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Temps de lecture estimé : 9 mn
24/06/25
Résumé:  Un voyage en solitaire, par envie de liberté et de grands espaces. La route me mène au plus près de mes fantasmes avant de me proposer une réalité bien délicieuse.
Critères:  #rencontre #adultère fh asie vacances cérébral revede
Auteur : GrandPhare      Envoi mini-message
Délices de Ksours

Mon sac à dos, au coffre du Scenic, contient l’essentiel pour ce voyage de trois jours, ou de trois semaines. Je ne sais pas encore ce que la route et mon audace me réservent. Mes chargeurs, mon ordinateur et un casque ne quittent jamais ce paquetage. Le nécessaire de toilette, un short et mon porte-cartes complètent ce kit de prêt à errer.


Je passe à une supérette sur le chemin de l’autoroute. Au hasard, celle où je peux me garer au plus vite. Je récupère biscuits et bidons d’eau, puis je prends la route. J’ai avisé que ce sera pour une semaine ou deux. Ils comprendront au travail après tout ce que j’ai donné ces derniers mois. Ma femme profitera de mon absence comme une pause de mon sale caractère de borderline.


Au moment de prendre l’autoroute, la question fatidique : Nord ou Sud ? Évidemment, aucune réservation. Aucun programme. Juste des envies de grandes étendues. Des images mentales de liberté et un soupçon de tentations. Mon hésitation ne dure qu’une minute ou deux. Un goût de peau salée passe par mon esprit. Je trace vers le Sud.


Après deux ou trois heures, je reçois l’appel d’une femme avec qui j’entretiens une relation purement distante. Je l’ai nommée « May » sur le répertoire de mon téléphone. Nous flirtons depuis quelque mois sur une app de rencontre. Elle dit être professionnelle, masseuse, kiné et plus si le client est à la fois généreux et gentil. Elle sait depuis le début que je ne serai jamais son client, mais on s’accroche mutuellement à ce jeu d’appels adultères. Elle dit être persuadée que, si j’avais croisé son chemin plus tôt, elle m’aurait charmé, ensorcelé et domestiqué.


Elle a eu de l’effet sur moi dès le premier jour où nous sommes passés du texte aux appels. Une voix chaleureuse de femme confiante. Je suis comme ça moi. Je peux entretenir une relation avec une simple image mentale et le goût de l’interdit.

Sur l’application où nous avons fait connaissance, j’étais « celui qui voulait partager du plaisir avec des femmes mariées », elle était « Celle qui promettait de faire entrer au Paradis par ses Deux Portes Sacrées ». Je n’ai jamais essayé de l’accompagner réellement à son septième ciel. Je me suis contenté de l’extase du croyant. Je me suis imaginé plusieurs fois prier dans sa grotte humide sans jamais la visiter.


Pendant cet appel, comme les autres, on s’échange des nouvelles, de l’humour, quelques allusions excitantes et une sorte de plaisir. Je me rends compte que ce n’est pas sage de me mettre ainsi à l’étroit dans mon pantalon sur ces routes sinueuses. En plus, c’est une transmission manuelle, mon monospace de père de famille. À chaque coup d’embrayage, je dois trouver un passage à ma jambe à côté de cette forte érection. J’ai quitté l’autoroute depuis une heure et suis aux premières pentes vers la haute montagne. Je calme un peu le jeu devenu trop chaud. Je lui dis que j’aurais aimé l’emmener avec moi. Je l’embrasse virtuellement un peu partout et nous raccrochons.



Au col, je m’arrête pour respirer.


Le vent est fort. L’air est frais. On ne sent pas le soleil qui tape fort pourtant. J’ouvre le coffre, vérifie dans mon sac à dos si mes préservatifs sont dans la pochette habituelle. Je ne sais pas pourquoi je le fais. Je n’ai aucun plan. Juste des rêveries sans histoire. Je me voyais dans un lit, à moitié couvert par des draps accessoires caressant le dos d’une belle à la peau tannée contrastant avec la mienne. Un ventilateur au plafond et une fenêtre au fer forgé donnant sur une oasis.


En arrivant au premier patelin de route après le Haut Atlas, je me dirige au café le plus rassurant par sa forte fréquentation. Relativisons : deux motards espagnols, une famille de touristes à l’accent scandinave ou flamand et des mouches, par dizaines.

Je ne me considère pas aussi étranger que ces touristes. La montagne minérale, les oasis et les regards que je rêve de rejoindre me sont familiers.


Je prends une omelette, avec beaucoup de cumin. C’est lors d’une précédente sortie au désert qu’on m’en a loué les bienfaits. Et on ne m’avait pas tout dit.


Je reprends la route, souvent droite, qui ondule parfois. Je m’arrête très fréquemment pour prendre deux ou trois photos avec mon reflex trop peu utilisé depuis son achat. Je marche quelques centaines de mètres vers un oued en contrebas. À ces latitudes, une coulée d’eau en cette saison, c’est exceptionnel. L’envie me prend de marcher dans cet air chaud et sec. J’entends et savoure le silence, quelques rires d’enfants au loin et progressivement le bruit de l’eau qui gagne toute mon attention. Des pas juste derrière moi me sortent de mon hypnose. Un guide et deux touristes aux traits asiatiques prennent des photos en marchant sur mes traces. Le guide me salue. Nous échangeons quelques banalités concernant mon appareil photo à l’objectif trop proéminent pour être ignoré. Il me dit que les deux Japonaises font arrêter leur 4x4 également chaque kilomètre pour des photos. À ce rythme, ils ne vont jamais rejoindre leur casbah avant la tombée de la nuit.


À cet instant, je me rends compte qu’il est 17 h et que je n’ai encore aucune idée d’où je passerai la nuit. Je lui demande s’il pense qu’il y a de la disponibilité là où ils font escale.

Il me passe le numéro du propriétaire.


Plus tard dans la soirée, en me faisant visiter sa ferme/casbah, mon hôte, un gaillard de soixante ans, méditerranéen comme moi, me raconte comment il a trouvé son point d’amarrage ici, au bord du désert.

Elle s’appelle Kenza. Elle l’a suivi pendant un an sur les routes. Dans leur bus faisant office de caravane, ils ont parcouru mers, montagnes, dunes et brousses. Puis le mal du pays l’a gagnée. Il l’a ramenée pour une simple pause de trois mois. Jour après jour, il s’est rendu compte que son errance n’avait plus de but. Cette terre est devenue sienne progressivement depuis vingt-deux ans.


Pendant le dîner, il fait les présentations : une belle brochette d’ « amis » et quelques « nouveaux » comme moi.

Il nous raconte sa journée avec entrain et gaieté toute méditerranéenne. Il décrit ses embrouilles de voisinage, les résultats des adolescents du village au bac, ses échanges avec les jeunes gendarmes affectés à la route d’en bas. Il ponctue son récit de rappels à l’ordre si l’un de nous se sert trop timidement des différents mets.



Il décrit ses projets d’extension pour rendre la casbah plus accueillante aux visiteurs avec jeunes enfants.

Puis il s’arrête net et se lève pour me présenter sa femme. Visiblement, les « amis » la connaissaient déjà très bien.

Une grande femme aux allures athlétiques. Un soupçon de rousseur et un visage d’un âge indéfinissable avec les traits fins d’une jeune de vingt ans et les traces d’une expérience de vie. Elle est plus introvertie. Ils se complètent parfaitement. Sa présence ne peut être ignorée, mais elle se fait discrète et son sourire nous est offert généreusement. Je viens de me rendre compte que je la contemple depuis un long moment. Je suis bien plus gêné qu’elle. Je pense qu’elle en a l’habitude ou la bonté d’âme de comprendre nos faiblesses.


Leur « Kasbah » n’est pas sur la route principale. Il faut faire cinq ou six kilomètres de piste, mais ils sont rarement seuls. Que des habitués anciens ou futurs comme moi.


Ce soir, je n’étais pas le seul nouveau. Les deux Japonaises croisées plus tôt dans l’Oued sont également avec nous. C’est Kenza qui leur traduit les anecdotes de son mari. Une agréable sensation de paix et de lâcher prise nous envahit tous grâce à la sympathie de nos hôtes et à l’ambiance bon enfant du groupe. Je ne me rappelle plus qui m’a demandé mon plan de route. Ma réponse sincère a évidemment surpris mes voisins de table. Ils ont certainement cru que je ne voulais rien dévoiler pour une raison que chacun pouvait avoir la liberté d’imaginer.


Pendant que le groupe regardait une projection de photos des voyages de nos hôtes datant de la fin du siècle dernier, je suis allé récupérer mon sac à dos de la voiture. J’ai croisé Akiko, une des deux Japonaises à la porte séparant le vestibule du parking intérieur de la casbah. Elle m’a juste glissé un :



J’ai répondu avec un sourire surpris, mais serein.


Quelque chose de curieux s’était réveillé en moi. Le gamin égocentrique que j’étais se posait déjà plein de questions. Ma réponse l’a intéressée ? Pourquoi elle a voulu préciser sa pensée à un étranger croisé par hasard… ?

Dès que je l’ai revue, et avant qu’elle retourne à une discussion qui l’avait probablement ennuyée, je l’ai abordée pour lui offrir un verre et parler de nos voyages respectifs.

Elle a peu planifié le sien également. Son amie d’enfance travaille à Barcelone depuis deux ans. Elles ont prévu ce voyage à deux depuis quelques mois, par précaution et aussi pour passer du temps ensemble.


J’ai été surpris de dévoiler en retour mes motivations probables pour ce voyage. Je n’en étais même pas sûr, mais je me suis retrouvé à décrire, comme sur un divan, mes sensations et mes fantasmes quand mon esprit évoque ce voyage en célibataire au désert.


Je lui ai fait remarquer que je n’avais jamais évoqué ces éléments intimes à quelqu’un d’autre.



Je me suis surpris à répondre :



C’était maladroit, direct, explicite et complètement déplacé par rapport au contexte.


Son rire est venu dissiper toute envie de me faire engloutir. Elle n’avait, disait-elle, jamais compris la charge sensuelle que nous accordons à leur accoutrement. Elle était évidemment au courant de cette instrumentalisation de leurs accessoires par l’industrie du porno.


Elle était mariée comme moi. Pas d’enfant. Son mari, croisé dans le village natal de ses parents, travaille comme elle dans une entreprise de chimie à Tokyo. Elle avait subi un premier burn-out et avait déjà commencé à envisager un changement de carrière. Lui ne vivait plus que pour son travail.


Nous nous sommes retrouvés à deux heures du matin, en train de parler, puis d’écouter nos silences comme des adolescents qui flirtent pour la première fois. Kenza, la dernière à passer par la terrasse désormais déserte, nous a amené un plaid et nous a souhaité bonne nuit. Je pense qu’elle n’avait pas le moindre doute sur ce qui se passait.

Quand nous nous sommes retrouvés seuls, Akiko a mis ma main entre ses jambes et a posé sa tête sur mon torse. Je n’avais aucune intention de froisser ce moment suspendu. Ma main caressait l’intérieur de ses cuisses sans s’aventurer plus haut. Je caressais son épaule de l’autre côté. Puis elle a entrouvert légèrement les jambes pour m’inviter à changer de température. Sa culotte était déjà bien humide. Mes doigts caressèrent la dentelle avant de s’immiscer dans son intimité. Elle ondulait doucement, alternait entre jambes serrées et ouvertes et a placé mon autre main sur un de ses seins en me taquinant « Prends ta poire ». J’avais du mal à rester assis avec mon jean. Elle a mis sa main sur ma bosse et a caressé mon pantalon tout au long de mon sexe. J’embrassais sa nuque et son oreille, mes doigts encourageaient sa fleur à se lever sous cette culotte que j’imaginais bleue. Mes doigts ont été les premiers à sentir son orgasme naître, puis s’étaler en elle en vagues successives.


Le lendemain matin dans ma chambre, après une nuit de passion, de sueur, de torsions, de chevauchées et d’un peu de sommeil, elle m’a proposé de passer les quelques jours du voyage ensemble, son amie, elle et moi.


Je venais d’échanger mon fantasme d’ébène sans regret.