vers le Congo belge, j’ai été courtisée plus d’une fois. Il est vrai que je ne suis pas moche, de taille moyenne, aux yeux bleu-vert avec une chevelure presque blonde ayant quelques reflets roux. Mes traits sont réguliers, et j’ai ce qu’il faut là où il faut, sans que ça soit trop.



Comme je suis loin de la Mère Patrie, je me laisse un peu aller. En tout cas, il est rare que je dorme toute seule dans ma cabine de première classe ou dans celle d’un homme bien de sa personne. Il y aurait de quoi raconter tout un livre, mais ça allongerait trop ce présent récit.


Mon port d’arrivée est Matadi qui est pourtant bien à l’intérieur des terres, sur le fleuve Congo, à 150 km du port atlantique de Banana. Reste maintenant à dénicher un bateau qui daigne continuer à remonter le fleuve.


Pour information, les Zandés (ou Azandés) vivent le long de la rivière Ouélé (Uele, Uélé, Uelle, Wele etc.) qui se jette dans l’Oubangui, qui alimente le célèbre fleuve Congo, qui peut souvent passer à certains endroits pour une mer intérieure, tant sa largeur peut être vaste !


Quand on a des sous et qu’on est une jeune femme, ça aide ! Le lendemain, j’embarque avec une troupe. Là aussi, je me fais agréablement courtiser, ça m’aide à passer le temps. Là aussi, je dors rarement seule, soit dans ma cabine ou celle d’un officier. Il y aurait encore de quoi raconter tout un livre, mais ça allongerait une fois de plus trop ce présent récit.


Après presque trois semaines de voyage fluvial, j’arrive enfin à bon port, ou plutôt à bonne rive. Découvrant un territoire reculé avec quasiment rien d’occidental à l’horizon, c’est alors que je réalise que je me suis peut-être jetée précipitamment tête baissée dans une contrée peu recommandable !




Une nouvelle vie



Au milieu de toutes ces femmes, je me sens franchement maigrichonne ! Elles se baladent nues ou presque, leurs seins voluptueux et lourds à l’air, avec des fessiers très callipyges ! On ne peut pas dire que la pudeur soit de mise ici ! Pour certaines, c’est à peine si leur sexe est caché par un bout de tissu ou de tresse.



Celui qui vient de parler est le seul et unique prêtre missionnaire du secteur (l’équivalent d’un gros département français, genre les Landes). Je m’amuse à lui répondre :



Soupçonneux, il me regarde d’un air assez torve :



Il se radoucit :



Il vire aussitôt à l’écarlate :



Ah zut, j’ai parlé un peu trop vite, je le coupe tout de suite :



En grimaçant faiblement, je jette un regard circulaire :



À peine le prêtre disparu, un natif du coin plutôt bien fait de sa personne m’apostrophe :



Il sourit de toutes ses dents blanches :



Je ne m’attendais pas à cette réponse. Je fais remarquer :



Je songe aussitôt à mon défunt amant ; lui aussi paraissait plus jeune que son âge réel. Le sorcier s’amuse :



Puis il pose sa main sur mon épaule :



Biama désigne du plat de la main les personnes qui s’affairent autour de nous :



Le sorcier me regarde attentivement :



Je suis obligée d’admettre qu’il a raison. Il change de conversation et me fait visiter le village. En un temps record, j’apprends plein de choses avec cet homme qui parle décidément très bien ma langue, je n’ai pas intérêt à me le mettre à dos, surtout un sorcier !




Biama, le sorcier



Trois femmes se baladent avec une sorte de ceinture qui forme un cache-sexe peu efficace. Intriguée, je demande à Biama qui sont-elles, il me répond aussitôt :



Respectueux de la frêle jeune femme que je semble être (s’il savait !), il se lance dans une explication imagée :



Autre lieu, autres mœurs…


Quelques jours plus tard, je commence à m’intégrer, j’apprends la langue qui est plus simple que le français et aussi plus régulière. Par exemple, pour mettre un mot au pluriel, on ajoute un « a » par devant, donc boro (homme) donne aboro (hommes). La conjugaison des verbes se fait en ajoutant une syllabe devant, comme un auxiliaire en anglais, et le verbe ne change pas selon les personnes. Et j’en passe…


Passé le phénomène de la nouveauté durant lequel j’ai été zieutée et scrutée dans tous les sens, les gens sont plutôt gentils, surtout on n’essaye pas de leur dire ce qu’ils ont à faire, et ils ne se gênent pas d’exprimer leurs pensées :



Malgré le fait que ça se passe globalement bien (sauf la chaleur qui est parfois trop étouffante), il y a un gros hic qui me turlupine de plus en plus. Tandis que je suis en train de lui rendre visite dans sa case, Biama s’en rend tout de suite compte :



Je me demande comment Biama a fait pour deviner ! Pour un peu, je me mettrais à croire en son histoire d’être un sorcier ! À moins qu’il laisse traîner ses oreilles un peu partout dans le village. Pour en revenir à « faire ceinture », en effet, on ne peut pas dire que ça se bouscule dans ma case et dans mon lit, ce que je ne comprends pas, parce que j’ai eu quelques amants très bronzés dans mon lit, et aucun n’a fait la fine bouche !


Je résume à ma façon :



Maintenant, je tutoie cet homme qui pourrait être mon père, je reprends la balle au vol :



Assise en tailleur sur une natte, je fronce des sourcils :



Je soupire abondamment :



Toujours assis à même le sol, le sorcier me propose :



Je m’étonne franchement de cette proposition :



Je soupire intérieurement :



Je m’amuse :



Je réponds honnêtement :



Rien n’est gratuit en ce bas monde, je demande :



Biama lève prestement les bras vers le toit de sa hutte :



En entendant ce mot, je me mets à rire :



Ce sorcier en sait sans doute beaucoup plus qu’il ne le dit. D’ailleurs, à la réflexion, j’ai remarqué depuis le début qu’il parle très bien français, même trop bien. Je ne serais pas étonné qu’il ait grandi dans un milieu francophone, loin d’ici, comme mon regretté Bassembo. Peut-être même qu’il a fait des études poussées…


Je mets cartes sur table :



Il est vraiment sûr de lui, ce sorcier ! Comme j’ai des très gros doutes sur ses chances de réussite, par défi, j’acquiesce :



Quelques minutes plus tard, l’accord est scellé verbalement devant quatre témoins. Quatre comme quadrupler.




Incantations



Le lendemain après-midi, comme convenu, je suis dans la case du sorcier pour qu’il s’occupe de ma cure de grossissement. En général, les femmes cherchent plutôt à perdre des kilos, mais il est vrai que nous sommes dans un autre monde.


Affairé depuis le petit matin, Biama est en train d’installer une petite hutte en feuilles et branches au milieu de sa case. Puis il me la désigne :



Biama se met à rire :



Je marchande :



Il soulève la hutte, comme c’était une cloche à fromage. Il me désigne la natte tressée qu’il y avait en dessous :



Je fais ce qu’il me demande. Puis il me recouvre avec sa cloche végétale. Peu après, je me déshabille dans cette toute petite hutte. Je place mes vêtements le long de la paroi. La voix du sorcier retentit :



Une main me tend un gobelet en bois à travers une petite ouverture de la hutte qui vient de s’ouvrir presque sous mon nez. Je demande :



À moitié rassurée, je bois ce breuvage qui n’est pas mauvais au goût, bien qu’assez gluant. Si le sperme des hommes pouvait lui ressembler, ça me faciliterait les choses. Bon, faire une fellation à un homme est une bonne façon de le contenter sans risquer des soucis au bout de plusieurs mois. Ils adorent ça, surtout quand j’avale tout. Je ne peux pas dire que la saveur soit toujours très agréable, mais parfois, j’ai eu de bonnes surprises.


Au-dehors, le sorcier s’affaire. Je sens comme une odeur d’encens.



Puis il se met à psalmodier, en tapant sur un tambourin, du moins, je le suppose, car, ayant repris le gobelet, il a colmaté la petite ouverture de la hutte. Allongée sur le côté, j’attends. Tout ceci n’est qu’une vaste fumisterie ! J’ai fait des milliers de kilomètres pour me retrouver enfermée comme un fromage sous cloche, dans une hutte miniature faite de longues branches et de larges feuilles, le tout au milieu de nulle part !


Quand ce satané sorcier sera fatigué de chanter et de taper sur son tambourin, tout en tournant méthodiquement autour de sa cloche à fromage, il arrêtera son petit jeu stupide, et tout rentrera dans l’ordre.



Je bâille, je cligne des yeux, je suis fatiguée, j’ai vraiment sommeil…




Réveil



Quand j’ouvre les yeux, je ne suis plus dans la petite hutte, mais toujours dans la grande, celle du sorcier. Je suis allongée sur la même natte, je me sens étourdie, raplapla, voire lourde. Je me redresse péniblement. C’est alors que je constate qu’il y a eu du changement sous mon menton, et pas un petit !


Effarée, je m’exclame :



Logique imparable ! Je pose mes mains sur ces volumineuses montgolfières qui me servent de lolos, c’est totalement fou, ce truc ! Puis, je m’amuse à les soulever :



Je me tripatouille de partout, seins, fesses. Oh, Mon Dieu, là aussi, j’ai un popotin d’enfer, un truc pas possible ! Je dois me rendre à l’évidence, il s’agit bien de mon corps, de mon anatomie. D’ailleurs, je sens distinctement le poids de tout ce petit monde.



Je quémande :



Je m’assieds posément pour voir :



Biama affiche son fameux sourire tout blanc :



Levant l’index vers le ciel, doctement, il énonce :



Je reconnais que je ne trouve pas de contre-argument…


Nouveau corps, nouvelle vie


Depuis ma métamorphose, le regard des villageois sur ma petite personne (petite, c’est vite dit) a considérablement changé.


Plus aucun de mes anciens habits ne me va, sauf en déboutonnant tout, ce qui donne une image encore plus sexy. Résultat, je me balade avec deux bandes de tissu, une pour le haut et une pour le bas (comme la plupart des autres femmes). J’ai essayé de m’habiller avec une sorte de grande serviette pour tout couvrir, mais avec la double bosse par devant et la double par-derrière, le tissu faisait des siennes, et ce n’était pas toujours pratique à l’usage.


Biama avait raison : avoir des gros lolos n’est pas toujours une sinécure pour le dos. De plus, parfois, pour des actes banals de la vie quotidienne, ce n’est pas de tout repos. Juste un simple exemple : quand je désire manger attablée. Je les mets où, mes satanées masses ? Sur la table ? Sous la table ? Je mange de biais ? J’espère que mon amant-sorcier pourra me réduire un peu tout ça prochainement !


Oui, amant-sorcier, c’était dans le contrat.


Malgré qu’il soit plus âgé, ça ne se voit pas, surtout au lit. Je dirais même que j’y gagne au change, car Biama possède une expérience que bien des jeunots n’ont pas du tout, et je décolle à chaque fois illico vers le septième ciel, et pas qu’une seule fois par séance. De plus, il sait jouer avec mon corps, me faisant découvrir des choses que je n’ose pas confier ici ! Peut-être plus tard, à titre posthume…


Avec un homme pareil, pas la peine que je m’enquiquine trop avec les autres mâles !


Tiens, en parlant d’eux… Bien que la plupart des villageois aimeraient bien me harceler pour coucher (euphémisme) avec moi, ils y réfléchissent souvent à deux ou trois fois, car on n’importune pas aisément l’un des nouveaux joujoux du sorcier.



Quand vous entendez ce genre de réponse, vous vous dites que vous avez choisi le bon côté de la rive ! Allongée sur le ventre près de mon amant en titre, fesses bien en évidence, étant curieuse de nature, je demande :



Peu à peu, Biama relâche son emprise, se lassant peut-être un peu de moi, l’effet de la nouveauté se dissipant. Il me conseille carrément de trouver l’extase ailleurs, tout en se proposant pour combler mes attentes si les autres villageois n’y parviennent pas.


Je mets les choses au point, appelant un chat un chat :



Je m’étonne de cette phrase et du ton résigné que mon amant a employé :



Puis, sur ces paroles mystérieuses, Biama s’occupe fougueusement de moi, me faisant vibrer de toutes les cellules de mon corps, même si celui-ci a pris du volume depuis mon arrivée. Cet homme me rend complètement dingue !


Puis, un beau jour, il s’est carrément évaporé…


Du jour au lendemain, le village s’est retrouvé sans sorcier. Le prêtre jubilait, mais pas très longtemps, car Biswé, un nouveau sorcier, est apparu moins d’une semaine plus tard. Puis la vie a repris son cours, comme avant, sauf que ce n’était plus Biama qui était présent. Néanmoins, son jeune remplaçant le remplace très bien, et en tout…


Je m’étonne en moi-même que « biswé » signifie cinq, la suite de « biama » qui vaut quatre. Est-ce une coïncidence, un hasard ? Je ne sais pas, et je n’ose pas poser la question au nouveau venu qui me semble encore plus mystérieux. En tout cas, personne dans le village n’a fait la remarque de cette suite de chiffres…


Ce qui m’étonne le plus, c’est que Biswé connaît tout de moi, comme si Biama lui avait raconté en long et en large ma biographie, avec même les détails intimes ! Parfois, je me pose la question si le nouveau sorcier n’est pas simplement l’ancien qui s’est réincarné !


Deux semaines plus tard, à mon grand étonnement, le nouveau sorcier me dit :



Pour toute réponse, il me tend une sorte de ceinture faite de multiples lanières très fines, objet que je reconnais tout de suite.


Depuis quelques semaines, je suis devenue une des femmes publiques de ce village peu connu, situé le long de la rivière Ouélé, et j’adore mon nouveau rôle, d’autant que les mâles du coin s’amusent énormément avec moi, car Biama m’a bien formée dans les deux sens du terme.


Ainsi, tout le monde est content, sauf le prêtre local et quelques épouses…